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Kitabı oku: «Les Rues de Paris, tome troisième», sayfa 8

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A

Abattoir (rue de l'): Elle porte ce nom parce qu'elle se dirige vers l'abattoir Montmartre.

Abbaye (rue de): Ce nom vient de l'ancienne abbaye de St-Germain des Prés dont l'église actuelle n'était qu'une dépendance.

Acacias (rue des): À Neuilly se trouvent non-seulement une rue mais un passage et une impasse qui portent ce nom. Aussi, nulle part ailleurs aux environs de Paris, ces beaux arbres, importés d'Afrique, ne se voient en plus grand nombre. À l'époque de la floraison, tout chargés et constellés de ces longues grappes blanches qui répandent dans l'air un parfum délicieux, ils offrent à l'œil un ravissant spectacle. Aux premiers rayons du soleil et par une belle matinée, se promener dans les allées des Sablons est un plaisir que, je ne dis pas le citadin, mais l'habitant des villas d'alentour n'apprécie pas autant qu'il le devrait.

Il y a une rue des Acacias à Montmartre et un passage de ce nom à Vaugirard.

Adam, (rue): Adam Billaut, dit maître Adam, le poète menuisier de Nevers, mort en 1662. «Maître Adam, dit Feller, était contemporain de Malherbe; mais loin de vivre comme lui dans le monde lettré ou au milieu de la cour, un travail pénible et grossier prenait tous ses instants. Néanmoins dans ses beaux morceaux, dans ceux où il est poète par le cœur. Maître Adam est peut-être plus correct que Malherbe et l'inspiration lui révèle tout à coup des secrets d'harmonie qu'une étude laborieuse apprenait lentement au rival de Ronsard.»

La première édition des poésies d'Adam Billaut parut en 1644: En tête du volume se lisait un sonnet à la louange du poète menuisier et signé de ce grand nom: Pierre Corneille. Citons seulement les deux tercets:

 
Nous savons, dirent-ils33, le pouvoir d'un métier;
Il sera fameux poète et fameux menuisier,
Afin qu'un peu de bien suive beaucoup d'estime.
 
 
À ce nouveau parti l'âme les prit au mot,
Et, s'assurant bien plus au rabot qu'à la rime,
Elle entra dans le corps de maître Adam Billaut.
 

Affre (rue): Un monument, dans l'église Notre-Dame, a été élevé à la mémoire de ce prélat dont l'histoire comme la poésie se sont plu à glorifier l'héroïque dévouement, lors des journées de juin 1848. Est-il besoin de rappeler que, victime ou plutôt martyr de son zèle, il tomba mortellement atteint d'une balle en franchissant une barricade, alors que, pour mettre fin à la guerre civile, il portait des paroles de paix aux insurgés du faubourg St-Antoine? Le bon Pasteur donne sa vie pour ses brebis! Cette sainte parole du divin Maître s'applique admirablement au disciple, Denis Auguste Affre.

Aguesseau (rue d'): François d'Aguesseau, chancelier de France, ne à Limoges en 1668, mort en 1751. Cet illustre magistrat se distinguait par la fermeté du caractère, la gravité des mœurs, la haute intelligence unie à une science profonde. Sa vertu toutefois n'était pas exempte de quelque alliage, et d'après son dernier historien, M. Marc Monnier, ce chrétien des anciens jours ne savait pas assez se défendre des préjugés de son Ordre et de certaines tendances gallicanes, jansénistes (etc).

Aiguillerie (rue de l'): Ce nom lui vient des marchands d'aiguilles qui y demeuraient. Lebœuf et Robert ont cru reconnaître dans cette rue celle que Guillot appelle: Rue à petits souliers de Bazenne.

Alembert (rue d'):… «M. d'Alembert, écrivait Ducis, qui a vécu si agité et si tourmenté, repose maintenant peut-être à côté de quelque porteur d'eau qui a supporté sa condition avec patience et par caractère était cent fois plus philosophe que lui.»

