Sadece LitRes`te okuyun

Kitap dosya olarak indirilemez ancak uygulamamız üzerinden veya online olarak web sitemizden okunabilir.

Kitabı oku: «Le Mariage de Mademoiselle Gimel, Dactylographe», sayfa 14

Yazı tipi:

II

Il y a loin de Paris à Châteaulin! Comment étaient-ils venus s'échouer là, lui gascon, elle parisienne, tous deux bohèmes et fanatiques de la grande ville? Quelle raison de choisir ce coin de Bretagne? La plus commune, hélas! Après dix ans passés à attendre une médaille au Salon, la médaille n'était pas venue, la dot de madame Prunelier était mangée, M. Prunelier aigri. Tout l'hiver, on vivait d'expédients. L'été, on voyageait, par économie, dans les pays pauvres où l'on trouve des hôtels à quatre francs par jour, bougie comprise. Prunelier continuait de brosser des sous-bois qui ne se vendaient pas. Et voilà qu'une fois, à Châteaulin précisément, quelqu'un lui avait commandé un portrait. A peine la commande achevée, il en était venu une seconde, puis une troisième. On le priait de rentoiler des galeries d'ancêtres. Des femmes du monde lui écrivaient: «Mon cher monsieur Prunelier.» Plusieurs le suppliaient d'ouvrir un cours de dessin. Il fut conquis, il s'imagina que la veine ne tarirait pas, et se fixa au milieu de ses modèles.

Voilà comment, depuis dix ans, il habitait Châteaulin, de moins en moins occupé. Sa femme le soignait, l'entretenait dans la tiède atmosphère d'illusions qui convenait à cette nature d'enfant. C'était une vaillante. Elle avait ce ressort des Parisiennes qui sont merveilleuses de patience, d'invention, d'entrain dans la lutte contre la misère. Vous devinez bien qu'elle avait souvent pensé à vendre le Raphaël. C'eût été si bon de n'avoir plus de dettes, de vivre largement, d'acheter des rideaux pour les fenêtres, un manteau de loutre dont elle raffolait, des fleurs à profusion, et, qui sait? d'oser dire un matin, en s'éveillant, à M. Prunelier: «Félix, ta jeunesse et la mienne nous rappellent là-bas. Les entends-tu qui chantent sur les deux bords de la Seine, notre amour de vingt ans, nos espérances longues, tant d'amitiés, tant d'heures charmantes dont la moindre à présent m'est un regret? Allons-nous-en, dis, veux-tu? Puisque nous sommes riches!» Oui, bien souvent, elle avait songé à tout cela, sans jamais le dire. Le sacrifice eût été trop rude pour M. Prunelier d'aliéner la perle de sa collection, et l'excellente femme avait mis un peu de sa tendresse à ne point parler d'une telle séparation.

Mais maintenant! Maintenant qu'il s'était résolu de lui-même à exposer le chef-d'œuvre et à le vendre, voyez cette faiblesse humaine, elle n'avait plus le courage de dire non; elle se sentait envahie par une joie qu'elle se reprochait; le Raphaël lui devenait odieux; elle aurait voulu le savoir très loin, dans le château de quelqu'un de ces lords anglais qui payent des prix fabuleux les belles œuvres d'art. Cette exposition ne viendrait donc jamais?

