Kitabı oku: «Essais d'un dictionnaire universel», sayfa 17
Ton se dit aussi d'une maniére de chanter ou d'accorder un instrument. Ce luth est accordé sur le ton de B quarre, on n'y peut joüer cette piéce qui est sur B mol, sans changer de ton. C'est le Maître de Musique qui donne le ton pour accorder les Instrumens, pour commencer à chanter. On dit aussi le ton enrhumé. Dans le plein chant on dit les 8. tons du Magnificat, le ton de la Préface, de l'Evangile, &c.
Ton se dit aussi en peinture d'un degré de couleur par rapport au clair obscur.
Ton se dit figurément en Morale. Depuis la perte de son procés, il a bien changé de ton, il est bien humilié, il parle bien d'une autre maniére. Cet homme l'a pris sur un ton trop haut, pour dire, Il ne pourra soûtenir ce qu'il a entrepris. On dit aussi ironiquement, il est bon sur ce ton-là, pour dire, qu'une chose est ridicule ou mal fondée.
TROMPE, s. f. vieux mot qui signifioit autrefois la même chose qu'à present trompette: il se dit encore en cette phrase, tout ce qu'on veut faire sçavoir au peuple se publie à son de trompe. On l'a crié à trois briefs jours à son de trompe.
La Trompe de chasse est une espece de cor ou grand tuyau de cuivre recourbé & qui fait un tour au milieu comme un cercle ou un anneau, elle sert pour appeller les chiens.
Trompe, est un petit instrument de leton ou d'acier, dont se servent les laquais pour en tirer quelque harmonie; elle est faite de deux petites branches & d'une languette au milieu qui fait ressort & qu'on remuë sans art avec les doigts tandis qu'on la tient entre les dents; elle rend un son fremissant, modifié par le mouvement de la langue, & l'ouverture de la bouche, ce qui cause un bourdonnement sourd assez agréable. On l'appelle aussi gronde & rebube, & quelques-uns trompe de Bearn.
Trompe en termes d'Architecture, est une espece de voûte trés-artistement taillée, dont la clef est en l'air & qui semble n'être soûtenuë de rien, sur laquelle pourtant on éleve des murailles de pierre. La trompe du château d'Anet, & celle de la ruë de la Savaterie sont fort estimées par Philbert de Lorme qui bâtit cette derniére en faveur d'un de ses amis.
Trompe se dit aussi d'un membre particulier qu'ont les Elephans, qui leur sert de main, qui est comme un nez allongé qui leur sort du milieu du front, à laquelle est joint un petit Appendice en forme de doigt. Le Cameleon a aussi une trompe, qui est sa langue qu'il lance hors de sa gueule comme s'il la crachoit, puis il la racourcit en un moment, lors qu'il la retire: elle lui sert comme la trompe de l'Elephant pour prendre sa nourriture. Le microscope nous a fait aussi découvrir une espece de petite trompe dans les mouches & cousins, par le moyen de laquelle ils succent le sang des animaux ou les liqueurs pour se nourrir. Quelques Medecins appellent aussi la trompe de la matrice les cornes de la matrice des brutes, qu'on appelle autrement portiéres.
Tromper, v. act. abuser de l'ignorance ou de la facilité de quelqu'un, lui faire passer des choses pour autres qu'elles ne sont. Dieu ne peut tromper, ni être trompé. Un Marchand tromperoit son pere sur sa Marchandise. Il y a peu de personnes qui ne trompent au jeu, quand ils le peuvent faire.
Tromper, avec le pronom personnel, se dit de soy-même, quand par erreur on prend une chose pour une autre. Les plus grands esprits sont sujets à se tromper. Cet homme, si je ne me trompe, est un hypocrite. Ces jumeaux se ressemblent si fort qu'il n'y a personne qui ne s'y trompe. Ménage croit que ce mot vient de l'Espagnol traupa, qui signifie un instrument à prendre des souris que les Italiens appellent trappola, & les Latins decipula.
