Kitabı oku: «Mûr pour la Pagaille», sayfa 4
CHAPITRE SIX
À la porte en bois qui se trouvait en bas de l’escalier, Danilo frappa rapidement deux fois de suite, fit une pause puis recommença. La personne qui se trouvait de l’autre côté de la porte avait dû savoir qui allait arriver, car Olivia entendit un cri joyeux.
– Danilo !
Un homme robuste aux cheveux gris courts ouvrit brusquement la porte et prit Danilo dans ses bras avant de serrer chaleureusement la main à Olivia.
– Begni, je te présente mon amie Olivia. C’est elle qui a acheté la vieille ferme abandonnée sur la colline.
– Et vous y découvrez des objets merveilleux ? lui demanda Begni.
– Je l’espère, convint Olivia.
Suivant Begni dans la salle brillamment éclairée, Olivia se rendit compte qu’ils venaient d’entrer dans une salle aux trésors.
Le mur d’en face était couvert de placards vitrés et ils contenaient tous des étagères remplies de bouteilles dont le verre étincelait sous l’éclairage de projecteurs minuscules. Les autres murs étaient couverts d’affiches et d’images encadrées, de vieux articles de journaux et de catalogues.
– Begni possédait une boutique de vins en ville, expliqua Danilo. Il l’a vendue il y a quelques années et a commencé à se consacrer à sa passion : l’histoire viticole de la région. C’est lui qu’il faut consulter si on est passionné d’antiquités et de vin. C’est un consultant et un historien doté d’une excellente connaissance de l’histoire du vin.
Olivia imaginait que les informations détenues par cet homme pouvaient être précieuses, mais Begni arriverait-il à identifier le fragment de verre beau mais étroit qu’elle avait déterré ?
Elle sortit de son sac de courses le paquet enveloppé dans du papier. Alors, elle se rendit compte que ce paquet était très léger. Il contenait fort peu de verre. Sa quête serait très probablement un échec, mais ce spécialiste lui transmettrait peut-être un peu de ses connaissances en histoire locale. Cela donnerait beaucoup d’intérêt à leur déplacement.
– Voyons ce que vous avez trouvé. Placez-le ici, dit Begni en désignant un tapis blanc installé sur son bureau avec une lampe au-dessus.
Olivia plaça l’éclat de verre sur le tapis.
À l’aide d’un chiffon doux saturé d’un liquide qui dégageait une odeur astringente, Begni nettoya l’éclat de verre. Olivia fut étonnée par la profondeur de la couleur que révéla le nettoyage. Dans l’éclat de la lumière, le verre tacheté projetait des taches claires et sombres de vert sur le tapis immaculé.
Sifflant d’un air songeur, Begni tendit le bras sous son bureau et en sortit un gros classeur à levier. Il en fit tourner les pages en lisant les intercalaires en carton jusqu’au moment où il trouva celui qu’il cherchait.
Quand il atteignit la bonne page, la mélodie chantante de son sifflement se transforma en quelque chose qui ressemblait, aussi étonnant que cela puisse paraître, à un mugissement de stupéfaction.
Olivia se mordit la lèvre inférieure. Elle se tenait à côté de Danilo. Alors qu’ils se penchaient en avant pour regarder, leurs épaules se frôlaient. Elle avait envie de lui prendre la main. C’était stressant.
– Je n’ai jamais vu ça, annonça Begni d’un ton solennel.
– Est-ce bon ou mauvais ? demanda Olivia d’une voix haut perchée.
– C’est intéressant, déclara l’homme aux cheveux gris avant de refaire tourner les pages de son dossier.
Alors, il retourna à la page d’avant et hocha la tête de manière résolue.
– Asseyez-vous, dit-il. Puis-je vous proposer du café ?
Danilo alla chercher deux chaises en bois pendant que Begni préparait de l’expresso dans une cafetière Moka en inox.
Il le versa et leur passa le sucrier. Olivia le remua et le sirota. Elle apprécia sa saveur forte et sucrée. Elle commençait à s’habituer à boire l’expresso sans crème, seulement avec du sucre, car la plupart des Italiens mettaient beaucoup de sucre dans cette boisson concentrée.
