Kitabı oku: «Programme des Épouses Interstellaires Coffret», sayfa 4
Il continue de tirer dessus comme s’il attendait à quelque chose. Je hoche la tête et murmure : « Oui. » Alors seulement, il relâche la chaîne toute chaude qui retombe sur mon ventre trempé.
Il s’allonge et me prend dans ses bras. Je m’y abandonne avec joie, je n’ai jamais été aussi heureuse de toute ma vie. J’aime tout chez cet homme, ses manières brutales, ses mots crus, ses caresses. Mais j’aime par-dessus tout savoir que je compte à ses yeux. Après des années à subir des parents froids qui ne s’intéressaient pas à moi, une relation en demi-teinte avec mon fiancé, me sentir adorée, aimée, désirée … c’est le paradis.
Il m’enlace et caresse mon dos. Je me sens cajolée, rassurée, je voue, à cet instant précis, une reconnaissance éternelle au Programme des Epouses Interstellaires. Ils avaient promis de me trouver le mec idéal. Blottie entre ses bras, je dois avouer que leur recrutement est une réussite. Roark m’appartient. Envolée, ma vie vide et insipide !
Je suis ici chez moi, avec Roark, avec sa baise sauvage et sa tendresse remarquable. Il est mon refuge. J’attendrai bientôt notre premier enfant. J’ai un homme qui m’aime, qui m’adore, qui baise comme un dieu, je vais avoir un bébé. Un bébé à câliner, à embrasser, à bercer.
J’ai le cœur gros, trop d’émotions, d’amour, de rêves, d’espoir.
Je souris et me love dans ses bras. « Tu es à moi, Roark. »
Il me serre fort contre lui, ses mains effleurent mes fesses et mon épaule. Je doute que les épouses Trion avouent leurs sentiments à leurs maîtres, mais c’est pourtant ce que je ressens, nous sommes liés l’un à l’autre. Je lui en ai fait part, en dépit de ses façons de faire quelque peu péremptoires. On est mariés, l’examen est terminé. Il tire sur la chaîne qui pend entre mes mamelons, il sait que j’aime ça, inutile de me le demander. Il sait que j’aime qu’il me frappe.
Il répond au bout d’un moment : « Oui, femme. Je suis à toi.
— Rien qu’à moi. »
J’ai pas traversé l’univers pour chercher le réconfort près d’un autre homme. Je serais restée sur Terre si je m’étais bien entendue avec Curtis.
« Tu es ma femme et je n’aime que toi, Natalie. Tu es à moi. »
Exactement.
Je m’endors en souriant, heureuse et comblée, ses caresses apaisent mon âme en peine. C’est le paradis. J’ai traversé toute la galaxie en quête de paradis … et voilà que je tombe amoureuse.
6
Roark
« Réveille-toi, gara. T’es crevée à ce point ? » Allongé près de Natalie, je m’accoude et la regarde. Elle est belle quand elle dort, surtout que je connais la raison de son épuisement. C’est grâce à moi. Je l’ai épuisée à force d’orgasmes. On a trop baisé.
J’ai jamais éjaculé deux fois de suite comme ça mais la première fois que j’ai joui, ma bite en demandait encore. Je débandais pas, rien de rien, même après l’avoir inondé de sperme. Mon sexe en redemandait, alors j’ai remis ça.
J’enfouis mon nez dans son long cou, je respire son odeur et celle plus musquée de la baise. Elle murmure et se tourne vers moi alors que je continue, sans toutefois se réveiller.
« Comment tu fais ? » Je murmure à voix haute, je m’adresse à Natalie, à l’univers au sens large. Les médailles de famille suspendues à la chaîne reposent sur son ventre souple. Les voir me procure un sentiment de puissance très intense. Je n’aurais jamais imaginé être aussi possessif, aussi protecteur envers cette femme extraterrestre Terrienne que je viens tout juste de rencontrer.
Notre lien est incroyable. Notre union est si profonde que les besoins de mon corps en sont décuplés. J’ai besoin d’elle. J’ai besoin de ce qu’elle est la seule à pouvoir me donner, et baiser ? J’ai besoin d’être en elle. D’être une composante de son corps.
« Tu es à moi, Natalie Montgomery de la Terre. Je ne voulais pas me marier au début mais— »
Elle ouvre les yeux. Pile à ce moment-là.
