Kitabı oku: «Recherches nouvelles sur l'histoire ancienne, tome I», sayfa 18
§ V.
Solution de la difficulté
«Il est connu qu'en plusieurs cas il s'est glissé dans les manuscrits des fautes de copistes, qui, surtout en matière de nombre et de chiffres, ont porté le trouble dans les systèmes. Supposons qu'un tel accident soit arrivé ici; le moyen de le découvrir sera de soumettre tous les textes à un examen sévère, à un calcul rigoureux de probabilités. D'abord scrutons Hérodote… Est-ce une chose probable que ce règne de 53 ans qu'il donne à Deïokès, dont les manœuvres profondes indiquent un homme de 30 ans?… Communément les erreurs ont porté sur les dizaines: supposons qu'ici il se soit glissé une dizaine de trop, et qu'il faille lire 43 ans: alors Deïokès aura régné l'an 700. Ninive aura été prise l'an 707. Sardanapale aura régné 5 ans. Il périt jeune, ses enfants étaient en bas âge: il put les avoir dès avant son règne, il put en avoir plusieurs en une même année, parce qu'il avait beaucoup de femmes… Tout cela pourrait cadrer: mais alors il faudra donc supposer qu'une autre erreur a été commise dans le calcul des 128 ans de la domination des Mèdes… plus les 28 ans de celle des Scythes. Cela ne peut s'admettre. Serait-ce l'écrivain juif qui se serait trompé, non pas l'inspiré, mais le copiste de seconde main? à plus forte raison celui de troisième, de quatrième… Les théologiens nous accordent cette thèse; et il le faut bien, puisque les livres juifs en général, et celui des Rois en particulier, ont beaucoup d'erreurs de calcul. Les règnes d'Osias et de Joathan en offrent dix ou douze exemples… Supposons donc qu'une erreur semblable se soit glissée dans la partie qui nous occupe; que dix ans aient disparu de quelque règne postérieur à Ezéqiah, et qu'au lieu de commencer le sien en 525, il l'ait commencé en 735, sa 9e année sera l'an 727 (prise de Samarie). Sa 14e sera l'an 722… Fuite et mort de Sennacherib.—Avénement d'Asar-Adan-Phal, l'an 721; ce prince nomme à la satrapie de Babylone Mardok-Empad, qui, selon l'usage du pays, se trouve qualifié de roi dans la liste… Or nous verrons que certainement ces rois n'étaient que des satrapes amovibles, depuis Ninus jusqu'à Nabo-pol-asar. Ezéqiah, à la suite de ces cuisants soucis, essuie une grande maladie. A cette époque, Mérodak, fils de Balozan, roi de Babylone, l'envoie complimenter. N'est-il pas singulier que Mardok et Mérodak se rencontrent si bien? Le nom est absolument le même; car l'hébreu n'a pas de voyelles: Balézan, prononcé par les Grecs Baladsan, ressemble prodigieusement à Bélèsys… Poursuivons. Pourquoi ce roi satrape de Babylone est-il si poli pour un ci-devant rebelle à son maître? ne songerait-il pas à se révolter? Mérodak serait donc réellement Bélésys. En effet, le roi de Ninive est jeune, livré au plaisir, un roi nouveau; les circonstances sont favorables, Mérodak aurait conduit le contingent de Babylone en 719. Cette même année la guerre commença; elle finit à la troisième année en 717.» Voilà l'époque d'Hérodote, qui, à ce moyen, est d'accord avec les Juifs et avec leur historien Josèphe; car Josèphe, après avoir parlé de la maladie d'Ezéqiah, dit (lib. 9, cap. 2, à la fin):—«Vers ce temps arriva la subversion de l'empire assyrien par les Mèdes; et lib. 10, cap. 3, il ajoute que la députation de Mérodak eut pour objet de joindre ses efforts à ceux des alliés, pour renverser Ninive. La catastrophe de Sardanapale a donc eu lieu peu d'années après la 14e ou 15e d'Ezéqiah, date de sa maladie: alors il faut nécessairement que cette 14e année soit remontée plus haut, et que 10 ans aient disparu de la liste des rois de Jérusalem.—Toutes les probabilités le font croire; mais vis-à-vis de livres comme ceux des Juifs, il faut des preuves positives. Si elles existent, nous devons les trouver dans les règnes postérieurs à Ezéqiah.»—Scrutons le texte avec attention.
