Kitabı oku: «La Fille Aux Arcs-En-Ciel Interdits», sayfa 5

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“Vous avez bien dormi cette nuit, Mélisande?”

La question me pris de surprise. Le ton était léger, mais il sous entendit une pressante urgence qui me poussa à la sincérité.

“Pas beaucoup”.

“Pas de rêves?” Sa voix était légère et limpide comme l’eau du torrent calme, et je me fis transporter par ce courant rafraichissant.

“Non, cette nuit non”.

“Voulais-tu rêver?”

“Oui” répondis-je avec élan. Notre dialogue était surréel, et pourtant j’étais prête à le poursuivre à l’infini.

“Peut-être que tu rêveras encore. Le silence de cet endroit est l’idéal pour bercer les rêves” dit-il glacial. Il retourna à l’ordinateur, déjà oublieux de moi.

Fantastique, je me suis dit humiliée. Il m’avait jeté un os comme on fait avec un chien, et j’avais été si idiote à le prendre comme si j’étais en train de mourir de faim. Et affamée je l’étais vraiment. De nos regards, de notre intense complicité, de ses sourires inattendus.

Je courbai les épaules, et je repris à travailler. Dans ce moment je pensai à Monique. Voici une femme experte à donner les vertiges aux hommes, à les séduire dans des tissus des mensonges et de rêve. A conquérir leur attention avec une grande habilité. Une fois je lui avais demandé comme elle avait appris l’art de la séduction. D’abord elle avait répondu. “on ne l’apprend pas, Mélisande. Ou tu la possède de toujours, ou tu dois seulement la rêver ”. Donc elle s’était tournée vers moi, et son expression s’était adoucie. “Quand tu auras mon âge, tu sauras quoi faire, tu verras”.

Maintenant je l’avais cet âge, et j’étais mise pire qu’avant. Mes connaissances masculines avaient été toujours sporadiques et de courte durée. Tous les hommes me refilaient la même séquelle de questions: Comment t’appelles-tu? Que fais-tu dans la vie? Quelle voiture tu conduis? A la nouvelle que j’étais sans permis de conduire ils me regardaient comme une bête curieuse, comme si j’avais été contagiée par une terrible maladie. Et moi je ne partageais pas du tout les confidences.

Je passai la main sur la couverture reliée d’un livre. C’était une édition luxueuse, en cuivre marocain, d’Orgueil et Préjugés, de Jane Austen.

“Je parie que c’est ton préféré”.

Je soulevai brusquement la tête. Mc Laine m’étudia de sous les paupières entrouvertes, un scintillement dans ce manteau noir.

“Non” répondis-je, en mettant le livre sur l’étagère. “Je l’aime, toutefois il n’est pas mon préféré”.

“Alors il sera Les Hauts de Hurlevent”. Il me donna un sourire à couper le souffle, inattendu.

Mon cœur fit un bond, et de justesse il ne précipita dans le néant. “Néanmoins” répondis-je, en remarquant avec plaisir la fermeté de ma voix.

“Il ne finit pas exactement très bien. Comme je t’ai déjà dit, j’ai un penchant marqué pour l’heureux dénouement ”.

Il tourna le fauteuil roulant, et il se porta à quelques pas de moi, l’expression absorbée. “Persuasion, toujours de la Austen. Il finit très bien, tu ne peux pas le nier ”. Il ne cherchait néanmoins à cacher combien il était en train de s’amuser, et moi aussi je m’étais passionnée à ce jeu.

“Il est beau, je l’admis, tu es encore loin. C’est un livre centré sur l’attente, et je ne suis pas bonne à attendre. Trop impatiente. Je finirai pour me résigner, ou à changer désir”.

Maintenant ma voix était frivole. Sans m’en rendre compte j’étais en train de flirter avec lui.

“Jane Eyre”.

Il ne s’attendait pas mon rire, et il resta à me regarder, interdit.

Ils passèrent plusieurs minutes avant que je pusse lui répondre. “A la bonne heure! Je pensais que vous faudrait des siècles...”

