Kitabı oku: «Souverain, Rivale, Exilée », sayfa 3
“Première Pierre ?” dit un des prêtres. “Est-ce que tout va bien ?”
Irrien le frappa de sa main libre, envoyant l'homme face contre terre. Il entendit les autres pousser un cri de surprise. Apparemment, ils étaient tous libres du charme, quel qu'il soit, que le sorcier avait utilisé pour les contrôler.
“Seigneur Irrien”, dit le patriarche. “Je dois protester. Frapper un prêtre, c'est s'exposer au courroux des dieux.”
“Le courroux des dieux ?” répéta Irrien. Il se redressa de toute sa hauteur mais, apparemment, le vieux fou était trop absorbé par son auto-satisfaction pour le remarquer.
“Ne vous en moquez pas, Première Pierre”, dit l'homme. “Et où est l'enfant à sacrifier ?”
“Il a disparu”, dit Irrien. Du coin de l’œil, il vit remuer certaines des personnes présentes. Au moins, ces personnes-là semblaient reconnaître la nature périlleuse de sa colère.
Le prêtre semblait trop obsédé par autre chose pour la remarquer. “Nous devons remercier les dieux pour cette victoire, ou alors, ils risquent de ne pas vous en offrir d'autres. Même si vous êtes l'homme le plus puissant qui soit, les dieux —”
Irrien rapprocha l'autre homme de lui et le poignarda. Le sorcier l'avait visiblement mis en position de faiblesse. Il ne pouvait pas permettre au prêtre d'en faire autant. Irrien pencha le vieil homme en arrière, jusqu'à ce qu'il soit allongé sur l'autel, presque à l'endroit où Stephania avait été.
“J'ai cette victoire parce que je l'ai prise”, dit Irrien. “Certains d'entre vous s'imaginent-ils être plus forts que moi ? Pensez-vous que vos dieux vous donneront la force de prendre ce qui m'appartient? Le pensez-vous ?”
Il les regarda en les défiant silencieusement. Il croisa leur regard et nota qui détournait les yeux, à quelle vitesse, et si la personne en question avait l'air effrayée ce faisant. Il choisit un autre des prêtres, plus jeune que ne l'avait été celui qui venait de mourir.
“Toi, quel est ton nom ?”
“Antillion, Première Pierre.” Irrien entendit sa peur. Bien. Un homme devrait savoir qui est vraiment en position de lui prendre sa vie.
“Tu es maintenant le patriarche de Delos. Tu es sous mon commandement. Comprends-tu ?”
Le jeune homme s'inclina. “Oui, Première Pierre. Avez-vous des ordres ?”
Irrien regarda autour de lui, calmant sa colère. Un éclair de colère pouvait terrifier ceux qu'il fallait intimider mais ne pas contrôler sa colère était une faiblesse. Cela encourageait la dissension et enhardissait ceux qui la prenaient pour de la stupidité.
“Débarrassez-moi de ça comme vous l'avez fait lors du premier sacrifice”, répondit Irrien en montrant du doigt le prêtre mort. “Plus tard, vous viendrez me retrouver dans les appartements royaux de cet endroit.”
Il avança vers les esclaves agenouillés et choisit deux des ex-servantes de Stephania. Elles étaient presque aussi belles que leur maîtresse maintenant disparue, et elles avaient beaucoup plus peur de lui, ce qui lui convenait. Il les fit se lever.
“Plus tard”, dit Irrien. Impulsivement, il en poussa une dans la direction du prêtre. “Je refuse que l'on dise que je ne respecte pas les dieux. Cela dit, personne ne peut me donner d'ordres. Prenez celle-ci et sacrifiez-la. J’imagine que ça leur plaira ?”
Le prêtre s'inclina à nouveau bien bas. “Tout ce qui vous plaît, Première Pierre, plaira aux dieux.”
