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Le potentiel des secteurs bancaires africains en appui à la reprise

La taille relativement modeste des secteurs bancaires en Afrique laisse supposer qu’un nombre important d’entreprises pourraient être sous-bancarisées, tandis que les niveaux élevés de concentration sur certains marchés dénotent une faible concurrence. Les principaux indicateurs descriptifs du secteur bancaire africain sont présentés dans le tableau 3 de l’annexe, sur la base des données du FMI[34], de la Banque mondiale[35] et de Moody’s Analytics BankFocus[36]. Le continent compte 558 banques susceptibles de prêter au secteur privé (y compris les banques commerciales, coopératives ou islamiques)[37]. Le total des actifs détenu par ces banques dépasse les 860 milliards d’USD (Orbis Bank Focus, données les plus récentes en date de juin 2021)[38]. L’Afrique de l’Ouest abrite près de 240 banques, suivie de l’Afrique de l’Est et de l’Afrique australe, avec près de 200 banques chacune. En moyenne, les trois premières banques de chaque sous-région détiennent 71 % du total des actifs, ce qui est supérieur à la moyenne de 60 % pour l’ensemble des économies émergentes et en développement. Cette proportion va de 90 % en Afrique centrale à 58 % en Afrique du Nord – le marché bancaire le plus concurrentiel du continent.

Figure 18 : Crédit en % du PIB et croissance annuelle du crédit (2020, non pondéré)


Sources : Orbis Bank Focus, FMI et Banque mondiale, pour plus de détails, voir l’annexe.

Figure 19 : Indicateurs de solvabilité, de rentabilité et de qualité des actifs (2019 ou données les plus récentes, non pondérées)


Comme le montre la figure 18, les marchés du crédit restent sous-développés, notamment en Afrique occidentale, orientale et centrale. C’est en Afrique du Nord que le ratio du crédit rapporté au PIB (généralement utilisé comme indicateur du développement du marché du crédit) est le plus élevé, à 44 %, devant l’Afrique australe. Les marchés financiers sont nettement moins développés dans les autres sous-régions, avec un ratio de 13 % seulement en Afrique centrale. La croissance du crédit dans l’ensemble de l’Afrique a été faible au cours de l’année 2020, atteignant en moyenne 6,4 % en termes nominaux, contre une inflation moyenne d’environ 15 %. À la fin de 2019, le ratio prêts/dépôts était nettement inférieur au seuil indicatif de surchauffe de 100 % dans toutes les sous-régions (78 % en moyenne), l’Afrique centrale se signalant par un ratio de 90 % imputable à la baisse des dépôts. En conséquence, il sera probablement difficile de relancer les prêts et d’élargir l’accès au financement, compte tenu de l’aversion au risque des banques, probablement en hausse.

Les secteurs bancaires africains sont bien capitalisés et rentables, mais des problèmes de qualité des actifs menacent la solidité et la stabilité futures, au risque de limiter la croissance du crédit (figure 19). D’après les données les plus récentes, le ratio moyen d’adéquation des fonds propres s’établissait à 17,4 % en 2019, confortablement au-dessus du minimum recommandé par Bâle III, un ensemble de mesures convenues au niveau international et conçues par le Comité de Bâle sur le contrôle bancaire en réponse à la crise financière de 2007-2009. Même le ratio moyen d’adéquation des fonds propres pour l’Afrique de l’Ouest, le plus faible des cinq sous-régions, est supérieur à ce seuil. La rentabilité reste également solide, avec un rendement moyen des fonds propres de 16,2 %. La qualité des actifs est cependant préoccupante. Le ratio des PNP par rapport au total des actifs est en moyenne de 12 % sur le continent et atteint 24 % en Afrique centrale ; même en Afrique australe, environ 8 % des prêts sont classés comme non productifs. De surcroît, ces ratios de PNP sous-estiment peut-être l’ampleur des problèmes de qualité des actifs dès lors que les moratoires obligatoires et autres mesures de tolérance réglementaire étaient encore en place dans de nombreux pays au moment où ces données ont été publiées. Les données de l’Enquête 2021 de la BEI sur le secteur bancaire en Afrique (figures 20 et 21) indiquent que la majorité des banques ayant répondu avaient un ratio de PNP d’au moins 5 %, la part de ces PNP dans le portefeuille de PME atteignant au moins 10 % pour un tiers des banques environ. En outre, la moitié des banques avaient au moins 5 % de leur portefeuille de PME sous moratoire, et 40 % avaient au moins 5 % de leurs prêts aux PME soumis à une forme ou une autre de restructuration. Le tableau est le même en ce qui concerne les prêts aux grandes entreprises. Si la reprise économique est faible, il est fort probable que certains des prêts faisant l’objet d’un moratoire ou d’une restructuration finiront par être en défaut, entraînant une nouvelle détérioration des PNP. L’adéquation des fonds propres et la rentabilité pourraient s’en ressentir à l’avenir, étant donné qu’une partie de ces prêts sont annulés. À son tour, la croissance future du crédit pourrait être affaiblie par ces actifs non productifs, qui entravent la croissance du bilan des banques sur le continent. L’ampleur de la détérioration potentielle dépendra de la rapidité de la reprise économique.

