Kitabı oku: «Makossa Love. Recueil (Tome 1 & 2): Tome 1: La recherche de Madame "Visa". Tome 2: La douloureuse lutte amoureuse. Roman», sayfa 3

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— J'ai l'impression qu'elle pourrait t'aider. Mais elle est encore en colère. C'est mieux que nous y allions ensemble. Tu essayes d'abord de t'excuser avec tes blablablas. Ensuite demande lui, comme un cobra qui vient d’être vaincu et qui s’est rendu, ce qu'elle peut faire pour toi, pour que tu puisses encore avoir accès à l’eau aujourd'hui. Montre-lui qu'elle a gagné

Johnny Walker savait exactement comment ça se passait à Douala. Il savait très bien que cette dispute, malgré l'aspect très dur, n'était rien du tout. Les Camerounais sont ainsi, très loquaces, mais peu rancuniers.

Il retourna à l'intérieur aux côtés de l'homme de la sécurité. Dès que la femme l'aperçut, elle l’attaqua immédiatement.

— Monsieur, je ne vous reçois plus, sortez !

Johnny regarda l'homme de sécurité d'un air embarrassé, comme pour dire : « Je fais quoi maintenant ? »

L'homme de sécurité sourit à la réceptionniste, avec un air flatteur, se gratta un peu les cheveux et dit : — Oh oui, Mama, tu es vraiment une femme de poigne, une Dame de fer, oui, oui, c’est bon. Ce serait bien que les femmes règnent enfin sur le Cameroun, non que dis-je, sur toute l'Afrique. Ainsi, plus aucun homme blanc n’aura plus rien à nous proposer et nous voler nos richesses.

Elle sourit et dit : — Et toi, grand frère, arrête avec tes flatteries et ne m'énerve pas. Sinon on va avoir un problème, toi et moi. Hommes blancs, vols... balivernes. Est-ce que ce sont des hommes blancs au pouvoir à Yaoundé ? Je n'en ai encore jamais vu qui soit ministre ou directeur d'une société étatique. Et pourtant nos richesses sont volées chaque jour.

L'homme de la sécurité ignora simplement cette réponse pertinente. — Sœur, aide mon frère ici. Oui, il sait qu'il t’a mal parlé et il en est désolé, sur ces mots, il se tourna vers Johnny et fit comme s'il le grondait : — Allez, dis-lui toi, excuses toi simplement. Quand vous venez ici et parlez comme si vous étiez Paul Biya, vous mettez les gens en colère. Tu as énervé la Dame. Elle t'aidera uniquement grâce à moi, tu comprends, grâce à moi, mais dis-lui à quel point tu es désolé. (Paul Biya est le président du Cameroun).

Johnny regarda la dame et lui dit, comme on le lui avait conseillé, qu'il était désolé.

La femme resta toujours agressive : — Tu as de la chance que le grand frère soit là. Je te le jure, sinon tu n'aurais pas eu d'eau même après une semaine. Est-ce toi qui m’as embauchée dans ce service ? Hé, me connais-tu ? Hum, je te dis juste que tu as de la chance. Donne-moi le papier là ». Johnny savait déjà qu'elle s'était calmée. Pour la première fois depuis le début de la conversation, elle l'avait tutoyé.

Sa chance ne fut que de courte durée. La femme revint et lui rendit le papier sans le regarder en lui disant : — L'installateur est trop occupé en ce moment et ne peut venir que demain. Reviens donc demain. Nous ouvrons à 7 h 30.

L'homme de la sécurité intervint de nouveau : — Grande sœur, pourquoi es-tu si dure comme cela ? » et il continua : — Et qu'est-ce qui se passerait, s'il…, il se tourna vers Johnny et hocha la tête pour faire comprendre à Johnny qu'il devait accepter, — … S'il payait le trajet de l'installeur en plus d’un extra ? Peut-être qu'il pourrait aller voir chez lui après la fin de sa journée de travail ?

La femme fit mine de ne pas être d'accord. L'homme de sécurité ajouta : — Oui, grande sœur, je sais que ce n'est pas ton travail d'appeler l'installateur. Ça te coûte du temps et de l'argent, mais…, il se tourna à nouveau vers Johnny, — ... Mais, il te paiera sûrement une bière de toute façon, ok ? Tu vois, il a dit oui. Il parlait en son nom, sans même demander l’avis de Johnny.

