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Kitabı oku: «Les Rues de Paris, tome troisième», sayfa 7

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Une anecdote encore avant de terminer. Ce ne fut point sans effort que notre Saint arriva à ce haut degré de vertu, témoin ce qu'il racontait lui-même: «Je m'aperçus, dit-il, en m'examinant, d'une certaine rudesse et brusquerie de manières surtout avec les grands du monde et je sentis qu'il y avait nécessité d'y apporter remède. Je m'adressai alors à Notre-Seigneur et je le priai instamment de me changer cette humeur sèche et rebutante et de me donner un esprit doux et bénin.»

Le Saint fut exaucé et sut dès lors si bien veiller sur lui-même que sa douceur et son affabilité passèrent en commun proverbe25.

Saint Vincent de Paul, au reste, ne recommandait rien tant que la douceur «étant, dit Abelly, comme la fleur de cette divine vertu de charité, qui relève d'autant plus par son excellence qu'il y a plus de difficulté à réprimer les saillies de la nature qui se couvre souvent du manteau du zèle pour se laisser aller plus librement aux emportements de ses passions.

«Il tenait encore pour une autre maxime de cette vertu, de ne contester jamais contre personne, non pas même contre ceux qu'on était obligé de reprendre; mais il voulait qu'on se servît toujours de paroles douces et affables, selon que la prudence et la charité le requéraient. Par ce même principe, il défendait aux siens d'entrer en des altercations ou aigreurs quand il était question de conférer avec les hérétiques, parce qu'on les gagne bien plutôt par une douce et amiable remontrance: «Quand on dispute, disait-il, contre quelqu'un, la contestation dont on use en son endroit lui fait bien voir qu'on veut emporter le dessus; c'est pourquoi il se prépare à la résistance plutôt qu'à la reconnaissance de la vérité: de sorte que, par ce débat, au lieu de faire quelque ouverture à son esprit, on ferme ordinairement la porte de son cœur; comme au contraire la douceur et l'affabilité le lui ouvrent. Nous avons sur cela un bel exemple en la personne du bien-heureux François de Sales, lequel, quoiqu'il fût très-savant dans les controverses, convertissait néanmoins les hérétiques plutôt par sa douceur que par sa doctrine.»

«… Il faisait néanmoins une grande différence entre la véritable vertu de douceur et celle qui n'en a que l'apparence; car la fausse douceur est molle, lâche, indulgente; mais la véritable douceur n'est point opposée à la fermeté dans le bien, à laquelle même elle est plutôt toujours conjointe par cette connexion qui se trouve entre les vraies vertus; et à ce sujet, il disait: «Qu'il n'y avait point de personnes plus constantes et plus fermes dans le bien que ceux qui sont doux et débonnaires; comme au contraire ceux qui se laissent emporter à la colère et aux passions de l'appétit irascible sont ordinairement fort inconstants parce qu'ils n'agissent que par boutades et par emportements; ce sont comme des torrents qui n'ont de la force et de l'impétuosité que dans leurs débordements, lesquels tarissent aussitôt qu'ils sont écoulés; au lieu que les rivières, qui représentent les personnes débonnaires, vont sans bruit, avec tranquillité, et ne tarissent jamais.»

L'église de saint Vincent de Paul, élevée, il y a peu d'années, rue La Fayette, comme monument, ne manque pas de grandeur. Elle est ornée à l'intérieur de fresques en harmonie avec l'architecture, et qui sont dignes du pinceau de cet illustre maître, Hippolyte Flandrin. Dans l'église ou chapelle des Lazaristes (rue de Sèvres, 93), dédiée pareillement à saint Vincent de Paul, se voit, dans une châsse vitrée, le corps tout entier du Saint, précieuse relique, exposée plus particulièrement, certains jours, à la vénération des fidèles dont le concours est merveilleux.