Tromper, se dit aussi des choses qui sont cause que nous sommes trompez. Le calme, le beau temps nous a trompez, nous a fait mettre en chemin. L'œil nous trompe; nous fait voir les choses autres qu'elles ne sont. Sa maladie ne m'a pas trompé; je n'en ay jamais eu bonne opinion. Cette perspective trompe agréablement. Cette grêle a trompé l'esperance des Laboureurs.
Tromper, se dit figurément en choses morales. Les passions trompent nôtre jugement. On est bien trompé par l'apparence. Le malin esprit nous trompe par des illusions, par des songes & des visions trompeuses.
TROMPETTE. s. f. Terme de guerre. Instrument de musique qui est le plus noble des instrumens à vent portatifs, qui sert à la guerre dans la Cavalerie pour l'avertir du service. On la fait d'ordinaire de leton, & on en peut faire de fer, d'étain, de bois ou d'argent. Moïse en fit faire deux d'argent qui servoient aux Prêtres, comme il est porté dans le dixiéme chap. des Nombres; & Salomon en fit faire 200. mille, telles que Moïse avoit ordonnées, comme témoigne Josephe, livre 8. ce qui fait voir que c'est le plus ancien des instrumens. La trompette est composée d'un bocal par où on l'embouche, large de dix lignes, quoy que le fonds ne soit que de trois lignes. Les deux premiers canaux qui portent le vent s'appellent branches; les deux endroits par où elle se recourbe & replie s'appellent potences, & le canal qui est depuis la seconde courbure jusqu'à son extrêmité s'appelle pavillon; les endroits où les branches se peuvent briser & séparer ou souder, s'appellent les nœuds, qui sont au nombre de cinq; & qui en couvrent les jointures. On appelle Banderolle le petit étendart armorié qui est attaché à ses branches, & bandereau le cordon qui sert à la pendre au cou de celui qui en sonne. Quand on en ménage bien le son, il est de grande étenduë, & il passe les quatre octaves qui sont l'étenduë des claviers des épinettes & des orgues, & il peut aller jusqu'à 32. intervalles. Le jeu de la trompette dépend de l'adresse de celui qui l'embouche, qui est obligé de mettre le bout des lévres dans le bocal. A la guerre il y a huit principales maniéres de sonner la trompette; la premiére s'appelle le cavalquet, dont on se sert quand l'armée approche des Villes, ou quand elle passe par dedans durant la marche; la seconde s'appelle le Boute-selle; dont on use quand on veut déloger ou marcher, & puis on fait suivre la levée du Boute-selle; la troisiéme est quand on sonne à cheval, & puis à l'étendart; la quatriéme est la charge; la cinquiéme est le guet; la sixiéme s'appelle double cavalquet; la septiéme la chamade; & la huitiéme est la retraite. On fait aussi des fanfares avec la trompette dans les réjouïssances.
On dit figurément qu'un Ange viendra avec la trompette annoncer le jour du Jugement & réveiller les morts pour y comparoître. Les Payens ont mis aussi une trompette à la bouche de la Renommée, dont ils ont fait une divinité fabuleuse. Les Poëtes disent qu'ils sont les trompettes de la gloire des Heros. Cet Ecrivain a été la trompette de la guerre qui a publié des manifestes qui ont été cause de la guerre. Ménage dérive ce mot du Grec strombos qui signifie une conque dont on usoit autrefois au lieu de trompette.
Il y a aussi dans l'orgue un jeu de trompettes qui a huit pieds de long & qui s'élargit par en haut comme le Pavillon des trompettes militaires: il a environ un demi pied de diametre par en haut, & un pouce & demi par en bas. Il y a aussi une trompette de pedales qui est de huit pieds; ce jeu est accordé à l'octave de la montre.
On appelle en général trompettes & clairons les tuyaux qui s'élargissent par en haut.
Trompette marine est un instrument de musique composé de trois tables, qui forment son corps triangulaire, elle a un manche fort long & une seule corde de boyau fort grosse montée sur un chevalet qui est ferme d'un côté sur un de ses pieds, & tremblotant de l'autre côté sur un pied qui n'est point attaché à la table; on la touche d'une main avec un archet, & de l'autre on presse la corde sur le manche avec le pouce, c'est ce tremblement du chevalet qui lui fait imiter le son de la trompette, ce qu'elle fait si parfaitement qu'il n'y a presque pas moyen de la distinguer de la trompette ordinaire, & c'est ce qui lui a fait donner ce nom, quoy que d'ailleurs ce soit une espece de monocorde.