Il fit à nouveau appel à la femme : — Appelle-le donc et demande-lui s'il est d'accord et tu auras sûrement ta bière, sœur. Oui, grande sœur, je t'aime, je t'aime plus que tout mais dommage que je ne sois pas ton homme.

— La ferme, grand frère. Tu vas tout faire foirer avec tes belles paroles. Elle partit téléphoner et revint deux minutes plus tard, elle parla tout bas avec l'homme de la sécurité qui cherchait constamment à garder un œil sur Johnny. Puis, il rigola pour montrer à Johnny que tout était ok, mais qu'il devrait payer.

Il revint vers Johnny et lui parla. Quelques minutes plus tard, il retourna voir la dame et lui tendit la main, comme pour la saluer. C'est ainsi que quelques billets changèrent de mains. Et Rita aurait son eau aujourd'hui.

— Et ben ! Soupira Johnny soulagé, c'est une bonne manigance qu'on ne voit qu'au Cameroun pour soutirer un peu plus d'argent aux clients. Faire comme si on aidait les gens bénévolement, mais pour finalement bien gagner de l’argent.

Il connaissait parfaitement cette logique. La femme touchait une part, l'installateur aussi, l'homme de la sécurité également et Rita avait son eau. Le capitalisme communiste à la Camerounaise. Un service en vaut un autre. Mais il ne pouvait s'en prendre qu'à lui-même. S'il avait payé sa facture à temps, il n'aurait pas dû sortir un centime de plus.

Cependant, le point le plus important dans cette histoire, c'était qu'il avait gagné de nouveaux amis aujourd'hui. La femme, l'homme de la sécurité et l'installateur. Ils seront désormais amis pour la vie et la prochaine fois, il n'aura pas besoin de payer de supplément. C'est ainsi que les choses se passent au Cameroun. C'est ainsi ici. Les gens ne font que vivre, ils vivent seulement.

À la fin, il était satisfait et à nouveau heureux.

Tout fut réglé en une heure environ, après quoi, il remonta en voiture avec Amina, qui l'avait attendu tout le temps dans sa voiture, avec le moteur en marche. Il sonnait presque 16 h.

Ils se réjouissaient tous les deux du bon moment qu'ils allaient passer ensemble.

Ils ne devraient pas traîner, car l'installateur serait là vers 17 h 30. Juste le temps de trouver un hôtel à proximité.

Johnny Walker et sa liaison avec Amina

Amina était une amante formidable. Elle était drôle, ouverte, éduquée et sûre d'elle. Une femme forte et puissante. Elle avait étudié les sciences économiques en France. Son mari était certes très riche, mais elle avait beaucoup de succès dans son travail. Elle avait ouvert une école de commerce, gérait des actions en bourse et était présidente d'un club de finance pour femmes à Douala.

Johnny ne s'entourait que de femmes suffisamment éduquées. Il pensait ainsi être sur un même pied d'égalité avec elles, exception faite qu'elles avaient plus d'argent que lui.

Amina aimait prendre soin de son corps. Elle approchait de la cinquantaine, mais ressemblait à une jeune femme de 35 ans. Elle était très féminine et savait parfaitement se mettre en valeur. De nombreux hommes, bien plus jeunes qu'elle, la courtisaient. Elle respectait énormément son mariage, son mari et ses enfants, qui étaient sa priorité absolue, mais elle vivait simplement sans concession.

Johnny W. était son unique amant. Elle n'en voulait pas d'autres. Un nouveau n'arrivait que si l'ancien était déjà parti. La plupart des femmes au Cameroun avaient plusieurs amants en même temps, mais pas elle, se vantait-elle souvent en insistant bien pour que tout soit limpide : « ... Mes quatre enfants sont tous de mon mari, mon Dieu sur terre, le meilleur homme du monde ».

Ça ne dérangeait pas Johnny lorsque Amina parlait aussi élogieusement de son mari. Il ne souhaitait pas épouser Amina de toute façon.

— Mon chouchou, ça fait tellement de bien d'être à tes côtés, commença-t-elle tandis qu'ils roulaient en direction de l'hôtel.

