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Kitabı oku: «Œuvres complètes de lord Byron, Tome 10», sayfa 10

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LETTRE CXXX

À M. MURRAY

26 août 1813.

«J'ai lu et corrigé une épreuve, mais pas avec assez de soin, et Dieu sait si vous pourrez la lire, sans que votre œil y découvre encore quelques bévues des compositeurs ou de moi. Si vous en avez la patience, relisez-la. Connaissez-vous quelqu'un qui puisse s'occuper des points, des virgules, etc.; car on dit que moi, je ne suis pas très-fort sur votre ponctuation. Ce n'est pas sans peine que je suis parvenu à ne plus rien ajouter à ce malheureux poème, qui va toujours s'alongeant comme un serpent qui développe ses anneaux. Il est maintenant d'une taille effroyable, plus long qu'un chant et demi de Childe-Harold, c'est-à-dire huit cent quatre-vingt-deux vers, y compris toutes les additions.

«Les derniers vers plaisent à Hodgson, ce qui ne laisse pas d'être rare. Quand il désapprouve quelque chose, il le dit avec une énergie extraordinaire; j'enrage et je corrige. Je les ai jetés là pour adoucir un peu la férocité de notre infidèle, et vu sa position d'homme mourant, je lui donne une assez longue apologie de lui-même…

«Je suis fâché que vous avez dit que vous restiez en ville à cause de moi; j'espère sincèrement que vous ne poussez pas la complaisance jusque-là.

«Et nos six critiques! Il y aurait de quoi fournir la moitié d'un numéro du Quarterly, mais nous sommes dans le siècle du criticisme.»

LETTRE CXXXII 48

Note 48: (retour) Nous sommes obligés de sauter la Lettre 131: elle roule en entier sur des corrections nécessitées, suivant l'auteur, par la grammaire et la prosodie anglaise. Il est impossible de traduire ces variantes, d'ailleurs peu importantes; puisqu'en passant dans notre langue, les différentes versions ne conserveraient point, ou ne conserveraient que fort peu de différence.(N. du Tr.)

A M. MURRAY

12 octobre 1813.

«Il faut que vous relisiez le Giaour avec soin; il y a quelques fautes de typographie, surtout dans la dernière page. «Je sais que cela était faux; elle ne pouvait mourir.» Il y avait, et il faut, je savais. Corrigez, je vous prie, cette faute et d'autres de même nature.

«J'ai reçu et lu le British-Review. En vérité, je crois que l'auteur de l'article a raison sur la plupart des points. La seule chose qui me mortifie est de me voir accusé d'imitation. Je n'ai jamais vu le passage de Crabbe; quant à Scott, je ne l'ai suivi que dans sa mesure lyrique, qui est celle de Gray, de Milton, et de quiconque veut l'adopter. Le caractère que j'ai donné au Giaour est certainement mauvais, mais non pas dangereux; et je crois que ses sentimens et sa destinée trouveront peu de prosélytes. Je serai charmé de recevoir de vos nouvelles, mais ne négligez pas vos affaires pour moi.»

LETTRE CXXXIII

A M. MOORE

Bennet-Street, 22 août 1813.

«Comme notre ancienne, je dirais presque notre défunte correspondance, tenait trop du levain de la vie de Londres, maintenant paulò majora: il nous faut, s'il vous plaît, parler de la littérature dans toutes ses branches; et d'abord de la plus importante de toutes, du criticisme. Le prince est à Brighton, et Jackson le boxeur est à Margate, où il a, je crois, entraîné Yarmouth pour voir un terrible combat dans ce charmant pays. Mme de Staël a perdu l'un de ses jeunes barons, qui a été tué dans un café à Scrawsenhawsen, par un misérable adjudant allemand. Corinne est dans l'état où seraient toutes les mères à sa place, mais je gagerais qu'elle fera ce dont bien peu de mères s'aviseraient, qu'elle écrira un essai là-dessus. Elle ne saurait exister sans quelque chagrin et sans quelqu'un pour voir et pour lire comment le chagrin lui sied. Je ne l'ai pas vue depuis cet événement; j'en juge, avec peu de charité, sans doute, d'après mes observations antérieures.

