Kitabı oku: «Le Visage de la Mort», sayfa 12

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CHAPITRE DIX-HUIT

Il était assis dans sa voiture et attendait une occasion.

La Foire aux Dinosaures Géants du Kansas était bondée, plus bondée qu’il ne l’aurait espéré. Une sorte d’évènement qui lui amenait beaucoup de gens. Juste un autre exemple de la séquence s’assurant que tout était facile pour lui, lui ouvrant un chemin.

Il devait se montrer prudent, cependant. La nuit était tombée et des heures s’étaient écoulées tandis qu’il était resté assis sur le siège conducteur, bougeant occasionnellement son dos afin qu’il ne devienne pas trop raide. Il était trop risqué d’essayer d’attaquer quand la foire était la plus bondée. Il serait vu.

De plus, les lumières de la foire étaient brillantes et projetaient même un peu de leur lueur dans sa direction. Il ferait mieux de chasser dans l’ombre, de trouver une personne qui ne serait vue que lorsque des passants seraient juste à côté d’elle.

Il y avait un endroit à l’extrémité du parking où la barrière avait été cassée, elle avait peut-être été enfoncée par un visiteur un peu trop pompette qui avait oublié que sa voiture était en marche arrière. Des gens avaient commencé à passer par-là pour aller garer leurs véhicules sur l’herbe et profiter de l’espace supplémentaire où ils pouvaient se glisser. C’était cet endroit qu’il surveillait attentivement. C’était assez dans l’ombre pour peut-être lui offrir une occasion.

Cela restait quand même une longue attente. Le flot de voitures pénétrant sur le parking ralentit et commença ensuite à partir dans l’autre sens, les gens partaient avec leurs familles. Il devenait nerveux à présent. L’équilibre devait être respecté. Si le parking se vidait trop, il serait vu — arrêté. Il devait agir de façon à ne pas se faire remarquer.

Un homme monta dans sa voiture de l’autre côté de la barrière, une berline verte garée juste derrière la vraie limite. Il essaya de démarrer le moteur plusieurs fois, ne parvenant à n’en faire sortir qu’un son grinçant et rauque qui transperça clairement le bruit lointain de la foire.

L’observateur bougea sur son siège, se tournant de façon à avoir une meilleure vue, quand l’homme sortit de sa berline verte et ouvrit le capot. C’était possible ici. Distrait comme il était, il ne verrait jamais l’observateur s’approcher de lui. Même s’il le voyait, il lui serait possible de faire semblant : de jouer au bon samaritain qui venait l’aider avec sa voiture.

Sa main s’attarda sur la poignée de la portière, il était sur lui point de sortir discrètement et de s’approcher, quand une femme entra dans son champ de vision.

L’observateur laissa se relâcher ses muscles immédiatement. Il lui était impossible de s’approcher de l’homme et de sa voiture maintenant qu’il y avait quelqu’un d’autre. Avec un peu de chance, elle monterait dans sa propre voiture et partirait avant que le moteur ne revienne à la vie. Alors il reprendrait ce qu’il avait prévu.

Maintenant qu’il y pensait, la femme aurait été un meilleur choix. Elle était plus petite et fine, tandis que l’homme qui s’occupait de son moteur était grand. Il aurait été plus simple de passer le garrot autour de son cou à la place. Elle ralentissait, s’arrêtant à seulement quelques pas. Cela pourrait être intéressant. Il y avait peut-être un moyen qu’il l’attire plus loin dans les rangées de voitures, vers la limite du parking, loin du témoin potentiel qu’était l’homme ?

Mais, une minute — qu’avait-elle à la main ?

— Tournez-vous et mettez les mains en l’air. Lentement.

L’observateur se figea, ses yeux s’écarquillant. Un pistolet. C’était un pistolet.

— FBI ! Tournez-vous et mettez les mains en l’air !

Non ! Les forces de l’ordre — ici ?

