Kitabı oku: «AntiAmerica», sayfa 2
2
Hameçonnage
Les gens te suceront jusqu'à la moelle si tu les laisse faire. Promets moi que tu ne finiras pas dans l'impuissance comme moi, comme une victime.
Son père tenait une bouteille de Whisky à la main lorsqu'elle lui avait donné sa parole à l'âge de onze ans. Bourré ou non, il disait la vérité. Lorsqu'elle venait d'arriver à Miami, elle avait elle même pu constater de ses propres yeux combien il avait eut raison. Les pervers faisaient la queue pour tenter d'attirer des fugueuses comme elles vers l'addiction aux drogues dures, les exploitant jusqu'à ce qu'elles soient usées jusqu'à la corde. Elle s'en tirait mieux que la plupart d'entre elles.
À présent elle avait épuisé sa chance. Elle était restée assise à ne rien faire dans une salle d'interrogatoire glacée pendant plus d'une heure. Le chauve lui avait lu ses droits alors qu'il lui écrasait la colonne vertébrale. Après avoir reçu des instructions de Queue-de-cheval, aidé d'un mec aux cheveux gris, il l'avait poussée à l'arrière d'une voiture d'agence fédérale et l'avait ramenée à leur bureau de Miami au centre-ville.
Son sac à main, de l'argent liquide ainsi que sa pièce d'identité furent confisqués. Son nom, sa photo, ses empreintes digitales et son ADN furent enregistrés dans leur base de données. Elle n'était officiellement plus une ombre. La dernière chose dont elle avait besoin, et c'était pas près de s'arrêter là. Elle grimaça en direction de son reflet dans le miroir sur le mur gris en tapant du pied sur le sol carrelé de noir. Si les agents étaient en train de l'espionner, il était temps qu'ils saisissent une chose : elle en avait marre d'attendre.
Les agents qui l'avaient arrêtée s'étaient présentés comme appartenant à l'UFCC :
Unité Fédérale contre la Cyber Criminalité.
C'était la première fois qu'elle en avait entendu parler. Il existait tant d'unités contre la cyber-criminalité, d'équipes et de forces spéciales qu'elle en avait perdu le compte. À ce qu'il semblait, ses magouilles d'ingénierie sociale l'avaient rattrapée. Les avertissements de Brayden n'avaient pas été exagérés. Elle se mit à prier que l'UFCC ne l'ai pas attrapé lui aussi.
Une quinzaine de minutes s'écoulèrent avant qu'un grand gars, la quarantaine, n'entre dans la pièce. Une peau très bronzée, de courts cheveux noirs et un complet gris. Il lâcha un dossier brun, un bloc note jaune et un stylo sur la table en bois qui les séparait. Son regard tomba sur elle alors qu'il prenait place sur la chaise métallique lui faisant face.
— Mademoiselle Blake... Mon nom est Ethan Palmer. Je suis agent spécial des Services Secrets.
Elle demeura immobile, les bras pendant le long de la chaise. Les Services Secrets et l'UFCC. Un peu beaucoup pour une simple entrée par effraction. Elle se demanda laquelle de ses arnaques les avait mit sur sa piste. Ou depuis combien de temps ils la surveillaient. Quelque soit la preuve qu'ils avaient, elle n'avait aucune intention de révéler quoi que ce soit concernant ses arnaques ou l'effraction.
Il garda la main posée sur le dossier.
— Votre dossier indique que vous avez été déclarée disparue en Caroline du Nord peu de temps après votre seizième anniversaire. Il n'y a aucune trace d'activité de votre part depuis. Aimeriez-vous nous raconter ce que vous avez fabriqué pendant ces deux dernières années ?
Son regard se perdit dans le néant, sur le côté. Chaque centimètre de mur était recouvert de cette même peinture grise déprimante. Il ramassa le stylo avec un sourire narquois.
— Vos deux parents sont apparemment décédés. Il y a-t-il une personne que vous voudriez que nous contactions ? Un ami ou un membre de votre famille ?
— Non.
