Kitabı oku: «Essais d'un dictionnaire universel», sayfa 16
Sel. Se dit proverbialement en ces phrases. On dit de deux personnes de differente humeur qui s'associent, qu'elles ne mangeront pas un minot de Sel ensemble. On dit au contraire que pour bien connoître un homme, il faut avoir mangé un muid de sel avec luy. On dit aussi de celui qui est bien plus fort qu'un autre, qu'il le mangeroit avec un grain de sel.
SELENOGRAPHIE. s. f. Partie de la Cosmographie, science qui fait la description de la Lune & de toutes ses parties & apparences, comme la Geographie le fait sur la terre. Hevelius grand Astronome de Dantzie, a fait le premier un livre de la Selenographie. A l'observatoire du Roy, on fait maintenant des Cartes Selenographiques. Les Astronomes ont donné des noms à plusieurs taches ou points de la Lune, comme Aristarque, nommé autrement, Mons Porphirîtes, le bord de Platon, ou Lacus niger, Copernique ou Etna, Possidonius, Hyginus & Mersenne, Tycho, autrement Sinai, Gassendi, Dantes, autrement Athos, mare Adriaticum & Apenninus.
SETON. s. m. Terme de Chirurgie. C'est un Reméde qui sert comme un cautére à détourner les fluxions qui sont sur les yeux en faisant une playe à la peau du derriére du col qu'on entretient en suppuration par le moyen d'un fil de coton ou de soye qu'on y passe; on en applique aussi à ceux qui tombent souvent d'Epilepsie.
SILLET. s. m. Terme de Lutier. C'est un petit morceau d'yvoire appliqué au haut du manche d'un Luth ou d'un Theorbe, ou autre semblable Instrument, sur lequel posent les cordes quand on les monte.
SINOPLE. s. f. Terme de Blason, c'est ainsi qu'on appelle le Verd ou la couleur Prasine dans les Armoiries. Les Herauts l'appelloient ainsi, quoi que Pline & Isidore entende par Sinople le rouge brun. Cette couleur signifie amour; jeunesse, beauté, jouïssance & sur tout liberté, d'ou vient qu'on scelle en Cire verte & en lacs de soye verte les lettres de grace, d'abolition & de legitimation: les Villes Franches & les Universitez ont la plûpart des sceaux de même couleur. Les Evêques ont pris la bordure verte à leurs chapeaux pour marque de leur exemption, & on fait porter le bonnet verd aux cessionaires, à cause qu'ils sont liberez de toutes leurs dettes, comme ont remarqué les curieux simbolistes. Ménage aprés Hauteserre le dérive de Sinope Ville d'Asie où on en faisoit trafic. Quelques Auteurs de Blason disent encore Sinope au lieu de Sinople. Le Pere Menestrier croit que ce mot vient du Grec Prasina Opla qui signifie Armoiries Vertes, dont par corruption la premiére syllabe a été retranchée, ce qui est arrivé à plusieurs mots Orientaux, comme par exemple on dit Salonique pour Thessalonique. On represente le Sinople en graveure par des hacheures qui prennent de l'angle dextre du chef à l'angle Senestre de la pointe.
SINUS. s. m. Terme de Trigonometrie. C'est la ligne qu'on tire de la pointe d'un Arc de cercle perpendiculairement sur le diametre qui passe par l'autre bout du même Arc, & celuy-là s'appelle sinus droit. Mais la partie du diametre coupé par le sinus droit jusqu'à la circonference s'appelle le sinus verse, autrement la fleche, & le demi diametre s'appelle le sinus total, ou le plus grand de tous les sinus, il se divise ordinairement en cent mille parties. On a fait plusieurs tables de sinus & tangentes: Elles sont de grand usage en géometrie; car c'est par leur moyen seul qu'on fait la résolution ou la mesure de tous les triangles, tant plans que Sphæriques. Les sinus de Clavius d'Adrien Vlac de Morin, &c.
SIPHON. s. m. Terme d'Hydrauliques. Tuyau recourbé qui sert à faire plusieurs experiences pour connoître la nature des Eaux & des Liqueurs. Quelques-uns le disent aussi d'un simple Tuyau ou Chalumeau. Heron en montre les propriétez dans son livre des Pneumatiques. On en fait de verre, de plomb & d'autre matiére, ce mot est Grec & signifie simplement Tuyau.