Figure 20 : Prêts problématiques aux PME (% des banques interrogées)


Source : Enquête 2021 de la BEI sur le secteur bancaire en Afrique.

Figure 21 : Prêts problématiques aux grandes entreprises (% des banques interrogées)


Figure 22 : Prévisions des banques pour les 12 prochains mois (% de répondants)


Source : Enquête 2021 de la BEI sur le secteur bancaire en Afrique.

Pour l’avenir, 80 % des banques interrogées en Afrique subsaharienne prévoient d’étendre leurs activités au cours des 12 prochains mois (figure 22). Cette expansion devrait entraîner une augmentation des financements qui sera plus prononcée en monnaie locale (90 % des banques interrogées) qu’en devises étrangères (75 %). Les banques d’Afrique australe se montrent un peu moins ambitieuses, 70 % des répondants s’attendant à une expansion de leurs activités, tandis qu’en Afrique centrale, toutes les banques interrogées (le nombre le plus faible du continent) prévoient de s’étendre.

Figure 23 : Évolution attendue de la demande de crédit (% de répondants)


Source : Enquête 2021 de la BEI sur le secteur bancaire en Afrique.

La demande de crédit, notamment de la part des PME, devrait également augmenter, mais les banques resteront relativement prudentes dans toutes les sous-régions d’Afrique subsaharienne (figure 23). Les banques s’attendent à une augmentation de la demande de prêts de la part des grandes entreprises et des PME, tant en devises qu’en monnaie locale. Toutefois, il est peu probable que les normes de crédit permettent de satisfaire pleinement cette augmentation de la demande. Seulement 31 % environ des banques ayant répondu prévoient d’assouplir leurs normes de crédit en 2021, alors que plus de 60 % les ont durcies en 2020 et que moins de 20 % ont déclaré les avoir assouplies (figure 24). Un nouveau durcissement au cours de l’année 2021 est envisagé par 31 % des banques ayant répondu. Dans l’ensemble, bien que les banques expriment certains espoirs concernant l’activité de prêt en 2021, il semble qu’elles prévoient aussi d’opter pour une approche prudente, au point que les répercussions de la crise du coronavirus pourraient être relativement persistantes.

Figure 24 : Évolution des normes de crédit en 2020 et changement attendu en 2021 (% de répondants)


Source : Enquête 2021 de la BEI sur le secteur bancaire en Afrique.

Instantanés sous-régionaux
Le secteur bancaire en Afrique du Nord

Le secteur bancaire de l’Afrique du Nord est l’un des plus développés du continent, les banques offrant une large gamme de produits financiers tant au niveau national qu’entre les marchés africains. Les principaux indicateurs sont présentés dans le tableau 4 de l’annexe. Les secteurs bancaires égyptien, marocain et algérien sont modérément concentrés, avec 62 à 67 % des actifs détenus par les trois plus grandes banques. Les banques d’État jouent un rôle important sur les marchés égyptien et algérien, où elles représentent respectivement environ 50 % et 80 % du total des actifs. Le Maroc, en revanche, possède l’un des systèmes financiers les plus développés d’Afrique, et la part des banques publiques dans le total des actifs est tombée à environ 18 %, alors qu’elle était de 40 % en 2002. Plusieurs grandes banques marocaines se sont développées à l’international, notamment dans quelque 35 pays d’Afrique. Les encours internationaux représentent environ 20 % des actifs des banques marocaines. Le secteur bancaire tunisien est plus fragmenté et la participation de l’État est importante : les trois plus grandes banques, toutes contrôlées par l’État, détiennent 35 % des actifs.

