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Kitabı oku: «Les grotesques de la musique», sayfa 15

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Troisième Lettre

Lille. – Cantate improvisée. – Mélancolie. – La demi-lune d'Arras. – Les pièces de canon. – Les lances à feu. – La fusée volante. – Effet terrible. – L'amateur d'autographes.

Paris, 18..

Vous ne tenez pas sans doute à savoir pourquoi je suis allé à Lille. En ce cas, je vais vous le dire: ce n'est point à l'occasion du festival du Nord dirigé par Habeneck et dans lequel on exécuta deux fois le Lacrymosa de mon Requiem, d'une grande et belle manière, m'a-t-on dit; les ordonnateurs du festival avaient oublié de m'inviter, ce qui pour moi équivalait à une invitation à rester à Paris. Non, je n'allai à Lille que plusieurs années après. On venait de terminer le chemin de fer du Nord, si célèbre par les petits accidents auxquels il a eu la faiblesse de donner lieu; Mgr l'archevêque devait le bénir solennellement, on se promettait de largement dîner et boire; on pensa qu'un peu de musique ne gâterait rien, au contraire, bien des gens ayant besoin de cet accessoire pour faciliter leur digestion; et l'on s'avisa de s'adresser à moi comme à un excellent digestif. Sans rire, voilà ce qui arriva. Il fallait une cantate pour être exécutée, non après le dîner, mais avant l'ouverture du bal; M. Dubois, chargé par la municipalité lilloise des détails musicaux de la cérémonie, vint à Paris en grande hâte et, avec les idées arriérées, antédiluviennes, incroyables, qu'il apportait de sa province, s'imagina que, puisqu'il fallait des paroles et de la musique à cette cantate, il ne ferait pas mal de s'adresser à un homme de lettres et à un musicien. En conséquence, il demanda les vers à J. Janin et à moi la musique. Seulement, en m'apportant les paroles de la cantate, M. Dubois m'avertit, comme s'il se fût agi d'un opéra en cinq actes, qu'on avait besoin de ma partition pour le surlendemain. «Très-bien, monsieur, je serai exact; mais s'il vous fallait la chose pour demain, ne vous gênez pas.» Je venais de lire les vers de J. Janin; ils se trouvaient coupés d'une certaine manière, que je ne me charge pas de caractériser, et qui appelle la musique comme le fruit mûr appelle l'oiseau, tandis que des poëtes de profession s'appliquent au contraire à la chasser à grands coups d'hémistiches. J'écrivis les parties de chant de la cantate en trois heures, et la nuit suivante fut employée à l'instrumenter. Vous voyez, mon cher M***, que pour un homme qui ne fait pas son métier de violer les muses, ceci n'est pas trop mal travailler. Le temps ne fait rien à l'affaire, me direz-vous, avec Nicolas Boileau Despreaux, un vieux morose qui soutenait cette vieille cause du bon sens, si bien gagnée ou si bien perdue à cette heure que personne ne s'en occupe plus. Sans doute, le temps ne fait rien, c'est-à-dire, au contraire, le temps fait beaucoup, quoi qu'en ai dit, non pas Boileau (je m'aperçois maintenant que je me suis trompé dans ma citation), mais Poquelin de Molière, un autre poëte qui était fou du bon sens. Je maintiens qu'à de rares exceptions près, le temps ne consacre rien de ce qu'on fait sans lui. Cet adage, que vous n'avez jamais entendu ni lu, puisque je viens de le traduire du persan, est d'une grande vérité. J'ai voulu seulement vous prouver qu'il était possible à moi aussi d'improviser une partition, quand je prenais bravement mon parti de me contenter pour mon ouvrage d'une célébrité éphémère de quatre à cinq mille ans.