Trompette parlante, est une trompette longue de sept à huit pieds & quelquefois de quinze, qui est toute droite, faite de fer blanc, & qui a un fort large pavillon, son bocal est assez large pour y introduire dedans les deux lévres; que si on parle dedans, elle porte la voix jusqu'à mille pas & se fait entendre distinctement. On dit que l'invention en est moderne, & est du Chevalier Morlan Anglois, néanmoins le Pere Kircher a donné la figure d'une trompette dont il dit qu'Alexandre se servoit pour parler à son armée, qui est presque la même chose, à la réserve que celle-ci se divise en deux tuyaux, qui par aprés se rejoignent.
Trompette, s. m. est le Cavalier qui sonne de cet instrument. Ce sont les trompettes qu'on envoye aux assiégez pour les sommer de se rendre, pour leur faire sçavoir quelque chose.
Trompette se dit proverbialement en ces phrases. On dit qu'un homme est bon cheval de trompette, qu'il ne s'étonne pas pour le bruit, quand il ne se soucie pas des crieries qu'on peut faire contre lui. On dit qu'il faut déloger sans trompette, quand on chasse quelqu'un, quand on l'oblige de s'enfuir avec précipitation: On dit aussi à gens de village trompette de bois, pour dire qu'il faut faire aux gens des traitemens proportionnez à leur condition.
Trompetter. v. act. publier à son de trompe & à cri public dans les marchez, dans les carrefours, quelque Réglement, quelque Ordonnance de Police, quelque ajournement à trois briefs jours. Un tel a été trompetté pour la troisiéme fois.
Trompillon. s. m. petite trompe d'Architecture. Les voutes ou trompillons sous les marches droites d'un escalier se toisent pour mur sans reins.
TRUAND, ande. adj. mendiant valide qui demande l'aumône & qui aime la fainéantise, qui fait un métier de gueuser: Ce mot est fort ancien. L'Abbé Guibert en son Histoire de Jerusalem represente la vie & les gestes des gueux & truands qui suivirent l'armée croisée, qu'il nomme trudents. Leur Capitaine fut un Chevalier de Normandie qui se fit nommer le Roy Thafur, & il remarque que ces gens firent grand peur aux Sarrasins, qui craignoient fort de tomber entre leurs mains, parce qu'ils étoient antropophages; cette Royauté a toûjours continué depuis; & à present les gueux de France nomment leur Roy Le grand Cosroê, & le Roy de Thunes, comme on voit dans le jargon de l'Argot. Pasquier & Ménage aprés lui prétendent que le nom de truand vient d'un vieux mot gaulois treu ou trud qui signifioit tribut, dont la pesanteur, disent-ils, avoit réduit ces gens à la mendicité, mais ils se trompent, parce que ce nom est bien plus ancien: car les Tailles ne furent imposées que du temps de Saint Louïs: outre que leur libertinage les rendoit exempts de toutes impositions. C'est pourquoy d'autres disent qu'il vient de molæ trusatiles, qui signifient les moulins à bras, qui étoient tournez par des gueux & des miserables avant l'invention des autres dont on se sert. D'autres croyent que ce nom vient d'un oiseau de marais qui a le pied d'oye & la taille d'un cigne, que les Latins appellent truo, & les Grecs Onocrotale, parce que cet oiseau a une bourse tenant à la partie inferieure du bec, qui descend en poche ou besace, où il ramasse toutes les bribes qu'il trouve, pour les retirer & manger à loisir, ce qui a fait qu'on a nommé truands, les gueux qui font la même chose.
On appelle truands en Espagne, les Bouffons, Bâteleurs, joüeurs de gibeciére & faiseurs de tours de passe-passe. Borel dit que ce mot signifioit autrefois gens de pied, & des gens mal-propres & sales; comme qui diroit des Tripiers, qui ont donné le nom à la ruë de la truanderie à Paris où demeuroient les Tripiers.
