Kitabı oku: «Mûr pour la Pagaille», sayfa 2
– Si vous remarquez que quelque chose ne va pas dans le restaurant, n’hésitez jamais à le dire à Gabriella. Après tout, il faut que nous respections les niveaux d’excellence les plus élevés qui soient dans toute l’entreprise, ajouta-t-elle.
En parlant, elle avait élevé la voix juste au cas où Gabriella l’aurait écoutée. Elle était sûre qu’elle l’avait écoutée et elle se sentait heureuse de l’avoir contrariée à nouveau. Cela faisait longtemps qu’elle n’en avait plus eu l’occasion.
Quand Marcello lui avait demandé d’embaucher un nouvel assistant sommelier, Olivia avait commencé par recommander Paolo, un serveur du restaurant qui aimait aider dans la salle de dégustation pendant les pics d’activité.
Gabriella l’avait déjouée en promouvant immédiatement Paolo au poste de serveur en chef. C’était une grande opportunité pour ce beau jeune étudiant, car cela signifiait qu’il allait gagner plus et qu’il n’aurait plus besoin de polir les verres, tâche qu’il n’aimait pas.
Olivia avait été déçue et en avait conclu à raison que Gabriella l’avait fait rien que pour l’agacer.
Maintenant, elle était contente que Jean-Pierre, qui avait été embauché parce que Paolo n’était plus disponible, semble avoir des talents remarquables pour énerver Gabriella. Ce n’était pas la première fois qu’ils se disputaient. Olivia ne pouvait s’empêcher de se sentir satisfaite à chaque fois qu’elle les entendait élever la voix. Elle espérait que cela montrait à Gabriella que les actions mesquines pouvaient avoir des conséquences imprévues.
– Nous proposons une offre spéciale aux clients pendant les prochaines semaines, dit-elle à Jean-Pierre. S’ils prennent le menu de dégustation complet, ils pourront goûter le tout premier vin pétillant Metodo Classico de La Leggenda.
Les yeux de Jean-Pierre s’illuminèrent. Olivia avait déjà découvert que le vin pétillant, et surtout le champagne français, était sa boisson préférée.
– Excellent. Je trouve que ce vin pétillant est exceptionnel, dit-il avec enthousiasme. Je sais que les clients l’aimeront.
– C’est un bijou de vinification, convint Olivia.
La mention de la vinification la fit frissonner d’inquiétude en lui rappelant que tout un monde d’ennuis l’attendait.
Or, à ce moment, un cri perçant résonna de l’extérieur de la salle de dégustation.
– Olivia ! Où est Olivia ? Je veux lui parler immédiatement.
Olivia sentit le découragement l’envahir. Du coin de l’œil, elle vit Gabriella s’attarder à l’entrée du restaurant avec une expression intéressée, comme si elle avait senti qu’Olivia allait avoir des ennuis.
Nadia était arrivée.
Elle n’avait pas encore pu s’excuser auprès de Marcello et, maintenant, elle ne le pourrait plus. Elle serait obligée de supporter toute la furie de Nadia et sa terrible erreur serait dévoilée à toute l’exploitation viticole.
CHAPITRE TROIS
– Olivia ! Te voilà !
Nadia entra brusquement dans la salle de dégustation.
Elle tenait une carafe remplie d’un liquide rose éclatant à la main droite. Elle gesticulait frénétiquement avec la gauche.
Olivia sentit une poussée d’angoisse. Le vin était d’une couleur magnifique, presque comme un bijou. Il était tragique qu’une chose d’une beauté aussi éclatante soit celle qui allait causer sa chute.
– Où est Marcello ? Est-il ici ? demanda Nadia.
Olivia déglutit. C’était pire que ce qu’elle avait imaginé. Si Nadia exigeait que Marcello soit présent, cela signifiait que ce qu’Olivia avait fait était impardonnable.
– Je ne sais pas où il est. Je le cherche parce que – euh —
Elle ne termina pas sa phrase. L’excuse sincère qu’elle avait prévu de formuler était maintenant inutile.
Nadia grimaça.
– Quel dommage. Eh bien, j’imagine qu’il va falloir qu’on en discute à deux, dans ce cas. Avec Jean-Pierre, bien sûr.
Son visage s’illumina, comme si elle était heureuse de trouver un public plus grand.
Olivia la contempla, stupéfaite, consternée.
Jean-Pierre ? Pourquoi fallait-il l’impliquer dans cette affaire ? Est-ce que Nadia allait la licencier et demander à Jean-Pierre de la remplacer ?