»L'article sur le Giaour est le second de l'Édinburgh-Review. Ce recueil est toujours dans le sens de Leith, où est le vent? L'article en question est si sucré, si sentimental, qu'il faut qu'il ait été écrit par Jeffrey amoureux; vous savez qu'il est allé en Amérique épouser une belle dont il était éperdument amoureux depuis plusieurs années. Sérieusement, comme Wimfred Jenkins le dit de Lismahago, M. Jeffrey ou son lieutenant en agissent très-bien envers moi, et je n'ai rien à dire. Toutefois je dirai que si vous ou moi nous étions coupé la gorge pour lui, il aurait bien ri, tandis que nous eussions fait vilaine figure dans nos œuvres posthumes. À propos de cela, j'ai été choisi l'autre jour pour médiateur entre deux gentlemen altérés de carnage; après une longue lutte entre le désir naturel de voir ses semblables s'entre-détruire et le chagrin de voir des hommes faire des sottises pour rien, je suis parvenu à décider l'un à demander excuse, et l'autre à s'en contenter, et tous deux à vivre heureux et contens à l'avenir. L'un était pair, l'autre un de mes amis non titrés; tous deux y allaient beau jeu bon argent; et l'un, le plus doux des hommes, brave, outre cela, et si bon tireur, qu'encore que l'autre soit aussi mince que possible, il l'eût fendu en deux comme un jonc. Somme toute, ils se sont admirablement conduits; et moi, je les ai tirés d'affaire aussitôt que je l'ai pu.

»On vient de publier en Amérique une vie de feu G. F. Cooke, l'acteur comique. Quel livre! je crois que, depuis les mémoires de Barnaby l'ivrogne, rien de semblable n'avait abreuvé la presse. Le foyer, la taverne, les verres de vin, l'eau-de-vie, le punch au whiski, la liqueur du palmier débordent à chaque page. Deux choses m'étonnent dans cette publication: d'abord, qu'un homme puisse vivre si long-tems ivre, et puis qu'il trouve un homme sobre qui se fasse son biographe. Il y a cependant des choses fort plaisantes dans cet ouvrage, mais les bouteilles qu'il a bues et les rôles qu'il a joués y sont trop régulièrement enregistrés.

»Vous vous étonnez que je ne sois pas encore parti, et moi de même, mais les bruits de peste sont réellement alarmans; non pas tant pour la chose en elle-même que pour les quarantaines établies dans les ports, et pour les vaisseaux venant de tous les pays, même d'Angleterre. Il est sûr que quarante ou soixante jours seraient tout aussi sottement employés à terre, mais malgré cela on n'est pas fâché de pouvoir choisir à son gré. La ville est effroyablement déserte; ce qui n'en vaut que mieux. Je suis réellement ennuyé de ne savoir pas ce que je dois faire: je compte bien ne pas rester si je puis, mais où aller? Sligo est pour le Nord: plaisant séjour que Pétersbourg au mois de septembre, avec le nez et les oreilles enveloppées dans un manchon, si l'on ne veut les voir tomber dans sa cravate ou dans son mouchoir de poche. Si l'hiver a traité Bonaparte avec si peu de cérémonie, que ne ferait-il pas d'un pauvre voyageur solitaire? Donnez-moi un soleil, n'importe à quel degré de chaleur, et du sorbet, n'importe à quel degré de froid, et mon paradis est aussi aisé à faire que celui des Persans 49. Le Giaour a maintenant plus de mille vers. Lord Fanny en fait mille comme cela à la journée, n'est-ce pas, Moore? Mauvais plaisant, allons, je vous pardonne.

Note 49: (retour) «Un paradis persan est bientôt fait; il ne lui faut que des yeux noirs et de la limonade.»(Note de Lord Byron.)

»Tout à vous, etc.

»Je m'aperçois que j'ai écrit une longue lettre sans y mettre ni ame ni cœur pour rien; je n'ai rien dit du beau sexe. Le fait est que je me trouve aujourd'hui plus embarrassé que je ne l'ai été de toute l'année, et ce n'est pas peu dire. Il est malheureux que nous ne puissions vivre ni avec ni sans les femmes.

»Je songe maintenant avec regret qu'à peine avais-je vendu Newsteadt que vous êtes venu vous fixer près de là. Êtes-vous allé le voir? Allez-y, mais ne me dites pas qu'il vous plaît. Si j'avais pu prévoir un tel voisinage, je ne crois pas que je l'eusse vendu. Vous eussiez pu y venir si souvent en garçon! car c'était tout-à-fait un séjour de célibataires; abondance de vins et d'autres sensualités; de l'espace, des livres suffisamment, un air d'antiquité surtout (excepté sur la figure des jeunes filles) qui vous aurait convenu dans vos momens sérieux, et vous aurait fait rire quand vous auriez été disposé à la gaîté: je m'étais fait bâtir une salle de bains et un caveau, et maintenant je n'y serai plus enterré. Chose étonnante, que nous ne puissions être sûrs d'un tombeau, au moins d'un tombeau déterminé! Je me rappelle à l'âge de quinze ans avoir lu vos poésies à Newsteadt, que par parenthèse je réciterais presque par cœur, encore aujourd'hui. Quand je lus dans votre préface que l'auteur était encore vivant, j'étais loin de songer que je dusse jamais le voir; quoique je ne sentisse pas la moindre disposition à devenir poète moi-même, vous pouvez croire que j'étais plein d'admiration pour vos vers. Adieu, je vous recommande à la protection de tous les dieux, indous, scandinaves et grecs.