— Oui, mon cœur, je me réjouis aussi de ta présence. Laisse-moi te regarder. Regarde-moi, tu ressembles à une déesse sur Terre... Hé, attention, regarde devant ! Cria-t-il alors qu'un passant traversait la route.

Elle répondit : — Si je suis ta déesse, alors tu es mon petit Jésus sur terre.

— Non ma fée, Jésus n'est pas assez grand, je suis ton Dieu, haha, haha, plaisanta Johnny.

— Non, ma glace au chocolat, pour être mon Dieu il t'en faudrait beaucoup plus, peut-être même n'y parviendras-tu jamais. Cette place est celle de mon mari, le Boss. Je l'aime plus que tout, jugea-t-elle nécessaire de rappeler, même si cette discussion n'était que pour plaisanter.

— Oh, pauvre de moi, seulement la deuxième place ? Mais tu restes malgré tout ma déesse sur Terre, dit-il.

— Ne sois pas triste mon lièvre brun, tu es mon seul et unique Jésus, et il est quasiment autant aimé que Dieu, dit-elle en lui caressant l'entrejambe avec sa main droite.

— Ah oui, Comtesse, ça me suffit bien d'être ton Jésus. Je n'ai pas besoin d'autant, j'ai juste besoin de t'avoir à mes côtés, de pouvoir t'embrasser, de pouvoir lécher ta belle poitrine, qui a fièrement nourrit quatre enfants, et de pouvoir la masser délicatement, jouer et mordiller tes tétons...

... ça me suffit, de promener mes mains lentement sur ton ventre et tes hanches, avidement et précisément, mais très lentement, pour chercher la terre promise...

... oui ça me suffit, quand mes doigts ressentent l'humidité à l'approche de ton vallon...

... oui, ça me suffit quand mes doigts atteignent cette porte secrète et commencent à l'explorer, à rentrer délicatement dedans...

... ça me suffit de voir comment tu t'accroches solidement à moi, comment tu écartes encore un peu plus tes cuisses pour que je rentre encore plus profondément...

... ça me suffit d'admirer comment tes hanches se meuvent et tes fesses rebondies se frottent contre moi comme si tu dansais la Makossa ou la Lambada au ralenti...

... ça me suffit, ma beauté, quand je vois tes narines se dilater, comme si tout l'air du monde n'était pas suffisant... ça me suffit de ressentir les battements de ton cœur et tes soupirs de plaisir...

... femme d'eau douce, je ne veux pas d'autres créatures divines, je ne veux que tes ongles qui pénètrent dans ma nuque et mon dos...

... j'envoie valser tout l'amour du monde, quand nous sommes allongés sur la plage, trempés de sueur, il fait chaud, humide, mes reins entre tes jambes et que tu dis : « Encore plus loin mon amour, vas-y amour, s'il te plait viens », et lorsque je jouis tu me dis : « Mon bel étalon, ne jouis pas déjà, je te ressens au plus profond de moi, tu me remplis tout entière, continue, remue, fais-moi jouir ! » Moi, je veux sortir, arrêter, mais toi, tu n'es pas de cet avis, tu me retiens fort, une jambe sur mes fesses, l'autre autour de mes hanches et tu prends désormais le contrôle, je ne fais plus rien, tu es celle qui rentre et sort, comme un boa, qui dévore sa proie, et tu nous amènes tous les deux, avec douceur, lentement et sûrement au septième ciel. Le paradis...

Oui, ma chatonne, à ces moments-là, cela m'est bien égal qui je suis... Si je suis Jésus ou Dieu ou juste un clochard.

La voiture s'arrêta aux abords d'un luxueux hôtel, ils en sortirent dans un état proche de l'extase, Johnny ne remarqua même pas qu’un taxi moto arrivait, mais cette fois le taxi le frôla seulement.

Amina sortit de sa transe et hurla : — Mon amour, fais attention à la moto... Johnny répondit nonchalamment : — Amina, beauté, si je meurs à tes côtés, alors ce sera comme si je m'endormais simplement.

Cette phrase lui serait utile bien des fois dans les aventures qui l'attendent, Johnny en était persuadé.