L’observateur vit avec une sensation de panique grandissante comment elle ordonna à l’homme de lâcher ce qu’il avait à la main une, puis deux fois. Des idées se bousculaient dans sa tête. Ce ne fut qu’alors qu’il regarda de plus près et réalisa que l’homme conduisait une voiture similaire à la sienne — la seule différence était qu’elle était verte, et non pas rouge, à part cela, elle était identique à la sienne. Se pourrait-il qu’ils sachent ?

Se pourrait-il qu’ils soient déjà sur sa piste ?

Un coup de feu retentit, bruyant et étonnamment proche, et l’homme tomba au sol, sortant du champ de vision de l’observateur. L’avait-elle tué ? Tué par balle ici même, à vue ?

L’observateur n’avait qu’une seule chose en tête : s’échapper. Cela aurait pu être lui, allongé sur le sol à se vider de son sang. À l’agonie. La séquence ne serait jamais complétée s’il se faisait tirer dessus par le FBI.

Non, il devait partir — et il devait partir immédiatement. D’autres gens arrivaient en courant, vêtus de vêtements normaux mais avec des radios et des pistolets à la main — cela devait être la police. Peut-être une force opérationnelle du FBI tout entière. L’idée qu’ils envoient autant de gens après lui était légèrement orgueilleuse, mais cela pouvait attendre. Pour le moment, il devait simplement s’assurer de partir avant qu’ils ne réalisent qu’ils avaient tiré sur le mauvais homme.

Il tourna le contact, le moteur s’animant d’un vrombissement, et sortit rapidement de sa place de parking. Il jura et dut faire une embardée afin d’éviter une femme et un jeune enfant qui se dirigeaient tous les deux vers l’origine du coup de feu, bouche bée et les yeux écarquillés. Ce n’était pas le moment de se mettre en travers de sa route. Il leur aurait roulé dessus s’il n’avait pas été entouré par d’autres gens, tous armés de pistolets, certains jetant même des coups d’œil dans sa direction tandis qu’il les contournait et sortait du parking.

Un filet de sueur froide descendit le long de son échine alors qu’il regardait encore et encore dans son rétroviseur, voyant des voitures banalisées se diriger à toute vitesse vers le parking avec une détermination qui semblait délibérée. D’autres unités sous couverture. Il dépassa un groupe de voitures sur la bande d’arrêt d’urgence de l’autoroute, les conducteurs debout et discutant entre eux. Un barrage routier qui attendait le signal pour se mettre en place.

Ses doigts étaient serrés si fermement sur le volant que cela lui faisait mal et il dut faire l’effort conscient de les relâcher. Il leva le pied de l’accélérateur. Ce n’était pas le moment de se faire arrêter pour un excès de vitesse.

De plus, il ne pouvait pas trop s’éloigner. La séquence devait toujours être complétée. S’il partait et ne revenait pas, elle serait brisée. Il ne pouvait pas le permettre.

Il devait toujours effectuer le meurtre de ce soir-là.

CHAPITRE DIX-NEUF

Zoe faisait les cent pas dans le couloir, agitée et prête à commencer. Cela faisait plus d’une heure qu’elle était prête et qu’elle attendait que le médecin leur dise qu’il était temps d’interroger leur suspect.

— Assieds-toi, Z, suggéra Shelley en tapotant la chaise en plastique inoccupée à côté d’elle. La nuit va peut-être être longue.

Zoe était sur le point de céder et de s’asseoir quand la porte de la chambre privée dans laquelle leur suspect était soigné s’ouvrit.

— Vous pouvez lui parler à présent, dit le médecin, marquant une pause pour lever un doigt en signe d’avertissement. Mais rien de trop éprouvant. Si l’électrocardioscope se met à sonner, je devrais vous demander de partir.

— Compris, répondit Zoe qui avait hâte d’entrer.

Elle avait déjà entendu tout cela auparavant. La blessure par balle n’était qu’à sa jambe, ce n’était pas comme si le gars risquait vraiment de souffrir dommages supplémentaires. Le médecin ne faisait que parer à toute éventualité.

Ce qui signifiait qu’elle n’aurait aucun scrupules à tout mettre en œuvre pour obtenir des aveux.

— On ne change rien au plan ? demanda Shelley.

