Kitabı oku: «Tous Les Moyens Nécessaires», sayfa 20
Chapitre 54
3h23
Centre municipal de détention – Washington DC
Tout était blanc.
Les murs et les sols étaient blancs. Les lumières au plafond étaient blanches et lumineuses. Les grilles électroniques coulissantes en métal qui se refermèrent derrière eux avec un bruit sec étaient peintes en blanc.
Ils contrôlèrent Luke et le mirent dans une cellule de détention avec une demi-douzaine d'autres hommes. La pièce était grande. Elle était blanche avec des empreintes sales de main partout sur les murs. Le sol était blanc, tournant au gris terne sous l'effet de milliers de paires de chaussures. Il y avait un urinoir et une toilette intégrés au mur. Le sol était légèrement en pente vers le centre où s'ouvrait une petite canalisation ronde.
Un banc blanc et sale longeait les murs de la cellule, sur environ la moitié. Luke arpentait la cellule depuis quelques instant pendant que les autres hommes le regardaient. Il était le seul homme blanc dans la pièce. Ça ne le dérangeait pas. Il remarquait à peine les autres hommes. Il se sentait piégé dans cette cellule qui l'empêchait d'être en action. Il ne le supportait pas.
Quelque part, là dehors, Becca et Gunner étaient aux mains de dangereuses personnes. Luke se faisait peut-être des illusions, mais il avait l'impression qu'ils étaient toujours vivants. Si c'était le cas, il fallait qu'il sorte d'ici et qu'il les trouve. Il n'arrêterait pas, jamais, tant qu'il ne les aurait pas retrouvés. Et il n'allait pas faire de quartier avec ceux qui les avaient enlevés. Que Dieu leur vienne en aide.
Non, c'était faux, personne ne pourrait leur venir en aide.
S'ils ont osé lever ne serait-ce que le petit doigt…
Maintenant qu'il était coincé ici, il pouvait sentir la rage bouillir à l'intérieur de lui. La Vice-Présidente, la poursuite en voiture, tout ça, lui avaient permis de ne pas penser. Mais maintenant il n'y avait rien pour le distraire.
Et puis bien sûr, il y avait Susan Hopkins. Il l'avait laissée avec Ed, Brenna et Berg et c'était des hommes très capables, spécialement Ed. Mais vu que Luke était toujours vivant, il devrait être là-bas avec eux.
Il avait envie d'hurler.
Il s'approcha du banc et s'assit. Un instant plus tard, un type se leva du banc où il était assis le long du mur à l'autre bout de la pièce et marchait d'un pas tranquille vers Luke. C'était un type jeune et robuste, bien musclé et il portait un t-shirt des Chicago Bulls. Ses cheveux étaient une masse emmêlée de style afro. Il sourit. Il avait une dent en or à l'avant.
Il s'accroupit devant Luke.
“Hé, mon frère, ça va?”
Des gloussements et de petits rires tranquilles se firent entendre parmi les hommes de la cellule.
Luke le regarda. “Le Président est mort cette nuit. Mon frère.”
Le type hocha la tête. “J'en ai entendu parler. J'imagine que ça ne me dérange pas vraiment. J'ai jamais voté pour ce type.”
Luke haussa les épaules. “Je peux t'aider?”
Le type fit un geste du menton. “J'ai remarqué tes bottines. Elles sont chouettes.”
Luke hocha la tête. Il regarda ses pieds et les bottines en cuir qu'il portait. “Tu as raison. Elles sont chouettes. Ma femme me les a offertes pour Noël, l'année dernière.”
“C'est quelle marque?”
“C'est des Ferragamo. Je pense qu'elle les a bien payées six cents balles. Ma femme aime m'acheter de jolies choses. Elle sait que je ne les achèterais jamais moi-même.”
“File-les-moi,” dit le jeune type.
Luke secoua la tête. “Je ne peux pas. Elles ont une valeur sentimentale. De toutes façons, je ne pense pas que ce soit ta pointure.”
“Je les veux.”
Luke jeta un coup d'oeil autour de la cellule. Chaque paire d'yeux était rivée sur lui. Il pouvait imaginer combien ça pouvait être une situation tendue et effrayante pour d'autres.