Bientôt l'hôtel se mit à trembler.

À 17 h 30 précises, Johnny était à la maison et attendait l'installateur sur le bord de la route. Il ne vit personne jusqu'à 18 h et il commença à brûler sous la chaleur. Qu'allait-il pouvoir dire à Rita ? Il avait fait l'erreur de ne pas prendre le numéro de téléphone de l'homme. Lorsque son téléphone sonna et qu'il aperçut le nom de Rita, il sauta en l'air comme un athlète. Il ne répondit pas. « Je préfère ne pas décrocher et plutôt réfléchir à ce que je vais faire », se dit-il.

Rapidement un SMS de Rita arriva : « Johnny, … » Son cœur se calma un peu. Elle l'avait appelé Johnny, se réjouit-il. Ça ne pouvait donc pas être trop mauvais. Peut-être avait-elle un peu de compassion pour lui. Il ne prit pas le temps de lire le reste du SMS et rentra directement à la maison.

— Êtes-vous Mr Mendo ? Demanda un homme. Rita n'était pas là.

— Oui, on m'appelle Johnny Walker, et vous, qui êtes-vous ?

L'homme ignora sa question et lui dit : — Montrez-moi le reçu de paiement et payez-moi mes frais de déplacement ainsi que le supplément pour le retard. Nous avions rendez-vous à 17 h 30, ça fait presque une heure.

— Non, seulement 45 minutes, répliqua Johnny.

L'homme aux lunettes resta cool et répondit simplement : — Voulez-vous de l'eau tout de suite ou non ? Alors une heure de retard, ça fait une bière, on est d'accord ?

Johnny en avait marre de ces querelles et donna à l'homme ce qu'il réclamait. Ce dernier mit aussitôt l'argent dans sa sacoche, laissa tomber la facture sur le sol sans même y jeter un œil et prit congé de lui.

Johnny lui courut après et demanda : — Mais, Mr l'installateur, l'eau, vous, vous... L'homme coupa Johnny, baissa ses lunettes, leva les yeux pour mieux le contempler et lui répondit : — Voulez-vous m'apprendre à faire mon métier ? Connaissez-vous la signification du mot « professionnalisme » ? Il y a encore des hommes qui font leur travail sérieusement et... À ce moment Rita sortit de la maison et glissa un peu de pourboires dans la sacoche de l'homme en le remerciant pour l'eau.

L'installateur se retourna vers Johnny, remit ses lunettes en place et lui dit : — Eh bien voilà, c'est comme ce que font les gens civilisés, comme Madame vient de le faire. Et il s'en alla tandis que Johnny demandait encore : — Combien de pourboires avez-vous pris pour ça, pour votre professionnalisme, corrompu… ?

— Laisse tomber, Johnny, rentre, tout est réglé. Tu as l'air épuisé. Je t'ai cuisiné un bon repas. Des légumes avec des noix fraîches et des bananes plantains frites avec du poisson, dit Rita.

Johnny rentra, tout content et très fier : — Vois-tu Rita, tu ne dois pas te faire de soucis. Rien n'est impossible pour Johnny Walker.

Il embrassa ses deux enfants et leur donna quelques sucreries. Il alla se doucher, aida les enfants à faire leurs devoirs et Rita les amena au lit après le dîner.

Rita qui était redevenue douce comme un agneau, rigola et revint sur ce qu'il avait dit plus tôt dans la soirée : — Johnny, n'exagère pas. Rien n'est impossible pour toi ? Qu'as-tu accompli depuis presque dix ans, depuis la mort de ton père ? Tu voulais aller en Europe et m'y emmener. Qu’est-ce qui reste encore de ce projet ? Seulement ta mégalomanie et tes belles paroles.

Johnny explosa de rire. —Rita le repas était vraiment délicieux. Tu devrais cuisiner comme ça tous les jours, ou en tout cas, tant que je suis encore là. Il avait prononcé cette dernière phrase délibérément. Il marque une pause, pour voir si cela avait attisé la curiosité de Rita.

Rita semblait un peu étonnée : — Si tu veux parler, fais-le, sinon laisse tomber.