Une ébauche de sourire faisait sa route dans son froncement de sourcils. “Je devais le comprendre tout de suite, en effet. Une héroïne avec une histoire triste et solitaire derrière elle, un homme du passé souffert, une fin heureuse après beaucoup de malheurs. Romantique. Passionné. Réaliste”. Maintenant même ses lèvres souriaient, à l’instar de ses yeux. “Mélisande Bruno, est tu consciente que tu pourrais tomber amoureuse de moi de même que Jane Eyre du Monsieur Rochester que comme par hasard c’est son employeur?”

“Vous n’êtes pas Monsieur Rochester” dis-je tranquille.

“Je suis autant lunatique que lui” objecta avec un soupçon de sourire que je ne pus m’empêcher de retourner.

“Je suis d’accord. Toutefois je ne suis pas Jane Eyre”.

“C’est vrai aussi. Elle était terne, moche, insignifiante” dit-il, en parlant d’une voix traînante. “Personne sain d’esprit, et d’yeux, pourrait dire cela de toi. Tes cheveux rouges pourraient être remarqués même à milles de distance ”.

“On ne dirait pas que c’est un compliment...” dis-je en plaisantant pleurnichards.

“Ceux qui se font remarquer, par un moyen ou un autre, ne sont jamais laids, Mélisande” répondit-il doucement.

“Donc merci”.

Il grimaça. “De qui tiens-toi ces cheveux, Mademoiselle Bruno? De tes parents d’origine italienne?”

La mention à ma famille contribua à assombrir le bonheur de ce moment. Je détournai le regard, et je repris à ranger les livres sur les étagères.

“Ma grand-mère était rouge, à ce qu’on dit. Mes parents non, et néanmoins ma sœur”.

Il approcha le fauteuil roulant à mes jambes, tendues dans l’effort de ranger les livres. A celle distance infinitésimale je pouvais apercevoir son parfum délicat. Un mélange mystérieux et séduisant de fleurs et épices.

“Et qu’est-ce qu’il fait une gracieuse secrétaire aux cheveux rouges et les ancêtres italiens dans un village écossais perdu?”

“Mon père émigra pour maintenir sa femme et sa fille. Je suis né eau Belgique”. Je cherchai une façon pour changer discours, mais il était difficile. Son voisinage confondait mes pensées, en les embrouillant dans un écheveau difficile à démêler.

“De la Belgique à Londres, et ensuite à l’Ecosse. A seuls vingt-deux ans. Admettras-tu qu’il est pour le moins curieux”.

“Envie de connaitre le monde” répondis-je réticente.

Je jetais un œil vers lui. Son foncement de sourcils rude était disparu comme neige au sol, remplacé par une saine curiosité. Il n’était possible du tout de le distraire. A l’externe la tempête faisait rage, avec toute sa violente intensité. Une bataille pareille était en train de se dérouler dans moi. Communiquer avec lui était naturel, spontané, libératoire, toutefois je ne pouvais, je ne devais, parler à bride abattue, ou je m’en serai regrettée.

“Envie de connaitre le monde pour aboutir à ce coin du monde éloigné?” Son ton était ouvertement sceptique. “Tu n’as pas besoin de me mentir, Mélisande Bruno. Je ne te juge pas, en dépit des apparences”.

Quelque chose se brisa dans moi, en libérant des souvenirs que je croyais être oubliés pour toujours. J’avais eu confiance en quelqu’un, et c’était mal fini, ma vie presque détruite. Seulement le destin avait empêché une tragédie. La mienne.

“Je ne suis pas en train de mentir. Même dans cet endroit on peut connaitre le monde” dis-je en souriant. “Je n’avais jamais été aux Highlands, intéressant. Et puis je suis jeune, je peux encore voyager, voir, découvrir de nouveaux lieux”.

“Et donc tu proposes de partir”. Sa voix était rauque maintenant.

Je me tournai vers lui. Une ombre lui était descendue sur le visage. Il y avait quelque chose de désespéré, de furieux, de rapace en lui dans ce moment.

Je le regardai seulement en proie de mes mots.