“Je pense qu'il vaut mieux que tu ailles t'asseoir,” dit-il. “Je ne suis pas vraiment de bonne humeur pour l'instant.”
Un éclair de colère apparut dans les yeux du type. “File-moi ces bottines.”
Luke leva les yeux au ciel. “Tu les veux? Viens les chercher.”
Le type hocha la tête et sourit. Il jeta un coup d'oeil autour de la cellule. Les autres types riaient franchement maintenant. La grosse brute allait voler les chaussures de l'homme blanc. Il se baissa vers les pieds de Luke.
Luke laissa passer un instant, puis donna un coup de pied au type, directement dans les dents. C'était une attaque éclair. La tête du type vola en arrière avec un bruit sec. Trois de ses dents volèrent dans les airs. L'une d'entre elles était la dent en or. Le type tomba en arrière. Il finit à genoux, plié en deux, les mains devant sa bouche.
Luke soupira. Il se leva, se plaça derrière le type et lui donna un violent coup de poing à l'arrière de la nuque, exactement à l'endroit où la colonne vertébrale rejoignait le crâne. Le type s'effondra sur le sol crasseux. Ses yeux roulèrent. En quelques instants, il se retrouva inconscient, puis commença à ronfler bizarrement.
Luke regarda autour de lui. Il était de mauvaise humeur mais le jeune voleur de chaussures n'avait fait qu'empirer son état de colère. Luke allait tabasser chaque homme présent jusqu'à la mort si c'était ce qu'ils voulaient.
“Le prochain qui me cherche y laissera toutes ses dents,” dit-il assez fort pour que tout le monde l'entende.
Ils le fixèrent, bouches ouvertes, puis détournèrent le regard. Leurs yeux assoiffés de sang l'instant précédent, étaient maintenant remplis d'autre chose: de peur.
Chapitre 55
5h45
Observatoire naval des États-Unis – Washington DC
Il s'appelait William Theodore Ryan.
Il était l'arrière-arrière-petit fils d'une aristocratie terrienne. Sa famille, depuis des générations, était de fiers confédérés et rebelles. Et maintenant, il se retrouvait Président des États-Unis d'Amérique.
Il était fatigué, plus qu'il ne l'avait jamais été. Il avait à peine dormi la nuit dernière. Avant les premières lueurs du jour, il avait insisté pour quitter le site R et revenir à Washington. Il n'y avait aucune raison de rester sous terre, n'est-ce pas? La menace était terminée. Et ça montrerait au peuple américain combien il était courageux. Il n'allait pas se cacher dans un trou dans le sol pendant que plus de trois cents millions de personnes devaient continuer à mener leur vie sur terre, vulnérables aux attaques étrangères.
Il sourit à cette pensée.
Il était assis dans le bureau à l'étage de la résidence officielle de la Vice-Présidente. À travers les fenêtres, il pouvait voir une faible lueur percer le ciel. La maison était superbe, une énorme résidence blanche style reine Anne avec pignons et tourelle, située sur l'agréable domaine vallonné de l'observatoire naval. Elle datait du milieu du XIXème siècle et des générations de Vice-Présidents en avaient fait leur maison. Elle servirait maintenant de Maison Blanche jusqu'à ce que le bâtiment original soit reconstruit.
Sur le divan en face de lui, était assis le sénateur Edward Graves du Kansas. Plus tard dans la journée, à l'âge de soixante-douze ans, Ed allait devenir le Vice-Président le plus âgé de l'histoire moderne des États-Unis. Ed Graves était un expert militaire et était président du comité des forces armés au Congrès depuis bien longtemps. Ed était l'un de ses mentors depuis près de vingt ans maintenant.
Sur la table entre eux, se trouvait un téléphone haut-parleur noir à travers duquel un sous-secrétaire de l'état-major leur faisait une brève mise au point des événements au Moyen-Orient. La situation était tendue mais semblait sous contrôle.
“Monsieur ,” dit la voix, “sur vos ordres, deux avions de chasse américains F-118 ont pénétré dans l'espace aérien iranien à environ 13h45 heure locale, il y a donc environ une demi-heure.”
“Et quelle est la situation?” demanda Bill Ryan.
