Kitabı oku: «Le Visage de la Mort», sayfa 11
— Bon, dit Shelley en s’éloignant. Tout est aligné précisément.
Elles restèrent un moment à assimiler les cartes des trois États du Midwest que le tueur avait déjà pris pour cible, placées avec précision les unes par rapport aux autres sur toutes les tables qu’elles avaient pu trouver et pousser ensemble. Ces cartes étaient bien plus claires. Elles pouvaient distinguer avec bien plus de précision les lieux exacts de chaque meurtre plutôt que d’observer un point plus large qui englobait d’autres bâtiments et routes.
Zoe souleva les feuilles de papier calque qu’elle était parvenue à trouver dans le bureau d’un des adjoints du shérif qui était apparemment un peu amateur de travaux manuels. Zoe avait tracé dessus une grille parfaite de carrés avec sa fidèle règle pendant que Shelley avait imprimé et collé les cartes ensemble. À présent, elle posa la grille sur la carte en s’assurant que les points étaient alignés avec les lieux des meurtres.
Elle prit un stylo d’une autre couleur et dessina de nouveau la spirale, reliant les lieux des crimes par ordre chronologique. Elle n’avait pas vraiment besoin de la grille pour savoir où tracer la ligne, mais elle était là pour aider Shelley.
— Ici, on peut voir que notre tueur effectue une spirale de Fibonacci inversée, il commence depuis le point le plus éloigné et se rapproche du centre de la spirale, dit Zoe alors qu’elle traçait. Maintenant, regarde. La spirale progresse sur la grille d’une façon prévisible, on peut donc déterminer de façon précise l’endroit où elle se terminera. Elle passe par ces points : ici, ici et ici.
Zoe traça un cercle autour de chacun des trois endroits nécessaires pour finir la spirale.
— Il a commencé par la partie large pour essayer d’éviter d’éveiller de soupçons aussi longtemps que possible, devina Shelley, faisant glisser ses doigts sur les lieux des premiers meurtres. En frappant dans le Kansas, le Nebraska et le Missouri, les États allaient mettre du temps à travailler ensemble. Et c’est ce qu’il s’est passé. Il a commis quatre meurtres avant même qu’on arrive ici, et un depuis. Il a dû se douter qu’on se lancerait rapidement à sa poursuite une fois qu’on aurait vu que tous les meurtres étaient liés.
— Bien qu’il fasse attention à effacer ses traces et bien que les lieux soient des endroits qui ne sont pas surveillés, il y avait toujours une chance qu’il soit vu d’une façon ou d’une autre, convint Zoe. Sa voiture aurait pu être identifiée sur la route. Commencer par la partie large et ensuite se diriger vers le centre de la spirale était le meilleur moyen pour lui de se donner une chance de pouvoir tout finir.
— Mais maintenant, il va opérer dans une zone beaucoup plus retreinte. Et c’est une bonne nouvelle pour nous.
— Et les lieux seront encore plus précis. On arrivera à le localiser parfaitement.
Shelley appuya le papier calque, s’assurant qu’elle pouvait lire au travers.
— Le prochain lieu de meurtre est une attraction au bord d’une route… qu’est-ce que ça dit ? Je pense que c’est un genre de foire. Ensuite on a une petite ville… oh, non, cet endroit-là sera beaucoup facile pour lui ! Et ensuite, on dirait que le dernier est un simple… terrain vague ? Il n’y a rien de particulier là-bas.
Zoe suivit les découvertes de Shelley et réfléchit.
— Nous n’avons pas besoin de l’arrêter plus d’une fois. On va surveiller la fête foraine ce soir. Ce n’est pas l’endroit où le corps sera laissé qui compte, mais celui où le meurtre lui-même sera commis. On doit le prendre sur le fait.
— Ça ne va pas être facile, dit Shelley en jouant avec son pendentif et en lui faisant faire des va-et-vient autour de son cou.
