Kitabı oku: «La Quête Des Héros», sayfa 8

Yazı tipi:

Gwen passa un autre garde, traversa une autre salle puis s'arrêta finalement devant la porte du dressing de sa mère. Elle était sur le point de l'ouvrir mais s'arrêta. Derrière la porte, elle entendait des voix assourdies qui haussaient le ton et sentait que quelque chose allait mal. C'était sa mère qui se querellait. Elle écouta de près et entendit la voix de son père. Ils se disputaient, mais pourquoi ?

Gwen savait qu'elle n'aurait pas dû écouter, mais elle ne pouvait s'en empêcher. Elle tendit le bras et poussa doucement la lourde porte en chêne en la saisissant par son heurtoir en fer. Elle l’entrebâilla et écouta.

“Il ne vivra pas dans ma maison”, dit sa mère d'un ton sec.

“Tu juges à la hâte alors que tu ne connais même pas le reste de l'histoire.”

“Je connais l'histoire”, répondit-elle d'un ton sec. “Assez.”

Gwen entendit l'agressivité dans la voix de sa mère et en fut déconcertée. Elle avait rarement entendu ses parents se disputer, seulement quelques fois dans sa vie, et elle n'avait jamais entendu sa mère s'énerver comme ça. Elle ne comprenait pas pourquoi.

“Il logera dans la caserne avec les autres garçons. Je ne le veux pas sous mon toit. Tu comprends ?” elle insista.

“C'est un grand château”, répondit son père avec agressivité. “Tu ne remarqueras pas sa présence.”

“Peu m'importe si je la remarque ou pas. Je ne veux pas de lui ici. C'est ton problème. C'est toi qui as choisi de l'accueillir ici.”

“Tu n'es pas si innocente, toi non plus”, répliqua son père.

Elle entendit des pas, regarda son père traverser fièrement la salle et sortir par la porte de l'autre côté en la claquant si fort derrière lui que la salle vibra. Sa mère resta seule au centre de la pièce et se mit à pleurer.

Gwen se sentait terriblement mal à l'aise. Elle ne savait pas quoi faire. D'un côté, elle se disait qu'il valait mieux qu'elle s'en aille discrètement, mais de l'autre côté, elle ne pouvait supporter de voir sa mère pleurer, ne pouvait supporter de la laisser là comme ça. Malgré tous ses efforts, elle ne comprenait pas non plus à propos de quoi ils se disputaient. Elle supposait qu'ils se disputaient à propos de Thor, mais pourquoi ? Pourquoi sa mère s'en soucierait-elle ? Des dizaines de gens vivaient au château.

Gwen ne put se résoudre à simplement s'en aller, pas avec sa mère dans cet état. Il fallait qu'elle la réconforte. Elle leva le bras et ouvrit doucement la porte.

La porte craqua et sa mère se retourna vivement, prise au dépourvu. Elle regarda sa fille d'un air renfrogné.

“Tu ne peux pas frapper ?” dit-elle d'un ton sec. Gwen voyait à quel point elle était contrariée et se sentait très mal à l'aise.

“Qu'est-ce qui ne va pas, Mère ?” demanda Gwen en marchant doucement vers elle. “Je ne veux pas être indiscrète, mais je t'ai entendue te disputer avec Père.”

“Tu as raison; tu ne devrais pas être indiscrète”, répliqua sa mère.

Gwen fut surprise. Sa mère était souvent de caractère difficile, mais rarement comme ça. La violence de sa colère fit s'arrêter Gwen sur place, à un mètre ou deux, indécise.

“C'est à propos du nouveau garçon ? Thor ?” demanda-t-elle.

Sa mère se retourna et détourna le regard en écrasant une larme.

“Je ne comprends pas”, insista Gwen. “Que t'importe l'endroit où il loge ?”

“Mes affaires ne te concernent pas”, dit-elle froidement, voulant clairement mettre fin à la discussion. “Que veux-tu ? Pourquoi es-tu venue ici ?”