Il tourna rapidement le fauteuil roulant, dirigé vers son bureau. “Ne pas te préoccuper. Si tu continues à être si indolente je te chasserai moi-même, et ainsi tu pourras reprendre ton voyage au tour du monde”.

Ses mots brusques étaient presque un seau d’eau glacée catapulté sur moi. Il s’arrêta devant la fenêtre, ancré au fauteuil roulant avec les deux mains, les épaules rigides.

“Vous aviez raison. La tempête est déjà finie. On ne peut pas de toute façon éviter Mc Intosh aujourd’hui. Il semble que je ne fasse d’autre que mal agir”.

“Toh, regarde, un arc-en-ciel”. Il m’appela, sans se tourner. “Venez à voir, Mademoiselle Bruno. Spectacle fascinant, ne trouvez pas? Je doute que vous n’avez déjà vu un pareil”.

“Au contraire je l’ai vu” répondis-je, sans me déplacer. L’arc-en-ciel était le symbole cruel de ce qui m’était éternellement nié. La perception des couleurs, leur merveille, leur archaïque mystère.

Ma voix était fragile comme une plaque de glace, mes épaules plus rigides que les siennes.

Il avait mis des briques dans le mur entre nous, haut et infranchissable. Une défense inviolable.

Ou peut-être c’était moi à l’avoir fait d’abord.

Chapitre sixième

“Voulez-vous dîner avec moi, Mélisande Bruno?”

Je lui regardai les yeux écarquillés, persuadée de n’avoir pas bien compris. Il m’avait ignorée pendant des heures, et les rares fois où il s’était donné la peine de m’adresser la parole, il avait été antipathique et glacial.

Au début j’ai pensé de refuser, choquée par son attitude enfantine et changeante, donc la curiosité eut le dessus. Ou peut-être il fut l’espoir de revoir son sourire, celui de travers, hospitalière, accueillant. De toute façon, n’importe quelle fusse la raison, ma réponse fut affirmative.

Madame Mc Millian était tellement choquée par la nouveauté à se taire pendant tout le temps dans lequel elle servit le diner, en suscitant notre amusement mutuel.

Mc Laine s’était relaxé, et il n’avait plus l’expression rigide que j’avais si bien appris à craindre.

Notre silence était complice et il se brisa seulement quand la gouvernante nous laissa seuls.

“Nous avons réussi à abasourdir la chère Millicent... Je crois que nous finirons dans les records ” observa-t-il avec un rire qui me toucha le centre du cœur.

“Sans faute” convins-je. “C’est une entreprise vraiment titanique. Je doutais de voir ce jour”.

“Je suis d’accord”. Il me fit un clin d’œil, et il prit une brochette.

Le diner improvisé était informel mais délicieux, et sa compagnie était la seule que je pouvais désirer. Je me suis promis de ne faire rien pour gâcher cet atmosphère idyllique, donc je me souvenais que c’était seulement partiellement ma responsabilité. Mon compagnon avait déjà démontré dans plusieurs occasions de se mettre en colère facilement, et sans un motif apparent.

Maintenant il était en train de sourire, et j’éprouvais un coup au cœur à la pensée de ne pas connaitre la couleur exacte de ses yeux et cheveux.

“Alors, Mélisande Bruno, tu aimes Midgnight Rose?”

C’est toi que j’aime, surtout quand tu es si désinvolte et en paix avec le monde.

A haute voix je dis: “Qui ne l’aimerait pas? C’est un petit coin de paradis, loin de la frénésie, du stress, de la folie de la routine”.

Il s’arrêta de manger, comme s’il se nourrissait de ma voix. Et moi aussi je commençai à mâcher plus lentement, pour ne pas briser ce sort, plus fragile que le cristal, plus volatile qu’une feuille d’automne.

“Pour ceux qui viennent de Londres, il devrait être comme ça” admit-il. “As-tu beaucoup voyagé?”

Je me portai le verre de vin à la bouche, avant de répondre. “Moins de ce que j’aurais voulu. Toutefois j’ai compris une chose. Que le monde se découvre dans les coins, dans les plis, dans les sillons, et non pas dans les grands centres”.