— On doit quand même essayer, dit Zoe. On doit le coincer ce soir, avant qu’il ne frappe en ville. Je vais appeler le chef de la police d’État du Kansas et organiser un briefing. On doit se mobiliser.
* * *
Zoe regarda les vingt-quatre hommes et femmes assemblés avec une sensation d’anticipation nerveuse. Son esprit était en pleine effervescence, les étudiant en détail. Les deux centimètres complets de moustache qui poussaient par-dessus la lèvre d’un des policiers. Le plus jeune dans la salle avait vingt-et-un ans et le plus âgé devait facilement être au milieu de la quarantaine. La façon dont la hiérarchie sociétale avait accordé une chaise à l’avant et bien au milieu au chef de police tandis que ceux qui voulaient une promotion s’étaient assurés d’être assis aussi près de lui que possible.
— Nous pensons que le tueur frappera ensuite à cet endroit : la Foire aux Dinosaures Géants du Kansas, annonça Shelley qui se tenait devant la carte qu’elles avaient fait agrandir pour la réunion. Je suis sûre que ceux d’entre vous qui sont du coin en ont déjà entendu parler, mais en résumé, c’est une attraction au bord de la route avec environ vingt immenses statues de dinosaures, un certain nombre de jeux de foire, des stands de nourriture, des stands de souvenirs, et cetera.
— La mauvaise nouvelle, dit Zoe, prenant le relais. C’est qu’il y a un évènement spécial ce soir : la Nuit des Familles. Il y aura des attractions spéciales ainsi que des entrées à prix réduits pour les groupes de trois ou plus. Ça signifie qu’il y aura probablement un grand nombre de visiteurs, ce qui rendra notre tâche encore plus difficile.
— Pourquoi est-ce qu’on ne fait pas tout simplement fermer la foire ? demanda un des policiers locaux en levant la main.
— On ne veut pas l’effrayer, répondit Zoe. N’oubliez pas qu’il n’a pas seulement prévu de frapper ce soir à cet endroit mais aussi à d’autres endroits à l’avenir à en juger par son historique jusqu’à présent. Si on l’empêche de tuer ce soir, on sauve une vie. Mais si on l’attrape ce soir, on l’empêche de tuer à nouveau.
Shelley reprit la parole.
— Nous avons quelques informations sur lesquelles nous baser qui devraient nous aider à localiser notre homme. On se concentrera sur le parking étant donné que nous savons quel genre de voiture chercher. C’est un vieux modèle de berline vert avec probablement une plaque d’immatriculation d’un autre État. Par mesure de sécurité, nous suivrons toutes les berlines qui correspondent à cette description et nous surveillerons les conducteurs. Nous sommes à la recherche d’un suspect de sexe masculin qui voyage probablement seul.
— Et s’il a changé de voiture ? demanda un autre policer cette fois.
— Nous n’avons aucune raison de penser qu’il sache que nous avons identifié sa voiture, dit Shelley. De plus, c’est notre seule piste. Nous n’avons aucune information particulière sur son physique, pas même son ethnie. Nous n’avons aucun témoin. Nous devons nous concentrer sur le véhicule faute d’avoir autre chose sur quoi nous appuyer.
— Comment voulez-vous qu’on se déploie ? demanda le chef de police.
— Nous devrons éviter d’éveiller les soupçons, répondit Zoe, mettant la carte sur le côté pour montrer un schéma des attractions et du parking. Cet homme est un tueur compulsif, ce qui signifie qu’il va tuer à nouveau si on ne l’arrête pas ce soir. On ne peut pas prendre le risque de l’effrayer. S’il s’enfuit, nous n’aurons aucune garantie de le retrouver. L’agent spécial Rose, huit policiers d’État et moi-même nous chargerons du parking, habillés en civil. Dix d’entre vous se déplaceront à travers la foire et se fonderont dans la masse des visiteurs à la recherche de comportement suspect. Le reste d’entre vous attendront dans des voitures banalisées à ces endroits, ici et ici, plus loin sur la route. Votre tâche sera de former un barrage s’il parvient à quitter le parking.