Il y a quelques coûtumes qui font mention d'un cens truand, dormant ou mort, c'est à dire, qui ne porte aucun profit, ni droits Seigneuriaux, qui n'est qu'une espéce de Rente Roturiére. Il y a un vieux Proverbe cité dans l'indice de Ragueau, qui dit qui fit Normand, fit truand. Ce qui vient de ce que dit Pasquier que les Normands ont été les plus chargez de trus, qui en vieux gaulois signifioit impost.
Truandaille, s. f. Vieux mot qui signifie aussi gueux ou vau-rien. On trouve ce mot employé dans la vieille Bible des Noëls. Vous ne semblez que truandailles, vous ne logerez point céans.
Truander, v. n. Demander l'aumône par libertinage & pure faineantise. Il y a des gens qui sont nez avec l'inclination de truander, on dit maintenant trucher.
Turbit, s. m. Espéce de petite plante que les Latins nomment tripolium, c'est aussi l'écorce d'une racine laiteuse. Il doit être obscur au dehors, blanc au dedans & nettoyé de son cœur dur & fibreux, & n'être ni moisi, ni chansi, ni vermoulu; il doit être aussi gommeux, car il contient au dedans de la resine.
Dioscoride dit, que le turbit blanc est la racine d'une herbe nommé alypum ou alypia, dont les jettons & les feüilles sont menuës, les fleurs tendres & legéres, & qui a sa racine comme la Bette; sa racine est grêle & pleine d'un jus acre & piquant, sa graine semblable à celle d'Epithymum. Il dit aussi que ses fleurs changent trois fois de couleur par jour, car au matin elles sont blanches, sur le midy purpurines, & deviennent rouges sur le soir: il dit encore que ses feüilles sont semblables au pastel & qu'il croît sur le bord de la mer. Turbit est le nom que les Arabes donnent au tripolium.
Mathiole dit, que le turbit est la racine de pityusa, qui est une espéce de tithymale que les Apoticaires appellent Esula major. Le turbit est une drogue dangereuse parce qu'elle purge trop violemment.
Les Chymistes appellent aussi turbit mineral, &c.
V
VARECH. s. m. Terme de Marine. C'est une herbe qui croît sur les rochers, que la mer arrache en montant & jette sur ses bords. Les Riverains s'en servent pour engraisser leurs terres: cette herbe est ainsi appellée sur les côtes de Normandie. Sur celles de Bretagne on la nomme Goüesmon, & sur les côtes du païs d'Aunis Sar. Tout ce que la mer jette sur ses bords, soit de son crû, soit qu'il vienne de bris & naufrage, est de là appellé Varech sur les côtes de Normandie; & dans cette même Province les droits que les Seigneurs des Fiefs voisins de la mer prétendent sur les effets qu'elle pousse sur son rivage, est appellé droit de Varech: on l'appelle en d'autres lieux chose du flot.
Les Réglemens pour le Varech sont contenus au tître 10. du livre 4. de l'Ordonnance de la Marine, il est défendu de couper le Varech la nuit, & hors des temps réglez. On l'appelle autrement Vraicq.
La Coûtume de Normandie a un tître particulier du Varech, qu'elle appelle autrement, choses gayves, où elle ne parle point de l'herbe, mais elle comprend seulement les choses que l'eau jette à terre par tourmente & fortune de mer, ou qui arrivent si prés de terre, qu'un homme à cheval y puisse toucher avec sa lance, article 598. Ménage tient que ce mot vient de l'Anglois Vrac, qui signifie bris & naufrage.
VARENNE. s. f. Plaine, étenduë de païs uni, qui ne se fauche, ni ne se laboure, fonds plat entre des côtaux. Les habitans de ce Village menent paître leurs bestiaux dans la Varenne où il y a de bons pâturages. La Varenne du Louvre est une Jurisdiction qui se tient au Louvre, établie pour la conservation de la chasse dans les plaines qui sont à six lieuës à la ronde de Paris.