Maintenant, Gwen était nerveuse. Elle voulait que sa mère lui dise tout sur Thor, mais elle n'aurait pas pu choisir un moment moins approprié. Elle se racla la gorge, hésitante.

“Je … en fait, je voulais te poser des questions sur lui. Que sais-tu de lui ?”

Sa mère se retourna et la regarda en plissant les yeux, méfiante.

“Pourquoi ?” demanda-t-elle avec un sérieux implacable. Gwen sentait qu'elle était en train de la cerner, de la scruter du regard et de voir avec sa perception troublante que Gwen aimait bien ce garçon. Elle essaya de cacher ce qu'elle ressentait mais savait que c'était en pure perte.

“Je suis seulement curieuse”, dit-elle de manière peu convaincante.

Soudain, la Reine fit trois pas vers elle, lui saisit rudement les bras et la regarda fixement dans les yeux.

“Écoute-moi”, siffla-t-elle. “Je ne le dirai qu'une fois. Ne t'approche pas de ce garçon. Tu m'entends ? Je ne veux pas que tu t'approches de lui, en quelque circonstance que ce soit.”

Gwen était horrifiée.

“Mais pourquoi ? C'est un héros.”

“Il n'est pas des nôtres”, répondit sa mère. “Malgré ce que ton père pourrait penser. Je veux que tu restes à distance de lui. Tu m'entends ? Jure-moi. Jure-moi à l'instant même.”

“Je refuse de jurer”, dit Gwen en s'arrachant à l'emprise excessivement forte de sa mère.

“C'est un roturier et tu es Princesse”, hurla sa mère. “Tu es Princesse. Tu comprends ? Si tu t'approches de lui, je le ferai exiler d'ici. Tu comprends ?”

Gwen ne savait pas comment réagir. Elle n'avait jamais vu sa mère dans un tel état.

“Ne me dites pas ce que je dois faire, Mère”, dit-elle finalement.

Gwen fit de son mieux pour parler d'une voix brave mais, en son for intérieur, elle tremblait. Elle était venue ici en voulant tout savoir; maintenant, elle se sentait terrifiée. Elle ne comprenait pas ce qui se passait.

“Fais comme tu voudras”, dit sa mère. “Cependant, son destin est entre tes mains. Ne l'oublie pas.”

Sur ces mots, sa mère se retourna, sortit fièrement de la salle et claqua la porte derrière elle en laissant Gwen toute seule dans un silence assourdissant, sa bonne humeur en pièces. Qu'est-ce qui pouvait bien provoquer une réaction aussi forte chez sa mère et chez son père ?

Qui était ce garçon ?

CHAPITRE DIX

MacGil était assis dans la salle de réception et surveillait ses sujets. Il se trouvait à un bout de la table, le Roi McCloud à l'autre et des centaines d'hommes les séparaient. Les festivités du mariage s'étaient poursuivies pendant des heures jusqu'à ce que, finalement, la tension entre les clans se soit apaisée après les joutes de la journée. Comme le soupçonnait MacGil, tout ce dont les hommes avaient besoin, c'était de vin et de viande (et de femmes) pour oublier leurs désaccords. Maintenant, ils étaient tous réunis à la même table comme des frères d'armes. En fait, en les observant, MacGil ne pouvait même plus dire s'ils appartenaient à deux clans séparés.

MacGil se sentait légitimé; après tout, son grand plan fonctionnait. Les deux clans avaient déjà l'air plus proches. Il avait réussi à faire ce qu'une longue lignée de rois MacGil avant lui n'avait pas réussi : à unifier les deux côtés de l'Anneau, à en faire, sinon des amis, du moins des voisins pacifiques. Sa fille Luanda était bras dessus bras dessous avec son nouvel époux, le prince McCloud, et elle semblait satisfaite. Il se sentit moins coupable. Il l'avait peut-être mariée  à un McCloud, mais au moins, il en avait fait une reine.