D'abord nous prions le lecteur de se rappeler que dans l'article des Juifs, traitant de la période des Rois (chap. 1er, page 4), nous avons vu que les pieux rédacteurs ou copistes des chroniques, avaient introduit un excès de dix ans qui a troublé les règnes de Joathan et de son père Ozias, et que la correction de cet excès remettait tout en ordre. Ne serait-il pas possible que, gênés par cette surabondance, ils eussent retranché à quelque autre roi ces mêmes dix années, pour trouver toujours une même somme totale qui n'a pu manquer d'être remarquée? Pesons chaque mot de leur récit; calculons chaque circonstance, en remontant depuis Sédéqiah, dernier roi de la race. Arrivés au règne d'Amon, nous en trouvons une singulière. On nous dit: Amon régna âgé de 22 ans, et il régna deux ans (donc il vécut 24 ans). Son fils Josias lui succéda âgé de 8 ans. Si de 24 nous ôtons 8, nous avons 16 ans, et presque 15 pour l'âge où Amon engendra son fils. Cela est presque physiquement impossible: cependant toutes les versions de la Polyglotte de Walton sont d'accord.—Fort bien; mais si nous examinons les notes variantes du grec, nous trouvons que le plus ancien des manuscrits porte: Amon régna 12 ans (donc il vécut 36 ans). Voilà une autorité très-grave, et qui l'est surtout lorsque l'on apprend que ce manuscrit est le célèbre Alexandrin, écrit tout en lettres majuscules, et reconnu de tous les biblistes, pour le plus beau, le plus ancien des manuscrits, sans excepter celui du Vatican. Écoutons Pridaux à ce sujet. Après avoir parlé de ce dernier avec l'éloge qu'il mérite, cet historien ajoute271:
«Mais le plus ancien et le meilleur manuscrit des Septante qui existe, au jugement de ceux qui l'ont examiné avec beaucoup de soin, c'est l'Alexandrin, qui est dans la bibliothèque du roi, à Saint-James. Il est tout en lettres capitales. Ce fut un présent fait à Charles Ier, par Kirillos Lucar, alors patriarche de Constantinople, et qui précédemment l'avait été d'Alexandrie. En l'envoyant au roi d'Angleterre par son ambassadeur Thomas Roye, ce patriarche y mit une note de laquelle il résulte que ce manuscrit fut écrit par une savante dame égyptienne, appelée Thécla, peu de temps après le concile de Nicée (qui fut en l'an 321).»
Par conséquent le manuscrit alexandrin serait d'un siècle plus ancien que celui du Vatican.
Voilà donc le plus ancien des manuscrits qui convertit en fait positif ce qu'une combinaison réfléchie des calculs d'Hérodote et des récits des Juifs nous avait fait apercevoir par conjecture. Selon la jurisprudence de ces matières, ce premier témoin décide lui seul notre question. Mais nous avons le bonheur d'en avoir un second à produire; car en lisant la chronique d'Eusèbe, nous trouvons à ce même article la phrase suivante (page 27):
«Amon, selon le texte grec des Septante, régna 12 ans, et selon le texte hébreu, 2 ans (seulement).»