— Haha, haha, curieuse ? Dis oui, dit Johnny, dis Johnny, s'il te plait, que voulais-tu me raconter ce midi ? Qu'as-tu trouvé d'intéressant sur internet ? Dis-moi simplement ça et je te fais part du plan de l'année. Connaître la bonne information, c'est le pouvoir. La connaissance, c’est le pouvoir, et je sais maintenant...

Un enfant cria « maman », Rita se leva rapidement et sortit de la chambre. Après dix minutes, elle revint et regarda Johnny avec un air interrogatif : — Allez, dis-moi ce que tu voulais me dire ce midi. J'étais tellement énervée, car nous n'avions plus d'eau, tellement énervée de devoir toujours me battre constamment pour tout et que toi, toi tu dépenses de l'argent sur des Tutsies, comme cette fille si jeune. Mais maintenant je m'en fiche, je me suis calmée et tu t'es débrouillé pour que nous puissions avoir de l'eau, toi, le Grand Johnny.

Elle savait exactement comment s’y prendre avec Johnny pour qu'il fasse ce qu'on attendait de lui. — Ça suffit avec tes flatteries et cette jeune fille est une chance pour nous.

— Cette fille-là, une chance ? Et comment donc ? Demanda Rita, étonnée.

— Laisse-moi donc t'expliquer. Tu ne dois pas m'interrompre sans cesse. Hum, ce morceau de bananes plantains-là était vraiment bon, il était parfaitement mûr et sucré comme je les aime, savoura Johnny avant de continuer : — L'origine de mon idée vient de cette fille. On est mardi aujourd'hui, vendredi je pars à Kribi et je me trouve un boulot dans un hôtel en bord de mer.

Ça amusa beaucoup Rita. Et oui, Johnny avait déjà eu des milliers de plans par le passé. Mais tous ses plans avaient toujours un rapport avec sa mégalomanie. C'étaient de gros projets, dans lesquels il s'attendait à gagner des millions. Il était toujours question de voyages en Europe, là où se trouve l'argent pour ces projets. Elle avait arrêté de croire qu'il arriverait un jour à en mener un à terme. Jusqu'à présent, tout ça n'était resté que des mots, des plans, des rêves. Elle s'attendait à tout, mais pas à ça, Kribi, un travail, et qui plus est un travail dans un hôtel pour le « noble » Johnny. Mais malgré tout, son intuition féminine lui disait que cette fois, il le pensait vraiment. Elle ressentait et voyait sur son visage que Johnny avait pris sa décision et qu'il avait vraiment quelque chose en tête. Elle en était persuadée. — Est-ce que tu veux bien m'inclure dans ton nouveau plan et me dire vraiment ce qui se cache là-derrière ?

— Non, Rita, non pas encore. C'est le prix à payer. Tous les échanges d'énergie positive dans ce monde ont une contrepartie : tu dois donner pour recevoir, pour avoir. Plus ce que tu veux avoir est important, plus ce que tu dois donner l'est aussi. Même Dieu fonctionne sur le même principe. Si tu veux quelque chose de lui, tu dois prier. Plus ta souffrance est grande, plus ta prière doit être puissante. Parfois tu dois jeûner des jours durant pour qu'il t'entende. Même Jésus a dû suivre cette loi. Beaucoup d'autres hommes le font aussi en vendant leurs âmes à Satan ou à des sectes par la pratique d'effroyables rituels pour être ou avoir ce qu'ils souhaitent. Mais j'y arriverai grâce à mon cerveau, avec mon intelligence et mon travail. Je vais maintenant travailler en tant que plongeur, jardinier ou bien nettoyeur de plage pour que demain nous n'habitions plus dans cette maison, mais dans une villa à Bonanjo. Il faut bien prendre des risques pour un tel rêve. Mais sois-en sûre, bientôt mon surnom sera Johnny le Tueur, Johnny le Grand. Ne te fais pas de soucis. À partir de vendredi tout commence et nous nous rapprochons de notre rêve. Johnny le Grand est un génie, Rita mon amour. Je t'ai toujours promis que nous aurions une belle vie.