Le jour arriva pourtant, comme ils arrivent tous, désirés ou non. Dans la salle des Pas-Perdus du tribunal civil, alors en vacances, des peintres de tout ordre, ceux surtout qui fréquentent les plages bretonnes, avaient envoyé beaucoup de pommiers en fleurs, beaucoup de marines avec une gerbe de rayons traînant sur l'eau, des pêcheuses à la Feyen-Perrin, des paysannes ressemblant à celles de Jules Breton, cinq ou six tableaux immenses puisqu'ils traitaient d'histoire, une nature morte. Sur un panneau réservé, au milieu d'œuvres anciennes prêtées par les châteaux du Finistère, et rasant la cimaise, les trois perles de M. Prunelier: le Poussin, le Salvator Rosa et le Raphaël. Ces trois noms, dorés à neuf, étincelaient au bas des cadres. En dessous, une banderole de carton, se déroulant sur une longueur de trois mètres, portait: «De la galerie de M. Prunelier (Félix), artiste peintre à Châteaulin – à vendre.» L'artiste peintre entrait là comme chez lui, à toute heure, sans payer, ce qui le réjouissait à chaque fois, sa carte d'exposant attachée par un caoutchouc et dansant à sa boutonnière. On le regardait beaucoup. Il demeurait des après-midi entiers mêlé aux groupes de visiteurs, essayant de saisir un éloge, de le provoquer au besoin, prêt à répondre aux propositions des acquéreurs. Car il venait du monde. Des affiches, placardées dans toutes les villes de l'Ouest, convoquaient les peuples aux «fêtes de Châteaulin, à l'occasion de l'exposition des beaux-arts»; les journaux, ceux-mêmes de Paris, applaudissaient à cet essai de «décentralisation artistique», et M. Prunelier, radieux, avait pu lire à sa femme ces lignes extraites de l'un d'eux: «Le clou de l'exposition est sans contredit le Raphaël tiré de la galerie de M. Prunelier, un des amateurs les plus distingués de Châteaulin. Cette superbe toile est à vendre. Nous voulons espérer que l'administration des beaux-arts ne se laissera pas, une fois de plus, devancer par la concurrence étrangère, et que notre Louvre, si pauvre… etc.»

Depuis lors, madame Prunelier ne sortait plus.

– Tu comprends, Valentine, avait dit le peintre, il va venir un délégué de l'administration des beaux-arts. Il faut qu'il trouve à qui parler. Moi je serai là-bas. Ne bouge pas d'ici. De la sorte, nous ne le manquerons pas.

Elle avait observé fidèlement la consigne, tressailli à chaque coup de sonnette, cru cent fois le voir passer, comme son mari croyait le reconnaître parmi les visiteurs.

– Ce doit être lui, disait-elle, grand, mince, décoré, un portefeuille, l'air de ne pas connaître Châteaulin.

– Il n'est pas entré?

– Non.

– Il se rendait sans doute à l'hôtel. Ce sera pour demain, Valentine.

Le mois s'écoula, l'exposition prit fin; le délégué n'avait pas paru. M. Prunelier commençait à parler dans les plus mauvais termes de cette administration, la plus insouciante de l'Europe, lorsque, un matin qu'il travaillait seul dans la petite salle à manger, le facteur apporta une lettre de format allongé, au timbre étranger. M. Prunelier comprit tout de suite qu'une heure décisive était venue. Sur l'enveloppe, il y avait d'abord l'adresse imprimée de l'expéditeur: Thos Sheppard and Sons, dealers in old pictures; 253, Southampton Street, London; au-dessous, d'une admirable écriture anglaise: Monsieur Prunelier (Félix), esq.. et, dans un angle, la mention «confidentielle». Le peintre l'ouvrit, poussa un cri, et se mit à danser autour de l'appartement.

Dix minutes lui parurent une heure.

Quand il entendit le grincement de la clef dans la serrure, il se précipita au-devant de sa femme, qui rentrait du marché.

– Vendu! cria-t-il, vendu!

Elle devint toute pâle, et, chancelante, sans mot dire, suivit son mari dans la salle à manger. Il ferma les portes, la fit asseoir près de la table, lui prit les mains, et, tandis que ses yeux, les ailes mobiles de son nez, sa bouche cachée dans les frisons de sa barbe grise, tout son visage s'épanouissait:

– Comprends-tu? répéta-t-il, vendu!

Elle sourit avec effort, comme une personne qui n'est pas maîtresse de son émotion première, et qui doute encore.

– Vraiment, Félix! Il est donc venu pendant que j'étais sortie?