Or Eusèbe a écrit sa chronique avant le concile de Nicée; donc il eut en main, ou ce manuscrit (ce qui doublerait sa valeur, mais cela n'est point probable), ou bien il en eut un autre déja ancien et regardé comme authentique, ce qui est le vrai cas: par conséquent notre leçon a été et est une leçon orthodoxe, et la seule orthodoxe primitive. Pourquoi donc le Syncelle a-t-il traité ici Eusèbe de menteur? Parce que le concile de Nicée ayant adopté et consacré un autre manuscrit, ce manuscrit consacré devint le type exclusif, le régulateur impérieux de toutes les copies: tous les manuscrits furent corrigés d'après lui, sous peine de rébellion et de schisme, et nos deux variantes ne se sont sauvées que par accident; et néanmoins le Syncelle lui-même eut en main un troisième manuscrit différent de celui du Vatican: car à l'article Phakée Ier, 7e roi de Samarie, il dit que ce prince régna dix ans272, tandis que le manuscrit du Vatican, modèle de nos imprimés, lit 2 ans, comme l'hébreu. Mais d'où proviennent ces variantes et ces différences si anciennes de manuscrits grecs à manuscrits, et de texte grec à texte hébreu? jetons un coup d'œil sur cette question intéressante, mais voilée de beaucoup de préjugés.
§ VI.
Coup d'œil sur l'histoire des manuscrits juifs
LA chronique intitulée les Rois que nous possédons, en y comprenant même cette intitulée Samuel, est, comme l'on sait, un abrégé, un extrait de livres hébreux plus anciens et plus volumineux. L'on y trouve répétée cette phrase après la mort de la plupart dés rois… «Le reste des actions de ce roi se trouve écrit dans les commentaires, ou Archives des rois de Juda.» L'on y trouve même la citation d'une histoire du règne d'Ozias, écrite par Isaïe, et livre d'un nommé Ichar, ou le juste, postérieur à David; et encore des fragments entiers de Jérémie. Cette chronique est donc une compilation posthume en tardive d'écrits originaux: et l'habileté, la fidélité du compilateur sont devenues la mesure de l'exactitude du livre, sans compter la fidélité des premiers auteurs. Cette compilation n'a pu être faite avant le règne d'Evil-Mérodak, roi de Babylone, où elle se termine; et elle doit ne l'avoir été que bien plus tard. On l'attribue à Esdras; ce qui est possible, mais non pas démontré. Elle a dû avoir deux motifs.
1° Les manuscrits originaux étant sans doute uniques, chacun pour leur sujet, le compilateur anonyme, bien sûrement lévite, s'acquit un grand mérite en faisant connaître leur contenu d'une manière quelconque, et en composant un livre court, facile à copier, et à répandre.
2° Tous les livres hébreux composés avant la captivité de Babylone, avaient été écrits dans le caractère ancien et national, qui est le phénicien-samaritain. Pendant la captivité, la portion de ce peuple qui résida à Babylone, fut par l'ordre du roi élevée dans les mœurs et dans les sciences chaldaïques, par conséquent elle contracta l'usage du caractère chaldéen, qui est l'hébreu actuel. Après la captivité, cette portion, composée spécialement des riches et des prêtres, trouva incommode l'usage de l'ancien caractère; il tomba en désuétude, et ce fut rendre un service agréable aux lettres, que de faire en caractères chaldaïques un extrait des livres écrits en caractère samaritain. Par la suite les originaux périrent d'accident ou de vétusté; l'extrait se répandit et subsista. Les livres nouveaux n'impriment pas un très-grand respect. Les prêtres qui s'en procurèrent des copies, purent avoir de bonnes raisons de faire quelques corrections, d'émarger quelques notes.... de là des variantes premières. Le silence et la paix du règne des Perses couvrirent ces opérations. Alexandre parut; les guerres survinrent, les manuscrits autographes périrent, ou ne furent plus connus. Les Juifs, depuis leur dispersion par les Assyriens et les Babyloniens, s'étaient répandus