Kitabı oku: «Charlotte de Bourbon, princesse d'Orange», sayfa 22
Après avoir reproduit le texte ci-dessus de l'union d'Utrecht, Lepetit (Gr. chron. de Holl. et Zél., t. II, p. 376) dit:
«Le 4e de février ensuyvant, ceste union fut signée par ceux de Gand; le 3e de may, par le prince d'Orange, en Anvers; le 11e de juin, par George de Lalain, comte de Remberghes, gouverneur de Frise, d'Overyssel et Groningue et des Ommelandes. Après, ceux d'Anvers suivirent ceux de Bruges, de Bréda, et plusieurs autres. – Tout ceci se faisoit tandis que ceux d'Artois, de Hainaut, Lille, Douay Orchies, tramoient leur désunion et pourchassoient leur réconciliation particulière vers le prince de Parme, lors campé devant Maëstricht, s'excusant vers les autres confédérez, qu'ils ne pouvoient souffrir aucune altération de la religion romaine.»
XVII
Petri Foresti opera omnia. – Observat. et curat. medic. de febribus, lib. 2, observ. 4. (Francof. 1660, et Lugd. Batav., 1593.)
Illustriss. Dominus princeps Auraïcus, cum per hyemem Delphis ageret, et in stupha longo tempore degeret, apertis sæpe fenestris, quæ ad turrim templi antiqui spectabant, unde ventus perpendicularis et ex parte Borealis intrabat, ita ut in gutturis inflammationem incideret, quam et valida febris subsequebatur, cùm aliquantulum inhoeruisset: quæ per viginti quatuor horas tantùm duravit, febre non ampliciis redeunte, licet vires utcumque ex valida illa febre dejectæ fuerint. Utebatur autem tunc gargarismo quodam sibi familiari in eodem gutturis malo, quo alias commode uti solebat ab ejusdem generosissima uxore confecto… Verum cùm inde nihil juvaminis sentiret, 27 januarii anno 1581 Excellentia sua me vocavit. (Suit l'exposé du traitement de la maladie.) – Fuitque istis remediis illustriss. Dominus princeps magna cum nostra laude curatus, ut postea validus ac robustus Amstelrodamum accesserit. Cùmque Excellentissimus Dominus princeps tertio julii rediisset, ejusque Excellentiam, tùm Dominam ejus uxorem generosissimam Carolam, ex stemmate nobilissimo Borboniorum ortam, strenuissimi Ducis Monpenserii filiam, in Haghà Comitis salutarem, ea ipsa admodum liberalis duobus scyphis deauratis me donavit, pigans æternæ memoriæ gratitudinis post se relinquens.
XVIII
Déclaration des états généraux des Provinces-Unies du 26 juillet 1581, moins le préambule, qui a été déjà reproduit au chap. IX
(Lepetit, Chronique de Hollande et Zélande, t. II, p. 428 et suiv.)
«Or, il est ainsi que le roy d'Espagne, après le trespas de feu, de haute mémoire, l'Empereur Charles cinquiesme, son père, de qui luy sont transportés tous ces pays, oubliant les services que, tant sondit père que luy mesme avaient receu de ces pays et inhabitans d'iceulx, par lesquels principalement le roy d'Espagne avoit obtenu si glorieuses et mémorables victoires contre ses ennemis, que son nom et puissance en estoient renommez et redoubtez par tout le monde; oubliant aussi les admonitions lesquelles ladite majesté impériale luy avoit par cy-devant faites: au contraire a donné audience, foi et crédit à ceux du conseil d'Espagne estans lez luy, ayant ledit conseil conçu une haine secrète contre ces pays et leur liberté; pour autant qu'il ne leur étoit permis d'y commander et les gouverner, ou de servir en iceux les pricipaux estats et offices, ainsi qu'ils sont au royaume de Naples, Sicile, Milan, aux Indes, et autres pays sujets à la puissance du roy: estant aussy amorcez de la richesse desdits pays, à la plus part d'entre eux bien cognue. Ledit conseil, ou mesme des principaux d'iceluy, ont par diverses foys remonstré au roy que, pour sa réputation et plus grande autorité de Sa Majesté, il valoit mieux conquester de nouveau ces Pays-Bas, pour alors y pouvoir commander librement, à son plaisir, et absolutement, c'est-à-dire, tyranniser, à sa volonté, que de les gouverner sous telles conditions qu'il avoit, à la réception de la seigneurie desdits pays, juré d'observer.