– Vous avez acheté un terrain très intéressant, confirma Begni. Danilo a précisé que vous aviez déjà découvert une bouteille de vin intacte qui a au moins cent ans.
Olivia hocha la tête. Cette bouteille ancienne avait été sa première découverte. Elle l’avait envoyée à un marchand d’antiquités pour faire restaurer l’étiquette, mais elle ne savait pas ce qu’elle en ferait après. Elle pourrait la vendre, mais elle était tentée de la garder. Après tout, cette bouteille faisait partie du patrimoine de sa ferme.
– Cet éclat de verre est beaucoup plus ancien, expliqua Begni. Donc, je vais commencer par vous raconter un peu l’histoire du stockage du vin, pour mon ami Danilo, qui a besoin qu’on l’éduque autant que possible !
Danilo sourit. Visiblement, il aimait que son ami le taquine.
– Les Romains aimaient le vin, bien sûr, et ils le buvaient et le vendaient dans de telles quantités que les gros tonneaux en bois devinrent leur méthode de prédilection pour le stockage et le transport. Au cours des siècles, ils découvrirent par hasard que le stockage du vin en fûts de chêne améliorait le vin et c’est pour cela que, de nos jours, on fait vieillir tant de crus dans du chêne.
Olivia hocha la tête, impressionnée par les faits historiques qu’elle apprenait. Danilo avait eu raison. Cette rencontre prenait une tournure instructive.
– Pour les plus petites quantités, les seules alternatives étaient des cruches en terre ou des gourdes en argile (des amphores), mais elles étaient difficiles à transporter et ne convenaient pas pour un usage prolongé, ce qui fait que l’on ne gardait jamais le vin très longtemps.
Olivia comprenait la situation.
– Pourtant, les Romains ont aussi inventé le verre, non ? demanda Danilo.
Begni hocha la tête et sourit à son ami.
– Absolument. Tu as bien fait de poser la question. Comme les Romains venaient d’inventer le verre, pourquoi ne l’ont-ils pas utilisé pour stocker le vin alors qu’il est parfait pour cela ? Le sais-tu, Danilo ?
Danilo secoua la tête.
– Et vous, Olivia ?
Olivia se creusa la cervelle mais ne trouva pas pourquoi les Romains ne l’avaient pas utilisé. Elle secoua la tête, perplexe.
– Pour comprendre pourquoi le verre leur posait problème, nous devons essayer de comprendre les citoyens de la Rome antique. Ils tenaient énormément à l’ordre et à l’exactitude. Regardez leurs cartes. Regardez leurs routes, leurs armées et leurs règles. Tout devait être uniforme, uniforme, uniforme !
Begni agita malicieusement un doigt en parlant.
– Au début du soufflage de verre, rien n’était uniforme. Les bouteilles faites à la main avaient toutes des formes et des tailles différentes. Donc, comme vous pouvez l’imaginer, ça rendait les Romains fous. Ils n’avaient aucun moyen de savoir combien de vin il y avait dans chaque bouteille ! Au lieu d’avoir de l’ordre, ils avaient un chaos complet. Personne ne pouvait commercer honnêtement si chaque bouteille avait l’air unique et contenait une quantité différente. C’était ingérable et ça les rendait fous, fous !
Begni se tapa la tête.
– Donc, ils ont interdit de vendre le vin dans du verre et c’est resté comme ça pendant toute l’ère romaine.
Begni s’épousseta les mains d’un air amusé.
– Avançons jusqu’aux années 1600. À cette époque, le verre que l’on produisait était plus solide, plus épais et plus foncé. Le verre foncé aidait bien sûr à protéger le vin contre la lumière du soleil.
Begni leur versa à tous une autre tournée d’expressos et remua son sucre avec joie tout en poursuivant.
– Le champagne est devenu possible grâce à ce verre plus solide. Il faut de la résistance pour contenir les bulles et, surtout, la forme incurvée de la base de la bouteille (le « cul ») doit être profond et épais pour protéger la bouteille contre la pression exercée par le vin pétillant. Autrement, bang ! Tout explose et il n’y a plus de champagne.