LES VIEILLES RUES
ET LES AUTRES

LE VIEUX PARIS

Beaucoup de rues nouvelles, bâties si vite, s'improvisent en quelque sorte, ce qui fait qu'on les désigne d'une façon assez arbitraire, et le plus souvent comme le plus facilement, par un nom propre. Il n'en était point ainsi autrefois alors que, dans la ville ou les faubourgs, les maisons, s'élevant successivement et lentement, finissaient, comme au village, par former une rue après un laps de temps plus ou moins long. La dénomination sortait de la nature même des choses, et presque toujours originale et pittoresque, tellement que d'habitude le nom adopté par le populaire se conservait par la tradition seule de longues années, des siècles; car ce n'est qu'en 1728, qu'on a commencé à placer des inscriptions à l'entrée des rues pour rappeler leur nom. Les origines de nos anciennes voies sont donc pour la plupart curieuses et singulières; «elles proviennent, dit très bien Saint Victor, ou du nom de quelque personnage distingué qui y possédait une maison remarquable, ou de quelque enseigne singulière qui avait frappé les yeux du peuple, ou de quelque évènement extraordinaire qui y était arrivé. Plusieurs devaient leur titre à leur malpropreté habituelle, d'autres aux vols et assassinats qui s'y commettaient; quelques-unes enfin ont des noms dont l'origine et le sens sont entièrement inconnus.26» Afin d'ajouter à l'intérêt de ces récits historiques, nous nous proposons de faire connaître les dites origines aussi bien que les souvenirs qui s'y rattachent. Grâce à tant d'épisodes, d'anecdotes, de détails variés, et souvent presque inédits, cette Seconde Partie de notre travail n'offrira pas moins d'attrait, nous osons l'espérer, que la Première composée de biographies développées.

Mais avant de commencer, afin que rien ne soit perdu pour le lecteur, il nous semble utile de résumer en quelques pages les récits des historiens27, formant souvent d'énormes volumes, et relatifs aux origines du vieux Paris lui-même.

Les origines de cette ville, pour nous servir d'une expression banale mais forcée, se perdent dans la nuit des temps. Vers l'an 54 avant Jésus-Christ, on voit ses habitants, membres de la tribu gauloise des Parisii, combattre courageusement les Romains qui voulaient les soumettre; mais après avoir repoussé Labiénus, lieutenant de César, ils furent vaincus par celui-ci qui s'empara de l'île où s'élevait Lutèce (Lutetia); car tel était le nom que portait alors la cité; «nom que les uns dérivent de lutum, boue, argile, parce que le territoire de cette ville était marécageux, dit M. Louvet, et auquel d'autres trouvent une origine celtique, en sorte qu'il signifierait ville entourée d'eau, ou encore île du Corbeau

Quoiqu'il en soit, César, pour s'assurer de sa conquête, la fit entourer de murailles et deux tours ou forteresses s'élevèrent à la tête des ponts de bois jetés sur le fleuve à l'endroit où se trouvent aujourd'hui le Petit-Pont et le Pont-au-Change. Dès lors, Lutèce devint la résidence des gouverneurs romains dans les Gaules. On sait qu'elle était particulièrement chère à Julien, qui y reçut le titre d'auguste. Vers l'an 24528, saint Denis vint y prêcher l'Évangile avec ses compagnons et leur martyre prépara le triomphe de la foi.

Chilpéric Ier, roi des Francs, eut la gloire de chasser les Romains de Paris qui devint sous Clovis, son fils et son successeur, la capitale du royaume. Probablement c'est alors que la cité échangea son nom ancien de Lutèce contre celui de Paris, Parisius, dit saint Grégoire de Tours. Ce nom lui vient selon toute apparence de ses premiers habitants les Parisii, cette origine paraît beaucoup plus vraisemblable que l'opinion, chère à nos vieux auteurs pourtant, qui, par une tradition fabuleuse sans nul doute, fait descendre la famille royale des Francs et les fondateurs de Paris des Troyens et du fils de Priam.

