Kitabı oku: «Programme des Épouses Interstellaires Coffret», sayfa 9

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Tout le monde se fige et me regarde. Ainsi que Noah.

Roark est installé sur une civière Trion, trois personnes agitent des baguettes ReGen. « Natalie et moi avons appris que le temps s’écoulait différemment sur Terre. Je suis parti combien de temps, Seton ?

—Trente-cinq minutes, répond Seton. On a averti tes parents, ils sont ici et attendent votre retour. »

Trente-cinq minutes ? Je comprends maintenant la surprise de Roark avec le bébé, alors qu’on s’était quittés il y avait quelques jours à peine.

« Prends soin de ma femme, Seton. Et de mon fils. Occupe-toi d’eux.

— Ton fils ? demande Seton, Quel traître ? Roark, mais putain qu’est-ce qui t’arrive ?

— Il est hors de question que je quitte ma famille en dépit de mon état. Je veux deux gardes qui veillent sur eux jour et nuit. Que mes parents restent avec Natalie et Noah. Je ne fais confiance à personne. »

Seton guide Roark vers un étrange caisson ovale qui luit dans le noir. Roark me regarde tandis qu’ils l’installent à l’intérieur. « Protège Noah, femme. Tu peux faire confiance à Seton et à mes parents. A personne d’autre. »

Il soutient mon regard, je hoche la tête. Noah me tire les cheveux et j’attrape son petit poignet d’un air absent, je l’empêche de m’arracher les cheveux. « Tout ira bien, Roark. Guéris vite. On sera là à ton réveil. »

Roark hoche la tête et détourne le regard vers l’homme âgé appuyé contre le rebord du caisson, il règle les commandes. « Combien de temps cette fois-ci, Docteur Brax ? »

L’homme âgé soupire d’un air gêné, j’imagine que cette conversation entre le docteur et Roark n’est pas la première. « Vingt-quatre heures seraient souhaitables, Conseiller. Vous n’étiez pas totalement guéri la dernière fois. »

Roark sourit. « C’est trop long. Je peux pas laisser ma femme sans protection si longtemps. »

J’ouvre la bouche pour protester mais Seton me prend de court. « Je la protègerai au péril de ma vie, Roark. Je resterai à ses côtés. Tu as ma parole. »

Roark regarde son ami, je vois que sa décision est prise. « Elle est toute ma vie, Seton.

— Je sais. »

Roark hoche la tête et se tourne vers le docteur. « Vingt-quatre heures, pas une minute de plus.

—Excellent. Vous prenez la bonne décision, monsieur. » Les mains du docteur s’affairent deux fois plus vite qu’auparavant autour de Roark, avant que ma tête de mule de mari ne change d’avis. J’ai pas vraiment hâte de le voir s’endormir si longtemps mais ça en vaut la peine si c’est pour se rétablir complètement.

« Gara. »

Un couvercle transparent coulisse au niveau du visage de Roark, suivi d’une vive lumière. Il me regarde, ses paupières se ferment, le processus de guérison est amorcé.

Une fois Roark entièrement endormi, tout le monde se tourne vers moi. Et Noah.

Bon sang. J’ai l’impression de passer sous un microscope. Je porte un jean et un T-shirt enfilé avant de partir à l’aéroport, tout maculé du sang de Roark lorsque j’ai utilisé la baguette ReGen. Miranda se racle la gorge et je recule vers elle. J’avais complètement oublié sa présence. Elle dévisage Seton, bouche bée, il rompt la tension ambiante et se dirige vers nous. Je n’ai passé que deux jours sur Trion, pas très longtemps mais plus que Miranda, bien sûr. Pourtant, je n’ai pas peur. Je suis contente d’être là.

« Vous devez être Natalie. » Sa voix grave est agréable, comme s’il avait peur de nous. Miranda nous dévisage tour à tour. Je hoche la tête pour lui faire comprendre que tout va bien et m’adresse à Seton. « Oui, je suis Natalie. Voici Miranda. »

Il s’incline et met un genou à terre devant moi. Miranda pose sa main sur mon épaule et Noah se fige dans mes bras, il dévisage cet homme avec curiosité. « Je suis Seton, ma Dame. Je jure de vous honorer et de vous protéger, vous et votre fils, au péril de ma vie. »

Je reste sans voix, ne sachant que répondre. Il s’agit d’un rituel officiel, je ne sais que dire.