Siphon. En termes de Marine est un Orage qui éleve l'Eau de la Mer en forme d'une Colomne haute de cent brasses, & la fait piroüetter & tournoier spiralement par la largeur de quinze à vingt pieds de diametre, de même maniére que si c'étoit par un Siphon ou une Vis d'Archimede. Il paroît d'abord en l'air comme une petite Nuée qui ne semble pas plus grosse que le poing, venant du côté du sud, & il en arrive souvent au Cap de bonne esperance, aux côtes de Barbarie, & aux plages Orientales de l'Amerique. Du temps de Pline les Mariniers versoient du Vinaigre à l'approche du tourbillon pour l'appaiser; maintenant ils font grand bruit en ferraillant & escrimant sur le tillac. Ils pensent par ce moyen faire passer à côté le fortunal. Aristote l'a nommé Exhydrias. Les Mariniers l'appellent Tourbillon, Dragon de vent, Grain de vent, les Portugais Oeil de Beuf, les Levantins Typhon & Syphon, & les Anciens Typhon ou Cirrius.
SOMMIER. s. m. Terme de Messageries qui se dit d'un Cheval ou autre bête de somme. Ce Messager avoit avec lui tant de Sommiers pour porter ses Balots. Ce mot a été dit par corruption de Saumier qui a été fait de Salme par corruption de Sagma qui signifie le bast d'un Cheval, ou sa charge. Ménage aprés Saumaise. Pasquier dit, que Somme, Sommier & Sommelier sont de vieux mots Gaulois, ce qui a plus d'apparence.
Sommier. Est aussi un Officier chez le Roy qui porte les draps de pied & les carreaux dans la Chapelle du Roy.
Sommier. Se dit aussi des Officiers qui ont soin de fournir les bêtes de Somme pour transporter les bagages, lors que la Cour fait voyage. Dans l'Etat du Roy il y a un ou plusieurs Sommiers employez pour la Chambre, la Garderobbe, la Cuisine, &c.
Sommier. Terme de Tapissier. C'est un gros matelas rempli de crin & piqué qui sert de Paillasse, & fait partie de la garniture d'un lit.
Sommier. En terme d'Architecture, est une grosse pierre, la premiére qui est posée sur des Colonnes ou Pilastres quand on commence à faire une voute, qui sert à arcbouter & faire tenir le reste de la voute ou croisée.
Sommier. Est aussi une piéce de bois de moyenne grosseur entre la Solive & la Poutre.
Sommier. Se dit aussi des piéces de bois qui servent dans plusieurs machines à en soûtenir le poids ou l'effort, comme celles qui forment la Bascule des Ponts levis, celle qui soûtient l'effort des Presses d'Imprimerie. On le dit aussi des cerceaux doubles qui se mettent sur le jable des tonneaux; & des piéces de bois sur lesquelles, les Cloches sont penduës & qui aboutissent en tourillons, qui entrent dans le Poallier.
Sommier d'Orgues, est la plus importante piéce du Buffet d'Orgues qui fait joüer toute la machine. C'est un Vaisseau ou Réservoir dans lequel le vent des souflets est conduit par un porte-vent, d'où il se distribuë en suite dans les Tuyaux qui sont posez sur les trous de sa partie superieure: le vent y entre par des soupapes qui s'ouvrent en pesant sur les touches du clavier aprés qu'on a tiré les Registres qui empêchent que l'air n'entre dans d'autres Tuyaux que ceux où on le veut faire aller. Le Sommier des cabinets d'Orgues est de deux à trois pieds de long. Les Orgues de quatre pieds de Tuyaux bouchez, ont un Sommier de cinq à six pieds. Les Orgues de 16 pieds ont deux Sommiers qui se communiquent le vent l'un à l'autre par un porte-vent de plomb.
Sommier. En terme de Finances est aussi un gros Registre tenu par les Commis des Bureaux des aydes, sur lequel ils comptent de leur recepte, & où on void les produits des fermes, & où on met à côté leurs décharges. Il y a aussi des Sommiers pour les Gabelles, pour les Tailles & pour les autres droits des fermes du Roi.