« Ah bon ? » demande-t-elle en clignant des yeux, l’air inquiète.
Je lui caresse la joue. « Laisse-moi finir. Je ne voulais pas me marier. Ma mère m’y a poussé afin d’avoir une descendance. »
Elle fait la moue. « Ta mère ? Tu me parles de ta mère alors qu’on est à poil ? »
Je ne peux réprimer un sourire. « Laisse-moi terminer et après on n’en parlera plus. J’ai accepté de me marier car le temps passe, à condition que le Programme des Epouses me trouve la femme idéale, et ça a … marché. »
Elle rit et lève les yeux au ciel. « Et ça a marché ? »
Je prends ses cheveux dans ma main, je referme les doigts, tire dessus et l’attire vers moi. Elle ouvre grand les yeux devant ce geste dominateur.
« Arrête de lever les yeux au ciel, femme. La prochaine fois, t’auras droit à la fessée. » Je marque une pause afin qu’elle y réfléchisse à deux fois. Pour répondre à ta question, oui, ça a marché. J’avais besoin d’une femme qui puisse tomber enceinte et on m’en a livrée une. Toi. Mais je m’attendais pas à tomber sur la femme idéale pour ma bite, mon cœur. Mon âme. »
Son regard exprime la surprise et la joie.
« Toi … aussi ? Je craignais de te faire part de mes sentiments. Je craignais que ce soit prématuré, » murmure-t-elle.
Je lâche ses cheveux et me colle contre elle, je sens la moindre parcelle de son corps. Ses tétons durcis se pressent contre ma poitrine. Je sens les anneaux, la chaîne, les médaillons.
« Je le sens. Ce plaisir intense en toi. Ce besoin d’être ensemble. J’aimerais me fondre en toi et ne plus jamais en sortir. »
Elle rit, j’adore voir son visage s’éclairer et s’adoucir. « Tu y arriveras pas. » Elle caresse ma joue barbue. « Mais ta queue, oui.
— Et mon sperme. »
Elle rougit. « T’es pressé que ton sperme prenne vie. »
Je hoche gravement la tête. « Oui. Ça prouvera que tu es à moi, que tu m’appartiens. Qu’on se plaît mutuellement. Tu porteras bientôt mon enfant. Pour le moment, tout ce qui compte c’est que je sois profondément en toi, à ma place. »
Je m’assois, prends le collier que je porte autour du cou afin qu’elle le voie mieux.
« Ce disque porte mon symbole. » J’attrape le médaillon qui pend à la chaîne. Il n’est pas lourd mais il est massif. Les deux épées entrecroisées gravées dans le métal précieux sont mes armoiries. « Ceux de ta chaîne indiquent que tu m’appartiens, que tu es de ma famille. Personne ne remettra en doute notre union. Mais ça— » je fais glisser le médaillon de la chaîne, le jette en l’air, il retombe dans ma main, je le lui tends. Elle l’examine et je poursuis. « —c’est mon propre médaillon, je vais le passer à ta chaîne, on verra que tu m’appartiens parce que j’ai décidé de te l’offrir. Tu n’es pas originaire de Trion, tu ne peux pas comprendre sa signification. C’est bien plus qu’un simple médaillon, c’est toute ma vie. »
C’est la clé de la salle des coffres, une salle souterraine du Continent Sud. Le peuple Trion a choisi de vivre simplement, ce n’est pas une race primitive pour autant. Notre technologie et nos armes sont semblables à celles des autres races de la Coalition. La salle des coffres contient des richesses et des armes, la connaissance et les archives des anciennes lignées. Cette clé est le bien le plus précieux que je puisse offrir à Natalie. Elle est devenue un membre de ma famille, un membre influent, seuls mon père, ma sœur et moi avons accès aux coffres. La clé ne fonctionne qu’avec mon ADN, je veux que Natalie la possède. Je bande, mon cœur se serre en la voyant arborer le symbole de mon dévouement.