VENT. s. m. Agitation de l'air. Air rarefié. L'Ecriture dit que Dieu tire le vent de ses tresors. Descartes démontre la formation du vent par la comparaison des Eolipiles. Le vent est mis au rang des Méteores. On fait du vent avec un éventail en remuant l'air; les anciens croyoient que les Cavales du Portugal concevoient du vent, à cause de leur vîtesse. En ce sens on dit qu'il fait vent, que le vent s'éleve, que le vent souffle de ce côté-là, qu'une maison est à l'abry du vent, du mauvais vent, quand elle en est à couvert; que des arbres sont à plein vent, quand ils ne sont point attachez à quelque muraille.
On appelle Vent-coulis un petit vent qui entre par l'ouverture des portes, ou des fenêtres & cloisons qui joignent mal.
Vents sous-terrains sont les vents enfermez dans les entrailles de la terre, & qui sont cause de ses tremblemens.
Vent, signifie simplement de l'air. Bailler vent à un tonneau; ce tuyau prend vent, ce soufflet prend vent; un balon est rempli de vent.
Vent, signifie encore l'haleine, l'air qu'on respire. Il faut faire une pause pour reprendre son vent. Ce plongeon retient bien son vent. Ce Trompette a bon vent. Tirer son vent, c'est respirer.
Vent signifie aussi l'air enfermé dans le corps des animaux, quand il sort par haut ou par bas. Cet homme est travaillé de vents. La bile engendre bien des vents. Il a lâché un vent par derriére. En Médecine on connoît une hydropisie de vents.
Vent, signifie aussi une chose petite & legére: Vivre de vent, c'est à dire, presque de rien: se repaître du vent, de chiméres, la gloire de ce monde n'est que du vent. Il croyoit gagner beaucoup en cette affaire, mais il n'en retirera que du vent. Ce mets n'est point solide, ce n'est que du vent. On a crû que le Cameleon vivoit de vent, quoi qu'il vive de petites mouches qu'il attrape avec sa langue.
En ce sens il signifie figurément vanité, orgueil. Cet homme a bien du vent dans la tête.
En Musique on appelle instrumens à vent, ceux que l'air ou le vent fait joüer, comme les orgues, les flûtes, la musette, la trompette, la saquebutte, le cor, &c.
Une arquebuse à vent, est celle qu'on charge avec du vent condensé. Moulin à vent, celui que le vent fait tourner.
Vent, en termes de venerie se prend pour l'odeur & le sentiment qu'une bête laisse en son passage. Le cerf est de plus grand vent & de sentiment que le liévre, il fuit toûjours à vau le vent, & ne met jamais la gueule ni le nez dedans le vent. Le sanglier prend le vent de toutes parts, pour sentir & flairer s'il n'y a rien qui luy puisse nuire. On dit aussi chasser au vent, pour dire chasser contre le vent. On dit le vent du trait lors que le cerf a eu le matin le vent du limier; ce qui fait qu'il s'en va souvent de hautes erres, & l'on trouve buisson creux. On dit aussi qu'il ne faut pas se fier aux chiens, qui en veulent au vent, c'est à dire, qui ne mettent point le nez à terre.
En terme de Fauconnerie on dit qu'un oiseau va à vau le vent, quand il a la queuë ou le balay au vent; qu'il va contre le vent quand il a le bec au vent; & qu'il va aise au vent, pour dire qu'il vole à côté du vent. On dit qu'il bande au vent quand il se tient sur les chiens, faisant la crecerelle. On dit aussi qu'il tient bec au vent, qu'il chevauche le vent, lors qu'il résiste au vent, sans jamais tourner queuë. On appelle à la chasse vent leger, le vent qui est propre à la chasse, qui n'est point trop fort, mais doux & gracieux; c'est un vent clair lors qu'il souffle pendant que le Ciel est serain.
En ce sens il signifie figurément un bruit confus, une connoissance imparfaite qu'on a de quelque chose. Cette entreprise étoit fort secrette, néanmoins on en a eu quelque vent, on en a senti le vent. On a bien cherché les Auteurs de ce vol, mais on n'en a ni vent, ni voix, quelques-uns disent, voyes.
Vent du Bureau, se dit au Palais des Nouvelles qu'on apprend, qu'on découvre, du sentiment qu'ont les Juges d'une affaire qu'on leur rapporte, quand ils s'ouvrent un peu trop. Il faut accommoder cette affaire, le vent du Bureau n'est pas pour nous.