»2e P. S. Il y a, dans ce numéro de l'Edinburgh-Review, un excellent article sur la correspondance de Grimm et de Mme de Staël. Ce fut Jeffrey qui écrivit le mien l'année passée, mais je crois que celui-ci est de quelque autre. J'espère que vous vous dépêchez, autrement cet enragé de Lucien Bonaparte nous laissera tous derrière. J'ai lu une grande partie de son ouvrage manuscrit; réellement cela surpasse tout, excepté le Tasse. Hodgson le traduit en rivalité avec un autre poète. Rogers, je crois, Scott, Gifford, vous et moi devons être juges du défi, c'est-à-dire, toutefois, si vous acceptez cette charge. Vous faites-vous une idée de la différence de nos opinions? Nous avons, je parle bien imprudemment, chacun notre manière particulière de voir, du moins vous et Scott.»

LETTRE CXXXIV

À M. MOORE

28 août 1813.

«Ah! mon cher Moore, il fut un tems que vous faisiez bien des tours, que vous étiez l'un des joyeux compagnons du roi de Bohême. Je me trompe fort, ou quelque beau printems à Londres, vers l'an de grâce 1815, ce tems-là pourrait bien revenir. Après tout, il faut que nous finissions tous par le mariage, et je ne conçois pas d'homme plus heureux que l'homme marié à la campagne, lisant les journaux du comté, et caressant la femme de chambre de sa femme; sérieusement, je serais disposé à me marier demain avec la première femme convenable, c'est-à-dire, j'y aurais été disposé il y a un mois, mais à présent…

»Pourquoi ne parodiez-vous pas cette ode 50? Croyez-vous que cela me mettrait de mauvaise humeur, ou bien l'avez-vous fait, et ne voulez-vous pas me le dire? Vous avez parfaitement raison sur le mot giamschid, je l'ai réduit à un dissyllabe il y a une demi-heure. Je suis charmé que vous parliez du Dictionnaire persan de Richardson; cela m'apprend ce que vous ne vouliez pas me dire, que vous vous mettez en mesure de battre Lucien. Au moins dites-moi où vous en êtes. Croyez-vous que je m'intéresse moins à vos ouvrages, ou que je sois moins sincère que notre ami Ruggiero? Cela n'est pas, cela n'a jamais été. Dans cette malheureuse composition, les Poètes anglais, etc., au moment où j'étais en fureur contre le monde entier, je n'ai jamais attaqué vos talens, bien que je ne vous connusse pas alors personnellement; j'ai toujours regretté que vous ne nous ayez pas donné un ouvrage de longue haleine, et que vous vous soyez renfermé jusqu'ici dans des petites pièces de poésies fugitives, belles, il est vrai, et sans rien qu'on leur puisse comparer dans notre langue, mais qui nous donnent droit d'attendre de vous un shah Nameh (est-ce là le mot?) aussi bien que des gazelles. Attachez-vous à l'Orient; Mme de Staël, l'oracle, me disait qu'il n'y avait plus que ce parti à prendre en poésie. Le Nord, le Midi et l'Ouest sont épuisés; en fait de poésies orientales, nous n'avons que les invendables productions de S***, qui est parvenu à gâter le genre en n'adaptant aux Levantins que leurs plus absurdes fictions. Ses personnages ne nous intéressent pas, et les vôtres ne sauraient y manquer. Vous n'aurez pas de rivaux; et si vous en aviez, vous devriez vous en réjouir. Le peu que j'ai fait dans ce genre n'est à votre égard que la voix du prédicateur qui crie dans le désert, et le succès que ce peu a obtenu vous prouve que le public tourne à l'enthousiasme et vous fraie le chemin.

Note 50: (retour) L'ode d'Horace,

 
Natis in usum lætitiæ, etc.
 

Je lui avais dit qu'on pourrait en parodier quelques passages, et faire allusion à quelques-unes de ses dernières aventures:

 
Quanta laboras in Charybdi!
Digne puer meliore flamma!
 

(Note de Moore.)

