Kitabı oku: «Le Visage de la Mort», sayfa 14
CHAPITRE VINGT-DEUX
Zoe se pencha en avant, regrettant que la voiture ne puisse pas aller plus vite. Elle voyait que Shelley appuyait déjà autant que possible son pied sur l’accélérateur, mais la voiture ne semblait pas assez rapide. Elle se tint fermement à sa ceinture, essayant d’ignorer le mal des transports qui tentait de remonter dans sa gorge afin de se concentrer sur ce qu’elle avait à faire.
Elle se tourna pour regarder la banquette arrière. Le grand policier d’État nommé Max, le shérif et un de ses adjoints faisaient le trajet avec elles. Zoe et Shelley s’étaient rendues à toute vitesse à leur base d’opérations, puis étaient parties directement pour la scène du crime sans vraiment faire de pause.
Le soleil commençait tout juste à se lever et ils n’étaient plus très loin de la Foire aux Dinosaures Géants du Kansas, seulement à quelques minutes de trajet sur l’autoroute.
— Est-ce qu’ils ont trouvé quoi que ce soit ?
Le shérif secoua la tête et jeta un coup d’œil à son téléphone.
— On dirait qu’on sera les premiers sur les lieux.
Leur rapidité à se lever et à monter dans leur voiture faisait d’eux les premiers arrivés. D’autres policiers étaient allés aux domiciles des deux femmes afin de prendre des dépositions. Deux familles qui s’étaient réveillées ce matin-là pour découvrir des lits vides, des proches qui n’étaient pas rentrés à la maison.
De tout le personnel, seules deux femmes manquaient à l’appel. Tous les autres étaient partis bien plus tôt et étaient tous rentrés chez eux. Une simple série de coups de téléphone avait permis de le vérifier.
Il y avait de la tension dans la voiture ; ils savaient tous qu’il était fort probable qu’ils ne retrouvent pas les femmes vivantes. L’une d’entre elles, ou les deux, devrait être la nouvelle victime du tueur. Il ne leur restait plus qu’à découvrir de laquelle il s’agissait et de s’il était parvenu à accomplir son crime ou non.
Shelley mit son clignotant et essaya de se frayer un chemin à travers la circulation afin de rejoindre le parking. Elle jura tandis qu’elle regardait ses rétroviseurs et la file en sens inverse, attendant une pause dans l’abondante circulation de grands camions qui transportaient leurs charges à travers l’État. Seules quelques secondes s’écoulèrent avant qu’elle en parvienne à passer, mais ils sentirent tous chacune d’entre elles. Chaque seconde comptait dans une affaire comme celle-ci.
Zoe ouvrit sa portière avec force et sauta de la voiture avant même que Shelley ait pu la mettre en position parking, ses yeux distinguant déjà quelque chose à la limite du parking qui ne ressemblait à rien de plus qu’un tas de tissu sur le sol. Zoe avait vu assez de scènes de crime pour savoir que ce n’était pas un tas de tissu. C’était des vêtements, et ces vêtements étaient sur une femme.
Depuis la route, la légère pente de dix-sept virgule six pourcents du parking cachait parfaitement le corps. Il était impossible de le manquer de plus près. Zoe écarta les bras derrière elle pour prévenir les autres de ne pas s’approcher et commença à examiner la zone lentement et minutieusement.
Sans surprise, il n’y avait pas d’empreintes de pas. Le sol était dur, excepté au bord du parking où l’herbe envahissait la surface, mais le tueur n’avait pas fait l’erreur de marcher dans la boue. Quand Zoe s’accroupit et avança lentement, examinant tout minutieusement et penchant la tête afin d’avoir un autre angle, elle ne vit aucun signe qui puisse fournir des indices sur la suite des évènements. Le soleil apparaissait de l’autre côté de l’autoroute, s’élevant au-dessus du terrain plat qui s’étendait à une bonne distance des arbres. De la lumière doré rayonnait sur les corps, faisant ressortir les reflets cuivrées des cheveux bruns de la femme morte.
De la lumière dorée pour le nombre d’or, pensa Zoe, s’approchant doucement tandis qu’elle évaluait les mensurations de la victime. Du sang formait une flaque autour de son corps, bien que la circonférence de la flaque fût plus faible et soignée que ce qu’elles avaient vu à la dernière scène de crime. Néanmoins, en prenant en compte l’absorption du sol, Zoe calcula que c’était assez de sang pour perdre la vie. La femme était tombée là sans trop résister. Elle s’était vidée de son sang sans bouger, peut-être déjà inconsciente en raison de la perte de sang ou du choc avant que son cœur n’ait plus de sang à pomper. Zoe voyait une blessure plus profonde à la gorge, plus longue de trois virgule huit centimètres, bien que l’angle d’attaque fût semblable avec les autres corps. Le taille type d’un mètre quatre-vingt pour le tueur restait inchangée.