Vent en terme de Manége se dit en parlant d'un cheval qui commence à être poussif: ce cheval a du vent. On dit aussi qu'il porte le nez au vent, ou qu'il porte au vent, quand il tient la tête haute, comme font les chevaux Croates, ou Cravates. On le dit aussi des hommes qui levent trop la tête.
Vent, en termes de Marine se dit aussi de cette agitation de l'air considerée comme le fondement de toute la Navigation, ainsi on dit avoir bon vent, ou vent arriére, pour dire vent en pouppe.
Vent de quartier, c'est le vent qui souffle à côté, & qui est meilleur que le vent en pouppe, lequel ne donne pas dans toutes les voiles, à cause que l'artimon l'en empêche: Vent à la Bouline, c'est à dire, qui se prend de côté. Ce qu'on appelle un lit de vent, qui s'étend jusqu'à cinq ou six Rumbs éloignez de la route; on l'appelle aussi vent largue. Un rumb de vent, c'est la route que fait le vaisseau en suivant un des 32. vents marquez sur la boussole. Mettre la voile au vent, c'est à dire, partir. On dit qu'un vaisseau est battu du vent, du mauvais vent, quand il a souffert un orage. On navige à tous vents. Vent de terre est celui qui repousse les vaisseaux en mer, & empêche qu'ils n'abordent.
On dit avoir vent devant, faire vent devant, prendre vent devant, pour dire prendre le vent par prouë; ce qu'on appelle aussi être debout au vent; avoir le vent contraire. On dit aussi tenir au vent, pour dire naviger malgré le vent contraire.
On dit aussi être au vent d'un vaisseau, passer au vent d'un vaisseau; monter au vent, lui gagner le vent, avoir l'avantage du vent, le dessus du vent, lors que le vent porte un vaisseau sur un autre, & au contraire être sous vent, c'est avoir le desavantage du vent; être à vau le vent, c'est se laisser aller selon le cours du vent. On dit aussi être porté d'un bon vent, pour dire d'un vent foible; serrer le vent, pour dire prendre l'avantage du vent de côté: Bouliner le plus qu'il est possible pour se servir du vent qui souffle. Tomber sous le vent c'est perdre l'avantage du vent. On dit aussi que le vent tombe lors qu'il cesse, qu'il fait place au calme, & qu'il ne fait point de mer. On appelle aussi partager le vent, chicaner le vent quand on le prend en louviant, en faisant plusieurs bordées tantôt d'un côté, tantôt de l'autre. On dit que le vent se fit nord, qu'il se rangea au sud, qu'il vint à l'oüest, pour dire que le vent changea & soufla de ces côtez-là.
Mettre le vent sur les voiles, c'est empêcher que les voiles ne prennent du vent, les disposer en une situation paralelle au vent, en sorte qu'il ne fasse que les raser, ou friser. On appelle le beau temps vent gaillard, une fraîcheur vent à volonté, & favorable.
Vents Cardinaux, ce sont les principaux vents qui souflent aux quatre points Cardinaux de l'horison. On appelle un vent réglé, ou alisé celuy qui est favorable, & qui se maintient sans sauter d'un Rumb à l'autre. On le dit aussi des vents de saison, qui souflent toûjours en même saison sur certaines côtes, comme la monson dans les Indes, les vents Etesiens, &c.
Vents d'aval, ce sont des vents mal-faisans qui viennent de la mer & du Midy; ceux qui font des Relations, les appellent Brises, ou vents d'abas, vers les côtes de Canada & de la Floride, ils sont grandement vehemens.
Vent d'Amont, c'est un vent qui vient de terre & d'en haut, & d'Orient.
Vent frais est celui qui est doux & rafraîchissant sur terre, ou qui est favorable sur la mer.
On appelle coup de vent un orage ou une tempête qui dure souvent plusieurs jours, & grain de vent un orage subit & violent, qui d'ordinaire desempare les vaisseaux, & ruïne les manœuvres. On l'appelle aussi dragon de vent, tourbillon, les Portugais œil de bœuf, les Levantins typhon & syphon.