SOUPAPE. s. f. Terme de Méchaniques. C'est une petite platine de Cuivre qu'on dispose de telle sorte dans les pompes & autres machines hidrauliques, qu'elle s'ouvre pour donner passage à l'Eau quand elle y doit entrer, & qu'elle se ferme quand on veut faire monter l'Eau par la compression. Il y a trois sortes de Soupapes, l'une à Clapet, la seconde en Cone, & la troisiéme en maniére de porte à deux Battans. La premiére se ferme & s'ouvre comme une Trape, la seconde comme un Bondon d'un Tonneau, ces deux-là n'ont jamais plus de quatre ou cinq pouces; & la troisiéme a quelquefois deux ou trois Toises & sert à fermer les Ecluses. On appelle aussi Soupapes ces petites Languettes qui s'ouvrent ou se ferment avec un Ressort pour donner le passage au vent & le luy fermer dans les Balons & Souflets.
En termes d'Organiste on appelle aussi Soupapes, ou Soustapes (comme si on disoit les Tampons de dessous) de petits Tampons qui sont dans le Sommier, & qui bouchent les Rainures ou porte-vents jusqu'au pied de chaque Tuyau, & qui sont soûtenus par un petit Ressort de leton: quand on presse sur la touche, elles font baisser la Soupape par le moyen d'un petit bâton qu'on appelle Le pilotis.
Les Anatomistes modernes prétendent qu'il y ait quelque chose de semblable dans les Veines & les Arteres, qui ouvre & ferme le passage du sang dans la circulation. Voyez Valvule, & il y en a qui étendent la chose jusqu'à la circulation qu'ils prétendent dans le suc des Arbres & des Plantes.
STATIQUE. s. f. C'est une science qui fait partie des Mathematiques, qui enseigne la connoissance des poids, des centres de gravité, de l'équilibre des corps naturels. L'Hydrostatique, est celle qui enseigne la connoissance des corps pesans étant considerez sur des corps liquides, avec la comparaison des uns avec les autres. Archimede connut la tromperie qu'on avoit faite en la Couronne du Roi Hieron par le moyen de l'Hydrostatique. Le Pere Pardiez Jesuite a écrit de la Statique. Elle consiste purement en la Theorie, & la Méchanique en la pratique & construction des Machines suivant les loix de la Statique, par le moyen desquelles un petit poids en peut élever un infiniment plus grand.
STERLING. s. m. Terme de Monnoyes. C'est un mot Anglois dont on fait souvent mention en France à cause du grand commerce qu'on a avec l'Angleterre. C'étoit autrefois une Monnoye ainsi nommée du nom d'un Château d'Ecosse appellé Sterlin, où elle fut premiérement battuë. Quelques-uns dérivent ce mot de Sterling qui signifie Bec d'Etourneau, c'étoit une Monnoye blanche au titre de 8 den. de fin où le Duc de Guyenne étoit representé avec une Epée au bras droit, & une main de Justice à la gauche: & comme cette figure ressembloit à un Bec d'Etourneau, elle fut nommée par sobriquet Sterling. On n'est pas certain de sa valeur, Salmoner dérive ce mot de Sterlingue qui est une Monnoye d'Angleterre pesant 32 grains de Bled. Voy. Ménage. Depuis ce mot a passé pour poids, & faisoit valoir une somme le décuple. De sorte qu'un soû Sterling valoit dix soûs, maintenant la livre Sterling vaut environ 13 livres 4 sous, ou vingt schelins.
Les Marchands Anglois tiennent encore leurs livres, par livres, soûs & deniers Sterling: La livre vaut dix livres, le sol dix sols, & le denier dix deniers. En ce sens c'est une Monnoye de compte.
STRATIFICATION. s. f. Terme de Chymie. C'est un arrangement de plusieurs lames de métail, ou d'herbes, de bois, ou autres choses semblables, dont on fait plusieurs lits ou couches alternativent pour purifier les matiéres, ou pour les fondre, ce qu'on nomme en Latin stratum super stratum, & qui est marqué dans les Livres de Chymie par S. S. S. On pratique la Stratification quand on purifie l'or par la cementation.
