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Figure 31 : Prévisions en matière de financement dans les 12 prochains mois (% de répondants), Afrique de l’Ouest


Source : Enquête 2021 de la BEI sur le secteur bancaire en Afrique.

La plupart des banques ouest-africaines s’attendent à une augmentation de la demande de crédit en monnaie locale, en particulier de la part des PME, mais elles resteront relativement prudentes en matière de prêts ; les problèmes structurels doivent être résolus avant que le crédit puisse être étendu de manière significative. Environ 10 % des banques seulement s’attendent à une augmentation de la demande de prêts en devises (figure 32). Là encore, la situation difficile du Nigeria en matière de devises peut entrer en ligne de compte. Il n’est toutefois pas certain que les banques d’Afrique de l’Ouest parviennent à satisfaire pleinement cette demande accrue. En 2020, la plupart des banques (58 %) ont durci leurs normes de crédit, mais seulement 40 % environ prévoient de les assouplir en 2021 (figure 33).

Figure 32 : Évolution attendue de la demande de crédit des PME en 2021 (% de répondants), Afrique de l’Ouest


Source : Enquête 2021 de la BEI sur le secteur bancaire en Afrique.

Figure 33 : Évolution des normes de crédit en 2020 et changement prévu en 2021 (% de répondants), Afrique de l’Ouest


Les principaux facteurs limitant l’offre de crédit aux entreprises et aux PME sont le manque de garanties acceptables et les mauvais antécédents de crédit (figure 34). Selon les banques interrogées, le manque de garanties acceptables et les mauvais antécédents de crédit sont les principaux obstacles à l’activité de prêt aux grandes entreprises, devant l’attractivité plus forte d’autres segments de marché et le manque de projets bancables. Cette tendance est encore plus prononcée pour les prêts aux PME, d’où la nécessité de soutenir cette activité de crédit afin d’aider les PME à surmonter les répercussions de la pandémie.

Figure 34 : Facteurs limitant l’offre de crédit, Afrique de l’Ouest


Source : Enquête 2021 de la BEI sur le secteur bancaire en Afrique.

Le secteur bancaire en Afrique centrale[58]

L’Afrique centrale a le plus petit nombre de banques et la plus forte concentration bancaire d’Afrique, avec seulement 58 banques communiquant publiquement leurs données (tableau 6 en annexe). Cela s’explique par la taille relativement modeste des économies de la sous-région – qui représente à peine un peu plus de 8 % du PIB de l’Afrique subsaharienne (FMI, 2021a) – et par la concentration des activités dans les plus grandes économies de la sous-région : le Cameroun, la RDC et le Gabon, qui produisent ensemble 76 % du PIB de la sous-région (FMI, 2021a). Ces trois marchés représentent 88 % du total des actifs bancaires de la sous-région[59]. Le petit nombre de banques se traduit par une concurrence relativement faible, mesurée par la moyenne pondérée de la part des actifs détenus par les trois plus grandes banques. La concentration bancaire est la plus faible au Cameroun (52 %) et en RDC (66 %), mais peu de banques communiquent publiquement leurs actifs dans les plus petites économies, raison pour laquelle les données de BankFocus font apparaître une concentration de 100 % (tableau 6 en annexe).

Le marché du crédit en Afrique centrale est, dans l’ensemble, peu profond, bien que le niveau de développement varie selon les pays (figure 35). Le crédit au secteur privé représente en moyenne 11 % du PIB dans la sous-région. São Tomé-et-Príncipe a la part de crédit rapporté au PIB la plus élevée de la sous-région (21 %), mais même celle-ci est inférieure à la moyenne de l’Afrique (25 %). Le crédit représente moins de 10 % du PIB en RDC (6 %) et au Tchad (9 %). La croissance du crédit au niveau sous-régional est restée solide en 2020, à 15 %, malgré la crise du coronavirus, mais sa dynamique a varié considérablement selon les pays pendant la pandémie. Une baisse à deux chiffres du crédit a été enregistrée en République centrafricaine, au Gabon et au Tchad, tandis que la RDC et le Cameroun ont connu une expansion significative (figure 35). Les approches prudentes adoptées par les banques en matière de crédit se traduisent par un ratio prêts/dépôts inférieur à 100 % dans la plupart des pays de sous-région et descendant même jusqu’à 64 % (RDC).