»Le roy d'Espagne suyvant depuis lors ce conseil, a cherché tous moyens pour réduire ces pays, les despouillant de leur ancienne liberté, en servitude, sous le gouvernement des Espagnols. Ayant, sous prétexte de la religion, premièrement voulu mettre ez principales et plus puissantes villes nouveaux évesques, les dotant de l'incorporation des plus riches abbayes, adjoustant à chacun évesque neuf chanoines pour luy servir de conseillers, dont les trois auroient la charge péculière de l'inquisition; par laquelle incorporation lesdits évesques, estant ses créatures à sa dévotion et commandement (qui eûssent peu estre choisis aussi bien d'estrangers que de naturels du pays) auroient le premier bien et la première voix ez assemblées des estats desdits pays: et par l'adjonction desdits chanoines, auroit introduit l'inquisition d'Espagne, laquelle, de tout temps, a esté en ces pays en aussy grande horreur et autant odieuse comme l'extrême servitude mesmes, ainsi qu'il est notoire à un chacun; tellement que la majesté impériale l'ayant autrefois mise en avant à cesdits pays, icelle, moiennant les remontrances faictes à Sa Majesté, cessa de plus la proposer, monstrant en cela la grande affection qu'il portoit à ses subjectz.
»Mais nonobstant diverses remontrances faites au roy d'Espaigne, tant par les provinces et villes particulières, que par aulcuns des principaux seigneurs du pays, nommément par le baron de Montigny, et depuis par le comte d'Egmont, qui, par consentement de la duchesse de Parme, alors régente d'iceux pays, par advis du conseil d'Estat et de la généralité, ont, à ces fins, successivement esté envoyés en Espaigne. Et nonobstant aussy que le roy leur auroit, de bouche, donné espoir que, suivant leur requeste, il pourvoiroit au contentement du pays. Si est-ce toutefois que par lettres il a fait puis après tout le contraire; commandant bien expressément et sous peine d'encourir son indignation, de recevoir incontinent les nouveaux évesques et de les mettre en possession de leurs évêchez et abbayes incorporées: d'effectuer l'inquisition, où elle avoit auparavant esté encommencée à pratiquer, et d'obéyr et ensuivre les décrets et statuts du concile de Trente, lesquels, en divers points, contrarient aux priviléges du pays.
»Ce qu'estant venu à la cognoissance de la commune, a donné juste occasion d'une grande altération entre eux et grandement diminué la bonne affection, laquelle, comme bons sujets, ils avoyent de tout temps portée au roy et à ses prédécesseurs; car ils mettoient principalement en considération que le roy ne prétendoit pas tant seulement tyranniser sur leurs personnes et biens, mais aussi sur leurs consciences, desquelles ils n'entendoient estre responsables ou tenus d'en rendre compte qu'à Dieu seul.
»A cette occasion, et pour la pitié qu'ils avoient du pauvre peuple, les principaux de la noblesse du pays exhibèrent, l'an 1566, certaine remonstrance, par forme de requeste, suppliant par icelle, pour apaiser la commune, et éviter toutes émotions et séditions, qu'il pleust à Sa Majesté, monstrant l'amour et affection que, comme prince benin et clément, il portoit à ses sujets, de modérer lesdits points, et signamment ceux qui concernoient la rigoureuse inquisition et supplices pour le fait de la religion.
»Et pour remonstrer le mesme plus particulièrement au roy et avec plus d'autorité et luy donner à entendre combien il estoit nécessaire pour le bien et prospérité du pays, et pour le maintenir en repos et tranquillité, d'oster les susdites nouvelletez et modérer la rigueur des placarts publicz sur le faict de la religion: Se sont ledit marquis de Berghe et ledit baron de Montigny, à la requeste de ladite dame la régente, du conseil d'Estat et des estats généraux de tous les pays, comme ambassadeurs, acheminez vers Espagne, là où le roi, au lieu de leur donner audience et pourvoir aux inconvéniens par eux remontrez (lesquels, pour n'y avoir remédié à temps, comme l'urgente nécessité le requéroit, s'estoient desjà en effect commencé à descouvrir par tout le pays entre la commune), par instinct, persuasion et sentence du conseil d'Espagne il a fait déclarer rebelles et coupables du crime de lèze-majesté tous ceux qui avoient faict ladite remonstrance, et d'avoir forfait corps et biens.