Les princes mérovingiens témoignèrent tous d'une grande prédilection pour Paris, leur capitale; il n'en fut pas de même des Carlovingiens qui n'y résidèrent que par intervalles. Sous les descendants dégénérés de Charlemagne, on sait que la ville fut plus d'une fois exposée aux ravages des barbares du Nord, dits Normands, et le siége qu'elle soutint contre eux, au temps d'Eudes et de l'évêque Gozlin, est célèbre. Hugues Capet, le fondateur de la 3e dynastie, s'établit de nouveau à Paris qui n'a plus cessé d'être la capitale du royaume. Déjà la ville commençait à s'étendre sur les deux côtés du fleuve, aussi Philippe Auguste ordonna la construction d'un nouveau mur d'enceinte qui, partant du Louvre, s'arrêtait au quai des Ormes et des Célestins, en passant par la rue St-Honoré, la pointe Ste-Eustache, la place Baudoyer, etc.

Une quatrième enceinte s'éleva au temps où Marcel était prévôt des marchands (1356). La ville s'agrandit encore ce qu'elle ne cessa de faire, au point qu'il fallait constamment reculer les fortifications, tantôt d'un côté tantôt d'un autre, tantôt au nord, tantôt au midi. Car Paris, si rudement éprouvé pendant les guerres religieuses du 16e siècle, resta ville de guerre jusqu'au règne de Louis XIV qui fit abattre les murailles, combler et planter d'arbres les fossés changés en boulevards pour la promenade29. La ville alors put s'étendre en toute liberté. La Révolution fut un temps d'arrêt pour ce mouvement d'expansion, les travaux s'étant ralentis ou même arrêtés alors que, sous ce régime abominable autant qu'inepte de la Terreur, la richesse, l'apparence même de la fortune devenait un crime. Le calme rétabli, Napoléon, consul et surtout empereur, se préoccupa constamment de l'agrandissement et de l'embellissement de Paris qui lui dut de nombreux monuments, la Bourse, la colonne de la Place Vendôme, les ponts d'Austerlitz, d'Iéna, des Arts, etc.

Sous la Restauration comme pendant le règne de Louis Philippe, d'importants travaux s'exécutèrent à Paris qui cependant gardait toujours un peu, dans certains quartiers surtout, la Cité, la rue St-Jacques, le faubourg St-Germain, etc., sa vieille physionomie qu'il perd tous les jours davantage depuis les dernières et colossales entreprises qui font de la ville entière un vaste chantier de démolition et de construction. On ne saurait nier assurément que la ville y gagne au point de vue de l'hygiène et que beaucoup de ces grands travaux n'aient leur utilité, ne fussent même d'une absolue nécessité; il est permis toutefois de regretter qu'on ait voulu tout faire à la fois et en outre que les plans généralement adoptés semblent avoir pour résultat de donner à la grande capitale, remarquable naguère par ses aspects variés et pittoresques, un caractère monotone d'uniformité. Qu'y a-t-il pour le rêve et la poésie dans l'interminable rue Lafayette, aux maisons ennuyeusement pareilles, ou dans l'éternel boulevard Haussmann30?

Faut-il répéter, après bien d'autres, que dans toutes ces habitations nouvelles, luxueuses en dépit de l'architecture banale, il n'y a place que pour les riches et même richissimes et que, nous ne dirons pas les pauvres gens, mais les gens modestes, lettrés, artistes et autres, ne trouvent plus à se loger. À cela on répond que les dites demeures royales et princières ne sont mie faites pour eux, pas plus que les cages dorées, enluminées, sculptées pour les vulgaires pierrots. Fort bien alors, mais c'est les forcer à percher sur les arbres et pignons, ce qui n'est guère commode et récréatif en hiver, outre que dame Police ne le tolère point.

