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Kitabı oku: «Discours civiques», sayfa 9

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XXVII. SUR L’ENVOI DE NOUVELLES TROUPES EN VENDÉE

(8 mai 1793)

Au moment où la guerre de Vendée redoublait de violence, l’envoi de nouvelles troupes fut décidé. A propos de leur départ, Danton revint à l’idée d’appliquer de nouveaux impôts sur les riches demeurés à Paris. L’inspiration de ce discours du 8 mai fut la même que celle qui dicta la harangue fougueuse du 27 avril; le conventionnel y suit strictement la même ligne de politique intérieure.

* * *

C’est une vérité puisée dans l’histoire et dans le coeur humain, qu’une grande nation en révolution, ou même en guerre civile, n’en est pas moins redoutable à ses ennemis. Ainsi donc, loin de nous effrayer de notre situation, nous n’y devons voir que le développement de l’énergie nationale, que nous pouvons tourner encore au profit de la liberté. La France entière va s’ébranler. Douze mille hommes de troupe de ligne, tirés de vos armées où ils seront aussitôt remplacés par des recrues, vont s’acheminer vers la Vendée. Avec cette force va se joindre la force parisienne. Eh bien, combinons avec ces moyens de puissance les moyens politiques. C’est de faire connaître à ceux que des traîtres ont égarés, que la nation ne veut pas verser leur sang, mais qu’elle veut les éclairer et les rendre à la patrie.

Les despotes ne sont pas toujours malhabiles dans leurs moyens. Dans la Belgique, l’empereur traite les peuples avec la plus grande douceur, et semble même flatter ceux qui s’étaient déclarés contre lui avec le plus d’énergie; pourquoi n’agirions-nous pas de même pour rendre des hommes à la liberté? Il faut donc créer une commission ayant pouvoir de faire grâce à ceux des rebelles qui se soumettraient volontairement avant l’action de la force armée.

Cette mesure prise, il faut faire marcher la force de Paris. Deux choses se sont un moment opposées à son recrutement: les intrigues des aristocrates et les inquiétudes des patriotes eux-mêmes. Ceux-ci n’ont pas considéré que Paris a une arrière-garde bien formidable; elle est composée de 150.000 citoyens que leurs occupations quotidiennes ont éloignés jusqu’ici des affaires publiques, mais que vous devez engager à se porter dans les sections, sauf à les indemniser de la perte de temps qu’ils essuieront. Ce sont ces citoyens qui, dans un grand jour, se débordant sur nos ennemis, les feront disparaître de la terre de la liberté.

Que le riche paye, puisqu’il n’est pas digne, le plus souvent, de combattre pour la liberté; qu’il paye largement et que l’homme du peuple marche dans la Vendée.

Il y a telle section où se trouvent des groupes de capitalistes, il n’est pas juste que ces citoyens profitent seuls de ce qui sortira de ces éponges. Il faut que la Convention nationale nomme deux commissaires par sections pour s’informer de l’état du recrutement. Dans les sections où le contingent est complet, ils annonceront que l’on répartira également les contributions des riches. Dans les sections qui, dans trois jours, n’auront point fourni leur contingent, ils assembleront les citoyens et les feront tirer au sort.

Ce mode, je le sais, a des inconvénients, mais il en a moins encore que tous les autres. Il est un décret que vous avez rendu en principe et dont je demande l’exécution pratique. Vous avez ordonné la formation d’une garde soldée dans toutes les grandes villes. Cette institution soulagera les citoyens que n’a pas favorisés la fortune.

Je demande qu’elle soit promptement organisée, et j’annonce à la Convention nationale qu’après avoir opéré le recrutement de Paris, si elle veut revenir à l’unité d’action, si elle veut mettre à contribution les malheurs même de la patrie, elle verra que les machinations de nos ennemis pour soulever la France n’auront servi qu’à son triomphe. La force nationale va se développer; si vous savez diriger son énergie, la patrie sera sauvée, et vous verrez les rois coalisés vous proposer une paix honorable.