Il se leva et alla dans la cuisine se laver les mains. — Rita, où sont donc les torchons qui sont ici normalement ? Oh, pourquoi veux-tu toujours vivre comme une femme primitive ? Parce que la maison n'est pas parfaite, tu veux vivre ainsi ? Non, mon amour, ce qui est important, c'est ce que tu vis dans ta tête. Si tu ne t'imagines pas ta cuisine, comme celles que tu voies à la télévision, tu ne l'auras jamais. Ne comprends-tu pas ? Dois-je te le dire tous les jours ? Pourquoi tu te laisses aller ? Pourquoi penses-tu que tu as tout perdu à seulement 28 ans ?

Il sortit de la cuisine, un verre de Whisky Johnny Walker Red Label à la main et s'assit près de Rita.

— Comprends-tu ? Bien évidemment, il y a des situations exceptionnelles, dans lesquelles des gens ont soudainement eu quelque chose qu'ils n'attendaient pas ou dont ils n'avaient pas rêvé. Oui, ça peut arriver, mais c'est comme de jouer au loto. Combien de personnes gagnent au loto ? Rita, mon petit trésor, tu récoltes ce que tu as semé et tu dois toujours y croire et travailler dur pour ça. Tu dois avoir beaucoup de patience et ne jamais arrêter d'y croire, et d'avancer pas à pas, chaque jour, chaque heure, chaque minute, chaque seconde dans cette direction. N'oublie jamais que 1 000 000 d'euros commencent par un centime. S'il te manque un centime, tu n'es pas millionnaire. Si le lait coûte 49 centimes et que tu n'as que 48 centimes, tu ne peux pas avoir la bouteille de lait. Chéris chaque centime pour un jour adorer les 1 000 000 €. Ces petites étapes, que tu fais chaque jour, feront la différence à la fin. Si tu arrêtes de faire ces petits pas, tu n'avances plus ; et si tu restes immobile, tu finis par reculer.

Il se leva, retourna dans la cuisine et revint cette fois avec la bouteille de Johnny Walker Red Label, un coca et un second verre. Il servit à Rita un cocktail avec 2/3 de coca et 1/3 de whisky ainsi que quatre glaçons. Il se rassit près d'elle et continua :

— Je sais ce que tu penses. Mais le problème, c'est que tu te laisses influencer par ce que les gens pensent et leurs avis sont plus importants pour toi que tes rêves. Un vieil homme du village disait : si tu veux avoir du succès, tu dois accepter d'avoir aussi des échecs. Tu dois aussi supporter le fait que les gens rigolent, se moquent de toi et t'évitent. La plupart des gens choisissent le chemin le plus facile, c'est ainsi. Ces gens ne vont jamais plus loin que les classes moyennes, s'ils y arrivent seulement. Les gens qui ont changé ce monde, ont dû souffrir énormément. Pour ma part, je n'ai pas de souffrance, je suis comme les grands, je profite de la vie avec plaisir. Mais là-dedans, dit-il en montrant du doigt sa tête, là-dedans je travaille plus qu'un ingénieur de la NASA. Personne ne voit ce travail et c'est là ma chance. Je suis protégé, et je peux poursuivre mon but sans être dérangé, pendant que les petites gens me considèrent comme un bon à rien. Un jour ou l'autre, ils verront soudain sous leurs yeux mon succès et diront : « Oh, il a eu de la chance, le destin était de son côté, il est devenu riche en partant de rien ». Ils ne sauront pas le long et dur travail que j'ai fourni pour en arriver là. Les gens simples ne croient que ce qu'ils voient. Ce ne sont que des consommateurs. L'homme qui a du succès est un visionnaire. Il vit dans le futur. Aujourd'hui est déjà demain pour lui. Demain, c’est aujourd'hui. Il a toujours un pas d'avance, il n'est pas consommateur, c'est un créateur.

Rita commença à pleurer. Elle pensait à tous ces espoirs qui n'avaient mené à rien. Johnny avait déjà essayé à maintes reprises de partir en Europe ou au Canada. Le visa lui était toujours refusé. Il avait dépensé tellement d'argent pour obtenir ce tampon si important. Il avait même essayé de payer un intermédiaire, un homme qui travaillait avec différentes ambassades ou plutôt qui se targuait d'avoir de bons contacts dans les ambassades. Il se permettait donc de faire payer des sommes exorbitantes à de pauvres hommes qui espéraient émigrer grâce à son aide. C'est un très gros marché en Afrique. Certains hommes ne vivent que de ça et en sont devenus très riches ; ils conduisent de grosses voitures et vivent dans les quartiers les plus chics de Douala et Yaoundé.