MacGil repensa à toute la planification qui avait précédé cet événement, se souvint des longs jours passés à débattre avec ses conseillers. En organisant cette union, il était allé contre l'avis de tous ses conseillers. Ce n'était pas une paix facile et, avec le temps, les McCloud s'établiraient de leur côté des Highlands, ce mariage serait oublié depuis longtemps et, un jour, ils causeraient de nouveaux troubles. Il n'était pas naïf. Cependant, maintenant, au moins, il y avait un lien du sang entre les clans, et surtout, quand un enfant naîtrait, il ne serait pas si facile de l'ignorer. Si cet enfant grandissait, et s'il en venait un jour à gouverner en tant qu'enfant né des deux côtés de l'Anneau, alors, peut-être, un jour, l'Anneau tout entier pourrait être uni, les Highlands ne seraient plus une frontière génératrice de conflits et la terre pourrait prospérer sous un seul gouvernement. Tel était son rêve. Pas pour lui-même, mais pour ses descendants. Après tout, il fallait que l'Anneau reste fort, reste unifié pour protéger le Canyon, pour repousser les hordes du monde extérieur. Tant que les deux clans restaient divisés, ils présentaient un front affaibli au reste du monde.

“Un toast”, cria MacGil en se levant.

La tablée devint silencieuse quand des centaines d'hommes se levèrent eux aussi en levant leur coupe.

“Au mariage de mon aînée ! A l'union des MacGil et des McCloud ! A la paix partout dans l'Anneau !”

“Bien dit !” crièrent-ils tous en chœur. Tout le monde but et la salle se remplit à nouveau du bruit des rires et des réjouissances.

MacGil se rassit et observa la salle, cherchant ses autres enfants. Il y avait bien sûr Godfrey, qui buvait des deux poings, une fille à chaque épaule, entouré par ses scélérats d'amis. C'était probablement le seul événement royal auquel il ait jamais participé de bonne grâce. Il y avait Gareth, lui aussi assis près de son amant, Firth, et en train de lui murmurer quelque chose à l'oreille; à ses yeux furtifs et fébriles, MacGil voyait qu'il était en train de comploter quelque chose. L'idée lui retourna l'estomac, et il détourna le regard. Là-bas, de l'autre côté de la salle, il y avait son fils cadet, Reece, qui festoyait à la table des écuyers avec le nouveau garçon, Thor. Il considérait déjà Thor comme un fils et apprécia de constater que son fils cadet était son grand ami.

Parmi les visages, il chercha sa fille cadette, Gwendolyn, et finit par la trouver assise à l'écart, entourée par ses servantes, en train de glousser. Il suivit son regard et remarqua qu'elle regardait Thor. Il l'examina longtemps et se rendit compte qu'elle était éprise de lui. Il n'avait pas prévu ça et n'était pas vraiment sûr de ce qu'il allait en faire. Pour lui, ça sentait les ennuis. Surtout avec sa femme.

“Il faut se méfier des apparences”, dit une voix.

MacGil se retourna et vit Argon assis à côté de lui, en train de regarder les deux clans dîner ensemble.

“Comment comprends-tu tout ça ?” demanda MacGil. “Y aura-t-il la paix dans les royaumes ?”

“La paix n'est jamais immobile”, dit Argon. “Comme les marées, elle va et vient. Ce que tu vois ici est un vernis pacifique. Tu vois un seul côté du visage de la paix. Tu essaies d'imposer la paix à une ancienne rivalité, mais le sang a été versé pendant des centaines d'années. Les âmes demandent vengeance et on ne peut apaiser une telle demande avec un seul mariage.”

“Explique-toi !” demanda MacGil en prenant une autre gorgée de son vin. Il se sentait nerveux, comme c'était souvent le cas en présence d'Argon.

Argon se retourna et le regarda fixement avec une intensité si forte qu'elle le fit paniquer.