Le sang était intact, tout avait été parfaitement préservé. Il aurait aimé cela, pensa Zoe. Il aurait été satisfait. Mais pour elle, cela signifiait qu’il n’y avait aucun signe ou indice indiquant ce qui aurait pu arriver à l’autre femme.
— C’est la femme plus âgée, dit Max, touchant l’écran de son téléphone de son pouce derrière Zoe qui se tourna pour le regarder. Les photos des employées viennent d’arriver. L’adolescente est blonde.
Zoe se redressa.
— Déployez-vous, dit-elle à Max et aux deux policiers du poste du shérif. Vérifiez les arbres ici et la foire. On doit savoir si elle est toujours ici ou non.
Ils acquiescèrent et partirent, leur silence comme seule réponse à la brusquerie de Zoe. Elle savait qu’elle n’allait pas se démarquer ce jour-là, son attitude laconique étant souvent décrite comme étant antisociale et froide. Ils avaient une tâche à accomplir. La vie de quelqu’un était peut-être encore en jeu.
Shelley s’accroupit à côté d’elle et pointa le corps du doigt.
— Qu’est-ce que tu vois, Z ?
Les autres hors de portée de voix, Zoe s’accroupit de nouveau, lisant les nombres de la scène de crime sous ses yeux comme s’ils étaient imprimés sur une page. Il était étrangement rafraichissant de pouvoir partager ce qu’elle voyait au lieu de le garder pour elle.
— La victime fait un mètre soixante-sept, ce qui maintient le profil du tueur. Elle fait aussi environ cinquante-sept kilos, donc ni assez lourde ni assez forte pour lui causer de problème. Il a passé le garrot autour de son cou par derrière, en se tenant ici, et a tiré tellement fort qu’elle est tombée presque immédiatement. La blessure à son cou fait trois virgule huit centimètres de plus de chaque côté par rapport aux victimes précédentes, ce qui indique qu’il a tiré plus fort pour faire une coupure plus profonde. Il voulait être sûr cette fois, après son échec avec Rubie.
Zoe se leva et fit le tour du corps afin d’avoir une meilleure vue.
— Elle est tombée ici et n’a pas bougé ensuite. On peut le voir grâce à la flaque de sang — un cercle presque parfait, ce qui indique une distribution égale. Je devinerais que la légère variation sur le côté gauche est due à la surface irrégulière du parking. Elle aurait mis environ quinze ou seize secondes à perdre autant de sang, ce qui me fait penser qu’elle était soit inconsciente soit trop sous le choc pour bouger après l’attaque.
— Et l’adolescente ? demanda Shelley.
Zoe secoua la tête et fronça les sourcils.
— Il n’y a rien ici que je puisse lire. Mais il y a une raison pour laquelle il voulait en finir rapidement avec ce meurtre, pour laquelle il aurait mis tant de force pour la gorge soit coupée si vite. Je pense qu’elles étaient ensemble. Il devait en finir avec celle-ci et s’attaquer à l’autre aussi vite que possible.
Shelley hocha la tête, portant le pendentif de son collier à son cou et parlant autour :
— Il l’a enlevée.
Ce n’était pas une question. Avec les faits que voyait Zoe, c’était indéniable. Même si les deux femmes avaient pénétré le parking séparément, il y avait des preuves que le tueur avait voulu agir vite, et l’autre fille n’était plus là.
— Il est revenu après qu’on est parti la nuit dernière. Ce corps a moins de cinq heures. Il doit être désespéré. Il ne voulait peut-être pas prendre le risque de ne pas trouver de victime ce soir. S’il prend un otage avec lui, il peut être sûr de pouvoir commettre le meurtre.
Shelley frissonna et se releva.
— Elle doit être terrifiée. Si elle a vu sa collègue se faire tuer…
Zoe opina de la tête, bien qu’elle ne vît pas en quoi cela avait de l’importance dans l’enquête. Cela ne les aiderait pas à la trouver et à lui sauver la vie.
— Regarde le bras de la femme. Il y a une légère bosse au-dessus du coude gauche. Tu la vois ? Elle portait habituellement quelque chose là, comme un sac à main. Le muscle est légèrement plus épais de ce côté. Mais il n’y a pas de sac ici, cependant.