»J'ai songé à un conte, greffé sur les amours d'une péri avec un mortel, quelque chose de semblable au Diable amoureux de Cazotte, seulement plus philantropique. Cela demandera beaucoup de poésie, et le tendre n'est pas mon fort. Pour cette raison et quelques autres, j'ai renoncé à cette idée, et je vous la suggère, parce que je crois que c'est un sujet dont vous pourriez tirer grand parti dans les loisirs que vous laisse votre grand ouvrage 51. Si vous avez besoin d'autres livres, il y a les Mœurs des Ottomans de Castellan, en six petits volumes; c'est le meilleur recueil que je connaisse en ce genre. Réellement je prends bien des libertés de parler ainsi à un de mes anciens et à un plus habile que moi; excusez-moi, je vous prie, et n'allez pas juger de mes motifs à la manière de La Rochefoucault.»

Note 51: (retour) Par une singularité assez bizarre, j'avais été au-devant de ses conseils, en prenant la fille d'une péri pour l'héroïne d'un de mes contes, et racontant les amours de ses parens dans un épisode. Je fis part de cette circonstance à Lord Byron, et j'ajoutai: «Tout ce que je vous demande au nom de l'amitié, c'est, non pas de renoncer pour moi aux péris, ce qui serait plus qu'on ne peut attendre d'un homme, et surtout d'un poète; mais simplement que, quand il vous plaira de payer à l'avenir vos hommages à quelqu'une de ces beautés aériennes, vous ayez la bonté de m'en avertir franchement, afin que je voie si je dois persister et lutter contre un tel adversaire, ou bien vous abandonner pour toujours la race entière, et ne m'occuper dorénavant, avec M. Montgommery, que des races antédiluviennes.»(Note de Moore.)

LETTRE CXXXV

À M. MOORE

1er août, septembre je veux dire, 1813.

«Je vous envoie Castellan et trois volumes sur la littérature turque, que je n'ai pas encore ouverts. Quant à ce dernier ouvrage, je vous serais obligé de le lire, d'en extraire ce qu'il vous conviendra, et de me l'envoyer sous huit jours; il appartient à la plus brillante de nos constellations du Nord, Mackintosh, qui m'a fait le plaisir de me le prêter, avec une politesse qu'il a prise dans les Indes; car je suis sûr que votre Écossais, qui n'a pas voyagé, doit être d'une humeur moins sociale.

»Votre péri, mon cher Moore, est sacrée et inviolable pour moi; je n'ai pas la plus légère idée de toucher le bas de son jupon. L'affectation avec laquelle vous avez l'air de craindre de vous trouver en concurrence avec moi est si flatteuse que je commence à me croire tout de bon un grand homme. Mais, sur mon honneur, vous vous moquez de moi. Tom, vous êtes un impudent coquin; si vous ne vous moquez pas de moi, vous méritez bien qu'on se moque de vous. Sérieusement parlant, quel est le poète vivant que vous puissiez craindre? Réellement, cela me met en colère de vous entendre parler comme vous le faites…

»J'ai beaucoup ajouté au Giaour, toujours sous la sotte forme de fragmens. Il contient à présent mille deux cents vers et peut-être plus: vous me permettrez, j'espère, de vous en offrir une copie. Je suis charmé de me trouver dans vos bonnes grâces, et plus particulièrement de le devoir, comme vous le dites, en partie à la bonté de mon caractère; car malheureusement j'ai la réputation d'en avoir un fort mauvais. Mais on dit que le diable est amusant quand on le met de bonne humeur, et il aurait fallu que je fusse plus venimeux que le vieux serpent, pour avoir sifflé ou mordu en votre compagnie. C'est peut-être, et cela paraîtrait sans doute incroyable à une autre personne, mais vous me croirez, j'en suis sûr, quand je vous dirai que je suis aussi ravi de vos succès, qu'un être humain peut l'être de ceux d'un autre; autant que si je n'avais jamais écrit un vers moi-même. Assurément le champ de la renommée est assez grand pour tout le monde, et quand même il ne le serait pas, je ne voudrais pas en voler une verge à mon prochain. Vous y avez déjà une belle propriété de quelques milliers d'arpens, qui sera doublée quand vous passerez le nouveau bail que vous préparez en ce moment; tandis que moi je n'ai qu'une part du pacage commun, incapable d'une telle fertilité. Voilà une métaphore digne d'un templier, c'est-à-dire, vulgaire et diffuse 52. Je vous envoie, pour me la renvoyer par le retour du courrier, comme l'on dit en style de commerce, une lettre assez curieuse d'un de mes amis 53, où vous verrez l'origine du Giaoar. Écrivez-moi vite: adieu, mon cher Moore, toujours tout à vous, etc.

