Kitabı oku: «Discours civiques», sayfa 8
XX. SUR LE COMITÉ DE SALUT PUBLIC
(3 avril 1793)
Dans la séance permanente de la Convention, commencée le mercredi 3 avril, au matin, Isnard proposa, au nom du Comité de défense générale, la création d’un nouveau comité d’exécution composé de neuf membres chargés de remplir les fonctions qui étaient attribuées au Conseil exécutif, et de prendre toutes les mesures de défense générale que pouvaient nécessiter les circonstances. Danton, tout en adoptant le principe, en fit renvoyer le projet de décret au lendemain. Dans sa séance du vendredi 5 avril, la Convention élut les neuf membres de ce premier Comité de Salut public: Barère, Delmas, Bréard, Cambon, Jean Debry, Danton, Guyton, Treilhard, Lacroix (Moniteur, no. 98).
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Je demande aussi la parole pour une motion d’ordre.
Quelle qu’ait été la divergence des opinions, il n’en est pas moins vrai que la majorité de la Convention veut la République. Nous voulons repousser et anéantir la conjuration des rois; nous sentons que telle est la nature des circonstances, telle est la grandeur du péril qui nous menace, qu’il nous faut un développement extraordinaire de forces et de mesures de salut public; nous cherchons à établir une agence funeste pour les rois; nous sentons que, pour créer des armées, trouver de nouveaux chefs, il faut un pouvoir nouveau toujours dans la main de la Convention, et qu’elle puisse anéantir à volonté; mais je pense que ce plan doit être médité, approfondi. Je crois qu’une République, tout en proscrivant les dictateurs et les triumvirs, n’en a pas moins le pouvoir et même le devoir de créer une autorité terrible. Telle est la violence de la tempête qui agite le vaisseau de l’État, qu’il est impossible pour le sauver, d’agir avec les seuls principes de l’art. Écartons toute idée d’usurpation. Eh! qui donc pourrait être usurpateur? Vous voyez que cet homme qui avait remporté quelques victoires va appeler contre lui toutes les forces des Français. Déjà le département où il est né demande sa tête. Rapprochons-nous, rapprochons-nous fraternellement; il y va du salut de tous. Si la conjuration triomphe, elle proscrira tout ce qui aura porté le nom de patriote, quelles qu’ai en été les nuances. Je demande le renvoi du projet de décret, et l’ajournement à demain.
XXI. SUR LE PRIX DU PAIN
(5 avril 1793)
Sur la proposition de Lacroix (de l’Eure) la Convention décida, dans sa séance du vendredi 5 avril, de ne plus admettre aucun ci-devant privilégié, soit comme officier, soit comme volontaire, dans les armées révolutionnaires. Danton demanda la création d’une garde nationale payée par la nation, comme suite logique du précédent décret. A cette proposition il ajouta celle de l’abaissement du prix du pain. «Ces deux propositions, dit le Moniteur (n° 99), sont adoptées au milieu des applaudissements de toute l’Assemblée».
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Le décret que vous venez de rendre annoncera à la nation et à l’univers entier quel est le grand moyen d’éterniser la République; c’est d’appeler le peuple à sa défense. Vous allez avoir une armée de sans-culottes; mais ce n’est pas assez; il faut que, tandis que vous irez combattre les ennemis de l’extérieur, les aristocrates de l’intérieur soient mis sous la pique des sans-culottes. Je demande qu’il soit créé une garde du peuple qui sera salariée par la nation. Nous serons bien défendus, quand nous le serons par les sans-culottes. J’ai une autre proposition à faire; il faut que dans toute la France le prix du pain soit dans une juste proportion avec le salaire du pauvre: ce qui excédera sera payé par le riche (On applaudit). Par ce seul décret, vous assurerez au peuple et son existence et sa dignité; vous l’attacherez à la révolution; vous acquerrez son estime et son amour. Il dira: nos représentants nous ont donné du pain; ils ont plus fait qu’aucun de nos anciens rois. Je demande que vous mettiez aux voix les deux propositions que j’ai faites, et qu’elles soient renvoyées au Comité pour vous en présenter la rédaction.