Olivia hocha la tête. Maintenant qu’elle y réfléchissait, toutes les bouteilles de vin pétillant avaient effectivement ce creux prononcé dans leur base épaisse et solide. Donc, cela faisait partie de la structure de la bouteille pour l’empêcher d’exploser sous la pression exercée par le contenu !
Begni posa sa tasse, ouvrit le dossier et désigna des dessins de lignes.
– La production des bouteilles que nous connaissons aujourd’hui a commencé au dix-septième siècle. Comme vous le voyez, au début, elles étaient épaisses et trapues. Vraiment démodées, n’est-ce pas ?
Olivia sourit. Les fabricants de ces bouteilles avaient sûrement considéré que leurs créations étaient le summum du style.
– Comment sont-elles devenues plus effilées ? demanda-t-elle.
– Eh bien, à cette époque-là, on utilisait du liège pour les bouchons et le contact du liquide avec le bouchon était essentiel pour que le bouchon ne sèche pas. Donc, les fabricants ont changé la forme des bouteilles pour qu’on puisse les stocker couchées afin que le bouchon soit mouillé par le vin. Chaque région produisait sa forme distinctive pour différentier son vin : la Bourgogne, qui a aujourd’hui cette forme tombante comme la plupart des bouteilles de vin blanc, le Bordeaux dont la bouteille de vin rouge typique a des épaules plus hautes et plus larges. Le porto, le Riesling … Si je nomme un vin, vous connaissez probablement la forme de la bouteille dans laquelle il est stocké.
Olivia hocha la tête. Elle connaissait les formes de ces bouteilles.
Elle jeta un autre coup d’œil aux dessins. L’illustration de Begni montrait comment les bouteilles évoluaient et les formes que leur avaient données leurs régions spécialisées de production.
– Donc, que peut-on dire du morceau de bouteille qu’Olivia a trouvé ? demanda Danilo.
Plongée dans l’histoire de l’évolution des bouteilles en verre, Olivia avait quasiment oublié la raison de leur visite. Elle regarda à nouveau le fragment brillant et, cette fois, elle distingua une partie de ce que Begni avait expliqué.
– Votre fragment, expliqua Begni, fait partie d’une bouteille de vin « manche et globe » qui a été fabriquée à la fin du dix-septième siècle.
Olivia elle eut le souffle coupé. Elle entendit Danilo produire le même son. Cet éclat de verre était très ancien. Elle aurait aimé savoir comment il était arrivé dans sa vieille grange.
– C’est un verre extrêmement rare. Une bouteille intacte de cette période serait un objet de collection qui vaudrait plusieurs milliers de dollars, lui dit Begni. Si on retrouvait une telle bouteille non ouverte, elle vaudrait beaucoup plus.
Quand elle entendit cette nouvelle, Olivia eut envie de rentrer directement à la ferme et de fouiller encore plus dans son tas de gravats pour en extraire tous les trésors qui y étaient peut-être encore enfouis.
– Cependant, cet éclat de verre est différent, poursuivit Begni.
Olivia sentit ses espoirs s’effondrer. Sa découverte devait être moins précieuse que cela.
Alors, Begni s’expliqua et Olivia faillit tomber de sa chaise.
– C’est la couleur de ce fragment qui le rend différent. Cette couleur tachetée unique provient d’un lot exclusif de verre, fabriqué sur mesure pour un des vignobles les plus importants de la région. Nous avons seulement des images, des descriptions et des archives – et maintenant, cet unique morceau de verre. D’après ce que l’on sait, il n’existe plus une seule bouteille de ce lot. Si vous en trouviez une, ce serait une découverte inestimable.
Danilo et Olivia échangèrent des regards stupéfaits et Olivia vit le reflet de sa propre incrédulité dans les yeux de son ami.
– Qui sait ce que vous découvrirez ensuite ? demanda Begni. Tenez-moi au courant, comme on dit !
– Nous le ferons et merci beaucoup pour ces informations, dit Olivia en se levant à contrecœur. Aimeriez-vous garder l’éclat de verre ?