Si j'avais eu trois jours pleins à employer à ce travail, ma partition vivrait quarante siècles de plus, je ne l'ignore pas. Mais dans des circonstances pressantes et imprévues, comme celles de l'inauguration d'un chemin de fer, un artiste ne doit pas tenir à ce que quarante siècles de plus ou de moins le contemplent; la patrie a le droit d'exiger alors de chacun de ses enfants un dévouement absolu. Je me dis donc: Allons, enfant de la patrie!.. et je me dévouai. Il le fallait!!!.. Que faites-vous en ce moment, mon cher M***? Avez-vous un bon feu? votre cheminée ne fume-t-elle point? Entendez-vous, comme moi, le vent du nord geindre dans les combles de la maison, sous les portes mal closes, dans les fissures de la croisée inhermétiquement fermée, se lamenter, et gémir, et hurler, comme plusieurs générations à l'agonie? Hou! hou! hou!.. Quel crescendo!.. Ululate venti!… Quel forte!.. Ingemuit alta domus!… Sa voix se perd… Ma cheminée résonne sourdement comme un tuyau d'orgue de soixante-quatre pieds. Je n'ai jamais pu résister à ces bruits ossianiques: ils me brisent le cœur, me donnent envie de mourir. Ils me disent que tout passe, que l'espace et le temps absorbent beauté, jeunesse, amour, gloire et génie; que la vie humaine n'est rien, la mort pas davantage; que les mondes eux-mêmes naissent et meurent comme nous; que tout n'est rien. Et pourtant certains souvenirs se révoltent contre cette idée, et je suis forcé de reconnaître qu'il y a quelque chose dans les grandes passions admiratives, comme aussi dans les grandes admirations passionnées; je pense à Châteaubriand dans sa tombe de granit sur son rocher de Saint-Malo…; aux vastes forêts, aux déserts de l'Amérique qu'il a parcourus; à son René, qui n'était point imaginaire… Je pense que bien des gens trouvent cela fort ridicule, que d'autres le trouvent fort beau. Et le souffle orageux recommence à chanter avec effort dans le style chromatique: Oui!!! oui!!! oui!!! Tout n'est rien! tout n'est rien! Aimez ou haïssez, jouissez ou souffrez, admirez ou insultez, vivez ou mourez! qu'importe tout! Il n'y a ni grand ni petit, ni beau ni laid; l'infini est indifférent, l'indifférence est infinie!.. Hé… las!.. Hé… las!..

Talia vociferans gemitu tectum omne replebat

Cette inconvenante sortie philosophique, mon cher ami, n'était que pour amener une citation de Virgile. J'adore Virgile, et j'aime à le citer; c'est une manie que j'ai, et dont vous avez dû déjà vous apercevoir.

 
D'ailleurs les vents s'apaisent,
Les voilà qui se taisent,
 

et je n'ai plus envie de mourir. Admirez l'éloquence du silence, après avoir reconnu le pouvoir des sons! Le calme donc étant revenu, toutes mes croyances me sont rendues. Je crois à la beauté, à la laideur, je crois au génie, au crétinisme, à la sottise, à l'esprit, au vôtre surtout; je crois que la France est la patrie des arts; je crois que je dis là une énorme bêtise; je crois que vous devez être las de mes divagations, et que vous ne devinez pas pourquoi je divague à propos de musique. Eh! mon Dieu, si vous ne le devinez pas, je vais vous le dire: c'est pour ne pas me faire remarquer, tout bonnement; je prétends ne pas me singulariser, ne point faire disparate dans le milieu social où nous vivons. Il y a un proverbe, vrai comme tous les proverbes, que je viens encore de traduire du persan, et qui dit: Il faut hurler avec les fous; faites-en votre profit.

Pour lors! (Odry commençait ainsi le récit de ses aventures dans la forêt où il s'était égaré, forêt vierge où il n'y avait que des perroquets et des orang-outang16, et dans laquelle il se fit écrivain public pour ne pas mourir de faim. Quel grand homme qu'Odry!) Pour lors donc, la cantate étant faite et copiée, nous partons pour Lille. Le chemin de fer faisant une exception en faveur de ses inaugurateurs, nous arrivons sans déraillements jusqu'à Arras. A peine sommes-nous en vue des remparts de cette ville, que voilà toute la population mâle et femelle de notre diligence qui part d'un éclat de rire, oh! mais, d'un de ces rires à fendre une voûte de pierre dure. Et cela sans que personne eût dit le mot. Chacun possédant son Molière par cœur, le souvenir des Précieuses ridicules nous avait tous frappés spontanément à l'aspect des murailles de la ville, et nous cherchions de l'œil, en riant aux larmes, cette demi-lune que le marquis de Mascarille emporta au siége d'Arras, et qui, au dire du vicomte de Jodelet, était parbleu bien une lune tout entière. Voilà un succès! parlez-moi d'un comique tel que Molière qui, sans théâtre, sans acteurs, sans livres, par le souvenir seul d'un mot, fait rire à se tordre les enfants des enfants des arrière-petits-enfants de ses contemporains!..

