Kitabı oku: «Regards vers l'est – Analyse régionale», sayfa 4
DÉFIS : INNOVATION, CROISSANCE DÉMOGRAPHIQUE ET CHANGEMENT CLIMATIQUE
Globalement, les PECO et leurs régions font face à de multiples défis, en particulier s’agissant de la capacité de concurrence de leurs économies sur les marchés mondiaux. D’après différentes études[18], ils partagent le point faible d’un développement technologique relativement modeste. Leurs avancées dans ce domaine proviennent pour l’essentiel de l’importation de technologies depuis l’Occident, mais leur potentiel interne de création et de diffusion d’innovations reste maigre et concentré dans les plus grandes villes. Les régions périphériques déplorent un potentiel d’innovation extrêmement réduit et les efforts déployés jusqu’à présent ne peuvent être jugés satisfaisants.
En même temps, certaines régions d’ECO sont toutefois confrontées à des défis spécifiques, dont le plus important semble être le défi démographique. La population des PECO diminue, et cette diminution culmine dans les régions les moins développées (« retardataires ») déjà évoquées.
Le recul démographique tient principalement à deux facteurs : l’émigration et le faible taux de fécondité, le second étant dans une large mesure le corollaire du premier. Le taux de fécondité (nombre d’enfants par femme) ne doit pas être inférieur à 2,1 pour que la population grandisse – caeteris paribus. Le taux de seulement 1,25 observé pour l’ensemble de l’ECO aurait été plus élevé si les femmes n’avaient pas reporté la naissance de leur premier enfant, en moyenne, à l’âge d’environ 28 ans au lieu d’environ 23 ans au cours de ces 30 dernières années. Dans les régions périphériques, la natalité plus importante est masquée par l’émigration massive. Au final, ces régions connaissent ainsi un bilan démographique pire que les régions urbaines qui bénéficient de l’afflux de migrants relativement jeunes, ce qui assombrit davantage encore les perspectives de développement des régions moins développées.
Fig. 6. Évolution de la population dans les régions NUTS 2 de 1990 à 2017 (en pourcentage du chiffre de 1990).
Fig. 7. Taux de fécondité totaux, régions NUTS 2, 2015.
Source : Fihel A. et Okólski M., « Demographic change and challenge » (Évolution démographique et défi), dans : Gorzelak G. (éd.), Social and Economic… (Développement économique et social…), op. cit., pp. 101-132.
La situation environnementale représente un autre sujet d’inquiétude dans les PECO. Malgré les progrès substantiels accomplis dans la production et la consommation d’énergie, ainsi que dans la protection de l’environnement, la qualité de l’air est plus que médiocre dans plusieurs régions et localités d’ECO (Fig. 8 et 9). L’utilisation massive de systèmes de chauffage individuels alimentés par un charbon de piètre qualité demeure problématique dans plusieurs pays (principalement en Pologne, un pays réticent à adopter d’autres sources d’énergie), ce qui provoque une forte pollution atmosphérique durant la saison froide.
Fig. 8. Concentration annuelle de benzo(a)pyrène dans l’UE en 2018.
Source : Air quality in Europe - 2019 report (Qualité de l’air en Europe - Rapport 2019), Agence européenne pour l’environnement, Luxembourg, 2019.
Fig. 9. Pollution atmosphérique en Europe au début mars 2018.
Source : https://www.careourearth.com/air-pollution-in-europe-in-early-spring/
CENTRALE SOLAIRE, KAUNAS, LITUANIE.
Certains PECO sont encore largement dépendants du charbon, qui est la source d’énergie la plus polluante : cette dépendance frôle 80 % en Pologne et oscille entre 40 et 50 % en Bulgarie et en Tchéquie. Dans les pays baltes, en revanche, la dépendance au charbon est nulle en Lituanie et en Lettonie et pratiquement nulle en Estonie. La plupart des PECO s’en libèrent toutefois progressivement.
En 2020, la Pologne est le seul pays qui n’a pas soutenu l’objectif européen de 2019 visant à la réalisation de la neutralité climatique dans l’Union européenne d’ici 2050. Le passage à une économie verte, qui recourt principalement à l’énergie renouvelable, nécessite encore du temps, du travail et des investissements dans la majorité des PECO. Il peut néanmoins être escompté que ces pays s’attellent à s’approvisionner en sources d’énergie plus propres, et les progrès technologiques dans la production et la consommation d’énergie (par exemple, en remplaçant les anciennes cuisinières par des modèles plus modernes chez les particuliers et en passant au gaz et à l’énergie renouvelable) continueront de favoriser ces changements positifs.
En janvier 2020, la Commission européenne a annoncé le lancement d’un mécanisme pour une transition juste dans le cadre du pacte vert pour l’Europe et du plan d’investissement pour une Europe durable. Selon les déclarations de la Commission, ce mécanisme fournira un soutien financier (au moins 100 milliards d’euros) et une assistance technique sur mesure pour aider les régions les plus affectées par la transition à effectuer les investissements qui s’imposent[19].