Mon pouvoir implique des responsabilités mais comprend également une part de danger. Ceux qui entendent renverser le gouvernement—moi—aimeraient connaître les secrets qu’elle renferme. Le fait de les partager avec Natalie signifie que j’ai trouvé mon alter ego, et pas uniquement une partenaire sexuelle. Elle ne peut pas encore le comprendre, mes explications ne serviraient à rien. Avec le temps, elle comprendra qu’elle incarne l’espoir et la confiance de tout le Continent Sud entre ses seins, à la place la plus intime de son corps.
« Assieds-toi s’il te plaît. Je lui tends la main et l’encourage à s’asseoir, la chaîne qui pend entre ses beaux seins se balance. T’es belle, » je murmure.
Je lui prends le médaillon des mains. « J’aurais dû attendre trente jours, Natalie. Pour te laisser le temps de décider comme le prévoit le Programme des Epouses. Mais j’ai pas envie d’attendre. Je sais que tu es la femme idéale. Je t’aime pour la vie, Natalie. Je t’attendrai si tel est ton souhait, mais je veux que tu le saches. Je sais que tu es la femme de ma vie. Dis-moi oui. »
Elle passe sa langue sur ses lèvres, m’observe, regarde les transformations qu’elle a subies pour passer de Terrienne à épouse Trion. Ma femme. La chaîne, les médaillons, la chatte rasée, mon sperme qui s’écoule de son vagin. C’est bien le signe extérieur qu’elle m’appartient. Mais au fond, elle doit encore faire son choix. Je la force, je sais mais je n’y peux rien. Je ne peux pas attendre. C’est tout à fait impossible.
« Tu veux être à moi et à moi seul ? Je peux te posséder ? »
Les larmes lui montent aux yeux et roulent sur ses joues.
« Bon sang, je pousse un juron et essuie sa joue. Non, c’est pas grave. Prends ton temps pour …
—Non. Enfin oui. Ce sont des larmes de joie. Oui, tu peux me posséder. J’ai pas besoin du délai de trente jours pour prendre ma décision. »
Elle m’adresse un sourire radieux qui me remplit de joie, je lui souris en retour. L’amour. Ça doit être ça. Elle rayonne, c’est magnifique, ça m’est adressé. Un cadeau précieux. Je lui donne mon médaillon en échange. Je prends la chaîne, y suspends mon propre médaillon, le fermoir se referme de lui-même grâce à mon ADN. Personne ne peut enlever le disque ou l’activer. Seule ma famille, porteur du même ADN, en est capable.
Je lâche le petit médaillon en or, la chaîne oscille, elle porte trois disques en pendentif. « Les marques sur les médaillons me symbolisent moi, ma famille et mon rang en tant que Conseiller. En gros, ils indiquent que tu es à moi, je serais prêt à tuer pour te protéger. »
Le médaillon supplémentaire, pas plus gros que l’ongle de mon auriculaire, pend au niveau de son ventre, son ventre qui portera mon enfant, l’or est synonyme d’avenir, il incarne la puissance et la richesse accumulées par ma famille depuis des générations.
Elle relève la tête et me regarde. « Mes mamelons sont hyper sensibles. Ils me … chatouillent constamment. Ça m’excite. »
Ma bite raidie se dresse vers elle. « Oui, je comprends ce que tu veux dire. »
Je m’approche d’elle, je la force à s’allonger. Elle s’appuie sur mes avant-bras, je la fais basculer sur le sol, je pèse sur elle de tout mon poids. Je sens la chaîne, les médaillons entre nos ventres. Je sais qu’elle gardera mes secrets, qu’elle sera en sécurité avec moi. Il ne lui arrivera rien. Je donnerais ma vie pour elle.
Je me penche et l’embrasse. Ses lèvres douces effleurent les miennes, je me demande comment j’ai pu me passer d’un contact aussi charnel. Pourquoi ne l’ai-je pas embrassée ? J’ai embrassé sa chatte mais là, c’est plus intime. Elle entrouvre les lèvres et ma langue découvre la sienne. Elle halète devant une telle évidence, ma bite palpite.
J’aimerais l’embrasser jusqu’au lever des deux lunes mais ma bite a d’autres plans. Elle est d’accord pour qu’on s’accouple, je ne pense qu’à ça.
Je relève la tête, nos souffles se mêlent, je regarde ses yeux clairs. J’ondule des hanches et me cale contre les siennes, ma verge se niche à l’entrée de sa vulve glissante. Elle est chaude et humide, elle m’invite à entrer. « M’acceptes-tu, Natalie Montgomery de la Terre, en tant qu’époux ? Tu acceptes que je m’unisse à toi, que je devienne ton maître ?