STRIBORD. s. m. Terme de Marine. Le côté droit du Vaisseau à l'égard du Pilote; ou Commandant qui est à la poupe & qui regarde la prouë. On dit aussi Tienbord, Extribord & Dexstribord, d'où apparemment est venu le mot de Stribord qui est le plus en usage. Le côté gauche s'appelle Basbord.
STROPHE. s. f. Terme de Poësie Greque & Latine. Elle signifie couplet ou certain nombre de vers au bout duquel on finit un sens: & aprés on en recommence un autre qui a même nombre & mesure de vers avec une même disposition de rimes. Les Odes, les Stances, les Ballades, sont composées d'un certain nombre de Strophes. Le mot de Couplet se dit des simples Chansons ou Airs, & Strophe se dit des Chants, des Odes & des Poëmes.
SUAGE. s. m. Terme de Marine. C'est le coust des graisses & des suifs dont il faut de temps en temps enduire le Vaisseau pour le faire couler plus doucement sur les eaux: à Marseille on le nomme aussi sperme, dont on a fait esparmer ou espalmer. Le Suage est compté entre les menuës avaries.
Suage. En termes d'Orfévres, ou Doucine, est un ornement semblable à la Doucine d'Architecture, ou une espéce de quart de rond, qui se fait en plusieurs piéces d'orfévrerie, & particuliérement sur le pied des aiguieres, des flambeaux & autres ouvrages semblables.
SURSOLIDE. s. m. Terme d'Algébre. C'est la quatriéme multiplication, ou puissance de quelque nombre que ce soit pris pour racine. Ainsi le nombre de deux pris pour côté ou racine, multiplié par soi-même produit 4, nombre quarré, qui est la premiére puissance, & 4 multiplié par 2, produit 8, nombre cube & solide, qui est la seconde puissance de la racine 2, & 8 multiplié par 2, produit la troisiéme puissance 16 nombre quarré de quarré & 16, multiplié par 2, produit 32, qui est sa quatriéme puissance, ou nombre Sursolide.
SECONDINES ou Secondes. s. f. Terme de Medecine qui se dit des Tayes ou Membranes qui enveloppent le Fetus dans le Ventre de la mere, qu'on appelle ainsi parce qu'elles sortent les derniéres dans l'accouchement, c'est ce que les Matrones appellent l'Arriére faix, Hippocrate dit que les jumeaux sont enveloppez en une même Secondine. Mr. Grew dans son Anatomie des Plantes a appellé Secondine, la quatriéme & derniére enveloppe des Graines, parce qu'elle est à peu prés dans les Plantes, ce que sont dans les Animaux les membranes qui enveloppent le fetus.
SIVADIERE. s. f. Terme de Marine. C'est la voile de Beaupré, qui est la plus basse du bâtiment & qui prend le vent à fleur d'eau.
T
TEINDRE. v. act. Terme de negoce. Préparer une étoffe, ou un autre corps avec des sels, liqueurs, ou drogues colorantes, en telle sorte qu'ils paroissent d'une certaine couleur. On teint les draps, les laines, les soyes & les toiles en noir, en rouge, en violet, &c. On teint en blanc les laines, lors qu'on les tond & qu'on les dégraisse. Il est défendu de teindre aucune étoffe de blanc en noir, pour quelque cause que ce soit, & de teindre les soyes sur le crud ou à demi-bain. Quand on teint une étoffe en jaune & puis en bleu, elle se trouve teinte en verd. On teint en cramoisi quand le premier pied de teinture se fait avec de la graine d'écarlate, ou la cochenille. On teint les cheveux, les bois, les gommes. On teint les pierres & le verre pour en faire de fausses pierreries. On teint aussi des liqueurs en les mêlant avec d'autres. Cet homme est si sobre qu'il ne fait que teindre, que rougir son vin.
On dit figurément teindre ses mains du sang des innocens, pour dire, faire mourir des innocens. On dit aussi que les Riviéres étoient teintes du sang des ennemis, pour dire, qu'on en avoit fait grand carnage.
Teint. einte. part. pass. & adj.