»Et pardessus ce, pensant estre totalement asseuré desdits pays par les forces et violence du duc d'Alve et les avoir réduits sous sa plénière puissance et tyrannie, il a fait, puis après, contre tout droit des gens (de tout temps inviolablement observé, mesmes entre les plus barbares et cruelles nations et princes les plus tyranniques), emprisonner et mourir lesdits seigneurs ambassadeurs, confisquant tous leurs biens.
»Et nonobstant que toute la susdite altération survenue l'an 1566, à l'occasion que dit est, eût été quasi assoupie par la régente et ceux de sa suite, et que la plus grande part de ceux qui s'étaient présentés devant elle pour la liberté du pays se fûssent retirés, ou eûssent été déchassés, et les autres assujétis: ce néantmoins, pour ne négliger l'opportunité que ceux du conseil d'Espagne avoient si longtemps cherchée et espérée, selon qu'ouvertement donnèrent à cognoistre les lettres interceptées, audit an 1566, de l'ambassadeur d'Espagne, nommé d'Alava, escrites à la duchesse de Parme, pour avoir moyen, sous quelque prétexte, d'abolir tous les priviléges du pays et de le pouvoir faire gouverner tyranniquement par les Espagnols, comme ils faisoyent les Indes et autres pays par eux de nouveau conquestez, il a par l'instruction et conseil desdits Espagnols, monstrant en cela le peu d'affection qu'il portoit à ses sujets de ces pays, contrevenant à ce qu'il estoit obligé, comme leur prince, protecteur et bon pasteur, envoyé en ces pays le duc d'Alve, fort renommé pour sa rigueur et cruauté, l'un des principaux ennemys des mesmes pays, accompagné d'un conseil de personnes de mesme naturel et humeur que lui.
»Et combien que ledit duc d'Alve soit entré en ce pays avec son armée, sans aucune rencontre ny empeschement, et qu'il ayt esté receu des povres inhabitans avec toute révérence et honneur, n'en attendant que toute bénignité et clémence, suyvant ce que le roy leur avoit tant de fois promis par ses lettres fainctement escrites, voire mesme qu'il estoit délibéré de se trouver en personne au pays et d'y venir donner ordre à tout, au contentement d'un chacun.
»Ayant iceluy roy, outre cela, au temps du parlement du duc d'Alve pour venir par deçà, fait armer, aux costes d'Espagne, une flotte de navires pour l'amener icy, et une autre en Zélande pour l'aller rencontrer et recevoir, comme il en faisoit courir le bruit, aux grands frais et dépens du pays: pour tant mieux amuser et abuser les povres sujets et plus facilement les attirer en ses filets. Nonobstant quoy, iceluy duc d'Alve, incontinent après sa venue, bien qu'il fûst estranger, nullement de sang royal, déclara qu'il avait commission du roy, de grand capitaine, et, peu après, de gouverneur général de ces pays: chose du tout contraire aux priviléges et anciens usages d'iceux. Et descouvrant suffisamment ses desseins, mit subitement garnison éz principales villes et forteresses du pays, fit bastir aux plus puissantes et riches villes des citadelles, pour les tenir en sujétion. Et par charge du roy, comme il disoit, appela aimablement vers luy, tant par lettres qu'autrement, les principaux seigneurs du pays, sous prétexte d'avoir affaire de leurs conseils et assistance pour le bien et service du roy et des pays.
»Après quoy il fit appréhender prisonniers ceux qui, ayant donné foy à ses lettres, s'étoient venus présenter: qu'il a, contre les priviléges, fait mener hors du pays de Brabant, où ils avaient esté appréhendez, faisant pardevant lui et son conseil, encores qu'ils ne fûssent juges compétens, instruire leur procès. Et devant qu'ils fûssent instruits et les seigneurs accusez, pleinement ouys en leur défense, jugez avoir commis crime de perduellion, les faisant publiquement et ignominieusement mettre à mort.