– Oui, dit l’expert en hochant la tête. Cela fournira une preuve historique importante qui nous aidera à comprendre l’industrie de la vinification dans cette région. Un jour, qui sait, nous pourrons peut-être reconstituer une bouteille entière, si votre recherche progresse.
– Je l’espère, dit Olivia.
*
Une heure après avoir quitté l’antre souterrain de Begni, Olivia descendait dans un autre site souterrain. La peau picotée par l’air plus frais, elle descendait un escalier, frôlant du bras un mur de pierre, prête à explorer les vieilles caves à vin de l’imposant Castello del Trebbio.
Alors qu’elle s’enfonçait dans l’obscurité, son téléphone vibra et elle vit que c’était un message de Charlotte.
Elle allait lire le message, mais la guide de la visite commença à expliquer l’histoire du château. Comme elle ne voulait rater aucun mot, Olivia remit son téléphone dans son sac à main. Elle lirait le message plus tard, décida-t-elle.
– Au douzième siècle, ce château appartenait à la famille Pazzi. Cette famille s’opposait aux puissants Médicis, qui dominaient la région à cette époque. En fait, les Pazzi avaient monté une conspiration pour tuer le duc de Médicis dans ce château-là, expliqua la guide en souriant et en secouant sa queue de cheval foncée. On dit que même l’Archevêque de Pise faisait partie de la conspiration, car les Médicis étaient détestés par beaucoup de gens et leur mort rapporterait gros à beaucoup de ces gens.
Olivia sentit un frisson lui parcourir l’échine et cela n’avait rien à voir avec la froideur des températures de cet endroit souterrain. Il semblait que les motivations malveillantes et le meurtre fassent partie intégrale de l’histoire de cette région. En essayant de se mettre à la place des conspirateurs, elle se demanda s’ils avaient discuté de leur plan ici, dans cet espace souterrain froid. L’idée la faisait frissonner, c’était sûr.
Elle fut reconnaissante envers Danilo quand il retira sa veste et la posa sur ses épaules pendant que le groupe se rassemblait pour admirer une série de vieux bocaux d’olives.
Il avait beaucoup de considération, se dit Olivia, qui craignait maintenant qu’il n’ait froid, mais contente de bénéficier de cette couche supplémentaire de chaleur qui dégageait encore un peu de la chaleur corporelle du jeune homme.
– À l’origine, le plan était d’empoisonner les deux frères Médicis à un banquet mais, quand un des frères tomba malade, les conspirateurs décidèrent de les attaquer le lendemain, pendant la messe à la cathédrale de Florence. Il y eut un moment de chaos dans la cathédrale quand les conspirateurs passèrent à l’attaque avec des poignards et des épées, mais le meurtre échoua. Un des frères Médicis fut tué mais l’autre survécut, conclut la guide.
Après avoir appris l’histoire mouvementée du château, Olivia fut contente de remonter et de trouver un siège dans la salle de dégustation chaude et attrayante. Elle feuilleta une brochure et apprit que, au vingtième siècle, le château avait été abandonné et était tombé en ruine.
Comment pouvait-on abandonner un endroit aussi magnifique ? Olivia se sentit choquée. Cela dit, se rappela-t-elle, sa ferme avait été abandonnée, elle aussi. Personne n’y avait habité pendant des décennies.
Elle apprit que, dans les années 1960, les nouveaux propriétaires avaient entrepris la tâche immense de restaurer les bâtiments et les terrains décrépits. L’endroit avait ainsi connu une deuxième vie en tant que vignoble productif et destination touristique. Le menu de dégustation comprenait le magnifique Chianti de l’exploitation viticole ainsi que le célèbre Assemblage Spécial toscan et, au grand plaisir d’Olivia, un des vins rouges vieillis en amphore.
– Ce vin a une texture belle et profonde, observa Olivia. Je veux absolument en commander quelques bouteilles.
– J’imagine que l’argile se situe à mi-chemin entre l’acier et le chêne. Il permet la maturation et l’échange d’air, mais sans saveur de chêne. Ça en fait un vin rouge très inhabituel, convint Danilo.
De la table située dans la pièce voisine, Olivia entendit le groupe de visiteurs prononcer un nom familier en discutant du vin. Elle écouta la conversation avec une inquiétude croissante.