— Désolé de l'entendre. Cela doit être dur... pour une fille de votre âge, vivre seule.
La dernière chose dont elle avait besoin était la pitié de ce mec.
— Vous vous y connaissez vachement, en ce qui concerne les filles de mon âge ?
— En vérité, mon aînée a à peine deux ans de moins que vous.
Alors que le coin de ses lèvres s'adoucissait en un sourire, elle fit un effort délibéré pour ne pas répondre par quelque signe d'émotion que ce soit. Le silence momentané fut brisé lorsque Queue-de-cheval fit irruption dans la pièce portant une veste bleu marine par dessus sa chemise à manches longues blanche. Elle mâchait un bout de chewing gum et passa près de la table pour aller au fond de la pièce. Le gars fit un signe dans sa direction tout en maintenant le contact visuel avec Alanna.
— Il me semble que vous avez déjà rencontré l'agent spécial Sheila McBride, de l'UFCC.
Il lança un regard furtif à l'agent que cette dernière ignora.
— Désolé d'avoir commencé sans vous.
La femme s'appuya contre le mur, maussade, les deux mains dans les poches de sa veste. Elle montrait tous les signes d'une future maniaque du contrôle. Alanna l'avait remarqué à la façon dont cet Agent Mc Bride avait aboyé ses ordres au moment de son arrestation. Elle connaissait également trop bien le regard perçant que lui avait lancé l'agent alors et qu'elle lui lançait à présent. Pendant toute sa vie, elle avait grandi entourée de gens qui la considérait comme une délinquante. Elle répondit avec un large sourire moqueur. L'agent des Services Secrets fit un signe de la main pour attirer son attention.
— Alors, voulez-vous nous dire ce que vous faisiez dans cet immeuble d'habitation ? Ou encore la raison pour laquelle vous avez fuit les agents de l'UFCC qui vous ont approchée ?
Il pressa les extrémités de ses doigts les unes contres les autres alors qu'elle appuyait ses épaules contre le dossier de la chaise.
— Pourriez-vous nous expliquer comment vous êtes arrivée là ? Nous avons localisé votre voiture près de votre appartement.
Elle serra la mâchoire. Si ils ignoraient tout de Brayden, ce ne serait certainement pas elle qui allait leur en parler. L'agent Mc Bride s'avança vers la table. Elle avait décidément toujours mal après la bousculade qui avait eu lieu près de l'appartement de Javier. L'hostilité était réciproque. Alanna n'avait que peu de sympathie envers les gens qui la contrariaient. Encore moins lorsqu'il s'agissait de meufs arrogantes. Elle mit ça sur le compte des années de colère contenue d'avoir vécu avec un modèle maternel dysfonctionnel. Il y en avait eu assez pour lui durer toute une vie.
L'agent McBride se pencha l'air menaçant.
— Devinez ce qui a été retrouvé sur votre ordinateur portable après la réception du mandat de perquisition pour votre appartement ?
Les données concernant ses attaques de fishing... la plus lucrative de toutes ses arnaques. Elle envoyait des lots d'emails semblant provenir d'Instagram, de Facebook ou de toute autre source généralement considérée comme fiable. Quelques cibles trop peu méfiantes les ouvraient, cliquaient sur les liens contenus dans le message avant d'entrer leurs informations personnelles sur les fausses pages web qu'elle créait. Elle baissa le menton avant de répliquer ;
— Minecraft ?
Les yeux bleus de l'agent McBride se plissèrent.
— Des informations identifiables personnellement. Usurpation d'identité. Resistance à une arrestation.Entrée par effraction. Vous êtes sur le point de faire d'un chanceux procureur général un individu très heureux.
Le pouls d'Alanna s'emballa. Le gros des données était crypté sur son serveur privé. Sauf les emails qu'elle avait envoyé le matin même. Elle aurait pu se montrer plus prudente mais elle n'avait pas compté sur une ambuscade précoce des fédéraux en début d'après-midi. Si ils ne bluffaient pas, elle était foutue. Mais elle n'allait pas se trahir en affichant un quelconque signe de panique. Le jeu de l'agent Mc Bride consistait à lancer des piques à sa psyche. Alanna avait enduré ce type de procédé si souvent que cela ne lui faisait plus grand chose. Elle porta son attention vers l'agent Palmer. Le gars devait avoir la quarantaine. Des rides commençaient à être visibles sur son visage.