Figure 35 : Crédit en % du PIB et croissance annuelle du crédit, Afrique centrale


La solidité et les résultats des secteurs bancaires varient selon les pays, mais la qualité des actifs est très préoccupante dans la sous-région. En 2019, la rentabilité des banques, mesurée par le rendement des fonds propres, allait de 3 % au Tchad et en Guinée équatoriale à 24 % au Gabon et 25 % au Cameroun (figure 36). L’adéquation des fonds propres est aussi très variable dans la sous-région. Au sein de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC), les fonds propres réglementaires s’élèvent à 13 %, une valeur supérieure au minimum prudentiel de 9,5 %, mais, d’après le FMI, moins de la moitié des banques respectent les exigences en la matière. À la fin de l’année 2019, le ratio capital/actifs pondérés en fonction des risques était négatif (-3 %) en Guinée équatoriale, où les niveaux élevés d’arriérés du secteur public s’étaient traduits par une proportion très élevée de PNP. Ce ratio était le plus élevé en République centrafricaine (28 %) et en République du Congo (22 %). La santé des systèmes bancaires d’Afrique centrale est en outre minée par des niveaux élevés de PNP, allant de 13 % du total des prêts bruts au Cameroun et au Gabon à 34 % à São Tomé-et-Príncipe et près de 50 % en Guinée équatoriale en 2019. La part des PNP devrait avoir encore augmenté en 2020, car la pandémie et la récession mondiale ont durement frappé les économies d’Afrique centrale, qui dépendent fortement de l’exportation de pétrole et d’autres ressources naturelles (ainsi que du tourisme dans le cas de São Tomé-et-Príncipe). Les prêts au secteur pétrolier et minier pourraient s’améliorer en 2021, dès lors que les prix des produits de base se sont redressés. Toutefois, les perspectives pour le secteur du tourisme restent peu encourageantes.

Figure 36 : Indicateurs de solvabilité, de rentabilité et de qualité des actifs, Afrique centrale


Sources : FMI[60], Banque mondiale[61] et BankFocus[62].

Les pays de la CEMAC sont confrontés à des risques de concentration et à des niveaux élevés d’arriérés. Dans cette sous-région, les risques pour la stabilité financière sont accrus par la forte concentration de l’exposition des banques aux grandes entreprises (souvent pétrolières) et au secteur public, et notamment par les niveaux élevés de dette souveraine dans les bilans des banques (près de 18 % du total des actifs en 2020, selon le FMI). Les arriérés intérieurs pèsent lourdement sur la qualité des actifs et sur la rentabilité, et freinent l’activité de prêt. La situation a probablement été exacerbée par les effets négatifs de la crise du coronavirus.

Les banques centrales et les autorités de surveillance d’Afrique centrale ont réagi à la crise provoquée par la pandémie en tentant d’en atténuer les retombées sur leurs économies et leurs systèmes bancaires. Les mesures prises consistaient à soutenir la liquidité par des abaissements du taux directeur dans la CEMAC et en RDC, et à réduire le taux d’escompte à São Tomé-et-Príncipe. Pour alléger la pression sur les bilans des banques de la CEMAC, la Commission bancaire de l’Afrique centrale a autorisé les banques à réduire leurs volants de conservation des fonds propres, abaissant ainsi l’exigence globale de capital minimum de 10,5 % à 9,5 %. Les réserves obligatoires ont aussi été diminuées par la Banque centrale de São Tomé-et-Príncipe, tandis que la Banque centrale du Congo a reporté à 2022 la date limite pour se conformer aux nouvelles exigences en matière de fonds propres. Ces mesures s’accompagnaient de politiques plus restrictives en matière de distribution de dividendes dans la CEMAC et à São Tomé-et-Príncipe, afin de protéger le capital des banques.