Rita se demandait comment Johnny et elle avaient pu être aussi naïfs de croire qu'ils pourraient corrompre les représentants européens. On disait bien que les Blancs étaient très droits et travaillaient consciencieusement. Mais alors comment avait fait Kamga pour réussir à partir à Lyon, et qu'en est-il de Ngoh Lep, c'était une prostituée ici, elle ne parlait ni n'écrivait le français, mais elle était désormais à Paris. Ondoua, l'escroc, qui avait été emprisonné plusieurs fois ici pour fraude et vol, était maintenant au Canada. Elle connaissait tellement de personnes qui avaient le même intermédiaire que Johnny et qui avaient réussi à émigrer. Il se disait que certains avaient payé jusqu'à 20 000 €, c'était en fonction de la difficulté de leur situation. Officiellement on disait toujours que ces visas étaient faux et que les gens seraient arrêtés plus tard, à la frontière et renvoyés au Cameroun, car les données des vrais visas sont envoyées électroniquement à la police des frontières. Effectivement, elle avait déjà entendu parler de personnes qui avaient un visa et qui avaient été renvoyées chez elles. Mais elle en connaissait aussi beaucoup qui étaient partis en Allemagne, France, Angleterre, Belgique, Italie, ... avec ces visas contrefaits, comme les appellent les agents des ambassades, et qui vivaient désormais en Europe. Certains viennent même parfois ici en vacances et peuvent repartir sans que la police des frontières en Europe ne les arrête.

Beaucoup de belles femmes faisaient partie de ceux-là, elles travaillaient désormais comme prostituées en Allemagne, en Suisse ou en France et revenaient tous les trois mois avec tellement d'argent, qu'elles pouvaient s'acheter des biens immobiliers et repartaient ensuite.

Elle ne comprenait pas non plus pourquoi, si ces ambassades étaient si rigides avec tout le monde, ils ne supprimaient pas le visa de ces « Feyman » (des escrocs nigérians), malgré tous les dégâts qu'ils avaient causés en Europe. Ils sont connus de tous et ne se cachent pas. On peut les entendre se vanter dans les bars de jouer au tennis avec telles ou telles personnes d'une ambassade, d'aller régulièrement boire un verre avec une autre, ou même d'avoir leurs numéros privés et de les retrouver en Europe. Ils se vantent de jouer les intermédiaires entre ces mêmes personnes et de belles jeunes filles camerounaises, qui peuvent tout d'un coup s'envoler en Europe. On entend de tout concernant les différentes façons d'obtenir un visa, mais seuls les honnêtes gens ont la vie dure et sont confrontés à la rigidité des lois migratoires européennes et subissent leur travail scrupuleux.

Tout cela est étrange, pensa Rita. Où se trouve la vérité là-dedans, et le mensonge, qu'est-ce qui fait partie de l'imaginaire ? Elle ne le savait pas. Le fait est que certaines personnes obtenaient un visa, et on se demande bien comment. Ils ne remplissaient tout simplement aucune des conditions pré requises. Enfin, là où de grosses sommes d'argent sont en jeu, tout est possible suivant que l'on soit Africain ou Européen.

Elle savait une seule chose : elle, ou plutôt Johnny, n'avait pas eu de chance jusqu'à présent. Peut-être que tout ça n'était que des rumeurs, pour paraître important ou pour arnaquer encore plus. Seuls les intéressés le savaient, se dit-elle et elle pleura de plus belle. Elle avait toujours mis la pression à Johnny et l'avait appelé un raté. Peut-être était-ce là la raison pour laquelle il voulait faire ce travail dégradant, pour lui montrer qu'il pouvait faire quelque chose ? Elle avait mauvaise conscience, mais la raison de ces pleurs était tout autre : c'était à cause des mots forts de Johnny. On pouvait lui reprocher beaucoup de choses, mais personne ne pouvait lui retirer le fait que cet homme était un battant, un homme positif qui n'abandonnait jamais. Elle l'admirait d'autant plus et savait d'instinct, que cet homme allait faire son chemin. Il atteindrait son but, même s'il devait passer par des petits boulots tels que plongeur, nettoyeur de plage ou autre. Elle avait l'intuition qu'elle devait s'accrocher à cet homme comme un parasite si elle voulait avoir une vie meilleure. Son instinct de survie féminin lui ordonnait de soutenir cet homme.