Arrivé à Lille, M. Dubois me met immédiatement en rapport avec les chanteurs dont le concours m'était nécessaire pour l'exécution de la cantate, et avec les bandes militaires venues de Valenciennes, de Douai et de quelques autres villes voisines. L'ensemble de ces groupes instrumentaux formait un orchestre de cent cinquante musiciens à peu près, qui devaient exécuter sur la promenade publique, le soir, devant les princes et les autorités civiles et militaires réunies pour la fête, mon morceau de l'apothéose. La cantate fut bientôt apprise par un chœur de jeunes gens et d'enfants, élèves presque tous des classes de l'institution nommée, à Lille, Académie de chant, et que je crois appartenir au Conservatoire. Je ne parle que sous la forme dubitative, ne possédant aucune notion précise sur cet établissement. Je vous dirai seulement que ces jeunes chanteurs avaient des voix excellentes, et que, bien dirigés dans leurs études par M. Ferdinand Lavainne, dont vous connaissez le mérite éminent comme compositeur, et M. Leplus, l'habile chef de musique de l'artillerie de Lille, ils se rendirent maîtres en peu de temps des difficultés de la cantate. L'étude de l'apothéose par les orchestres militaires réunis nous donna beaucoup plus de peine. Elle avait été commencée déjà, avant mon arrivée, et, par suite d'une erreur grave dans le mouvement indiqué par le chef qui dirigeait cette répétition, elle n'avait produit qu'un étourdissant charivari. M. Dubois, mon guide au milieu des embarras et des agitations de la fête, et qui avait assumé bravement toute la responsabilité de la partie musicale, me paraissait agité, inquiet, quand je lui parlais de nos militaires et de ce grand diable de morceau. J'ignorais qu'il eût assisté à la première expérience, j'ignorais même qu'elle eût produit un si monstrueux résultat; ce ne fut qu'après le débrouillement du chaos qu'il me fit l'aveu de ses terreurs et du motif qui les avait fait naître. Quoi qu'il en soit, elles furent dissipées assez promptement, et, après la troisième répétition, tout marcha bien. Autant qu'il m'en souvienne, les trois corps de musique militaire appartenant spécialement à la ville de Lille, ceux de la garde nationale, des pompiers et de l'artillerie, n'avaient voulu ou pu prendre aucune part à cette exécution. On m'en dit alors la raison, mais je l'ai oubliée. Ce fut grand dommage, car ces orchestres sont excellents, et certes il y a bien peu de musiques militaires en France qui puissent leur être comparées. Je pus apprécier leur mérite individuel, chacun de ces corps m'ayant fait l'honneur de venir, dans la journée qui précéda le concert, jouer sous mes fenêtres. C'était, de leur part, une véritable et cruelle coquetterie.

On me donna un excellent petit orchestre (celui du théâtre, je crois), pour accompagner la cantate; une seule répétition fut suffisante. Tout était donc prêt, quand M. Dubois me présenta le capitaine d'artillerie de la garde nationale.

« – Monsieur, me dit cet officier, je viens m'entendre avec vous au sujet des pièces.

– Ah! il y a une représentation dramatique! Je l'ignorais. Mais cela ne me regarde pas.

– Pardon, monsieur, il s'agit de pièces… de canon!

– Ah mon Dieu! et qu'ai-je à faire avec ces…?

– Vous avez à faire, dit alors M. Dubois, un effet étourdissant, dans votre morceau de l'apothéose. D'ailleurs, il n'y a plus à y revenir, les canons sont sur le programme, le public attend ses canons, nous ne pouvons les lui refuser.

– C'est maintenant que mes confrères ennemis de Paris, les bons gendarmes de la critique, vont dire que je mets de l'artillerie dans mon orchestre! Vont-ils se divertir! Parbleu, c'est une aubaine pour moi; rien ne m'amuse comme de leur fournir l'occasion de dire, à mon sujet, quelque bonne bêtise bourrée à triple charge. Va pour les canons! Mais d'abord comment est composé votre chœur?

– Notre chœur?

– Oui, votre parc. Quelles sont vos pièces, et combien en avez-vous?

– Nous avons dix pièces de douze.

– Heu!.. c'est bien faible. Ne pourriez-vous me donner du vingt-quatre?

– Mon Dieu, nous n'avons que six canons de vingt-quatre.