— Y a-t-il des questions ? demanda Shelley en observant l’assemblée de policiers, son regard allant d’un visage à l’autre.
Un bras se leva soudain dans le fond.
— Je suis allé à la Foire aux Dinosaures Géants l’an dernier. C’est ouvert toute la journée. Comment sait-on qu’il n’y est pas déjà ?
Zoe regarda Shelley qui lui rendit son regard.
— On ferait bien de s’y mettre, dit Zoe en saisissant sa veste au fond de la salle de briefing. Chef, veuillez s’il vous plaît prévenir vos contacts à la foire pendant que nous sommes en route. Demandez-leur de commencer les recherches immédiatement. Nous devrons fouiller le parking et vérifier les voitures déjà présentes quand nous arriverons. Il pourrait déjà y être, il pourrait déjà avoir trouvé sa victime. Nous devons aller vite et partir maintenant.
CHAPITRE DIX-SEPT
L’air était froid sur le visage et les mains de Zoe, mais il ne faisait pas assez froid pour décourager la foule. À en juger par le parking rempli, l’évènement était manifestement très populaire parmi les gens de la région.
La barrière s’étirait au-dessus des lignes de voitures déjà garées de façon désordonnée dans les espaces peints sur le sol et entourait la foire entière. Impossible d’entrer sans billet et un seul point de contrôle. Chaque homme, femme et enfant présents avaient dû passer par cet endroit. Cela leur permettrait au moins de surveiller plus facilement le flux de gens qui se déplaçaient sur le parking.
Quand Zoe pencha la tête, elle vit les dinosaures qui s’élevaient encore plus haut. Des statues grossières et pourtant imposantes, leurs bouches constamment exposées aux éléments et dévoilant des dents pointues. Un Tyrannosaurus Rex faisait environ trente centimètres de plus qu’un vélociraptor, ce qui était complètement ridicule ; dans la vraie vie, le tyrannosaure devait être au moins trois fois et demi plus grand que le vélociraptor.
— Mettez-vous par deux, dit Zoe en faisant un signe de tête aux policiers qui formaient un groupe décontracté autour d’elle. Nous ne prendrons pas le risque d’attirer l’attention. Vous deux, allez vous tenir près de l’entrée comme si vous attendiez des amis. Servez-vous immédiatement de vos radios sur vous voyez une berline verte pénétrer sur le parking. Les autres, promenez-vous ensemble et vérifiez les plaques d’immatriculation des voitures dans les sections qui vous sont assignées. Attentivement.
Après son dernier mot d’avertissement, les policiers d’État — ainsi que Shelley — commencèrent à se disperser. Ils avaient divisé le grand parking en segments, chacun d’entre eux vérifiant les plaques d’immatriculation d’une section de voitures précise. La sécurité à la foire n’était pas stricte — le parking était gratuit et ils n’avaient donc pas pris la peine d’engager une équipe de sécurité pour le surveiller. Ils ne recevraient pas d’aide de la part des organisateurs de la foire à moins qu’il n’y ait une preuve que leur tueur se trouvait dans l’enceinte de la foire, de l’autre côté de la barrière et de l’entrée.
Le policier qui faisait équipe avec Zoe, un homme d’un mètre quatre-vingt-treize qui s’était présenté comme s’appelant Max mais qui insistait pour l’appeler « madame », observa leur zone.
— Prête à y aller ? lui demanda-t-il.
Zoe hocha laconiquement la tête et lui emboîta le pas. Elle se sentait plus petite avec lui à côté de lui ; ils marchaient délibérément proches l’un de l’autre afin d’avoir l’air d’un couple. Un simple couple qui progressait entre les rangées de voitures pour retrouver la leur, ou des amis, ou pour tout autre raison banale.