Les sept banques de la sous-région qui ont répondu à l’Enquête 2021 de la BEI sur le secteur bancaire en Afrique ont toutes indiqué qu’elles prévoyaient d’étendre leurs activités au cours des 12 prochains mois (figure 37). Cinq d’entre elles ont précisé qu’elles envisageaient certainement d’augmenter les financements en monnaie locale. Les prévisions en matière de financement en devises étrangères étaient plus variées : une seule banque a déclaré être sûre de vouloir les augmenter, tandis que deux banques l’envisageaient seulement et deux autres ne le prévoyaient pas. Le système bancaire de la RDC est presque entièrement dollarisé, avec près de 90 % des prêts libellés en devises étrangères au cours du premier trimestre 2021. D’autre part, la monnaie de la région CEMAC, le franc CFA, est indexée sur l’euro, et les prêts en devises étrangères sont quasiment absents sur ces marchés.

Figure 37 : Prévisions pour les 12 prochains mois (% de répondants), Afrique centrale


Source : Enquête 2021 de la BEI sur le secteur bancaire en Afrique.

La demande de crédit des PME devrait augmenter modérément au cours de l’année prochaine, tandis que les banques prévoient d’assouplir progressivement leurs normes de crédit. Parmi les cinq banques d’Afrique centrale qui ont déclaré prêter aux PME, quatre s’attendent à une augmentation de la demande de prêts en monnaie locale de la part des PME au cours des 12 prochains mois, tandis qu’une ne prévoit aucun changement (figure 38). Il est à noter qu’aucune des banques interrogées ne prévoit une diminution de la demande de crédit des PME. En ce qui concerne les normes de crédit, trois banques d’Afrique centrale prévoyaient de les assouplir au cours de l’année 2021, tandis que deux rapportaient les avoir durcies en 2020 (figure 39). Malgré la petite taille de l’échantillon, les résultats donnent à penser que les banques d’Afrique centrale pourraient espérer s’adapter à une augmentation des prêts.

Figure 38 : Évolution attendue de la demande de crédit des PME dans les 12 prochains mois (% de répondants), Afrique centrale


Figure 39 : Évolution attendue des normes de crédit dans les 12 prochains mois (% de répondants), Afrique centrale


Source : Enquête 2021 de la BEI sur le secteur bancaire en Afrique.

Le manque de garanties acceptables et les mauvais antécédents de crédit sont les facteurs qui entravent le plus l’offre de crédit aux grandes entreprises et aux PME d’Afrique centrale. L’insuffisance des garanties est considérée comme une entrave mineure pour les prêts aux grandes entreprises par trois des cinq banques qui ont répondu à cette partie de l’enquête, et comme un problème plus important par les deux autres. Dans le cas des PME, la situation est inversée : quatre banques sur les cinq considèrent le manque de garanties comme une entrave majeure ou modérée (figure 40). Les mauvais antécédents de crédit pèsent également de manière importante sur l’offre de crédit : ce facteur est cité par trois banques comme une entrave très sévère ou majeure pour les prêts aux grandes entreprises et par quatre banques pour les prêts aux PME. Pour les PME, le manque de projets bancables semble aussi être un obstacle important, à l’image de la faible diversification de l’économie et du sous-développement des secteurs non pétroliers dans de nombreux pays de cette sous-région. La levée des entraves à l’activité de prêt en Afrique centrale dépend de la reprise économique après la crise du coronavirus, de l’apurement des arriérés de paiement, de la réduction des PNP et du succès de l’application des mesures visant à renforcer l’inclusion financière et à accroître la diversification.

Figure 40 : Facteurs limitant l’offre de crédit (% de répondants), Afrique centrale


Source : Enquête 2021 de la BEI sur le secteur bancaire en Afrique.