“Ta sagesse n’a-t-elle d’égales que ta beauté” dit-il au ton sérieux. “Et qu’est-ce que tu es en train de découvrir dans cet agréable village écossais?”

“Je n’ai pas encore vu le village” je lui rappelai, sans rancœur. “Mais Midnight Rose est une place intéressante. Dans ce lieu il me semble que le monde puisse s’arrêter, et je ne sens pas la manque du futur ”.

En réponse il hocha la tête. “Tu as aperçu l’essence la plus intime de cette maison dans si peu de temps... je n’ai pas encore réussi...”

Je ne répondis pas, la peur de gâcher celle intimité reconquise me freina la langue.

Il m’étudia attentivement, comme d’habitude, comme si j’étais le contenu d’une lame et lui un microscope. La question successive fut méditée, explosive, présage d’un désastre incombent.

“As-tu famille, Mélisande Bruno? Quelques-uns de tes parents est encore vivant?”

Il ne me semblait pas une question vaine, faite seulement pour faire. Il y avait un intérêt brulant et authentique.

Je déguisai l’hésitation en buvant encore du vin, et dans le même temps je réfléchissais sur la réponse à donner. Révéler que ma sœur et mon père étaient encore vivant aurait pu être le prélude d’une séquelle d’autres questions insidieuses que je n’étais pas prête à affronter. J’étais réaliste: celle invitation à diner était née seulement parce que celle soir il était ennuyé et il cherchait un exutoire. Moi, la secrétaire encore inconnue servait idéalement au but. Il n’aurait pas été un autre diner. Je choisis de mentir, parce qu’il était plus facile, moins compliqué.

“Je suis seule au monde”. Seulement quand ma voix s’éteint, je me rendis compte qu’il n’était pas exactement un mensonge. Il l’était dans les intentions pas dans les faits.

J’étais seule, malgré ce qui s’était arrivé. Je ne pouvais compter sur personne, excepté moi-même. Cela m’avait fait souffrir si tant à me faire penser que j’aurais perdu la raison, mais je m’étais habituée. Absurde, triste, douloureux, toutefois vrai.

Habituée à ne pas être aimée. Incomprise. Seule.

Il semblait absurdement satisfait de ma réponse, comme si elle avait été la bonne. La bonne pour quoi, je n’aurais pas su le dire.

Il souleva le verre de vin, semi-vidé, pour un toast.

“A quoi?” demandai-je, en l’imitant.

“Que tu puisses rêver encore, Mélisande Bruno. Et que tes rêves s’avèrent”.

Ses yeux me sourirent au-dessus du verre.

Je renonçai à comprendre. Sébastian Mc Laine était une énigme vivante, et son charisme, son magnétisme animal, étaient suffisants comme réponses.

Celle nuit je rêvais pour la deuxième fois. La scène était identique à la fois précédente: moi en chemise de nuit, lui au pied de mon lit en costume sombre, aucune trace du fauteuil roulant.

Il me tendit la main, un sourire à lui plier le coin de la bouche. “Danse avec moi, Mélisande”.

Son ton était délicat, douce, morbide comme soie. Une requête, non pas un ordre. Et ses yeux... Pour la première fois étaient suppliants.

“Je suis en train de rêver?” je pensai de l’avoir seulement pensé, au contraire je l’avais demandé réellement.

“Si seulement tu veux qu’il soit un rêve. Au contraire il est réalité” dit-il catégorique.

“Mais vous marchez...”

“Dans les rêves tout peut arriver” répondit-il, me conduisant dans un valser, comme la première fois.

J’éprouvai un excès de colère. Parce que dans MON rêve les cauchemars des autres étaient effacés, tandis que le mien restait intègre, dans sa perfection virulente? C’était MON rêve, mais il ne se laissait pas apprivoiser, ni assouplir. Son autonomie était bizarre et irritante.

D’un trait j’arrêtai de penser, comme si être dans ses bras fusse plus important que mes drames personnels. Il était impudemment beau, et je me sentais honorée de l’avoir dans mes rêves.

Nous dansâmes pendant longtemps, au rythme d’une musique inexistante, les corps à l’unisson parfait.