Risquant un coup d’œil vers le restaurant, Olivia vit l’expression de joie malsaine de Gabriella. La restauratrice les observait depuis la porte et se délectait de l’épreuve que traversait Olivia.
– Jean-Pierre, mon beau chéri.
Nadia lui adressa un grand sourire. Elle s’était immédiatement entichée du Français mince et spontané. Ces deux-là semblaient être des âmes-sœurs qui avaient tout de suite reconnu leurs traits de personnalité principaux chez l’autre.
– Va nous chercher des verres, merci beaucoup, jeune, petit, beau, grand homme.
Comment l’appelait-elle ? Beau jeune homme petit et grand ? Comme Olivia n’avait qu’une connaissance limitée du français, elle ne pouvait dire si ce fatras de mots était ne serait-ce que correctement conjugué. Elle ne pensait pas que Nadia le savait mieux qu’elle. La vigneronne semblait aimer pratiquer son français exécrable à l’oral et, même si Jean-Pierre grimaçait parfois à cause de l’accent de Nadia, il trouvait amusant d’entendre sa langue déformée par inadvertance.
Même si Olivia travaillait dur pour améliorer son italien et même si elle le comprenait mieux jour après jour, elle était beaucoup trop timide pour le parler et ne pouvait qu’admirer la bravade dont Nadia faisait preuve quand elle tentait de parler une langue étrangère.
Perplexe, Olivia regarda Jean-Pierre tendre le bras par-dessus le comptoir et sortir trois verres de dégustation d’un geste élégant.
Souriant fièrement, Nadia versa du vin dans chaque verre.
– Jean-Pierre, goûte ça. C’est le tout premier rosé de La Leggenda et c’est ta patronne qui l’a conçu !
Elle fit un grand sourire à Olivia qui, choquée, faillit laisser tomber son verre. La situation n’évoluait pas comme elle l’avait prévu.
– C’est encore un très jeune vin, mais il correspond idéalement à sa raison d’être : nous le vendrons et nos clients le boiront l’été prochain. Comme ça, il n’aura pas besoin de trop mûrir avant d’être mis en bouteille. Comme tu t’en rends compte, c’est une merveille absolue. Il est plus qu’excellent : il est magnifique. Olivia, je crois que, avec ton expérience, tu as créé un autre Miracolo, un vin qui n’aurait pas dû fonctionner mais qui a fonctionné quand même et qui rapportera un succès et des louanges extraordinaires à notre exploitation viticole.
Nadia sirota le vin, apparemment passionnée.
Olivia se pencha contre le comptoir. Elle était reconnaissante de pouvoir s’appuyer contre lui à cause de ses jambes flageolantes.
Nadia aimait son vin ? Où étaient les ennuis qu’elle avait anticipés ? La vigneronne ne semblait pas du tout être en colère qu’Olivia ait utilisé les raisins. L’espace d’un instant, elle se demanda si elle n’était pas encore endormie dans son lit et si tout cela n’était pas un rêve étrange.
Elle remua un pied pour vérifier.
Non, elle n’était pas endormie. Si elle l’avait été, Pirate lui aurait griffé un orteil et elle se serait réveillée. De toute façon, Jean-Pierre et Nadia étaient encore en train de parler de sa création.
– C’est délicieux, convint Jean-Pierre. J’adore le bon rosé. C’est un bon exemple de vin très moderne. Il a un goût subtil, complexe et il est très facile à boire.
– Exactement, dit Nadia en claquant la paume de la main sur le comptoir. En ce qui concerne les ventes, le rosé est le type de vin qui se vend le mieux, surtout sur le marché américain.
– Pourquoi ? demanda Jean-Pierre.
Olivia voyait qu’il était prêt à retenir ce que dirait Nadia pour améliorer sa connaissance du vin.
– Certaines personnes pensent que c’est parce qu’il plaît à la génération Y, qui l’adore, mais d’autres pensent que c’est parce qu’on produit beaucoup de rosés de bonne qualité de nos jours, expliqua Nadia. Il y a trente ans, les rosés étaient très mauvais et trop sucrés, du sirop pour la toux rose vif, pas mieux. De nos jours, la plupart des rosés sont secs ou demi-secs et d’une qualité largement supérieure. De plus, leur belle couleur est un argument de vente supplémentaire.
Finalement, Olivia osa goûter son vin. Elle inspira son arôme floral frais avec une nuance de melon. Elle avait adoré son bouquet distinctif et charmant. Maintenant qu’elle pouvait le réévaluer, elle décida que son goût était riche en cerise, en fraise et en herbes sauvages, avec une saveur piquante d’agrumes qui apportait une finition agréablement sèche.