XXII. SUR LE DROIT DE PÉTITION DU PEUPLE
(10 avril 1793)
Ce discours de Danton fut la réponse à une motion de Pétion tendant à traduire en tribunal révolutionnaire le président et les secrétaires de la Section de la Halle-aux-Blés. Cette section avait demandé, par une pétition répandue dans Paris, le décret d’accusation contre Roland.
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C’est une vérité incontestable, que vous n’avez pas le droit d’exiger du peuple ou d’une portion du peuple plus de sagesse que vous n’en avez vous-mêmes. Le peuple n’a-t-il pas le droit de sentir des bouillonnements qui le conduisent à un délire patriotique, lorsque cette tribune semble continuellement être une arène de gladiateurs? N’ai-je pas été moi-même, tout à l’heure, assiégé à cette tribune? Ne m’a-t-on pas dit que je voulais être dictateur?…. Je vais examiner froidement le projet de décret présenté par Pétion; je n’y mettrai aucune passion, moi; je conserverai mon immobilité, quels que soient les flots d’indignation qui me pressent en tous sens. Je sais quel sera le dénouement de ce grand drame; le peuple restera libre; je veux la République, je prouverai que je marche constamment à ce but. La proposition de Pétion est insignifiante. On sait que dans plusieurs départements on a demandé tour à tour la tête des membres qui siégeaient dans l’un ou l’autre des côtés de la salle. N’a-t-on pas aussi demandé la mienne? Tous les jours il arrive des pétitions plus ou moins exagérées; mais il faut les juger par le fond. J’en appelle à Pétion lui-même. Ce n’est pas d’aujourd’hui qu’il se trouve dans les orages populaires. Il sait bien que lorsqu’un peuple brise sa monarchie pour arriver à la République, il dépasse son but par la force de projection qu’il s’est donnée. Que doit faire la représentation nationale. Profiter de ces excès mêmes. Dans la première Assemblée constituante, Marat n’était ni moins terrible aux aristocrates, ni moins odieux aux modérés. Eh bien! Marat y trouva des défenseurs; il disait aussi que la majorité était mauvaise, et elle l’était. Ce n’est pas que je croie qu’il en soit de même de cette assemblée. Mais que devez-vous répondre au peuple quand il vous dit des vérités sévères? Vous devez lui répondre en sauvant la République. Et depuis quand vous doit-on des éloges? Etes-vous à la fin de votre mission? On parle des calomniateurs: la calomnie dans un État vraiment libre n’est rien pour l’homme qui a conscience intime de son devoir. Encore une fois, tout ce qui a rapport à la calomnie ne peut être la base d’une délibération dans la Convention. Il existe des lois, des tribunaux; que ceux qui croient devoir poursuivre cette adresse, l’y poursuivent. Oui, je le déclare, vous seriez indignes de votre mission, si vous n’aviez pas constamment devant les yeux ces grands objets: vaincre les ennemis, rétablir l’ordre dans l’intérieur, et faire une bonne constitution. Nous la voulons tous, la France la veut; elle sera d’autant plus belle qu’elle sera née au milieu des orages de la liberté; ainsi un peuple de l’antiquité construisait ses murs, en tenant d’une main la truelle, et de l’autre l’épée pour repousser les ennemis. N’allons pas nous faire la guerre, animer les sections, les mettre en délibération sur des calomnies, tandis que nous devons concentrer leur énergie pour la diriger contre les Autrichiens…. Que l’on ne vienne donc plus nous apporter des dénonciations exagérées, comme si l’on craignait la mort. Voilà l’exemple que vous donnez! Vous voulez sévir contre le peuple, et vous êtes plus virulents que lui! Je demande la question préalable et le rapport du Comité de Salut public.
XXIII. SUR LA PEINE DE MORT CONTRE CEUX QUI TRANSIGENT AVEC L’ENNEMI
(13 avril 1793)
Robespierre demanda, dans la séance du 13 avril, de décréter la peine de mort contre quiconque proposerait, de quelque manière que ce soit, de transiger avec les ennemis. Danton appuya Robespierre tout en présentant une autre rédaction que la Convention adopta dans la même séance, malgré l’opposition de Barbaroux.