“Je pensais de ne te rêver plus” dis-je, en allongeant la main pour lui toucher la joue. C’était lisse, chaude, presque bouillante.

Sa main se souleva pour s’entrelacer à la mienne. “Moi aussi je pensais que tu n’aurais plus rêvé ”.

“Il semble si réel...” dis-je en un souffle. “Toutefois tu es un rêve... Tu es trop douce pour être quelque chose de différent...”

Il éclata dans un rire amusé, et il me serrât plus fort.

“Je te fis mettre en colère?”

Je le regardai, boudeuse. “Il y a des fois où je te donnerai un coup”.

Il ne semblait pas vexé, au contraire il était satisfait. “Je le fais spécialement. J’aime te taquiner”.

“Pourquoi?”

“Il est plus simple de te garder à distance”.

Le son stridule de la pendule envahit le rêve, et provoqua mon mécontent. Parce qu’il était en train de reculer encore une fois. Comme s’il avait été un signal.

“Reste avec moi” je lui suppliai.

“Je ne peux pas”.

“C’est mon rêve. C’est moi à décider” répondis-je aigre.

Il allongea la main, à m’effleurer les cheveux avec une caresse, les doigts plus légères que les plumes.

“Les rêves nous échappent, Mélisande. Ils naissent de nous, mais ils nous n’appartiennent pas complètement. Ils ont leur propre volonté et ils terminent quand ils le décident”.

J’insistais, comme une petite fille. “Je ne l’aime pas”.

Une gravité insolite traversa son visage. “Personne ne l’aime, mais le monde est injuste par antonomase”.

Je cherchai à retenir le rêve, mais mes bras étaient trop faibles, et mon cri fut seulement un souffle. Il disparait vite, comme la première fois. Je me trouvai réveillée, les oreilles étourdies par un bruit sourd. Puis je compris, choquée, qu’ils étaient les coups arythmiques de mon cœur. Lui-même était en train de s’en aller tout seul, comme si rien ne m’appartenait. Je n’avais plus le contrôle sur aucune partie de mon corps.

A me choquer c’était le fait que je n’en avais plus néanmoins sur mon esprit, et mes sentiments.

La lettre arriva ce matin, et il eut l’effet dérompent d’une pierre jetée dans un étang. Elle finit dans un point précis, mais elle a des effets sur les points circonstants, en cercles concentriques et très étendus.

Mon humeur était élevée, et je commençai la journée en chantonnant. Sans doute ça ne me ressemblait pas.

Madame Mc Millian servit le petit déjeuner en silence religieux, occupée à faire semblant de n’être pas curieuse à propos du diner du soir précédent.

Je décidai de ne pas trainer les choses en longueur. Je devais clarifier ses doutes avant qu’elle se créât des fausses certitudes propres, et délétères pour ma réputation, et peut-être même pour celui de Monsieur Mc Laine. Tout espoir sentimental à ses égards était exclusivement le résultat de mes rêves, et je ne devais pas céder à leur magnificence évanescente.

“Madame Mc Millian...”

“Oui, Mademoiselle Bruno?” Elle était en train de beurrer le pain grillé, et elle posa la question sans soulever les yeux.

“Monsieur Mc Laine se sentait seul hier soir, et il m’a demandé de lui faire compagnie. Si je n’étais pas, il l’aurait demandé à vous. Ou à Kyle” dis-je déterminée.

Elle se mit les lunettes sur le nez et hocha la tête. “Mais bien-sûr mademoiselle. Je n’ai jamais pensé du mal. Il est évident qu’il s’agissait d’un épisode isolé ”.

Sa sureté me frappa, bien qu’elle fût raisonnable. Au fond moi aussi je le pensais. Il n’y avait aucune raison d’espérer que l’ambitionné célibataire de la région pouvait tomber amoureux de moi. Il était sur un fauteuil roulant, non pas aveugle. Mon monde en blanc et noir était l’épreuve vivante et constante de ma diversité. Je ne pouvais pas m’autoriser le luxe de l’oublier.