— Il l’a probablement pris avec lui pour ralentir le processus d’identification, dit Shelley.
— Pour gagner du temps et s’éloigner encore plus. Oui, il l’a certainement enlevée.
Zoe hocha la tête, puis se tourna et regarda au loin à la recherche de leur aide locale. Les trois hommes leur tournaient tous le dos, faisant des recherches. Le shérif était presque complètement hors de vue dans les arbres.
— Est-ce qu’on devrait les rappeler ?
— Non, il faut faire ces recherches. On doit être rigoureux. Est-ce que tu entends quelque chose ?
Elles se tournèrent toutes les deux, regardèrent de nouveau dans les bois et virent le shérif lever une radio à son visage et parler dedans. Ensuite, le grésillement se fit entendre à nouveau, le même bruit qu’elles avaient entendu venir des arbres. Peu après, il se dirigeait vers elle, avançant d’un pas déterminé entre les grands troncs lisses.
— J’ai quelque chose, leur cria-t-il sans attendre d’être à portée de voix pour leur faire passer le message. L’agent en patrouille la nuit dernière a vu un homme pénétrer sur le parking à pied.
— Pourquoi est-ce qu’il ne l’a pas arrêté ? demanda Zoe, immédiatement irritée.
Ce tueur leur était-il passé juste sous le nez une fois plus ? Deux fois en une nuit ?
— Attendez, dit le shérif en s’arrêtant à côté d’elles, un peu essoufflé. Répétez ce que vous venez de me dire.
— Oui, Monsieur, répondit le policier par-dessus le grésillement et le sifflement de la radio. J’ai vu un homme traverser le parking après minuit. Je lui ai demandé ce qu’il faisait et il a dit qu’il avait perdu son portefeuille. Je lui ai dit de revenir dans la matinée et il a commencé à retourner à sa voiture qui était garée pas loin.
— Description du véhicule ?
— Une Ford Taurus.
— Couleur ? demanda Zoe.
Il y eu un moment de silence.
— Euh… Elle était garée au bord de la route, loin des lumières. Je ne suis pas sûr.
— Verte ?
— Ouais, peut-être.
— Et le suspect ? intervint Shelley.
— Un peu plus grand que la moyenne, peut-être un mètre soixante-dix-sept ou un mètre quatre-vingt, mince. Cheveux foncés, coupés assez courts. Je dirais qu’il était en milieu de vingtaine.
— Vous avez autre chose ? demanda le shérif dans la radio. Quoi que ce soit qui pourrait permettre de l’identifier ?
— Pas que je sache, Monsieur. J’ai vérifié la caméra de mon tableau de bord. On peut l’apercevoir, mais seulement son corps. Il portait un pull gris et un pantalon foncé. C’est tout.
Le shérif soupira, remercia l’homme et frotta ses yeux fatigués.
— Je vais diffuser un APB.
— Ça ne marchera pas, dit Zoe, se mordant la lèvre et regardant à l’horizon. Il est trop intelligent pour se faire attraper maintenant. On aurait pu l’avoir hier soir. Il sait qu’on est à sa poursuite maintenant. Ça va être beaucoup plus compliqué.
Le shérif lui adressa un regard sévère.
— Sans vouloir vous offenser, Agent, je dois protéger les citoyens de ce compté. Je ne peux pas continuer à courir après vos théories et le rater à chaque fois. Cette femme est morte car vous avez arrêté le mauvais homme hier soir.
Il était allé trop loin. C’était clair. Un shérif ne parlait pas ainsi à un membre du FBI, peu importe qui était en position de supériorité. Mais le temps que Zoe parvienne à digérer le fait qu’il n’avait pas tort, il lui avait tourné le dos pour donner des ordres dans la radio et faire passer ses hommes à l’action.
Shelley tendit la main et la posa brièvement sur le bras de Zoe, comme elle commençait à en prendre l’habitude. Zoe répondit d’un rapide signe de tête, écoutant le shérif tandis qu’il mettait une rafle en place.
— Il y a toujours une chance, je suppose, dit Shelley, essayant de trouver du réconfort. On devrait couvrir tous les angles.
— On manque toujours quelque chose, dit Zoe, en étant certaine à présent. Il n’y avait pas d’autre Ford Taurus verte sur le parking de la foire. On l’aurait vue.