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Il faut bien saisir le véritable objet de la motion qui vient d’être faite, et ne pas lui donner une étendue que n’a pas voulu lui attribuer son auteur. Je demande qu’elle soit ainsi posée: «La peine de mort est décrétée contre quiconque proposerait à la République de transiger avec des ennemis qui, pour préliminaire, ne reconnaîtraient pas la souveraineté du peuple». II est temps, citoyens, que la Convention nationale fasse connaître à l’Europe que la France sait allier à la politique les vertus républicaines. Vous avez rendu, dans un moment d’enthousiasme, un décret dont le motif était beau sans doute, puisque vous vous êtes obligés à donner protection aux peuples qui voudraient résister à l’oppression de leurs tyrans. Ce décret semblerait vous engager à secourir quelques patriotes qui voudraient faire une révolution en Chine. Il faut, avant tout, songer à la conservation de notre corps politique, et fonder la grandeur française. Que la République s’affermisse, et la France, par ses lumières et son énergie, fera attraction sur tous les peuples.
Mais voyez ce que votre position a d’avantageux malgré les revers que nous avons éprouvés. La trahison de Dumouriez nous donne l’occasion de faire un nouveau scrutin épuratoire de l’armée. L’ennemi va être forcé de reconnaître que la nation veut absolument la liberté, puisqu’un général victorieux qui avait promis à nos ennemis de leur livrer et son armée tout entière et une partie de la nation ne leur a porté que son misérable individu. Citoyens, c’est le génie de la liberté qui a lancé le char de la révolution. Le peuple tout entier le tire, et il s’arrêtera aux termes de la raison. Décrétons que nous ne nous mêlerons pas de ce qui se passe chez nos voisins; mais décrétons aussi que la République vivra, et condamnons à mort celui qui proposerait une transaction autre que celle qui aurait pour base les principes de notre liberté.
XXIV. SUR LA TOLÉRANCE DES CULTES
(19 avril 1793)
A propos de la discussion sur l’article IX de la Déclaration des droits de l’homme[32], lu par Barère, dans la séance du vendredi 19 avril, Danton prit la parole après quelques mots de Vergniaud.
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Rien ne doit plus nous faire préjuger le salut de la patrie que la disposition actuelle. Nous avons paru divisés entre nous, mais au moment où nous nous occupons du bonheur des hommes nous sommes d’accord.
Vergniaud vient de vous dire de bien grandes et d’éternelles vérités. L’Assemblée constituante, embarrassée par un roi, par les préjugés qui enchaînaient encore la nation, par l’intolérance qui s’était établie, n’a pu heurter de front les principes reçus, et a fait encore beaucoup pour la liberté en consacrant celui de la tolérance. Aujourd’hui le terrain de la liberté est déblayé, nous devons au peuple français de donner à son gouvernement des bases éternelles et pures! Oui! nous leur dirons: Français, vous avez la liberté d’adorer la divinité qui vous paraît digne de vos hommages; la liberté de culte que vos lois peuvent avoir pour objet ne peut être que la liberté de la réunion des individus assemblés pour rendre, à leur manière, hommage à la divinité. Une telle liberté ne peut être atteinte que par des lois réglementaires et de police; or, sans doute, vous ne voudrez pas insérer dans une déclaration des droits une loi réglementaire. Le droit de la liberté du culte, droit sacré, sera protégé par vos lois, qui, en harmonie avec les principes, n’auront pour but que de les garantir. La raison humaine ne peut rétrograder; nous sommes trop avancés pour que le peuple puisse croire n’avoir pas la liberté de son culte, parce qu’il ne verra pas le principe de cette liberté gravé sur la table de vos lois.
Si la superstition semble encore avoir quelque part aux mouvements qui agitent la République, c’est que la politique de nos ennemis l’a toujours employée; mais regardez que partout le peuple, dégagé des impulsions de la malveillance, reconnaît que quiconque veut s’interposer entre lui et la divinité est un imposteur. Partout on a demandé la déportation des prêtres fanatiques et rebelles. Gardez-vous de mal présumer de la raison nationale; gardez-vous d’insérer un article qui contiendrait cette présomption injuste; en passant à l’ordre du jour, adoptez une espèce de question préalable sur les prêtres qui vous honore aux yeux de vos concitoyens et de la postérité.
GENSONNÉ.—Les principes développés pour retirer l’article me paraissent incontestables, je conviens qu’il ne doit pas se trouver dans la Déclaration des droits; il trouvera sa place dans le chapitre particulier de la Constitution, destiné à poser les bases fondamentales de la liberté civile.