Jamais. Ou il serait même volé en éclats.

Je montai les escaliers comme tous les jours. Je me sentais agitée, en dépit de la tranquillité que j’étalais.

Sébastian Mc Laine souriait déjà quand j’ouvris la porte, et il envoya mon cœur directement au ciel. J’espérai de ne le devoir jamais aller à reprendre.

“Bonjour monsieur” je lui saluai calme.

“Comme tu es formelle, Mélisande” il le dit au ton de reproche, comme si nous avions partagé une intimité plus grande qu’un simple diner.

Mes joues brulèrent, et je fus sûre d’être rougies, même si je n’avais pas l’idée du signifié réel de ce mot. Le rouge était une couleur sombre, identique au noir dans mon monde.

“C’est seulement respect, monsieur” dis-je, en mitigeant mon ton formel avec un sourire.

“Je n’ai fait pas beaucoup pour me le mériter” réfléchit-il. “Au contraire, je t’aurais semblé odieux quelque fois”.

“Non, monsieur” répondis-je, en marchant sur un terrain miné. Le danger de faire éclater sa colère était toujours latente, présent dans tout notre échange verbal, et je ne pouvais pas baisser la garde. Même si mon cœur l’avait déjà fait.

“Ne pas mentir. Je ne le supporte pas” répliqua-t-il, sans perdre son sourire merveilleux.

Je m’assis face de lui, prête à dérouler les tâches pour lesquelles j’étais payée. Sans doute je ne l’étais pas pour tomber amoureuse de lui. C’était hors de question.

Il m’indiqua un paquet de correspondance sur son bureau. “Subdivise la correspondance personnelle de celle de travail, s’il vous plait”.

Détourner mes yeux de siens, pleins d’une douceur nouvelle, fut un effort. Je continuai à les sentir sur moi, chauds et irrésistibles, et je fatiguai à me concentrer.

Une lettre attira mon attention, puisqu’il n’y avait le nom de l’expéditeur et la calligraphie sur l’enveloppe m’était bien connue. Comme s’il n’était pas suffisant, le destinataire n’était pas mon aimé écrivain, mais moi-même.

Je restai paralysée, l’enveloppe entre les doigts, la tête encombre de pensées contrastantes.

“Quelque chose ne marche pas?”

Mon regard se souleva à rencontrer le sien. Il me regardait, et je m’aperçus qu’il ne s’était jamais arrêté de le faire.

“Non, je... ça va tout bien... C’est seulement que...” J’étais perdue dans un dilemme labyrinthique: lui confier ou non de la lettre? Si je m’étais tu, il y avait le danger que plus tard Kyle lui l’aurait dit. C’était lui qui retirait la correspondance et la posait sur le bureau. Ou peut-être qu’il ne s’était pas aperçu qu’une lettre avait un autre destinataire. Je pouvais compter sur cela, et mettre à part la lettre pour la récupérer plus tard? Non, on ne pouvait pas le proposer. Mc Laine était trop analytique, et il ne laissait pas passer grand-chose. Le poids de mon mensonge s’opposa entre nous.

Il tendit la main, en me mettant au pied du mur. Il avait perçu mon indécision, et il prétendait de voir avec ses yeux.

Je lui passai l’enveloppe en soupirant fort.

Ses yeux se détachèrent des miens seulement pendant une seconde, juste le temps de lire le nom sur l’enveloppe, donc ils retournèrent sur les miens. L’hostilité revint en eux, dense comme le brouillard, visqueuse comme le sang, noire comme méfiance.

“Qui t’a écrit, Mélisande Bruno? Un fiancé loin? Un parent? Ah, non, quel stupide. Tu m’as dit qu’ils sont tous morts. Et alors? Un ami peut-être?”

Je saisis la balle au bond, en poursuivant dans le mensonge. “Il sera ma vielle collocatarie. Jessica. Je savais qu’elle m’aurait écrit et je lui avais dit mon adresse” dis-je, surprise de la manière avec laquelle les mots me sortaient de la bouche, naturels dans leur fausseté.