Un mot encore avant de terminer. Voici des Parisiens et Parisiennes un assez joli portrait que Sauval traçait, il y a longtemps déjà31, et qui aujourd'hui encore ne manque ni de vérité, ni d'actualité: «Les Parisiens sont bons, dociles, fort civils, aiment les plaisirs, la bonne chère, le changement de modes, d'habits, d'affaires… Les gens riches et qualifiés se traitent et s'habillent aussi magnifiquement qu'ils se logent… Les dames de qualité et les riches n'y font rien que jouer, se promener, faire des visites, aller au bal et à la comédie; elles sont si superbement vêtues qu'elles dépensent en gants, en passementeries et autres galanteries plus que des princesses étrangères en toute leur maison. Les Grands en un mot (les Riches), hommes et femmes, font tant d'excès que leur revenu, quelque prodigieux qu'il soit, n'y pouvant suffire, ils dissipent en peu d'années ce que leurs pères, durant toute leur vie, ont eu bien de la peine à amasser.»

APRÈS LES DEUX SIÈGES (1870-1871)

I

Le chapitre qu'on vient de lire était écrit, on le comprend, depuis assez longtemps déjà, car notre livre allait être mis sous presse quand éclata la guerre (juillet 1870). Au lendemain de l'armistice, nous écrivions:

Ce paragraphe, qui nous avait paru si curieux à reproduire naguère, a singulièrement perdu de son actualité et de son piquant aujourd'hui. Dans Paris assiégé, dans Paris ville de guerre, plus de bourgeois passionnés du luxe et du bien-être, plus de négociants et de banquiers ne songeant qu'à la Bourse et aux affaires, mais des milliers et des milliers de braves soldats, ardents à l'exercice et soucieux seulement de bonnes armes, afin de pouvoir faire hardiment face à l'ennemi. Les Parisiennes, elles aussi, ne se préoccupent plus, oh! plus du tout, de la toilette, mais des graves devoirs de la mère de famille et des soins de la ménagère, et simplement vêtues, courent dès le matin au marché à moins qu'elles ne s'empressent pour aider ou suppléer au besoin la sœur de charité dans les ambulances.

C'est donc en toute vérité qu'un éminent académicien auquel cette fois on ne peut qu'applaudir, disait récemment dans une conférence au profit des blessés: «Je ne vous dirai pas, comme on le répète trop, que vous êtes sublimes, que vous emportez l'admiration du monde; non! Je vous dirai simplement, ce qui est bien plus fort, selon moi, que vous êtes redevenus honnêtes! Avec l'honnêteté a reparu un mot que je n'ai pas entendu vingt fois en vingt ans sur les boulevards, et que je trouve maintenant sur toutes les bouches; c'est le mot devoir. Vous rencontrez un ami qui revient du rempart, fatigué, blêmi; vous le plaignez: «Que voulez-vous,» mon cher, vous répond-il, il faut faire son devoir.»

«… Brave et cher Paris! je m'étonne toujours d'entendre dire qu'il est triste d'aspect! Paris triste! Je ne l'ai jamais trouvé si beau! Oui, ce Paris cerné, bloqué, bastionné, sans chemins de fer, sans spectacles, sans gaz, et se découronnant par ses propres mains des forêts qui l'environnent comme une veuve qui coupe sa chevelure en signe de deuil, ce Paris me semble mille fois plus brillant que dans ses beaux jours de fête!.. Que dis-je? plus brillant même que dans ces incomparables mois de l'Exposition universelle, où il donnait une hospitalité si loyale et si cordiale à ceux qui l'égorgent aujourd'hui. Car Paris alors n'exposait que son génie; aujourd'hui, il expose aux yeux du monde quelque chose qui vaut mille fois plus que toutes les merveilles de l'industrie, de la science et de l'art: son âme.»

Un confrère de M. E. Legouvé, M. Vitet, auquel nous devons tant de beaux travaux sur l'art, faisant trêve à ses chères études, a écrit aussi sur Paris assiégé des pages éloquentes dont nous détachons avec bonheur ce fragment: «… En attendant et quoi qu'on fasse, je demande à Paris de reprendre au plus vite cette mâle attitude qui pendant six semaines lui a fait tant d'honneur… Laissons-là ces idées d'atermoiements, de suspension de siége, d'armistice et d'accommodement; pensons à la défense et ne pensons qu'à elle.