XXVIII. SUR UNE NOUVELLE LOI POUR PROTÉGER LA REPRÉSENTATION NATIONALE[33]

(24 mai 1793)

La chute de la Gironde était proche. Sentant le terrain lui manquer sous les pieds, elle fit proposer un décret dont l’article 1er était ainsi rédigé: «La Convention nationale met sous la sauvegarde spéciale des bons citoyens la fortune publique, la représentation nationale et la ville de Paris». (Moniteur, n° 145.) Ce décret émanait de la Commission des Douze et avait été soutenu par Vigée, Vergniaud et Boyer-Fonfrède. Sans le combattre entièrement, Danton s’opposa cependant à son adoption immédiate. Le décret fut adopté dans la même séance. C’était un des suprêmes triomphes de la Gironde.

* * *

L’objet de cet article n’a rien de mauvais en soi. Sans doute la représentation nationale a besoin d’être sous la sauvegarde de la nation. Mais comment se fait-il que vous soyez assez dominés par les circonstances pour décréter aujourd’hui ce qui se trouve dans toutes vos lois? Sans doute, l’aristocratie menace de renverser la liberté, mais quand les périls sont communs à tous, il est indigne de nous de faire des lois pour nous seuls, lorsque nous trouvons notre sûreté dans celles qui protègent tous les citoyens. Je dis donc que décréter ce qu’on vous propose, c’est décréter la peur.

–Eh bien! j’ai peur, moi!….

DANTON.—Je ne m’oppose pas à ce que l’on prenne des mesures pour rassurer chaque individu qui craint pour sa sûreté; je ne m’oppose pas à ce que vous donniez une garde de crainte au citoyen qui tremble ici. Mais la Convention nationale peut-elle annoncer à la République qu’elle se laisse dominer par la peur. Remarquez bien jusqu’à quel point cette crainte est ridicule. Le comité vous annonce qu’il y a des dispositions portant qu’on a voulu attenter à la représentation nationale. On sait bien qu’il existe à Paris une multitude d’aristocrates, d’agents soudoyés par les puissances; mais les lois ont pourvu à tout; on dit qu’elles ne s’exécutent pas; mais une preuve qu’elles s’exécutent, c’est que la Convention nationale est intacte, et que, si un de ses membres a péri, il était du nombre de ceux qui ne tremblent pas. Remarquez bien que l’esprit public des citoyens de Paris qu’on a tant calomniés….

UN GRAND NOMBRE DE VOIX.—Cela est faux! la preuve en est dans le projet qu’on Propose!

DANTON.—Je ne dis pas que ce soit calomnier Paris que de proposer le projet de décret qui vous est présenté; mais on a calomnié Paris, en demandant une force départementale; car, dans une ville comme Paris, où la population présente une masse si imposante, la force des bons citoyens est assez grande pour terrasser les ennemis de la liberté. Je dis que, si, dans la réunion dont on a parlé, il s’est trouvé des hommes assez pervers pour proposer de porter atteinte à la représentation nationale, cette proposition a été vivement repoussée, et que si ces hommes sont saisis et peuvent être livrés à la justice, ils ne trouveront point ici de défenseurs. On a cherché aussi à inculper le maire de Paris, et à le rendre, pour ainsi dire, complice de ces hommes vendus ou traîtres; mais l’on n’a pas dit que, si le maire de Paris n’était pas venu vous instruire de ce qui s’était passé, c’est qu’il était venu en rendre compte au Comité du Salut public, qui devait vous en instruire. Ainsi donc, quand il est démontré que les propositions qui ont été faites ont été rejetées avec horreur; quand Paris est prêt à s’armer contre tous les traîtres qu’il renferme pour protéger la Convention nationale, il est absurde de créer une loi nouvelle; pour protéger la représentation nationale, il ne s’agit que de diriger l’action des lois existantes contre le vrai coupable. Encore une fois, je ne combats pas le fond du projet, mais je dis qu’il se trouve dans les lois préexistantes. Ne faisons donc rien par peur; ne faisons rien pour nous-mêmes; ne nous attachons qu’aux considérations nationales; ne nous laissons point diriger par les passions. Prenez garde qu’après avoir créé une commission pour rechercher les complots qui se trament dans Paris, on ne vous demande s’il ne conviendrait pas d’en créer aussi une pour rechercher les crimes de ceux qui ont cherché à égarer l’esprit des départements. Je ne demande qu’une chose, c’est que les membres qui proposent ce projet se dépouillent de toutes leurs haines. Il faut que les criminels soient bien connus, et il est de votre sagesse d’attendre un rapport préliminaire sur le tout.