C'était une bonne réponse. Elle suffit presque à calmer la mauvaise humeur d'Irrien. Sa main se referma sur l'avant-bras de l'autre femme. Elle avait l'air choquée au point d'en être muette, comprenant visiblement qu’elle venait de frôler la mort.
L'autre commença à hurler quand les prêtres l'entraînèrent vers l'autel.
Irrien n'en avait que faire. Il n'était même pas particulièrement intéressé par l'esclave qu'il entraînait à sa suite en quittant la salle. Les faibles ne comptaient pas. Ce qui comptait, c'était qu'un sorcier s'était mêlé de ses affaires. Irrien ne savait pas ce que cela signifiait et cela l'irritait de ne pas comprendre ce que ce Daskalos prévoyait de faire.
Ce fut seulement juste avant d'arriver aux appartements royaux qu'il parvint à se convaincre que cela n'avait aucune importance. Qui pouvait comprendre les façons de faire de ceux qui s'essayaient à la magie ? Ce qui comptait, c'était qu'Irrien avait ses propres projets pour l'Empire et que, jusque là, ces projets s'étaient déroulés exactement comme il l'avait voulu.
Ce qui viendrait ensuite serait encore mieux, bien que cette idée ait comme un arrière-goût désagréable. Que voulait faire ce sorcier avec le garçon ? Qu'avait-il voulu dire en parlant de le transformer en arme ? D'une façon ou d'une autre, il suffisait à Irrien de penser à lui pour se mettre à frissonner, et Irrien détestait ça. Il affirmait ne craindre personne, mais ce Daskalos …
Il le craignait énormément.
CHAPITRE QUATRE
Thanos savait qu'il aurait dû être en train de guetter l'horizon mais, à ce moment-là, tout ce qu'il pouvait faire, c'était regarder Ceres avec un mélange de fierté, d'amour et d'étonnement. Elle se tenait à la proue de leur petit bateau, la main touchant l'eau, alors qu'ils s'éloignaient du port et se dirigeaient vers le large. Autour d'eux, l'air continuait à chatoyer et la brume qui marquait leur invisibilité semblait tordre la lumière qui la traversait.
Thanos savait qu'il l'épouserait un jour.
“Je crois que ça suffit”, lui dit doucement Thanos. Il voyait la fatigue sur son visage. Ce pouvoir l'épuisait de façon visible.
“Juste … un peu … plus loin.”
Thanos lui posa une main sur l'épaule. Quelque part derrière lui, il entendit Jeva pousser un cri de surprise, comme si la femme du Peuple des Os s'était attendue à ce qu'il soit rejeté en arrière par le pouvoir. Cela dit, Thanos savait que Ceres ne lui ferait jamais une chose pareille.
“Nous sommes à une bonne distance”, dit-il. “Personne ne nous suit.”
Il vit Ceres regarder autour d'elle avec une surprise évidente en voyant les eaux plus profondes dans lesquelles ils ramaient maintenant. Lui avait-il fallu tant de concentration pour maintenir ce charme ? D'une façon ou d'une autre, il n'y avait plus personne derrière eux, maintenant, rien que l'océan vide de toute présence humaine.
Ceres leva la main de l'eau en chancelant légèrement. Thanos la rattrapa et la tint debout. Après tout ce qu'elle avait subi, il était étonné qu'elle ait réussi à faire preuve d'une telle force. Alors, il voulut être présent pour elle. Pas seulement de façon provisoire : toujours.
“Je vais bien”, dit Ceres.
“Tu vas plus que bien”, lui assura Thanos. “Tu es étonnante.”
Elle était plus étonnante qu'il n'aurait pu le croire. Ce n'était pas seulement que Ceres était belle, intelligente et forte. Ce n'était pas seulement qu'elle était puissante ou qu'elle semblait placer le bien des autres avant le sien avec tant de constance. C'était toutes ces choses, mais il y avait aussi quelque chose de spécial au-delà de ça.
