Kitabı oku: «Henri VIII», sayfa 7
SCÈNE III
La cour du palais
Bruit et tumulte derrière le théâtre
Entre LE PORTIER avec son VALET
LE PORTIER.–Je vais bien vous faire cesser ce vacarme tout à l'heure, canaille. Prenez-vous la cour du palais pour Paris-Garden 13? Allez, malotrus, allez brailler ailleurs.
UNE VOIX, derrière le théâtre.–Mon bon monsieur le portier, j'appartiens à la charcuterie.
LE PORTIER.–Appartiens à la potence, et va te faire pendre, coquin. Est-ce ici une place pour beugler ainsi? Apportez-moi une douzaine de bâtons de pommier sauvage, et des plus forts: ceux-ci ne sont pour eux que des badines.–Je vous étrillerai la tête. Ah! vous voulez voir des baptêmes? croyez-vous trouver ici de la bière et des gâteaux, brutaux que vous êtes?
LE VALET.–Je vous prie, monsieur, prenez patience. Il est aussi impossible, à moins de balayer la porte avec du canon, de les renvoyer, que de les faire dormir le matin du premier jour de mai, ce qu'on ne verra jamais. Autant vaudrait entreprendre de reculer Saint-Paul que de les faire bouger.
LE PORTIER.–Puisses-tu être pendu! Comment sont-ils entrés?
LE VALET.–Hélas! je n'en sais rien. Comment le flot de la marée entre-t-il? Autant qu'un robuste gourdin de quatre pieds (vous voyez ce qui m'en reste) a pu distribuer de coups, je n'ai pas été à l'épargne, je vous jure.
LE PORTIER.–Vous n'avez rien fait.
LE VALET.–Je ne suis pas Samson, ni sir Guy14, ni Colbrand, pour les faucher devant moi. Mais si j'en ai ménagé aucun qui eût une tête à frapper, jeune ou vieux, mâle ou femelle, cocu ou faiseur de cocus, que je ne goûte jamais de boeuf! Et je ne voudrais pas manger de la vache, Dieu l'ait en sa garde!
UNE VOIX derrière le théâtre.–Entendez-vous, monsieur le portier?
LE PORTIER.–Je vais être à toi tout à l'heure, monsieur le sot.–(Au valet.) Tiens la porte fermée, coquin.
LE VALET.–Comment voulez-vous que je fasse?
LE PORTIER.–Ce que je veux que vous fassiez? Que vous les renversiez par douzaine à grands coups de bâton. Est-ce ici la plaine de Morefields, pour y venir passer en revue? ou avons-nous quelque sauvage indien, fait d'une singulière façon 15, et récemment arrivé à la cour, pour que les femmes nous assiègent ainsi? Bon Dieu! que de germes de fornication à cette porte! Sur ma conscience chrétienne, ce seul baptême en engendrera mille; et l'on trouvera ici le père et le parrain, et le tout ensemble.
LE VALET.–Il y en aura que plus de cuillers, mon maître.–Il y a là, assez près de la porte, un quidam qui, à sa face, doit être un brûlot16; car, sur ma conscience, vingt des jours de la canicule brûlent sur son nez: tous ceux qui sont autour de lui sont placés sous la ligne; ils n'ont pas besoin d'autre punition. Je vous ai attrapé trois fois ce dragon flamboyant sur la tête, et trois fois son nez a fait une décharge contre moi: il se tient là comme un mortier, pour nous bombarder. Il avait près de lui la femme d'un revendeur de menues friperies, qui criait contre moi jusqu'à ce qu'enfin son écuelle piquée17 a sauté de sa tête, en punition de ce qu'elle allumait une telle combustion dans l'état. J'avais manqué une fois le météore, et attrapé cette femme, qui s'est mise à crier: A moi, gourdins! Tout aussitôt j'ai vu de loin venir à son secours, le bâton au poing, quarante drôles, l'espérance du Strand, où elle loge: ils sont venus pour fondre sur moi; j'ai tenu bon et défendu mon terrain: ensuite ils en sont venus, avec moi, aux coups de manche à balai; je les ai encore défiés: lorsque tout à coup une file de jeunes garçons retranchés derrière eux, déterminés garnements, m'ont administré une telle grêle de cailloux, que j'ai été fort content de retirer mon honneur en dedans, et de leur laisser emporter l'ouvrage. Je crois, ma foi, que le diable était de leur bande.