— Oui. Elle se cambre, fait en sorte que ses hanches se collent contre les miennes afin que mon sexe la pénètre. Oui, prends-moi. J’en ai envie. J’ai envie de toi. Maître. »
Je ferme les yeux, la sensation de cette femme qui m’appelle maître me submerge. C’est entêtant, ce mot est lourd de sens. Je suis responsable de Natalie, sur tous les plans. Sa joie, son bien-être, sa santé, sa sécurité. Tout.
Je la pénètre lentement, je l’accepte.
« Tu es à moi, » je grogne tout en la dévisageant. Elle est torride, trempée, je la pénètre sans effort. Elle garde les yeux ouverts, ne détourne pas le regard tandis que je la pénètre le plus doucement possible, je fais en sorte qu’elle sente mon membre dans son intégralité. La fièvre de la passion ne nous dévore pas, nous nous étourdissons de tendresse.
« Tu es à moi, » murmure-t-elle, elle ondule des hanches pour m’accueillir plus profondément, et s’immobilise.
Nous ne faisons qu’un. Elle jouit par saccades, les parois de son vagin se contractent, je jouis à mon tour.
« Natalie, » je pousse un grognement, je m’abandonne.
Nous restons longuement dans l’oasis, nous apprenons à nous connaître. Je la lave dans le petit étang et la nourrit de fruits frais venus du Nord, je goûte le jus des baies sur ses lèvres.
Je la pénètre à nouveau, je me délecte de son accueil enthousiaste, de ses petits gémissements et ses cris de plaisir. Une fois entièrement inondée par mon sperme, mes médaillons marquent son appartenance, son visage rayonnant est la preuve flagrante du bonheur qu’elle ressent à l’idée d’être ma femme, nous retournons à la civilisation, j’ai hâte de lui montrer sa demeure à Xalia, la capitale.
Je prends une longue robe couleur ivoire, des affaires que j’ai laissées ici et arrange le tissu doux sur son corps nu. Les piercings de tétons sont bien visibles sous le tissu, je suis fier comme un paon en la regardant. Ses cheveux blonds et souples lui arrivent aux épaules. La peau claire de son décolleté resplendit, elle me contemple avec une confiance et une dévotion totales. Je me prends à penser qu’elle m’aime.
Nous sortons de l’oasis. Un contingent de ma garde personnelle, dont Byran, émerge de l’oasis, ils assurent notre intimité et notre sécurité.
« Conseiller. Byran me salue, les sourcils froncés. Je ne voulais pas vous déranger, on nous signale la présence de Drovers à la frontière du territoire. On suppose qu’ils se préparent à attaquer. »
Natalie se raidit et se rapproche, elle se colle contre moi, elle me fait instinctivement confiance pour la protéger. Sa confiance me fait chaud au cœur, même si la menace que constitue les Drovers me fait bouillir de rage. Les Drovers n’ont pas attaqué d’avant-postes depuis des années, ils s’en prennent aux caravanes ou à des personnes isolées, en bons pillards et pirates. De la vraie pourriture.
« Rassemble les hommes. On doit éliminer cette menace avant de rentrer. On ne peut pas laisser l’avant-poste sans protection.
— Oui monsieur. » Byran fait signe à six hommes de rejoindre les autres, des guerriers postés de façon stratégique autour de l’avant-poste. Je suis à l’Avant-poste Deux, tout comme trois chefs de tribus de mon territoire. Nous sommes cent guerriers en tout et pour tout. Pourvu que ce soit suffisant.
Je regarde ma femme, sept valeureux guerriers nous entourent. « Ne t’inquiète pas. Les Drovers ne peuvent rien contre nous.
— C’est qui les Drovers ? » Son regard se voile de peur, j’aimerais revoir dans ses yeux l’expression de tout à l’heure. L’envie. La confiance. L’amour. Ce sont les seules émotions que je veux lire dans ses yeux clairs.
