Kitabı oku: «Périclès», sayfa 4
ACTE TROISIÈME
Entre GOWER
GOWER. – Maintenant le sommeil a terminé la fête. On n'entend plus dans le palais que des ronflements, rendus plus bruyants par un estomac surchargé des mets de ce pompeux repas de noces. Le chat, avec ses yeux de charbon ardent, se tapit près du trou de la souris, et les grillons qu'égaye la sécheresse chantent sous le manteau de la cheminée. L'hymen a conduit la fiancée au lit, où, par la perte de sa virginité, un enfant est jeté dans le moule. Soyez attentifs; et le temps, si rapidement écoulé, s'agrandira, grâce à votre riche et capricieuse imagination; ce qui va vous être offert en spectacle muet sera expliqué par mes paroles. – (Pantomime. – Périclès entre par une porte avec Simonide, et sa suite. Un messager les aborde, s'agenouille, et donne une lettre à Périclès. Périclès la montre à Simonide. Les seigneurs fléchissent le genou devant le prince de Tyr. Entrent Thaïsa, enceinte, et Lychorida. Simonide communique la lettre à sa fille. Elle se réjouit. Thaïsa et Périclès prennent congé de Simonide et partent; Simonide et les autres se retirent.)
On a soigneusement cherché Périclès à travers les pays les plus terribles et les plus sombres, aux quatre coins opposés du monde; on l'a cherché avec soin et diligence, à cheval, sur des navires, et sans épargner aucuns frais. Enfin la renommée répond à ces puissantes recherches. De Tyr à la cour de Simonide on apporte des lettres dont voici la teneur:
«Antiochus et sa fille sont morts. Les seigneurs ont voulu placer la couronne sur la tête d'Hélicanus; mais il l'a refusée, se hâtant de leur dire, pour apaiser le tumulte, que, si le roi Périclès ne revient pas dans douze mois, il se rendra alors à leurs voeux.»
Cette nouvelle, apportée à Pentapolis, y a ravi toute la contrée; chacun applaudit et s'écrie: Notre jeune prince naîtra roi. Qui eût rêvé, qui eût deviné une semblable chose? Bref il faut qu'il parte pour Tyr. Son épouse, enceinte, désire partir. (Qui s'y opposerait?) Nous abrégeons le récit des pleurs et des regrets. Elle prend avec elle Lychorida, sa nourrice, et s'embarque. Le vaisseau se balance sur le sein de Neptune: la quille de leur vaisseau a fendu la moitié des ondes; mais nouveau caprice de la fortune: le nord envoie une telle tempête, que, semblable à un cygne qui plonge pour se sauver, le pauvre navire est la proie de sa furie. La dame pousse des cris, et se voit près d'accoucher d'effroi. Vous allez voir la suite de cet orage, dont je ne ferai pas le récit, ne pouvant pas espérer de m'en acquitter dignement. Représentez-vous par l'imagination le vaisseau sur lequel le prince, ballotté par les flots, est supposé parler.
(Gower sort.)
SCÈNE I
PÉRICLÈS sur un vaisseau en mer
PÉRICLÈS. – O toi, dieu de ce vaste abîme, gourmande ces vagues qui lavent le ciel et la terre; et toi, qui gouvernes les vents, enferme-les dans leur prison d'airain, après les avoir fait sortir de l'abîme! Apaise ces tonnerres terribles et assourdissants! Éteins doucement les agiles éclairs de soufre! O Lychorida, comment se trouve ma reine? Tempête, vomiras-tu sur nous tout ton venin? Le sifflet du matelot est comme un faible murmure à l'oreille de la mort qui ne l'entend point. Lychorida, Lucina, ô divine patronne, et sage-femme, qui protège ceux qui gémissent dans la nuit, abaisse ta divinité sur ce navire battu par l'orage, abrège l'angoisse de la reine! Eh bien! Lychorida?
(Lychorida entre avec un enfant.)
LYCHORIDA. – Voici un être trop jeune pour un tel lieu, et qui, s'il était doué déjà de la pensée, mourrait comme je me sens près de le faire. Recevez dans vos bras ce reste de votre épouse inanimée.
PÉRICLÈS. – Que dis-tu, Lychorida?
LYCHORIDA. – Patience; seigneur, n'assistez pas l'orage: voici tout ce qui vit encore de notre reine… une petite fille; – pour l'amour d'elle, soyez un homme et prenez courage.