Derrière les paroles de Zoe se cachait une autre certitude tenace. Le tueur frappait toutes les nuits — et seulement une fois par nuit. Il y avait toutes les chances que l’adolescente soit toujours en vie.
Une notification fit vibrer son téléphone et elle l’ouvrit pour voir la photographie de l’adolescente disparue qui avait été envoyée à son numéro ainsi qu’à celui de tous les membres des forces de l’ordre dans la région. Une liste de renseignements indiquait qu’elle s’appelait Aisha Sparks et qu’elle était âgée de dix-sept ans. Un frère cadet. C’était une danseuse et elle adorait les enfants, elle voulait aller à l’université pour devenir assistante sociale. Une bonne fille.
Zoe regarda fixement le doux sourire d’Aisha sur une photographie manifestement prise pour l’album de promotion de son lycée, et elle sut qu’elle devait la sauver. Tant de personnes avaient déjà perdu la vie. Tant qui auraient dû être sauver.
Si elle ne parvenait pas à sauver Aisha, Zoe savait que ce serait entièrement de sa faute. Si elle devait se racheter d’une quelconque façon après avoir laissé les choses aller si loin, après l’avoir laissé tuer tant de personnes, alors elle devait l’empêcher de tuer celle-ci.
CHAPITRE VINGT-TROIS
Shelley en avait assez de relire les dossiers de l’affaire dans la salle d’enquête, de passer en revue tous les vieux indices qu’elles avaient déjà vus avant. La dernière autopsie était loin d’être terminée et elles attendaient toujours les rapports définitifs concernant le corps de Rubie. Il n’y avait rien de nouveau ici, rien qu’elles n’avaient pas déjà vu de leur propre yeux avant.
Ce n’était pas que Shelley ne voyait pas l’utilité de relire les informations — de bien des façons, on pouvait voir les données sous un nouveau jour quand on avait plus d’indices sur lesquels se baser, quand on avait vu plus de victimes. Des détails insignifiants pouvait soudain devenir la clé de la résolution de toute une affaire.
Ce qu’elle n’approuvait pas, cependant, c’était que c’était à elle de le faire. Ce n’était que leur deuxième affaire ensemble, mais elle pouvait déjà voir combien Zoe était douée. Shelley ne sera jamais capable de rivaliser avec cela. Elle ferait mieux de travailler sur le terrain, de faire les choses physiques qui ne demandaient pas d’étudier des indices compliqués. Parler aux gens. C’était là que se trouvait son talent.
Ce n’était pas qu’elle pouvait vraiment complètement comprendre ce que faisait Zoe. Cela aurait tout aussi bien pu être de la sorcellerie tant elle n’y comprenait rien. Mais Shelley commençait à saisir que le simple fait qu’elle ne comprenait pas quelque chose ne signifiait pas que c’était faux. Elle se servirait de tout ce qu’elle avait à sa disposition pour aider à sauver des vies.
Et il y avait quelque chose chez Zoe, quelque chose qui faisait ressortir son instinct maternel, même si Zoe était plus âgée qu’elle. Quelque chose d’un peu brisé, de vulnérable. Shelley avait su que Zoe avait eu de nombreux partenaires avant elle. On l’avait prévenue. À présent, elle savait pourquoi, et elle n’allait pas être une nouvelle personne qui s’ajoutait à la longue liste de celles qui avaient tout simplement abandonné Zoe car elle avait quelque chose qui la rendait différente de tout le monde.
Elles avaient laissé la porte de leur salle d’enquête ouverte, laissant entrer l’agitation du reste du poste depuis le couloir. Non loin de là, le bureau de shérif avait été trépidant d’activité toute la journée, les adjoints et les policiers d’État y entrant et en sortant régulièrement.
Le bruit d’une sonnerie urgente retentit dans le couloir et Shelley tendit l’oreille. Le shérif répondit, aboya quelque chose dans le combiné, et, seulement quelques secondes plus tard, passa devant la porte à grandes enjambées tout en enfilant son manteau.
— Shérif ? demanda Shelley, se levant et se ruant dans le couloir afin de regarder dans la direction dans laquelle il était parti. Qu’est-ce qu’il y a ?
— On a un résultat avec la rafle, lança le shérif par-dessus son épaule. Une Ford Taurus verte. J’y vais immédiatement.
Shelley se retourna vers la pièce pour regarder Zoe qui examinait toujours attentivement les pages et les cartes devant elle.