Elles avaient passé leur stratégie en revue pendant qu’elles attendaient que les médecins aient terminé.

Zoe lui adressa un rapide signe de tête et laissa Shelley passer devant elle afin que l’attention de leur suspect se focalise d’abord sur elle.

— Bonsoir, Monsieur Bradshaw, dit Shelley aussi chaleureusement qu’à son habitude. Comment va votre jambe ? Est-ce qu’ils vous ont donné assez d’antidouleurs ?

— Y a un trou dedans, c’est comme ça qu’elle va ma jambe, dit sèchement Bradshaw, ne prenant manifestement pas tout de suite d’affection l’attitude amicale de Shelley.

Zoe ne pouvait toujours pas le voir correctement ; elle attendait encore de l’autre côté de la porte entrouverte.

— C’est absurde. Je n’ai rien fait de mal.

— Eh bien, avec un peu de chance, nous parviendrons à tirer tout ça au clair et vous pourrez récupérer en paix, lui dit Shelley tout en apportant une chaise pour s’asseoir à côté du lit. Commençons par le commencement, Monsieur Bradshaw. Qu’est-ce que vous faisiez à la Foire aux Dinosaures Géants du Kansas ?

— C’est une foire. Qu’est-ce que vous pensez que j’y faisais ? répondit sèchement Bradshaw.

Zoe en avait assez entendu. L’approche amicale de Shelley stagnait et elles avaient besoin d’un autre ingrédient. L’intimidation provoquée par la présence de la personne qui lui avait tiré dessus le rendrait peut-être un peu plus coopératif. Elle ouvrit la porte en la poussant, entra et se dirigea vers le pied du lit.

Zoe l’examina tout en se penchant sur le plateau en métal sur lequel se trouvait son dossier médical, posant ses coudes sur les rebords inconfortables et faisant comme si cela ne la dérangeait pas. Sa taille, son poids et d’autres mesures défilèrent devant ses yeux quand elle lui jeta un rapide coup d’œil. Il faisait un mètre quatre-vingt, il était mince, et ses bras étaient assez musclés pour lui permettre de se servir d’un garrot.

Tout semblait correspondre à ce qu’elles cherchaient, mais elle avait toujours ce mauvais pressentiment à son sujet. La façon dont il s’était comporté n’avait rien eu à voir avec ce qu’elle avait suspecté. Il ne s’était pas montré subtil dans son attente ; il était resté debout de façon évidente, à un endroit où il pouvait facilement être vu. Elle savait combien leur homme était prudent, comment il avait effacé toute trace de ses mouvements à chaque fois qu’il en avait eu l’occasion. Comment cet homme aurait-il pu effacer ses empreintes après avoir enlevé quelqu’un au vu et au su de tous ? Il s’était garé sur l’herbe, ses pieds s’étaient enfoncés, les pneus de sa voiture avaient laissé des traces profondes. Cela n’avait pas de sens.

Sa réaction face à elle à présent était celle d’un homme qui écarquillait les yeux et se recroquevillait afin de s’éloigner d’elle.

— Qu’est-ce qu’elle fait là ? demanda-t-il.

— L’agent spécial Prime est ma partenaire, dit Shelley. Elle sera présente pendant que je vous interroge. Comme je l’ai déjà dit, Monsieur Bradshaw, finissons-en aussi vite que possible afin que nous puissions tous passer à autre chose, d’accord ?

— Passer à autre chose ? demanda Bradshaw, les yeux toujours rivés sur Zoe bien qu’il tournât la tête vers Shelley quand il s’adressa à elle. Comment est-ce que je suis censé passer à autre chose ? J’ai une balle dans la jambe.

— Non, ce n’est pas vrai, lui dit calmement Zoe.

— Quoi ?

— Le médecin a retiré la balle de votre jambe.

Bradshaw la regarda fixement sans dire mot. Il semblait sur le point de péter les plombs, un mélange de peur et de colère justifiée croissant en lui, mais n’avait pas de cible sur laquelle se défouler sans danger.