— Je veux un avocat.
— Avez-vous un avocat choisi que vous pouvez appeler? Sinon, il vous faudra attendre des heures avant que la court ne vous en assigne un.
Elle fronça légèrement les sourcils devant cette petite manoeuvre d'intimidation.
— J'attendrais. Vous ne tirerez rien de moi d'ici là.
Il coupa la parole à l'agent McBride avant qu'elle n'aie le temps de rétorquer :
— Très bien. Ne parlez pas. Allez vous d'abord écouter ce que nous avons à dire ?
— Si ça vous amuse...
Il ouvrit le dossier puis plaqua une feuille de papier sous son nez.
— Ce groupe vous est-il familier ?
Elle reconnut instantanément la capture d'écran. En haut se trouvait le drapeau anarchiste rouge et noir avec une étoile en son milieu. Dessous, une image en noir et blanc de Che Guevara ; la même qu'on voyait sur les T-shirts. Javier n'était pas vraiment enchanté de voir son visage lorsque Brayden était venu parader avec ce site piraté. Sa famille avait fui Cuba alors tout ce qui concernait le Che de près ou de loin, il n'était fan.
À côté de l'image, il y avait une citation :
"Le temps est venu de rejeter le joug, de forcer la renégociation des dettes étrangères oppressantes et de forcer les impérialistes à abandonner leurs bases d'agressions."
Elle fit rouler sa tête sur son épaule gauche.
— Oui, j'ai entendu parler d'AntiAmerica. On en parle aux nouvelles chaque putain de jour.
Ce n'était pas tant un choix de sa part de suivre l'évolution du groupe. Elle avait été exposée involontairement à des rappels et commentaires grâce à Brayden ; hacktiviste de longue date et supporter des causes sociales sur le net et source de tirades anticapitalistes. Une fois, il s'était emballé sur la façon dont "le système était biaisé pour que les riches exploitent les masses." nul n'avait pu le faire taire.
L'agent Palmer s'en saisit et agita la capture d'écran alors que son équipière faisait les cent pas dans le coin.
— Ceci était le site de la banque Nexus après la première attaque d'AntiAmerica le 1er Mai; le jour de la fête du travail; en commémoration des attaques de 1919 de la terreur rouge, c'était il y a un siècle. Elles avaient été suivies d'attaques à l'encontre du Dominion et de la Première Régence. Les trois plus grosses banques du pays ont été piratées au cours des deux derniers mois.
Les agents se conduisaient comme si leur speech signifiait quelque chose pour elle.
— C'est à cause de ça que vous êtes là à me parler, tous les deux ?
L'agent Palmer hocha la tête.
— L'agent McBride et moi faisons partie d'un groupe de travail inter-agences dont la mission est d'enquêter sur eux.
— Tant mieux pour vous.
— Qu'elle est votre opinion concernant AntiAmerica ?
Les oreilles d'Alanna étaient saturées du son de l'agent McBride en train de faire claquer son chewing gum dans l'angle de la pièce.
— Je n'en ai pas. Je n'en ai rien à cirer. Et la votre ?
— Ce ne sont pas des hacktivistes qui luttent pour des causes comme LulzSec ou les NullCrew. Ce sont des anarchistes. Leur but ultime est de mettre ce pays à genoux. Et plus ils sont suivis, plus ils deviennent dangereux.
Depuis que le manifeste avait été publié en ligne par AntiAmerica après la première attaque, ils avaient rameuté chaque anarchiste non déclaré qu'ils avaient pu trouver via les tableaux à messages, les salons de discussion et Twitter. Elle n'avait pas d'idée concernant le nombre exact. Mais à chaque fois qu'elle avait allumé la TV, les nouvelles histoires concernant l'éruption de nouvelles manifs fleurissant dans les villes majeures du monde entier abondaient.