XXIX. POUR LE PEUPLE DE PARIS

(26 mai 1793)

L’attitude du président Isnard donna lieu, dans la séance de la Convention du 26 mai, à de violents incidents. Répondant à une députation de la Commune, il prononça les mots, devenus fameux depuis: «Si, par ces insurrections toujours renaissantes, il arrivait qu’on portât atteinte à la représentation nationale, je vous le déclare au nom de la France entière, Paris serait anéanti! Bientôt on chercherait sur les rives de la Seine si Paris a existé». Danton, se levant, cria: «Président, je demande la parole sur votre réponse!» Appuyé par la gauche, il allait la prendre quand Cambon monta à la tribune pour donner lecture d’une lettre du général Lamorlière. A cette lecture succéda une députation de la section des Gardes-Françaises, venant présenter son contingent. Cette fois la réponse du président fut patriotique et modérée. Après les honneurs de la séance, décernés à des pétitionnaires de la section de l’Unité, Danton monta à la tribune pour protester du civisme du peuple de Paris et contre les parole d’Isnard.

* * *

Si le président eût présenté l’olivier de la paix à la Commune avec autant d’art qu’il a présenté le signal du combat aux guerriers qui viennent de défiler ici, j’aurais applaudi à sa réponse; mais je dois examiner quel peut être l’effet politique de son discours. Assez et trop longtemps on a calomnié Paris en masse. (On applaudit dans la partie gauche et dans les tribunes. Il s’élève de violents murmures dans la partie droite.)

PLUSIEURS VOIX.—Non, ce n’est pas Paris qu’on accuse, mais les scélérats qui s’y trouvent.

DANTON.—Voulez-vous constater que je me suis trompé?

ON GRAND NOMBRE DE VOIX.—Oui!

DANTON.—Ce n’est pas pour disculper Paris que je me suis présenté à cette tribune, il n’en a pas besoin. Mais c’est pour la République entière. Il importe de détruire auprès des départements les impressions défavorables que pourrait faire la réponse du président. Quelle est cette imprécation du président contre Paris? Il est assez étrange qu’on vienne présenter la dévastation que feraient de Paris tous les départements, si cette ville se rendait coupable…. (Oui, s’écrient un grand nombre de voix, ils le feraient.—On murmure dans l’extrême gauche.) Je me connais aussi, moi, en figures oratoires. (Murmures dans la partie droite.) Il entre dans la réponse du président un sentiment d’amertume. Pourquoi supposer qu’un jour on cherchera vainement sur les rives de la Seine si Paris a existé? Loin d’un président de pareils sentiments, il ne lui appartient que de présenter des idées consolantes. Il est bon que la République sache que Paris ne déviera jamais des principes; qu’après avoir détruit le trône d’un tyran couvert de crimes, il ne le relèvera pas pour y asseoir un nouveau despote. Que l’on sache aussi que les représentants du peuple marchent entre deux écueils; ceux qui servent un parti lui apportent leurs vices comme leurs vertus. Si dans le parti qui sert le peuple il se trouve des coupables, le peuple saura les punir; mais faites attention à cette grande vérité, c’est que, s’il fallait choisir entre deux excès, il vaudrait mieux se jeter du côté de la liberté que rebrousser vers l’esclavage. En reprenant ce qu’il y a de blâmable, il n’y a plus partout que des républicains.

Depuis quelque temps les patriotes sont opprimés dans les sections. Je connais l’insolence des ennemis du peuple; ils ne jouiront pas longtemps de leur avantage; bientôt les aristocrates, fidèles aux sentiments de fureur qui les animent, vexeraient tout ce qui a porté le caractère de la liberté; mais le peuple détrompé les fera rentrer dans le néant. Qu’avons-nous à faire, nous, législateurs, qui sommes au centre des événements? Réprimons tous les audacieux; mais tournons-nous d’abord vers l’aristocrate, car il ne changera pas.

Vous, hommes ardents, qui servez le peuple, qui êtes attachés à sa cause, ne vous effrayez pas de voir arriver une sorte de modérantisme perfide; unissez la prudence à l’énergie qui vous caractérise, tous les ennemis du peuple seront écrasés.

Parmi les bons citoyens, il y en a de trop impétueux, mais pourquoi leur faire un crime d’une énergie qu’ils emploient à servir le peuple? S’il n’y avait pas eu des hommes ardents, si le peuple lui-même n’avait pas été violent, il n’y aurait pas eu de révolution.