– Rien d’étonnant à ce que Raffaele di Maggio ait donné une évaluation aussi bonne à ce Chianti, dit la femme la plus proche. C’est un vin extrêmement bien fait.
Son ami se pencha plus près et hocha la tête avec enthousiasme.
– Il semble être très perspicace et il est certain que, ces derniers temps, il n’a pas apprécié beaucoup de vins. Au moins, quand il déteste un vin, il n’a pas peur de le dire, mais je suis d’accord avec lui en ce qui concerne la qualité de cet excellent rouge. S’il ne recommande aucune autre exploitation viticole dans les environs, nous pourrons peut-être passer l’après-midi à faire du shopping.
Subitement, les peurs d’Olivia se réveillèrent et son estomac se noua. Un moment auparavant, elle avait rêvé passionnément de la nourriture qui conviendrait le mieux à ce vin et sa préoccupation principale avait été le déjeuner. Maintenant, elle pensait qu’elle n’arriverait même pas à avaler un gressin.
Danilo la regardait avec inquiétude.
– Est-ce que tout va bien ? demanda-t-il.
– Oui, je passe un très bon moment, dit Olivia en entendant trembler sa voix.
Ce critique avait l’air impossible à satisfaire ! Elle aurait voulu s’enfuir mais, comme c’était impossible, une promenade lui permettrait peut-être d’oublier ses soucis.
– Et si on allait se promener dans les vignobles avant le déjeuner ? demanda-t-elle.
– Bonne idée, convint Danilo.
À l’extérieur, ils se tinrent un moment dans la chaleur du soleil. Ce côté du château était protégé de la brise et offrait une vue magnifique sur les rangs de vignes.
Quand Olivia contempla les plantations verdoyantes qui s’étendaient au loin et se souvint que ce qu’elle voyait avait été restauré à partie d’une ruine abandonnée, elle reprit courage. Cela lui redonna de l’espoir. Il lui en fallait beaucoup, en ce moment.
– Oh, tu as oublié ta veste dans la salle de dégustation, dit-elle à Danilo.
– Merci d’y avoir pensé, dit-il avec reconnaissance. Je vais vite la chercher. Reste au soleil.
Alors qu’Olivia attendait à cet endroit agréablement chaud, elle entendit des voix et un couple approcha sur le chemin. Olivia jeta un coup d’œil à la femme et remarqua son accent américain quand elle désigna la vue de vignes qu’elle avait admirée avec Danilo.
C’était une femme menue aux cheveux châtain roux, incroyablement mince. Olivia avait toujours voulu avoir des épaules étroites et une taille de guêpe comme cette femme. Le problème, c’était qu’elle n’était pas bâtie comme ça. Même quand elle avait été à son plus mince, les gens avaient dit qu’elle était « en forme », « athlétique » et, pire que tout, « en bonne santé ». Personne ne l’avait jamais félicitée pour sa taille minuscule et personne ne le ferait jamais.
L’homme qui avait passé le bras autour de cette taille délicate avait le dos tourné et contemplait les vignobles. La façon dont il tenait ses épaules poussa Olivia à le regarder plus attentivement. Pourquoi lui paraissait-il familier ? Le connaissait-elle ?
Il se retourna, déposa un baiser sur les cheveux châtain roux parfaitement coiffés de la femme menue et Olivia faillit tomber dans l’escalier, sous le choc.
C’était Matt, son ex-petit copain.
CHAPITRE SEPT
Alors qu’Olivia contemplait le couple, incrédule, Matt la vit.
– Hé ! Salut ! cria-t-il.
Il avait l’air étonné, ou alors, peut-être pas.
Un soupçon trouble commença à se former dans l’esprit d’Olivia quand elle se souvint qu’elle avait annoncé sur les médias sociaux qu’elle visiterait ce site historique cet après-midi.
Cette rencontre n’était peut-être pas le fruit du hasard comme elle l’avait supposé au premier abord.
– Que fais-tu ici ? demanda Olivia alors qu’il remontait l’escalier avec détermination pour aller la rejoindre.
Elle avait la voix stridente. Ce n’était pas bien. Il fallait qu’elle se maîtrise pour affronter cette situation sans précédent.