Mais si Max était intimidant, il ne faisait pas le poids face aux sculptures géantes de la foire. Elles étaient visibles même depuis le parking, où, depuis le sol plat, elles se dressaient de toute leur hauteur au loin, dépassant la barrière de plus d’un mètre. Poussiéreuses et craquelées par le soleil par endroits, elles étaient peintes de couleurs voyantes, rouges, orange et vertes. Du camouflage pour des bêtes géantes qui n’avaient nulle part où se cacher.
À leurs pieds, les stands étaient pris d’assaut par les gens. Une grande partie de la foule était constituée d’enfants tout excités qui restaient bouche bée devant les statues et qui jouaient avec leurs propres jouets en forme de dinosaures qui faisaient maintenant pâle figure à côté des statues. Zoe les estima par groupes de dix et de vingt, arrivant à une somme de plus de cinq cents visiteurs — et ce n’était que ceux qu’elle pouvait voir depuis l’endroit où elle était.
Le parking, qui avait semblé bien trop grand sur la carte, était de toute évidence entièrement rempli lors de ces évènements particuliers. Il y avait des places de libres, mais pas beaucoup. Zoe vit d’un simple regard que seulement vingt pourcents des places étaient toujours disponibles.
Zoe regarda tout autour d’eux de chaque côté, des nombres et des calculs apparaissant devant ses yeux où qu’elle regardait. Elle vit des plaques d’immatriculation d’autres États, mais aucune sur des berlines vertes. Il y avait tant de voitures dans le parking que cela commençait à avoir l’air d’être une tâche bien plus importante qu’elles ne l’avaient prévu.
Elle était distraite, tendue, nerveuse. Chaque muscle de son corps semblait tendu, chaque partie de son esprit attentivement focalisée afin de trouver le tueur. Il serait là, elle en était certaine. Savoir cela faisait se bousculer les nombres dans sa tête et leur faisait lui dire des choses qu’elle n’avait pas besoin de savoir. Le pot d’échappement d’une des voitures était deux centimètres cinquante-quatre plus long que ce qu’autorisaient les réglementations. Les pneus du vieux pick-up ne respectaient pas les lois avec une chape d’un millimètre trois au lieu d’un millimètre six. Les lourdes empreintes de pieds dans la terre meuble où un homme d’au moins quatre-vingt-dix kilogrammes était resté pendant environ dix minutes, le mégot de cigarette sur le sol à côté d’elles expliquant pourquoi.
— Et voilà, dit Max en s’arrêtant.
Zoe leva les yeux et réalisa qu’elle avait été sur le point de franchir la ligne mentale qu’elle avait tracée afin de diviser le parking en segments. Ils avaient fini et n’avaient pas eu de chance.
Elle se tourna et regarda le parking. Elle avait séparé les équipes de façon à ce qu’elles partent toutes dans des directions opposées et se retrouvent au milieu où elles formaient à présent une ligne plus ou moins uniforme à travers les quatre rangées de voitures garées face à face. Ils restèrent tous immobiles, personne ne sortit de radio pour informer les autres d’une découverte importante.
Il n’était pas encore là.
— Rejoignez vos positions secondaires, ordonna Zoe sur sa radio qu’elle avait cachée dans la manche de sa veste en jean afin de pouvoir la porter discrètement à sa bouche. Attendez l’alerte de l’équipe à l’entrée.
Zoe attendit et regarda, faisant semblant de regarder en direction de l’entrée tandis que Shelley et les policiers s’éloignaient. Ils avaient des positions prédéterminées à occuper — certaines à l’extérieur des portes et d’autres à travers le parking.
— Je ne peux pas rester à attendre, dit Zoe en levant la tête vers Max. On devrait marcher. On peut repasser notre section en revue, lentement. Faire le tour.
Zoe ouvrit la marche, suivie de Max, à travers les rangées de voitures tout en restant vigilante et en faisant des pauses ici et là afin de ne pas rendre trop évident le fait qu’ils fouillaient activement le parking. L’obscurité de la nuit descendait déjà et les voitures arrivaient avec les phares allumés à présent. Il devenait plus difficile de discerner les détails des voitures et de voir les plaques d’immatriculation — il devenait plus difficile de faire quoi que ce soit.