Elle était la femme qu'il aimait et, après ce qui s'était passé dans la ville, elle était la seule femme qu'il aimait. Thanos se mit à réfléchir à ce que cela signifiait. Ils pouvaient être ensemble, maintenant. Ils seraient ensemble.
Alors, elle leva les yeux vers lui et tendit le bras vers le haut pour l'embrasser. Ce fut un moment de douceur et de gentillesse, plein de tendresse. Thanos se mit à souhaiter que ce moment puisse remplir le monde entier et qu'ils n'aient plus rien d'autre à affronter.
“Tu m'as choisie”, dit Ceres en lui touchant le visage alors qu'ils s'écartaient l'un de l'autre.
“Je te choisirai toujours”, dit Thanos. “De plus, je serai toujours là pour toi.”
Ceres sourit en entendant ces paroles, mais Thanos vit aussi le soupçon d'incertitude qui s'attardait dans l'expression de son visage. Il ne pouvait pas lui en vouloir mais, en même temps, il aurait voulu que cette incertitude ne soit pas là. Il aurait voulu pouvoir la chasser pour que tout aille bien entre eux. A ce moment-là, il avait été sur le point de lui demander plus, mais il savait reconnaître les moments où il valait mieux ne pas insister.
“Moi aussi, je t'ai choisi”, lui assura Ceres, mais, en même temps, elle recula. “Il faudrait que j'aille voir mon frère et mon père.”
Elle se rendit là où Berin se tenait avec Sartes et Leyana. Ils semblaient former une famille et avaient tous l'air heureux ensemble. Une partie de Thanos aurait voulu simplement pouvoir aller les rejoindre pour faire partie de leur cercle. Il voulait faire partie de la vie de Ceres et il soupçonnait qu'elle le voulait, elle aussi, mais Thanos savait qu'il faudrait du temps pour que leur relation se remette de leurs désaccords précédents.
A cause de cela, il ne se précipita pas vers elle mais préféra observer le reste des occupants du bateau. Pour un bateau aussi petit, ils étaient nombreux. C'était surtout les trois seigneurs de guerre que Ceres avait sauvés qui ramaient, même si, maintenant, comme le bateau était hors de vue du port, ils allaient pouvoir hisser la petite voile. Akila était allongé sur le flanc pendant qu'un détenu que Sartes avait libéré appuyait tout le temps sur la blessure.
Jeva venait vers lui.
“Si tu la laisses s'en aller, tu es un idiot”, dit Jeva.
“Un idiot ?” répliqua Thanos. “C'est comme ça que tu remercies celui qui vient de te sauver la vie ?”
Il vit la femme du Peuple des Os hausser les épaules. “Tu es aussi idiot d'avoir fait ça. Risquer sa vie pour aider quelqu'un d'autre, c'est stupide.”
Thanos pencha la tête de côté. Il n'était pas sûr qu'il arriverait un jour à la comprendre. Cela dit, pensa-t-il en jetant un coup d’œil à Ceres, c'était une chose qu'il pouvait dire de plus d'une personne.
“Risquer sa vie, c'est ce qu'on fait pour ses amis”, dit Thanos.
Jeva secoua la tête. “Je n'aurais pris aucun risque pour toi. Si le moment est venu que tu rejoignes les esprits de tes ancêtres, alors, le moment est venu. C'est même un honneur.”
Thanos ne savait pas vraiment quoi répondre à ça. Le disait-elle sérieusement ? Si oui, cela semblait un peu ingrat, vu le risque que lui et Ceres avaient pris pour la sauver.
“Si j'avais su que c'était un tel honneur d'être la figure de proue d'un des navires de la Première Pierre, je t'y aurais laissée”, dit Thanos.
Jeva le regarda avec un léger froncement de sourcils. Cela semblait être à son tour de déterminer s'il parlait sérieusement ou pas.
“Tu plaisantes”, dit-elle, “mais tu aurais dû me laisser où j'étais. Comme je te l'ai dit, seul un idiot risque sa vie pour autrui.”
C'était une philosophie trop dure pour Thanos.