Les vents les plus dangereux sur les côtes Occidentales sont l'Est & Suroüest, ou Lebecio, & le Nortoüest, qu'on nomme galerne; & sur la Mediterranée aux côtes d'Europe sont le Sud nommé Austro, & le Nort-est ou bise nommé Græco; & le plus dangereux de tous est le Circius, que les Anciens nommoient Typhon.
Les Anciens ont fort varié sur le nombre des vents. Aristote n'en compte que onze, & obmet Libonotus; Vitruve en met vingt-quatre, les modernes trente-deux.
En tout l'Ocean les vents ont des noms Allemans & Flamens, sur la Mediterranée des noms Italiens. Voici leurs noms modernes avec les anciens Grecs & Latins pour les faire mieux connoître.
Est, ou vent Oriental, solaire & équinoctial; vent d'Amont sur l'Ocean, sur la Mediterranée Levante, en Grec Apeliotes, en Latin Solanus.
Est quart sudest, hypeliotes subsolanus.
Est sudest, demi rumb, ornithias, ethesias, aviarius.
Sudest, nordest, quart dest, Elioteurus, Meseurus.
Sudest en l'Ocean: en Mediterranée Siroco, Eurus.
Sudest quart de sudest, Vulturnus.
Sud sudest, Euronotus, Phænicias.
Sud quart de sudest, Altanus.
Sud, vent de Midi, ou Meridional, Autan en l'Ocean: en Italien Abrego, mezzodi, austro, marin vent d'aval sur la Mediterranée, en Latin Auster, en Grec Notus.
Sud quart sud-oüest, Hyponotus, Sub-auster.
Sud sud-oüest, demi vent, Libonotus.
Sud-oüest quart de sud, Mesolibs.
Sud-oüest en l'Ocean: Afro, Garbino, Lebeschio en Mediterranée, Africus, libs, c'est celui qui fait geler les vignes.
Oüest, quart de sud-oüest, Subvesperus.
Oüest sud-oüest, demi vent Libozephirus.
Oüest quart de Sud-oüest, Mezozephirus, Etesiæ.
Oüest, vent Occidental, vent d'aval, vent d'abas, Brises en l'Ocean: Ponente, vent de Ponant, en la Mediterranée: Favonius, Zephirus.
Oüest quart de Nort-oüest, Circius.
Oüest Nort-oüest, demi vent, Argesto Zephirus, Caurozephirus.
Nort-oüest quart d'oüest, Leuconotus, Albicaurus.
Nort-oüest en l'Ocean: Maestral ou Maestro, Gaillego en la Mediterranée, Argestes, Caurus, Corus.
Nort-oüest quart de Nort, Hypargestes, Scyron, Olimpias.
Nort Nort-oüest, demi vent, Thrascias.
Nort quart de Nort-oüest, Supernas.
Nort, bize en l'Ocean: Nordebrida, Tramontana en la Mediterranée, Aparctias, Boreas, Septentrio.
Nort quart de Nort-est, Gallicus, Hypoboreas.
Nort Nort-est demi vent, Aquilo, Meses. Nort-est quart de Nort, Hypomeses, subaquilo.
Nort-est, galerne, sur l'Ocean: Greco, Gregale en Mediterranée, Cæcias, Hellespontius, Japix.
Nort-est quart d'est, Hypocæcias.
Est Nort-est, demi vent, Cæcieliotes.
Est quart de Nort-est, Carbas.
Les vents Ethesies & Ornithies sont expliquez à leur ordre.
Il faut noter qu'en Italien la troisiéme division des vents se fait par la conjonction de deux vents les plus voisins, comme Græco tramontana, Maëstro tramontana; & pour la quatriéme division on les appelle les quartes, comme la quarte de la tramontane au Grec. La quarte du Lebesche au Ponant. Et à l'égard de ces quartes qui étoient inconnuës aux Anciens; leurs noms sont la plûpart inventez par les modernes & factices. Les vents qui souflent entre les points Cardinaux s'appellent vents collateraux.