– Quel hasard ! Tu sais, j’avais totalement oublié que tu avais déménagé en Italie, déclara Matt. Je veux dire, totalement. Ce fait m’avait complètement échappé. Maintenant que je te vois ici, bien sûr, je me souviens et tout me revient. Quelle surprise ! Au fait, je te présente Xanthe, ma nouvelle petite amie. Xanthe, je te présente Olivia. T’ai-je déjà parlé d’elle ?
La jolie bouche de Xanthe s’infléchit pour former un sourire.
– Enchantée, dit-elle en sortant son téléphone et en vérifiant son rouge à lèvres avant de prendre quelques selfies avec les vignes et les collines à l’arrière-plan.
– Quel voyage romantique, dit Matt à Xanthe en passant tendrement un bras autour de sa taille minuscule.
Ses cheveux foncés, qui grisonnaient aux tempes, étaient plus longs et il portait un tee-shirt bleu marine qu’elle n’avait jamais vu. Il avait aussi une barbe de trois jours qu’il n’avait pas eue avant. Pour son travail de gestionnaire de fonds d’investissements, il était toujours resté rigoureusement glabre, donc, il se permettait peut-être de laisser pousser ses cheveux ou sa barbe tant qu’il était en vacances. Il ne travaillait peut-être même plus pour la même entreprise. Qu’en savait-elle ?
Le caractère désagréable de leur dernière rencontre, le moment où Olivia avait compris qu’il la trompait, tout cela lui revenait en couleurs criardes, comme si ces souvenirs enfouis avaient attendu de pouvoir refaire surface. C’était peut-être pour cela que Charlotte lui avait envoyé tant de messages. Elle avait dû apprendre que Matt allait se rendre en Toscane et elle avait essayé d’avertir Olivia. Olivia se dit qu’elle aurait dû lire ces messages plus tôt.
– Tu es venue ici seule, j’imagine ? dit Matt d’un ton satisfait. Ou alors, es-tu avec un groupe de touristes ?
Olivia hésita. Elle ne savait pas quoi dire et elle rougissait parce qu’il avait deviné qu’elle était bel et bien célibataire.
Alors, elle sentit une main forte se poser sur ses épaules puis descendre pour lui prendre le bras.
– Elle est avec moi, dit Danilo de sa voix grave et caressante.
Alors, il vint se placer à côté d’elle et la contempla comme si elle était – eh bien, comme si elle était une bouteille du vin vieilli en amphore qu’ils avaient tous les deux adoré.
Sous le choc, Olivia ne put s’empêcher de remarquer que l’accent italien de Danilo paraissait plus fort qu’elle ne se souvenait l’avoir entendu. De plus, il n’avait pas encore remis sa veste. Elle sentait la bosse que formaient ses biceps contre son bras.
Danilo lui adressa un coup d’œil rapide et complice qui indiqua à Olivia qu’il comprenait la situation et faisait de son mieux pour la soutenir.
Il l’avait fait avec beaucoup d’habileté, se dit Olivia avec étonnement. Il n’avait rien dit de faux, mais avait seulement suggéré qu’Olivia pourrait être moins célibataire que Matt le supposait.
Ils se tournèrent tous les deux vers Matt, qui clignait rapidement des yeux. Il semblait désorienté par l’évolution rapide des événements.
– C’est Danilo, dit Olivia en espérant que Matt n’avait pas vu qu’elle avait été étonnée par l’intervention urgente de Danilo.
Olivia le vit observer les cheveux très soigneusement coiffés de Danilo et leurs mèches violettes. Soudain, en comparaison, les mèches de Matt avaient l’air négligées et hirsutes.
Olivia eut un moment soudain de joie quand elle le vit se passer pensivement une main dans les cheveux, mais son regard inquiet lui suggéra qu’il était plus concentré sur les muscles tonifiés de Danilo.
Matt s’était toujours plaint de ne pas avoir assez de temps pour aller en salle de gym, se souvint-elle. Il s’était plaint de n’avoir jamais obtenu les muscles qu’il aurait dû avoir avec son corps mince, bien que plutôt faible.