On connaît les vers de Gilbert:

 
Et ce froid d'Alembert, chancelier du Parnasse,
Qui se croît un grand homme et fit une préface.
 

Alain Chartier (rue): Le poète Alain Chartier, né en 1386, mourut en 1458; il ne faut pas le confondre avec Jean Chartier auteur d'une Histoire de Charles VII, écrite un peu trop sans doute sur le ton du panégyrique, mais qui d'ailleurs offre des détails intéressants. Le défaut de critique est compensé, dans une certaine mesure, par le charme de la narration, les agréments du style et des portraits bien touchés.

Aligre (rue d'): Étienne d'Aligre (1560-1635) fut chancelier de France aussi bien que son fils né en 1592 et mort en 1677. Le dernier descendant de cette famille, le marquis d'Aligre, né en 1770, mort en 1847, en laissant une immense fortune, dut aux millions qu'il avait su acquérir, dans ce siècle positif, une sorte de célébrité. Mais qui maintenant songe à ce défunt Crésus, non pas même peut-être ceux qui jouissent de ses trésors?

Ambroise Paré (rue): Né en 1517, mort en 1590, ce célèbre praticien, dont le zèle égalait la science, et qui fut cher au roi Henri II comme à ses trois fils, doit être regardé comme le Père de la chirurgie en France. Il a laissé de nombreux écrits qui prouvent que chez lui la théorie savante se déduisait de l'expérimentation et de la pratique.

Amélie (rue): Cette rue n'est point très ancienne. Elle s'appelait autrefois Rue Projetée, nom qu'en 1824, par suite d'une décision du ministre de l'intérieur, elle échangea contre celui qu'elle porte actuellement en souvenir de Mlle Amélie, fille de M. Pihan de la Forest, l'un des principaux propriétaires riverains. Cette jeune personne, morte à l'âge de 15 ans, avait été, dans sa courte existence, un modèle accompli des plus touchantes vertus.

 
Et rose, elle a vécu ce que vivent les roses!
 

Mais n'était-ce pas plutôt un lys, et le plus beau de tous, que cette céleste enfant, cette sœur des anges, à qui sa robe d'innocence servit de linceul et qui laissait après elle un tel parfum de piété et de sainteté?

Amelot (rue): Amelot, ministre du roi Louis XVI, est mort dans la prison du Luxembourg en 1794. Est-ce lui qui a donné son nom à la rue et non pas plutôt cet Amelot dont La Bruyère nous a laissé le portrait et qui demeurait rue Vieille du Temple: «Un bourgeois (Amelot) aime les bâtiments; il se fait bâtir un hôtel si beau, si riche et si orné qu'il est inhabitable: le maître honteux de s'y loger, ne pouvant peut-être se résoudre à le louer à un prince ou à un homme d'affaires, se retire au galetas où il achève sa vie pendant que l'enfilade et les planchers de rapport sont en proie aux Anglais et aux Allemands qui voyagent et qui viennent là du Palais-Royal, du palais Lesdiguières et du Luxembourg. On heurte sans fin à cette belle porte: tous demandent à voir la maison et personne à voir Monsieur.»

Anglais (rue des):

 
Et parmi la rue aux Anglais
Vins à grand feste et à grand glais (bruit) 34.
 

Ce nom lui vient, selon toute apparence, du long séjour que les Anglais firent en France, au temps de Charles VI et de Charles VII (1415 à 1450). De là, suivant les vieux auteurs, le proverbe: «Il y a des Anglais dans cette rue, pour dire: je dois de l'argent à quelqu'un de ceux qui y demeurent, je n'y veux pas passer.» «Car enfin, ajoute Sauval, l'église de Notre-Dame, ni la Bastille et quelques autres édifices semblables ne sont point d'eux; ils n'ont rien fait ici ni par toute la France, qu'entasser ruines sur ruines. J'en excepte le duc de Bedfort, car celui-là prenait plaisir à agrandir ses palais et à les rendre plus logeables; pour les autres, ils n'ont eu autre soin que de s'enrichir de la dépouille des Parisiens.»