PÉRICLÈS. – O vous, dieux! nous faites-vous aimer vos célestes dons pour nous les enlever? Nous du moins, ici-bas, nous ne redemandons pas ce que nous donnons, et en cela nous l'emportons sur vous.
LYCHORIDA. – Patience, bon prince, même dans ce malheur.
PÉRICLÈS. – Maintenant que ta vie soit calme! car jamais enfant n'eut une naissance plus troublée! Que ta destinée soit paisible et douce, car jamais fille de prince ne fut accueillie dans ce monde avec plus de sévérité. Puisse la suite être heureuse pour toi! tu as une naissance aussi bruyante que le feu, l'air, l'eau, la terre et le ciel pouvaient te la procurer pour annoncer ta sortie du sein qui te conçut; et déjà même tu as plus perdu que tu ne gagneras dans la vie. – Que les dieux bienveillants jettent sur elle un favorable regard.
(Deux matelots entrent.)
PREMIER MATELOT. – Eh bien! avez-vous bon courage? Dieu vous conserve!
PÉRICLÈS. – J'ai assez de courage. Je ne crains pas la tempête, elle m'a fait le plus grand mal qu'elle pût me faire; cependant, pour l'amour de ce pauvre enfant, je souhaite que le ciel s'éclaircisse.
PREMIER MATELOT. – Relâche les cordages; allons donc… Souffle et fais tous tes efforts.
SECOND MATELOT. – Mais les vagues sombres vont caresser la lune: je ne puis.
PREMIER MATELOT. – Seigneur, la reine doit être jetée à la mer. La mer est si haute, le vent si violent qu'il ne se calmera que quand nous aurons débarrassé le vaisseau des morts.
PÉRICLÈS. – C'est une superstition.
PREMIER MATELOT. – Pardonnez-nous, seigneur; c'est une chose que nous avons toujours observée sur mer, et nous parlons sérieusement; rendez-vous donc, car il faut la jeter à la mer sans plus tarder.
PÉRICLÈS. – Faites ce que vous croirez nécessaire. – Malheureuse princesse!
LYCHORIDA. – C'est là qu'elle repose, seigneur.
PÉRICLÈS. – O mon amie, tu as eu un terrible accouchement, sans lumière, sans feu; les éléments ennemis t'ont complètement oubliée, et le temps me manque pour te rendre les honneurs de la sépulture; mais à peine déposée dans le cercueil, il faut que tu sois précipitée dans les flots! Au lieu d'un monument élevé à ta cendre et de lampe funéraire, l'énorme baleine et les vagues mugissantes recouvriront ton corps au milieu des coquillages. Lychorida, dis à Nestor de m'apporter des épices, de l'encre et du papier, ma cassette et mes bijoux. Dis à Méandre de m'apporter le coffre de satin. Couche l'enfant: va vite, pendant que je dis à Thaïsa un adieu religieux: hâte-toi, femme.
(Lychorida sort.)
SECOND MATELOT. – Seigneur, nous avons sous les écoutilles une caisse déjà enduite de bitume.
PÉRICLÈS. – Je te rends grâces, matelot. – Quelle est cette côte?
SECOND MATELOT. – Nous sommes près de Tharse.
PÉRICLÈS. – Dirigeons-y notre proue avant de continuer notre route vers Tyr. Quand pourrons-nous y aborder?
SECOND MATELOT. – Au point du jour, si le vent cesse.
PÉRICLÈS. – Oh! voguons vers Tharse. Je visiterai Cléon, car l'enfant ne vivrait pas jusqu'à Tyr: je le confierai à une bonne nourrice. Va naviguer, bon matelot; je vais apporter le corps. (Ils sortent.)
SCÈNE II
Éphèse. – Appartement dans la maison de Cérimon.
Entrent CÉRIMON avec UN VALET et quelques personnes qui ont fait naufrage
CÉRIMON. – Holà! Philémon.
(Philémon entre.)
PHILÉMON. – Est-ce mon maître qui appelle?
CÉRIMON. – Allume du feu et prépare à manger pour ces pauvres gens. La tempête a été forte cette nuit?
LE VALET. – J'ai vu plus d'une tempête, et jamais une semblable à celle de cette nuit.
CÉRIMON. – Votre maître sera mort avant votre retour: il n'est rien qui puisse le sauver. (A Philémon.) – Portez ceci à l'apothicaire, et vous me direz l'effet que le remède produira.