dans tout l'empire perse… Protégés par Alexandre et par les Ptolomées, ils eurent des relations actives de commerce et de finance avec les Grecs; leur jeunesse en apprit la langue. Le second Ptolomée fonda la bibliothèque d'Alexandrie273: le directeur de Démétrius, ami des arts, voulut avoir les livres juifs; leur traduction fut peut-être sollicitée par la puissante corporation juive qui habitait cette ville. Un de ses lettrés, plusieurs années ensuite, sous le nom supposé d'Aristæas, raconta cet événement avec des circonstances fabuleuses, que la crédulité admit, mais qu'une judicieuse critique a démontré n'être qu'un tissu d'invraisemblances274. Ce travail, comme tous les travaux de ce genre, dut être fait par des hommes savans, par conséquent peu riches, qui furent encouragés et payés par ceux qui l'étaient. La diversité de leur style prouve la diversité de leurs personnes, de même que la différence d'une foule de passages avec notre texte hébreu, qu'ils paraphrasent souvent, prouve qu'ils ont été bien moins scrupuleux que nous, ou qu'ils ont eu d'autres manuscrits: d'ailleurs, plusieurs erreurs avérées en géographie, démontrent qu'à cette époque la chaîne des bonnes traditions était déja rompue. Le manuscrit provenu de ce travail dut être déposé dans la bibliothèque publique du roi Ptolomée, et devenir la matrice de tous ceux qui se sont répandus. Jamais on ne l'a cité. Il aura été brûlé dans l'incendie, sous Jules-César… De copie en copie, les fautes des écrivains introduisirent des variantes, et le texte grec eut les siennes comme l'hébreu: un peu plus d'un siècle après cette opération, les rois grecs furent chassés de Judée pour leurs vexations; l'esprit juif se retrempa sous les Asmonéens. On voulut ramener les anciens usages: l'on frappa des médailles en caractère samaritain, c'est-à-dire en hébreu ancien. L'on écrivit en hébreu des livres qui furent supposés anciens, tels que Daniel, Tobie, Judith, Susanne, etc. Les Paralipomènes, c'est-à-dire les choses omises (par le livre des Rois) furent composés par rivalité, et leur auteur anonyme, bigot et obscur, bien moins instruit que celui des Rois, introduisit de véritables erreurs de fait et de géographie: sans doute, c'est à cette période peu connue dans ses détails, qu'il faut attribuera le grand schisme survenu entre l'hébreu et le grec, sur la chronologie des patriarches, dont l'un compte depuis la création juive jusqu'à notre ère, 5508 ans, tandis que l'autre n'en compte pas 4000. La puissance romaine ramena dans l'Asie, de préférence au latin, l'idiome grec, qui n'avait pas péri. Le christianisme naquit: les querelles de secte s'allumèrent, les manuscrits se multiplièrent et s'altérèrent; chaque église eut le sien. Enfin après 320 ans d'anarchie, le concile de Nicée fit sortir du sein des factions cette unité de doctrine toujours sollicitée par le pouvoir politique et civil. Nos quatre évangiles furent choisis sur plus de trente; le manuscrit d'où viennent nos bibles, le fut aussi sans discussion: elle n'eût pas fini. Dès lors tout ce qui différa fut proscrit. Omar survint au 7e siècle… La bibliothèque d'Alexandrie fut brûlée, et ce n'est que parce que la chronique d'Eusèbe, écrite avant le concile, a sauvé une phrase, et que la ville d'Alexandrie, foyer de savoir, garda son indépendance, que nous sont parvenues, à travers tant de hasards, deux étincelles de vérité. Vantons-nous de la posséder sur tant d'autres points!
Mais revenons à l'époque de l'an 717, reconnue par les Juifs, comme par Hérodote, pour être celle de la prise de Ninive et de la mort d'Asardanaphal. Un monument asiatique très-ancien nous en fournit un nouveau témoignage: nous le devons, à l'Arménien Moïse de Chorène, écrivain du cinquième siècle, faible par lui-même, mais précieux par les fragments qu'ils nous a transmis: écoutons-le275.
§ VII.