— OK, oublions deux secondes le mélodrame... qu'est-ce que tout cela a à voir avec moi ?
Il se pencha en arrière avant de se tenir les mains ensemble.
— Connaissez-vous un hackeur du nom de Paul Haynes ?
Alanna repose la nuque contre le dossier de la chaise. Le fait que les fédéraux mentionnent le nom de Paul signifiait qu'ils étaient au courant du fait qu'il était un black hat. Il lui faudrait faire très attention. Sans savoir ce qu'ils avaient comme preuves la reliant à Paul, elle ne pouvait nier trop ouvertement tout rapport avec lui. Il inclina la tête.
— Vous pouvez répondre à une simple question par oui ou par non. Le connaissez vous ou pas ?
Le silence ne ferait que renforcer l'impression de culpabilité qu'elle leur donnait déjà. Peut-être que si elle répondait, il finirait enfin par lui dire où il voulait en venir.
— Je le connais. Mais pas très bien. Nous avons discuté quelques fois.
— Combien de temps s'est-il écoulé depuis la dernière fois ou vous lui avez parlé ?
— Quelques mois. Pourquoi ?
C'était mieux qu'elle le fasse passer pour une simple connaissance. Elle courrait déjà assez de risques en l'état actuel des choses avec ses propres activités criminelles sur le tapis sans en rajouter en tissant des liens avec les siennes à lui.
— Son co-locataire a été retrouvé assassiné.
Alanna eut un pincement à l'estomac et se sentit nauséeuse alors qu'elle gigotait sur son siège. Les deux agents étaient en train d'étudier sa réaction avec intérêt... Il lui fallait contrôler ses émotions. Mais elle ne pouvait s'empêcher d'être désolée pour Paul. Peu importe ce qu'elle pensait de lui, il lui était insupportable d'imaginer la terrible perte que cela avait dû être.
— Nous avions l'intention de le faire venir il y a environs deux semaines afin de discuter d'une faille qu'il a créée qui a été utilisée lors de la première attaque d'AntiAmerica. Les agents qui avaient été envoyés à son appartement de South Beach on trouvé le cadavre de son colocataire. Il avait été attaché, battu et étranglé.
Elle se mordilla la lèvre inférieure.
— Wow. Je n'ai jamais rencontré son colocataire mais Paul m'a toujours semblé être un brave type. Vous pensez qu'il l'a tué ?
— Nous l'ignorons. Mais il est évident qu'il est un potentiel suspect, étant donné qu'il a disparu à peu près à la même période où son colocataire a été assassiné.
Paul et Terry étaient en fait en couple, et non colocataires. Mais les fédéraux ne l'apprendraient pas par Alanna. Même si elle ne prétendais pas ne pas connaître Paul, nul n'appréciait que la vie privée demeure privée plus qu'elle. Elle s'agrippa le ventre sous la table. Il parlait de leur relation comme si il avait trouvé l'amour de son vie. Elle était sceptique quant à cette fin sur fond de torture et de meurtre. L'agent Palmer s'inclina vers l'avant sur sa chaise.
— Où l'avez-vous vu pour la dernière fois ?
— À Mechlab.
L'espace pirate local. Un labo informatique/centre/bibliothèque/atelier. Paul était un des premiers individus qu'elle avait rencontré lorsqu'elle s'était mise officiellement en couple deux années auparavant.
Brayden et Javier se connaissaient depuis encore plus longtemps.
— Avez-vous des informations qui permettraient de savoir où le trouver ?
— Désolée. Je ne l'ai pas vu et n'ai rien entendu à son propos.
L'agent McBride renchérit.
— Et pour ce qui concerne Javier Acosta ? Quand l'avez-vous vu où quand avez-vous eu de ses nouvelles pour la dernière fois ?
Alanna leva les yeux vers elle, mais elle était protégée par les ombres dans l'angle de la pièce.
— Javier ? Que vient-il faire dans tout ça ?