L'opinion de Sauval, quant à l'origine de cette rue, adoptée par le plus grand nombre des auteurs et qui a pour elle la vraisemblance, est néanmoins contredite par le savant Jaillot: «Cette opinion, dit-il, ne me paraît pas admissible, la rue des Anglais étant ainsi nommée plus de deux siècles avant le règne de Charles VI. N'est-il pas plus vraisemblable d'en attribuer l'origine aux Anglais que la célébrité de notre Université engagea de venir s'instruire à Paris, et dont le nombre était si grand dès les commencements qu'ils formèrent une des quatre Nations qui composaient ce corps, à laquelle on a depuis donné le nom de Nation d'Allemagne, au lieu de celui d'Angleterre qu'elle portait auparavant et qu'elle n'a gardé que jusque en 1436, époque à laquelle on ne la retrouve plus sur les registres de l'Université35

Quoiqu'on dise Jaillot, la première opinion me paraît préférable.

Anglade (rue de l'): Nom d'un propriétaire de l'un des terrains sur lequel s'ouvrit la rue.

Sainte-Anne (rue). (Quartier du Palais-Royal): Ce nom lui fut donné en l'honneur d'Anne d'Autriche, femme de Louis XIII «qui, dit un contemporain36 n'aima point la reine autant qu'elle le méritait; car il courut toute sa vie après des bêtes ou se laissa gouverner par des favoris.»

Quel séduisant portrait cependant l'historien, qui peint d'après nature, nous fait de la princesse! «Grande et bien faite, elle a une mine douce qui ne manque jamais d'inspirer l'amour et le respect… Ses yeux sont parfaitement beaux, le doux et le grave s'y mêlent agréablement… Sa bouche est petite et vermeille, et la nature lui a été libérale de toutes les grâces dont elle avait besoin. Par un de ses sourires elle peut acquérir mille cœurs. Ses cheveux sont beaux et leur couleur châtain-clair; elle en a beaucoup. Ses mains qui ont reçu des louanges de toute l'Europe, qui sont faites pour le plaisir des yeux, pour porter un sceptre et pour être admirées, joignent l'adresse avec une extrême blancheur… Elle n'est pas esclave de la mode, mais elle s'habille bien.

«La nature lui a donné de belles inclinations; ses sentiments sont tous nobles: elle a l'âme pleine de douceur et de fermeté. Dans sa plus grande jeunesse, elle a donné des marques de dévotion et de charité… Les vertus avec les années se sont fortifiées en elle, et nous la voyons sans relâche prier et donner… La vertu de la reine est solide et sans façon; elle est modeste sans être choquée de l'innocente gaîté et son exemplaire pureté pourrait servir d'exemple à toutes les femmes. Elle croit facilement le bien et n'écoute pas volontiers le mal… Elle est douce, affable, familière avec tous ceux qui l'approchent et ont l'honneur de la servir. Elle a beaucoup d'esprit et ce qu'elle en a est tout à fait naturel… Il semble que la reine était née pour rendre par son amitié le feu roi le plus heureux mari du monde; et certainement il l'aurait été s'il avait voulu l'être

Tant il est vrai, comme dit le Saint Livre qu'on est toujours puni par où l'on pèche.

Antin (chaussée d'): Cette rue est relativement récente; car, au commencement du 17e siècle, ce n'était qu'un chemin tortueux qui, de la porte Gaillon, se dirigeait vers les Porcherons (barrière des Martyrs). On l'appelait indifféremment chemin de l'Égoût Gaillon, des Porcherons, de la Chaussée d'Antin. Le pré des Porcherons était pour les roués de la Régence ce que le Pré aux Clercs avait été naguère pour ceux du moyen-âge. Par un arrêt du Conseil du 31 juillet 1720, le chemin fut rectifié et élargi; des maisons s'élevèrent régulièrement de chaque côté, la nouvelle voie prit le nom de rue de l'Hôtel Dieu, parce qu'elle conduisait à une ferme de cet hôpital: puis ce nom fut changé en celui de Chaussée d'Antin parce que la rue commençait au rempart en face duquel avait été bâti l'hôtel d'Antin.

