Kitabı oku: «Le Tour du Monde; Scandinavie», sayfa 3

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Arrivés à Bamble nous devions faire une pointe sur l'église d'Hitterdal, un des rares monuments de bois du treizième siècle qui subsistent encore en Norvége. Hitterdalkirke est à deux ou trois lieues de Bamble.

Un peu plus loin est Lysthuus, affreuse posada où l'eau même est inconnue et où l'on nous fait payer 3 francs, quatre œufs, seul comestible de l'endroit. Une note adressée au bailli (qui tous les huit jours visite le livre de poste) est la seule punition que l'étranger puisse infliger à ce chantage indigène. En repassant devant l'église d'Hitterdal nous nous arrêtons pour la visiter (voy. p. 75). C'est une sorte de pyramide de bois à cinq ou six toits superposés comme ceux d'une pagode. Les murs sont revêtus de tuiles de bois en forme d'écailles de poisson, et les toits couverts de petites planches sculptées. Une galerie couverte règne tout autour de l'église pour abriter le peuple. Un porche sculpté est à l'entrée du cimetière, et de l'autre côté de la route le clocher en bois à jour se détache sur les arbres du prœstegjeld8. L'intérieur de l'église vient d'être sottement restauré à la luthérienne. Un vernis uniforme a remplacé la fresque naïve et de bons bancs confortables ont été substitués aux anciennes boiseries sculptées; seule la croix byzantine de l'autel en argent doré et la chaire du curé ornée des signes du zodiaque ont échappé au vandalisme local.

Mais l'extérieur est parfaitement conservé et surprend par son étrangeté. En somme, c'est avec la fameuse crypte de Sanct Mikaêl, sur le Nordfjord, près de Skien, le monument le plus ancien de l'architecture catholique dans ces pays.

De retour à Bamble, où nous faisons reposer les chevaux, un vieil ivrogne endimanché vient nous prononcer un discours interminable. Rien de triste comme l'ivresse en Norvége, ivresse due à la bière et au brandevin. Après une surexcitation d'un moment, elle rend les gens presque idiots: et là, loin d'exciter le dégoût, les gens ivres ont l'air d'être les bienvenus. Les enfants vont les agacer et jouer avec eux; les bonnes gens sourient aux refrains grivois qu'ils fredonnent, et n'était la loi qui depuis quelques années punit de peines corporelles cet odieux vice, on verrait se reproduire en Norvége les tristes scènes du dimanche en Suède.

Le paysan est lourd et inintelligent. On pourrait lui appliquer un dicton propre aux habitants d'une certaine province de France: Habit de velours, ventre de son. Rien en effet n'est curieux comme le contraste de ces habits brodés, soutachés, couverts d'oripeaux, et cette nourriture grossière qui a fait donner au Télémark le surnom de Pays du lait caillé.

La route qui passe à Bamble et à Hitterdal est presque une grande route. Elle vient de Kongsberg et, traversant tout le Télémark, ne s'arrête qu'à Gugaard, au pied de l'infranchissable barrière du Hardanger fjeld.

Nous allons la suivre jusqu'à Sundbo pour tourner vers le sud dans les vallées plus riantes du Bandak.

Nous sommes au pied du Lid fjeld et nous traversons les vallées de Hitterdal, de Laurdal et d'Hjertdal, arrosées par l'Hitter Elv.

À Saunland, encore une église antique réservée au marteau des démolisseurs. Une belle grange neuve, bien peinte va la remplacer, à la plus grande satisfaction du premier magistrat de l'endroit. Cette vallée d'Hjertdal est assez animée. Les usines n'y manquent point. De plus, c'est le temps de l'exercice annuel, et les soldats campent le long de la route. Ils ont du pain (quel pain!): nous l'achetons avec bonheur; c'est une rareté en Télémark.

Après Hjertdal, on monte assez longtemps pour gagner la crête dont le versant opposé descend à Sillegjord. L'œil, à droite, enfile la fertile vallée d'Aamotdal. Mais la route tourne à angle droit et descend à pic en face du mont Scorve, vers le lac Flaa. Rien n'égale la vue qui se déroule pendant cette descente d'une heure.

De beaux frênes ombragent le chemin. Entre les arbres apparaît la crête neigeuse du Scorve. Tout au fond de la vallée brille la nappe tranquille du Flaa. À droite, s'étale la croupe en éventail du Thors Nutten; à gauche, l'œil peut suivre à vingt lieues les sinuosités du lac Sillegjord, presque noyé dans la brume du soir.

À Sundbo, au bout du lac Flaa, on quitte la grande route du Hardanger pour entrer dans le canton de Sillegjord, tout parsemé de fermes opulentes, tout émaillé de prairies. C'est avec un plaisir assez naturel à la suite de trois jours de fatigues que nous entrons dans le village de Sillegjord.