“Dans les deux minutes qui ont suivi, trois avions de chasse iraniens les ont interceptés et ont engagé le combat. Nous pensons qu'il s'agit d'anciens avions de chasse russes Mig. Les F-118 ont détruit les avions de chasse iraniens après un bref combat aérien. Le radar a signalé la présence d'au moins une douzaine d'avions de chasse iraniens en route pour la zone, donc les F-118 se sont repliés dans l'espace aérien turc. Les Iraniens ont fait demi-tour à la frontière.”
“OK,” dit Ryan. “Quoi d'autre?”
“Deux stations d'écoute, une au Japon et l'autre en Alaska, ont rapporté qu'au moins une demi-douzaine de silos à missiles russes dans l'est de la Sibérie sont passés en position de lecture de combat dans les vingt dernières minutes. Les silos ont comme cibles principales les grandes zones métropolitaines le long de la côte ouest, y compris Seattle, Portland et San Francisco. Ils ont acquis et verrouillé leurs cibles.”
“Mon Dieu, pourquoi font-ils ça?”
“Nous ne sommes pas sûrs, monsieur. Le timing semble lié à l'incursion de l'espace aérien iranien, mais les conversations interceptées suggère une certaine confusion au niveau du commandement central russe. Nous ne croyons pas que ces silos agissent de manière solitaire mais il semblerait qu'ils aient mal interprété leurs ordres.”
Ryan regarda Ed. C'était typique des Russes de perdre le contrôle de leurs propres éléments. Qu'est-ce qu'ils allaient faire? Démarrer une guerre nucléaire sur la question iranienne? Bien qu'il devait reconnaître qu'il y avait quelque chose d'exaltant dans toute cette stratégie de la corde raide. Il n'était Président que depuis moins de huit heures.
Ryan s'adressa à la voix. “Est-ce qu'on a des missiles pointés sur ces silos russes?”
“Oui monsieur, nous en avons.”
“Alors placez ces missiles en position de lecture de combat et assurez-vous que les Russes soient au courant. Ils doivent faire rentrer leurs types dans le rang. Si on leur montre nos flingues, peut-être qu'ils se rendront compte qu'on n'est pas là pour rigoler.”
La voix de l'autre côté de la ligne hésita. “Oui monsieur.”
“Autre chose?”
“Pas en ce moment, monsieur.”
Ryan éteignit le téléphone. La pièce était très silencieuse. Il regarda Ed Graves.
“Tu penses quoi?”
Les mains d'Ed reposait sur ses genoux. C'était des mains noueuses et mouchetées, comme les vieux troncs d'arbre. Le visage d'Ed était buriné et ridé. Son nez était bulbeux et traversé de fins vaisseaux sanguins éclatés. Mais son regard était pareil à des feux lasers.
“C'est absurde,” dit-il, “d'envoyer deux avions de l'autre côté de la frontière. Pourquoi on les testerait? Nous savons de quoi ils sont capables et nous savons de quoi nous sommes capables. Ils nous ont attaqué en premier, n'est-ce pas? Ils ont tué notre Président.”
Ed fit un clin d'oeil déplacé au moment où il parlait. Bill se sentait presque gêné pour lui.
“Si c'est vrai, alors nous devons les frapper et les frapper fort. Nous devons riposter. Nous avons la cinquième flotte dans le golfe persique. Éliminons les armes iraniennes dans le détroit d'Hormuz. Il ne faut pas qu'ils aient l'occasion d'y poser des mines. Élimine-les. Puis, envoie des bombardiers jusqu'à Téhéran. Donne-leur une escorte complète d'avions de chasse afin qu'ils y arrivent. Tout ça est à commencer dès aujourd'hui.”
Bill hocha la tête. “Ils vont devoir se battre pour arriver à Téhéran.”
Ed haussa les épaules. “Nos garçons sont les meiilleurs. Et ce n'est pas pour ça qu'on les paye? Pour se battre? Une semaine ou deux de bombardements intenses sur le centre ville et je pense que notre problème iranien en entier aura disparu.”
“Et les Russes?”
Ed Graves parut y penser pendant un instant. Finalement, il haussa les épaules. “On emmerde les Russes.”
Quelqu'un frappa à la lourde porte en chêne.
“Entrez.”