– Non, une lettre d'une grande maison de Londres. Tant pis pour l'administration. Tu n'es pas d'avis que je l'attende plus longtemps?

– Oh, non! dit-elle vivement, je t'en prie!

– Il m'en coûte, Valentine. Mon patriotisme en souffre: voir une œuvre comme celle-là passer en des mains étrangères, une œuvre!..

– Combien t'offrent-ils? interrompit-elle.

Et dans son regard, fixé sur son mari, on aurait pu lire que c'était la question même de la misère ou de la vie heureuse qu'elle posait.

Il détourna les yeux, et dit, en faisant courir ses doigts sur la table:

– Mon Dieu! ce n'est pas une fortune… bien moins que cela ne vaut: huit cents francs.

Madame Prunelier se dressa tout debout:

– Huit cents francs, le Raphaël!

– Non, mon amie, reprit M. Prunelier en baissant la voix, le Raphaël… avec le Poussin et le Salvator… Je l'avoue, c'est bien…

– Comment? les trois! Mais c'est une plaisanterie, une affreuse duperie… ou bien alors, ta collection…

– Valentine!

– Que veux-tu? cela passe les bornes aussi! Huit cents francs, un Raphaël qui n'a jamais été discuté! Combien me l'as-tu dit de fois qu'il n'avait jamais été…

– Eux-mêmes ne le discutent pas, ma chère! Ils écrivent positivement: «Votre Raphaël, votre Poussin, votre Salvator.» Regarde. Seulement les arts ne vont plus, pas plus à Londres qu'à Châteaulin. Est-ce ma faute?.. Ah! tiens, pourquoi es-tu rentrée? J'étais si content tout à l'heure!

Le long des joues du peintre, deux larmes coulaient et roulaient sur les broussailles de sa barbe. Il avait l'air si malheureux que sa femme en eut pitié. Elle s'approcha de lui et l'embrassa.

– Mon pauvre Félix, dit-elle, je m'étais forgé des idées folles, vois-tu. Cette madone me semblait une fortune. Enfin, huit cents francs, c'est quelque chose, certainement… Cela va nous faire du bien, beaucoup de bien…

Il était déjà consolé, ce vieil enfant, qu'apaisait une caresse et qu'un mot d'espérance emportait dans le rêve.

– Tu es une brave femme! dit-il, une vraie femme d'artiste! Tu peux compter que je vais travailler ferme, va! Cela donne du courage, de voir arriver un peu d'eau au moulin. Car, tu viens de le dire avec raison: huit cents francs, c'est une somme. D'abord, je t'achète un manteau pour cet hiver.

– Non, non, Félix je ne veux pas.

– Puisque je te l'offre, Valentine! Nous en recauserons. Sortons, veux-tu?

M. Prunelier avait pris le bras de sa femme, et l'entraînait dehors. Il avait besoin de montrer sa joie. Et dehors, vraiment, le jour était d'une limpidité exquise et tentante. Sur les murs effrités des vieilles cours, les giroflées buvaient le soleil. Le ruissellement de lumière qui fouillait toutes choses argentait des restes de mica dans le granit des hôtels sombres. Les grandes fenêtres à petits carreaux étaient ouvertes de chaque côté de la rue, et les ménagères, qu'un seul bruit de pas attire, regardaient, étonnées, M. Prunelier, qui marchait doucement, contre son habitude, le nez au vent, rajeuni, ayant l'air d'un homme nouveau parmi les choses nouvelles.

Elles ne se trompaient pas. Il allait en plein songe d'avenir. Il n'avait plus tout à fait vingt ans, sans doute, mais la vie était encore longue devant lui, heureuse surtout. Avec le prix de son Raphaël, il achetait une obligation à lots, et aussi un complet de molleton bleu, large et douillet, une tenue matinale de gentilhomme artiste.