“Il y aura la guerre. Les McCloud attaqueront. Prépare-toi. Tous les invités que tu vois devant toi feront bientôt tout leur possible pour assassiner ta famille.”

MacGil eut la gorge serrée.

“Ai-je pris une mauvaise décision quand j'ai marié ma fille à l'un d'eux ?”

Argon resta silencieux un moment. Finalement, il dit : “Pas forcément.”

Argon détourna le regard, et MacGil vit qu'il n'en dirait pas plus sur ce sujet. Il y avait un million de questions dont il voulait connaître les réponses, mais il savait que son sorcier n'y répondrait qu'en temps et en heure. Donc, au lieu d'insister, il regarda Argon dans les yeux et suivit leur regard jusqu'à Gwendolyn, et puis Thor.

“Tu les vois ensemble ?” demanda MacGil, soudain curieux de savoir.

“Peut-être”, répondit Argon. “Il reste encore beaucoup de choses à décider.”

“Tu parles par énigmes.”

Argon haussa les épaules et détourna le regard, et MacGil se rendit compte qu'il n'obtiendrait rien de plus de lui.

“Tu as vu ce qui s'est passé sur le terrain, aujourd'hui ?” demanda MacGil. “Avec le garçon ?”

“Je l'ai vu avant que ça se passe”, répondit Argon.

“Et comment le comprends-tu ? Quelle est la source des pouvoirs du garçon ? Est-il comme toi ?”

Argon se retourna et regarda MacGil dans les yeux, avec une intensité qui, une fois de plus, lui fit presque détourner le regard.

“Il est bien plus puissant que moi.”

MacGil le fixa, choqué. Il n'avait jamais entendu Argon parler comme ça.

Plus puissant ? Que toi ? Comment est-ce possible ? Tu es le sorcier du Roi. Personne sur terre n'est plus puissant que toi.”

Argon haussa les épaules.

“Le pouvoir ne vient pas en une seule forme”, dit-il. “Le garçon a des pouvoirs qui dépassent ce que tu peux imaginer. Des pouvoirs qui dépassent ce qu'il sait. Il n'a aucune idée de qui il est. Ou d'où il vient.”

Argon se retourna et regarda fixement MacGil.

“Mais toi, tu le sais”, ajouta-t-il.

MacGil le fixa, interloqué.

“Ah bon ?” demanda MacGil. “Dis-moi. Il faut que je sache.”

Argon secoua la tête.

“Consulte ton intuition. Elle dit vrai.”

“Qu'adviendra-t-il de lui?” demanda MacGil.

“Il deviendra un grand leader et un grand guerrier. Il gouvernera des royaumes de plein droit. Des royaumes bien plus grands que les tiens. Et il sera un roi bien plus grand que toi. Telle est sa destinée.”

L'espace d'un bref instant, MacGil bouillit de jalousie. Il se retourna et examina le garçon, qui riait innocemment avec Reece à une table d'écuyers. C'était lui le roturier, l'étranger le plus faible, le plus jeune du groupe. Il n'imaginait pas comment cela pourrait être possible. Si on le regardait maintenant, il avait l'air à peine éligible pour rejoindre la Légion. Il se demanda un moment si Argon se trompait.

Cependant, Argon ne s'était jamais trompé et ne faisait jamais de déclarations sans raison.

“Pourquoi me dis-tu ça ?” demanda MacGil.

Argon se retourna et le regarda fixement.

“Parce qu'il est temps que tu te prépares. Le garçon a besoin d'entraînement. Il a besoin qu'on lui donne le meilleur de toute chose. C'est ta responsabilité.”

“La mienne ? Et son père ?”

“Quoi, son père ?” demanda Argon.