»Les autres, qui, pour mieux recognoistre les faintises des Espagnols, s'estoyent retirez et tenus hors du pays, déclarez rebelles, et d'avoir commis crime de lèze-majesté, d'avoir forfait corps et biens, et comme tels, confisqué tout ce qu'ils avoient pardeçà; le tout, afin que les povres inhabitans ne s'en pûssent ayder, en la juste défense de leur liberté contre l'oppression des Espagnols et de leurs forces, à l'assistance desdits seigneurs et princes; pardessus une infinité d'autres gentilshommes et notables bourgeois, lesquels il a en partie fait mourir et en partie déchassez, pour confisquer leurs biens: travaillant le reste des bons inhabitans tant par fourragement de soldats, qu'autres outrages, en leurs femmes, enfans et biens: comme aussi par diverses exactions et tailles; les contraignant de contribuer tant aux bastimens des nouvelles citadelles et fortifications des villes, qu'il fit à leur oppression, que de fournir centiesmes et vingtiesmes deniers, pour le paiement des soldats, en partie par luy amenez et en partie par luy levez de nouveau, pour les employer contre leurs compatriotes; et ceux qui, au danger de leur vie, se hazardoient à défendre la liberté du pays, afin qu'aux sujets ainsi appauvris il ne restât aucun moyen pour empescher ses desseins, et mieux effectuer l'instruction qui lui avoit esté baillée en Espagne, à sçavoir de traiter ces pays comme nouvellement conquis.
»A laquelle fin, il changea pareillement, en aucuns lieux et villes principales l'ordre du gouvernement et de la justice, érigea nouveaux consaux, à la manière d'Espagne, directement contre les priviléges du pays.
»Et finalement s'estimant hors de toute crainte, voulut par force introduire certaine imposition d'un dixième denier sur toutes sortes de marchandises et manufactures, à la totale ruine de la commune, de laquelle le bien et la prospérité consiste, la plupart, au trafique et manufactures; et ce, nonobstant une infinité de remonstrances faites au contraire, tant par chacune des provinces en particulier, que de toutes, en général; ce que par violence il auroit ainsi effectué, si ce n'eust esté que, bientost après, par le moyen de monseigneur le prince d'Orange et de bon nombre de gentilshommes et autres natifs de ces pays, bannis par ce duc d'Alve, suivant le party dudit seigneur prince et estant pour la pluspart en son service, et autres inhabitans affectionnez à la liberté de leur patrie, les provinces de Hollande et de Zélande ne se fûssent révoltées et mises sous la protection dudit seigneur prince.
»Contre lesquelles deux provinces ledit duc d'Alve a depuis, durant son gouvernement, et après lui, le grand commandeur de Castille, envoyé en son lieu par le roy, non pour adoucir et modérer quelque peu la tyrannie de son prédécesseur, mais pour la poursuivre plus couvertement et cauteleusement qu'il n'avoit fait, contraint les provinces, qui par leurs garnisons et citadelles étoient réduites sous le joug espagnol, d'employer leurs personnes et tous leurs moyens pour aider à les subjuguer, sans toutefoys en rien soulager lesdites provinces, ainsi en les traitant comme ennemis, présentant aux Espagnols, sous ombre d'une mutinerie, à la vue dudit commandeur, d'entrer par force en la ville d'Anvers, y séjourner l'espace de six semaines, vivans à discrétion, à la charge des povres bourgeois, les contraignant pardessus ce, pour estre deschargez de leurs violences, de fournir la somme de quatre cent mille florins pour le paiement de la solde desdits Espagnols. Quoy fait, lesdits soldats prenans par la connivence de leurs chefs, tant plus de hardiesse, se sont avancez de prendre ouvertement les armes contre le pays: tâchans premièrement de surprendre la ville de Bruxelles, et au lieu du siége ancien et ordinaire des princes de pardeçà, faire illec un nid de leurs rapines; ce que, en leur succédant selon leur dessein, prinrent par force et violence la ville d'Alost, et tost après forcèrent la ville de Maëstricht. Et depuis estant violemment entrez en la ville d'Anvers, l'ont pillée, saccagée et mise à feu et à sang, et ainsi traitée, que les plus barbares et cruels ennemis d'un pays n'en auroient sceu faire davantage ne pire: au dommage indicible non seulement des povres inhabitans, mais quasi de toutes les nations du monde, qui avoyent illec leurs marchandises, debtes et argent.