— Monsieur Bradshaw, commença de nouveau Shelley avant d’hésiter. Puis-je vous appeler Ivan ? Vous pouvez m’appeler Shelley.

Il y eu un moment de silence avant que Bradshaw ne détourne les yeux de Zoe assez longtemps pour marmonner :

— Très bien.

— Passons directement au fait, d’accord ? Pourquoi vous êtes-vous enfui quand on vous a demandé de vous tourner et de lâcher ce que vous aviez à la main ? demanda Shelley d’une voix douce et calme.

On aurait dit qu’elle était réellement curieuse de connaître la réponse. Zoe savait qu’elle aurait eu l’air accusatrice avec une question comme celle-ci et elle se demanda brièvement comme Shelley parvenait à sembler si amicale.

— Quelqu’un pointait un pistolet sur moi, répondit Bradshaw, ses yeux revenant se poser rapidement sur Zoe quand il prononça le premier mot. Qu’est-ce que j’étais censé faire ?

— N’y avait-il aucune autre raison pour laquelle pour avez tenté de vous enfuir ? Peut-être avez-vous fait quelque chose qui pourrait vous attirer des ennuis ? Écoutez, nous sommes à la recherche d’un meurtrier, Ivan, alors si vous avez fait quelque chose d’autre, vous pouvez simplement nous le dire. On vous laissera tranquille.

— Je n’ai rien fait. Je n’étais qu’un simple passant. Cette… cette folle m’a tiré dessus sans provocation !

Zoe ravala un grognement au fond de sa gorge. Elles étaient dans une impasse. Elle avait à présent assez confiance en Shelley pour savoir qu’elle finirait par réussir à le faire parler. Elles passeraient peut-être des heures ici, à simplement parler, avant qu’elle n’y parvienne, mais Shelley réussirait à le faire sortir de sa colère et de sa peur et à le faire parler.

Elles n’avaient pas des heures devant elles. Ou, du moins, Zoe n’avait pas des heures devant elle. Elle devait savoir, immédiatement. Elle devait savoir si elle avait trouvé leur homme. Car si ce n’était pas le cas, alors un tueur en série était toujours dans la nature et suivait toujours un programme serré.

L’image de la jauge d’huile dans l’herbe ne cessait d’apparaître dans son esprit. La voiture de l’homme avait réellement eu un problème et cela n’était pas une arme léthale qu’il avait eu à la main. Cela n’allait pas. Leur tueur n’aurait pas laissé des problèmes avec sa voiture se mettre en travers de sa route. Leur tueur était méticuleux, calculateur, précis.

Non seulement cela, mais il n’y avait aussi rien dans la voiture qui puisse leur indiquer quoi que ce soit. Pas de trace d’une quelconque arme du crime, pas même quelque chose qui puisse être utilisé comme un objet contondant. L’espace pour les jambes était recouvert de bouteilles en plastique vides et d’emballages de nourritures, et de longs cheveux blonds avaient été facilement trouvés sur le siège passager. Si elle savait bien une chose à propos du tueur, c’était qu’il était propre et ordonné. Soigné. Et qu’il ne laisserait pas de preuve, facilement identifiable grâce à un test ADN, d’un passager ayant été assis dans son véhicule.

Il aurait attendu avec le garrot. Zoe le savait. Elle le sentait en son for intérieur. Pourquoi jouerait-il les victimes innocentes au point de ne même pas être prêt à attaquer si quelqu’un s’approchait ? La seule réponse à laquelle elle pouvait penser était que ce n’était pas leur homme.

Ce qui était problématique, car elle avait déjà reçu un coup de téléphone de ses supérieurs qui l’avaient prévenue qu’elle aurait des ennuis s’il s’avérait qu’elle avait tiré sur une victime innocente.

Elle devait tirer cela au clair, et vite. Zoe balaya la pièce du regard, ses yeux allant de gauche à droite. Un rideau pour assurer de l’intimité, du matériel de surveillance, une perfusion, des étagères avec les vêtements de Bradshaw…

Là — un meuble de rangement. Elle s’en approcha et l’ouvrit, ignorant la conversation derrière elle tandis que Shelley continuait d’interroger Bradshaw.