Le gaard est infime. Où logerons-nous? Il y a là le presbytère, la maison du landsman, deux ou trois fermes de bonne apparence. Nos postillons jettent leur dévolu sur une sorte de château de bois dont l'avenue aboutit perpendiculairement à la route. Un portique à colonnes en décore la façade. De vastes communs précèdent une manière de parc anglais dont les pelouses descendent jusqu'au lac.

Nous n'avons que de vagues notions sur la nature du fonctionnaire qui occupe ce palais. Mais l'aplomb de nos skydskarls nous rassure et nos carrioles s'arrêtent au perron. Une servante nous reçoit et nous introduit dans un vaste salon orné d'un piano à queue et de deux énormes lauriers-roses en pleine fleur. De seigneur, point. Au bout de trois quarts d'heure, la même servante nous fait monter dans les mansardes, où deux lits et du thé nous attendent. La fatigue nous fait profiter sans réflexion de cette silencieuse hospitalité. Le lendemain, nous nous hasardons à parler de rétribution. On accepte, on demande même davantage. De seigneur, toujours point. Nous allons aux remises, nous faisons atteler.

C'était à croire ce castel inhabité, lorsque, tout à coup, au moment où nous prenions les guides, le piano de la veille rompt le silence et la Marseillaise, exécutée par des doigts novices, nous révèle l'existence de quelque princesse, héritière invisible du domaine.

Telle est l'hospitalité norvégienne. Autrefois gratuite, elle se fait payer (grâce aux Anglais) même chez les gens qui pourraient l'exercer autrement. Est-ce un excès de fierté qui fait fuir ces hôtes que le voyageur aimerait à voir? Je ne sais. En tout cas, si ce récit vient à tomber sous les yeux de la dame du logis, qu'elle y voie un regret plutôt qu'un reproche.

Nous voulions, de Sillegjord, gagner le Bandak avec l'intention de passer deux ou trois jours au milieu de ces sites romantiques qui sont en même temps le premier pays de chasse et de pêche de la Norvége. De Sillegjord au Bandak il y a quatre ou cinq lieues. La route d'abord plate et monotone monte bientôt sur un fjeld tout entouré de roches à pic. De ce cirque naturel où l'on entre par une vaste brèche, s'échappe une belle chute qui forme un lac. On monte encore, puis on tourne brusquement pour redescendre dans la vallée du Bandak. Même vue immense, même paysage splendide qu'à Sundbo. De tous côtés des prairies prêtes à être fauchées, des pentes fleuries d'églantiers, des fermes bien bâties et, à l'horizon, la nappe longue et sinueuse des Bandaks.

La route aboutit dans la cour d'un gaard de la plus belle apparence. Un monsieur en lunettes fume sa pipe sur le perron; c'est le maître de poste, et de jeunes élégants arrivent en phaéton pour dîner à Moën.

Le maître de poste est un gentleman fort complaisant. Il nous fait renoncer à nos projets de séjour qui ne s'accordent point avec la bizarrerie des départs au Saint-Olaf, petit vapeur qui fait le service du Bandak. Nous convenons de laisser nos carrioles à la poste. Nos irons en barque jusqu'au bout du lac, à Dalen, où le Saint-Olaf est à l'ancre. Le lendemain nous reviendrons avec lui, et il prendra à bord nos carrioles qui se trouvent conduites au petit port d'embarquement. Nous déjeunons, et par une pluie d'orage, nous nous embarquons sur le lac.

L'orage dure deux heures. Le lac, enfermé entre deux hautes chaînes de montagnes, résonne des coups multipliés du tonnerre. La pluie tombe à flots; mais la petite barque glisse sur l'eau et, deux heures après, aborde à Laurdal.

Rien de ravissant comme ce coin solitaire. Quelque riche bourgeois l'a choisi pour s'y bâtir une demeure confortable, au milieu d'un grand parc de sapins. À côté, une chute fait aller quelques scieries. En face, s'ouvre une vallée fertile; c'est un paradis en miniature.

Vue du lac Bandak.—Dessin de Doré d'après Riant.


Vers cinq heures du soir, nos bateliers nous déposaient dans une prairie inondée où finit le lac et où commence la vallée de Bandak.

Un groupe de cinq ou six maisons y forment le hameau de Dalen. Le Saint-Olaf est à l'ancre en rade. Nous faisons porter nos sacs à une maison de bois que nos bateliers décorent du nom de restaurant à la carte (spise-korter). En réalité, c'est une maison de paysan, et la carte se compose de l'höre classique et des pommes de terre qui constituent en Norvége un repas de première classe. En attendant qu'on le prépare, nous partons à pied pour le fameux Ravnedjupet, Ravin des corbeaux, qui se trouve dans la vallée, à deux lieues de Dalen.