« La coutume veut, ma fille, que tu acceptes sa proposition et que tu l’autorises à se relever. » Une voix féminine et rassurante me parvient de derrière. Je me retourne et aperçois une femme d’un certain âge vêtue de crème et or, un homme qui ressemble à Roark en plus vieux se tient derrière elle, il est aussi sauvage et imposant que son fils.

J’humecte mes lèvres, me retourne vers Seton, qui reste genou à terre, tête baissée. « Merci, Seton. J’accepte, euh, tu peux te relever. »

Seton se lève et se poste devant moi, il est plus grand que Miranda et moi, tout comme Roark. Mais il ne m’intéresse pas. Je le connais. C‘est un ami de Roark, le seul homme auquel je peux me fier sur cette planète. Le savoir à mes côtés me donne la confiance nécessaire pour affronter le couple âgé—mes beaux-parents—désireux, ou pas, d’avoir une belle-fille extraterrestre.

« Et mon fils ? » dit-elle à Seton en voyant Roark dans le caisson.

Elle n’a pas besoin d’en dire plus, Seton lui explique l’étendue de ses blessures et la durée de son séjour dans le caisson.

« On a appris ce qui s’était passé, vous nous donnerez de plus amples détails. Ultérieurement. »

Je ne peux qu’acquiescer, contente qu’elle se préoccupe de l’état de santé de son fils et s’intéresse à la nature de ses blessures.

Je me retourne avec Noah dans les bras, le père de Roark m’adresse un large sourire. Il est derrière sa femme, tout à fait à son aise. Il jette un œil au caisson dans lequel son fils entame son processus de guérison et me regarde avec tendresse. La mère de Roark me dévisage de la tête aux pieds, les bras croisés sur sa poitrine, en train de décider si je réussis oui ou non l’examen de passage.

Oui, c’est ma belle-mère. Il ne manque qu’une musique de film d’horreur.

Elle avance sans me quitter des yeux. Je garde la tête droite sans baisser les yeux. Je ne vais pas me laisser intimider par une extraterrestre de cinquante balais, toute belle-mère soit-elle. Non. Justement parce que c’est ma belle-mère. Si je fais preuve de faiblesse, elle m’en fera voir des vertes et des pas mûres toute ma vie. J’ai lu et vu tous les films d’horreur. Je sais très bien comment ça se termine.

« Vous devez être la mère de Roark.

— Je suis Tracen. Roark est mon fils. Elle regarde brièvement Noah. Vous devez être Natalie, la femme de Roark.

— Oui. » J’ignore où elle veut en venir. Roark m’a dit que sa mère l’avait poussé à s’inscrire au Programme des Epouses car il devait se marier, avoir une descendance. D’après ce qu’il m’a dit, il avait accepté et trouvé la femme idéale. Moi. Rien ne dit que les parents de Roark acceptent que leur fils ait épousé une Terrienne. Je ne sais pas s’ils voudront d’un petit-fils à moitié extraterrestre. Ma propre mère n’a pas voulu entendre parler de Noah, j’ignore ce qui va se passer.

La mère de Roark avance et me prend dans ses bras. Elle sanglote, me serre si étroitement avec Noah que mon fils commence à s’agiter.

« Soit la bienvenue, ma fille. C’est un jour béni, nous gagnons une fille et un petit-fils. Tu nous as ramené Roark, Natalie de la Terre. Je ne te pourrais jamais assez te remercier pour ce miracle. Bienvenue. Bienvenue dans notre famille. » Sa voix se brise, elle colle sa joue baignée de larmes contre la mienne.

Je reste figée avec Noah tandis qu’elle nous enlace en pleurant. C’est gênant, je jette un œil à Roark endormi dans le caisson, j’aurais bien aimé qu’il se réveille et vole à mon secours.

L’immense père de Roark s’avance et enlace son épouse, moi et Noah, je me sens immédiatement en sécurité et protégée. « Bienvenue ma fille. » Sa voix grave et rauque ressemble tant à celle de Roark que même Noah se fige.