(On demande à aller aux voix.)
DURAND-MAILLANE.—Écoutons tout le monde.
DANTON.—Eussions-nous ici un cardinal je voudrais qu’il fût entendu.
XXV. SUR UN NOUVEL IMPOT ET DE NOUVELLES LEVÉES
(27 avril 1793)
Cambon ayant, dans la séance du 27 avril, donné connaissance de l’heureux résultat des mesures prises par les commissaires du département de l’Hérault, la Convention décréta la mention honorable au procès-verbal pour le mémoire lu par Cambon, et l’envoi aux départements. Danton monta aussitôt à la tribune pour demander l’application à Paris et à la France entière de ces mêmes mesures. Il conclut en demandant une nouvelle levée de 20.000 hommes à envoyer en Vendée. «La proposition de Danton est décrétée à l’unanimité». (Moniteur, n° 119.)
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Vous venez de décréter la mention honorable de ce qu’a cru faire pour le salut public le département de l’Hérault. Ce décret autorise la République entière à adopter les mêmes mesures; car votre décret ratifie celles qu’on vient de vous faire connaître. Si partout les mêmes mesures sont adoptées, la République est sauvée; on ne traitera plus d’agitateurs et d’anarchistes les amis ardents de la liberté, ceux qui mettent la nation en mouvement, et l’on dira: Honneur aux agitateurs qui tournent la vigueur du peuple contre ses ennemis. Quand le temple de la liberté sera assis, le peuple saura bien le décorer. Périsse plutôt le sol de la France que de retourner sous un dur esclavage! mais qu’on ne croie pas que nous devenions barbares après avoir fondé la liberté; nous l’embellirons. Les despotes nous porteront envie; mais tant que le vaisseau de l’État est battu par la tempête, ce qui est à chacun est à tous.
On ne parle plus de lois agraires; le peuple est plus sage que ses calomniateurs ne le prétendent, et le peuple en masse a plus de génie que beaucoup qui se croient des grands hommes. Dans un peuple on ne compte pas plus les grands hommes que les grands arbres dans une vaste forêt. On a cru que le peuple voulait la loi agraire; cette idée pourrait faire naître des soupçons sur les mesures adoptées par le département de l’Hérault; sans doute, on empoisonnera ses intentions et ses arrêtés; il a, dit-on, imposé les riches; mais, citoyens, imposer les riches, c’est les servir; c’est un véritable avantage pour eux qu’un sacrifice considérable; plus le sacrifice sera grand sur l’usufruit, plus le fonds de la propriété est garanti contre l’envahissement des ennemis. C’est un appel à tout homme qui a les moyens de sauver la République. Cet appel est juste. Ce qu’a fait le département de l’Hérault, Paris et toute la France veulent le faire.
Voyez la ressource que la France se procure. Paris a un luxe et des richesses considérables; eh bien, par ce décret, cette éponge va être pressée. Et, par une singularité satisfaisante, il va se trouver que le peuple fera la révolution aux dépens de ses ennemis intérieurs. Ces ennemis eux-mêmes apprendront le prix de la liberté; ils désireront la posséder lorsqu’ils reconnaîtront qu’elle aura conservé leurs jouissances. Paris, en faisant un appel aux capitalistes, fournira son contingent, il nous donnera les moyens d’étouffer les troubles de la Vendée; car, à quelque prix que ce soit, il faut que nous étouffions ces troubles. À cela seul tient votre tranquillité extérieure. Déjà les départements du Nord ont appris aux despotes coalisés que votre territoire ne pouvait être entamé; et bientôt peut-être vous apprendrez la dissolution de cette ligue formidable de rois; car, en s’unissant contre vous, ils n’ont pas oublié leur vieille haine et leurs prétentions respectives, et peut-être, si le conseil exécutif eût eu plus de latitude dans ses moyens, cette ligue serait entièrement dissoute.
Il faut donc diriger Paris sur la Vendée; il faut que les hommes requis dans cette ville pour former le camp de réserve se portent sur la Vendée. Cette mesure prise, les rebelles se dissiperont, et, comme les Autrichiens, commenceront à se retrancher eux-mêmes, comme eux-mêmes à cette heure sont en quelque sorte assiégés. Si le foyer des discordes civiles est éteint, on nous demandera la paix, et nous la ferons honorablement.