L’offre de crédit au secteur privé est supérieure à la moyenne de l’Afrique subsaharienne, mais varie dans la sous-région (figure 25). Le crédit au secteur privé rapporté au PIB est particulièrement faible en Égypte et en Algérie par rapport aux autres pays à revenu intermédiaire. En Égypte, le total des actifs représente environ 85 % du PIB, mais le crédit au secteur privé n’est que de 24 %, conséquence de l’effet d’éviction par la dette souveraine, un problème qui se renforcera probablement dans le sillage de la crise. En Tunisie et au Maroc, en revanche, le crédit intérieur représente plus de 60 % du PIB, excédant largement la moyenne des pays à revenu intermédiaire. D’après les données d’Orbis Bank Focus, l’Égypte a affiché la plus forte expansion du crédit en Afrique du Nord en 2020, à 25 %, en partie grâce à l’assouplissement monétaire décidé par la banque centrale en réponse à la pandémie[39]. La croissance du crédit dans les autres pays d’Afrique du Nord a été plus modérée, de 3 à 7 %.

Les indicateurs de solidité financière ont bien résisté (figure 26), mais les effets de la pandémie ne se sont peut-être pas encore pleinement concrétisés. Avant la crise, l’adéquation des fonds propres se situait confortablement au-dessus des valeurs minimales recommandées dans les quatre pays de la sous-région. Les données récentes indiquent que l’adéquation des fonds propres et la liquidité se sont largement maintenues, bénéficiant des politiques de soutien des banques centrales. Par exemple, selon les données de la Banque centrale d’Égypte, le capital total représentait 17 % des actifs pondérés en fonction des risques au premier trimestre 2021. La rentabilité ne suscitait pas non plus d’inquiétude avant la crise, avec un rendement des fonds propres allant de 9 % au Maroc à 22 % en Algérie. Selon les données du FMI, la rentabilité des banques au Maroc a été mise sous pression en 2020, car les coûts de provisionnement ont augmenté en prévision d’une hausse des pertes de crédit et d’une baisse des volumes de transactions. En Égypte, le rendement des fonds propres est passé de 23 % en 2019 à 15 % au premier trimestre 2021. Pour les autres pays, les données 2020 ne sont pas encore disponibles concernant cet indicateur. La qualité des actifs semble être restée relativement bonne en Égypte, avec un ratio de PNP de 4 % seulement. En Algérie, cependant, 13 % des prêts bruts n’étaient pas productifs, même avant la crise, et les PNP atteignaient des niveaux tout aussi élevés en Tunisie. Au Maroc, les PNP ont augmenté marginalement, passant de 7,5 % en 2019 à 7,9 % à la fin du deuxième trimestre 2020. Une nouvelle augmentation des PNP pourrait se produire dans la sous-région avec le retrait des mesures de soutien. En moyenne, les ratios prêts/dépôts sont supérieurs à ceux d’Afrique subsaharienne, poussés par le ratio élevé de la Tunisie (137 %) et celui, modéré, du Maroc (70 %). Le faible ratio de l’Égypte (53 %) reflète le lien étroit entre la dette souveraine et le système bancaire, qui constitue une vulnérabilité essentielle pour les banques égyptiennes.