CHAPITRE ONZE

Thor ouvrit les yeux avec difficulté, désorienté, se demandant où il était. Il était allongé par terre, sur un tas de paille, le visage de côté, les bras pendant sur la tête. Il leva le visage, s'essuya la bave qui avait coulé de sa bouche et sentit immédiatement une douleur à la tête, derrière les yeux. C'était le pire mal de tête de sa vie. Il se souvint de la nuit précédente, du banquet du Roi, de la boisson, de la première fois qu'il avait bu de la bière. La pièce tournait autour de lui. Il avait la gorge sèche et, à ce moment, jura qu'il ne boirait jamais plus.

Thor regarda autour de lui en essayant de se repérer dans l'immense caserne. Partout, il y avait des gens allongés sur des tas de paille et la salle était pleine de ronflements; il se tourna de l'autre côté et vit Reece, à quelques mètres, inconscient lui aussi. C'est à ce moment-là qu'il se rendit compte qu'il était dans la caserne. La caserne de la Légion. Tout autour de lui, il y avait des garçons de son âge, environ cinquante.

Thor se souvint vaguement que Reece lui avait montré le chemin en fin de soirée et qu'il s'était effondré sur le tas de paille. La lumière de début de matinée rentrait par les fenêtres ouvertes, et Thor se rendit bientôt compte qu'il était le seul à être déjà éveillé. Il baissa les yeux et vit qu'il avait dormi dans ses vêtements. Il leva le bras et passa une main dans ses cheveux gras. Il aurait tout donné pour pouvoir se baigner, bien qu'il ne sache pas du tout où le faire. Et il aurait tout donné pour un pichet d'eau. Son estomac gargouilla : il avait également faim.

Tout ça était si nouveau pour lui. Il savait à peine où il était, où la vie l’emmènerait ensuite, en quoi consistaient les routines de la Légion du Roi. Pourtant, il était heureux. Cela avait été une nuit formidable, une des meilleures de sa vie. Il avait trouvé un ami proche en Reece et avait surpris une ou deux fois Gwendolyn en train de le regarder. Il avait essayé de parler avec elle, mais à chaque fois qu'il s'approchait, il perdait tout courage. Il sentit une pointe de regret en y pensant. Il y avait eu trop de gens autour d'eux. S'ils se retrouvaient seuls, il trouverait le courage, mais y aurait-il une autre fois ?

Avant que Thor eut pu aller au bout de cette pensée, il y eut soudain des coups sur les portes de la caserne et, un instant plus tard, quelqu'un les ouvrit brutalement et la lumière entra à flots.

“Debout, les écuyers !” cria quelqu'un.

Une dizaine de membres de l'Argent du Roi entrèrent en faisant cliqueter leur cotte de mailles et en frappant sur les murs en bois avec des bâtons en métal. Le bruit était assourdissant et, tout autour de Thor, les autres garçons se levèrent d'un bond.

A la tête du groupe se trouvait un soldat à l'air particulièrement féroce que Thor reconnut parce qu'il l'avait vu dans l'arène le jour d'avant, le chauve trapu au nez balafré qui, selon Reece, s'appelait Kolk.

Semblant regarder directement Thor d'un air renfrogné, il leva un doigt et le pointa vers lui.

“Toi, mon garçon !” cria-t-il. “Je t'ai dit de te lever !”

Thor était perplexe. Il était déjà debout.

“Mais je suis déjà debout, sire”, répondit Thor.

Kolk s'avança et gifla Thor au visage. Thor s'en indigna, car tous les regards étaient fixés sur lui.

“Ne réponds plus jamais à ton supérieur !” dit Kolk pour le réprimander.

Avant que Thor ait pu réagir, les hommes se mirent en mouvement, se déplacèrent partout dans la salle, faisant brusquement se lever un garçon après l'autre, envoyant des coups de pied aux quelques-uns qui mettaient trop longtemps à se lever.

“Ne t'en fais pas”, dit une voix rassurante.

Il se retourna et vit Reece qui se tenait là.

“Ça n'a rien de personnel. C'est juste comme ça qu'ils font. C'est comme ça qu'ils nous dressent.”

“Mais ce n'est pas à toi qu'ils l'ont fait”, dit Thor.