La porte s'ouvrit. Un jeune assistant entra. Il s'appelait Ben et il faisait partie du personnel de Ryan depuis deux ans. C'était un gamin plein d'énergie en général mais aujourd'hui il paraissait particulièrement électrisé par l'excitation. Toute l'équipe montait des échelons au niveau mondial.
“Qu'est-ce que je peux faire pour toi, Ben?’
“Monsieur, on vient à l'instant de recevoir l'identification de la femme retrouvée dans la berline qui a explosé et sombré dans le Tidal Basin cette nuit. Vous m'avez demandé de vous faire un rapport dès que j'en savais plus à ce sujet.”
“Oui, de fait. Alors, qu'est-ce que tu peux me dire?”
“Les dossiers dentaires indiquent qu'il s'agit d'une femme du nom de Liza Redeemer.”
Ce n'était pas du tout ce que Bill Ryan avait envie d'entendre. “Redeemer?”
“Oui, monsieur. Une vagabonde de trente-trois ans. Un long passé de maladie mentale, schizophrénie, désordre bipolaire. Elle a changé légalement son nom à l'âge de dix-huit ans. Elle s'appelait à l'origine Elizabeth Reid. Nous n'avons aucune indication concernant les raisons pour lesquelles elle se trouvait dans cette voiture.”
Ryan hocha la tête. “OK. Merci.”
Quand l'assistant fut sorti, Ryan regarda Ed Graves à nouveau.
“Il nous faut Don Morris au téléphone.”
Chapitre 56
7h15
Centre de détention municipal – Washington DC
“Tu as bien dormi?”
“Comme un bébé. J'étais en taule avec six autres types. Des chouettes gars. Je ne m'étais jamais rendu compte du nombre d'innocents qui se trouvent en prison.”
Luke s'avançait dans la lumière du soleil, à l'extérieur du centre de détention. Il faisait lumineux dehors. Ses poignets étaient toujours menottés. Il était emmené par Don Morris. Avec les deux agents que Luke ne connaissait pas, ils étaient quatre à descendre les escaliers et à se diriger vers une sedan noire dernier modèle garée dans la rue.
“C'était pas mal, le tour que tu leur as joué. Ils ont dû utiliser des dossiers dentaires pour se rendre compte que ce n'était pas Susan Hopkins qui était dans la voiture avec toi. Et ça fait à peine une heure. Ils ne savent toujours pas qui c'est.”
“Ah bon?” dit Luke. “J'aurais juré que c'était Susan.”
Don s'arrêta de marcher. Il regarda Luke. “Arrête tes conneries, Stone. Je ne suis pas d'humeur à rigoler aujourd'hui et je ne pensais pas que tu le serais non plus. Tu vas parler et tu vas nous dire où se trouve Susan. Tu le sais, n'est-ce pas? Oh, je sais. Luke Stone est incassable. Ça prendra des jours pour lui soutirer des informations. Personnellement, je ne pense pas. Je pense que tu vas parler très vite. On a quelques moyens de pression sur toi, au cas où tu l'aurais oublié.”
“Tu as dit que tu ne ferais jamais de mal à ma famille.”
Don sourit. “Je n'en ferai pas. Ta famille est vivante et va bien. Il faut que tu le saches. Mais il faut qu'on sache où se trouve Susan Hopkins.”
“Don, Susan est la Présidente des États-Unis.”
Il secoua la tête. “Tu ne décides pas de ça, Stone.”
“Non. C'est la Constitution qui le décide.”
Don émit un son. Comme s'il s'offusquait. Il regarda les deux agents qui les accompagnaient. “Pouvez-vous me laisser seul un instant avec l'agent Stone?”
Les hommes s'éloignèrent d'une trentaine de mètres. Ils s'arrêtèrent à côté d'une voiture garée et fixaient Luke et Don du regard. Ils n'avaient pas l'intention de faire autre chose que de les observer. Luke supposa qu'ils devaient savoir qu'il pouvait tuer Don avec les pieds et poings liés.
Don s'appuya contre la sedan noire. “Fiston, qu'est-ce que tu nous fais là?”