Je demande que la Convention nationale décrète que sur les forces additionnelles au recrutement voté par les départements, 20.000 hommes seront portés par le ministre de la guerre sur les départements de la Vendée, de la Mayenne et de la Loire.
XXVI. AUTRE DISCOURS SUR LE DROIT DE PÉTITION
(1er mai 1793)
Une députation du faubourg Saint-Antoine vint, le 1er mai, réclamer à la barre de la Convention le maximum, un impôt sur les riches et le départ des troupes de Paris aux frontières. Ayant exposé ces mesures, les orateurs conclurent: «Si vous ne les adoptez pas, nous vous déclarons… que nous sommes en état d’insurrection; dix mille hommes sont à la porte de la salle…». (Moniteur, n° 123). Boyer-Fonfrède ayant, après un assez vif débat, demandé l’arrestation des pétitionnaires, Danton intervint en leur faveur, comme il était déjà intervenu, précédemment, le 10 avril. La Convention, revenue au calme, adopta la proposition de Danton.
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Sans doute, la Convention nationale peut éprouver un mouvement d’indignation quand on lui dit qu’elle n’a rien fait pour la liberté; je suis loin de désapprouver ce sentiment; je sais que la Convention peut répondre qu’elle a frappé le tyran, qu’elle a déjoué les projets d’un ambitieux, qu’elle a créé un tribunal révolutionnaire pour juger les ennemis de la patrie, enfin, qu’elle dirige l’énergie française contre les révoltés; voilà ce que nous avons fait. Mais ce n’est pas par un sentiment d’indignation que nous devons prononcer sur une pétition bonne en elle-même. Je sais qu’on distingue la pétition du dernier paragraphe, mais on aurait dû considérer ce qu’était la plénitude du droit de pétition. Lorsqu’on répète souvent ici que nous sommes incapables de sauver la chose publique, ce n’est pas un crime de dire que, si telles mesures ne sont pas adoptées, la nation a le droit de s’insurger….
PLUSIEURS VOIX.—Les pétitionnaires ne sont pas la nation.
DANTON.—On conviendra sans doute que la volonté générale ne peut se composer en masse que de volontés individuelles. Si vous m’accordez cela, je dis que tout Français a le droit de dire que, si telle mesure n’est pas adoptée, le peuple a le droit de se lever en masse. Ce n’est pas que je ne sois convaincu que de mauvais citoyens égarent le peuple, ce n’est pas que j’approuve la pétition qui vous a été présentée; mais j’examine le droit de pétition en lui-même, et je dis que cet asile devrait être sacré, que personne ne devrait se permettre d’insulter un pétitionnaire, et qu’un simple individu devrait être respecté par les représentants du peuple comme le peuple tout entier. (Quelques rumeurs.) Je ne tirerais pas cette conséquence de ce que je viens de dire, que vous assuriez l’impunité à quiconque semblerait être un conspirateur dangereux, dont l’arrestation serait nécessaire à l’intérêt public; mais je dis que, quand il est probable que le crime d’un individu ne consiste que dans des phrases mal digérées, vous devez vous respecter vous-mêmes. Si la Convention sentait sa force, elle dirait avec dignité et non avec passion, à ceux qui viennent lui demander des comptes et lui déclarer qu’ils sont dans un état d’insurrection: «Voilà ce que nous avons fait, et vous, citoyens, qui croyez avoir l’initiative de l’insurrection, la hache de la justice est là pour vous frapper si vous êtes coupables». Voilà comme vous devez leur répondre. Les habitants du faubourg Saint-Antoine vous ont dit qu’ils vous feraient un rempart de leur corps; après cette déclaration, comment n’avez-vous pas répondu aux pétitionnaires: «Citoyens, vous avez été dans l’erreur», ou bien: «Si vous êtes coupables, la loi est là pour vous punir». Je demande l’ordre du jour, et j’observe que, quand il sera notoire que la Convention a passé à l’ordre du jour motivé sur l’explication qui lui a été donnée, il n’y aura pas de pusillanimité dans sa conduite; croyez qu’un pareil décret produira plus d’effet sur l’âme des citoyens qu’un décret de rigueur. Je demande qu’en accordant les honneurs de la séance aux pétitionnaires, l’Assemblée passe à l’ordre du jour sur le tout.