“Bien sûr, ils ne me touchent pas à cause de mon père. Cependant, ils ne sont pas tout à fait polis, non plus. Ils veulent qu'on soit en forme, c'est tout. Ils pensent que ça nous endurcira. N'y fais pas trop attention.”

On fit sortir tous les garçons de leur caserne et Thor et Reece se retrouvèrent avec eux. Quand ils sortirent, le soleil éclatant frappa Thor; il plissa les yeux et leva les mains. Soudain, il fut submergé par une vague de nausée, se retourna, se pencha et vomit.

Il entendit le ricanement des garçons tout autour de lui. Un garde le poussa, Thor trébucha en avant et se mit en ligne avec les autres en s'essuyant la bouche. Thor ne s'était jamais senti aussi mal.

A côté de lui, Reece sourit.

“Une nuit difficile, n'est-ce pas ?” demanda-t-il à Thor en lui envoyant un grand sourire et un coup de coude dans les côtes. “Je t'avais dit de t'arrêter après la deuxième coupe.”

Thor se sentit barbouillé quand la lumière lui perça les yeux; jamais le soleil ne lui avait semblé aussi violent. Il faisait déjà chaud et il sentait des gouttes de sueur se former en dessous de cotte de mailles en cuir.

Thor essaya de se souvenir de l'avertissement de Reece de la nuit d'avant mais, malgré tous ses efforts, il ne s'en souvenait pas.

“Je ne me souviens pas que tu m'aies conseillé ça”, répliqua Thor.

Reece sourit encore plus. “Précisément. C'est parce que tu n'as pas écouté.” Reece gloussa. “Et ces tentatives maladroites pour parler à ma sœur”, ajouta-t-il. “C'était carrément pitoyable. De toute ma vie, je ne crois pas avoir vu de garçon avoir aussi peur d'une fille.”

Thor rougit en essayant de se souvenir, mais en vain. Tout ça lui semblait flou.

“Je ne voulais pas t'offenser”, dit Thor. “Avec ta sœur.”

“Tu ne peux pas m'offenser. Si elle en venait à te choisir, je serais ravi.”

Ils marchèrent tous les deux plus vite. Le groupe monta et contourna une colline. Le soleil semblait briller plus fort à chaque pas.

“Cependant, il faut que je t'avertisse : dans le royaume, tout le monde brigue sa main. Les chances qu'elle te choisisse … bon, disons simplement qu'elles sont rares.”

Alors qu'ils traversaient plus vite les collines vertes et ondulantes de la Cour du Roi, Thor se sentit rassuré. Il se sentit accepté par Reece. C'était surprenant, mais il continuait à sentir que Reece était le frère qu'il n'avait jamais eu. Alors qu'ils marchaient, Thor remarqua ses trois vrais frères qui avançaient près d'eux. L'un d'eux se retourna, le regarda d'un air renfrogné puis donna un coup de coude à son autre frère, qui le regarda avec un sourire moqueur. Ils secouèrent la tête et se retournèrent. Ils n'eurent même pas une parole gentille pour Thor qui, de toute façon, ne s'était attendu à rien d'autre.

“En ligne, la Légion ! Maintenant !”

Thor leva les yeux et vit autour d'eux plusieurs autres légionnaires de l'Argent qui les poussèrent tous les cinquante en ligne droite et en deux rangées. Un homme arriva derrière et frappa le garçon qui se trouvait devant Thor d'un coup violent sur le derrière avec un grand bâton en bambou; le garçon cria et se mit plus nettement en ligne. Ils formèrent bientôt deux rangées bien droites qui marchèrent dans les terrains du Roi de manière constante.

“Quand vous entrez dans une bataille, vous y entrez comme un seul homme !” cria Kolk, parcourant les côtés. “C'est pas la cour de ta mère. Tu vas à la guerre !”