– Comment fabrique-t-on du rosé ? demanda Jean-Pierre. Est-ce qu’on mélange du vin rouge à du vin blanc ?
Nadia leva les yeux au ciel et le contempla affectueusement.
– C’est mal vu, ou même exclu. Traditionnellement, on fabrique le rosé avec des raisins rouges. Sa couleur étonnante s’obtient en laissant la peau sur les raisins pendant une période très brève du processus, un jour ou deux, pas plus.
Olivia hocha la tête. Elle avait laissé la peau en contact avec le vin pendant vingt-quatre heures.
– Avec le vin rouge, on laisse la peau beaucoup plus longtemps, poursuivit Nadia en gesticulant de manière éloquente pour accentuer l’importance de ses mots. Quand on laisse la peau sur les grains de raisin rouge très peu de temps, on obtient une teinte de rosé d’un rose magnifique et cela donne une saveur exquise, sans la lourdeur du rouge traditionnel, que certains n’aiment pas. Bien que les vins blancs soient plus spécifiquement associés à certains menus, le rosé est un vin beaucoup plus polyvalent et on peut l’apprécier avec toutes les nourritures. Voilà, c’était ta leçon de vin de la journée.
Elle leva son verre pour porter un toast à Olivia, qui était encore trop stupéfaite pour dire un seul mot.
– J’allais m’occuper du Projet Rosé l’année prochaine parce que je croyais que nous devrions fabriquer notre rosé surtout à base de raisins sangiovese, qu’on a en quantité insuffisante cette année, mais Olivia a utilisé un mélange créatif de raisins rouges. Elle a été très astucieuse ! dit Nadia en la contemplant avec admiration. Elle a mélangé et associé les dernières récoltes de la saison, dont un peu de raisins Colorino à peau foncée, et cela a donné au rosé une couleur brillante que je n’avais jamais vue.
Finalement, Olivia retrouva sa voix.
– Je suis vraiment soulagée que tu ne sois pas en colère contre moi. Je n’avais pas compris que tu voulais que j’utilise seulement ce qu’il y avait dans la salle de vinification, pas les nouvelles récoltes. Quand Antonio a dit que tu avais déjà réservé les nouveaux raisins pour des vins spécifiques, j’ai craint d’avoir des ennuis.
Nadia haussa les épaules.
– Indépendamment, ces petites récoltes finales n’auraient pas produit de grosses quantités de vin ; c’étaient seulement des ajouts. Combinées, elles ont produit des quantités suffisantes pour que nous puissions vendre ce rosé.
Jean-Pierre le sirota admirativement.
– Il est excellent. Je suis vraiment fier que ma patronne ait fabriqué ce vin.
Quand Olivia jeta un autre coup d’œil vers le restaurant, elle vit que Gabriella était furieuse. Quand elle tourna la tête, l’autre femme disparut de sa vue, visiblement déçue qu’Olivia n’ait été ni réprimandée ni licenciée.
Finalement, Olivia se permit d’admirer la couleur éclatante de sa toute première création de vin sans se sentir coupable.
– Le timing est parfait, expliqua Nadia. Le plus prestigieux des critiques de vin de Toscane, Raffaele di Maggio, va visiter notre exploitation viticole cette semaine pour goûter et noter nos nouveaux produits. Nous pourrons lui présenter ce rosé. Une évaluation favorable sur son site web toscan Wine Tourism aiderait énormément à lancer ce vin. Ce critique a beaucoup d’influence et son site est devenu extrêmement populaire.
– Je me souviens de son nom, dit Olivia.
Elle avait entendu des visiteurs le prononcer et elle savait que beaucoup de touristes consultaient son site, qui semblait avoir acquis énormément de notoriété ces derniers temps.
Elle se sentit un peu nerveuse et se rendit compte qu’elle était plus intimidée que flattée par cette nouvelle. Faire évaluer son rosé par un critique aussi renommé, cela l’effrayait. C’était déjà assez miraculeux que Nadia ait aimé sa nouvelle création, mais elle n’était pas prête à ce que son tout premier vin soit goûté par un expert renommé. Et s’il voyait les choses différemment et ne l’aimait pas du tout ?
*
Quelques heures de dur labeur plus tard, Olivia verrouilla la salle de dégustation et sortit. Il y avait une brise très fraîche et elle savait qu’elle apprécierait de pouvoir rentrer chez elle d’un pas rapide pour se réchauffer.
Alors, elle vit la voiture de Marcello monter l’allée sinueuse et oublia complètement qu’il faisait froid.