En 1791, nouveau changement. Mirabeau, le grand orateur de la Révolution, étant mort dans cette rue, à l'hôtel qui porte aujourd'hui le nº 42, l'Assemblée Nationale, sur la proposition de Bailly, décida que la rue s'appellerait désormais rue de Mirabeau. Au-dessus de la porte de l'hôtel où le célèbre tribun avait rendu le dernier soupir, on plaça une plaque de marbre noir sur laquelle se lisaient ces vers en lettres dorées:

 
L'âme de Mirabeau s'exhala dans ces lieux,
Hommes libres, pleurez, tyrans, baissez les yeux.
 

La mémoire de Mirabeau devenue impopulaire, l'inscription fut enlevée et la rue se nomma du Mont-Blanc, en souvenir de la réunion de ce département à la France.

En 1816, elle reprit son appellation monarchique de Chaussée d'Antin qui, cette fois, paraît devoir lui rester.

À propos des constructions nouvelles et luxueuses qui s'élevaient dans la Chaussée d'Antin au commencement du XVIIe siècle, je trouve dans un auteur contemporain (1725) une page des plus curieuses et qu'on me saura gré de transcrire: «Tout ce quartier, dit Germain Brice37, ainsi que bien d'autres de la ville autrefois négligés et absolument inhabités, se remplissent de nos jours d'une quantité extrême de maisons pour lesquelles on fait des dépenses prodigieuses par le secours des nouvelles fortunes; si ces entreprises continuent de la sorte, la ville de Paris, sans bornes, comme elle a été jusqu'à présent, s'étendra à l'infini et pourra, dans la suite des temps, tomber dans le triste inconvénient de ces fameuses et superbes villes dont l'histoire fait mention, qui se sont détruites par le luxe immodéré, et par leur grandeur même, telles que Thèbes, Memphis, Palmyre, Babylone, Héliopolis, Persépolis, Leptis et Rome même, qui n'est plus à présent qu'un squelette décharné de ce qu'elle était dans sa splendeur, sans parler de beaucoup d'autres villes fameuses dont l'histoire fait mention. Si l'on consulte la bonne politique, on ne doit pas souffrir qu'il se trouve une ville dans un état qui surpasse autant les autres par sa grandeur, et par conséquent par sa puissance et par le nombre de ses habitants.»

Ne dirait-on pas ce paragraphe écrit d'hier? L'auteur cependant tenait la plume il y a quelque cent quarante ans. Que dirait-il aujourd'hui?

Saint-Antoine (rue): Formait autrefois plusieurs voies portant des noms différents: rue de la Porte Baudoyer, de l'Aigle, et du Pont Perrin. Son nom unique lui vient d'une abbaye à laquelle le chemin conduisait. Dans cette rue, près de la première porte ou bastille Saint-Antoine, fut massacré Étienne Marcel, le trop fameux prévôt des marchands, qui voulait livrer Paris au roi de Navarre, Charles-le-Mauvais (1358).

Dans cette rue encore eut lieu le dernier tournoi où Henri II tomba frappé à mort par le tronçon de lance du comte de Montgommery, meurtrier involontaire d'ailleurs (1559).

À l'extrémité de cette voie enfin, sur la place qui porte ce nom, s'élevait la forteresse dite de la Bastille, bâtie par Hugues Aubriot, prévôt de Paris, sous le règne de Charles V (1369), et qui, défendue seulement par quelques soldats invalides, fut prise par le peuple, le 14 juillet 1789, puis démolie.

À l'entrée de la rue, on voyait autrefois aussi une Porte triomphale, construite par l'architecte Blondel, qui donna les dessins des portes Saint-Denis et Saint-Martin. Elle fut démolie en 1777 parce qu'elle gênait la circulation.

Arbalète (rue de): Ce nom vient d'une enseigne.