Les banques centrales d’Afrique du Nord ont réagi à la crise du coronavirus par un large éventail de mesures stratégiques, notamment des taux directeurs plus bas, l’assouplissement des exigences prudentielles et un certain appui direct à l’activité de prêt. L’Égypte a réagi à la pandémie en abaissant fortement son taux directeur, qui est toutefois resté relativement élevé[40]. En outre, la banque centrale a imposé un report de six mois des remboursements, tandis que la croissance du crédit a bénéficié de subventions sur les prêts destinés aux secteurs du tourisme, de l’industrie, de la construction et de l’agriculture. Au Maroc, la Bank Al-Maghrib a abaissé son taux directeur à un niveau très bas[41] et a répondu à la demande croissante de liquidités par plusieurs mesures : élargissement de la gamme des sûretés admissibles pour les pensions et les garanties de crédit ; augmentation et allongement des opérations de refinancement à l’appui du crédit bancaire aux PME ; fourniture de swaps de devises aux banques nationales ; et assouplissement des exigences en matière de fonds propres réglementaires et de réserves. Ces mesures étaient complétées par un mécanisme de financement permettant des prêts aux PME à des taux d’intérêt subventionnés. Les perturbations économiques causées par la pandémie de COVID-19 et la volatilité des prix des hydrocarbures au fil des ans ont mis sous pression les liquidités des banques de la sous-région. La Banque d’Algérie a réagi en réduisant fortement les réserves obligatoires, en abaissant le taux directeur et en assouplissant les exigences prudentielles liées aux ratios de solvabilité, de liquidité et de PNP[42]. De son côté, la Banque centrale de Tunisie a combiné des réductions du taux directeur[43] avec des moratoires sur les prêts pour amortir les répercussions économiques de la pandémie. En outre, la date limite de distribution des dividendes pour les banques a été prorogée, et les banques ne respectant pas le ratio prêts/dépôts maximum se sont vu accorder plus de temps pour l’atteindre[44].

Parallèlement, l’Égypte a poursuivi sa mise en conformité avec les normes internationales en introduisant une nouvelle loi bancaire. La nouvelle loi prévoit une augmentation significative du capital minimum requis, ce qui entraînera probablement une nouvelle consolidation du secteur. Elle renforce aussi la surveillance réglementaire et crée un comité de stabilité financière.

Figure 25 : Crédit en % du PIB et croissance annuelle du crédit, Afrique du Nord


Sources : FMI[45], Banque mondiale[46] et BankFocus[47].

Figure 26 : Indicateurs de solvabilité, de rentabilité et de qualité des actifs, Afrique du Nord


Selon les données recueillies, les entreprises sont confrontées à d’importantes difficultés d’accès au financement en Afrique du Nord : une grande partie des entreprises ayant besoin d’un prêt ne peuvent pas l’obtenir. En collaboration avec la BERD et la Banque mondiale, la BEI a récemment mené des enquêtes auprès des entreprises dans 41 pays d’Europe, d’Asie, du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord. Ces enquêtes ont permis de recueillir des données auprès d’échantillons représentatifs du secteur privé formel de chaque économie. En Afrique du Nord, elles portaient sur l’Égypte, le Maroc et la Tunisie. La figure 27 montre la prévalence des entraves au crédit dans la sous-région. Selon l’enquête, 80 % des entreprises égyptiennes qui ont besoin d’un prêt sont confrontées à des restrictions de crédit – que ce soit parce que leur demande est refusée ou parce qu’elles n’essaient même pas d’introduire une demande –, ce qui dépasse largement la moyenne des pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure (59 %). La part des entreprises confrontées à des restrictions de crédit au Maroc (50 %) et en Tunisie (53 %) se situe au-dessous de la moyenne des pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure, mais reste néanmoins significative. La grande majorité d’entre elles sont découragées : très peu ont effectivement demandé des prêts qui leur ont été refusés. Une comparaison avec le cycle d’enquête précédent, réalisé en 2013, indique que la part des entreprises confrontées à des restrictions de crédit a augmenté dans toute la sous-région, principalement au Maroc, puis en Tunisie.

Les exigences strictes en matière de garanties, les procédures complexes et les taux d’intérêt élevés sont les principaux facteurs qui découragent les entreprises nord-africaines de demander un prêt. Comme le montre la figure 28, l’importance relative de ces facteurs diffère selon les pays. Les entreprises égyptiennes citent le plus souvent les exigences en matière de garanties ; les entreprises marocaines ont tendance à être rebutées par la complexité des procédures ; et les entreprises tunisiennes invoquent fréquemment les taux d’intérêt élevés.