– Eh bien accordez-moi ces six premiers sujets avec les dix choristes; ensuite disposons toute la masse des voix sur le bord du grand fossé qui avoisine l'esplanade, aussi près que possible de l'orchestre militaire placé sur l'estrade. M. le capitaine voudra bien avoir l'œil sur nous. J'aurai un artificier à mon côté; au moment de l'arrivée des princes, une fusée volante s'élèvera, et l'on devra alors faire feu successif des dix choristes seulement. Après quoi nous commencerons l'exécution de l'apothéose, pendant laquelle vous aurez eu le temps de recharger. Vers la fin du morceau, une autre fusée partira, vous compterez quatre secondes, et, à la cinquième, vous aurez l'obligeance de frapper un grand accord bien d'aplomb, et d'un seul coup, avec vos dix choristes de douze et les six premiers sujets de vingt-quatre, de manière que l'ensemble de vos voix coïncide exactement avec mon dernier accord instrumental. Vous comprenez?

– Parfaitement, monsieur; cela s'exécutera, vous pouvez y compter.»

Et j'entendis le capitaine dire en s'en allant à M. Dubois:

« – C'est magnifique! il n'y a que les musiciens pour avoir de ces idées-là!»

Le soir venu, la bande militaire bien exercée et bien disciplinée et mon artificier étant en place, M. le duc de Nemours et M. le duc de Montpensier, entourés de l'état-major de la place, du maire, du préfet, enfin de tous les astres militaires, administratifs, civils, judiciaires et municipaux, montent sur une terrasse préparée pour les recevoir en face de l'orchestre. Je dis à l'artificier: Attention! quand le capitaine d'artillerie, grimpant précipitamment l'escalier de notre établissement, me crie d'une voix tremblante:

« – De grâce, monsieur Berlioz, ne donnez pas encore le signal, nos hommes ont oublié les lances à feu pour les pièces, on a couru en chercher à l'arsenal, accordez-moi cinq minutes seulement!»

Ignorant comme je le suis (quoi qu'on en dise) de ce qui concerne, sinon le style, au moins le mécanisme de ces voix-là, je m'étonnais qu'on ne pût pas allumer de petites misérables pièces de vingt-quatre et de douze avec un cigarre ou un morceau d'amadou, et que des lances à feu fussent aussi indispensables aux canons que l'embouchure l'est aux trombones; pourtant j'accordai les cinq minutes. J'en accordai même sept. Au bout de la septième, un autre messager, gravissant à la hâte le même escalier que le capitaine éperdu venait de redescendre, fit observer que les princes attendaient et qu'il était plus que temps de commencer.

– Allez! dis-je à l'artificier, et tant pis pour les choristes si on n'a pas de quoi les allumer!

La fusée s'élance avec une ardeur à faire croire qu'elle partait pour la lune. Grand silence… Il paraît qu'on n'est pas revenu de l'arsenal.

Je commence; notre bande militaire fait des prouesses, le morceau se déploie majestueusement sans la moindre faute de stratégie musicale; et comme il est d'une assez belle dimension, je me disais en conduisant: «Nous ne perdrons rien pour avoir attendu; les canonniers auront eu le temps de se pourvoir de lances à feu, et nous allons avoir pour le dernier accord une bordée à faire tomber les croisées de tout le voisinage.» En effet, à la mesure indiquée dans la coda, je fais un nouveau signe à mon artificier, une nouvelle fusée escalade le ciel, et juste quatre secondes après son ascension…

Ma foi! je ne veux pas me faire plus brave que je ne suis, et ce n'était pas sans raison que le cœur m'avait battu aux approches de l'instant solennel. Vous rirez tant qu'il vous plaira, mais je faillis tomber la face contre terre… Les arbres frissonnèrent, les eaux du canal se ridèrent… au souffle délicieux de la brise du soir… Mutisme complet des canons!..