Le secteur bancaire en Afrique de l’Est

Du point de vue de la concentration moyenne dans les sept pays de la sous-région, l’Afrique de l’Est est plus concurrentielle que l’Afrique australe et centrale, mais moins que les sous-régions du Nord et de l’Ouest. Elle compte un total de 199 banques (tableau 7 en annexe) et la troisième plus faible concentration du secteur bancaire des sous-régions d’Afrique, mesurée par la moyenne pondérée de la part des actifs détenus par les trois plus grandes banques. Ce niveau de concurrence relativement élevé est le fait du Kenya et de la Tanzanie, qui se signalent par une concentration du marché relativement faible et un grand nombre de banques. À l’inverse, le Burundi, Djibouti et l’Éthiopie sont des marchés concentrés, chacun comptant un petit nombre de banques.

Le niveau de développement des marchés du crédit varie dans la sous-région (figure 41). Le Kenya a la part la plus élevée de crédit rapporté au PIB, à 27 %, soit plus que la moyenne africaine (25 %). À l’inverse, l’Éthiopie, la Tanzanie et l’Ouganda ont des ratios crédit/PIB inférieurs à 15 %. En outre, si la croissance nominale moyenne du crédit est proche de 12 % au niveau sous-régional, les chiffres les plus récents (2020) font aussi apparaître des tendances divergentes. Plus précisément, le Burundi, l’Éthiopie et le Rwanda ont affiché une croissance annuelle proche de 20 %, tandis que le crédit n’a augmenté que de 10 % ou moins au Kenya, en Tanzanie et en Ouganda, et a même diminué à Djibouti. Malgré cette solide croissance récente du crédit, les ratios prêts/dépôts restent inférieurs à 100 % dans tous les pays, sauf au Rwanda. Les risques de surchauffe sont donc limités et un élargissement éventuel de l’accès au financement après la crise pourrait se révéler difficile.

Figure 41 : Crédit en % du PIB et croissance annuelle du crédit, Afrique de l’Est


Les indicateurs de stabilité et de solidité donnent à penser que les secteurs bancaires des pays d’Afrique de l’Est sont relativement bien placés pour résister au choc économique déclenché par la pandémie de COVID-19 (figure 42). Le ratio de fonds propres de la sous-région est proche de 19 %, seul Djibouti faisant état d’un ratio global inférieur à 15 %. Dans certains pays (comme le Burundi, le Rwanda et l’Ouganda), le capital total représente plus de 20 % des actifs pondérés en fonction des risques. La rentabilité reste solide – en particulier pour une sous-région à l’inflation contrôlée – avec un rendement moyen des fonds propres de 15,4 % au niveau sous-régional. Les chiffres les plus faibles sont ceux de Djibouti (6,3 %) et de l’Éthiopie (10 %). La qualité des actifs varie d’un pays à l’autre, reflétant des différences dans les mesures mises en oeuvre pendant la pandémie, ainsi que dans les situations qui prévalaient avant la crise. À la mi-2020, le ratio des PNP par rapport au crédit total était supérieur à 10 % à Djibouti, au Burundi et au Kenya, mais égal ou inférieur à 5 % en Éthiopie, au Rwanda et en Ouganda. La construction et l’agriculture, notamment dans les pays les plus touchés par les sécheresses et les invasions de criquets, sont les secteurs où la part des PNP est la plus élevée.

Figure 42 : Indicateurs de solvabilité, de rentabilité et de qualité des actifs, Afrique de l’Est


Sources : FMI[63], Banque mondiale[64] et BankFocus[65].

Les banques centrales, les gouvernements et les autorités de surveillance d’Afrique de l’Est ont réagi de manière proactive à la crise du coronavirus afin d’en limiter les effets sur leurs systèmes bancaires. L’augmentation du provisionnement en liquidités, canalisées vers les secteurs les plus gravement touchés par la pandémie, et la réduction des taux directeurs par la plupart des banques centrales (la principale exception étant le Banque nationale d’Éthiopie, qui a maintenu son taux directeur inchangé pendant la crise) comptent parmi les mesures prises. Bien que les gouvernements d’Afrique de l’Est aient eu recours à des mesures budgétaires, l’ampleur des efforts de relance a été limitée (comme ailleurs en Afrique) par le poids croissant de la dette publique. Les autorités ougandaises et rwandaises ont aussi fourni des garanties publiques pour les prêts aux grandes entreprises et aux PME dans les secteurs les plus touchés, comme le tourisme. En outre, en Ouganda et en Tanzanie, les régulateurs nationaux ont approuvé des moratoires sur les prêts, qui ont été prolongés jusqu’à la fin de l’été 2021.