Teint. s. m. Art de teindre. Il se dit aussi des drogues qu'on y employe. Les Réglemens du métier distinguent les choses qui doivent être teintes du grand teint, d'avec celles du petit teint: ce qui fait deux corps & deux maîtrises separées. La premiére est celle du grand & bon teint, l'autre est du petit teint. Les Teinturiers du bon teint sont ceux qui donnent aux étoffes un pied necessaire, de pastel, garance, ou cochenille, puis ils les mettent en la main du Teinturier du petit teint pour les raciner, engaller, noircir, brunir & griser. Les Teinturiers du bon teint doivent laisser des Rosettes, sçavoir au verd, une du jaune & l'autre du bleu; au feüille morte une du jaune & l'autre du fauve; au cramoisi, une Rosette du bleu, & l'autre du rouge de la Cochenille; au tanné ou amarante, une Rosette de guesde, & l'autre de la garance ou demi rouge cramoisi, & il faut laisser une Rosette en blanc dans toutes les couleurs simples, comme le bleu, le rouge & le jaune; le tout pour faire connoître la bonté ou la qualité du grand & du petit teint. Les Teinturiers du petit teint peuvent teindre toutes sortes de bisage ou repassage, & se servir pour cela de brunitures de galle, orseille & bois d'Inde, & les étoffes usées en toutes sortes de noir, de racinages, grisages, & bisages.
Le bleu, le rouge, & le jaune appartiennent aux Teinturiers du bon teint, pour les teindre seuls sans la participation du petit teint. Le fauve & le noir appartiennent aux Teinturiers du bon teint & du petit teint, le noir devant recevoir le pied de guesde, ou garence du bon teint, & être engallé & noirci par le petit teint.
Teint, se dit aussi d'une lame d'étain fort mince, appliquée par le moyen du vif argent derriére les glaces d'un miroir.
Teint, se dit aussi de la couleur & de la delicatesse de la peau du visage. Cette femme n'a point de teint, elle a eu le teint gâté de la petite verole. Cette fille a le teint blanc, vermeil, a un teint de lis & de roses. Le grand hale rend le teint brun & basané. Ce jeune homme a le teint frais & fleuri, on luy vient de faire la barbe. La pommade nourrit le teint; la Ceruse mange le teint.
Teinte. s. f. Terme de Peinture, maniére d'appliquer les couleurs pour donner du relief aux figures pour bien marquer les jours, les ombres, les éloignemens. Le grand secret de la Peinture c'est de bien donner les teintes, les demi teintes. Cette draperie est d'une bonne teinte, pour dire d'une forte couleur. La demi teinte est un ménagement de lumiére par rapport au clair obscur, ou un ton moyen entre la lumiére & l'ombre: car s'il y a cinq tons ou degrez de clair obscur, le second ou le troisiéme qui suivent la grande lumiére, seront appellez demi teinte.
Teinture. s. f. Action par laquelle on teint. La teinture demande beaucoup d'experience. Cet homme est sçavant en l'Art de la teinture. La perfection de la teinture consiste à donner le lustre à la soye, à la bien décreuser, dégorger & aluner. La matiére avec laquelle on teint, c'est l'indigo qui sert à la teinture bleuë, la cochenille à la teinture en écarlate: la noix de galle en noir. Les drogues qui croissent en France, pour la teinture sont le pastel de Lauragais, Albigeois & Languedoc, ou la voüede. La cochenille, le pastel d'écarlate, graine d'écarlate; le Vermillon & la garance pour le rouge; la gaude, la Sarrette & la genestolle pour le jaune; la galle à l'épine, & d'alep, la racine écorce de Noyer & coque de Noix pour le fauve, autrement appellé couleur de racine ou noisette; le Rodoul, le fovic & la couperose pour le noir. L'Agaric, le sumac, l'arsenic, l'alun, la gravelle & le tartre servent pour les boüillons. On employe aussi la cendre cuitte & la potasse, la Cassenolle, la malherbe, le trentanel, la garoüille. Les ingrédiens faux, qui peuvent servir au petit teint sont bois d'Inde, bois de bresil, bois de Campeche, bois jaune, fustel, tournesol, Raucour, Orseille, le Safran bâtard, l'écorce d'aulne. Ces mots sont expliquez à leur ordre.