LE PORTIER.–Ce sont tous ces jeunes vauriens qui tonnent au spectacle, où ils se battent à coups de pommes mordues, et que nul autre auditoire ne peut endurer que la tribulation de Tower-hill, ou les habitants de Lime-House18, leurs chers confrères. J'en ai envoyé quelques-uns in limbo patrum; c'est là qu'ils pourront bien chômer ces trois jours de fête, outre le petit régal du fouet qui viendra après.
(Entre le lord chambellan.)
LE CHAMBELLAN.–Merci de moi, quelle multitude ici! Elle grossit à chaque instant; ils accourent de tous côtés, comme si nous tenions une foire. Où sont donc ces portiers? ces fainéants coquins!–(Aux portiers.) Vous avez fait là un beau tour! Voilà une brillante assemblée!–Sont-ce là tous vos fidèles amis des faubourgs? Il nous restera beaucoup de place, vraiment, pour les dames, lorsqu'elles vont passer en revenant du baptême!
LE PORTIER.–Avec la permission de Votre Honneur, nous ne sommes que des hommes; et tout ce que peuvent faire, sans être mis en pièces, des hommes en si petit nombre que nous le sommes, nous l'avons fait. Une armée entière ne les contiendrait pas.
LE CHAMBELLAN.–Sur ma vie, si le roi m'en fait reproche, je vous chasse tous sur l'heure, et je vous impose de plus une bonne amende pour votre négligence. Vous êtes des coquins de paresseux qui demeurez occupés aux bouteilles, tandis que vous devriez être à votre service.–Écoutez; les trompettes sonnent. Les voilà déjà de retour de la cérémonie.–Allons, fendez-moi la presse, et forcez un passage pour laisser défiler librement le cortège; ou je vous trouverai une prison pour vous y divertir une couple de mois.
LE PORTIER.–Faites place pour la princesse.
LE VALET.–Vous, grand vaurien, serrez-vous, ou je vous caresserai la tête.
LE PORTIER.–Vous, l'habit de camelot, à bas des barrières, ou je vous empalerai sur les pieux.
(Ils sortent.)
SCÈNE IV
Le palais
Entrent des trompettes, sonnant de leurs instruments; suivent deux aldermen, le LORD MAIRE, GARTER, CRANMER, LE DUC DE NORFOLK, avec son bâton de maréchal, deux nobles qui portent deux grandes coupes à pied, pour les présents du baptême. Ensuite quatre nobles soutenant un dais sous lequel est la DUCHESSE DE NORFOLK, marraine, tenant l'enfant richement enveloppé d'une mante; une dame lui porte la robe. Suivent la MARQUISE DE DORSET, l'autre marraine, et des dames. Tout le cortège passe en cérémonie autour du théâtre, et GARTER, élève la voix
GARTER.–Ciel, dans ta bonté infinie, accorde une vie prospère, longue et toujours heureuse, à la haute et puissante princesse d'Angleterre, Élisabeth!
(Fanfares. Le roi Henri avec sa suite.)
CRANMER, s'agenouillant.--Voici la prière que nous adressons à Dieu, mes deux nobles compagnes et moi, pour votre royale Majesté, et pour notre bonne reine. Que toutes les consolations, toutes les joies que le Ciel ait jamais placées dans les enfants pour le bonheur de leurs parents, se répandent à chaque instant sur vous dans la personne de cette gracieuse princesse!
LE ROI HENRI.–Je vous remercie, mon bon lord archevêque.–Quel est le nom de l'enfant?
CRANMER.–Elisabeth.
LE ROI HENRI, à Cranmer.–Levez-vous, lord.–(Il baise l'enfant.) Dans ce baiser reçois ma bénédiction. Que Dieu te protège! Je remets ta vie en ses mains.
CRANMER.–Amen!
LE ROI HENRI.–Mes nobles commères, vous avez été trop prodigues. Je vous en remercie de tout mon coeur; et cette jeune lady vous en remerciera aussi, dès qu'elle saura assez d'anglais pour cela.