D’un côté, elle croyait en Zoe. Les capacités qu’elle avait démontrées étaient indéniables. À la façon dont elle avait tout expliqué, Shelley savait qu’elle avait raison. Mais elle n’aidait pas en ce moment, et toute piste devait être suivie.
Même si le shérif faisait tout le contraire de ce que Zoe pensait être la marche à suivre, au moins c’était quelque chose. Et écarter la découverte du shérif comme étant quelque chose d’inutile serait plus productif pour Shelley que de rester assise à perdre son temps.
— Je devrais aller avec lui, dit Shelley, se penchant afin de murmurer la suite. Je ne peux pas leur dire pourquoi tu es aussi certaine qu’ils ne le trouveront pas, n’est-ce pas ? Alors je ferais mieux d’y aller.
Zoe leva la tête et rencontra son regard, puis hocha une fois la tête, une expression presque sereinement vide sur le visage.
— Je vais rester.
C’était exactement ce à quoi elle s’était attendue. Il n’y avait aucune raison que cela soit différent. Shelley lui adressa un rapide sourire rassurant puis s’élança à toute vitesse à la suite du shérif, le rattrapant au moment même où il arriva à sa voiture.
— Vous venez ? grogna-t-il.
Son attitude renfrognée et le fait qu’il ait abandonné toute politesse montraient qu’il n’avait de toute évidence pas apprécié les ordres de Zoe. Il pensait qu’elles l’avaient emmené sur une fausse piste et qu’elles avaient laissé mourir quelqu’un d’autre. Soit. Shelley savait comment faire changer une opinion, et la seule façon de le faire était de s’asseoir et de parler avec lui.
Elle se laissa tomber sur le siège passager, attendant impatiemment qu’il démarre. Leur voiture progressa rapidement sur les routes, se déplaçant avec le genre de vitesse et de certitude qui ne pouvaient être dus qu’à une connaissance des lieux.
— Quel est le rapport ? demanda Shelley.
Les yeux du shérif se dirigèrent vers elle l’espace d’un instant avant qu’il ne se reconcentre sur la route.
— Ford Taurus verte avec un conducteur de sexe masculin seul. Le policier a dit qu’on dirait qu’il vivait peut-être sur sa banquette arrière. Des boîtes de fastfood, des vêtements sales, ce genre de choses. Ce serait logique pour notre gars.
Shelley devait lui accorder cela.
— Pas de réservations de motel pour qu’on puisse le localiser. Est-ce qu’ils ont déterminé son identité ?
— Ça nous dit rien. Il vient d’un autre État et n’a pas de casier. Ils m’ont dit que sa taille correspond à votre profile, néanmoins.
Shelley hocha la tête.
— Alors il y a de fortes chances qu’on l’ait trouvé.
— On ? renâcla le shérif.
Ce n’était pas un refus catégorique, et il n’ajouta rien de plus, mais ce qu’il avait voulu dire était clair. Il n’accordait aucun crédit à l’aide du FBI pour ceci.
Shelley resta silencieuse. Il y avait des moments où l’on pouvait faire changer une personne d’avis et il y avait des moments où il valait mieux attendre qu’elle se calme et être prêt à faire sa remarque seulement quand elle serait calmée.
Ils s’arrêtèrent à un barrage routier après environ vingt minutes de route, où plusieurs voitures bloquaient toutes les voies sauf une et forçaient le trafic à passer entre elles. Une berline verte était garée sur la voie la plus éloignée, le conducteur debout appuyé contre sa voiture.
L’estomac de Shelley se noua quand elle le regarda. L’homme était en surpoids, c’était évident. Il faisait peut-être la bonne taille, mais il était aussi plus âgé que ce que Zoe avait suggéré. Soit sa partenaire s’était trompée, soit c’était encore une autre fausse piste.
— Je vous dis, vérifiez les dossiers, disait-il alors qu’ils s’approchaient.
Un des policiers parlait au téléphone, lançant un regard quelque peu penaud au shérif quand ils le rejoignirent. Shelley savait ce que ce regard signifiait. Elle sentit un grognement croître en elle, menaçant de s’échapper de façon audible.
Le policier raccrocha et s’adressa au groupe entier.
— Son alibi est exact, dit-il. L’hôpital a confirmé qu’il a passé les deux dernières semaines à récupérer dans un de leurs services.
Une autre impasse. Le regard de Shelley rencontra celui du shérif, et elle arqua légèrement un sourcil, espérant qu’il comprendrait ce que cela voulait dire. Le score était à présent de 2 contre 0. Et le tueur était toujours dans la nature avec une jeune femme kidnappée.