Il entrevoyait même, dans son atelier agrandi, un élève à barbe pointue qui viendrait, sous sa direction, apprendre à découvrir et à réparer les œuvres des maîtres. Car se faire chef d'école, et préparer des prix de Rome, il y pensait beaucoup moins à présent.

Madame Prunelier l'écoutait, encore triste de la déception qu'elle avait eue, contente pourtant de le voir heureux.

Ils rencontrèrent M. Piédouche, et M. Prunelier l'aborda familièrement.

– Vous savez, dit-il, ce Raphaël que vous ne preniez pas au sérieux?

– Eh bien!

– Vendu à l'Angleterre.

– Ce n'est pas possible?

– Comme je vous le dis. Il n'y a pas de profits que dans la banque, monsieur Piédouche: l'art a ses revanches!

Le banquier était un bon homme. Il répondit simplement:

– Tant mieux, monsieur Prunelier, tant mieux!

Et les deux époux continuèrent leur promenade. Ils traversèrent l'Aulne, tournèrent à gauche et montèrent par le chemin que suivent les pardons, jusque sur les collines qui dominent la petite ville. Ils s'assirent. La rivière tournait à leurs pieds; un double mur d'arbres tournait avec elle; des hauteurs boisées se levaient çà et là dans l'horizon vaste; le ciel était bleu.

– Ça ressemble un peu à Saint-Germain, dit M. Prunelier. Te rappelles-tu, le lendemain de nos noces, quand nous nous promenions sur la terrasse? J'avais vingt-quatre ans. Que tu étais jolie, Valentine! Il faisait un jour bleu comme aujourd'hui, te rappelles-tu?

Pour le coup, madame Prunelier fut prise au piège des souvenirs. Tous deux s'en allèrent bien loin dans le passé joyeux, tous deux convinrent que la vie avait de douces heures, et, quand ils descendirent de la colline, longtemps après, Châteaulin eut de madame Prunelier un petit sourire d'autrefois, qui s'adressait à Saint-Germain-en-Laye.

Puis M. Prunelier commença à attendre le payement de son Raphaël, avec la tranquillité confiante de ceux qui n'ont, d'habitude, que des créanciers.

III

Trois mois plus tard, le peintre était alité, malade de misère et de chagrin. Hélas! cette grande maison anglaise! Elle avait eu l'audace, quelques semaines après la livraison des tableaux, de réclamer les cadres, tous trois anciens, que M. Prunelier s'était cru autorisé à conserver, vu le petit prix des toiles. Elle laissait entendre qu'elle payerait sitôt cette condition remplie. Le pauvre homme avait envoyé les cadres rejoindre Salvator, Raphaël et Poussin. Mais rien n'était venu en retour, pas un rouge liard.

Dans son lit de fer sans rideaux, il était couché en proie à la fièvre, amaigri et abattu. Le fameux manteau de fausse loutre, acheté à crédit, qui lui couvrait les pieds en guise d'édredon, le papier de la chambre qui se détachait et pendait par endroits, les barreaux de chaises et les morceaux de planches brûlant dans la cheminée, tout, autour de lui, annonçait une misère contre laquelle on ne lutte plus.

C'était la fin. A quoi bon réparer, à quoi bon conserver? Le maître mourait. Pour lui acheter des remèdes ou quelques douceurs qu'il aimait, madame Prunelier se privait de manger.

Elle s'efforçait de lui rendre courage, et, bien que n'ayant plus, depuis longtemps, la moindre lueur d'espérance, elle en parlait souvent. Son tour était venu d'appeler l'avenir au secours du présent, et, vingt fois le jour, elle s'approchait du malade, et disait, avec un sourire faible:

– Je ne sais pas pourquoi, j'ai l'idée que nous serons payés, Félix… Quelqu'un me disait encore hier qu'il n'y avait rien de perdu… Quel plaisir ce sera, n'est-ce pas, dès que tu seras mieux, d'aller toucher toi-même cette lettre de change?.. Nous payerons nos dettes, toutes nos dettes… Et il restera encore… Certainement, Félix; j'ai calculé qu'il resterait encore quelque chose.