« Je— Merci. » Je ne sais pas quoi dire, comment réagir. Je ne m’attendais pas à ça. D’abord, Seton qui s’agenouille devant moi comme si j’étais une princesse et maintenant, ça.

J’aimerais bien qu’ils me lâchent. Mais ils n’en prennent pas le chemin. Ils me gardent aux bras de longues minutes, comme s’ils voulaient s’imprégner de leur nouvelle fille et de leur précieux petit-fils. Leur amour est palpable. Ça doit être ça, l’amour. Je n’ai jamais ressenti d’émotion aussi intense de la part de mes propres parents. Jamais. Ni quand je rentrais à la maison pour les vacances d’été, ni pour l’obtention de mes diplômes au collège et lycée, ni pour la naissance de Noah. Jamais.

Ça m’a manqué.

Je craque, les larmes roulent sur mes joues tandis qu’ils me prennent dans leurs bras protecteurs. « Roark a de la chance d’avoir des parents tels que vous. »

Tracen émet un petit rire et finit par reculer. « Quand il ne râle pas. » Elle sourit d’un air taquin. Sous le choc, je reste immobile tandis qu’elle regarde Noah, son sourire chaleureux resplendit d’amour. « C’est tout son père. Son regard passe de moi à Noah. Mais il a tes yeux. »

Tenir Noah dans mes bras est très réconfortant, je le sais en sécurité. « Oui. Il s’appelle Noah. »

Noah s’agite, les parents de Roark reculent, ce sont les grands-parents dont j’avais rêvé pour lui.

« Je peux le prendre ? » demande Tracen.

Je souris. Mon dieu, c’est d’une simplicité enfantine. Un câlin et tout roule. Je suis disposée à lui passer mon fils. « Bien sûr, il va bientôt avoir faim. »

Tracen tend les bras et je lui passe Noah avant de me tourner vers Miranda. « On a ses affaires ?

— Bien sûr. Mais ça ne va pas durer éternellement. » Miranda regarde Tracen, puis moi, avec appréhension. « Je … je comprends rien à ce que vous dites. »

Je regarde Miranda sans comprendre.

« Pourquoi n’a-t-elle pas de neuro-processeur ? » demande le père de Roark.

Oh, merde. J’ai oublié cette aiguille à la con et le neuro-processeur que la Gardienne Egara m’a implanté pour comprendre leur langue. « On est partis en vitesse à cause des blessures de Roark. On n’a pas eu le temps de le lui implanter.

— On va y remédier séance tenante. La pauvre, elle doit se sentir complètement perdue. » Le père de Roark s’adresse au docteur. « Docteur Brax, cette femme a besoin d’un neuro-processeur sur le champ. »

J’avais oublié ce truc de traduction. On m’a implanté le mien à l’issue de ce rêve torride. Miranda a été catapultée dans un univers extraterrestre situé à des dizaines d’années-lumière, et ne comprend un traître mot de ce qui se dit. « Désolée, Miranda. Ils vont t’implanter un traducteur afin que tu puisses les comprendre.

— Si Miranda veut bien s’asseoir dans un fauteuil d’examen, on le lui implantera sans tarder. Dites-lui bien que ça ne fait pas mal … bref, vous en avez fait l’expérience.

— Merci … euh, j’ignore votre prénom, » dis-je au père de Roark en guidant Miranda vers le fauteuil indiqué par le Docteur Brax.

« Aran. »

Je hoche la tête et explique tout à Miranda. Je me lève et lui prends la main tandis qu’on implante le neuro-processeur dans sa tempe, juste derrière l’oreille.

Noah commence à s’agiter dans les bras de Tracen. « Il doit avoir faim.

— Oui, répond Tracen. Je suis surprise qu’il ne dorme pas. Et vous aussi d’ailleurs. Lors de votre premier voyage, vous dormiez quand on vous a rencontrée.

— Ah bon ? Je n’étais même pas au courant de leur visite.

— Oui, notre fils est très possessif. Je comprends pourquoi.

— C’est mieux comme ça ? » Je pose la question à Miranda, elle nous regarde tour à tour les yeux ronds, elle comprend tout ce qui se dit dans le dispensaire.