Thor marcha longuement à côté de Reece, transpirant au soleil, se demandant où on les emmenait. Son estomac était encore barbouillé par la bière. Il se demanda quand il pourrait manger son petit déjeuner et boire quelque chose. Une fois de plus, il se maudit d'avoir bu la nuit précédente.

Alors qu'ils montaient et descendaient les collines, ils passèrent sous une porte cintrée en pierre et finirent par atteindre les terrains avoisinants. Ils traversèrent une autre porte cintrée en pierre et entrèrent dans une sorte de Colisée. Le terrain d'entraînement de la Légion.

Devant eux se trouvaient toutes sortes de cibles pour le jet de lances, le tir à l'arc et le jet de pierres, aussi bien que des tas de paille pour l'entraînement à l'épée. Le cœur de Thor se mit à battre plus vite quand il vit tout ça. Il voulait y entrer, utiliser les armes, s'entraîner.

Cependant, quand Thor se dirigea vers la zone d'entraînement, il reçut soudain de derrière un coup de coude dans les côtes et un petit groupe de six garçons, la plupart d'entre eux plus jeunes, comme Thor, furent extraits de la file principale. Il se retrouva séparé de Reece et emmené de l'autre côté du terrain.

“Tu t'imagines que tu vas s'entraîner ?” demanda Kolk d'un ton moqueur alors qu'ils s'éloignaient des autres et des cibles. “ Aujourd'hui, pour vous, c'est les chevaux.”

Thor leva les yeux et vit où on les emmenait : de l'autre côté du terrain, plusieurs chevaux caracolaient. Kolk baissa les yeux vers lui avec un sourire malveillant.

“Pendant que les autres jettent des lances et manient l'épée, aujourd'hui, vous, vous allez vous occuper des chevaux et nettoyer leur crottin. Tout le monde doit commencer quelque part. Bienvenue à la Légion.”

Thor fut déçu. Ce n'était pas du tout comme ça qu'il avait prévu que ça se passerait.

“Tu t'imagines que tu es spécial, mon garçon ?” demanda Kolk en marchant à côté de lui et en s'approchant de son visage. Thor sentit qu'il essayait de le briser. “Que le Roi et son fils se soient entichés de toi, ça signifie que dalle pour moi. Tu es sous mon commandement, maintenant. Tu me comprends ? Ça m'est égal, les entourloupes que t'as faites sur le terrain de joute. T'es juste un petit garçon ordinaire. Tu me comprends ?”

Thor avala sa salive. Cela allait être un entraînement long et dur.

Comme si cela ne suffisait pas, dès que Kolk s'éloigna pour aller torturer quelqu'un d'autre, le garçon qui se trouvait devant Thor, un petit gamin trapu au nez aplati, se retourna et lui sourit d'un air sarcastique.

“T'es pas des nôtres,” dit-il. “T'es rentré ici par la triche. T'as pas été sélectionné. T'es pas des nôtres. Pas vraiment. Personne ne t'aime, ici.”

Le garçon qui se trouvait à côté de lui se retourna aussi et sourit à Thor d'un air sarcastique.

“Nous allons faire tout notre possible pour que tu démissionnes”, dit-il. “Entrer, c'est facile; rester, par contre …”

Thor recula devant leur haine. Il ne pouvait croire qu'il ait déjà des ennemis et ne comprenait pas ce qu'il avait fait pour le mériter. Tout ce qu'il avait jamais voulu, c'était rejoindre la Légion.

“Et si tu faisais gaffe à toi-même ?” dit une voix.

Thor tourna la tête et vit un grand garçon roux et maigre, avec des taches de rousseur partout sur le visage et de petits yeux verts, qui le défendait. “Vous deux, vous êtes coincés ici à pelleter le crottin avec nous autres”, ajouta-t-il. “T'es pas si spécial que ça, toi non plus. Va agresser quelqu'un d'autre.”

“Occupe-toi de tes affaires, valet”, rétorqua un des garçons, “ou on s'occupera aussi de toi.”