La transition vers un modèle économique plus durable n’est pas utopique. Certaines villes et régions, comme Katowice, en Silésie, ont d’ores et déjà accompli un processus de renouveau et de régénération. Le centre de Katowice, une ancienne ville industrielle, a entièrement changé de visage au cours des dix dernières années et abrite aujourd’hui le Musée de la Silésie, l’orchestre symphonique national de la radio polonaise et un centre des congrès. Les investissements dans le nouvel axe culturel et le développement urbain ont produit des retombées positives sur l’économie locale et sur la ville elle-même, qui est à présent qualifiée de métropole émergente[20]. Dans la région tchèque de Karlovy Vary, une coopération s’est nouée entre la station thermale et le tourisme industriel. L’initiative hongroise VisitFactories vise à développer les villes post-industrielles, et en Roumanie, plusieurs initiatives révèlent comment d’anciens sites industriels peuvent endosser un rôle nouveau d’atouts dans la promotion de la culture matérielle[21].
LA POLITIQUE DE COHÉSION EN EUROPE CENTRALE ET ORIENTALE : RÔLE ET RÉSULTATS
Dès leurs balbutiements, les politiques régionales modernes ont épousé, dans la plupart de leurs schémas, le principe de l’« équité », et très rarement poursuivi un objectif d’« efficacité ». La politique régionale de l’Union européenne a par ailleurs davantage accordé la priorité au souci d’harmoniser le niveau de développement régional plutôt que de stimuler la croissance d’États membres spécifiques ou de l’UE dans son ensemble, même si, récemment, de nouveaux objectifs, comme la promotion de la compétitivité et l’efficacité des ressources investies, ont été accolés à l’approche « traditionnelle » de l’harmonisation.
L’adhésion à l’Union européenne des PECO (Estonie, Lettonie, Lituanie, République tchèque, Slovaquie, Pologne, Hongrie et Slovénie en 2004, Roumanie et Bulgarie en 2007, et Croatie en 2013) a conféré une nouvelle dimension à leur développement régional et à leurs politiques régionales. Tant sur le plan financier que sur le fond, ces actions ont été totalement asservies ou presque à la politique de cohésion, dont les nouveaux États membres (NEM) sont devenus les principaux bénéficiaires. Malgré la philosophie suprême de cette politique, selon laquelle les régions les moins développées doivent recevoir le plus de fonds, toutefois, la répartition des dotations s’est pour l’essentiel avérée similaire à la répartition de la population dans ces régions – les écarts, sporadiques et minces, avaient tendance à favoriser les régions éloignées moins développées[22]. L’objectif d’aplanissement des disparités entre les régions à l’aide de Fonds structurels et de cohésion n’a donc pas toujours été atteint, car les régions moins développées possédaient une capacité d’absorption moindre que les centres urbains. Durant la période suivant immédiatement l’adhésion, les autorités de gestion se focalisaient sur l’absorption des fonds versés par l’Union européenne, mais ensuite, l’attention s’est déplacée vers le bien-fondé des dépenses, ou en d’autres termes, l’utilisation efficace des ressources en fonction de leur finalité.
L’investissement public était fortement dépendant de l’aide à la cohésion. Durant certaines périodes, cette aide a culminé à 90 % (au Portugal et en Grèce), et dans plusieurs NEM, elle a été maintenue à un niveau compris entre 30 % (Slovénie) et 60 % (Croatie) de l’investissement public total.
De toute évidence, l’adhésion à l’Union européenne a apporté de nombreux avantages pour les structures économiques et institutionnelles des PECO[23]. Leur croissance économique globale s’est sans conteste accélérée, ce qui a favorisé leur convergence avec les pays d’Europe occidentale. Il est toutefois possible que cet effet soit principalement le fruit de l’injection de ressources supplémentaires dans l’économie de ces pays (effet dit de la demande). Les effets durables pour l’économie reposant sur une hausse constante de l’efficacité globale de l’économie (c’est-à-dire l’effet de l’offre) restent encore à prouver. Les effets civilisationnels, c’est-à-dire les améliorations de l’infrastructure, de la qualité de l’environnement et d’autres aspects de la qualité de vie, sont néanmoins manifestes, et ce constat vaut pour l’écrasante majorité, voire la totalité, des villes et villages des nouveaux États membres.
L’appartenance à l’Union européenne a également exercé une influence sur certaines caractéristiques systémiques qui façonnent les politiques régionales des PECO. Ainsi, les aspects suivants sont clairement positifs :
• importance accrue de la réflexion stratégique à tous les niveaux territoriaux – national, régional et local, ce qui représente une évolution indispensable pour appliquer le principe de « programmation » de la politique de cohésion ;
• introduction de l’évaluation dans le cycle normal de la programmation, de la mise en œuvre et de l’examen des effets produits par les projets cofinancés par l’UE, et progression constante dans la mise en place d’une « culture de l’évaluation » s’étendant également à d’autres politiques publiques, même sans lien avec les programmes européens ;