Zoe s’avoua vaincue quand ils atteignirent l’entrée de la route durant leur lente traversée des rangées et qu’ils s’arrêtèrent à côté avant de s’appuyer contre la barrière pour regarder les véhicules passer. À chaque fois qu’elle vit quelque chose qui ressemblait à la voiture qu’ils cherchaient, son cœur s’emballa et ses yeux firent des comparaisons. La largeur des pneus, la longueur du véhicule, l’âge probable du conducteur, sa taille, son esprit prenait tout en compte. Mais à chaque fois, la voiture dépassait l’entrée, ou était conduite par une femme avec ses enfants sur la banquette arrière, et ne pouvait pas être ce qu’ils cherchaient.
Des heures s’écoulèrent. C’était une sensation étrange de rester debout et de regarder presque en silence pendant si longtemps tandis que non loin de là, le tapage des gens qui s’amusaient ne pouvait être ignoré. Des enfants qui criaient et riaient, des jeux de foires qui jouaient des musiques joyeuses pour attirer les gens, et d’autres se pressaient depuis ou vers les voitures tout en parlant fort. Ceux avec de jeunes enfants commençaient à partir, cédant sous l’heure tardive. Les enfants plus âgés et le reste des visiteurs ne commencèrent à partir qu’une fois que l’heure de la fermeture se fit de plus en plus proche.
Zoe regarda le parking commencer à se vider, limitant leurs options. La voiture n’était toujours pas arrivée. Ils la remarqueraient facilement si elle arrivait maintenant. Zoe pouvait le sentir, il se rapprochait. Il devait être en train de se rapprocher.
Elle jeta un coup d’œil à sa montre et vit qu’il était vingt-trois heures passées. Aucun nouvel arrivant ne devrait entrer à présent. Mais où était-il ?
La réponse devait être un endroit non loin de là. Il était impossible qu’il rate cette chance. La séquence exigeait une mort à cet endroit et il ferait tout ce que la séquence nécessitait. Zoe le savait — elle pouvait le sentir au plus profond d’elle. À moins qu’il ne meure, il ne s’arrêterait pas.
Alors, où était-il ?
Une sensation de picotement se déplaçait le long de ses bras. Une voiture sortit de sa place à l’autre bout du parking, révélant quelque chose derrière.
— Qu’est-ce que c’est que ça, là-bas ? demanda-t-elle, désignant l’endroit d’un signe de tête plutôt que du doigt.
Max regarda, plissant les yeux afin de d’essayer de mieux voir dans l’obscurité.
— On dirait qu’une partie de la barrière a été renversée. Quelqu’un l’a enfoncée avec sa voiture et s’est garé sur l’herbe.
Zoe s’élança d’un pas décidé sans attendre que Max la suive.
— Est-ce que quelqu’un y a jeté un œil tout à l’heure ?
— Je-je ne sais pas, bégaya Max, se hâtant de la suivre. Ils auraient dû, n’est-ce pas ? Si c’était dans leur section ?
— Demande, dit Zoe en lui tendant sa radio. Il y a quelqu’un au niveau de la voiture. Demande et ensuite suis-moi avec des renforts.
Elle aurait dû l’emmener avec elle, c’était le protocole. Mais Zoe n’avait jamais été d’accord avec le simple calcul que deux têtes en valaient mieux qu’une. Elle travaillait mieux seule, sans que les suppositions et calculs erronés d’une autre personne se mettent en travers de sa route. Elle travaillait mieux sans avoir à vérifier les angles et les trajectoires et se demander si son partenaire était en danger. Il était bien plus simple de s’assurer de sa propre sécurité.