Le visage suffisant de l'agent de l’UFCC se rapprocha.
— Il a disparu depuis quelques semaines. N'est-ce pas ? N'est-il pas également un ami de Paul Haynes, qui a disparu à peu près à la même période ?
Et merde. Les fédéraux étaient après Javier. Ils surveillaient son appartement à lui, et pas elle.
L'agent McBride inclina la tête jusqu'à ce que leurs yeux soient alignés.
— Alanna ? Javier Acosta, que pouvez-vous nous dire sur sa disparition ?
— Il ne ferait pas de mal à une mouche, il n'irait pas frayer avec AntiAmerica.
— La vulnérabilité exploitée par AntiAmerica contre la Banque Nexus a été découverte par Paul... et Javier. Voudriez-vous nous faire croire que c'est une coincidence ?
Les fédéraux qui surveillent l'appart de Javier, cela signifiait qu'ils le considéraient comme suspect dans l'affaire des attaques d'AntiAmerica. Garder le silence n'était désormais plus une option. Elle était obligée de dire quelque chose, quant à son innocence.
Où du moins, il lui fallait détourner les soupçons vers d'autres.
— Javier est un pirate éthique. Les sociétés le paient pour éradiquer leurs bugs. Il ne leur vole rien.
L'agent McBride trottina jusqu'au rebord de la table.
— Il traque les vulnérabilités logicielles et pirate des réseaux d'entreprise pour de l'argent. Ça me semble terriblement similaire au modus operandi des pirates d'AntiAmerica.
— Parlez à Paul. C'était probablement lui... ou peut-être l'a-t-il vendu comme une faille, de lui-même et c'est Nexus qui aura tardé à colmater la brèche... Mais Javier n'a pas été mêlé à cette attaque;
L'agent Palmer inséra la tête dans le champs de vision des deux autres.
— Quand bien même ce serait vrai, nous aimerions l'interroger. Mais il a disparu alors nous vous sommes là, à vous demander de remplir les trous dans cette histoire. A-t-il jamais dit quoi que ce soit indiquant une quelconque insatisfaction à l'encontre d'une institution financière, ou une sympathie envers AntiAmerica ?
— Non. Javier n'est pas un hacktiviste. Il n"en a rien à carrer de la politique et il n'a jamais commis un seul crime de toute sa vie. Bien entendu, vous connaissez la différence entre un chapeau blanc et et un black hat, n'est-ce pas ?
La masse verte de chewing gum rebondit à l'intérieur de la bouche de l'agent McBride.
— Si vous le connaissez si bien, alors pourquoi vous a-t-il fallu pénétrer dans son appartement par effraction ?
Alanna détacha son regard baladeur du plafond. Les lampes brillantes au dessus d'elle commençaient à lui faire voir des tâches.
— Lui et moi, nous sommes sortis ensemble. Il ne décrochait pas son téléphone. Je suis passée près de chez lui. J'ai voulu le voir mais il n'y avait pas de réponse. Je suis repartie.
L'agent de l'UFCC secoua la tête et ricana :
— le fait que vous mentiez nous donne à croire que vous avez quelque chose à cacher. Vous voulez bien nous parler de toutes ces données cryptées sur votre disque-dur ? Quelque chose dans le lot qui vous relie à AntiAmerica ?
Alanna étouffa un rire.
— Vous croyez réellement que j'ai quelque chose à voir avec ces cinglés ? Vous devez vraiment être au bord du désespoir, vous autres.
L'agent McBride agrippa la table si fort que ses phalanges commencèrent à blanchir.
— Votre cinéma pourrait être plus convainquant, sauf que nous avons déjà des preuves attestant du fait que vous voliez des données.
— Je vais vous répondre franchement : je n'irai jamais m'associer avec AntiAmerica ou d'autres groupes de barges malades. Cherchez tant que vous voudrez. Vous ne trouverez aucun lien entre eux et moi.
— Votre petit-ami est peut-être un membre d'AntiAmerica... et vous êtes sa complice.