(Sortent Philémon, le valet et les naufragés.)
(Entrent deux Éphésiens.)
PREMIER ÉPHÉSIEN. – Bonjour, seigneur Cérimon.
SECOND ÉPHÉSIEN. – Bonjour à Votre Seigneurie.
CÉRIMON. – Pourquoi, seigneurs, vous êtes-vous levés si matin?
PREMIER ÉPHÉSIEN. – Nos maisons, situées près de la mer, ont été ébranlées comme par un tremblement de terre: les plus fortes poutres semblaient près d'être brisées, et le toit de s'écrouler. C'est la surprise et la peur qui m'ont fait déserter le logis.
SECOND ÉPHÉSIEN. – Voilà ce qui cause de si bon matin notre visite importune; ce n'est point un motif d'économie domestique.
CÉRIMON. – Oh! vous parlez bien.
PREMIER ÉPHÉSIEN. – Je m'étonne que Votre Seigneurie, ayant autour d'elle un si riche attirail, s'arrache de si bonne heure aux douces faveurs du repos. Il est étrange que la nature se livre à une peine à laquelle elle n'est pas forcée.
CÉRIMON. – J'ai toujours pensé que la vertu et le savoir étaient des dons plus précieux que la noblesse et la richesse. Des héritiers insouciants peuvent flétrir et dissiper ces deux derniers; mais les autres sont suivis par l'immortalité qui fait un dieu de l'homme. Vous savez que j'ai toujours étudié la médecine, dont l'art secret, fruit de la lecture et de la pratique, m'a fait connaître les sucs salutaires que contiennent les végétaux, les métaux et les minéraux. Je puis expliquer les maux que la nature cause, et je sais les moyens de les guérir: ce qui me rend plus heureux que la poursuite des honneurs incertains, ou le souci d'enfermer mes trésors dans des sacs de soie pour le plaisir du fou et de la mort.
SECOND ÉPHÉSIEN. – Votre Seigneurie a répandu ses bienfaits dans Éphèse, où mille citoyens s'appellent vos créatures, rendues par vous à la santé; – non-seulement votre science, vos travaux, mais encore votre bourse toujours ouverte, ont procuré au seigneur Cérimon une renommée que jamais le temps…
(Entrent deux valets avec une caisse.)
LE VALET. – Déposez ici.
CÉRIMON. – Qu'est-ce que cela?
LE VALET. – La mer vient de jeter sur la côte ce coffre, qui provient de quelque naufrage.
CÉRIMON. – Déposez-le là, que nous l'examinions.
SECOND ÉPHÉSIEN. – Cela ressemble à un cercueil, seigneur.
CÉRIMON. – Quoi que ce soit, le poids est des plus lourds: ouvrez cette caisse. L'estomac de la mer est surchargé d'or: la fortune a eu raison de le faire vomir ici.
SECOND ÉPHÉSIEN. – Vous avez deviné, seigneur.
CÉRIMON. – Comme elle est goudronnée partout! Est-ce la mer qui l'a jetée sur le rivage?
LE VALET. – Je n'ai jamais vu de vague aussi forte que celle qui l'a apportée.
CÉRIMON. – Allons, ouvre-la. – Doucement, doucement; quel parfum délicieux!
SECOND ÉPHÉSIEN. – C'est un baume exquis.
CÉRIMON. – Jamais je n'ai senti un plus doux parfum. – Allons, dépêchons. – O Dieu tout-puissant! – Que vois-je? un cadavre!
PREMIER ÉPHÉSIEN. – Chose étrange!
CÉRIMON. – Il est enveloppé d'un riche linceul et de sacs pleins de parfums. Un écrit! Apollon, rends-moi habile à lire.
(Il déroule un écrit et lit.)
«Je donne à connaître, si jamais ce cercueil touche à terre, qu'il contient une reine plus précieuse que tout l'or du monde, et quelle a été perdue par moi, roi Périclès. Que celui qui la trouvera, lui donne la sépulture! Elle fut la fille d'un roi: les dieux récompenseront sa charité: ce trésor lui appartient.»
Si tu vis, Périclès, ton coeur est déchiré de douleur. – Ce cercueil a été fait cette nuit.
SECOND ÉPHÉSIEN. – Probablement, seigneur.