Elle sourit, vraisemblablement plus à son aise. « Waouh. C’est génial. Merci. » Le bébé se plaint à nouveau, « Vous avez du lait maternisé ici ? Natalie le nourrit au sein mais c’est un vrai glouton, elle n’a pas assez de lait. »

Tracen roucoule et fait des chatouilles à son petit-fils, elle ne prend même pas la peine de lever la tête pour répondre. « J’ignore ce qu’est du lait maternisé mais j’ai élevé deux enfants. On va faire en sorte que vous ne manquiez de rien. »

Je me détends. C’est si facile que ça ? J’arrive pas à y croire. D’ici demain Roark sera complètement rétabli, j’ai enfin trouvé la famille de mes rêves.

Le père de Roark se tourne vers Miranda. « Je suis surprise que vous accompagniez Natalie durant un si long périple. »

J’ignore quel est le protocole mais je veux la protéger, je l’interromps avant que Miranda ne puisse répondre. « C’est mon amie, Noah l’adore. Je ne pouvais pas la laisser en plan.

— Bien sûr que non. » Tracen sourit, elle enlace Miranda et Noah. Noah pousse un cri, sa faim momentanément oubliée, il scrute le visage de Miranda. Il l’adore, elle m’a aidée à prendre soin de lui depuis ma sortie de la clinique.

« Bienvenue dans la famille, Miranda. Vous êtes des nôtres, on vous protègera au même titre que Natalie et Noah. »

Miranda cligne doucement des yeux, elle réalise peu à peu, surtout maintenant qu’elle comprend tout. Je lui souris comme jamais, on s’entend comme des sœurs, elle me sourit en retour. « Merci. »

Tracen la relâche mais Noah hurle et agite ses petits bras potelés pour trouver refuge dans les bras familiers de Miranda.

Tracen le lui passe à contre cœur.

« Il ne vous connaît pas encore très bien, je m’empresse de la rassurer.

— Oh, je sais ma chère. Ne t’inquiète pas. Ça ne durera pas. »

Derrière, le père de Roark rit, attire son épouse contre lui et l’enlace. « Il t’aimera, gara, au même titre que ton fils et moi. »

Elle regarde son mari avec tant d’amour que mon cœur s’arrête l’espace d’un instant. Tant d’amour après toutes ces années. Mes parents ne se sont jamais regardés comme ces deux extraterrestres. Jamais.

Seton se racle la gorge derrière moi, je l’avais complètement oublié. « Excusez-moi, ma Dame, mais nous devons vous conduire en lieu sûr pour la nuit. Tous. »

Je me tourne vers lui mais me distrais en voyant la silhouette endormie de Roark dans le caisson. « Je veux rester à ses côtés. » Je ne peux pas le quitter. Plus jamais. Surtout depuis que les méchants—comment les appeler autrement ?—veulent s’emparer du médaillon que je détiens. Je sais que Noah sera en sécurité et protégé avec Miranda et les parents de Roark. Roark, en revanche, est seul. Je n’ai pas envie qu’il soit seul. Je veux que ce soit moi qu’il voit à son réveil.

Je me tourne vers Miranda, prête à plaider ma cause mais elle secoue la tête. « Aucun problème, Natalie. Je m’occuperai de Noah pour la nuit. Reste auprès de Roark. Il a besoin de toi. »

Seton avance sur ma gauche. « Il est inconscient, ma Dame. Il ne sait même pas que vous êtes là. Vous devriez vous reposer. »

Je fais mine de protester mais je croise le regard de Tracen avant de formuler ma pensée.

« Laisse-la, Seton. Il sentira sa présence. Crois-moi. Il saura. Les gardes l’escorteront à n’importe quelle heure si elle souhaite voir Noah. »

Seton croise les bras, lève un sourcil et regarde le père de Roark hausser les épaules. « Inutile de me regarder, Seton. Ils sont mariés. Et nos femmes sont têtues. Tergiverser ne te mènera à rien. » Il regarde son fils dans le caisson d’un air sombre. « A moins que tu doutes de sa sécurité ici-même. Tu peux la protéger ? Roark nous coupera la tête à tous les deux s’il arrive quoi que ce soit à sa femme. »

Seton décroise ses bras. « Oui. J’ai assez de gardes pour protéger deux endroits différents. Mais Miranda et Noah doivent rester avec vous. Je n’ai pas assez de gardes pour veiller sur trois endroits différents.