Alanna bondit de sa chaise.
— Vous êtes sourde ou quoi ? Nous n'avons rien à voir avec eux. Si vous étiez un tant soit peu douée pour ce travail, vous sauriez que je suis en train de vous dire la vérité.
— Je vais vous dire ce que je sais.
l'agent de l'UFCC s'avança vers Alanna, lui pointant l'index au visage.
— Vous êtes une voleuse et une menteuse. Si vous n'arrêtez pas de jouer les ignorantes, vous allez finir avec des condamnations criminelles.
— Je sais pourquoi vous vous acharnez ainsi. AntiAmerica vous fait passer pour des imbéciles alors vous êtes prêts à arrêter le premier pirate sur lequel vous pourrez mettre la main.
L'agent McBride repoussa les mèches de sa fine chevelure sur le côté.
— Ne vous flattez pas. Vous êtes une usurpatrice d'identités. Vous croyez qu'on en a quelque chose à faire du menu fretin comme vous ?
— Dans ce cas, pourquoi continuez vous à inventer des conneries à mon sujet concernant AntiAmerica ?
— Nous voulons que vous nous parliez de Javier Acosta. Qu'est-ce que vous foutiez dans son appartement ? Vous êtes qui, son ex psychopathe ?
Alanna se précipita la tête la première en direction de l'agent de l'UFCC.
— Vous m'avez appelée comment, là ? J'en ai marre de vous...
Elle avait dépassé la moitié de la largeur de la table lorsque l'agent McBride se saisit de son bras avant de la projeter contre le mur. Alors que l'agent méprisant plaçait son avant-bras contre le sternum d'Alanna, son souffle chaud effleura sa joue sur le côté. L'agent Palmer poussa ses bras entre les deux jusqu'à ce qu'elle fut contrainte de lâcher. Alanna retourna s'asseoir, gardant ce faisant un regard mauvais fixé sur l'agent McBride qui fulminait que son partenaire soit intervenu.
L'agent Palmer fit un geste en direction d'Alanna.
— Du calme. Vous ne voudriez pas empirer votre situation.
Il n'avait pas tort. Un meurtre. Des attaques de banques. Les fédéraux jetaient des hackers en pâture aux lions pour beaucoup moins. Cela n'aurait aucune importance qu'il n'y ait aucun lien entre Alanna et AntiAmerica ou Javier ou Paul... ni qu'elle ne possède pas les compétences en matière de sécurité de réseau pour exécuter les attaques. Ce qui comptait pour les fédéraux c'était que le public demeure satisfait et qu'ils obtiennent des promotions... pas d'arrêter la bonne personne. Cette agent McBride était en train de la provoquer afin qu'elle fasse quelque chose de stupide. Si elle perdait son calme, il n'en ressortirait rien de bon. L'agent Palmer se rassit, fouilla dans sa poche puis posa bruyamment un sac pastique contenant son iPhone sur la table.
— Venons en à la véritable raison pour laquelle nous sommes là. Vous avez reçu des messages textes de Javier hier et aujourd'hui. Depuis combien de temps ne l'avez vous pas vu ?
— Quelques semaines.
— Chaque personne qui le connaît a répondu la même chose. Il a disparu de la surface de la terre. Séché tous ses cours. Personne n'a de nouvelles de lui.
— C'est pour ça que vous surveilliez son appartement ?
Il fit la moue en frottant ses lèvres l'une contre l'autre.
— Je ne suis pas autorisé à divulguer cette information. Tout ce que vous avez besoin de savoir est que Javier est une personne sur laquelle nous enquêtons.
— Vous ignorez où il se trouve, alors c'est forcément qu'il doit être en train d'attaquer des banques pour AntiAmerica, pas vrai ?
— Tout ce que nous voulons c'est qu'il vienne ici nous parler, afin que nous puissions l'éliminer de la liste des suspects. Si il est aussi innocent que vous le dites, cela ne lui coûtera rien.
Sa jambe était en train de trembler sous la table.
— Vous voulez que je vous le retrouve.