“Eh bien”, dit-il, “au moins, je suis content que tu sois en vie.”
Jeva sembla réfléchir un instant ou deux. “Moi aussi, j'en suis contente. C'est étrange. Les morts vont être mécontents de moi. Peut-être me reste-t-il des choses à faire. Je te suivrai jusqu'à ce que je trouve de quoi il s'agit.”
Elle le dit d'un ton égal, comme si c'était une chose déjà décidée et comme si Thanos n'avait rien à dire sur ce sujet. Il se demanda à quoi cela pouvait ressembler de traverser le monde en étant certain que c'était la mort qui dirigeait tout.
“N'est-ce pas étrange ?” lui demanda-t-il.
“Qu'est-ce qui est étrange ?” répondit Jeva.
“Vivre sa vie en assumant que ce sont les morts qui prennent toutes les décisions.”
Elle secoua la tête. “Pas toutes, mais les morts en savent plus que nous. Ils sont vraiment plus nombreux que nous. Quand ils parlent, nous devrions écouter. Regarde-toi.”
En entendant ces derniers mots, Thanos fronça les sourcils. Il n'appartenait pas au Peuple des Os et refusait que ceux qui parlent pour les morts lui donnent des ordres.
“Moi ?”
“Te trouverais-tu dans les circonstances où tu te trouves maintenant si ce n'était pour les décisions qui ont été prises par tes parents et les parents de tes parents ?” demanda Jeva. “Tu es prince. Toute ta puissance te vient des morts.”
Elle avait raison mais Thanos n'était pas sûr que ce soit la même chose.
“C'est moi qui déciderai de la prochaine chose que je ferai pour les vivants, pas les morts”, dit-il.
Jeva rit comme si c'était là une plaisanterie de qualité particulière, puis elle plissa légèrement les yeux. “Oh, mais tu es sérieux. Nous avons nous aussi des gens qui disent ça. Dans la plupart des cas, ce sont des fous. Cela dit, ce monde est fait pour les fous, donc, qui suis-je pour juger ? Quelle est notre prochaine destination ?”
Sur ce point-là, Thanos n'avait pas de réponse à lui donner.
“Je n'en suis pas sûr”, admit-il. “Mon père m'a dit où je pourrais me renseigner sur ma vraie mère, puis l'ex-reine m'a dit que ma mère était ailleurs.”
“Eh bien”, dit Jeva, “nous devrions y aller. Quand les morts nous offrent de telles nouvelles, nous devrions en tenir compte. Ou alors, nous pourrions retourner dans mon pays. Ils nous accueilleraient quand nous leur apporterions les nouvelles de ce qui est arrivé à notre flotte.”
Elle ne semblait pas intimidée par l'idée d'annoncer un tel nombre de morts à son peuple. Elle semblait aussi regarder Ceres de temps à autre, lui jeter des coups d’œil pleins de stupeur mêlée d'admiration.
“Elle est tout ce que tu as dit qu'elle serait. Quel que soit le conflit qui vous sépare, résolvez-le.”
Quand elle le disait, ça avait l'air vraiment simple et direct, comme s'il suffisait de le dire pour le faire. Thanos doutait que les choses aient jamais été aussi simples.
“J'essaie.”
“Essaie plus”, dit-elle.
Thanos le voulait. Il voulait aller retrouver Ceres et lui déclarer son amour. Plus que ça, il voulait lui demander d'être sienne. Cela semblait faire une éternité qu'ils attendaient que cela arrive.
Jena le congédia d'un geste. “Vas-y. Va la retrouver.”
Thanos n'aimait pas qu'on se débarrasse de lui comme ça mais il devait admettre que Jeva avait raison de lui ordonner d'aller retrouver Ceres. Il les rejoignit, elle et les autres, et la trouva plus grave qu'il ne s'y était attendu.
Son père se tourna vers Thanos et lui serra la main.