— Elle vient avec nous bien évidemment. » Tracen se détache de son époux, se poste auprès de Miranda et pose ses mains sur le bras de la jeune femme. « Viens avec nous ma chérie. Notre chambre d’ami possède un lit confortable et moelleux, on va donner à manger à Noah et le coucher. Tu vas te reposer. Je me demande comment tu tiens encore debout après un tel voyage. »

Je m’avance pour embrasser la petite tête toute douce de Noah et dis au revoir à Miranda et à mes nouveaux beaux-parents. Seton reste à mes côtés et adresse un signe de tête à un groupe de gardes, ils le saluent en retour et emboîtent le pas à ma nouvelle famille qui s’éloigne dans le couloir conduisant hors du dispensaire. J’ignore l’heure qu’il est mais comme l’a dit Tracen, je suis épuisée. Roark m’a fait l’amour toute la nuit, je me suis réveillée à l’aube, on s’est fait agresser, toute cette panique, devoir filer sur Miami. Et on a traversés la moitié de la galaxie.

J’ai le droit d’être fatiguée non ?

Ils n’ont pas un caisson spécial « mamans h.s. » ?

« Je pourrais m’asseoir ? Je demande à Seton.

— Bien sûr. » Il se rue à l’autre bout de la pièce et m’apporte une chaise, je m’assois auprès de la silhouette endormie de Roark. On n’est pas sous une tente pleine de sable, plutôt dans le service de chirurgie d’un grand hôpital. L’édifice est en béton, les murs en pierre. Tout est aseptisé, solide. « Où sommes-nous ?

— A Xalia, répond Seton. La capitale du Continent Sud, la résidence permanente du Conseiller Roark. »

Peu importe. Nous ne sommes pas en plein désert, c’est déjà un bon début. Je présume que Xalia est une grande ville, peut-être entourée de remparts.

« Merci. » Je m’assois dans cette chaise étrange. On dirait une chaise pliante, facile à transporter, rembourrée et confortable. Je replie mes jambes sous moi, rassurée par la dague fourrée dans ma botte, je pose ma tête sur mes bras et le contemple, j’aimerais tant qu’il sente ma présence.

« Je suis là, Roark. Je reste là. »

Seton fait les cent pas derrière moi. Le docteur active des commandes sur un pupitre de contrôle. Je suppose qu’il vérifie le processus de guérison de Roark, je ne sais pas vraiment ce qu’il fabrique à vrai dire. Deux gardes sont postés devant l’entrée. Les autres sont partis.

Je me tourne vers Seton. « Deux gardes ? Y’en a d’autres à l’extérieur ?

— Oui. Ne vous inquiétez pas, ma Dame. Une douzaine de gardes encercle le terminal de téléportation, une autre douzaine veille sur votre fils. Le Commandant Loris est chargé de protéger le terminal, c’est un homme de confiance et un officier aguerri. »

Je me fiche de savoir qui c’est. Douze hommes c’est pas grand-chose, surtout quand je pense à ce qui m’est arrivé la dernière fois que j’étais sur cette planète. Pour lui, ça fait dix jours, pour moi, c’est une éternité. « Y’a des Drovers aux alentours ?

— Non. Nous ne sommes pas à l’Avant-poste Deux. Vous êtes au Nord, ma Dame, dans une grande ville. Le territoire Drover le plus proche se trouve à des centaines de kilomètres. Vous êtes en lieu sûr. »

Des centaines de kilomètres ça peut aller, j’aurais préféré des milliers de kilomètres. Des millions. J’ai été en danger malgré dix années-lumière.

« Ok. Je me tourne vers Roark.

— Vous avez faim ? » demande Seton.

