Kitabı oku: «Regards vers l'est – Analyse régionale», sayfa 3
PLUSIEURS MILLIERS DE POLONAIS SE SONT RASSEMBLÉS POUR ÉCOUTER LE DISCOURS DE LECH WALESA À L’APPROCHE DES ÉLECTIONS PRÉSIDENTIELLES POLONAISES DE 1990.
DÉBUT DES ANNÉES 1990 : PREMIÈRES ÉLECTIONS DÉMOCRATIQUES
La portée des réformes institutionnelles destinées à ériger un système démocratique s’est également étendue à la gestion publique et à la politique territoriales. Le rétablissement d’un pouvoir local et régional[8] a constitué une pierre angulaire dans la mise en place d’institutions démocratiques. Il a représenté à la fois une révolution intellectuelle et politique et un tournant dans les mécanismes de développement économique.
Le tout premier scrutin pleinement démocratique dans les PECO a eu lieu le 27 mai 1990 en Pologne – et il s’agissait d’un scrutin local. Quelques mois plus tard, les citoyens ont également pu élire démocratiquement les autorités locales remises sur pied en Tchéquie, en Hongrie et en Slovaquie, et les autres PECO n’ont pas tardé à leur emboîter le pas. Un train de réformes s’est ensuivi dans ces pays, et plusieurs d’entre eux ont créé une architecture de pouvoir supralocale. À ce jour, les structures territoriales des PECO comptent trois niveaux d’administration publique territoriale (Pologne), deux niveaux (Croatie, Tchéquie, Hongrie, Roumanie et Slovaquie) ou un seul niveau dans les trois pays baltes, plus petits, que sont la Lituanie, la Lettonie et l’Estonie.
Dans tous les pays, les autorités régionales étaient toutefois frêles au début de la démocratisation, et ces instances supralocales n’ont pas été réformées en profondeur à ce moment-là. Les régions n’étaient pas des partenaires suffisamment puissants pour les gouvernements nationaux.
PORT DE KOPER, SLOVÉNIE.
À la chute du système centralisé, aucun des PECO n’a formulé de politique régionale globale et leurs politiques économiques ou sociales ne comportaient pratiquement aucune dimension régionale[9]. En pratique, les gouvernements de tous ces pays ont laissé les « problèmes régionaux » à ce qu’il était désormais convenu d’appeler les forces du marché, de sorte que les processus sectoriels ont pu remodeler leurs nouveaux schémas économiques. Les politiques d’emploi et de chômage sont devenues le principal champ d’intervention pour les gouvernements. Malgré tout, certains aspects géographiques et régionaux se sont fait ressentir dans l’application d’instruments économiques spécifiques (incitations à l’investissement, élargissement des allocations de chômage, etc.) dans les régions souffrant de taux de chômage exceptionnels[10]. De même, des politiques régionales ont progressivement vu le jour, puis l’adhésion à l’UE a exigé l’élaboration de stratégies nationales de développement et de leurs axes géographiques et régionaux. Enfin, les régions des PECO ont été contraintes de concevoir leurs propres stratégies.
D’une manière générale, la typologie régionale décrite ci-dessus (leaders, perdants, gagnants et retardataires) a perduré durant toute la période postérieure à 1990, ainsi que le reflètent d’ailleurs les valeurs régionales du PIB par habitant (PPP) (Fig. 2 et 3).
LA PRODUCTION D’HUILE DE ROSE DE LA BULGARIE REPRÉSENTE 45 % DE LA PRODUCTION MONDIALE.
Fig. 2 : PIB/habitant, PPP, 2015, EUR
Fig. 3 : PIB/habitant, PPP, 2015, pays = 100
Source : Gorzelak G. et Smętkowski M., « Regional dynamics and structural changes in Central and Eastern European countries » (Dynamiques régionales et changements structurels dans les pays d’Europe centrale et orientale), dans : Gorzelak G. (éd.), Social and Economic… (Développement économique et social…), op. cit., pp. 207-224.
La Slovénie et la Tchéquie sont actuellement les pays les plus développés et, en même temps, les moins différenciés sur le plan régional[11]. À l’inverse, la Bulgarie et la Roumanie sont les pays les moins développés et leur différenciation interne est plus grande (Fig. 4 et 5).