Les entreprises marocaines ont été sévèrement touchées par les confinements, qui ont eu des répercussions négatives sur les flux de trésorerie et les liquidités. Une enquête de suivi « COVID-19 » a été menée au Maroc. Les données font apparaître que 78 % des entreprises marocaines ont dû fermer au moins une fois pendant la pandémie. Les mesures de confinement ont aussi eu une incidence sur les positions de liquidité des entreprises, 72 % d’entre elles faisant état d’une baisse des liquidités et des flux de trésorerie. Le manque de liquidités a conduit les entreprises à rechercher des capitaux frais : 63 % de celles qui connaissent une baisse des flux de trésorerie ont eu recours aux financements en fonds propres. Cela confirme un besoin de capacité d’absorption des pertes.

Figure 27 : Entreprises confrontées à des restrictions de crédit en Afrique du Nord


Figure 28 : Facteurs dissuadant les entreprises à demander un prêt


Source : enquêtes sur les entreprises menées par la Banque mondiale, la BEI et la BERD.

Le secteur bancaire en Afrique de l’Ouest

Grâce au nombre relativement important de banques commerciales sur ses principaux marchés, l’Afrique de l’Ouest possède le deuxième secteur bancaire le plus concurrentiel parmi les sous-régions d’Afrique (voir le tableau 5 pour les principaux indicateurs des secteurs bancaires en Afrique de l’Ouest). Elle compte un total de 230 banques. Le Nigeria, le Sénégal, la Côte d’Ivoire et le Ghana sont des marchés de taille importante avec un nombre relativement élevé de banques commerciales, même après la récente consolidation du secteur bancaire au Ghana. Les petites économies, quant à elles, sont plus concentrées. Le système bancaire de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) est de taille comparable à celui de ses homologues d’Afrique subsaharienne. En 2019, il comptait 4,5 agences pour 100 000 adultes (contre 4,7 en Afrique subsaharienne) et 148 banques dont le capital total représentait 2,4 % du PIB. En moyenne, la concentration bancaire de l’UEMOA, exprimée par la moyenne pondérée de la part des actifs détenus par les trois plus grandes banques, atteignait 52 %, les niveaux les plus élevés étant observés en Guinée-Bissau et au Togo. Toujours en 2019, les participations étrangères s’élevaient à 61 %, tandis que la part de l’État dans le capital des banques représentait 15 % du capital total.

Dans l’ensemble, la profondeur financière reste faible dans la sous-région. À l’exception du Cabo Verde, le crédit au secteur privé y est inférieur à la moyenne de 42 % du PIB pour l’Afrique subsaharienne, la Sierra Leone se situant dans les quatre derniers rangs mondiaux. Les grands pays de l’UEMOA ont des marchés du crédit relativement développés, mais, dans les économies plus petites, le crédit représente un faible pourcentage du PIB (figure 29). Le Nigeria et le Ghana affichent également une faible part de crédit au secteur privé par rapport au PIB, qui s’explique en partie : par la tendance des banques à investir dans des titres souverains à haut rendement, plutôt que de prêter au secteur privé ; par la taille importante des économies pétrolières ; et par les niveaux élevés d’informalité dans l’économie, alors que le crédit est difficilement accessible aux entreprises informelles. La rareté des financements à la disposition des entreprises du secteur privé est perceptible dans les données recueillies au niveau des entreprises (voir la figure 9 et la question de l’accès des PME au financement examinée ci-dessus). Avant la crise, les autorités ghanéennes et nigérianes cherchaient à stimuler les prêts au secteur privé : par exemple, la Banque centrale du Nigeria imposait un ratio minimum de prêts/dépôts.

La pandémie de COVID-19 a fait obstacle à la croissance du crédit au secteur privé dans la plupart des pays d’Afrique de l’Ouest. Au Ghana et au Nigeria, la croissance positive du crédit observée en 2019 a été freinée[48]. Le ralentissement de l’activité de prêt au Ghana a fait chuter le ratio prêts/dépôts, qui est passé de plus de 56 % en janvier 2020 à 48 % à la fin de l’année 2020[49]. Au Liberia, les prêts accordés par les banques commerciales se sont contractés de 13,4 % en 2020[50]. Les données relatives aux autres pays d’Afrique de l’Ouest ne sont pas encore disponibles, mais il est probable qu’elles fassent apparaître une évolution similaire. La plus grande part du crédit dans l’UEMOA à la mi-2020 visait le commerce, les restaurants et les hôtels (26,7 % du crédit total), suivis des autres services (18,6 %) et de l’industrie manufacturière (14,1 %). La crise du coronavirus a frappé durement ces secteurs, provoquant un tassement des prêts dans la sous-région à 84,7 % des dépôts en moyenne à la mi-2020, contre 90,2 % en 2019 et 92,2 % en 2018.