Pour l’avenir, sur les 24 banques est-africaines qui ont répondu à l’Enquête 2021 de la BEI sur le secteur bancaire en Afrique, 71 % prévoient d’étendre leurs activités au cours des 12 prochains mois (figure 43). Cette expansion devrait entraîner une augmentation des financements, bien que celle-ci soit plus prononcée en monnaie locale (83 % des répondants prévoyant ou envisageant une augmentation) qu’en devises étrangères (66 %).

Figure 43 : Prévisions pour les 12 prochains mois (% de répondants), Afrique de l’Est


Sources : Enquête 2021 de la BEI sur le secteur bancaire en Afrique.

La demande de crédit, notamment de la part des PME, devrait également augmenter, mais les banques resteront relativement prudentes (figures 44 et 45). Les banques s’attendent à une augmentation de la demande de prêts, tant en devises qu’en monnaie locale. Toutefois, lorsqu’elles sont interrogées sur les changements qu’elles envisagent en matière de normes de crédit, leurs réponses laissent supposer qu’elles ne sont peut-être pas prêtes à gérer pleinement cette augmentation. Bien que les banques est-africaines prévoient de rendre leurs normes de crédit moins strictes par rapport à 2020 (année durant laquelle plus de 60 % des répondants avaient durci leurs normes et moins de 20 % les avaient assouplies), elles n’envisagent pas de relâchement majeur. Proportionnellement, celles qui comptent assouplir leurs normes de crédit au cours des 12 prochains mois (35 %) ne sont qu’un peu plus nombreuses que celles qui prévoient de les durcir (28 %). On peut en conclure que le choc de la pandémie de COVID-19 aura des répercussions relativement prolongées sur les conditions de prêt.

Figure 44 : Évolution attendue de la demande de crédit des PME au cours de l’année prochaine (% de répondants), Afrique de l’Est


Figure 45 : Évolution attendue des normes de crédit dans les 12 prochains mois (% de répondants), Afrique de l’Est


Sources : Enquête 2021 de la BEI sur le secteur bancaire en Afrique.

Les principaux facteurs limitant l’offre de crédit aux entreprises et aux PME sont le manque de garanties acceptables et les mauvais antécédents de crédit (figure 46). Il s’agit dans les deux cas de causes structurelles, liées à la demande, qui laissent penser que la croissance normale du crédit pourrait reprendre une fois que les effets économiques de la pandémie se seront estompés. Cependant, ces conclusions impliquent aussi que des mesures plus structurelles pourraient être nécessaires pour améliorer l’offre de crédit aux entreprises, en particulier aux PME, surtout si la crise a des répercussions qui viennent exacerber ces entraves au niveau des entreprises.

Figure 46 : Facteurs limitant l’offre de crédit (% de répondants), Afrique de l’Est


Sources : Enquête 2021 de la BEI sur le secteur bancaire en Afrique.

Le secteur bancaire en Afrique australe

Le secteur bancaire en Afrique australe est bien développé, mais les différences entre les pays sont importantes (voir les principaux indicateurs dans le tableau 8 de l’annexe). Les secteurs financiers de Maurice et de l’Afrique du Sud sont sophistiqués et intégrés à l’architecture financière internationale. Les banques sud-africaines sont actives dans toute l’Afrique australe et au-delà. De son côté, Maurice s’emploie activement à changer son image de paradis fiscal pour s’affirmer comme un pôle financier, desservant l’Afrique en particulier. Toutefois, dans plusieurs pays d’Afrique australe, les secteurs bancaires manquent encore d’envergure et la part du crédit intérieur dans le PIB reste faible. De surcroît, le nombre de banques est plutôt limité dans de nombreux pays, et les trois premières banques ont tendance à détenir une part de marché importante – à cet égard, l’Afrique australe est la sous-région la moins concurrentielle du continent.