Luke le fixa du regard. Il connaissait Don depuis très longtemps et pourtant il semblerait qu'il ne l'avait jamais vraiment connu. “À quoi tu joues, Don? Qu'est-ce que tu nous fais? C'est pas moi qui viens d'aider à organiser un coup d'état.”
Don secoua la tête. “Luke, quel que soit le nom que tu veuilles lui donner, c'est déjà terminé. Là, on continue à aller de l'avant, pas en arrière. Bill Ryan est Président des États-Unis, que ça te plaise ou non. Ta famille est en danger, mais ils ne sont pas morts et on ne leur a pas fait de mal. Tu peux les récupérer. Il te suffit de rentrer dans le jeu. Je ne comprends même pas ta réticence. Tu n'as aucune carte en main.”
“Qu'est-ce que tu obtiens dans tout ça, Don? Tu n'as sûrement pas fait ça juste parce que Bill Ryan est ton vieux pote d'université.”
Don hocha la tête. “OK, c'est une question légitime. Si ça t'aide à faire le bon choix, je veux bien y répondre. J'en ai marre d'une Amérique faible. J'en ai marre d'une Amérique hésitante. Ce genre de chose n'a jamais fait partie de mon entraînement militaire et franchement ça ne fait pas partie de mon ADN. Je ne le supporte pas. Et j'en ai marre de mendier chaque année des ressources pour maintenir l'Équipe d'Intervention Spéciale à flot. On faisait du bon boulot. Tu l'as vu, tu en faisais partie. Mais tout est occupé à disparaître.”
Luke commençait à voir clair. “Donc Bill Ryan va te donner le budget que tu veux pour l'Équipe d'Intervention Spéciale?”
Don secoua la tête. “Non, Bill Ryan n'est qu'une figure de proue, comme tu dois t'en douter. Il y a d'autres puissances en jeu ici. Et elles voudraient restaurer l'Amérique dans toute sa grandeur, comme je le voudrais moi-même, et toi aussi. Cet après-midi, Bill annoncera que je suis son candidat pour le poste de Secrétaire à la Défense.”
Luke le fixa du regard. Il revit en pensée David Delliger se prenant une balle à la ligne des cinquante mètres dans le stade de football de l'académie navale.
“Tu es sûr que tu veux ce poste? J'étais avec ton prédécesseur cette nuit. Son mandat s'est terminé de manière plutôt abrupte.”
Don sourit. “Dave n'était pas un bon choix pour ce poste. C'était un militaire mais pas un guerrier. Aujourd'hui, il nous faut un guerrier. Je suis sûr que toi, plus que tout autre, tu es capable de comprendre ça.”
“Don, si on part en guerre contre l'Iran, les Russes… ”
Don leva une main. “Luke, ne me fais pas la leçon concernant les Russes. Je tuais déjà des Russes alors que tu chiais encore dans tes langes. Je sais ce que les Russes vont faire. Rien, c'est ça qu'ils vont faire. Ils vont attendre et observer. Maintenant dis-moi où se trouve Susan, s'il te plaît.”
Luke ne dit rien.
“Rebecca et Gunner vont mourir aujourd'hui, Luke. C'est ce qui va se passer. Et tu ne pourras rejeter la faute sur personne d'autre, à part toi-même.”
Luke détourna la tête. “Tu es un traître, Don.”
En haut de la rue, dans la direction où Luke regardait, quelque chose d'étrange était occupé à se passer. Les deux agents revenaient vers eux en marchant rapidement. Derrière eux, un groupe d'hommes en costumes et portant des lunettes de soleil les suivaient sur le trottoir. Luke compta sept hommes. Il se retourna et regarda dans l'autre direction. Peut-être qu'ils se dirigeaient ailleurs.
Non. Une autre demi-douzaine d'hommes remontaient le trottoir dans l'autre sens. Luke regarda à nouveau les agents qui accompagnaient Don. Soudain, ils déguerpirent. L'un d'entre eux fonça dans la rue. Il la traversa à moitié avant de se faire renverser par une voiture. Les pneus crissèrent en s'arrêtant. L'agent roula sur le capot et s'effondra dans la rue. Trois hommes s'approchèrent de lui en courant, flingues en main.
L'autre agent traversa en courant une pelouse vers un parking. Cinq hommes le poursuivirent.