Un silence profond s'établit après la dernière mesure de la symphonie, silence majestueux, grandiose, immense, que troublèrent seuls l'instant d'après les applaudissements de la multitude, satisfaite apparemment de l'exécution. Et l'auditoire se retira, sans se douter de l'importance des lances à feu, sans regret pour la jouissance à laquelle il avait échappé, oublieux des promesses du programme, et bien persuadé que les deux fusées volantes dont il avait entendu le sifflement et vu les étincelles, étaient simplement un nouvel effet d'orchestre de mon invention, assez agréable à l'œil. Le Charivari, abondant dans ce sens, publia là-dessus une série d'articles éblouissants et de la plus haute portée. Qu'eût-il fait si les lances à feu!.. C'est fatal! j'eusse gagné ce soir-là quelque nouveau grade, un surnom immortel, j'aurais reçu le baptême du feu!.. Nouvelle et foudroyante preuve que, si l'on vit souvent des fusils partir qui n'étaient pas chargés, on voit quelquefois aussi même des canons chargés qui ne partent pas.

L'apothéose ainsi terminée pacifiquement, nous laissons sur le bord du canal, et la bouche ouverte, nos pièces toujours pointées et nos artilleurs désappointés. Il fallait courir à l'hôtel de ville, où un autre orchestre et un autre chœur m'attendaient pour l'exécution de la cantate. Mon espérance, cette fois, ne fut en rien trompée; nos chanteurs et nos musiciens n'eurent ni un soupir ni une double-croche à se reprocher. Il n'en fut pas de même de nos auditeurs; après le concert, pendant que j'écoutais les gracieusetés que M. le duc de Nemours et son frère de Montpensier avaient la bonté de me dire, quelque amateur d'autographes me fit l'honneur de me voler mon chapeau. J'en fus peiné, car la conscience de mon amateur lui aura sans doute sévèrement reproché de n'en avoir pas pris un meilleur; et puis je me voyais obligé de sortir tête nue, et il pleuvait.

Voilà tout ce que j'ai à vous apprendre sur Lille et les fêtes, de l'inauguration. – Comment, direz-vous, c'est pour me faire savoir qu'il y a de bons choristes, d'excellentes musiques militaires et de faibles artilleurs dans le chef-lieu du département du Nord, que vous m'écrivez une si longue lettre? – Eh mais, c'est là le talent! La belle malice d'écrire beaucoup quand on a beaucoup à dire! C'est à élever une longue avenue de colonnes, qui ne conduit à rien, que consiste aujourd'hui le grand art. Vous promenez ainsi votre naïf lecteur dans l'allée des Sphinx de Thèbes; il vous suit patiemment avec l'espoir d'arriver enfin à la ville aux cent portes; puis, tout d'un coup, il compte son dernier sphinx; il ne voit ni portes ni ville, et vous le plantez là, dans le désert.

H. BERLIOZ.

Tout est bien qui finit gaiement

On peut remarquer un singulier contraste entre l'activité des musiciens de Paris à l'époque où nous sommes, et celle qu'ils déployaient il y a vingt ans. Presque tous avaient foi en eux-mêmes et dans le résultat de leurs efforts; presque tous aujourd'hui ont perdu cette croyance. Ils persévèrent néanmoins.

Leur courage ressemble à celui de l'équipage d'un navire explorant les mers du pôle antarctique. Les hardis marins ont bravé d'abord joyeusement les dangers des banquises et des glaces flottantes. Peu à peu, le froid redoublant d'intensité, les glaçons entourent leur vaisseau, sa marche est plus difficile et plus lente; le moment approche où la mer solidifiée le retiendra captif dans une immobilité silencieuse semblable à la mort.

Le danger devient manifeste; les êtres vivants ont presque tous disparu; plus de grands oiseaux aux ailes immenses dans ce ciel gris d'où tombe un épais brouillard, plus rien que des troupes de pingouins debout, stupides, sur des îles de glace, péchant quelque maigre proie, en agitant leurs moignons sans plumes incapables de les porter dans l'air… Les matelots sont devenus taciturnes, leur humeur est sombre, elles rares paroles qu'ils échangent entre eux en se rencontrant sur le pont du navire diffèrent peu de la funèbre phrase des moines de la Trappe: «Frère, il faut mourir!»

Mais ne nous laissons pas gagner par leur spleen, chassons les idées noires et d'une voix légère chantons ce gai refrain si connu:

FIN
16.Je sais très-bien qu'il faudrait écrire orang-houtan, mais pour ces deux mots malayous qui signifient homme des bois, j'aime mieux employer l'orthographe vulgaire, qui est aussi la vôtre, pour ne pas vous humilier.
Yaş sınırı:
12+
Litres'teki yayın tarihi:
25 haziran 2017
Hacim:
257 s. 13 illüstrasyon
Telif hakkı:
Public Domain
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