A ma grande surprise, mon ventre gargouille. Je meurs de faim. « Oui. Merci. »

Seton me salue et ordonne à un garde de m’apporter de quoi manger. J’avale à la hâte un ragoût léger mais nourrissant. Les légumes sont bizarres mais savoureux, j’engloutis deux assiettes et un morceau de pain en un temps record. Le ventre plein, Roark à l’abri, mes paupières se ferment, je baisse la tête et sombre dans le sommeil.

« Ma Dame. La voix douce de Seton ne me dérange pas. Il va me dire d’aller me reposer.

— Non. Je reste. »

Seton soupire, je pose mes bras sur le caisson de Roark, appuie ma tête dessus et m’endors dans ma chaise.

14


Natalie

Avec ce voyage interplanétaire, la notion de décalage horaire prend tout son sens. J’ai la tête lourde et dans le gaz alors que j’essaie de me tirer de mon sommeil. Ma chaise est contre le caisson de Roark, je relève rapidement la tête pour m’assurer qu’il va bien, qu’il guérit. Mais la vitre transparente doit comporter une autre épaisseur parce que je ne vois rien. La fenêtre transparente du caisson a cédé la place à un écran noir. Je ne sais même pas s’il est toujours à l’intérieur. La machine ronronne sous mes bras.

Je me penche et regarde les commandes que le docteur a actionné tout à l’heure. Tout semble conforme, mais j’ignore ce qu’elles signifient. C’est comme sur la Terre, un écran surveille le cœur et la pression sanguine, ça bipe en cas de changement. Cette avancée technologique me dépasse. Les symboles sont étranges, je ne comprends rien. Je me rends compte que je ne connais rien à la physiologie des habitants de Trion. Ce qui est normal chez un humain peut être anormal chez eux.

Heureusement, Noah est un bébé en pleine santé, il n’a pas besoin de voir un docteur, hormis pour un simple bilan. Personne ne m’a posé de questions sur le fait qu’il soit à moitié Trion. C’est un bébé mi-extraterrestre mi-terrien. Les docteurs ne m’ont pas posé de questions, je ne leur ai pas donné d’explications.

J’ai rien à faire, je me tourne et me rallonge, je pose les coudes sur les accoudoirs. Je prends mon menton dans ma main et inspire profondément. Je me demande si Noah va bien, s’il est réveillé et grognon. S’il a faim.

Il règne une sorte de torpeur ambiante, j’apprécie la tranquillité. Je me suis levée tant de fois en pleine nuit pour m’occuper de mon fils pendant que tout le monde dormait. Une certaine solitude paisible emplit l’air. Seton m’a dit qu’on était en ville, mais je me sens seule en pleine nuit.

J’entends un léger ronflement sur ma gauche, Seton s’est endormi par terre. Il dort, enroulé dans une simple couverture. Je me tourne vers la porte close, un sentiment de terreur m’envahit, comme si une goutte d’eau glacée me coulait dessus. Il n’y a personne d’autre dans la pièce. Pas de docteur ni de techniciens. La porte est fermée mais non gardée.

Où sont les gardes ?

Je m’extirpe de ma chaise, me lève au moment où la porte coulisse silencieusement sur ses gonds. Je reconnais le Commandant Loris et pousse un soupir de soulagement.

« Commandant. Merci. Je m’inquiétais de ne pas voir de gardes, » je parle à voix basse.

Il referme doucement la porte derrière lui et regarde Seton endormi. « Pardon de vous avoir fait peur madame. Seton fait les frais d’une longue journée.

— Oui. Je souris. Il est très fidèle envers Roark.

— Oui, effectivement. Il s’approche du caisson. Comment va le Conseiller ? »

Je m’éloigne en haussant les épaules. « Je n’en sais rien. Je ne sais pas lire les écrans de contrôle et le docteur n’est pas là. »

Le commandant croise ses bras derrière son dos et se dirige à l’autre bout de la pièce, il se penche pour regarder derrière la cloison, le docteur et l’équipe médicale y ont fait de fréquents aller-retour. « Ah, oui. Le Docteur Brax est là, il dort.

— On est en pleine nuit. »

C’est tout de même bizarre. Sur Terre, il y a toujours une infirmière de garde, même en pleine nuit.

« Oui. Il vient vers moi. Que faites-vous debout madame ? Vous n’avez pas mangé le ragoût ?