- Hé Rita, ma douce, pleures-tu ? Ça me plait. Ça veut dire que tu m'as non seulement écouté, mais compris aussi. À partir de maintenant tu te représenteras toujours ce logement comme une villa, vois-tu comme tout est au top ici, imagine tous les éléments comme tu voudrais les avoir, vois comme tu as de la chance d'être heureuse, belle, comblée et en bonne santé et répète-toi sans cesse : « Dieu, je te remercie de m'avoir offert ces richesses ». Cette scène, tu dois l'avoir en permanence dans un coin de ta tête et dans tes rêves. Tu verras qu'un chemin dans cette direction se dessinera lentement. Rita ne rêve pas que nous aurons du succès, nous l'avons déjà. Ne rêve pas que nous gagnerons, nous avons déjà gagné.

Il se leva, lui caressa les cheveux et prit congé d’elle : — Bonne nuit, dors bien.

Mercredi matin, Johnny amena les enfants à l'école pour la première fois depuis des mois. Ils avaient déjà 9 et 10 ans, mais à ce jour, il voulait simplement se rendre utile. Il pensa au fait qu'il ne lui restait plus que deux jours à passer à Douala. En chemin, il raconta des histoires et ils rirent énormément.

Le plus jeune demanda : — Dis papa, pourquoi es-tu de si bonne humeur alors que tu es si triste ? —Ah bon ? Se demanda Johnny, heureux, alors que je suis triste ? Non, Mensi, je suis de bonne humeur et je vais bien. Mais plus tard, il se demanda pourquoi l'enfant avait dit une telle chose ? Comment un enfant de cet âge pouvait-il parler si philosophiquement ? Enfin, les enfants d'aujourd'hui... Il sourit et pensa à la suite de son programme.

À midi, il voulait retrouver Nicole et passer l'après-midi avec elle. Au Cameroun, les élèves ne se rendent pas à l’école le mercredi après-midi. Il se réjouissait déjà à l'idée de ce corps si érotique. Rien qu'en y pensant, une bosse apparut dans son pantalon.

En attendant l'après-midi, il avait eu le temps de prendre un déjeuner au « Café Paris » avec Amina. Il ne voulait surtout pas faire l'amour avec elle aujourd'hui, il voulait être vraiment en forme pour Nicole ! De toute façon, Amina avait déjà bien profité de lui la veille. Il avait besoin de l'aide d'Amina pour trouver rapidement un travail à Kribi. Amina passait beaucoup de temps à Kribi. Elle aimait les plages de sable blanc qui s'étendent sur des kilomètres le long de l'océan. La plage est toujours presque vide à Kribi. Elle avait beaucoup de temps pour elle, et pouvait facilement se déconnecter du reste du monde là-bas. Elle y connaissait deux ou trois propriétaires d'hôtel. Peut-être qu'elle pourrait faire quelque chose pour lui ?

Comme convenu, il arriva à 10 h 30 au café. Elle n'apparut qu'à 11 h 15, typique pour les femmes camerounaises qui aiment bien se faire attendre. Elle arriva dans sa nouvelle Mercedes Classe S avec jantes arrière en alu et elle ressemblait vraiment à une reine de beauté. Tout en elle attirait les regards masculins : de son élégant ensemble composé d'une jupe grise mi-longue et d'un chemisier noir, à sa coiffure qui mettait en valeur de façon érotique ses premiers cheveux gris, en passant par sa silhouette de rêve, si féminine avec des courbes plantureuses. Sachant pertinemment l'effet que provoquait chacune de ses apparitions, elle avança de façon extrêmement sensuelle les dix mètres qui la séparait de l'entrée du café ; provocatrice et magnifiquement féminine, rythmant délicatement ses déhanchés de gauche à droite. Elle savait que si, à ce moment-là, elle faisait semblant de tomber, tous les hommes se précipiteraient à son secours.

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