Kitabı oku: «Borgia», sayfa 32
ÉPILOGUE. LES JARDINS DE MONTEFORTE
Trois ans se sont écoulés. Une tiède soirée d’été. Nous sommes à Monteforte dans les vastes et magnifiques jardins du palais des Alma.
Là se sont réunis, en cette fin de belle journée, les maîtres du palais antique, tandis que l’intendant général, maître Giacomo, surveille les serviteurs qui portent des rafraîchissements, et que le capitaine des gardes du palais, le signor Spadacape, appuyé sur sa lourde épée, contemple le tableau qu’il a sous les yeux.
Sur un banc, Primevère et Rosita ont pris place. À dix pas du banc, Raphaël Sanzio, installé devant son chevalet, achève un ta-bleau.
Aux pieds de Primevère se roule un jeune enfant, âgé d’un an environ : il s’appelle Manfred, en souvenir du prince dont Primevère porta le nom ; c’est le fils de Ragastens et de Béatrix. L’enfant se traîne vers deux hommes assis un peu à l’écart et cau-sant ensemble. Ces deux hommes sont le chevalier de Ragastens, comte Alma, seigneur de Monteforte et son ami Machiavel.
Machiavel, rêveur, développe sa pensée.
– Vous avez porté un coup terrible à la papauté… D’ailleurs, tout craque et se détraque dans le vieux monde… Les Borgia sont finis. Lucrèce, réfugiée à Ferrare cherche à se faire épouser par ce pauvre duc et emploie sa rage chronique à dissiper les millions qu’elle arracha jadis aux Romains… César guerroie misérable-ment en des provinces écartées et se meurt lentement de cette blessure qui se rouvre au moindre effort… Les arts, la philoso-phie, la science se reprennent à vivre. On dirait que le monde respire et renaît… Oui, c’est vraiment une renaissance…
Ragastens avait cessé d’écouter : il souriait à Primevère et suivait les efforts de son fils.
– Oui, continua Machiavel, c’est une ère de renouveau…
À ce moment, le jeune Manfred atteignit enfin son père et se cramponna à sa jambe : Ragastens le saisit, l’enleva dans ses bras, et murmura :
– Renaissance !…