Un garde me tend mon épée et mon pistolet laser. Je me force à éloigner ma partenaire afin de fixer les armes à ma taille, sa chaleur me manque instantanément. « Viens, femme. Je t’expliquerai en temps voulu. Je vais te conduire dans le terminal de transport. Tu y seras en sécurité avec la doctoresse, je m’occupe des envahisseurs. »
On n’a pas fait deux pas que deux explosions ébranlent le campement, résonnant comme une tempête du désert. Il ne s‘agit pas de sable … mais de feu.
7
Natalie
Je suis Roark à l’extérieur de l’oasis, sa grosse main est douce et chaude. Je suis en vrac, des torrents d’émotions me submergent. Notre lien est instantané, si puissant que je ne peux le regarder sans que mon cœur s’emballe. Il est dominateur et exigeant, il m’a sautée comme un homme des cavernes, il m’a même tiré les cheveux. Il s’avère être un gentil géant, mon cœur fond devant tant de gentillesse.
Coucher avec lui est comme dans mes rêves. Je suis persuadée qu’il me conviendra en tous points.
Nous sortons de l’oasis, je sais, en sentant la chaleur me monter aux joues, que je rougis devant ses soldats qui saluent. Ils me dévisagent ouvertement, je fais de mon mieux pour les ignorer. Je ne veux pas avoir un comportement qui puisse s’avérer déshonorant pour mon époux, je tiens ma tête droite, je rejette mes épaules en arrière, la chaîne et les médaillons, le symbole de la famille de Roark, sont bien visibles à travers ma robe transparente. Le poids tire constamment sur mes tétons, ça m’excite, me donne une sensation d’excitation perpétuelle.
Ça n’a pas d’importance. J’ai l’impression qu’un seul regard suffirait pour que je me retrouve à quatre pattes et que mon fougueux amant me prenne par derrière sur simple demande. Des douzaines de tentes surgissent au milieu du paysage désertique, comme sorties de nulle part. Elles se groupent autour d’une tente principale, la plus grande—Roark me la montre—qui abrite le terminal de transport. Au-delà de l’Avant-poste, je ne vois rien à des kilomètres à la ronde, hormis une butte ça et là que je devine être un arbuste ou un rocher. Sur ma droite, au-delà du campement, une formation rocheuse s’élève au beau milieu du désert telle une sentinelle veillant sur l’Avant-poste. Une petite brise m’empêche de crever de chaleur, on aperçoit nettement un chemin dans le sable là où le vent pousse les petits grains de sable contre les rochers.
Un coupe-vent ? Le vent souffle toujours de cette direction ? De quelle direction ? Je n’en ai pas la moindre idée.
Cet univers extraterrestre est étrange mais étonnamment beau. J’ai l’impression d’avoir débarqué au beau milieu d’un conte de fées. Les mille et une nuits. Je contemple le ciel, leur immense soleil est au zénith, sa lumière chaude et jaune est agréable sur mes bras nus. Mais à l’horizon, un soleil rouge vient de se lever, je me demande comment il s’appelle. Je n’ai jamais vu de soleil rouge, je me demande si je ne vais pas avoir chaud lorsqu’il sera levé. Roark m’a dit qu’il y avait deux lunes, j’étais trop occupée pour m’en soucier.
« Conseiller. » L’un de ses hommes le salue. Il est grand, mat, l’air soucieux. Il doit avoir dix ans de moins que Roark. « Je ne voulais pas vous déranger mais on nous informe de la présence, de Drovers à la frontière du territoire. Nous pensons qu’ils s’y sont regroupés afin d’attaquer. »
Je m’approche de Roark. Ça me rend nerveuse de les entendre parler d’attaque, mais la carrure impressionnante de Roark me rassure. Tout comme la présence de douzaine d’hommes bien armés et baraqués. Ils mesurent tous deux mètres, portent une épée impressionnante sur la hanche et une sorte d’arme spatiale argentée de l’autre. J’ignore ce qu’est un Drover et je ne veux pas le savoir. Pour le moment du moins. J’ai peur que Roark soit blessé au combat.
Mon partenaire me regarde tandis que ces hommes l’entourent, formant un cocon protecteur. « Ne t’inquiète pas, femme. Les Drovers ne te feront rien. » Il a l’air calme et totalement sûr de lui. Je lui fais confiance, la tension que j’éprouve retombe à un niveau supportable. C’est son univers, pas le mien. Je dois lui faire confiance. Ça ne signifie pas pour autant que j’ignore la menace qui pèse.