CÉRIMON. – C'est sûrement cette nuit; car, voyez cet air de fraîcheur. – Ils ont été des barbares, ceux qui ont jeté cette femme à la mer! Allumez du feu; apportez ici toutes les boîtes de mon cabinet. La mort peut usurper l'empire de la nature pendant quelques heures, et le feu de la vie rallumer encore les sens assoupis. J'ai entendu parler d'un Égyptien qui passa pour mort pendant neuf heures, et qui, à force de soins, revint à la vie. (Un valet entre avec des boîtes, du linge et du feu.) Très-bien: du feu et du linge. – Je vous prie, faites entendre un air de musique, quelque rudes que soient vos instruments. – Ah! tu remues, corps insensible! – Ici la musique. – Je vous prie, encore un air. – Seigneurs, cette reine est vivante. – La nature se réveille. – Une douce chaleur s'en exhale: il n'y a pas plus de cinq heures qu'elle est dans cet état. Voyez comme la fleur de la vie s'épanouit de nouveau en elle!
PREMIER ÉPHÉSIEN. – Le ciel, seigneur, vous a choisi pour nous étonner par ses prodiges: votre réputation est éternelle.
CÉRIMON. – Elle vit: voyez; ses paupières, qui couvraient ces célestes bijoux perdus par Périclès, commencent à écarter leurs franges d'or. Ces diamants si purs vont doubler la richesse du monde. O vis et arrache-nous des larmes par ton histoire, belle créature!
(Thaïsa fait un mouvement.)
THAISA. – O divine Diane, où suis-je, où est mon époux? – Quel est le lieu que je vois?
SECOND ÉPHÉSIEN. – N'est-ce pas étrange?
PREMIER ÉPHÉSIEN. – Merveilleux!
CÉRIMON. – Paix, mes chers amis: aidez-moi, portons-la dans la chambre voisine. Préparez du linge. – Donnons-lui tous nos soins, une rechute serait mortelle. Venez, venez, et qu'Esculape nous guide.
(Ils sortent emportant Thaïsa.)
SCÈNE III
Tharse. – Appartement dans le palais de Cléon
PÉRICLÈS entre avec CLÉON, DIONYSA, LYCHORIDA ET MARINA
PÉRICLÈS. – Respectable Cléon, je suis forcé de partir, l'année est expirée et Tyr ne jouit plus que d'une paix douteuse; recevez, vous et votre épouse, toute la reconnaissance dont est rempli mon coeur: que les dieux se chargent du reste.
CLÉON. – Les traits de la fortune qui vous frappent mortellement se font aussi sentir à nous.
DIONYSA. – O votre pauvre princesse! pourquoi les destins n'ont-ils pas permis que vous l'ameniez ici pour charmer ma vue?
PÉRICLÈS. – Nous ne pouvons qu'obéir aux puissances du ciel. Quand je gémirais et que je rugirais comme la mer qui la recèle dans son sein, Thaïsa n'en serait pas moins privée de la vie. Ma petite Marina! (je lui ai donné ce nom parce qu'elle est née sur les flots): je la recommande à vos soins et je vous la laisse comme la fille de votre bienveillante amitié, pour qu'elle reçoive une éducation royale et digne de sa naissance.
CLÉON. – Ne craignez rien, seigneur, nous nous souviendrons pour votre fille du prince généreux qui nous a nourris de son blé, et les prières du peuple reconnaissant imploreront le ciel pour son libérateur. Si je me rendais coupable d'une ingrate négligence, tous mes sujets me forceraient à remplir mon devoir; mais, si mon zèle a besoin d'être excité, que les dieux vous vengent sur moi et les miens jusqu'à la dernière génération.
PÉRICLÈS. – Je vous crois, votre honneur et votre vertu sont pour moi un gage plus sûr que vos serments. Jusqu'à ce que ma fille soit mariée, madame, j'en jure par Diane, que nous honorons tous, ma chevelure sera respectée des ciseaux. Je prends congé de vous; rendez-moi heureux par les soins accordés à ma fille.
DIONYSA. – J'ai aussi une fille; elle ne me sera pas plus chère que la vôtre.
PÉRICLÈS. – Madame, je vous remercie et je prierai pour vous.
CLÉON. – Nous vous escorterons jusque sur le rivage, où nous vous abandonnerons au mystérieux Neptune et aux vents les plus favorables.
PÉRICLÈS. – J'accepte votre offre. Venez, chère reine. – Point de larmes, Lychorida, point de larmes: pensez à votre jeune maîtresse dont vous allez désormais dépendre. – Allons, seigneur.