La Teinture de ces Etoffes de cotton qu'on void en Europe, se tire d'une plante qui croît dans l'Inde qu'on appelle Chai, où elle est autant estimée que la Cochenille l'est en France.
Regnier a dit agréablement en parlant de la nuit,
Il faisoit un noir brun d'aussi bonne teinture,
Que jamais on en vid sortir des Gobelins.
On appelle en Chymie la grande teinture Minerale, la Pierre Philosophale, parce qu'on croit qu'il ne s'agit que de donner au Mercure fixé la couleur, ou teinture de l'or.
Teinture, se dit aussi de l'extraction ou separation qu'on fait de la couleur d'un ou de plusieurs mixtes, & de l'impression qu'elle fait dans quelque liqueur ou menstruë propre, qui emporte une portion de leur plus pure substance; car elle quitte son propre corps en se dissolvant, & s'unit aux menstruës, pour leur communiquer sa couleur & ses vertus, & ainsi on fait dans la Pharmacie des teintures cephaliques, stomachiques, antiscorbutiques, &c. On tire des teintures de Rose, de Corail, &c. Dans les memoires de l'Academie des sciences, il est fait mention de certaines liqueurs mixtes (par exemple, des sels qu'on tire du bled) qu'on dit être trés-propres à tirer des teintures, même de quelques pierres précieuses: & qu'elles sont plus capables de produire cet effet à proportion qu'elles rougissent davantage la solution du Vitriol.
Teinture se dit figurément en choses morales, des bonnes ou mauvaises impressions dont l'ame de l'Homme est susceptible. On prend dans les Seminaires de si fortes teintures de piété, qu'elles ne s'effacent jamais. On ne doit point parler de Physique, lors qu'on n'en a qu'une legere teinture, qu'on ne la sçait point à fonds.
Teinturier, iere. s. m. & f. qui fait métier de teindre; il y a des Teinturiers de grand teint, & d'autres de petit teint. Les teinturiers de la Ville de Roüen sont divisez en trois fonctions, en guesderons, garanceurs, & noircisseurs. Il y a de nouveaux Statuts des Teinturiers de l'année 1669. qui portent la qualité des drogues qui doivent être employées à la teinture, suivant les diverses couleurs, & selon le mérite & le prix des Etoffes. Les Teinturiers du grand & bon teint, ne peuvent teindre en petit teint, & ne doivent avoir chez eux que les drogues appartenantes au bon teint; & ceux du petit teint ne peuvent teindre en bleu, à cause du pastel qui appartient au bon teint, & ne doivent avoir chez eux que les drogues qui appartiennent au petit teint. Ils ne doivent teindre que des frisons, tiretaines, petites serges à doubler, & qui ne valent au plus que 40. sols l'aune en blanc.
Teinturier, est aussi une espece de raisin, dont le suc est fort rouge, & dont on mêle quelques seps, parmi un plant de raisin blanc, pour colorer & faire du vin clairet, son suc est fort doux & sa feüille est rouge.
THÉ. s. m. quelque Medecins l'écrivent Tay. Est un petit arbrisseau domestique de la hauteur des Groselliers ou Grenadiers & Myrthes, fort estimé chez les Chinois & Japonnois, ils l'appellent Cha ou Theia. Il croît en la Province de Kiagnon prés la Ville de Hoicheu & auprés de Nankin: il y en a aussi au Royaume de Siam: le meilleur de tous est celui du Japon: on dit qu'il en vient aussi en Tartarie: Il a la feüille petite comme celle du Sumac des Corroyeurs, dont il est une espece selon quelques-uns, mais sa Fleur tire davantage sur le jaune, & ses Branches sont vêtuës de Fleurs blanches & jaunes, pointuës & dentelées, sa graine est noirâtre, & l'arbrisseau croît en trois ans malgré les neiges & les rigueurs de l'hyver: il a des Racines Fibreuses & dentelées. On fait un Breuvage de sa premiére feüille qui naît au Printemps, qu'on cueille feüille à feüille avec les mêmes soins qu'on fait les Vendanges en Europe: on la fait chauffer & seicher, & aprés l'avoir gardée en des vaisseaux d'étain bien bouchez, si on la jette en de l'eau boüillante, elle réprend sa premiére verdure, & donne une teinture verdastre à l'eau avec une odeur & un goût agréable. Les Chinois ne boivent que l'eau où la feüille a trempé le plus chaudement qu'ils peuvent. Les Japonnois boivent l'eau & la poudre qu'ils y ont laissé infuser. On en met le poids d'un écu sur un bon verre d'eau, & on y met un peu de sucre pour corriger son amertume. Elle est si differente en bonté, qu'il y en a dont la livre vaut 100 ou 150. francs; d'autre qui ne vaut que deux écus; il y en a même à sept deniers. Les Hollandois la vendent en France 30. livres, & elle ne leur coûte que dix sols; sa bonne marque est d'être verte, amere & seche, en sorte qu'elle se brise avec les doigts.