Arago (rue): François Arago, notre contemporain, célèbre astronome, né en 1786, mort à Paris en 1853, secrétaire perpétuel de l'académie des sciences, directeur de l'Observatoire. Doué d'une rare facilité d'élocution, d'une parole singulièrement lucide, il avait au plus haut degré le talent, en vulgarisateur émérite, de mettre la science à la portée des ignorants. Il a laissé de nombreux ouvrages et en particulier trois volumes de Notices écrites avec élégance et avec l'accent de la sincérité. Celle de Gay-Lussac en particulier nous a frappé.

Arbre-Sec (rue de l'): A pris son nom d'une enseigne. Suivant quelques auteurs, c'est à l'extrémité de cette rue, à l'endroit où elle fait angle avec la rue saint Honoré et là même où s'élève la Fontaine, qu'eut lieu l'exécution de la reine Brunehilde ou Brunehaut, traînée à la queue d'une cavale indomptée par l'ordre de Clotaire II. «Lors commanda le roi qu'elle fût liée, par les bras et par les cheveux, à la queue d'un jeune cheval qui oncques (jamais) n'eût été dompté, et traînée par tout l'ost (armée). Ainsi comme le roi commanda fut fait; au premier coup que celui qui était sur le cheval férit des éperons, il le lança si raidement qu'il fit la cervelle voler des deux pieds de derrière. Le corps fut traîné parmi les buissons, par épines, par monts et vallées, tant qu'elle (Brunehaut) fut toute dérompue des membres38

Jeanne d'Arc (rue et place): Dans les notes du chant XIe de la traduction de l'Énéide par Barthélemy, je trouve sur notre Héroïne une page remarquable et qui emprunte un intérêt particulier au nom de l'auteur. Il est admirable de voir le satirique passionné de la Villéliade, de la Némésis, des Journées de la Révolution, etc., tenir ce langage que nous avons plaisir à reproduire: «La seule grande figure de femme qui surpasserait et Clorinde et Camille et toutes les guerrières et amazones des temps fabuleux ou modernes, la seule digne encore aujourd'hui de monter sur le piédestal épique, et de donner à notre littérature une illustration qui lui manque, c'est notre Jeanne d'Orléans si guerrière, si sainte, si inspirée, si chevaleresque, si digne du respect de toutes les générations et si lâchement assassinée par les Anglais, par Chapelain et par Voltaire.»

Ces lignes sont de celles qui honorent la mémoire de Barthélemy mort récemment et presque oublié après avoir fait tant de bruit naguère.

Argenson (rue d'): Trois personnages de ce nom furent ministres, sous la régence et sous Louis XV.

Argenteuil (rue d'): S'appela ainsi parce qu'elle fut bâtie sur l'ancien chemin qui conduisait au village d'Argenteuil. Le 1er septembre 1684, au nº 18, mourut l'auteur de Polyeucte, de Cinna, des Horaces, etc., le grand Corneille, réduit à une telle détresse que Boileau devait solliciter pour lui un secours du roi. Peu de temps avant qu'il s'alitât, d'après ce qu'on raconte, le poète auquel on devait plus tard élever des statues, descendait péniblement sa rue et s'arrêtait devant l'échoppe d'un savetier pour faire raccommoder sa chaussure, sans doute faute d'une seconde paire qui lui permît de changer. Pourtant M. Th. Gautier a eu tort, dans sa pièce, l'Anniversaire de Corneille, où se trouvent d'excellents vers, de dire en terminant:

 
Louis, ce vil détail, que le bon goût dédaigne,
Ce soulier recousu me gâte tout ton règne.
 

Car le roi, dès qu'il fut instruit par Boileau de la position de Corneille, lui envoya deux cents louis d'or qui furent portés au malade par Besset de la Chapelle, inspecteur des Beaux-Arts.