— Étiez-vous à la foire seul ou y avez-vous retrouvé quelqu’un ?

Zoe fouilla dans les tiroirs, à la recherche de quelque chose qui fonctionnerait. Il n’y avait pas grand-chose dans la pièce — pas de seringues ou de flacons de médicaments, rien qu’un patient pourrait utiliser pour se faire du mal. Mais il y avait une boîte de pansements. Réfléchissant, Zoe l’ouvrit et les renversa sur le haut du meuble, son corps bloquant la vue de Bradshaw.

— J’ai été retrouvé ma sœur. Elle avait ses enfants avec elle donc elle est rentrée tôt. J’allais rentrer, moi aussi, mais ma voiture ne voulait pas démarrer.

Zoe commença à séparer les pansements avec des mouvements rapides et réguliers, deux ou trois bandes à la fois. Elle remit chaque pansements dans la boîte de façon désordonnée. Elle ne voulait qu’ils soient réguliers ou uniformes, pas pour cela.

— Aidez-moi, Ivan. Je veux comprendre afin qu’on puisse vous laisser vous reposer. Racontez-moi simplement ce qui vous est passé par la tête, d’accord ? Vous étiez à votre voiture, vous vérifiez le niveau d’huile…

— Et d’un seul coup, quelqu’un crie des trucs de fou à propos du FBI.

— Est-ce que vous pensiez qu’elle vous criait dessus à ce moment-là ?

— Non, pourquoi aurais-je pensé ça ? Je ne faisais que m’occuper de mes affaires !

Zoe retourna vers le lit et tira d’un coup sec un plateau de nourriture à roulettes sur les genoux de Bradshaw. Il la regardait avec une sorte de panique déconcertée.

— Qu’est-ce qu’elle fait maintenant ? demanda-t-il, ses yeux faisant des allers-retours en Shelley et Zoe tandis que cette dernière retournait la boîte afin de renverser les pansements. Est-ce que c’est une menace ?

Les pansements tombèrent, s’éparpillant sur le plateau, certains d’entre eux glissant pour aller atterrir sur les couvertures du lit. Ils ne formèrent pas de motif ou de forme particuliers, mais Zoe connaissait leur homme. Elle savait qu’il y verrait un motif. Elle fixa elle-même les pansements, commençant à organiser les lignes et les sommets et vérifiant s’il y avait des liens.

Elle mit treize secondes, mais elle le vit. En raison de la façon dont la boîte avait été penchée et de la répartition égale des pansements sur la surface, cela avait créé une forme à seize côtés plus ou moins distincte. Elle n’était pas régulière, mais cela restait une forme. Le tueur la verrait — son esprit animé de délires la prendrait pour un signe.

— Qu’est-ce qu’elle fait ? redemanda Bradshaw, la voix teintée de crainte et de confusion, s’adressant seulement à Shelley. Je veux avoir quelqu’un avec moi. Je ne suis pas en sécurité.

Zoe étudia attentivement son visage.

— Vous ne la voyez pas ?

— Quoi ? demanda Bradshaw, baissant de nouveau les yeux sur les pansements avant de lever la tête. Je ne vois pas quoi ?

C’était épineux, mais il y avait toujours une chance qu’il fasse semblant de ne pas voir le motif. Zoe savait qu’elle devait faire monter les enjeux et lui montrer qu’elle savait ce qu’il faisait.

Il ne serait pas capable de contenir sa réaction si elle dessinait le seul motif plus important que tout autre à ses yeux.

Elle leva son index et dessina lentement et soigneusement une spirale de Fibonacci approximative aussi précise que possible dans la masse de pansements, créant un chemin comme dans un labyrinthe.

Mais quand elle leva les yeux, sa tâche accomplie, Bradshaw la regardait d’un air encore plus déconcerté qu’auparavant.

— Je veux un avocat ou un truc comme ça, dit-il. Vous ne pouvez pas faire ça. C’est de l’intimidation, ce truc flippant. Elle ne devrait pas être près de moi.