«Ne rêvez plus théâtres rouverts, promenades, voyages, libres correspondances; ne laissez pas votre imagination savourer ces fruits défendus; parcourez le rempart, et, du dehors surtout, regardez cette ville à l'aspect si nouveau, si désolé, si nu, si grandiose et si fier. Regardez cet immense espace qui vous sépare des bastions, puis, en levant la tête, ces longues files horizontales qui vous transportent en idée au fond des grandes landes ou devant les dunes de la mer.

«Il y a des gens à qui ce spectacle, ces audacieux travaux et ces canons montrant leur gueule aux échancrures des tertres de gazon, causent une sorte de serrement de cœur; qui en détournent les yeux, ne pensant qu'aux douleurs et aux larmes dont ils ont devant eux le triste avertissement. Sans me croire insensible, je confesse que chez moi le premier mouvement devant ce Paris transfiguré est une sorte de satisfaction intérieure que tout cela soit comme sorti de terre, si promptement, si noblement, sous les yeux et avec le concours de cette population frivole et généreuse. Tout n'est donc pas perdu, puisque de tels élans partent encore de nous! Aussi, quand il m'arrive de penser que peut-être nos maux auront un terme, et qu'on pourrait encore s'occuper quelque jour des embellissements de Paris, le premier que je rêve est de lui maintenir sa couronne guerrière, ses ponts-levis, ses cavaliers et ses glacis immenses qui l'isolent et lui forment un si beau piédestal. Cette parure lui sied, je veux qu'il la conserve.»

Nous sommes pleinement de l'avis de M. Vitet.

Ce qui rend mémorable à toujours cet effort prodigieux du patriotisme, même non couronné par la victoire suprême, ce sont les épreuves que Paris, le Paris des fêtes et des plaisirs et des jouissances (trop, hélas! mais noblement expiées) a dû subir et qui, chose singulière! semblent avoir échappé aux prévisions des écrivains cités par nous. Faut-il parler de ces citadins habitués, routinés, si l'on me permet le mot, aux délices de Capoue et, du jour au lendemain, condamnés aux plus rudes exercices de la vie militaire, aux veilles de nuit sur le rempart par la pluie, le vent, la neige, le froid (et quel froid!), et plus tard à l'entrée en campagne par la saison la plus rigoureuse, quand le gel fait que le fusil vous brûle presque les mains! Dirons-nous les privations en tout genre et pour beaucoup si pénibles! Plus de lait, plus d'œufs, plus de légumes frais quand les autres vont s'épuisant tous les jours comme la viande de cheval, d'ânon, de mulet; quand la volaille devient un mythe, les gourmets ayant peine même à prix d'or32 à se procurer un chat maigre ou quelque rat d'égoût. Pouvons-nous oublier les pauvres femmes, souvent si délicates, et dans l'intérêt du ménage, par le temps le plus rude, pour obtenir un morceau de viande, ou leur part de pommes de terre, se résignant à faire queue de longues heures, des nuits entières parfois! Faction qui valait celle du rempart et, s'il faut le dire même, tout autrement pénible souvent!

Aussi M. Cochin n'avait pas tort d'écrire dans le Français (13 décembre 1870): «C'est encore un beau spectacle, un bon résultat, qui fait honneur aux femmes plus qu'aux hommes, car ce mot que me disait un jour un pauvre enfant est toujours vrai:

«Que fait ta maman?

« – Elle fait la soupe.

« – Et ton papa?

« – Il la mange.

«Celles qui font la soupe ont en ce moment une admirable vertu.» Assurément. Toutes ces cruelles misères d'ailleurs, dont les écrivains en question ne semblaient point s'être douté, elles ont été supportées bravement, courageusement, gaîment même, non pas quelques semaines, mais des mois et de longs mois.