Le Ravnedjupet est célèbre dans les contes du Télémark; la tradition prétend que ce gouffre rejette sur ses bords, par la seule force du vent qui y tourbillonne, tout ce qu'on y jette.

En réalité Ravnedjupet n'est qu'un site horriblement sauvage, surtout alors qu'il n'est éclairé que par les lueurs tremblotantes du crépuscule norvégien.

Paul Riant.

(La fin à la prochaine livraison.)


VOYAGES DANS LES ÉTATS SCANDINAVES.—Vallée du Flatdal (voy. p. 79).—Dessin de Doré d'après M. Riant.


VOYAGE DANS LES ÉTATS SCANDINAVES,
PAR M. RIANT

LE TÉLÉMARK ET L'ÉVÊCHÉ DE BERGEN
1858.—INÉDIT
LE TÉLÉMARK (SUITE9.)
Le Saint-Olaf et ses pareils. – Navigation intérieure. – Retour à Christiania par Skien

C'est après une montée de deux heures le long d'Eidsborgskleven et au sortir d'un bois sombre que l'on arrive sur l'arête étroite du précipice béant. Un petit garde-fou naturel permet d'en sonder l'énorme profondeur. Au fond de la fissure gronde le torrent, et les roches sont disposées de façon que, si le vent d'ouest souffle, il forme, repoussé par la paroi de la montagne, un tourbillon effroyable. Le nom de Ravnedjupet vient-il de ce que les corbeaux accourent après la tempête se repaître des victimes qu'a dévorées l'ouragan, ou bien était-ce quelque lieu de supplice analogue au Ravnagja de Thingvellir en Islande? on ne sait; toujours est-il que Ravnedjupet comme le Rjukandfos est un site exceptionnellement pittoresque et qui récompense amplement des fatigues de l'excursion. De retour à Dalen où nous attendaient le souper et les soins obséquieux de l'hôtesse, toute fière des quelques mots d'anglais qu'elle écorchait horriblement, nous prenons quatre heures de repos, et à cinq heures du matin, insensibles aux prières de la bonne femme qui eût voulu nous garder huit jours, nous allons à bord du Saint-Olaf, souverain solitaire du Bandaksvand. Le Saint-Olaf est un de ces paquebots-omnibus qui desservent depuis deux ou trois ans les principaux lacs de l'intérieur. C'est presque toujours quelque vieille coque avariée qui ne peut plus tenir la mer et qu'un bonhomme de capitaine, fumant, prisant et chiquant, conduit de village en village; l'avant est rempli de marchandises et de paysans. Quelques fonctionnaires, un ou deux bourgeois, un touriste égaré sont assis à l'arrière; point de cabines; une petite pièce de six pieds sur toutes les dimensions en tient lieu; au centre traînent sur une table les numéros surannés du journal de la province, deux ou trois vieux officiers commentent, le verre en main, les télégrammes de Palestro et de Magenta, et portent un toast à Napoléon III en fredonnant la Marseillaise.

Ces «Dampskib» à volonté n'ont rien de régulier dans leur route; ils vont d'escale en escale et font le tour du lac pour regagner le dimanche leur point de départ.

Pour revenir au Saint-Olaf, nous passons dessus quatre ou cinq heures à admirer les sites toujours variés du lac. Vu le matin et en sens contraire, il affecte des aspects tout différents de ceux de la veille. De temps en temps, un nuage blanc rase l'eau, un rayon de soleil le traverse en passant obliquement derrière un promontoire; on dirait une bande d'argent relevée d'or; tantôt la nappe s'élargit entre des prairies fertiles, tantôt les montagnes s'élèvent, et le coup de canon dont le Saint-Olaf les salue, résonne mille fois d'une paroi à l'autre. À chaque instant on craint que le navire ne puisse passer entre ces murailles formidables. Nous arrivons au petit quai de bois où nos carrioles doivent nous attendre; elles n'y sont point, mais, grâce à la complaisance du capitaine et aussi à la lenteur d'un troupeau de vaches qui se refusent à venir à bord, notre maître de poste a le temps d'arriver au petit trot avec les dames de la veille et les voitures attendues; on hisse le tout à bord et la conversation s'engage avec les Norvégiennes.