Elle guerit la goute & la gravelle, & on croit qu'elle est la cause de ce qu'on n'entend point parler de ces maux à la Chine & dans l'Inde; & de ce que les peuples parviennent à une extrême vieillesse. Elle guérit les indigestions de l'estomac; elle des-enyvre, & donne de nouvelles forces pour boire & dissiper les vapeurs qui causent le sommeil; elle fortifie la raison que le vin affoiblit, & guérit soudain la migraine, & les douleurs de ventre.
Les Chinois en prennent en toutes rencontres, & sur tout à dîner; ils en offrent aux Amis qu'ils veulent régaler. Les plus moderez en prennent trois fois par jour, les autres dix fois & à toute heure. Les personnes de la plus grande qualité font gloire de le préparer eux-mêmes dans leurs appartemens les plus magnifiques, & ont plusieurs Vaisseaux de prix pour cet effet.
Ceux qui en ont écrit sont le Pere Maffée, Louïs Almeyda, Mathieu Riccius, Aloisius Frois, Jacob Bontius, Jean Linscot, le Pere Alexandre de Rhodes dans leurs Voyages, & les Auteurs du voyage de l'Ambassade de la Chine, & de celui de Monsieur l'Evêque de Berite, & Nicolas Tulpius Medecin d'Amsterdam; mais Simon Paul Medecin du Roy de Dannemarck, qui a fait un Traité exprés de cette Plante, dit que ces vertus qu'on lui attribuë n'ont point de lieu pour ceux qui habitent en Europe; & que ceux qui ont passé 40. ans n'en doivent pas user, parce qu'elle avance leur mort, étant trop dessicative. Il prétend que le Thé n'a pas plus de vertu que la Betoine, & que ce n'est qu'une espece de myrte qu'on trouve en Europe aussi bien qu'aux Indes; qu'on l'appelle Chamæleagnus ou Piment Royal, dont la description, les experiences & les analyses qu'il en a faites sont tout à fait semblables.
Tiercer, v. act. terme d'agriculture; qui signifie donner aux terres le troisiéme labour; la troisiéme façon, comme on dit biner de la seconde. On le dit pareillement de la troisiéme façon des Vignes.
Tiercer, signifie aussi séparer les fruits d'une Abbaye en trois, pour en donner le tiers à l'Abbé; le tiers aux Religieux, & réserver le tiers pour les réparations, en ce sens il vient du Latin tertiare.
Tiercer, en terme de Finances, signifie faire un tiercement, ou une enchere du tiers du prix sur une Adjudication déja faite: ou dans les fermes du Roy, encherir du triple de l'enchere courante.
Tierceur, s. m. encherisseur qui fait une enchere d'un tiers, ou un tiercement aprés une Adjudication. L'Ordonnance des Eaux & Forêts, veut qu'aprés le tiercement & doublement on ne reçoive les encheres qu'entre le tierceur & le doubleur.
Tiers, tierce, adj. qui est aprés le second, c'est chaque partie d'un tout divisé en trois. L'Eglise, la Noblesse & le tiers Etat.
En perspective, on appelle le tiers point: un point qu'on prend à discretion sur la ligne de vûë, où aboutissent toutes les diagonales qu'on tire pour racourcir les figures.
En Architecture, on appelle une voute en tiers point, quand elle est élevée au dessus du plein cintre.
On appelle aussi un tiers point, ce qui donne un branle à plusieurs machines dans la méchanique.