La situation financière des banques d’Afrique australe est restée assez bonne, notamment en raison de leur forte capitalisation avant la pandémie. Les banques sont entrées dans la crise relativement bien capitalisées et avec une rentabilité et une qualité des actifs plutôt bonnes, au regard des indicateurs standard (figure 47). Elles étaient donc mieux armées pour résister à une baisse de rentabilité en 2020. Plusieurs évolutions et mesures propres à chaque pays ont encore permis d’atténuer l’incidence de la crise sur les ratios de fonds propres. Par exemple, les marges nettes d’intérêt se sont maintenues mieux que prévu en Afrique du Sud, où des ajustements réglementaires concernant le traitement des prêts restructurés en raison de la pandémie de COVID-19 ont réduit le montant des fonds propres requis à titre de provisionnement. En Zambie, le déclassement de la dette souveraine en défaut a entraîné des pertes comptables, tandis que la détérioration de la situation économique pèse sur la capacité du secteur privé à s’acquitter de ses dettes. Toutefois, les conséquences ont été atténuées par le fait que les titres souverains détenus par les banques ont été exclus du défaut de paiement.

Figure 47 : Indicateurs de solvabilité, de rentabilité et de qualité des actifs, Afrique australe


Sources : FMI[66], Banque mondiale[67] et BankFocus[68].

Les banques centrales ont mis en oeuvre diverses mesures pour renforcer la stabilité financière dans la sous-région. Plusieurs d’entre elles ont abaissé leurs taux directeurs et la plupart ont augmenté leurs apports de liquidités au secteur bancaire. Certaines ont temporairement assoupli leurs exigences prudentielles. Par exemple, la Banque de réserve sud-africaine a diminué d’un point de pourcentage les exigences en matière de fonds propres pour toutes les banques, et a également réduit les exigences en matière de ratio de liquidité. En outre, diverses banques centrales ont autorisé un traitement réglementaire différent des prêts restructurés (tolérance) à la suite de la crise du coronavirus. Grâce à la souplesse du classement de ces prêts, les banques n’ont pas eu à constituer les provisions qui auraient normalement été exigées. Fitch estime que les moratoires couvraient environ 20 % des prêts en Afrique du Sud (Fitch Ratings, 2021a). Ces moratoires pourraient aider les banques à faire face aux retombées directes de la pandémie sur leurs bilans, mais le risque est qu’ils ne fassent que retarder, plutôt que d’éviter, une forte augmentation des PNP, surtout si la reprise est lente. Au Lesotho, l’application de Bâle II.5 a été retardée afin d’éviter un désendettement des banques en réponse à des exigences de fonds propres plus élevées.

Dans le même temps, les banques centrales ont continué de renforcer le cadre de réglementation et de surveillance et à améliorer l’efficacité de la politique monétaire. Des réformes visant à renforcer le cadre de résolution des institutions financières et à introduire un système d’assurance des dépôts sont actuellement débattues par le parlement sud-africain, mais leur mise en oeuvre ne sera pas immédiate. En Zambie, les règles relatives au marché interbancaire des devises étrangères ont été modifiées dans le but de réduire la dépréciation, tandis que le Zimbabwe a pris diverses mesures pour aligner les taux de change officiels et ceux du marché noir. Plusieurs mesures ont été déployées en Eswatini pour moderniser la stratégie de gestion des liquidités, notamment la réintroduction d’adjudications hebdomadaires de bons à court terme et une réduction du coût des mécanismes de prêt au jour le jour.