Beaux-Arts (École des): Cette École a été élevée sur l'emplacement qu'occupait l'ancien couvent des Petits-Augustins, devenu après la Révolution le Musée des Petits-Augustins. Ce Musée supprimé a fait place à l'École par suite d'un décret du 24 avril 1816. En outre des constructions nouvelles élevées du côté du quai, comme dans les cours intérieures, le Palais s'est enrichi de précieux débris provenant de l'ancien château de Gaillon. Dans le grand Amphithéâtre, dit Hémicycle, se voient les remarquables peintures qui sont le plus beau titre de gloire de Paul Delaroche.

Saint-André-des-Arts (rue): «La rue St-André-des-Arts, qui commence au pont Saint-Michel et finit à la porte de Bussy, dit Sauval, est une des plus anciennes de l'Université et bien que les vieilles chartes lui donnent quantité de noms, rarement pourtant y lit-on celui qu'elle devrait porter et qu'elle portait originairement. Tantôt c'est la rue St-Germain des Prés, parce qu'elle conduit au faubourg St-Germain et à l'abbaye de ce nom; tantôt c'est la grande rue St-André à cause qu'elle passe devant l'église St-André (aujourd'hui démolie), tantôt c'est la rue St-André-des-Arts comme étant placée tout à l'entrée de l'Université39, où s'enseignent les arts et les sciences. Il y a même des gens qui l'appellent Saint-André-des-Arcs parce qu'ils prétendent qu'elle était habitée par les faiseurs d'arcs avant qu'on eût trouvé la poudre à canon, et qu'à la guerre, au lieu de mousquets, on se servait d'arcs, de flèches et d'arbalètes; et ce qui les rend doublement opiniâtres là dessus est le nom de quelques rues voisines qui aide à les tromper comme celui de la Bouclerie où ils s'imaginent qu'on faisait les boucliers, et tout de même l'autre de la rue des Sachettes, mot corrompu, à ce qu'ils disent, des Sagettes, à raison que là s'achetaient les flèches.

«Le véritable nom cependant de la rue Saint-André-des-Arts, est la rue St-André-de-Haas, nom que même on a donné longtemps à la rue de la Huchette qui continuait la rue St-André jusqu'au Petit Châtelet: et c'était celui tant du territoire où sont situées ces deux rues que des vignes mêmes qui le couvrirent jusqu'en 1179; car ce fut en ce temps là que Hughues, abbé de Saint-Germain des Prés, donna ce vignoble à bâtir.»

Mais dom Félibien et dom Lobineau, les savants bénédictins, contredisent formellement Sauval et non sans quelque vivacité. «Des gens qui croient deviner plus juste que les autres prétendent que c'est du nom de Laas que s'est formé le surnom de Saint-André-des-Arcs, qu'il faudrait plutôt appeler selon eux, Saint-André-de-Laas ou de Leas. Mais ils se trompent dans leur conjecture. Saint Louis, dans une charte de l'an 1261, l'appelle parochia sancti Andreæ de Arsiciis (paroisse de Saint-André-des-Arsis). Ainsi, le vrai nom de cette rue doit être des Ars par abrégé des Arsis40». Mais sur le sens de ce dernier mot ou n'est pas d'accord et Jaillot à son tour combat cette affirmation, d'où forcément il faut conclure que, si l'origine de cette dénomination quant à la première partie (Saint-André) n'est point douteuse, on ne peut avoir aucune certitude sur l'origine du mot: Arts ou Arcs.

Naguère, à l'extrémité de cette rue, on voyait encore «quelques maisons sur pied, reste des siècles passés, dit Germain Brice, entre lesquelles on en distingue une, où sur la porte, on remarque un éléphant en sculpture chargé de sa tour.» C'est là que demeurait le médecin de Louis XI, le fameux Coyetier «lequel, dit Commines, lui était si très rude qu'on ne dirait pas à un valet les outrageantes et dures paroles qu'il lui disait et si (or) le craignait tant le dit seigneur qu'il ne l'eût osé envoyer hors d'avec lui parce que le dit médecin lui disait audacieusement ces mots:

« – Je sais bien qu'un matin vous m'envoyerez comme vous avez fait d'autres, mais (par un grand serment qu'il lui jurait) vous ne vivrez pas huit jours après». Ce mot épouvantait si fort le roi qu'il ne cessait de le flatter et de lui donner, ce qui lui était un grand purgatoire en ce monde.»