Le son de la voix de Max demandant aux autres équipes si elles s’étaient arrêtées à la limite de la barrière s’évanouit loin derrière Zoe tandis qu’elle avançait prudemment et rapidement. Elle gardait la tête tournée sur le côté comme si elle cherchait sa voiture, mais ses yeux étaient rivés sur le véhicule. Une berline, c’était indéniable. Mais de quelle couleur ?
Zoe regarda un homme ouvrir le capot à un angle de soixante-dix degrés pour jeter un coup d’œil à l’intérieur. L’angle de son regard et la ligne droite de ses épaules lui apprit qu’il avait des problèmes avec sa voiture. Ou du moins qu’il faisait semblant d’en avoir. Son esprit pensa facilement à Ted Bundy. Il y existait toutes sortes de façons pour qu’un homme parvienne à attirer quelqu’un assez près pour glisser un garrot autour son cou, et être vulnérable — demander de l’aide — était assurément une de ces façons.
Zoe ralentit le pas, se rappelant de garder sa propre sécurité à l’esprit. Il était inutile de se précipiter et de devenir elle-même une victime. Son esprit ébaucha la zone que leur tueur prendrait pour cible qu’elle avait calculée. Cette voiture n’était-elle pas garée en dehors des limites de cette zone ? Elle avait suspecté qu’il y aurait plus de chance que le meurtre se produise dans l’enceinte de la foire, pas ici. Et pourtant, il était là, si c’était lui.
Il était grand et mince. Un petit peu plus d’un mètre quatre-vingt et le bon poids, en accord avec les indices qu’elle avait vus sur les autres scènes de crime. Zoe calcula tout, les nombres défilant devant ses yeux, tandis qu’elle se rapprochait. La voiture était assez vieille, de la bonne forme et de la bonne marque. Les pneus correspondraient aux marques laissées sur l’autre scène de crime, avec la bonne distance entre eux et la bonne largeur.
Et, quand elle fut assez proche pour mieux voir, elle en fut certaine : elle était verte. Un vieux modèle de berline verte conduite par un homme grand et mince avec une plaque d’immatriculation d’un autre État.
C’est ça.
Zoe jeta un rapide coup d’œil à Max qui était toujours derrière elle à parler dans la radio, mais qui se dirigeait lentement dans sa direction. Il donnait sans doute l’ordre aux autres de les rejoindre. Les renforts seraient là dans seulement quelques minutes.
Elle était assez proche à présent. Assez proche pour voir la couleur de son haut et pour savoir que ses cheveux avaient une longueur standard de cinq centimètres, au moins à l’arrière. Elle ne s’approcherait pas plus. Sinon, elle serait assez proche pour qu’il se tourne, lui saute dessus, lui passe le garrot autour du coup et tire.
Zoe s’arrêta et dégaina son pistolet. L’espace d’un instant, il n’y eut que les bruits diminuant de la foire derrière, le silence tout autour, et l’homme qui se penchait en avant pour tripoter quelque chose dans le moteur. Il n’avait absolument pas conscience de sa présence.
Les choses ne resteraient pas ainsi longtemps.
— Tournez-vous et mettez les mains en l’air, appela Zoe, levant son pistolet et prenant la bonne posture pour viser. Lentement.
L’homme se figea, la main toujours quelque part sous le capot de la voiture. Pensait-il qu’elle parlait à quelqu’un d’autre ?
— FBI ! Tournez-vous et mettez les mains en l’air !
Le message sembla passer, cette fois. Il bougea lentement et avec raideur, levant légèrement — seulement très légèrement — les mains et commençant à se tourner. Sa main droite agrippait quelque chose, quelque chose qui étincela dans la lumière de la foire alors qu’il se tournait et le tenait au niveau de sa poitrine. Pas assez haut. Pas assez sûr. Qu’était-ce pour étinceler comme du métal ? Cet objet fin — se pourrait-ce que ce soit un garrot serré dans sa main ?
— Lâchez ce que vous avez à la main ! cria Zoe, son cœur battant à cent à l’heure dans ses oreilles.