«Et combien que lesdits Espagnols, par ordonnance du conseil d'Estat, auquel le roy, par le trespas advenu dudit grand commandeur peu auparavant avait conféré le gouvernement général du pays, fûssent, en la présence mesme de Jéronimo de Rhoda, déclairez et publiez ennemis du pays, ledit de Rhoda toutefois, de son autorité privée, comme il est à présumer en vertu de certaine secrète instruction qu'il avoit d'Espagne, entreprist d'estre chef desdits Espagnols et de leurs adhérens; de manière que, sans respecter ledit conseil d'estat, il usurpa le nom et authorité du roy, contrefit son sceau et se porta en gouverneur et lieutenant du roy en ces pays.
«Ce qu'au mesme instant esmeut les estats d'accorder avec mondit sieur le prince d'Orange et les estats de Hollande et Zélande; lequel accord a par ledit conseil d'Estat, comme légitimes gouverneurs, esté approuvé, pour, conjoinctement et de main commune, faire la guerre aux Espagnols, communs ennemis de la patrie et les déchasser de ces pays; sans toutefois que comme bons sujets ils aient entretant obmis par diverses remonstrances et humbles requestes de pourchasser avec toute diligence, par tous moyens convenables et possibles vers le roy: qu'en prenant égard aux fautes, troubles et inconvéniens déjà survenus et apparentement encore à suivre, il luy plût faire sortir les Espagnols hors de ces pays, et premièrement ceux qui auroient esté cause des saccagemens et ruines des principales villes de son pays, et d'autres innumérables forces et violences que ses povres sujets avoient souffert, à la consolation et soulagement de ceux qui les avoient endurez, et à l'exemple de tous autres.
«Si est-ce nonobstant que le roy encores qu'il fît semblant par paroles que ce qui estoit advenu luy desplaisoit et estoit contre son gré, et qu'il avoit intention d'en punir les chefs et auteurs et de vouloir pourvoir et donner ordre avec toute clémence au repos du pays, comme il appartenoit à un prince bénin, n'a pas seulement négligé de faire la punition dudit chef et auteurs, ains au contraire, comme assez il appert que tout estoit avec son consentement et préalable délibération de son conseil d'Espagne, ainsi que certaines lettres siennes, peu après interceptées ont donné pleine foy: par lesquelles estoit escrit audit Rhoda et aux autres capitaines, auteurs du mal, que le roy non seulement ne blâmoit point leur fait, mais le trouvoit bon et le prisoit, promettant les récompenses, signament ledit Rhoda, comme ayant fait un singulier service; ce qu'à son retour en Espagne et à tous autres ministres de sa tyrannie exercée en ces pays il auroit par effet démontré.
»Au mesme temps aussy, le roy pensant de tant mieux esblouyr les yeux de ses sujets, envoya en ces pays, pour gouverneur général, son frère bastard, dom Juan d'Autriche, comme estant de son sang; lequel sous prétexte de déclarer aux estats qu'il trouvoit bonne et approuvoit la pacification faite à Gand, promit de faire sortir les Espagnols, de faire punir les auteurs des violences et désordres advenus en ces pays, et de mettre ordre au repos général et réintégration de leur ancienne liberté: tascher de séparer lesdits Estats et de subjuguer un pays et l'autre après.
»Par permission et providence de Dieu, ennemy de toute tyrannie, il fut découvert, par l'interception de certaines lettres, qu'il avoit charge du roy de se reigler en ces pays suyvant l'instruction qui luy seroyt donnée par Rhoda; et, pour couvrir telle chose, le roy défendoit à dom Juan et à Rhoda de ne s'entrevoir ou parler l'un à l'autre; luy commandant de se comporter avec les grands et principaux seigneurs avec toute bénignité et bénévolence, pour gagner leurs affections: jusques à ce que, par leur assistance et moyen, il eût pû réduire la Hollande et Zélande, pour après faire sa volonté des autres provinces. Sur quoy aussy dom Juan, nonobstant qu'il avoit solennellement juré, en présence de tous les estats du pays, d'observer ladite pacification de Gand, contrairement à cela, chercha par le moyen de leurs colonels, lesquels il avoit déjà à sa dévotion, toutes manières pour, par grandes promesses, gagner les soldats allemands, lesquels estoient alors en garnison et avoient en garde les principales villes et forteresses du pays, desquels par ce moyen il se fit maistre; comme déjà, par l'induction de leurs colonels, il les avoit gagnez et attirez, se tenant assuré des places par eux occupées: pour, par ce moyen, forcer ceux qui ne se voudroient joindre avec luy à faire la guerre au prince d'Orange et à ceux de Hollande et Zélande; par ainsi susciter une plus sanglante et cruelle guerre intestine, qu'elle n'avoit esté auparavant.