“C'est bon de te revoir, mon garçon”, dit-il. “Si tu n'étais pas venu, les choses auraient pu être difficiles.”
“Vous auriez trouvé le moyen de vous en sortir”, supposa Thanos.
“Maintenant, il faut qu'on trouve où aller”, répondit Berin. “On dirait que, sur ce bateau, tout le monde veut aller à un endroit différent.”
Thanos vit Ceres hocher la tête à ces paroles.
“Les seigneurs de guerre pensent que nous devrions nous rendre dans les déserts sans roi pour y devenir mercenaires”, dit-elle. “Sartes parle de s'introduire dans la campagne qui entoure l'Empire. Quant à moi, je pensais peut-être repartir sur l'Île des Brumes.”
“Jeva parlait de revenir dans son pays”, dit Thanos.
“Et toi ?” demanda Ceres.
Il envisagea de lui parler des terres des montagnes aux nuages, de sa mère disparue et de la chance qu'il avait de la retrouver. Il imagina habiter n'importe où du moment que c'était avec Ceres. Cependant, ensuite, il regarda Akila.
“Je vous suivrai où vous irez”, dit-il, “mais je ne pense pas qu'Akila survivra à un long voyage.”
“Moi non plus”, dit Ceres.
Thanos la connaissait assez bien pour savoir qu'elle avait déjà réfléchi à une destination. Thanos était surpris qu'elle n'ait pas déjà pris le commandement. Cela dit, il devinait pourquoi. La dernière fois qu'elle avait été aux commandes, elle avait perdu Delos, d'abord à Stephania puis aux envahisseurs.
“Pas de problème”, dit Thanos en tendant le bras pour lui toucher le bras. “J'ai confiance en toi. Quoi que tu décides, je te suivrai.”
Il supposait qu'il ne serait pas le seul. La famille de Ceres la suivrait, les seigneurs de guerre avaient juré de la suivre même s'ils parlaient de partir à l'aventure ailleurs. En ce qui concernait Jeva … eh bien, Thanos ne prétendait pas assez bien connaître cette femme pour savoir ce qu'elle ferait, mais ils pourraient toujours la déposer quelque part si elle le voulait.
“Nous ne pouvons pas rattraper le bateau de contrebande qui t'a emmené à Delos”, dit Ceres. “Même si nous savions où il est, ce petit bateau ne peut pas avancer aussi vite que lui. Et si nous essayons d'aller trop loin … je crois qu'Akila n'y survivra pas.”
Thanos hocha la tête. Il avait vu la blessure que la Première Pierre avait infligée à leur ami. Akila avait autant survécu grâce à la force de sa volonté que grâce aux soins qu'ils lui avaient prodigués, mais il avait besoin d'un véritable guérisseur, et vite.
“Où va-t-on, dans ce cas ?” demanda Thanos.
Ceres le regarda puis regarda les autres. Elle semblait avoir encore presque peur de dire ce qu'il fallait qu'elle dise.
“Il n'y a qu'une destination de possible”, dit Ceres. Elle éleva la voix pour que tous les occupants du bateau puissent l'entendre. “Il faut qu'on aille à Haylon.”
Son père et son frère se mirent immédiatement à secouer la tête. Même certains des seigneurs de guerre n'avaient pas l'air heureux.
“Haylon ne sera pas sûre”, dit Berin. “Maintenant que Delos est tombée aux mains de l'ennemi, Haylon sera une cible.”
“Alors, nous devons aider ses habitants à se défendre”, dit Ceres. “Il n'y aura peut-être personne pour essayer de nous la prendre pendant que nous le faisons, cette fois-ci.”
C'était un bon argument. Delos était tombée pour de nombreuses raisons : la simple taille de la flotte de Felldust, les gens qui n'étaient pas restés se battre, le manque de stabilité dû à la prise de pouvoir par Stephania. Peut-être les choses seraient-elles différentes à Haylon.
“Haylon n'a pas de flotte”, souligna Thanos. “J'ai persuadé presque tous ses navires de se porter au secours de Delos.”