Je reviens à mon premier objet: je ne veux exaspérer personne parce que j’ai le sentiment de ma force en défendant la raison. Sans faire mon apologie, je défie de me prouver un crime. Je demande que l’on renvoie devant le tribunal révolutionnaire ceux qui auront conspiré contre la Convention; et moi, je demande à y être renvoyé le premier, si je suis trouvé coupable. On a répété souvent que je n’avais pas rendu mes comptes. J’ai eu 400.000 livres à ma disposition pour des dépenses secrètes; j’ai rendu compte de l’emploi que j’en ai fait; que ceux qui m’ont fait des reproches les parcourent avant de me calomnier. Une somme de 100.000 livres avait été remise entre mes mains pour faire marcher la Révolution. Cette somme devait être employée d’après l’avis du Conseil exécutif; il connaît l’emploi que j’en ai fait; il a, lui, rendu ses comptes.

PLUSIEURS VOIX.—Ce n’est pas la question!

DANTON.—Je reviens à ce que souhaite la Convention; il faut réunir les Départements; il faut bien se garder de les aigrir contre Paris! Quoi! cette cité immense, qui se renouvelle tous les jours, porterait atteinte à la représentation nationale! Paris, qui a brisé le premier le sceptre de fer, violerait l’Arche sainte qui lui est confiée! Non; Paris aime la Révolution; Paris, par les sacrifices qu’il a faits à la liberté, mérite les embrassements de tous les Français. Ces sentiments sont les vôtres, eh bien! manifestez-les; faites imprimer la réponse de votre président, en déclarant que Paris n’a jamais cessé de bien mériter de la République, puisque la municipalité…. (Il s’élève de violents murmures dans une grande partie de la salle). Puisque la majorité de Paris a bien mérité…. (On applaudit dans toutes les parties de la salle), et cette majorité, c’est la presque totalité de Paris. (Mêmes applaudissements). Par cette déclaration, la nation saura apprécier la proposition qui a été faite de transporter le siège de la Convention dans une autre ville. Tous les départements auront de Paris l’opinion qu’ils doivent en avoir, et qu’ils en ont réellement. Paris, je le répète, sera toujours digne d’être le dépositaire de la représentation générale. Mon esprit sent que, partout où vous irez, vous y trouverez des passions, parce que vous y porterez les vôtres. Paris sera bien connu; le petit nombre de conspirateurs qu’il renferme sera puni. Le peuple français, quelles que soient vos opinions, se sauvera lui-même, s’il le faut, puisque tous les jours il remporte des victoires sur les ennemis, malgré nos dissensions. Le masque arraché à ceux qui jouent le patriotisme et qui servent de rempart aux aristocrates, la France se lèvera et terrassera ses ennemis.

XXX. CONTRE LA COMMISSION DES DOUZE

(27 mai 1793)

L’arrestation d’Hébert, ordonnée par la Commission des Douze, créa une vive effervescence à la Commune. Dans la séance du lundi 27 mai, une députation de la section de la cité vint demander la traduction des Douze devant le Tribunal Révolutionnaire. Isnard, qui présidait, répondit: «Citoyens, la Convention nationale pardonne à l’égarement de votre jeunesse…». Un indescriptible tumulte s’ensuivit. Robespierre, Bourdon (de l’Oise), Henri Larivière, tentèrent en vain d’obtenir la parole. Le président s’étant couvert au milieu du tumulte, Danton s’écria sur une observation de Delacroix (d’Eure-et-Loir): «Je vous le déclare, tant d’impudence commence à nous perdre; nous vous résisterons! «Et toute l’extrême gauche cria avec lui: «Nous vous résisterons!» La droite demanda l’insertion de la phrase de Danton au procès-verbal. «Oui, dit Danton, je la demande moi-même». Et il monta à la tribune:

* * *

Je déclare à la Convention et à tout le peuple français que si l’on persiste à retenir dans les fers des citoyens qui ne sont que présumés coupables, dont tout le crime est un excès de patriotisme; si l’on refuse constamment la parole à ceux qui veulent les défendre; je déclare, dis-je, que, s’il y a ici cent bons citoyens, nous résisterons.

Je déclare en mon propre nom, et je signerai cette déclaration, que le refus de la parole à Robespierre est une lâche tyrannie. Je déclare à la France entière que vous avez mis souvent en liberté des gens plus que suspects sur de simples réclamations, et que vous retenez dans les fers des citoyens d’un civisme reconnu, qu’on les tient en charte privée, sans vouloir faire aucun rapport….