»Mais comme toutes choses qui se traitent fainctement, couvertement et par dissimulation ne peuvent longtemps demeurer cachées, venant les menées de don Juan à estre descouvertes, comme qu'il sceut effectuer ce qu'il avoit désigné, il ne sceut mener ses conceptions et entreprises à la fin qu'il prétendoit.
»Ce nonobstant, toutefois, il suscita nouvelle guerre laquelle dure encore jusques à présent, au lieu d'un repos et paix assurée, dont, à son arrivée, il se vantoit tant.
»Lesquelles susdites raisons nous ont donné assés d'occasions pour deschasser le roy d'Espagne, et de chercher un autre puissant et benin seigneur pour ayder à deffendre ces pays et les prendre en sa protection. Et ce, d'autant plus que lesdits pays ont desjà receu telles foules, souffert tels outrages, et ont esté délaissez et abandonnez par leur prince jà par l'espace de plus de vingt ans, durant lesquels les habitans ont esté traitez, non comme sujets, mais comme ennemis; leur propre prince et seigneur s'efforçant de les ruiner par force d'armes.
»En outre, après le trespas de don Juan, ayant envoyé le baron de Selles, lequel, sous prétexte de mettre en avant quelques moyens d'accord, déclaira suffisamment que le roy ne vouloit advouer la pacification faite à Gand, laquelle toutefois dom Juan avoit juré en son nom de maintenir, mettant ainsi, de jour à autre, plus graves conditions d'accord.
»Nonobstant quoy, nous n'avons, pour nous acquitter de nostre devoir, voulu laisser, par humbles remonstrances escrites, y employant mesme la faveur et intercession des principaux seigneurs et princes de la chrestienté, et par tous moyens, continuellement et sans intermission, de chercher à nous réconcilier et accorder avec le roy.
»Ayant aussi eu dernièrement bien longtemps noz députez à Coulogne, espérans illec, par intercession de la majesté impériale et des seigneurs princes électeurs estant à ce entremis, d'impétrer une paix assurée, avec quelque gracieuse et modérée liberté de la religion (laquelle concerne principalement Dieu et les consciences) selon que la constitution des affaires du pays le requéroit pour lors.
»Mais nous avons finalement trouvé par expérience, que par icelle remonstrance et communication à Coulogne ne pouvions rien obtenir du roy, et que ladite communication estoit seulement pratiquée et servoit pour désunir les provinces et les mettre en discord, pour tout plus facilement vaincre et subjuguer l'un devant, et l'autre après, et exécuter contre icelles leurs premiers desseins.
»Ce qui est depuis évidemment apparu par certain placard de proscription que le roy fit publier, par lequel nous et tous les habitans desdites Provinces-Unies, officiers d'icelles et tenant leur party, sont déclairez rebelles, et pour tels, avoir forfait, corps et biens, promettant en oultre grande somme de deniers à celuy qui tueroit ledit seigneur prince; le tout, pour rendre odieux les propres habitans, empescher leur navigation et trafique, et les mettre en un extrême désespoir: tellement que, désespérant totalement de tous moyens de réconciliation, et destituez de tout autre remède et secours, avons, suivant la loy de nature, pour la tuition et deffence de noz (et des autres habitans) droits, priviléges et anciennes coustumes, et de la liberté de la patrie, la vie et l'honneur de nous, nos femmes et enfans, et postérité, afin qu'ils ne viennent à tomber en la servitude des Espagnols, délaissant à bon droit le roy d'Espagne, esté contraints de trouver et practiquer autres moyens, tels que, pour nostre plus grande sûreté et conservation de nos droits, privilèges et libertés susdites, avons advisé le mieux convenir.
«Sçavoir faisons que, toutes les choses susdites considérées, et pressez de l'extrême nécessité, comme dit est, avons, par commun accord, délibération et consentement, déclaré, etc., etc., etc.»