— Oui, j’en ai pris deux fois— » je ne termine pas ma phrase, j’essaie de comprendre où il veut en venir. Qu’est-ce que ça peut lui faire que j’en ai mangé ou pas ? Comment il sait que c’était du ragoût ?

« Ah, la physiologie des Terriens est étrange. Je n’y avais pas pensé. » Le commandant se dirige vers le pupitre de commandes du caisson de Roark et appuie sur des boutons.

« Qu’est-ce que vous faites ?

— Rien, ne vous inquiétez pas. »

Je ne le crois pas, un certain malaise m’envahit. « Arrêtez ça immédiatement. »

Il m’ignore, le caisson baisse en puissance, les lumières faiblissent, le ronronnement s’arrête. Je m’attends à ce que le couvercle coulisse mais il n’en est rien. On dirait que le caisson est mort, comme s’il avait arraché la prise. « Qu’est-ce que vous faites ? »

Le Commandant Loris pointe une sorte de revolver vers moi. « Donnez-moi le médaillon. »

J’écarquille les yeux et recule instinctivement. « Je ne vois pas de quoi vous parlez. Rallumez le caisson. »

Il se rue sur moi, sort mon T-shirt de mon jean, sa grosse main farfouille dessous pour accéder à la chaîne en or qui devrait pendre sur mon ventre, si je ne l’avais pas fourrée dans mon soutien-gorge.

Il me regarde d’un air féroce et furieux, il ne la trouve pas. « Où est-il ? »

Je recule, ses doigts boudinés me dégoûtent. Je lui suis reconnaissante de ne pas être au fait des dessous qu’on porte sur Terre. Apparemment, il n’a jamais vu de femmes en soutien-gorge. « Bas les pattes.

— Donnez-moi le médaillon. » C’est lui qui le voulait ? C’est lui qui a envoyé le message crypté sur Terre ? C’est lui qui a essayé de me tuer ? De tuer Noah et Roark ?

« Rallumez le caisson ! » Je hurle. Roark peut mourir ? Il est piégé ? Il étouffe ? Le Commandant Loris me tire cruellement par les cheveux. La douleur aigüe me donne les larmes aux yeux, il pointe son arme sous mon menton. Ça me fait mal. On ne dirait pas une arme terrienne, mais une arme reste une arme quand elle est pointée sur votre tempe. « Donne-le moi sinon je te tue et je l’arracherai sur ton cadavre.

—Vous êtes malade. Vous ne pourrez pas vous en servir.

— Oh, je sais. Mais tu as résolu le problème. Son haleine chaude m’arrive en pleine figure et je crie.

— Quoi ?

— Ton fils, Natalie. Mes amis sont prêts à s’emparer de lui. Il se penche et tente de me voler un baiser. Ne t’inquiète pas. Je ferai un bon père. Il ne se souviendra même plus de toi. »

Quoi ? Il veut s’approcher de Noah ? Jamais. Essayer de me tuer est une chose, jouer avec l’instinct maternel en est une autre. Qu’il aille se faire foutre. J’ai enfin la famille dont je rêvais. Un mari qui est venu me chercher à des années-lumière, au fin fond de l’univers. Un fils, le fruit de notre amour. Des beaux-parents affectueux et adorables. Et ce connard veut tout détruire ? Même pas en rêve.

Je lève ma jambe et atteins ma chaussette, je m’empare de la petite dague de la main droite. Je la pointe vers sa gorge.

J’arrive à entailler son menton, sa mâchoire jusqu’à l’os, le sang coule dans son cou. Je l’ai blessé mais pas mortellement.

Il me traîne par les cheveux vers le caisson. Il cogne ma main tenant le couteau sur le côté du caisson jusqu’à ce que je le lâche. Je hurle de douleur devant la rudesse de ses actes. Mon poignet et mes doigts sont cassés. Je les ai sentis—et entendus—se rompre comme des brindilles, la dague en or tombe à mes pieds.

« Lâche-la, Loris. C’est terminé. » Je me fige. C’est Roark ? Quoi ? Le commandant me plaque contre le caisson. Roark est toujours à l’intérieur. Comment est-ce possible ?