Dans le sillage de la pandémie, plusieurs risques sont apparus ou se sont intensifiés. Avant la crise du coronavirus, les niveaux de la dette souveraine étaient en augmentation dans toute la sous-région. Une grande partie des emprunts émis a fini dans les bilans des banques (surtout en Zambie), bien que principalement en monnaie locale. Aujourd’hui, alors que les États s’exposent à des déficits budgétaires plus importants pour soutenir l’économie nationale, le lien entre les titres souverains et les banques est devenu encore plus important (Attout et al., 2021, à paraître). Les risques sont exacerbés par la détérioration de la solvabilité des États, comme en témoignent la dégradation de nombreuses notes souveraines dans la sous-région. La dette du secteur privé présente également des risques, car elle a augmenté dans de nombreux pays. Dans certains pays (par exemple l’Afrique du Sud), la dette du secteur des entreprises non financières atteint des niveaux historiquement élevés, tandis que dans d’autres pays (comme le Botswana), la dette des ménages est inquiétante. Plus la reprise économique se fera attendre, plus ces risques s’accentueront. Certains risques préexistants propres aux différents pays, comme la forte concentration des prêts aux entreprises en Eswatini, au Lesotho et au Malawi, pourraient également amplifier tout effet négatif de la crise.

Pendant la pandémie, les volumes de prêts des banques ont évolué différemment dans la sous-région. L’activité de prêt a continué de progresser dans plusieurs pays, dont l’Afrique du Sud, bien qu’à un rythme lent (figure 48). Toutefois, dans certains autres pays, la détérioration des conditions économiques a freiné la croissance, au moins en termes réels. En Zambie, par exemple, les prêts au secteur privé ont augmenté de 8,5 %, contre une inflation annuelle de 16 %, tandis que l’inflation a également dépassé la croissance du crédit au Zimbabwe. Les perspectives économiques, très incertaines, compromettent les capacités de remboursement et freinent l’activité de prêt. Toutefois, si la reprise se confirme, les banques peuvent assouplir leurs normes de crédit et intensifier leurs activités dans ce domaine pour éviter de manquer des affaires lucratives futures. Comme le montre la figure 49, le scénario de base des banques consiste dans une augmentation de la demande de crédit. Parmi les banques d’Afrique australe qui ont répondu à l’Enquête 2021 de la BEI sur le secteur bancaire en Afrique, la moitié environ s’attend à pouvoir assouplir les normes de crédit pour répondre à cette demande accrue, mais une proportion similaire envisage un nouveau durcissement (figure 50).

Figure 48 : Crédit en % du PIB et croissance annuelle du crédit, Afrique australe


Sources : FMI[69], Banque mondiale[70] et BankFocus[71].

Figure 49 : Évolution attendue de la demande de crédit des PME en 2021 (% de répondants), Afrique australe


Figure 50 : Évolution attendue des normes de crédit en 2021 (% de répondants), Afrique australe


Source : Enquête 2021 de la BEI sur le secteur bancaire en Afrique.

Dans ce contexte, les banques commencent à se projeter vers l’avenir. Parmi les banques qui ont répondu à l’Enquête 2021 de la BEI sur le secteur bancaire en Afrique, 65 % prévoient ou envisagent d’augmenter leurs financements, notamment en monnaie locale (figure 51). On peut y voir une préparation à une intensification des activités d’intermédiation : environ deux tiers des banques prévoient d’augmenter leurs opérations au cours de l’année prochaine. La figure 52 montre que les banques ayant répondu à l’enquête n’ont pas cité l’absence de demande comme un goulet d’étranglement, bien que le manque de projets bancables soit un facteur limitant les prêts. Comme les années précédentes (BEI, 2020), le manque de garanties acceptables et les mauvais antécédents de crédit freinent l’activité de prêt et sont considérés comme des entraves plus importantes pour les prêts aux PME que pour les prêts aux grandes entreprises, ce qui laisse penser que les PME pourraient avoir plus de difficultés à accéder aux financements en Afrique australe.

Figure 51 : Prévisions pour les 12 prochains mois (% de répondants), Afrique australe


Source : Enquête 2021 de la BEI sur le secteur bancaire en Afrique.

Figure 52 : Facteurs limitant l’offre de crédit (% de répondants), Afrique australe


Source : Enquête 2021 de la BEI sur le secteur bancaire en Afrique.

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