“Essaie donc”, dit le roux d'un ton sec.

“Tu parleras quand je te le dirai”, hurla Kolk à l'un des garçons en lui donnant un coup violent au sommet du crâne. Heureusement, les deux garçons qui se trouvaient devant Thor se retournèrent.

Thor ne savait que dire; il se plaça à côté du roux pour lui exprimer sa reconnaissance.

“Merci”, dit Thor.

Le roux se retourna et lui sourit.

“Je m'appelle O’Connor. Je te serrerais bien la main mais ils me frapperaient si je le faisais. Donc, tu peux considérer ça comme une poignée de mains invisible.”

Il sourit encore plus et Thor l'aima tout de suite.

“Ne fais pas attention à eux”, ajouta-t-il. “Ils ont peur, c'est tout. Comme nous autres. Aucun de nous ne savait vraiment dans quoi il s'engageait.”

Leur groupe atteignit bientôt le bout du terrain et Thor compta six chevaux qui caracolaient.

“Saisissez les rênes !” commanda Kolk. “Tenez-les bien et faites-leur faire le tour de l'arène jusqu'à ce qu'ils se calment. Exécution !”

Thor s'avança pour prendre les rênes d'un des chevaux et, quand il le fit, le cheval recula et caracola en lui donnant presque un coup de patte. Thor, étonné, recula en trébuchant et les autres du groupe se moquèrent de lui. Kolk lui frappa violemment l'arrière de la tête et il eut envie de se retourner et de lui renvoyer son coup.

“Tu es membre de la Légion maintenant. Tu ne recules jamais. Devant qui que ce soit. Ni devant un homme ni devant une bête. Maintenant, prends ces rênes !”

Thor se prépara intérieurement, s'avança et saisit les rênes du cheval qui caracolait. Il réussit à les tenir pendant que le cheval tirait violemment dessus, et il commença à lui faire faire le tour du grand champ de terre en suivant les autres en file indienne. Son cheval essayait de se dégager mais Thor le tenait, refusant de céder aussi facilement.

“Ça va mieux, on dirait.”

Thor se retourna et vit O’Connor qui arrivait à côté de lui en souriant. “Ils veulent nous briser, tu sais ?”

Soudain, le cheval de Thor s'arrêta. Il eut beau tirer sur les rênes aussi fort qu'il pouvait, le cheval refusa de bouger. Alors, Thor sentit quelque chose d'affreux; il sortait plus de crottin du cheval qu'il aurait cru possible. Ça semblait ne jamais devoir finir.

Thor sentit qu'on lui mettait une petite pelle en main. Il regarda et vit Kolk à côté de lui, qui lui souriait.

“Nettoie ça !” dit-il d'un ton sec.

Yaş sınırı:
16+
Litres'teki yayın tarihi:
09 eylül 2019
Hacim:
334 s. 7 illüstrasyon
ISBN:
9781632912954
İndirme biçimi:
Metin
Ortalama puan 4, 82 oylamaya göre
Ses
Ortalama puan 4,2, 771 oylamaya göre
Metin
Ortalama puan 4,7, 415 oylamaya göre
Metin
Ortalama puan 4,9, 175 oylamaya göre
Taslak
Ortalama puan 4,7, 103 oylamaya göre
Metin
Ortalama puan 4,4, 66 oylamaya göre
Metin
Ortalama puan 0, 0 oylamaya göre
Metin
Ortalama puan 0, 0 oylamaya göre
Metin
Ortalama puan 5, 3 oylamaya göre
Metin
Ortalama puan 4,8, 6 oylamaya göre
Metin
Ortalama puan 4,8, 6 oylamaya göre
Metin
Ortalama puan 5, 1 oylamaya göre
Metin
Ortalama puan 5, 2 oylamaya göre
Metin
Ortalama puan 0, 0 oylamaya göre
Metin
Ortalama puan 0, 0 oylamaya göre
Metin
Ortalama puan 0, 0 oylamaya göre