Figure 29 : Crédit en % du PIB et croissance annuelle du crédit, Afrique de l’Ouest


Sources : Banque mondiale[51] et BankFocus[52].

Les secteurs bancaires des grands pays d’Afrique de l’Ouest semblent bien placés pour résister au choc économique déclenché par la pandémie de COVID-19, mais des risques peuvent apparaître avec l’abandon des mesures de soutien (figure 30). Au Nigeria, les indicateurs de solidité financière semblent sains, mais l’agence de notation Fitch estime que les banques ont placé environ 40 % des prêts sous moratoire (principal et intérêts), en application des politiques de tolérance réglementaire introduites par la banque centrale pour soutenir les secteurs touchés par la pandémie (Fitch Ratings, 2021a)[53]. Les banques ne sont pas autorisées à classer les prêts sous moratoire comme présentant un risque plus élevé et ne sont pas tenues de constituer des provisions pour ces prêts. Aucune information n’est disponible concernant la situation actuelle des emprunteurs concernés, mais la reprise économique devrait être lente, de sorte qu’on pourrait s’attendre à ce qu’une proportion importante d’entre eux se retrouvent en défaut de paiement une fois les moratoires levés en mars 2022. Fitch prévoit que les PNP atteindront 11 % au Nigeria d’ici la fin 2021 (Fitch Ratings, 2021a), contre environ 6 % en 2019 (figure 30). Le système bancaire ghanéen est bien capitalisé après un assainissement sectoriel en 2015-2019, et l’adéquation des fonds propres a augmenté au cours de l’année 2020 du fait du ralentissement des prêts au secteur privé. Au Ghana, la proportion de PNP était déjà élevée au début de la crise (14 % en février 2020) en raison de problèmes hérités du passé, notamment concernant les prêts aux entreprises publiques. Elle a atteint 15 % du total des prêts à la fin de l’année 2020 (données de la Banque du Ghana, 2020), puis 15,5 % en mars 2021 (Fitch Ratings, 2021b). Les sous-secteurs de l’électricité, du gaz et de l’eau ont continué d’alimenter l’accumulation de PNP au début de l’année 2021, ce qui signifie que ces problèmes hérités du passé restent d’actualité. Toutefois, la part des prêts sous moratoire est plus faible que dans d’autres pays d’Afrique subsaharienne, représentant environ 10 % du portefeuille total de prêts, selon une déclaration de la Banque du Ghana en mai 2021. L’exposition des banques ghanéennes et nigérianes au risque souverain est forte et pourrait devenir préoccupante si la situation économique se dégrade par rapport aux hypothèses de base du FMI. La qualité des actifs s’est détériorée dans des économies plus fragiles comme la Gambie, le Liberia et la Sierra Leone, à cause des perturbations des activités économiques liées à la pandémie. Les banques de ces pays restent bien capitalisées, avec des ratios d’adéquation des fonds propres supérieurs à 30 %, mais la part des PNP dans le total des prêts a augmenté de 3 % en moyenne de 2019 à 2020. Au Liberia, près d’un quart des prêts étaient non productifs en septembre 2020, en raison de l’arrêt des secteurs du tourisme et des services. La recommandation émise par la Banque centrale de Gambie de limiter les paiements de dividendes pendant la pandémie a peut-être contribué à préserver les volants de fonds propres.