Trois hommes s'approchèrent à la gauche de Don et de Luke, deux autres apparurent à leur droite. Ils sortirent leurs armes. Un homme leva un insigne.
“Services secrets,” dit-il.
Ils plaquèrent Don au sol, visage en premier. Ils s'emparèrent de son flingue et le menottèrent.
“Vous m'accusez de quoi?” demanda Don.
“On commence par quoi?” dit l'homme. “Trahison. Terrorisme domestique. Meurtre, Kidnapping. Complot. Ça, c'est juste pour un début.”
Ils libérèrent les poignets de Luke. Il les massa, afin qu'ils ne soient plus insensibles. “Certains m'ont tout l'air d'être des délits punissables par la peine capitale.”
L'homme des services secrets hocha la tête. “Ils le sont.”
“Ma femme et mon fils ont été kidnappés. Cet homme sait où ils se trouvent.”
Luke fixa Don du regard.
“Si j'étais toi,” dit-il, “je commencerais à parler, et vite.”
Chapitre 57
7h45
Observatoire naval des États-Unis – Washington DC
Une berline noire remontait l'allée circulaire devant la résidence officielle de la Vice-Présidente.
La porte arrière s'ouvrit et Susan Hopkins en sortit. Le docteur irakien avait arrangé son bras et son poignet durant la nuit. Son visage par contre était au-delà de ses compétences. Il avait juste appliqué un antidouleur local sur les brûlures afin qu'elle puisse dormir.
Elle avait parlé avec Pierre quinze minutes plus tôt, après s'être assurée qu'elle pouvait le faire en toute sécurité. Il avait pleuré et elle avait presque pleuré aussi. Elle n'avait toujours pas parlé avec ses filles.
Elle monta le chemin vers la grande résidence blanche, portant un gilet pare-balles complet en-dessous de son tailleur. Elle était accompagnée de Chuck Berg et de Walter Brenna.
La maison était superbe. Elle n'avait jamais eu l'air plus superbe que ce matin. Elle adorait cette maison. Elle avait été sa résidence pendant les cinq dernières années.
Ils pénétrèrent dans le vestibule.
Une douzaine d'hommes en costume et uniforme bleu de l'armée les fixèrent du regard quand ils entrèrent. Elle reconnut certains d'entre eux. C'était des agents des services secrets. Des hommes de Ryan.
Ils la fixèrent du regard comme s'ils avaient vu un fantôme. Un des hommes serra la main de Chuck Berg. Un murmure silencieux parcourut la foule.
“Je peux vous aider?” dit un homme en uniforme de l'armée.
“Je suis ici pour parler avec William Ryan.”
“Et qui puis-je annoncer?”
“Je m'appelle Susan Hopkins et je suis la Présidente des États-Unis.”
Davantage de personnes rejoignirent le vestibule. La plupart d'entre elles étaient des hommes de grande taille en uniforme bleu, avec des flingues attachés en-dessous de leurs vestes. Une femme de petite taille en uniforme de domestique apparut. Susan la reconnut. Elle s'appelait Esmeralda mais tout le monde l'appelait Esa. Elle travaillait dans cette maison depuis plus de vingt ans. Elle semblait perplexe. Elle regarda Susan comme si Susan était l'un de ces miracles catholiques auxquels les croyants affluaient parfois. Elle aurait aussi bien pu être une Vierge Marie en pleurs dans la façade abrupte d'une falaise en pierre.
“Mme Hopkins?” dit Esa. “Vous êtes vivante.”
Elle s'avança vers Susan comme si c'était un rêve. Les deux femmes se serrèrent dans les bras. D'abord de manière timide mais Susan attira Esa plus près d'elle. Soudain, Susan se mit à pleurer. C'était un sentiment tellement agréable d'être ici avec cette femme en ce moment.
“Oui,” dit-elle. “Je suis vivante.”
Elle ferma les yeux et continua à serrer la femme contre elle.
“Vous n'êtes pas la Présidente,” dit une voix retentissante.
Susan lâcha Esa. Descendant les grands escaliers en marbre, ce n'était autre que William Ryan. Il avait l'air en pleine forme et en pleine santé, plein d'énergie, plus jeune que son âge. “Je suis le Président. J'ai prêté serment la nuit dernière. Le président de la Cour suprême des États-Unis l'a administré.”