« Roark. » Le commandant Loris presse le canon de son arme contre ma tempe, m’écarte du caisson en faisant en sorte que mon dos repose contre sa poitrine, je suis son otage. Le sang qui coule de son cou baigne mon tee-shirt. C’est chaud, ça colle et me dégouline dessus tandis qu’il se penche sur moi.

« Pose ton arme, Conseiller, sinon je la tue. » J’aperçois Roark du coin de l’œil. Il tient une arme semblable à celle du commandant. Roark est tendu à l’extrême. Rigide. Il pose son arme et lève les mains en l’air. « Relâche-la.

— Donne-moi le médaillon et elle aura la vie sauve.

— Lâche-la, Loris. Tu ne gagneras pas. Les codes seront mis à jour au moment même où je te remettrai le médaillon. Les codes seront désactivés avant que tu ne puisses t’en servir. »

Le commandant rigole contre mon oreille, postillonne sur ma joue, ça me rend malade, je vais vomir. « Pas si vous êtes tous morts. À part le bébé. »

Le visage de Roark se pétrifie d’horreur en entendant Loris. Il va assassiner toute sa famille, ce soir, sauf son fils. Mon fils. Ce taré va le garder en vie et se servir de son ADN comme clé du médaillon. Pour quoi faire ? Pourquoi tant de haine, de malveillance ?

Je n’en ai pas la moindre idée, mais je n’ai plus du tout envie d’avoir ce foutu truc qui pendouille entre mes seins. Ça occasionne plus d’emmerdes que le contraire. Si c’est censé représenter la cruauté et la violence, je ne veux pas être impliquée avec ce lien que je partage avec Roark.

Le Commandant Loris garde son arme pointée sur ma tempe. De l’autre, il plonge sous mon T-shirt pour attraper la chaîne. Je me débats, il me dégoûte. « Non !

— Laisse-la, répète Roark. C’est moi que tu veux. »

Loris me pelote et ricane en voyant le regard sombre de Roark. « C’est pas toi que je veux. Si y’en a une qui doit rester en vie, c’est bien elle. Des seins pareils, avec les clés de la planète qui pendent au milieu ? » Il ricane d’un air vicieux.

Connard.

Je baisse la tête et mords son poignet comme un animal sauvage, j’essaie de ne pas vomir en sentant le goût de sa peau, le goût métallique du sang emplit ma bouche.

Il pousse un hurlement et retire sa main.

Je donne un coup de pied dans le poignard en or qui glisse jusqu’à Roark et hurle. Je tombe à genoux et lui donne un violent coup.

Roark s’agenouille, s’empare du couteau et le lance avant que j’aie le temps de réagir. La lame se plante dans l’œil droit de Loris avec un bruit dégoûtant que je ne veux plus jamais entendre de ma vie. Je détourne le regard et ravale la bile qui monte dans ma bouche.

Le commandant s’effondre, je m’éloigne maladroitement et rapidement et rejoins Roark. « T’es pas dans le caisson ? Je comprends pas. »

Mon cœur bat si vite que je crains qu’il ne sorte de ma poitrine. J’ai le souffle court, comme si j’avais couru un marathon, pas comme si j’avais désarmé un mec complètement taré armé d’un pistolet spatial.

Roark me prend dans ses bras, m’examine pour voir si je ne suis pas blessée. Il me tâte et me regarde. « Putain, ton poignet. »

Je secoue la tête et regarde ma main. « Ça fait un mal de chien, je vais avoir besoin de la baguette ReGen. Mais, toi. Toi ! Explique-moi. T’es censé être dans ce fichu caisson ! »

Roark m’attire contre lui et s’empare de l’arme. « Je savais que ce traître se montrerait bien avant que je me réveille de mon séjour dans le caisson. Le docteur, Seton et moi avons convenu, avant mon transport sur Terre, qu’à mon retour, nous nous servirions du caisson pour le piéger. Les blessures que j’ai subies sur Terre ne faisaient pas partie du plan mais j’ai guéri en quelques heures. Le docteur m’a relâché comme convenu et on a mis le piège au point. »

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729 s. 16 illüstrasyon
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9783969871119
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