“Lis-la donc. Tu seras anxieuse de le faire. N’hésite pas, Mélisande”. Son ton était mielleux, savouré par une cruauté épouvantable. Dans ce moment je m’aperçus que mon cœur y était encore, en dépit de mes convictions précédentes. Il était gonflé, tombé en syncope, isolé du reste du corps. Comme mon esprit.

“Non... rien ne presse... plus tard, peut-être... Je veux dire... Jessica n’aura pas de grosses nouveautés...” bégayais-je, en évitant son regard glacial.

“J’insiste, Mélisande”.

Pour la première fois dans ma vie je fus consciente de la douceur du poison, de son parfum charmant, de son envoûtement trompeur. Pourquoi sa voix et son sourire ne manifestaient pas sa fureur. Seulement ses yeux le trahiraient.

Je pris l’enveloppe qu’il me tendait avec les pointes des doigts, comme si elle avait été infectée.

Il attendit. Il y avait un soupçon d’amusement sadique dans ces yeux sans fond.

J’enfilai l’enveloppe dans la poche. “C’est de ma sœur”. La vérité sortit de ma bouche, libératoire, même s’il n’y avait été façon de l’éviter. Il resta en silence, et je poursuivis courageuse.

“Je sais d’avoir menti à propos de mes parents, mais... je suis vraiment seule au monde. Moi...” Il me manqua la voix. Je fis une autre tentative. “Je le sais d’avoir mal agi, ma je n’avais pas envie de parler d’eux”.

“Eux?”

“Oui. Mon père est encore vivant. Mais seulement parce que son cœur batte encore”. Mes yeux se brouillèrent de larmes. “Il est presque un végétal. Il est un alcoolise au stade terminal, et il ne se rappelle néanmoins qui nous sommes. Moi et Monique, je veux dire”.

“Il a été stupide de mentir de votre part, Mademoiselle Bruno. Vous n’avez pas pensé que votre sœur vous aurait écrit ici? Ou peut-être vous avez pris le maquis pour ne pas vous occuper de votre père, en laissant tout le fardeau à quelqu’un d’autre?” La voix résonna dans le bureau, mortelle comme un coup de feu.

J’engloutis les larmes, et le regardai avec un air de défi. J’avais menti, il était indéniable, mais il était en train de me décrire comme un être abject, indigne de vivre, qui ne mérite aucun respect.

“Je ne vous permet de me juger, Monsieur Mc Laine. Vous ne connaissez rien de ma vie, ou des raisons qui m’ont poussé à vous mentir. Vous êtes mon employeur, pas mon juge, encore moins mon bourreau”. Le calme terrible avec laquelle je parlai surprit plus moi que lui, et je me portai une main à la bouche, comme s’il ‘avait été le calme à parler à ma place, déconnecté de l’esprit, doué d’autonomie au pair de mon cœur, ou de mes rêves.

Je me levai brusquement, en faisant tomber la chaise en arrière. Je la ramassai les mains tremblantes, l’esprit en état catatonique.

J’étais déjà arrivée à la porte, quand il parla avec une dureté glaçante. “Prenez un jour de congés, Mademoiselle Bruno. Vous me semblez assez bouleversée. Nous nous verrons demain”.

J’atteignit ma chambre en trance, et je courus dans le bain adjacent. Je me lavai le visage avec eau froide, et j’étudiai mon image dans le miroir. Il fut trop. Tout ce blanc et noir qui m’entourait était plus inquiétant d’un drap funèbre. Je me sentais dangereusement en équilibre sur le bord d’un précipice. Je n’avais pas peur de tomber. Il avait passé déjà plusieurs fois, et je m’étais relevée. Ma peau et mon cœur étaient jalonnés par millions de cicatrices invisibles et douloureuses. J’avais peur de perdre la raison, la lucidité qui m’avait maintenu en vie jusqu’à ce moment. Dans ce cas j’aurais préféré de m’écraser.

Les larmes non versées me retournaient les entrailles, en me rendant une loque. Un zombie, comme la protagoniste d’un des romans de Mc Laine.