— Shelley ? l’interrompit Zoe en regardant en direction de sa partenaire.

Cette dernière secoua la tête.

— J’ai regardé son visage tout le long, Z. Il ne reconnaît pas la forme. Je crois qu’il n’a aucune idée de ce qui se passe.

Zoe plaqua sa main contre le plateau, poussant les pansements sur le sol tandis qu’elle repoussait le plateau de sur le lit. Une autre impasse. Une autre perte de temps.

Elle s’élança dans le couloir, sans attendre que Shelley la suive, et marcha jusqu’à trouver une machine à café. Écrasant les boutons avec plus de force que nécessaire, elle attendit que la machine verse une tasse de café long et brûlé et l’avala d’une traite sans attendre pour vérifier qu’elle n’était pas trop chaude.

— Z ?

Elle se tourna et vit Shelley s’approcher précautionneusement, d’un pas léger et prudent. Zoe compta ses pas. Un, deux, trois, quatre, cinq. Elle essaya de compter n’importe quoi afin d’essayer de reprendre le contrôle de son rythme cardiaque et de calmer son sang qui était en ébullition après avoir fait encore une autre erreur.

— Je lui ai dit qu’on enverra les policiers d’État lui parler plus tard. Ils vont le débriefer, lui demander des renseignements et voir s’il n’a vraiment rien à cacher ou non.

— Je me fiche de Bradshaw, cracha Zoe. Ce n’est pas l’homme qu’on cherchait.

— Je sais, soupira Shelley, mettant légèrement sa main sur le haut du bras de Zoe. Ne t’en prends pas à toi-même. On a tous fait la même erreur. On croyait que c’était lui.

— C’était mon idée, dit Zoe en secouant amèrement la tête. C’est moi qui ai suggéré de se lancer à sa poursuite. C’est moi qui ai tiré.

— Est-ce que…, Shelley marqua une pause et se mordit la lèvre. Est-ce que tu crois qu’on est allés au mauvais endroit ?

— Non, répondit Zoe, sa conviction toujours aussi forte dans sa poitrine, dans son front ; la séquence n’avait pas menti. Bon endroit, mauvais homme. Je ne sais pas comment, mais il nous a échappé. Maintenant qu’il sait que nous sommes après lui, nous n’aurons peut-être pas d’autre occasion.

— Madame ?

C’était Max qui hésitait à quelques mètres d’elles. Il avait peut-être vu l’attaque brutale de Zoe à l’encontre de la machine à café et était réticent à s’approcher.

— On vient d’avoir des nouvelles du poste. L’histoire avec sa sœur s’avère être exacte. Elle est rentrée chez elle avec ses enfants peu de temps avant que nous l’ayons abordé. On dirait qu’il était simplement là pour une sortie en famille.

Zoe n’avait pas confiance en sa propre voix pour lui répondre. Elle fut soulagée quand Shelley répondit à sa place, se contentant de remercier Max et de le laisser partir.

— On l’a ratée, dit Zoe dès qu’il fut trop loin pour l’entendre.

Elle froissa le gobelet en papier dans sa main, les dernières gouttes du liquide marron tombant au sol.

— On avait la meilleure occasion pour le coincer et on l’a ratée. Il va tuer une fois plus, s’il ne l’a pas déjà fait.

Shelley ne dit mot, mais elle s’approcha et toucha de nouveau délicatement le bras de Zoe. Bien que ce fût très léger, à peine perceptible, c’était en quelque sorte réconfortant. Un contact maternel, pensa Zoe. Quelque chose qui lui était si étranger qu’elle ne l’avait jamais compris.

Ce moment fut interrompu par une vibration à sa hanche, son téléphone portable recevait un appel.

Zoe regarda qui l’appelait, jura intérieurement, puis décrocha.

— Agent spécial Prime.

— J’ai reçu un rapport disant que vous avez tiré sur un suspect durant son arrestation.

Ce n’était pas son supérieur direct mais l’homme au-dessus de lui. Un appel sérieux.

Zoe soupira.

— Oui, Monsieur.

— Et vous avez depuis déterminé que cet homme était innocent, n’est-ce pas ?