Le paysan norvégien, longtemps annihilé par le Danois, revient peu à peu, depuis qu'il a recouvré son indépendance, à sa dignité d'autrefois. Rien de fréquent comme les familles où le grand-père, encore affublé du costume national, voyage avec ses petits-fils, parfaits gentlemen élevés en Angleterre et familiarisés avec tous les raffinements de la civilisation. M. B., qui sert de cavalier à ces dames, est du nombre: c'est un chasseur déterminé qui regrette le séjour forcé que ses fonctions l'obligent à faire à Christiania, où il va retourner. Il nous parle d'ours et nous offre des lettres pour des montagnards d'Hægland, fameux chasseurs qui habitent à six ou sept lieues de la pointe orientale du Bandak sur les bords du Langvand.

À midi nous arrivons à Strengnen au bout du lac, et si nous voulions, nous serions à Christiania le lendemain dans la journée; car une fois par semaine tous les petits steamers du Télémark se correspondent, et de lac en lac, de fjord en fjord, on arrive assez vite à destination. Il ne faut pas croire cependant que cette facilité de communication ait beaucoup civilisé les contrées qui en jouissent. Le pays est si abrupte, si sauvage, que ces lacs sont de vraies impasses sans route qui les longent ou les unissent. Quittez les stations intermédiaires à peine dignes du nom de villages, et vous retombez dans la barbarie traduite par l'absence du pain et la présence du lait caillé.

À Strengnen commencent à disparaître ces costumes télémarkiens à formes antiques, les hautes culottes des hommes, les jupes rayées des femmes et ces petits châles enroulés en turban sur le front et descendant en pointe sur les épaules pour cacher les longues chevelures blondes des paysannes.


Carte de la presqu'île de BERGEN d'après Mr Paul Riant. Dressée par A. Vuillemin. Gravée chez Erhard et Bonaparte.


Nous entrons dans une baraque où un jeune couple affairé nous sert dans un salon de bois brut un dîner passable. Mme B. cherche à tirer d'un piano antique quelques sons harmonieux; puis nous nous séparons de nos compagnons d'un jour, qui retournent à Christiania après nous avoir décidés à partir pour la montagne.

Une chasse à l'ours n'a d'intérêt pour le lecteur que par les dangers mêmes qu'ont pu courir les chasseurs; mais la vérité oblige à déclarer que sans chien et au mois de juin une expédition de ce genre est toujours complètement infructueuse.

Deux ou trois jours passés à Hægland sur le Langvand, dans une famille de chasseurs d'ours, de longues excursions pédestres sur les pentes du Büfjeld et jusqu'à Drangedal, les explorations minutieuses des hautes cavernes où dorment en hiver les énormes plantigrades n'eurent donc d'autre résultat que la découverte des traces fraîches d'une mère ourse et de ses petits, et les balles explosibles ne purent même trouver dans ces solitudes quelque élan égaré sur qui s'exercer. Malgré l'insuccès de la chasse, il est impossible de ne point garder un bon souvenir de ces montagnards au caractère ouvert et franc, de ces vigoureux jeunes hommes souvent balafrés dans leurs luttes avec les terribles bêtes, de leurs récits naïfs, de leur indomptable dureté à la fatigue.

Le dimanche soir nous quittions Hægland, et après un mille dans la plus sauvage des forêts de pins, nous débouchions sur la vallée du Nordsjö; au loin brillaient d'un éclat singulier des toits resplendissants; nous approchons: c'étaient les toits de grandes serres; un peu plus loin un château du meilleur style, des pelouses et des corbeilles de roses, de grands tilleuls et toute une colonie de femmes élégantes assises sous une véranda … à trois lieues d'un pays à ours. Ces contrastes sont perpétuels en Norvége; les propriétaires d'usine, gens fort riches, condamnés à passer toute l'année dans ces déserts, s'y installent avec luxe et presque toujours avec goût. Ainsi Ulefoss, petit village, plein de scieries alimentées par une puissante chute, a deux de ces habitations princières.


Fjord du Gudvangen (voy. p. 89).—Dessin de Doré d'après M. Riant.


Il est onze heures du soir; à deux heures du matin, après avoir côtoyé le lac, nous entrons à Skien qui dort du plus profond sommeil, quoique le soleil soit déjà haut sur l'horizon.

Cette ville, placée entre la mer et le lac Nordfsjö, est l'entrepôt de tous les bois du Télémark. Le mouvement y est plus grand encore qu'à Drammen. Au pied d'une falaise à pic s'étendent de longs docks de bois, encombrés de marchandises; de tous côtés les chevaux traînent des poutres qu'ils ont retirées du fleuve pour les porter aux scieries. La ville n'a d'autre pavé que la sciure de bois, amassée là par les années; aussi est-il défendu d'y fumer sous les peines les plus sévères, un cigare oublié dévorerait des millions.

8.Presbytère.
9.Suite et fin.—Voy. page 65.
Yaş sınırı:
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Litres'teki yayın tarihi:
01 temmuz 2019
Hacim:
92 s. 21 illüstrasyon
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