Ses mains tremblaient et elle mit toute sa volonté pour trouver ce centre de calme et rester stable. Ce n’était pas le moment de laisser ses nerfs prendre le dessus.
Il tressaillit en entendant sa voix mais finit de se tourner, l’objet toujours serré dans sa main. En raison de l’angle de la lumière, l’ombre du capot traversait son visage. Elle n’arrivait pas à discerner son expression, ses yeux.
— Lâchez ça ! cria-t-elle de nouveau, assez fort pour que ce soit indéniable.
L’homme sembla l’envisager l’espace d’une seconde. Sa main bougea, comme s’il était sur le point de laisser tomber l’objet par terre.
Ou de le lui jeter, de se jeter en avant, de l’attaquer. Le doigt de Zoe se resserra sur la détente, prêt à ce qu’il passe à l’action. Tout ralentit, s’immobilisa, des millénaires s’écoulant en un souffle tandis qu’elle réagissait à son changement soudain de posture. Des muscles se serrèrent, se tendirent, poussèrent, et il s’élançait, non pas vers elle, mais dans la direction opposée.
La fraction de seconde de soulagement fut teintée d’inquiétude quand Zoe réalisa qu’il courait — qu’il s’échappait.
Elle ne pouvait pas le laisser s’échapper.
Elle appuya sur la détente, ayant confiance en sa visée et espérant avoir deviné correctement la trajectoire de son corps. Le pistolet émit un éclair de lumière et du bruit, ainsi qu’un recul qui poussa brièvement ses mains en arrière même si elle y était habituée. Zoe braqua de nouveau son viseur sur lui, tout comme lorsqu’elle s’entraînait à chaque fois qu’elle avait besoin de se remettre à niveau au stand de tir, visant de nouveau avant de pouvoir réagir à quoi que ce soit d’autre.
Il était sur le sol, criant et agrippant sa jambe. Elle avait visé juste.
Derrière elle, Zoe entendait le fracas de pieds qui couraient tandis que les policiers arrivaient. Elle s’approcha prudemment de sa cible, gardant son pistolet braqué sur lui et s’assurant que l’angle et la trajectoire restaient toujours corrects alors même qu’elle s’approchait encore plus.
— Vous êtes en état d’arrestation pour suspicion de meurtre, dit Zoe avant de lui lire ses droits tandis qu’elle attendait que Shelley la dépasse et passe une paire de menottes à ses poignets.
Il ne fit pas d’autre tentative pour bouger ou s’enfuir, bien qu’il haletât de douleur et essayât de garder ses mains agrippées sur la blessure.
Alors que Shelley finissait de fermer les menottes, Zoe regarda le sol et vit l’objet qu’il avait eu à la main, celui qui avait réfléchi la lumière et attiré son attention.
C’était la jauge d’huile de sa voiture.
Non.
Zoe se retourna immédiatement, dirigeant son pistolet vers le sol tandis qu’elle regardait éperdument dans toutes les directions. Ses yeux assimilèrent la foule qui s’amassait rapidement, restant à une distance respectueuse du point d’origine du coup de feu tout en voulant voir ce qu’il s’était passé. Des visages curieux de familles, de couples, d’adolescents avec leurs amis, et de grands-parents. Toute l’attention était focalisée sur leur coin du parking.
Leur couverture était percée à jour. Si Zoe avait neutralisé le mauvais gars, ils ne trouveraient jamais le bon à présent. Il serait parti depuis longtemps.
L’arrestation avait été effectuée et c’était tout ce qu’ils pouvaient faire ici et alors. Zoe redirigea son attention vers le suspect tandis que Shelley l’aidait à monter à l’arrière d’une voiture de patrouille qui était arrivée à toute allure en entendant le bruit du coup de feu. Il était en garde à vue. Elle devait simplement prier d’avoir pris la bonne décision — et que cet homme n’était pas aussi inoffensif qu’il en avait l’air.