Il était inutile de le nier ou d’essayer de fournir un raisonnement.

— Oui, Monsieur.

— Pourquoi est-ce que je n’ai pas votre rapport sur mon bureau ? Pourquoi est-ce que j’ai appris cela de quelqu’un d’autre ?

— Nous venons de finir d’interroger le suspect, Monsieur. Je vais rentrer immédiatement pour commencer mon rapport.

— Ce n’est pas une erreur acceptable, Agent Spécial Prime. La réputation du Bureau est en jeu. Avec le climat politique actuel, nous ne pouvons pas nous permettre d’avoir des agents qui se baladent et tirent sur qui leur chante.

— Je m’excuse, Monsieur, dit Zoe, prenant une profonde inspiration pour former une explication — mais elle n’eut pas l’occasion de la formuler.

— Un faux-pas de plus sur cette affaire et c’en est fini pour vous, Prime. Ça fait deux arrestations d’innocents, dont une avec usage abusif d’une arme à feu. Une erreur de plus et je vous retire de cette affaire. Et votre partenaire aussi.

Les yeux de Zoe se dirigèrent vers Shelley.

— L’agent spécial Rose n’a rien…

— J’en suis certain, mais vous travaillez en équipe, et j’attends de vous que vous régliez ça. La bleue s’en sortira sans trop de problèmes. Je vous tiens pour responsable en tant qu’agent supérieur, Prime. Si tout ceci tourne mal, vous perdrez votre travail. Est-ce que vous comprenez ?

Zoe s’humecta les lèvres. Il n’y avait pas d’autre réponse acceptable.

— Oui, Monsieur.

L’appel prit fin, la ligne se coupant à son oreille, et Zoe remit son téléphone dans sa poche.

— Pas de bonnes nouvelles ? demanda Shelley avec une grimace compatissante.

— On devrait simplement retourner à notre salle d’enquête. Nous n’avons qu’un jour avant qu’il frappe de nouveau — le vrai tueur.

Zoe se frotta le front dans une tentative pour se débarrasser du mal de tête pesant qui s’y formait et s’élança dans les couloir tortueux de l’hôpital en direction de la sortie.

Quand elles passèrent devant la police d’État qui allait dans la direction opposée pour interroger Ivan Bradshaw, Zoe ne manqua pas leurs expressions renfrognées. Ils étaient de toute évidence mécontents de la tournure qu’avait prise la soirée et leur frustration semblait être solidement dirigée vers les deux agents.

— On a juste fait une erreur, dit Shelley, endossant charitablement une part de la responsabilité tandis qu’elle marchait à grandes enjambées pour suivre Zoe. On va l’attraper. On sait toujours comment il procède. On a juste raté quelque chose cette fois-ci. Mais ça n’arrivera pas la prochaine fois.

Zoe aurait aimé pouvoir partager la conviction de Shelley. La vérité était qu’elle s’était foirée et elle ne savait pas vraiment comment. Et si elle faisait une autre erreur, il n’y avait pas que son travail qui était en jeu, mais aussi la vie d’un inconnu innocent.

Elle reprit son téléphone pour appeler les policiers d’État une dernière fois. Quelque chose titillait son esprit depuis un moment et s’était soudain éclairci. Une urgence qui venait avec la réalisation qu’elles n’avaient en fin de compte pas trouvé leur homme.

— Bonsoir ? J’ai besoin que vous renvoyiez immédiatement une patrouille à la foire. L’homme que nous avons arrêté n’est pas le tueur. Il est possible qu’il soit arrivé tard et que nous l’ayons manqué.

— Possible ?

Le chef de police avait l’air sceptique, même à travers le téléphone.

— C’est un ordre urgent, lui dit Zoe qui aurait voulu qu’il se contente de faire ce qu’elle disait. Des vies sont en jeu ! Renvoyez une patrouille immédiatement !

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Litres'teki yayın tarihi:
15 nisan 2020
Hacim:
291 s. 2 illüstrasyon
ISBN:
9781094305639
İndirme biçimi:
Metin
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