Le SUV se gara sous l’olivier aux grandes branches et Marcello en sortit, visiblement pressé. Olivia en fut déçue. Il semblait que, depuis la fin de l’été, quand ils s’étaient laissés aller à quelques délicieux moments de flirt et avaient même pris une journée pour aller visiter Pise, Marcello ait toujours eu de plus en plus de travail. Olivia avait cru que, avec l’approche de l’hiver, il pourrait se reposer un peu, mais cela ne semblait pas être le cas.
Elle avait espéré que, quand il ferait froid, ils pourraient passer des soirées à bavarder près du feu qui brûlait dans le vestibule de la salle de dégustation. Elle avait rêvé de plus encore !
Bien sûr, elle avait elle aussi travaillé beaucoup plus que prévu. En plus de ses tentatives de vinification, le travail qu’elle avait consacré au marketing de l’exploitation viticole l’avait obligée à passer des heures dans le bureau situé au fond de la réserve, isolée et avec son ordinateur portable pour seule compagnie.
Alors, quand il la vit, Marcello sourit, ses dents blanches étincelèrent dans son visage bronzé et ses yeux bleus se firent plus chaleureux.
Olivia pensa qu’il avait l’air content mais aussi embarrassé, comme s’il pensait lui aussi qu’il y avait des sujets qu’ils auraient dû aborder ensemble.
– Olivia, c’est un plaisir de te voir, dit-il. Nadia m’a appelé. Elle a dit que tu avais créé un rosé qui sera un cru unique et qui nous rapportera des récompenses. Je suis vraiment fier de toi.
Et dire que, la veille, Olivia avait rédigé une lettre d’excuses pour lui parce qu’elle avait cru qu’elle avait de gros ennuis ! La situation d’Olivia avait énormément changé et elle en avait la tête qui tournait.
– Merci, dit-elle. Je suis vraiment contente que ça ait bien marché, même si ce succès est dû à la chance du débutant.
Elle avait ajouté un tout petit peu de séduction à ses paroles. Après tout, si elle pouvait réussir au-delà de ses rêves les plus fous dans une partie de sa vie, elle pourrait peut-être le refaire dans une autre !
– Pas du tout. C’est de la compétence, dit Marcello en insistant. Ne sous-estime pas tes talents. Je suis fier que nous ayons un nouveau vin délicieux à offrir à ce critique renommé le jour de son arrivée.
Olivia sentit son estomac se nouer à cette idée. Décidant de passer à un sujet moins effrayant, elle parla précipitamment.
– As-tu fini le travail pour la journée ? Tu as prévu quelque chose ce soir ?
Dès qu’Olivia eut prononcé ces mots, elle se dit qu’elle aurait aimé pouvoir les effacer parce qu’elle avait finalement donné l’impression d’être beaucoup trop impertinente. Elle avait presque demandé à Marcello s’il était libre ce soir. C’était foireux. Plusieurs mois auparavant, Olivia avait conclu que, pour qu’il y ait une histoire d’amour entre eux, il faudrait que ce soit son magnifique patron qui fasse le premier pas. Elle ne pouvait pas insister elle-même, car elle avait trop à perdre. Si leur histoire se passait mal, cela pourrait faire courir des risques à son emploi et à son avenir à l’exploitation viticole.
– Plus tard ce soir, j’ai une conférence téléphonique avec un fournisseur des États-Unis, dit Marcello en levant un sourcil. Le nouveau rosé est une nouvelle passionnante dont je compte parler lors de cette discussion.
Déçue, Olivia se força à sourire poliment. Ce n’était pas ce qu’elle avait espéré l’entendre dire.
Cependant, quand il parla à nouveau, il le fit d’un ton charmeur.
– Mis à part ça, je préparerai des pâtes et je boirai un verre de vin rouge. Le plat que j’ai prévu pour ce soir est le Ragu al Cinghiale. C’est un plat toscan traditionnel et délicieux que l’on prépare avec du sanglier sauvage, actuellement en vente à la boucherie du village.
– Du sanglier sauvage ? demanda Olivia.
Marcello hocha la tête.
– Les sangliers sauvages se reproduisent de manière prolifique. Donc, tous les ans, des chasseurs déclarés en tuent un nombre limité dans cette région. Comme ça, les populations présentes dans les forêts restent saines et durables et les sangliers ne sont pas forcés de saccager les vignobles ou les fermes pour trouver à manger, ce qui pourrait bien sûr être dangereux.
– Vraiment ? demanda Olivia, fascinée.
Il y avait des sangliers sauvages dans les bois ? Elle ne l’avait jamais su !
– Je prépare ce plat délicieux pendant les mois les plus froids, pendant la saison où cette viande est disponible. Je crois que j’arrive à le préparer de façon quasi-parfaite. La prochaine fois, je pourrai peut-être t’inviter à essayer le résultat.