Il atteignit le bas des escalier et marcha directement en direction de Susan. Il était très grand. Il la surplombait. Elle leva la tête vers lui. Chuck Berg se tenait à sa droite. Walter Brenna était à à sa gauche.
“Susan,” dit Ryan. “C'est agréable de te revoir. Mais je vais devoir te demander de partir. Tu as clairement subi de terribles pressions durant ces dernières vingt-quatre heures. Je suis sûr que tu n'es pas dans l'état d'esprit pour prêter serment.”
Une foule de militaires et d'agents des services secrets s'étaient maintenant rassemblés dans le vestibule.
Ryan fit un geste à deux militaires près de lui. “Pourriez-vous escorter Mme Hopkins à l'extérieur, s'il vous plaît? Nous avons du boulot ici.”
Susan le montra du doigt. “Arrêtez cet homme. Pour trahison et pour l'assassinat du Président Thomas Hayes et de plus de trois cents autres personnes.”
Durant un instant, elle n'eut aucune idée de ce qui allait arriver. Tout le monde restait immobile et fixait la scène du regard. Quelque part, une montre faisait tic-tac. Trois secondes, quatre secondes.
Cinq.
Chuck Berg fit un pas en avant. Il détacha une paire de menottes en acier de sa ceinture.
Il s'avança vers Ryan. “Monsieur, vous avez le droit de garder le silence.”
Un militaire fit un pas devant lui. Chuck le repoussa. Soudain, ça commença à se bousculer et à pousser un peu partout. Susan se faisait bousculer par tous ces hommes forts et robustes qui se poussaient entre eux. Puis elle sentit une douleur aigüe.
Quelqu'un lui avait marché sur le pied.
Les agents des services secrets surpassaient les militaires en nombre. Tous les hommes des services secrets maintinrent leurs postes.
Finalement, Ryan se mit à les combattre. Il descendit en faisant des mouvements de balancier mais il finit à terre. En quelques secondes, il se retrouva face contre le sol en bois poli. Deux hommes des services secrets l'y maintenaient.
Les services secrets remirent Ryan sur pied. Son visage était rouge suite à l'effort physique. Il fixa Susan du regard alors qu'ils l'emmenaient vers la porte d'entrée.
“Je suis le Président des États-Unis!” hurla-t-il.
Susan lui fit un signe d'une main dédaigneuse.
“Sors de chez moi,” dit-elle.
*
Pierre et les filles étaient en route pour la voir. Rien que d'y penser lui donnait de l'espoir et la remplissait de bonheur. Elle avait besoin d'un petit peu de ça.
Être Présidente allait être un défi de taille. Le complot contre Thomas Hayes avait de longues ramifications. En ce moment, il était impossible d'identifier toutes les personnes impliquées et à quelles branches du gouvernement ils appartenaient. Dans le futur immédiat, le niveau de menace domestique à son encontre serait considéré du plus haut niveau. Elle porterait un gilet pare-balles durant toutes les apparitions publiques.
Les problèmes au Moyen-Orient ne disparaîtraient pas du jour au lendemain, mais elle faisait déjà des progrès dans cette direction. Elle avait parlé brièvement aujourd'hui au Président russe. Il lui a dit, via un interprète, qu'il était très content de savoir qu'elle était vivante. Il lui avait assuré qu'ils pourraient travailler ensemble afin d'adoucir les problèmes avec l'Iran.
Mais il y avait des problèmes plus sombres à l'horizon. Dans l'après-midi, elle s'était assise dans son bureau avec deux visiteurs.
“Je veux continuer à financer l'Équipe d'Intervention Spéciale,” dit-elle. “Mais j'aimerais la retirer de l'égide du FBI.”
Luke Stone se tenait à la fenêtre, fixant du regard le domaine de l'observatoire naval. “Sous quel égide voudriez-vous la placer?”
Elle haussa les épaules. “Ça pourrait être une section des services secrets. Ou ça pourrait tout simplement être sa propre organisation rapportant directement au Président.”