PLUSIEURS MEMBRES A DROITE.—C’est faux, le rapporteur de la Commission des Douze a demandé la parole.

DANTON.—Tout membre de l’Assemblée a le droit de parler sur et contre la Commission des Douze. C’est un préalable d’autant plus nécessaire, que cette Commission des Douze tourne les armes qu’on a mises dans ses mains contre les meilleurs citoyens; cette commission est d’autant plus funeste qu’elle arrache à leurs fonctions des magistrats du peuple.

PLUSIEURS VOIX.—Et les commissaires envoyés dans les départements!

DANTON.—Vos commissaires, vous les entendrez…. Si vous vous obstinez à refuser la parole à un représentant du peuple qui veut parler en faveur d’un patriote jeté dans les fers, je déclare que je proteste contre votre tyrannie, contre votre despotisme. Le peuple français jugera.

* * *

Dans cette même séance Danton reprit la parole après la déclaration du ministre de l’Intérieur, protestant une fois encore de sa soif de paix, de son désir de concorde.

* * *

Je demande que le ministre me réponde; je me flatte que de cette grande lutte sortira la vérité, comme des éclats de la foudre sort la sérénité de l’air; il faut que la nation sache quels sont ceux qui veulent la tranquillité. Je ne connaissais pas le ministre de l’Intérieur; je n’avais jamais eu de relation avec lui. Je le somme de déclarer, et cette déclaration m’importe dans les circonstances où nous nous trouvons, dans un moment où un député (c’est Brissot) a fait contre moi une sanglante diatribe; dans le moment où le produit d’une charge que j’avais est travestie en une fortune immense…. (Il s’élève de violents murmures dans la partie droite.) Il est bon que l’on sache quelle est ma vie.

PLUSIEURS VOIX DANS LA PARTIE DROITE.—Ne nous parlez pas de vous, de votre guerre avec Brissot.

DANTON.—C’est par ce que le Comité de Salut public a été accusé de favoriser les mouvements de Paris qu’il faut que je m’explique….

PLUSIEURS MEMBRES.—On ne dit pas cela.

DANTON.—Voilà ces amis de l’ordre qui ne veulent pas entendre la vérité, que l’on juge par là quels sont ceux qui veulent l’anarchie. J’interpelle le ministre de l’Intérieur de dire si je n’ai pas été plusieurs fois chez lui pour l’engager à calmer les troubles, à unir les départements, à faire cesser les préventions qu’on leur avait inspirées contre Paris; j’interpelle le ministre de dire, si depuis la révolution, je ne l’ai pas invité à apaiser toutes les haines, si je ne lui ai pas dit: «je ne veux pas que vous flattiez tel parti plutôt que tel autre; mais que vous prêchiez l’union». Il est des hommes qui ne peuvent pas se dépouiller d’un ressentiment. Pour moi, la nature m’a fait impétueux, mais exempt de haine. Je l’interpelle de dire s’il n’a pas reconnu que les prétendus amis de l’ordre étaient la cause de toutes les divisions, s’il n’a pas reconnu que les citoyens les plus exagérés sont les plus amis de l’ordre et de la paix. Que le ministre réponde.

XXXI. AUTRE DISCOURS CONTRE LA COMMISSION DES DOUZE

(31 mai 1793)

Tandis que grondait le canon de l’insurrection de la journée fatale pour la Gironde, Danton, intervenant dans la discussion sur l’émeute dénoncée par Vergniaud, reprit son réquisitoire contre la Commission des Douze et demanda sa suppression. Il interrompit le président Mallarmé, lui disant: «Faites donc justice, avant tout, de la Commission!» Après un court débat sur la question de priorité, il monta à la tribune.

* * *

J’ai demandé la parole pour motiver la priorité en faveur de la motion de Thuriot[34]. Il ne sera pas difficile de faire voir que cette motion est d’un ordre supérieur à celle même demander le commandant à la barre. Il faut que Paris ait justice de la Commission; elle n’existe pas comme la Convention. Vous avez créé une Commission impolitique….

PLUSIEURS VOIX.—Nous ne savons pas cela….

DANTON.—Vous ne le savez pas? il faut donc vous le rappeler.