Ma main tâta la poche de la jupe en tweed, où j’avais fourré la lettre de Monique. Quoi qu’elle voudrait je ne pouvais repousser ça plus longtemps. Je la sortais, et je la portais dans la chambre de lit.

Elle pesait comme un sac de béton armé, et je fus tentée de ne pas l’ouvrir, son contenu pouvait être seulement une souffrance. Je m’étais cru forte avant d’arriver à Midnight Rose. Comme je m’étais trompée. Je ne l’étais pas du tout.

Mes mains agissaient de leur volonté, j’étais désormais transformée en poupée. Elles déchirèrent l’enveloppe, et détendirent la feuille y contenue. Peu mots, typique de Monique.

Chère Mélisande,

J’ai besoin d’autre argent. Je te remercie pour ce que tu m’as envoyé de Londres, mais ce n’est pas suffisant. Peux-tu demander un acompte de payement de ton chèque à cet écrivain? Ne pas être timide, et ne pas te faire des scrupules. Ils m’ont dit qu’il est très riche. D’autre part il est seul, paralytique, qu’on peut facilement influencer. Fais vite.

Ta Monique.

Je ne sais pas combien de temps je restai à regarder fixement la lettre, peut-être quelques minutes, peut être des heures. Tout perdit son importance, comme si ma vie avait sens seulement comme appendice de Monique, et de mon père. J’aurai voulu qui mouraient tous les deux, et celle pensée terrible, durée l’espace d’une seconde, me remplit d’horreur. Monique avait cherché à m’aimer, de sa façon égoïste bien entendu. Et mon père... eh bien, les beaux souvenirs de lui étaient si pauvres à me bloquer le souffle dans la gueule. Toutefois il restait mon père. Celui qui m’avait donné la vie, en pensant ensuite d’avoir le droit de la fouler aux pieds.

Je pliai la lettre avec une attention méticuleuse et exagérée. Donc je la fermis dans le tiroir de la commode.

Argent.

Monique avait besoin d’argent. Encore. J’avais vendu tout ce que je possédais à Londres, très peu en réalité, pour l’aider et, après peu de semaines, nous étions au point de départ. Je savais que les traitements pour papa étaient couteux, mais maintenant je commençais à en avoir peur. Si Sébastian Mc Laine m’aurait virée – et dieu savait s’il avait de bonnes raisons pour le faire, tout au moins pour s’amuser – je risquais d’être jetée dans la route. Comme pouvais-je, après ce qui s’était passé, lui demander un acompte? Il était épuisant même seulement la pensée de le faire. Monique ne s’était jamais fait le moindre scrupule, elle était douée d’un toupet enviable, mais pour moi c’était différent. La communication n’était pas mon point de force, demander l’aide presque impossible. C’était trop la peur du rejet. Je l’avais fait une seule fois, et je me rappelais encore le ton du “non”, la sensation du refus, le bruit de la porte claquée sur le nez.

“Kyle est vraiment un fainéant. Il est disparu avec la voiture dans l’après-midi, et il est rentré seulement une demi-heure. Monsieur Mc Laine est furieux. Il faudrait le frapper ce type-là, je le dis. Laisser ainsi monsieur sans assistance!” La voix de Madame Mc Millian était pleine d’indignation, comme si Kyle lui avait fait un tort personnel.

Je continuais à passer la nourriture dans l’assiette, sans le moindre appétit.

La femme continua à parler, prolixe comme d’habitude, et elle ne s’en aperçut pas. Je lui fis un sourire forcé, et je retournai à m’immerger dans le manteau noir de ma pensée. Où pourrai-je trouver l’argent? Non, je n’avais pas le choix. C’était deux semaines avant de l’encaisse de mon chèque. Monique devait attendre. Je lui aurais envoyé tout, en espérant qu’elle n’était pas imprudente. Le risque d’être virée sans préavis était affreusement réel. Monsieur Mc Laine était un homme imprévisible, doué d’un mauvais caractère, inégalable et manifestement imprévisible.

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Yaş sınırı:
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Litres'teki yayın tarihi:
09 nisan 2019
Hacim:
382 s. 4 illüstrasyon
ISBN:
9788873045106
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