Vent se dit proverbialement en ces phrases: mettre flamberge au vent, pour dire tirer l'épée. On dit qu'il ne fait ni vent, ni haleine, pour dire qu'il y a un grand calme. On dit qu'un homme vend du vent, de la fumée, quand il promet des choses qu'il ne peut tenir. On dit aussi qu'il pleut à tous vents, pour dire qu'il peut venir du bien & du mal de tous côtez. On dit qu'un homme s'en est allé plus vîte que le vent, quand il s'en est enfuy avec grande diligence. On dit quand on fait une mauvaise comparaison, que cela ressemble comme à un moulin à vent.
On dit des promesses vaines & qu'on ne veut pas tenir, autant en emporte le vent. Jetter la paille ou la plume au vent, quand on est incertain de ce qu'on doit faire, quand on s'en raporte au hasard. Petite pluye abat grand vent. Fendre le vent, pour dire s'en aller, faire banqueroute. On dit d'un miserable qui ne sçait de quel côté se tourner pour faire fortune, qu'il regarde de quel côté vient le vent; & d'un homme en fortune, qu'il est au dessus du vent, qu'il a vent en pouppe; & de celui qui fait une entreprise mal à propos, qu'il va contre vent & marée.
On dit d'un homme leger & inconstant, que c'est une giroüette qui tourne à tous vents: & d'un homme logé dans un lieu mal fermé, qu'il est logé aux quatre vents.
VENTRE. s. m. partie de l'animal, qui dans sa capacité enferme les entrailles, ou les autres choses nécessaires pour faire agir toutes ses facultez. Les Medecins divisent le corps humain en trois ventres, régions ou capacitez; le premier est la tête, le second la poitrine jusqu'au diaphragme; & le troisiéme celui où sont les intestins: & c'est celui-ci qu'on appelle plus communément le ventre. Ce ventre inferieur se subdivise en trois régions; la premiére & la plus haute s'appelle Epigastrique, & s'étend depuis l'os Xiphoïde jusqu'auprés du nombril; la seconde Umbilicale, qui est aux environs du nombril; elle a trois ou quatre doigts de large, & contient les lombres & les reins: la troisiéme est l'Hypogastrique, qui s'étend jusqu'aux parties honteuses, c'est proprement ce qu'on appelle le bas ventre: Hippocrate l'appelle estron, ses deux côtez s'appellent les flancs, & ses plus basses extrêmitez s'appellent les aines, que les Grecs nomment boubons.
Ventre, signifie aussi la partie exterieure du bas ventre. Le nombril est au milieu du ventre. Il a de l'eau jusqu'au ventre. On lui a donné un coup de pied dans le ventre. On lui a dansé à deux pieds sur le ventre: & figurément il est à la paille jusqu'au ventre, pour dire il est bien à son aise, il est fort riche. On dit qu'on a passé sur le ventre à ses ennemis, pour dire qu'on les a défaits & mis en fuite. En ce dernier sens on dit qu'un homme a un benefice de ventre, quand il a un petit cours ou flux de ventre qui lui lâche le ventre, qui lui rend le ventre libre, qui l'empêche d'avoir le ventre dur, qui lui fait décharger son ventre. On dit aussi se coucher sur le ventre; des douleurs de ventre quand on a la colique. Les organes naturels qui servent à la digestion & à la génération sont contenus en la basse région du ventre.
Ventre, se dit aussi de l'estomac, qui est enfermé dans la même capacité, & qu'on appelle pour cela petit ventre. Jonas fut trois jours dans le ventre de la Baleine. On nous a donné une bonne carrelure de ventre, pour dire un bon repas. Le ventre lui tire, pour dire il y a long-temps qu'il n'a mangé; qu'il n'a rien dans le ventre, c'est à dire dans l'estomac. Cet homme est sujet à son ventre, il fait son Dieu de son ventre: il est raisonnable de servir Dieu devant son ventre.
Ventre, signifie aussi la poitrine, & c'est en cette seconde concavité ou région, où est situé le cœur: en ce sens on dit tant que le cœur me battra dans le ventre. Il lui a crevé le cœur au ventre; & figurément on dit de celui à qui on ôte ce qu'il aime, c'est lui arracher le cœur du ventre; & de celui qu'on a encouragé, on lui a remis le cœur au ventre. Les organes qui servent à la respiration & au battement du pouls sont compris dans ce ventre moyen.