Olivia avait le vertige. C’était une invitation. Pas une invitation directe mais, au moins, il y avait du progrès.
– J’adorerais, dit-elle. Je ne suis pas une cuisinière exceptionnelle, mais je crois que ma plus grande réussite jusqu’ici a été le ragoût Pappa al Pomodoro à base de pain rassis, de haricots et de tomates. Quand je saurai bien préparer ce plat, je serai heureuse d’avoir ton opinion.
– Ce sera un plaisir, promit Marcello en inspirant profondément. Entre temps —
Olivia sentit son cœur bondir. Dans la manière dont il avait prononcé ces mots, il y avait du potentiel. Elle se sentit tout affolée par ce qui allait peut-être se passer.
Alors, le téléphone de Marcello sonna.
En fronçant les sourcils pour s’excuser, il vérifia l’identité de celui qui l’appelait puis répondit et se dirigea énergiquement vers son bureau.
Olivia le regarda partir, bouche bée, déçue.
Ils avaient été sur le point de se donner rendez-vous. Elle en était certaine. Maintenant, son attention avait encore été détournée, et qui savait pour combien de temps ? C’était terriblement frustrant et Olivia commençait à se demander si leur histoire d’amour naissante ne risquait pas de rester perpétuellement en suspension.
Avec un soupir frustré, elle se détourna et repartit sur l’allée. Alors, elle entendit un bruit familier de sabots. Erba l’avait rejointe.
Marcello n’avait personne d’autre, décida Olivia. Elle s’en était beaucoup inquiétée pendant les dernières semaines mais avait décidé qu’il n’avait personne. Il était préoccupé par son entreprise, qui était à court de liquidités à cause de son expansion récente. De plus, Olivia devinait qu’il avait peur de s’impliquer à nouveau, surtout avec une employée.
Après Gabriella, elle ne pouvait pas le lui reprocher, se dit Olivia avec ressentiment.
À sa grande surprise, quand elles furent rentrées, Erba ne partit pas directement vers la grange comme elle le faisait habituellement pour manger de la luzerne après sa promenade. Elle trotta jusqu’à l’énorme entrée obscure, jeta un coup d’œil à l’intérieur, recula comme si elle avait eu peur puis revint vers Olivia en sautillant.
– Que se passe-t-il ? demanda-t-elle à la chèvre, perplexe.
Alors, Olivia écarquilla les yeux quand elle entendit un grattement distant et un bruit sourd qui venait de l’intérieur de la grange.
Elle déglutit avec difficulté.
Il y avait quelqu’un – ou quelque chose – à l’intérieur et Erba l’avait senti.
Olivia approcha prudemment en se rappelant ce que Marcello avait dit sur le sanglier sauvage. Et si une de ces créatures agressives s’était aventurée hors des bois et installée dans son futur bâtiment de vinification ?
Olivia commença à se dire qu’il vaudrait mieux éviter d’aller voir. Ça pourrait être dangereux.
Elle se dit qu’elle devrait au moins avoir une arme. Heureusement, la pelle qu’elle avait utilisée pour planter des bulbes quelques jours auparavant était encore appuyée contre le mur. Pour une fois, être désordonnée s’avérait être une bénédiction.
Olivia prit la pelle et la tint des deux mains, comme une batte de base-ball.
Quand elle la remua pour l’essayer, un morceau de terre qui avait été collé à la partie métallique lui tomba sur la tête.
– Merde, marmonna Olivia quand des morceaux de terre lui tombèrent en cascade sur le visage et qu’une grande partie se logea dans ses cheveux.
Elle avait espéré passer une soirée tranquille. À l’heure qu’il était, elle aurait dû nourrir Erba et commencé à préparer son dîner. Au lieu de cela, elle était dans sa grange et elle se ramassait de la terre sur la tête pendant qu’elle tentait de se défendre contre un péril inconnu.
Olivia fit tomber la terre en secouant la tête et la sentit se répandre sur ses épaules. Alors, elle avança furtivement vers la grange.
Elle s’arrêta à l’entrée. Les bruits de grattement et d’écrasement s’étaient arrêtés. Était-ce une bonne ou une mauvaise nouvelle ? Elle ne savait pas.
Soudain, Olivia ne put plus supporter le suspense. Elle entra en bondissant, agita la pelle au-dessus de sa tête et cria :
– Dehors !
Alors, elle hurla de peur quand elle se retrouva face à une silhouette qui, vêtue de noir, portait un chapeau pointu violet et tenait elle-même une pelle.