Monument arménien confirmatif de notre solution
«Arshak, devenu roi et fondateur de l'empire parthe276, après avoir chassé les Macédoniens de l'Orient et de l'Assyrie, établit roi d'Arménie son frère Valarshak, qui prit pour capitale la ville de Nisbin. Ce prince voulant savoir s'il commandait à un peuple lâche ou courageux, désira de connaître son histoire. Après quelques recherches, il découvrit un Syrien nommé Mar-Ibas, versé dans les langues grecque et chaldaïque, et il l'adressa à son frère, avec une lettre (que cite textuellement Moïse), afin que les archives royales lui fussent ouvertes. Mar-Ibas, bien accueilli d'Arshak, eut la permission de visiter le dépôt royal des livres à Ninive277, et il y découvrit un volume écrit en grec, avec ce titre: Ce volume (ou rouleau) a été traduit du chaldéen en grec, par l'ordre exprès d'Alexandre. Il contient l'histoire véritable des (temps) anciens qu'il dit commencer à Zeruan, Titan et Apetosthes, etc. Mar-Ibas, ayant retiré de ce volume tout ce qui était relatif à notre nation arménienne, apporta à Valarshak son travail, que ce prince fit conserver avec soin. C'est de ce livre, dont l'exactitude nous est constatée, que nous allons tirer nos récits, jusqu'au Chaldéen Sardanapale, et même après lui.»
Moses nous donnant ensuite, page 53, la liste des princes arméniens, selon Mar-Ibas, comparée à celle des rois assyriens, selon Eusèbe ou Kephalion, qu'il cite page 48, établit la correspondance suivante:
Il ajoute, page 55: «Le dernier de nos princes qui obéit aux successeurs de Sémiramis et de Ninus, fut Paraïr, sous le (règne de) Sardanapale. Ce Paraïr aida puissamment Arbâk à détrôner le roi assyrien. Le général mède lui ayant promis de l'élever à la dignité royale, parvint à l'attirer dans son parti. Après avoir enlevé l'empire au roi assyrien, Varbak, maître de l'Assyrie et de Ninive, laissa des préfets (satrapes) dans ce pays, et transféra le siége de l'empire chez les Mèdes… J'allais oublier (page 60) de parler de Sennacherim qui régna sur les Assyriens278 au temps d'Ezéqiah: ses fils Adramel et Sanasar l'ayant assassiné, notre prince Skaïord leur donna asile, et assigna pour domaine à Sanasar le district de la montagne de Sim, que sa postérité multipliée a entièrement peuplé.»
Si l'on pèse bien ces passages que Moses a disséminés en diverses pages, il paraît:
1° Qu'il a fait de Mar-Ibas et de Kephalion,279 un mélange dont il n'a pas tiré d'idées claires;
2° Qu'il a tiré de Mar-Ibas ce qu'il dit de Skaïord, de Paraïr, de Sennacherim et de ses enfants; et de Kephalion ce qu'il dit d'Arbâk et de Sardanapale.
Mais en raisonnant sur ses données, l'on a droit de dire,
1° Si Skaïord accueillit les enfans meurtriers de Sennacherim, il fut donc contemporain d'Asar-Adon, leur cadet, qui régna à leur défaut? Paraïr, fils de Skaïord, fut donc aussi contemporain d'Asar-Adon. Or, si Paraïr se révolta contre Sardanapale, roi d'Assyrie, ce Sardanapale ne saurait être qu'Asar-Adon-Phal.
2° Si Asar-Adon est Sardanapale, son père Acratzanes est Sennacherim; et alors il est démontré que ces princes ont eu plusieurs noms; que ces deux listes sont écrites en deux idiomes différens, l'un chaldaïque, employé par Mar-Ibas, par les Hébreux, même par Hérodote, qui nomme Sennacherib; l'autre perse-grec, employé par Ktésias et ses copistes. Remarquez qu'en remontant, avec l'Arménïen Moses, à Eupal-mus, appelé Eupal-Es dans Eusèbe, l'on a cinq princes correspondants à ceux que nomment les Hébreux, et que l'analogie de Phal ou Eupal est évidente.
[281] L'initiale Eu est ajoutée comme dans Eu-phrat-es, qui en syrien est seulement pharat.
Voilà donc un troisième monument parfaitement d'accord avec Hérodote, et avec notre leçon des chroniques juives: en sorte que l'identité d'Asar-Adon et de Sardanapale, ne peut plus faire une question.