Oui, votre Commission a mérité l’indignation populaire. Rappelez-vous mon discours à ce sujet, ce discours trop modéré. Elle a jeté dans les fers des magistrats du peuple, par cela seul qu’ils avaient combattu, dans des feuilles, cet esprit de modérantisme que la France veut tuer pour sauver la République. Je ne prétends pas inculper ni disculper la Commission, il faudra la juger sur un rapport et sur leur défense.

Pourquoi avez-vous ordonné l’élargissement de ces fonctionnaires publics? Vous y avez été engagés sur le rapport d’un homme que vous ne respectez pas, d’un homme que la nature a créé doux, sans passions, le ministre de l’Intérieur. Il s’est expliqué clairement, textuellement, avec développement, sur le compte d’un des magistrats du peuple. En ordonnant de le relâcher, vous avez été convaincus que la Commission avait mal agi sous le rapport politique. C’est sous ce rapport que j’en demande, non pas la cassation, car il faut un rapport, mais la suppression.

Vous l’avez créée, non pour elle, mais pour vous. Si elle est coupable, vous en ferez un exemple terrible qui effrayera tous ceux qui ne respectent pas le peuple, même dans son exagération révolutionnaire. Le canon a tonné, mais Paris n’a voulu donner qu’un grand signal pour vous apporter ses représentations; si Paris, par une convention trop solennelle, trop retentissante, n’a voulu qu’avertir tous les citoyens de vous demander une justice éclatante, Paris a encore bien mérité de la patrie. Je dis donc que, si vous êtes législateurs politiques, loin de blâmer cette explosion, vous la tournerez au profit de la chose publique, d’abord en réformant vos erreurs, en cassant votre Commission. Ce n’est qu’à ceux qui ont reçu quelques talents politiques que je m’adresse, et non à ces hommes stupides qui ne savent faire parler que leurs passions. Je leur dis: «Considérez la grandeur de votre but, c’est de sauver le peuple de ses ennemis, des aristocrates, de le sauver de sa propre colère». Sous le rapport politique, la Commission a été assez dépourvue de sens pour prendre de nouveaux arrêtés et de les notifier au maire de Paris, qui a en la prudence de répondre qu’il consulterait la Convention. Je demande la suppression de la Commission, et le jugement de la conduite particulière de ses membres. Vous les croyez irréprochables; moi je crois qu’ils ont servi leurs ressentiments. Il faut que ce chaos s’éclaircisse; mais il faut donner justice au peuple.

QUELQUES VOIX.—Quel peuple?

DANTON.—Quel peuple, dites-vous? ce peuple est immense, ce peuple est la sentinelle avancée de la République. Tous les départements haïssent fortement la tyrannie. Tous les départements exècrent ce lâche modérantisme qui ramène la tyrannie. Tous les départements en un jour de gloire pour Paris avoueront ce grand mouvement qui exterminera tous les ennemis de la liberté. Tous les départements applaudiront à votre sagesse, quand vous aurez fait disparaître une Commission impolitique. Je serai le premier à rendre une justice éclatante à ces hommes courageux qui ont fait retentir les airs…. (Les tribunes applaudissent.)

Je vous engage, vous, représentants du peuple, à vous montrer impassibles; faites tourner au profit de la patrie cette énergie que de mauvais citoyens seuls pourraient présenter comme funeste. Et si quelques hommes, vraiment dangereux, n’importe à quel parti ils appartiennent, voulaient prolonger un mouvement devenu inutile, quand vous aurez fait justice, Paris lui-même les fera rentrer dans le néant; je demande froidement la suppression pure et simple de la Commission sous le rapport politique seul, sans rien préjuger, ni pour, ni contre; ensuite vous entendrez le commandant général, vous prendrez connaissance de ce qui est relatif à ce grand mouvement, et vous finirez par vous conduire en hommes qui ne s’effraient pas des dangers.

PALLES.—Nous savons bien que ce n’est qu’un simulacre, les citoyens courent sans savoir pourquoi.

DANTON.—Vous sentez que, s’il est vrai que ce ne soit qu’un simulacre, quand il s’agit de la liberté de quelques magistrats, le peuple fera pour sa liberté une insurrection entière. Je demande que, pour mettre fin à tant de débats fâcheux, que, pour marcher à la Constitution qui doit comprimer toutes les passions, vous mettiez aux voix par l’appel nominal la révocation de la Commission.

Yaş sınırı:
12+
Litres'teki yayın tarihi:
30 ağustos 2016
Hacim:
210 s. 1 illüstrasyon
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Metin
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