Coyetier, riche des présents de Louis XI, s'était fait bâtir l'hôtel en question. Il avait pris pour devise ou pour symbole «selon l'usage grossier de ce temps-là,» un abricotier dans un écusson penché qu'il avait fait sculpter au-dessus de la porte d'entrée «parce que, dit Germain Brice, le mot était composé de son nom (Coyetier) et d'abri, pour faire entendre que Coyetier était à l'abri et en sûreté dans ce lieu de retraite éloigné de la cour.» Il y vécut et mourut en effet tranquillement.

Arras (rue d'): Ce nom vient du collége qui très anciennement se voyait dans la rue.

Arsenal (rue de l'): Les bâtiments qu'occupe aujourd'hui la bibliothèque sont ceux de l'ancien arsenal.

Aubry-le-Boucher (rue): On l'appelait ainsi dès le XIIIe siècle. Ce nom lui vient paraît-il, d'un boucher nommé Aubry qui y demeurait; car, outre qu'elle était voisine de la Grande-Boucherie, on la désigne ainsi dans les plus anciens titres. À une certaine époque, le peuple, par corruption ou pour abréger, prononçait: Briboucher.

Aubigné (rue d'): Agrippa d'Aubigné, né en 1550, mort en 1630, a laissé des Mémoires sur les guerres de religion auxquelles il prit une part active. Il était grand'père de Mme de Maintenon.

Audran (rue): Gérard Audran, né à Lyon en 1640, mort à Paris en 1703, a laissé un grand nombre de gravures qui sont des chefs-d'œuvre. Maniant avec une rare habileté la pointe et le burin, ayant au plus haut degré l'intelligence du dessin, il savait au besoin faire disparaître les incorrections et les négligences des originaux qu'il reproduisait d'ailleurs avec une rare fidélité. On cite entre ses planches les plus remarquables l'Enée, la Sainte-Agnès, d'après le Dominiquin, la Femme adultère, —le TempsPyrrhus, d'après Poussin; les Batailles d'Alexandre, d'après Lebrun, etc. Audran sut mélanger parfois heureusement l'eau forte et le burin. Milézia va jusqu'à dire de cet éminent artiste: «Il n'a point eu d'imitateurs et ne pouvait en avoir; pour graver comme Audran, il faudrait être ce maître lui-même.»

Augustins (rue des vieux): Elle s'appela ainsi parce que ce fut en cet endroit que les religieux Augustins eurent leur premier établissement.

Austerlitz (quai et pont d'): On leur donna ce nom en mémoire de la bataille gagnée, le 2 décembre 1805, par les Français sur les Austro-Russes.

Ave Maria (rue de): Ce nom fut donné par le roi Louis XI à un couvent de religieuses de la Tierce-Ordre pénitente et observante de St-François. Ce couvent sert aujourd'hui de caserne.

Parmi les écrits que nous aurons l'occasion de citer dans notre travail sur les vieilles rues, il s'en trouve de singuliers, et les plus anciens de tous peut-être: ce sont des poèmes descriptifs, si l'on peut appeler du nom de poèmes ces litanies peu harmonieuses de vers sur des sujets qu'on ne s'aviserait guère aujourd'hui de mettre en rimes, comme le dit le judicieux abbé Lebœuf. Mais les trouvères du XIIe et du XIIIe siècle, dont la langue rimée était la langue habituelle, trouvaient plaisir à certaines difficultés. Il faut convenir cependant qu'ils ne réussissaient pas toujours à les surmonter, et la sèche nomenclature des Moustiers de Paris, de Rutebœuf, par exemple, n'a pas la grâce de quelques-uns de ses autres poèmes. Plus curieux, pour le fond comme pour la forme, me paraît le poème de Guillaume de la Villeneuve, les Crieries de Paris, que j'aurai plus d'une fois l'occasion de citer et qui commence ainsi:

 
Or vous dirai en quelle guise
Et en quelle manière vont
Cil (ceux) qui denrées à vendre ont
Et qui pensent de leur preu (profit) faire,
Qui jà ne finiront de braire (crier).
Parmi Paris jusqu'à la nuit
Ne cuidiez-vous (pensez-vous) qu'il leur (anuit) ennuie
Que jà ne seront à séjour:
Oiez qu'on crie au point du jour:
.......
Oisons, pigeons et chair salée,
Chair fraîche moult (beaucoup) bien conraée (parée),
Et de l'allie (sauce à l'ail) à grand planté (abondance).
Et puis après, pois chauds pilés,
Et féves chaudes par delez (auprès),
Aulx et oignons à longue haleine,
Puis après, cresson de fontaine,
Cerfeuil, pourpier tout de venue (tout de même),
Puis après, porète (poirée) menue,
.......
J'ai bon fromage de Champagne,
Or y a fromage de Brie.
.......
Li (les) autres dit autres nouvelles:
Qui vend vieux pots et vieilles pelles! etc.
 

Il se trouve aussi parfois des vers bien frappés dans Le Dit des Rues de Paris, de Guillot, publié pour la première fois par l'abbé Lebœuf (T. II de son livre), et dont voici le début:

 
Maint dit a fait de Rois, de Comte,
Guillot de Paris en son conte;
Les rues de Paris brièment
A mis en rime, oyez comment.
 

La pièce se termine par ces vers témoignant des bons sentiments de l'auteur encore que tels autres passages soient moins édifiants:

 
Le doux Seigneur du firmament
Et sa très douce chère Mère
Nous défende de mort amère.
 

Quoique assez heureux, ces vers pourtant ne valent pas, pour l'originalité de l'idée et même pour la forme, le début d'un autre poème du même genre, par un anonyme, et publié sous ce titre: Les Rues de Paris en vers, dans le savant ouvrage de M. Giraud: Paris sous le règne de Philippe-le-Bel.

 
Aucunes gens m'ont demandé
Pourquoi me suis si empiré.
Ne me vient pas de maladie,
Il me vient de mélancolie.
L'autre jour à Paris alé (allai),
Oncques mais (jamais) n'y avais été.
Avecque moi menai ma femme.
Emprès (près) rue Neuve-Notre-Dame,
La perdis en un carrefour;
On n'y voit non plus qu'en un four:
D'un côté alla et moi d'autre;
Oncques puis ne vîmes l'un l'autre.
Or ai-je bien fait mon devoir.
Vous saurez bien si je dis voir (vrai),
Quand vous saurez où je l'ai quise (cherchée),
En quel (quelle) manière et en quel (quelle) guise.
 

En effet, il n'est aucune rue ni ruellette de la ville que l'époux dolent ne visite et ne nomme; mais à la parfin, la chose faite en conscience et la dame ne se retrouvant point, non plus que la Creüse d'Enée, notre homme en prend son parti assez vite, ce semble, et sur un ton qui ne témoigne pas d'un chagrin bien profond:

 
Tant l'ai quise que j'en suis las:
Or, la quière qui voudra,
Jamais mon corps ne la querra.
 

Ce mari-là n'est pas difficile à consoler du veuvage. J'aime à croire qu'il n'en était pas beaucoup alors sur ce patron.

Maintenant revenons à l'historique des rues.

33.Apollon et Orphée.
34.Le dit. des Rues de Paris.
35.Jaillot. —Recherches sur Paris, 1772.
36.Madame de Motteville.
37.Description de la Ville de Paris– 4 vol. in-12 – 1725.
38.Chroniques de Saint-Denis, T. 1er.
39.On appelait l'Université cette partie méridionale de la ville où se trouvaient alors à peu près exclusivement les colléges et les écoles.
40.Histoire de Paris, T. Ier.
Yaş sınırı:
12+
Litres'teki yayın tarihi:
25 haziran 2017
Hacim:
390 s. 1 illüstrasyon
Telif hakkı:
Public Domain
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