— Voici notre proposition :
Nous avons bien assez de preuves contre vous pour votre petite affaire de fishing pour vous envoyer en prison. Heureusement pour vous, il nous faut parler à Javier. Puisque vous vous êtes l'unique personne avec laquelle il a communiqué, vous être notre seule piste. Nous voulons que vous entriez en contact avec lui et que vous nous aidiez à l'attirer jusqu'ici pour un interrogatoire.
— Je suis libre si je vous vends Javier, c'est ça ?
— Nous proposons de ne retenir aucune charge contre vous à la condition que vous travailliez comme indic confidentiel jusqu'à ce que les clauses de votre accord soient remplies. Vous allez commencer par retrouver la trace physique de Javier et toute information concernant de près ou de loin AntiAmerica.
Une informatrice. Elle serait la propriété des fédéraux. Elle devrait passer ses journées à donner des informations sur Javier et toute autre personne jusqu'à ce qu'ils en aient fini avec elle. Elle pouvait dire adieu à toute cette thune qu'elle se faisait avec ses arnaques. Bien qu'Alanna trouva insupportable leur offre, l'alternative était bien pire.
— Les gens vous essoreront si vous les laissez faire.
Elle fit durer le silence avant de répondre.
— Si je vous aide... Qu'arrivera-t-il si Javier demeure introuvable ? Je repars tout de même libre ?
L'agent Palmer secoua la tête.
— Désolé mais ce n'est pas comme ça que ça marche. Pour recevoir notre aide, il vous faut nous assister dans notre enquête, soit en nous menant à lui, soit en nous donnant des informations qui nous aideront à le retrouver.
L'agent McBride se rapprocha jusqu'à se retrouver presque au dessus d'elle.
— J'espère que vous allez dire non. À en juger par les preuves que j'ai vues, une petite voleuse comme vous n’a rien à faire dehors, en liberté.
Son partenaire se leva de son siège et approcha depuis l'autre côté de la table.
— Si vous dites non, vous allez gâcher votre vie. Alors prenez un bon moment et réfléchissez attentivement avant de répondre.
Le sang d'Alanna se mit à bouillir alors que les deux agents la regardaient de haut. Refuser d'être leur rat signifiait qu'elle devrait placer touts ses espoirs entre les mains d'un quelconque juge en espérant qu'il la prenne en pitié. Autrement, la prison et un casier judiciaire, ça la détruirait. Les black hats devaient constamment surveiller leurs arrières et se méfier des balances pour cette raison précise. La plupart des gamins de son âge auraient craqué à la plus petite implication d'un séjour en taule. Mais ces deux là n'imaginaient vraiment pas qu'elle puisse avoir une troisième option à l'esprit;
Elle demeurait concentrée sur ses chaussures de cuir noir afin de maintenir les apparences et de donner l'illusion d'être encore en train de peser le pour et le contre.
— Très bien. J'accepte.
Le visage de l'agent Palmer s'illumina.
— Vous avez fait le bon choix. L'agent McBride et moi allons vous laisser pour prendre les mesures nécessaires. Quelqu'un viendra vous débriefer sous peu.
Elle fit un dernier sourire grimaçant.
— J'ai hâte.
Après qu'il soit parti de la pièce, l'agent McBride s'attarda auprès d'elle afin d'avoir le dernier mot.
— Il vous a peut-être dédouanée pour cette fois, mais moi non. Si nous parvenons à vous lier aux piratages d'AntiAmerica, le marché ne tiendra plus et vous irez en prison. Si nous attrapons votre petit-ami sans votre aide, vous allez en prison. L'heure tourne.
Alanna s'affala sur sa chaise après que la porte fut refermée derrière elle. Si elle avait de la chance, sa collaboration éloignerait d'elle leur attention. Elle ne pouvait courir le risque que l'agent McBride ou le reste des fédéraux ne fouille plus avant dans sa vie. Le phising n'était pas la seule arnaque qu'elle perpétrait. Si tout partait en sucette, il était impératif qu'ils ignorent l'existence de son atout maître.