Olivia avait souvent pensé qu’il aurait eu le temps de s’en occuper s’il en avait moins passé à regarder les séries de science-fiction de Netflix sur son immense télévision à écran plat.
Heureusement, un costume bien coupé cachait beaucoup de défauts. Il n’était pas étonnant que Matt ne quitte jamais ses tenues chics Armani, comprit Olivia.
– Euh, dit Matt.
Olivia le vit rentrer le ventre en rapprochant Xanthe. Xanthe le regarda et orienta son téléphone pour qu’ils soient tous les deux dans le cadre.
– Souris, mon chéri, dit-elle à Matt.
Retrouvant son calme, Matt étira ses belles lèvres pour former un sourire.
– Quelles vacances merveilleuses, mon amour. Notre hôtel cinq étoiles vaut la dépense, sans parler de notre vol en classe affaires. Je me dis toujours que, si on voyage, il faut le faire avec style. Te rendre heureuse est la meilleure façon d’utiliser mon énorme bonus.
– C’est un voyage inoubliable et nous n’en sommes qu’à notre deuxième jour ! convint Xanthe en rangeant son téléphone et en déposant un baiser sur le menton légèrement barbu de Matt.
– N’oublie pas que nous avons beaucoup de shopping à faire, lui rappela tendrement Matt. Je t’ai promis que je t’achèterais un bracelet en or. Après ça, il faudra que nous passions du temps dans les boutiques de chaussures.
– Oh, je suis impatiente d’y être, s’écria Xanthe.
– Toutefois, je me dis que nous devrions peut-être rester plus longtemps dans cet endroit étonnant. Pourquoi ne pas déjeuner tard au restaurant ?
Olivia dut se retenir de pousser un cri d’inquiétude. C’était là où ils avaient prévu d’aller.
– C’est ma journée eau et laitue, tu t’en souviens ? lui rappela Xanthe en remuant sa tête châtain roux. Cela dit, j’ai vu une magnifique salade mélangée au menu. S’ils en retiraient le concombre, les artichauts, les olives et le parmesan, ce pourrait être le déjeuner idéal pour moi !
Olivia en avait assez entendu.
– Bon, amusez-vous bien. On y va.
Son soupçon d’abord hésitant s’était confirmé. Elle était sûre que Matt comptait rester par ici aussi longtemps qu’elle pour lui gâcher sa visite. Elle n’aurait pas pu avaler une seule bouchée si elle avait su qu’ils la regardaient fixement pendant que Xanthe à la taille de guêpe grignotait ses stupides feuilles de laitue.
– Nous devrions peut-être y aller, nous aussi, dit Matt en confirmant les craintes d’Olivia.
Incapable de supporter plus longtemps la présence de Matt, elle se détourna, repartit vers le parking et vers la sécurité qu’offrait le pick-up de Danilo.
Après quatre années passées ensemble, en majorité dans le même appartement, Matt savait exactement comment agacer Olivia. Il avait visiblement décidé de le faire aujourd’hui et, quand il s’y mettait, il n’arrêtait pas.
– C’est moi qui paye le déjeuner, murmura-t-elle à Danilo, du moment qu’on va ailleurs. Peux-tu conduire vite et semer cette horrible erreur de jugement, qui s’appelle aussi mon ex-petit copain, s’il essaie de nous suivre ?
– Pas de problème, dit Danilo. Il y a un bon restaurant dans un village près d’ici. Ils servent des pâtes faites maison délicieuses et ils ont une très bonne carte de vins. On y va et, quoi qu’il arrive, ils ne nous y suivront pas !
Il avait l’air d’apprécier le défi.
Olivia aurait aimé partager son optimisme. Matt et Xanthe étaient en vacances depuis deux jours. Il leur restait encore beaucoup de temps et, d’après ce que Matt avait dit, ils allaient le passer entièrement en Toscane.
Pendant les deux semaines qui suivraient, il faudrait qu’elle garde les yeux ouverts et qu’elle fasse attention à ne pas dévoiler où elle habitait.
Matt allait la harceler. Elle en était certaine.
Ücretsiz ön izlemeyi tamamladınız.