CRANMER.–Écoutez-moi, Sire, car c'est le Ciel qui m'ordonne de parler; et que personne ne prenne pour flatterie les paroles que je vais prononcer; l'événement en justifiera la vérité.–Cette royale enfant (que le Ciel veille toujours autour d'elle!), quoique encore au berceau, promet déjà à ce pays mille et mille bénédictions que le temps fera éclore. Elle sera (mais peu d'hommes vivants aujourd'hui pourront contempler ses grandes qualités) un modèle pour tous les princes ses contemporains, et pour ceux qui leur succéderont. Jamais Shéba ne rechercha avec tant d'ardeur la sagesse, et l'aimable vertu, que le fera cette âme pure. Toutes les grâces souveraines qui concourent à former un être aussi auguste, avec toutes les vertus qui suivent les bons princes, seront doublées dans sa personne. Elle sera nourrie dans la vérité; les saintes et célestes pensées seront ses guides; elle sera chérie et redoutée; son peuple la bénira; ses ennemis trembleront devant elle comme un champ d'épis battus, et inclineront leur front dans la tristesse. Le bien va croître et prospérer avec elle; sous son règne tout homme mangera en sûreté, sous l'ombrage de sa vigne, les fruits qu'il aura plantés, et chantera à tous ses voisins les joyeux chants de la paix; Dieu sera vraiment connu; et ceux qui l'entoureront seront instruits par elle dans les voies droites de l'honneur; et c'est de là qu'ils tireront leur grandeur, et non de la noblesse du sang et des aïeux.–Et cette paix fortunée ne s'éteindra pas avec elle. Mais, ainsi qu'après la mort de l'oiseau merveilleux, le phénix toujours vierge, ses cendres lui créent un héritier, aussi beau, aussi admirable que lui; de même, lorsqu'il plaira au Ciel de l'appeler à lui dans cette vallée de ténèbres, elle transmettra ses dons et son bonheur à un successeur, qui, renaissant des cendres sacrées de sa gloire, égal à elle en renommée, s'élèvera comme un astre, et se fixera dans la même sphère. La paix, l'abondance, l'amour, la vérité et le respect qui auront été le cortège de cette enfant choisie se placeront auprès de son successeur et s'attacheront à lui comme la vigne. La gloire et la renommée de son nom se répandront et fonderont de nouvelles nations partout où le brillant soleil des cieux porte sa lumière.–Il fleurira, et, comme un cèdre des montagnes, il étendra ses rameaux sur toutes les plaines d'alentour.–Les enfants de nos enfants verront ces choses et béniront le Ciel.
LE ROI HENRI–Tu nous annonces des prodiges.
CRANMER.–Elle arrivera pour le bonheur de l'Angleterre à un âge avancé; une multitude de jours la verront régner; et il ne s'en écoulera pas un seul qui ne soit couronné par quelque action mémorable. Hélas! plût à Dieu que je ne visse pas plus loin, mais elle doit mourir, il le faut: il faut que les anges la possèdent à leur tour. Toujours vierge elle rentrera dans la terre comme un lis sans tache, et l'univers sera dans le deuil.
LE ROI HENRI.–O lord archevêque! c'est par toi que je viens de commencer d'exister; jamais avant la naissance de cette heureuse enfant, je n'avais encore possédé aucun bien. Ces oracles consolants m'ont tellement charmé, que, lorsque je serai dans les cieux, je serai encore jaloux de contempler ce que fait cette enfant sur la terre, et que je bénirai l'auteur de mon être.–Je vous remercie tous.–Je vous ai de grandes obligations, à vous, lord maire, et à vos dignes adjoints. J'ai reçu beaucoup d'honneur de votre présence, et vous me trouverez reconnaissant.–Lords, remettez-vous en marche.–Vous devez tous votre visite à la reine qui vous doit des remercîments; si elle ne vous voyait, elle en serait malade. Que dans ce jour nul ne pense qu'il ait aucune affaire à son logis; tous resteront avec moi. Ce petit enfant fait de ce jour un jour de fête.
(Tous sortent.)
ÉPILOGUE
«Il y a dix à parier contre un que cette pièce ne plaira pas à tous ceux qui sont ici. Quelques-uns viennent pour prendre leurs aises, et dormir pendant un acte ou deux; mais ceux-là nous les aurons, j'en ai peur, réveillés en sursaut par le bruit de nos trompettes; il est donc clair qu'ils diront, cela ne vaut rien: d'autres viennent pour entendre des railleries amères sur tout le monde, et crier, cela est ingénieux; ce que nous n'avons pas fait non plus. En sorte que, je le crains fort, tout le bien que nous devons espérer d'entendre dire de cette pièce aujourd'hui dépend uniquement de la disposition compatissante des femmes vertueuses; car nous leur en avons montré une de ce caractère. Si elles sourient, et disent la pièce ira bien, je sais qu'avant peu nous aurons pour nous ce qu'il y a de mieux en hommes; car il faut bien du malheur pour qu'ils s'obstinent à blâmer, lorsque leurs belles leur commandent d'applaudir.»