II

Voilà donc ce que nous écrivions au lendemain du siége de Paris dont, sans faire précisément l'histoire, nous racontions quelques épisodes glorieux en les faisant suivre de considérations ou restrictions. Celles-ci étaient relatives au caractère trop humain des vertus mêmes que nous avions eu plaisir à louer; après M. Vitet, nous regrettions que l'immense majorité, dans cette grande et noble ville, au milieu de circonstances si graves, continuât de témoigner de sa profonde insouciance au point de vue religieux, et, dans ce péril suprême, au lieu d'invoquer l'intervention de Celui qui peut tout, parût s'étonner, s'indigner qu'on essayât de la rappeler à son devoir en l'invitant à lever ses mains vers le ciel. Nous déplorions la tolérance coupable du gouvernement comme de la population en face de scandales d'impiété qui auraient dû soulever l'indignation générale; nous étions comme forcé d'attribuer le malheur de la défaite à cette demi-complicité comme à l'orgueil insensé qui avait fait qu'en s'exaltant dans la confiance exagérée de sa force, on n'avait jamais paru compter (au moins le grand nombre) que sur soi-même et sur son courage aidé de bonnes armes, chassepots et canons. Dans cette capitulation nouvelle et dernière, hélas! qui avait été pour nous comme pour tout bon Français une humiliation profonde et une si poignante douleur, il nous était difficile de ne pas voir un châtiment, châtiment pour la France comme pour Paris.

Mais combien nous étions loin de prévoir que, pour celle-ci, pour la cité reine, ce n'était qu'un avant-goût, et comme un léger essai, une sorte d'avertissement des justices d'en haut, avertissement qui, dédaigné bien loin d'être compris, (témoin les élections attestant, bientôt après, une aberration si prodigieuse et de si furieux instincts de désordre,) allait attirer sur nous, par l'insurrection du 18 mars, un tel déluge de calamités! On sait le reste et la folie furieuse de cette tyrannie jacobine, socialiste, athée qui, pendant deux mois, a tenu la France en échec et Paris dans un si rude esclavage en pillant les caisses publiques, emprisonnant les prêtres et les notables, profanant et dévastant les églises, forçant, sous peine de mort, les citoyens à combattre pour une cause à leurs yeux exécrable et maudite. Puis, quand enfin cette abominable cause semble définitivement perdue, ces scélérats, les pires de tous, se vengent par des crimes sans nom, par l'assassinat de sang-froid d'un archevêque, de prêtres vénérables, de courageux magistrats, de pauvres soldats désarmés! Ils se vengent, les infâmes, avec le concours des galériens et autres, par l'incendie allumé sur tous les points de la capitale et par des moyens, comme avec un ensemble qui annonce une satanique préméditation. Les paroles manquent pour qualifier de tels forfaits qui rendront infâmes à jamais ces noms de Commune, Communeux, Internationale, et, il faut bien le dire, font maudire par la France, par l'Europe entière, ceux qui servent d'instruments toujours dociles aux sectaires et révolutionnaires, j'entends les Parisiens! Mais nous Parisien, et vraiment natif de la grande cité, chose assez rare parmi ceux qui l'habitent, nous croyons qu'à cela, il y a manque de réflexion comme de justice et nous sommes heureux de voir que nous ne sommes pas seul de notre avis et que d'autres aussi protestent. Nous ne pouvons qu'applaudir du cœur et des mains au langage de M. Victor Cochinat, quand il dit dans la Petite Presse (juin 1871):

«Parmi les soixante mille insurgés qui ont été tués ou faits prisonniers il n'y a pas six mille Parisiens réels. La plus grande partie de ces routiers sont venus de l'étranger ou sont nés, hélas! dans nos départements.

«Ce fait nous a été affirmé à Versailles, par un militaire de grande compétence, sous les yeux duquel passent presque tous les fédérés qu'on dirige vers nos ports.