Maintenant il serait superflu de réfuter les hypothèses divagantes dont elle a été le sujet. L'on en peut compter trois principales:
L'une, pour obéir à des témoignages discordants, a voulu reconnaître deux ou trois Sardanapale, et par ses mêmes arguments, l'on prouverait autant de Pythagores, de Zoroastres, et même de Kyrus.
L'autre a voulu que Phul et Sardanapale fussent la même personne, et par suite, que Nabonasar représentât Bélésys. Le traducteur d'Hérodote, en adoptant cette idée, qu'il a imitée de Scaliger et de Petau, a cru lui ajouter un grand poids, en prétendant que l'ère de Nabonasar n'avait eu d'autre motif, que de célébrer l'affranchissement des Babyloniens. Tous les arguments de son long mémoire académique, composé en vue de réfuter ses confrères Bouhier et Fréret, roulent uniquement sur ce vicieux pivot280. Mais outre l'impossibilité absolue de ces identités dans le système hébreu, il est, contre ce prétendu motif, un témoignage formel qui l'annulle sans réplique: écoutons le Syncelle, p. 207:
«Alexandre Polyhistor et Bérose, qui ont recueilli les antiquités chaldaïques, attestent que Nabonasar ayant rassemblé les actes des rois (de Babylone) qui l'avaient précédé, les fit disparaître (en les brûlant ou lacérant), afin qu'à l'avenir la liste des rois chaldéens commençât par «lui.»
Ainsi, c'est la vanité grossière de Nabonasar, qui, en supprimant les noms de ses prédécesseurs, a fondé une ère musulmanique, destructive des ères et des monuments antérieurs. Pourquoi le traducteur d'Hérodote a-t-il oublié cette citation?
Une troisième hypothèse a encore voulu que l'Asar-adon, roi de Ninive, fût le même que Asar-adinus, roi de Babylone; et du moins celle-ci a eu en sa faveur la parfaite identité de nom, et la souveraineté de Babylone commune à l'un comme vassal et satrape, à l'autre, comme grand-roi et sultan suzerain. Mais outre que les temps sont inconciliables, puisque Asar-adon, roi de Ninive en 722, ne régnerait à Babylone que 43 ans plus tard (en 680), il faudrait encore supposer que lui seul de sa dynastie se fût introduit dans la liste babylonienne. Il est plus naturel et bien plus vrai de dire, que, par un cas très-commun chez les orientaux, deux princes différents ont porté le même nom; et ici nous touchons au doigt la raison qui a fait ajouter le surnom de Phal au Ninivite, afin de le distinguer du Babylonien par l'indication de sa famille: Asar-adon, fils de Phal. Cette identité de nom a pu arriver d'autant mieux, que le dialecte chaldéen paraît avoir été usité à Ninive comme à Babylone; car les noms de Phul ou Phal, de Asur, de Salmann, de San-Harib et d'Adon, ont tous des racines chaldaïques… Phal signifie gros et puissant, d'où dérive Fil, l'Éléphant. Asar signifie lier, garrotter, vincire en latin; d'où dérive vincere, vaincre, parce que le vainqueur mène ses captifs liés. Celui qui les tue est le carnifex; Adon signifie seigneur et maître. Salmann est le pacifique (Salomon)… Harib est le destructeur, le guerrier; et San est le nom propre que nous retrouvons dans acratzan-es, autre nom de San-harib281.
Maintenant, que vont devenir les neuf rois mèdes de Ktésias, et leur durée prétendue de 317 ans?… Partant comme ils le doivent, de l'an 561, dernière année d'Astyag, la victoire d'Arbâk tomberait à l'an 877, c'est-à-dire 160 ans avant l'époque donnée par les livres juifs, en cela d'accord avec Hérodote et le livre chaldéen d'Alexandre. Ktésias est donc atteint et convaincu d'erreur, et nous pourrions désormais ne faire aucune mention de son travail: mais parce qu'en examinant sa liste, il nous a semblé y voir aussi des preuves d'imposture et d'un faux prémédité, nous allons soumettre au lecteur notre analyse.