Mais il n'avait plus foi dans la vie. Elle le regardait, se détournait, et son sourire était déjà passé.

Un soir, M. Piédouche sonna et monta. Il avait un air discrètement épanoui quand il entra dans la chambre.

Ses breloques frétillaient sur sa poitrine essoufflée. En le voyant s'asseoir au pied du lit, le malade se redressa sur les coudes. Un éclair de sa belle jeunesse d'artiste farouche, un vieux brandon de sa haine contre les bourgeois traversa ses yeux.

– Comment allez-vous, monsieur Prunelier? dit le banquier.

– Mal, monsieur.

– Qu'avez-vous donc?

– Le grand ressort brisé.

– Sapristi, ce n'est pas le moment. Nos affaires sont en bonne voie.

– Pas les miennes, toujours…

– Et voici la preuve, mon cher monsieur.

Le banquier prit dans son portefeuille quatre billets de banque et les tendit au maigre bohème.

M. Prunelier, qui avait instinctivement allongé la main, la retira dignement.

– A quel titre, s'il vous plaît? demanda-t-il.

L'autre rougit légèrement, et dit:

– Eh mais! c'est un acompte de la maison anglaise.

– Sheppard and Sons?

– Précisément.

– C'est bien, monsieur. Excusez-moi. J'avais cru que c'était une aumône.

Et le pauvre homme saisit les billets, les compta, les retourna, les disposa à la file sur son lit. On eût dit que la vie revenait en lui. L'accablement dont rien ne le sortait jusque-là disparaissait par degrés. Il se mit à causer, pendant plus d'un quart d'heure. Une lueur de gaieté l'effleura même, et il retrouva sa voix gouailleuse d'atelier pour dire au banquier, qui prenait congé de lui:

– Farceur! vous voyez bien que je ne m'étais pas trompé: c'était une grande maison!

Illusions, reines souriantes du monde, comme il vous appartenait celui-là!

Il mourut. Mais il laissait par testament, à sa veuve, «en retour de son inaltérable dévouement dans la bonne comme dans la mauvaise fortune, tous ses biens meubles et immeubles, en toute propriété, notamment le reliquat de la créance Sheppard and Sons, de Londres.»

Le banquier paya une seconde fois, du même argent sans doute que la première, sans exiger de commission.

Madame Prunelier, reconnaissante de ce bon procédé, pria M. Piédouche d'accepter la gravure de Berghem.

Et c'est chez lui que je l'ai vu, dans le cabinet du banquier, au-dessus du trébuchet qui pèse l'or, le joli paysage hollandais, avec son moulin, sa rivière, son pâle soleil discret comme un sourire de pitié.

M. Piédouche y tient. Il le regarde avec un plaisir où l'art entre pour bien peu. Car un jour que quelqu'un lui disait:

– Combien l'avez-vous payé?

Il répondit étourdiment:

– Huit cents francs.

Et, comme l'autre se récriait, le brave homme reprit:

– Je ne le céderais pas pour le double.

FIN
Yaş sınırı:
12+
Litres'teki yayın tarihi:
25 haziran 2017
Hacim:
230 s. 1 illüstrasyon
Telif hakkı:
Public Domain
Metin
Ortalama puan 0, 0 oylamaya göre
Metin
Ortalama puan 0, 0 oylamaya göre
Metin
Ortalama puan 0, 0 oylamaya göre
Metin
Ortalama puan 0, 0 oylamaya göre
Metin
Ortalama puan 0, 0 oylamaya göre
Metin
Ortalama puan 0, 0 oylamaya göre
Metin
Ortalama puan 0, 0 oylamaya göre
Metin
Ortalama puan 0, 0 oylamaya göre
Metin
Ortalama puan 0, 0 oylamaya göre
Metin
Ortalama puan 0, 0 oylamaya göre