Dans la sous-région de l’UEMOA, le secteur bancaire a fait preuve de résilience, mais les données prudentielles disponibles doivent être interprétées avec précaution (figure 30). Le secteur reste suffisamment capitalisé avec un ratio d’adéquation des fonds propres de 12,1 % des actifs pondérés en fonction des risques à la mi-2020, contre 11,5 % en 2019 et 10,5 % en 2018. En 2019, le rendement moyen des fonds propres après impôt était solide, à 15,3 % (contre 14,6 % en 2018), mais la rentabilité devrait avoir diminué en 2020, avec l’augmentation du taux de provisionnement par rapport à 2019. D’après les données de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest, la qualité du portefeuille de prêts n’a pas diminué entre la fin de l’année 2019 et le milieu de l’année 2020, les PNP représentant 11,4 % du total des prêts. Néanmoins, les effets de la crise ne peuvent pas encore être quantifiés de manière fiable. Le FMI s’attend à une augmentation des PNP après que la situation économique se sera stabilisée et que les mesures d’aide exceptionnelles prises par la banque centrale auront été progressivement abandonnées. Selon ses calculs, les besoins de recapitalisation des banques de l’UEMOA (pour respecter le ratio de fonds propres réglementaires et satisfaire aux exigences de provisionnement) passeront de l’équivalent de 1,4 % du PIB avant la crise à 1,9 % du PIB[54]. Les taux de PNP sont particulièrement élevés en Guinée-Bissau, au Bénin et au Togo, à cause des fonds propres négatifs d’une banque présentant une importance systémique (Guinée-Bissau) et des conséquences de la fermeture de la frontière avec le Nigeria sur le portefeuille de prêts liés au commerce international (Togo et Bénin). Il s’ensuit que les besoins de capitaux supplémentaires les plus élevés sont ceux des banques du Togo, estimés à 6,5 % du PIB, tandis que les banques de Guinée-Bissau requièrent des injections à hauteur de 4,7 % du PIB. La couverture du provisionnement est passée à 67,1 % des PNP à la mi-2020, contre 63,3 % en 2019 et 65,3 % en 2018, en prévision de nouveaux PNP imputables à la pandémie.

Les banques centrales ouest-africaines ont mis en oeuvre un certain nombre de mesures pour aider les banques et les emprunteurs pendant la crise. Par exemple, en mars 2020, la Banque centrale des États d’Afrique de l’Ouest a adopté une stratégie d’injection de liquidités à un taux fixe de 2,5 % (le taux directeur minimal de la politique monétaire) en servant la totalité des soumissions et a étendu la liste des garanties acceptées dans les opérations de refinancement de la banque centrale. Elle a aussi approuvé des moratoires renouvelables d’une durée maximale de trois mois sur le service de la dette arrivant à échéance, sans qu’il soit nécessaire de classer ces prêts restructurés comme non productifs, et a mis en place un guichet spécial de refinancement de trois mois, tout en prolongeant d’un an la transition vers les exigences prudentielles de Bâle II/III. Il s’ensuit que le ratio d’adéquation des fonds propres réglementaires restera inchangé à 9,5 %, avant de passer progressivement à 11,5 % en 2023. Ailleurs dans la sous-région, les banques centrales ont réduit les taux directeurs, imposé des moratoires ou encouragé les banques à en proposer, et procédé à d’autres ajustements des exigences prudentielles pour aider les banques à traverser la période de crise.

Figure 30 : Indicateurs de solvabilité, de rentabilité et de qualité des actifs, Afrique de l’Ouest, données les plus récentes


Sources : FMI[55], Banque mondiale[56] et BankFocus[57], à l’exception du Ghana (PNP, rendement des fonds propres et ratio capital/actifs pondérés en fonction des risques tirés des indicateurs mensuels de solidité financière (décembre 2020) disponibles sur le site web de la Banque du Ghana) etdu Nigeria (PNP et ratio capital/actifs pondérés en fonction des risques remplacés par les valeurs de décembre 2020 de la Banque centrale du Nigeria, 2021).

Pour l’avenir, sur les 30 banques ouest-africaines qui ont répondu à l’Enquête 2021 de la BEI sur le secteur bancaire en Afrique, 80 % prévoient d’étendre leurs activités au cours des 12 prochains mois (figure 31). Cette expansion devrait entraîner une augmentation des financements, bien que celle-ci soit plus prononcée en monnaie locale (87 % des répondants prévoyant ou envisageant une augmentation) qu’en devises étrangères (57 % prévoyant ou envisageant une augmentation). L’incertitude concernant les financements en devises étrangères qui règne parmi les banques d’Afrique de l’Ouest reflète la situation au Nigeria, où la disponibilité des devises restait limitée au début de 2021, au moment de l’enquête, ainsi que les efforts de « dédollarisation » du Liberia et la baisse plus générale des activités d’importation et d’exportation imputable aux perturbations liées à la pandémie.

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