Il se sentit coupable à cette idée. S'il n'avait pas convaincu Akila de les aider, beaucoup de bonnes personnes n'auraient pas péri et Haylon aurait les moyens de se défendre. Son ami ne serait pas allongé blessé sur le pont de leur bateau, attendant leur aide.
“Nous … avons choisi de venir”, réussit à dire Akila de là où il était allongé.
“Eh bien, s'ils n'ont pas de flotte, cela fait une raison de plus d'essayer de les aider”, dit Ceres. “Réfléchissez bien, vous tous ! C'est le seul endroit amical des environs. Haylon a repoussé l'Empire quand ce dernier était assez fort pour que Felldust n'ose pas les attaquer. Cette île a besoin de notre aide et Akila aussi. On va à Haylon.”
Thanos ne trouvait rien à redire à ce raisonnement. Plus que ça, il voyait que les autres l'approuvaient peu à peu. Ceres avait toujours su faire ça. C'était son nom, pas celui de Thanos, qui avait convaincu le Peuple des Os. C'était elle qui avait su persuader les hommes de Lord West et la rébellion. Elle l'impressionnait encore plus à chaque fois qu'elle le faisait.
C'était suffisant pour que Thanos accepte de la suivre partout où elle voulait aller, à Haylon ou plus loin. Il pouvait remettre à plus tard sa tentative de se renseigner sur ses origines. C'était Ceres qui comptait, Ceres et faire face aux dommages que causerait Felldust si ses troupes s'étendaient au-delà de Delos. Il l'avait entendu dire sur les quais de Port Leyward : cette attaque ne serait pas un raid rapide.
“Si nous voulons aller à Haylon, il y a un problème”, souligna Sartes. “Pour y arriver, il faudrait que nous traversions la flotte de Felldust. C'est bien de cette direction qu'elle venait, n'est-ce pas ? Et je ne pense pas que tous leurs navires se trouvent dans le port de Delos.”
“C'est exact”, convint Thanos en repensant à ce qu'il avait vu à Felldust. Il y avait eu des flottilles entières de navires qui n'étaient pas encore parties pour l'Empire; les navires des autres Pierres avaient attendu de voir ce qui se allait se passer ou avaient été en train de réunir des victuailles pour pouvoir se joindre au processus de pillage.
Ils poseraient une véritable menace si leur petit bateau essayait de se rendre à Haylon par l'itinéraire direct. Seule le hasard déciderait s'ils rencontreraient des ennemis sur leur route et Thanos n'était pas sûr que Ceres puisse une fois de plus les rendre invisibles.
“Il faudra qu'on contourne la flotte”, dit-il. “Nous longerons la côte jusqu'à nous retrouver assez loin de toutes les routes qu'ils sont susceptibles de prendre, puis nous arriverons à Haylon par son côté éloigné.”
Il vit que les autres ne se réjouissaient pas à cette idée et devina que ce n'était pas seulement parce que ça allait durer plus longtemps. Il savait ce que cela signifiait de prendre cette route.
Ce fut Jeva qui le dit.
“Si on prend cette route, cela nous fera passer par le Passage des Monstres”, dit-elle. “Nous ferions peut-être mieux de tenter notre chance avec Felldust.”
Thanos secoua la tête. “S'ils nous voient, ils nous pourchasseront. Au moins, comme ça, nous aurons une chance de ne pas nous faire repérer.”
“Nous aurons aussi une chance de nous faire dévorer”, souligna la femme du Peuple des Os.
Thanos haussa les épaules. Il ne voyait aucune meilleure possibilité. Ils n'avaient ni le temps d'aller ailleurs ni de meilleur itinéraire à suivre. Ils pouvaient prendre ce risque ou attendre ici qu'Akila meure, et Thanos ne voulait pas abandonner son ami comme ça.
Ceres semblait être de la même opinion.
“Ce sera le Passage des Monstres. Hissons la voile !”
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