«Oui, tous ces révoltés de l'ordre social sont en majorité de nationalité étrangère, et – chose ennuyeuse à dire – c'est parmi les irréguliers nés dans les départements que le Comité central a recruté la partie la plus énergique de sa triste armée.

«Ce renseignement nous a soulagé, car enfin il était pénible de penser que la ville aux mœurs si douces, cette patrie de l'élégance et de la politesse fût le nid de tant de voleurs et de pétroleurs!

«Aussi, comme à l'avenir le gouvernement devra veiller sur tous ces aventuriers, ces bohêmes et ces vagabonds qui viennent à Paris de tous les coins de l'horizon!

«Ce sont eux qui forment les légions des guerres civiles, et qui se montrent les exécuteurs les plus dociles et en même temps les plus farouches des ordres de leurs exécrables chefs!

«Ils se soucient bien de Paris, de sa beauté, de ses richesses et de ces monuments qui font sa grandeur! Ils sont étrangers! Pour gagner le salaire avilissant que les chefs de l'Internationale leur envoient sous forme d'assistance, ils seront toujours prêts à porter le fer et le feu dans la cité où ils se sont abattus.

«Singulière injustice!

«Nous entendons toujours les étrangers et les provinciaux murmurer et crier contre les Parisiens. Ce sont les Parisiens qui font tout le mal; ce sont eux qui troublent le repos public en France et en Europe!

«Maudits Parisiens! Sans eux tout serait tranquille, et les campagnards vendraient leurs denrées à des prix fabuleux… Or, quels sont ceux qui font les révolutions à Paris? quels sont les émeutiers de profession? Ce sont les étrangers, ou bien des gens nés hors Paris.

«Il faut être juste aussi et ne pas toujours mettre sur le compte des Parisiens les mauvaises actions des aventuriers du monde!

«M. Thiers a fort bien expliqué la cause de cette injustice dans le discours qu'il fit à Bordeaux à propos de l'installation de l'Assemblée à Versailles.

« – Paris ne fait pas les révolutions, a dit l'habile orateur, il est le lieu où on vient les faire.»

Après ces réflexions et observations qu'il nous a paru préférable de ne point renvoyer aux Varia, venons à l'historique des rues vieilles et nouvelles.

25.Il existe plusieurs Vies de saint Vincent de Paul. La dernière et la plus complète, dit-on, est celle de M. l'abbé Meynard en 4 volumes. (Bray et Retaux éditeurs).
26.Saint-Victor: Tableau historique et pittoresque de Paris; 3 vol. in-4º ou 8 vol. in-8º, 2e édit. 1822.
27.Corrozet, Sauval, Félibien et Lobineau, l'abbé Lebœuf, Jaillot, Ste-Foix, St-Victor, Piganiol de la Force, etc.
28.D'après une ancienne tradition, dès le premier siècle de l'ère chrétienne, et au temps des apôtres mêmes.
29.Est-il besoin de rappeler qu'en 1840, grâce à M. Thiers, les fortifications ont été relevées et plus formidables?
30.Nous écrivions cette introduction avant les derniers évènements.
31.Sauval est mort en 1670. Son livre, en 3 volumes in-fº, a pour titre: Recherches des Antiquités de la ville de Paris.
32.Quelques chiffres seulement. Un poulet ordinaire se vendait de 30 à 40 francs, un lapin idem; une oie ou une dinde 90 et 100 francs, la livre de beurre 36 francs, un œuf 2 fr. 50 et 3 francs (etc.). Quand tant d'autres faisaient preuve d'un si généreux patriotisme, il faut bien reconnaître que Messieurs les marchands de comestibles songeaient surtout à faire leurs affaires en spéculant sur notre détresse!
Yaş sınırı:
12+
Litres'teki yayın tarihi:
25 haziran 2017
Hacim:
390 s. 1 illüstrasyon
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Public Domain
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