Note 52: (retour) Templier, c'est-à-dire légiste; l'École de Droit occupe à Londres l'ancien palais des chevaliers du Temple.(N. du Tr.)

Note 53: (retour) La lettre de lord Sligo. Voyez plus haut, page 118.

»P. S. Cette lettre m'a été écrite à cause d'une autre version, rapprochant trop du texte véritable, que quelques dames de nos amies avaient eu la bonté de répandre. La partie effacée renfermait quelques noms turcs, et quelques détails assez peu importans et trop circonstanciés sur la manière dont avait été découverte la faute de la jeune fille.»

LETTRE CXXXVI

À M. MOORE

5 septembre 1813.

«Ne vous gênez pas pour rendre Toderini au jour fixé; envoyez-le à votre loisir, après l'avoir anatomisé en autant de notes que vous voudrez; je ne crois pas qu'il ait encore subi aucune opération de cette nature, raison de plus pour ne pas l'épargner maintenant.

»*** est de retour à Londres, mais pas encore remis du coup que lui a porté le Quarterly. Quels gens que ces journalistes! «Ces punaises-là nous effraient tous.» Ils ont fait de vous un spadassin; de moi, le plus doux des hommes, un satirique; ils finissent par rendre *** plus fou qu'un Ajax furieux. J'ai relu l'autre jour, en les comparant, les Plaisirs de la Mémoire, et les Plaisirs de l'Espérance; décidément je persiste à préférer les premiers. Il y règne une élégance réellement prodigieuse, et, dans tout le livre, pas un vers qu'on puisse appeler commun ou faible…

»Que dites-vous de Bonaparte? rappelez-vous que j'ai parié pour lui quant aux batailles, etc., mettant en dehors les chances de catalepsie et les élémens. Bien plus, je souhaiterais presque le voir réussir contre toutes les nations, excepté la sienne, quand ce ne serait que pour faire mourir de rage le Morning-Post, son infâme beau-père, et Bernadotte, ce barbare rebelle d'adoption scandinave. Rogers me tourmente pour que nous fassions une excursion sur les lacs et que nous vous prenions en passant. Voilà qui serait bien tentant, mais je ne crois pas que j'accepte, à moins que vous ne consentiez à aller avec l'un de nous quelque part, n'importe où. Il est trop tard pour songer maintenant à Matlock, mais nous pourrions choisir quelque maison de campagne dans la haute société ou dans la classe inférieure; celle-ci serait bien préférable sous le rapport du plaisir. Je suis si dégoûté de l'autre, que je soupire presque pour une partie dans un cabaret à cidre, ou une expédition sur un sloop de contrebandier.

»Vous ne sauriez désirer plus que moi que le destin rapproche un peu nos deux parallèles, qui se prolongent indéfiniment sans se toucher jamais. Je ne sais trop si je ne voudrais pas être marié moi-même, ce qui n'est pas peu dire. Tous mes amis, jeunes et vieux, le souhaiteraient; tous me demandent pour parrain, le seul parentage que j'aurai, je crois, légitimement; quant à devenir père d'une manière moins légale, grâces à Lucine, nous n'en sommes jamais certains, quoique la paroisse en soit toujours sûre 54. Je suppose que demain j'aurai une lettre de vous, sinon celle-ci partira comme elle est; j'y laisse de la place pour un post-scriptum en cas que votre missive demande une réponse.

»Tout à vous, etc.

Note 54: (retour) God father, parrain (père en Dieu), et father (père) offrent dans l'anglais un jeu de mots impossible à rendre dans notre langue. La recherche de la paternité étant autorisée par les lois anglaises, les paroisses à la charge desquelles retomberaient les bâtards, les adjugent très-facilement au père putatif, que le témoignage de la mère ou les moindres circonstances semblent désigner: on le condamne alors aux frais de l'entretien de l'enfant jusqu'à l'âge de quatorze ans.(N. du Tr.)

»Point de lettre, n'importe. Rogers pense que cette fois le Quarterly va tomber sur moi; dans ce cas, ce sera une guerre d'extermination, pas de quartier. Depuis le plus jeune diablotin jusqu'à la plus vieille femme de cette Review, tous périront sous le poids d'une fatale brochure. Les liens de la nature seront rompus, je n'épargnerai pas même mon libraire; bien plus, si je pouvais y envelopper les lecteurs aussi, cela n'en vaudrait que mieux.»

Yaş sınırı:
12+
Litres'teki yayın tarihi:
25 haziran 2017
Hacim:
412 s. 4 illüstrasyon
Tercüman:
Telif hakkı:
Public Domain