“J'aime bien l'idée,” dit Ed Newsam. Il était assis dans une chaise roulante avec sa mauvaise jambe posée sur le bureau. Il tenait un cigare éteint entre ses doigts. “J'aime bien comme ça sonne.”
Stone se retourna. “Jusqu'à hier, j'étais en congé prolongé sans solde. Je ne sais même pas si je travaille encore pour l'Équipe d'Intervention Spéciale.”
“C'est marrant,” dit-elle. “Je pensais que vous cherchiez à être directeur. J'avais tort à votre sujet, Stone. Et je le pense. Durant les dernières vingt-quatre heures, vous avez sauvé ma vie plus d'une fois.”
Stone secoua la tête. “Il faut que je retrouve ma femme et mon fils. Le complot a échoué et les conspirateurs n'en ont plus besoin. Chaque minute qui passe…”
Susan hocha la tête. “Je sais. Nous avons mobilisé chaque ressource disponible pour les retrouver. Je vous promets qu'on les trouvera. Mais entretemps, je ne peux pas vous laisser partir de l'Équipe d'Intervention Spéciale. Je ne peux faire confiance qu'à une poignée de personnes pour l'instant, et vous deux êtes en tête de liste.”
Elle se dirigea vers la porte de son bureau et regarda à l'extérieur. Chuck Berg et un autre agent se trouvaient à trois mètres. Elle referma silencieusement la porte.
Elle se retourna vers Stone et Newsam.
“Le fait est que j'ai une autre mission urgente pour vous. Je ne suis au courant que depuis une demi-heure. Malheureusement, nos ennemis nous voient dans une position affaiblie et ils profitent de l'instant présent pour frapper. Les prochaines quarante-huit heures seront décisives.”
Stone et Newsam se fixèrent du regard.
“Allez, les gars. J'ai besoin de vous.”
“On peut savoir de quoi il s'agit?”
Elle hocha la tête. “Je suis sur le point de vous le dire. Mais je veux d'abord que vous me disiez oui.”
Un long moment s'écoula.
“Oui.”
*
Luke avançait sur les terres manucurées de l'observatoire naval, en direction du parking. À ses côtés, Ed Newsam poussait sa chaise roulante, ses bras massifs donnant une impulsion aux roues de temps en temps.
“Tu comptes sortir un jour de cet engin?” demanda Luke. “J'ai l'impression que tu te laisses aller. Tu ne peux pas faire de la kinésithérapie ou quelque chose comme ça?”
“Stone, je ne suis dans ce truc que depuis hier soir.”
Luke haussa les épaules. “Je ne peux pas m'empêcher de t'en faire part, mais j'ai l'impression que ça fait un mois que tu es là-dedans.”
Le téléphone de Luke sonna. Il le sortit et jeta un coup d'oeil au numéro. Pendant une fraction de seconde, il avait eu l'espoir que…
Il décrocha. “Trudy. Qu'est-ce que tu as à m'apprendre? Comment ça se passe avec l'ordinateur de Don?”
Sa voix était mélodieuse, enjouée. Elle n'avait probablement pas dormi depuis près de quarante-huit heures. Elle n'était probablement pas rentrée chez elle durant tout ce temps. Et elle était probablement à sa vingtième tasse de café noir. Mais il y avait un je-ne-sais-quoi dans le fait de gagner, même gagner mal, qui faisait ressortir la mélodie en nous.
“Swann a finalement réussi à percer l'encodage des dossiers de Don. Luke, il savait tout depuis le début. Il faisait partie du complot durant tout ce temps. En fait, il en faisait déjà partie avant même qu'il ne commence. Il y a des communication par email entre lui et Bill Ryan mentionnant le fait de prendre le pouvoir avant même que Thomas Hayes soit Président.”
“Et tu penses connaître les gens,” dit Luke.
“Je pensais le connaître mieux que beaucoup,” dit Trudy.
Luke ignora cette affirmation. Il avait une histoire compliquée avec Trudy. Il n'avait aucune envie de s'occuper de ça maintenant.
“Quoi d'autre?” demanda-t-il.
“Luke, Don a fini par parler. Il a donné l'adresse d'un abri de la CIA. Ceux qui s'en occupent sont des fantômes. Ils ne font pas partie des employés officiels. Don pense que ta femme et ton fils pourraient y être.”