Toutes les régions NUTS 3[12] d’Europe de l’Est comprenant de grandes villes affichent un PIB par habitant plus élevé. D’après un classement fondé sur l’insertion dans la mondialisation[13], Varsovie figure parmi les villes « alpha », Prague et Budapest se situent dans la catégorie « alpha - », Bucarest est au niveau « bêta + », Sofia et Zagreb « bêta », Bratislava « bêta - », Riga « gamma + », et Ljubljana, Tallinn et Vilnius « gamma ». Ces villes sont visibles sur les cartes des entreprises mondiales, ce qui leur permet de développer une économie moderne sur la base de services à forte intensité de connaissances. À l’opposé, plusieurs régions périphériques orientales – telles que le sud-est de la Lettonie et l’est de la Pologne, la Hongrie, la Slovaquie, la Tchéquie et la Roumanie – enregistrent toujours le PIB par habitant le plus bas. Ce résultat est principalement dû à la prépondérance de l’agriculture dans leur industrie, mais aussi à l’accessibilité déficiente, au niveau relativement faible des compétences et des qualifications et à l’émigration. Ces régions intéressent peu les investisseurs étrangers. Au cumul, tous ces facteurs provoquent une stagnation économique.
SKYTOWER EST L’IMMEUBLE DE BUREAUX LE PLUS HAUT DE BUCAREST ET DE ROUMANIE.
En termes généraux, la macrorégion de l’ECO est sans conteste marquée depuis les années 1990 par une divergence régionale, une tendance s’expliquant surtout par deux facteurs concomitants, à savoir la métropolisation et la stagnation dans les régions périphériques – les plus faibles. Au lendemain de la crise financière qui a sévi de 2008 à 2010, certains signes d’inversion de cette courbe ont toutefois été observés (Fig. 4). Alors que personne ne l’avait prévu, la différenciation régionale du PIB par habitant s’est interrompue dans la plupart des PECO, excepté la Roumanie et la Bulgarie, et elle s’est même inversée dans quelques pays.
Plusieurs hypothèses ont été avancées à ce sujet. Entre les extrêmes des « leaders » et des « retardataires », qui conservent leurs positions respectives au sommet et au pied du classement pour ce qui est du PIB par habitant, d’importants changements sont survenus parmi les régions dont le taux de développement était lié à l’avancée de la restructuration et à la diversification des structures économiques locales. Premièrement, plusieurs régions industrielles (mais rarement celles dominées par les industries traditionnelles) ont opéré une restructuration réussie, se hissant ainsi dans le classement du PIB régional par habitant (p. ex. la région précitée de Rzeszów, mais aussi celles de Debrecen et Miskolc, ainsi que plu-sieurs régions slovaques). Deuxièmement, la majorité des « gagnants », qui dans l’ensemble, étaient autrefois relativement moins développés, ont connu un essor rapide et progressé dans le classement. Troisièmement, la diffusion de la croissance depuis les centres métropolitains qui, à l’origine, n’atteignait qu’une zone géographique limitée, a commencé à s’étendre sur de plus grandes distances. Parallèlement, l’exode des régions orientales périphériques moins développées a conduit, par un simple effet statistique, à une hausse du PIB par habitant dans ces régions. Enfin, les politiques européennes (politique de cohésion et politique agricole commune) pourraient avoir exercé une influence visible, dès lors que les subventions par habitant de la politique de cohésion sont plus élevées dans les régions moins développées des PECO et que les dépenses de la politique agricole commune, en chiffres absolus, favorisent naturellement les territoires moins développés, dans lesquels l’agriculture joue un rôle relatif plus important que dans les régions urbaines, contribuant ainsi au développement économique de ces régions.
Fig. 4. Coefficients de variation, PIB/habitant, PPP, NUTS 3.
Source : Gorzelak G. et Smętkowski M., 2020, op. cit.
Une nette convergence du PIB par habitant peut être observée entre les régions de niveau NUTS 3[14] d’Europe centrale et orientale (Fig. 5). Cela traduit l’effet conjoint de la convergence entre les pays d’Europe centrale et orientale et de la convergence régionale au sein de chacun de ces pays.
Jusqu’à la période 2010-2012, la convergence constatée dans toutes les régions d’ECO était principalement imputable à une convergence entre pays qui divergeaient auparavant à l’échelle régionale, une convergence entre pays plus intense que la divergence régionale à l’intérieur des pays donnant lieu à une convergence régionale générale. Ultérieurement, la convergence a toutefois gagné ces deux niveaux (ainsi que l’a également démontré l’évaluation ex post de la politique de cohésion de 2007 à 2013)[15]. Cette évolution pourrait corroborer l’hypothèse dite de Williamson[16], selon laquelle la relation entre le niveau de développement et la différenciation territoriale interne d’un pays forme un U inversé : aux premiers stades du développement, les différences se creusent, mais une fois un certain niveau atteint, elles commencent à s’estomper[17]. Le cas échéant, il pourrait en être déduit que les PECO sont arrivés à leur « maturité » en ce qui concerne le niveau et la structure régionale de leur développement.
Fig. 5. Coefficients de variation, PIB/habitant, PPP, NUTS 3.
Source : Gorzelak G. et Smętkowski M., 2020, op. cit.