En termes de Marine, on appelle des voiles à tiers point: les voiles triangulaires qu'on nomme autrement voiles latines dont on se sert sur la Mediterranée & sur les Galéres, & à l'artimon.
Au feminin, on appelle la fiévre tierce, celle qui laisse l'intervalle d'un jour entre deux accés. Voyez fiévre. Et tierce.
Tiers, en termes de négoce se prend aussi substantivement: il faut une aulne & un tiers de drap pour faire un habit. Un tiers est un pot ou mesure entre la chopine & le demi septier. Il est aux champs un tiers de l'année. Cette somme se doit partager par tiers; j'y ay mon tiers ou les deux tiers. Il faut faire boüillir ce Sirop jusques à ce qu'il soit réduit au tiers.
Tiers, en Jurisprudence se dit des entremetteurs, des Experts, des sur-arbitres. Ces deux parties plaidoient, un tiers les a accommodées. Ils avoient l'épée à la main, un tiers s'est mis entre-deux qui les a séparez. Voilà des rapports qui se contredisent, il faut qu'il y ait un tiers nommé d'Office. Quand deux arbitres sont de contraire avis, on leur donne pouvoir de nommer, de prendre un tiers pour sur-arbitre. On dit aussi en amour qu'il ne faut point de tiers, si ce n'est pour appareiller, aussi une femme qui fait ce métier s'appelle en Espagnol tercera.
Il y a aussi au Palais des tiers referendaires, & en matiére de Taxe de dépens on appelle le tiers celui qui régle les dépens, dont les Procureurs ne sont pas d'accord.
Tiers & danger, termes d'eaux & forêts, c'est un droit qui appartient au Roy & à quelques Seigneurs, & sur tout en Normandie, sur les bois possedez par les Vassaux. Il consiste au tiers de la vente qui se fait d'un bois, soit en argent ou en espece, & outre cela au Dixiéme: ainsi de trente arpens, c'est treize arpens: de 3000. livres, c'est 1300. livres: quelques-uns ne payent que le danger, qui est le dixiéme. La derniére Ordonnance déclare le droit de tiers & danger imprescriptible.
On dit proverbialement qu'un homme hante le tiers & le quart, qu'il médit du tiers & du quart, qu'il prend sur le tiers & le quart, pour dire indifferemment, sans choix & discretion de toutes sortes de personnes.
TON. s. m. Terme de musique, inflexion de voix qui marque diverses passions de l'ame. Un ton doux & agréable, est le ton dont on parle en conversation. Un ton aigre & menaçant, est celui qui marque un homme en colere. Un ton fier & imperieux, est celui qui commande, lors qu'on parle d'un ton de maître. Un ton moqueur & ironique, est le ton d'une personne qui a de la haine ou de l'envie. Un ton plaintif & dolent, est celui qui témoigne de l'affliction, de la douleur. Un ton de Déclamateur, de Comedien, est celui dont on use dans les harangues & sur les théatres. Ce mot de ton exprime sa principale cause, qui est la tension du corps qui le produit, le ton est grave ou aigu, selon que le corps sonnant a une differente tension, comme on voit arriver aux cordes des Instrumens.
Ton se dit particuliérement en musique de l'élevation de la voix par certains degrez ou intervalles égaux ou mesurez, qui servent à former des accords, & qui sont réglez par les nottes, ut, re, mi, fa, sol, la, si; on le dit des Instrumens aussi bien que de la voix. Il faut hausser ou baisser sa voix ou son instrument d'un ton, d'un demi ton. Un ton faux est celui qui n'est pas juste. Le ton mineur est la difference de la quinte & de la sexte majeure, ou de la quarte & de la tierce mineure: il est composé de deux demi tons l'un majeur & l'autre mineur, & aide à composer la tierce majeure. Le ton majeur est la difference de la quinte & de la quarte; & le demi ton majeur est la difference de la quarte & de la tierce majeure. Le ton majeur surpasse le ton mineur d'un comma. Le demi ton est toûjours placé entre deux tons d'un côté, & trois de l'autre. On appelle aussi le ton majeur, le ton parfait; & demi ton mineur, le demi ton imparfait. L'intervalle en nombres du ton majeur est de 8. à 9. celui du mineur de 9. à 10.