« Qui sont les Drovers ?
—Viens, femme. Il me tire par la main. Je t’expliquerai en temps voulu. Je t’amène au terminal de transport. Tu y seras en sûreté avec la doctoresse pendant que je règle leur compte à ces envahisseurs. »
L’ordre de Roark me pousse à avancer. Les sandales qu’il m’a données s’enfoncent dans le sable blanc à chacun de mes pas. C’est chaud mais pas brûlant. J’ai à peine fait deux pas qu’une bombe éclate.
Je me retrouve par terre sans comprendre ce qui m’arrive, Roark me protège de son corps massif.
Un déluge de feu s’abat au-dessus de nos têtes mais s’arrête net. J’entends hurler, des hommes crient à l‘autre bout du campement, près des énormes rochers.
J’ai du mal à respirer, je fais mine de protester lorsque Roark se relève.
« Tu es blessée ? » Il roule sur le côté, il fait dos aux cris, son corps fait écran, il me scrute de la tête aux pieds. D’un air cruel, intense, inquiet. Envolé l’amant attentionné.
« Je suis ok.
— Ça veut dire quoi O-K ? C’est des lettres ? Tu me parles avec des lettres ? Son regard se fait plus intense, il relève le menton sans me quitter des yeux. Docteur ! »
Il me casse les tympans, je pose ma main sur sa joue pour le calmer. Evidemment, le traducteur implanté derrière nos oreilles ne traduit pas l’argot américain. « Je vais bien, Roark. Je ne suis pas blessée. Juste légèrement secouée. »
Il me fait un petit baiser, la doctoresse qu’il a appelée est là, ses sandales sont à quelques centimètres de ma tête. « Conseiller ? »
Roark se lève et m’attire contre lui. La chaîne balance sous ma robe ample. « Emmenez ma femme au terminal de transport et veillez sur elle au péril de votre vie.
— Roark, non … » J’ai pas envie que cette femme se fasse tuer pour moi. Ça nous concerne tous les deux. Roark et moi contre le monde, contre les Drovers. « Donne-moi une arme. Je vais me battre. »
Ses guerriers s’approchent de nous, épée dans une main, arme de l’autre. Il secoue la tête. « Non, femme. Tu suis le docteur.
Quoi ? Pourquoi ? Où tu vas ? »
Il se tourne, son regard est cruel et effrayant. J’aimerais pas être à la place de ces Drovers. « Je veux m’assurer que mes parents sont bien rentrés sur Xalia. Si ce n’est pas le cas, je dois assurer leur protection. Je tuerai les Drovers lorsque je les saurais en sûreté. »
Ses parents. Les Drovers. Et moi. Ok. Parfait. Je vais m’en sortir. Je hoche la tête. « Reviens-moi.
— Je te donne ma parole, Natalie. Je te rejoins une fois la bataille terminée. Mais je dois m’assurer que mes parents sont bien partis hier comme prévu. » Roark me donne un petit poignard, je referme la main sur la poignée. Il est petit, à peine plus long que mes doigts, la lame est en or, brillante. « Prends-le. Ne t’en sépare jamais. »
Je hoche la tête, la doctoresse m’entraîne et j’avance dans sa direction. J’ai un mauvais pressentiment. Roark se tourne et ordonne à deux de ses hommes de nous escorter jusqu’au terminal de transport. Les deux guerriers nous tiennent par le bras et se mettent à courir, une seconde explosion retentit.
Je me tourne, mon partenaire aboie des ordres dans un vacarme sans nom. Il est gigantesque parmi ses hommes, cruel, fort, totalement occupé à trouver ses parents et protéger le campement. Il scrute le site du regard, tel un prédateur. Il passe sur moi sans me voir, comme s’il m’avait déjà oubliée.
« Ne fais pas l’enfant, » je me gronde en m’échappant avec la doctoresse. Elle fait une demi-tête de plus que moi, elle est plus costaud. Je cours mais elle m’entraîne à sa suite, je trébuche tous les trois pas, j’arrive pas à la suivre à cause du sable. Elle a peut-être l’habitude de courir sur la plage, moi pas. Le terminal de transport n’est pas loin mais je suis à bout de souffle et effrayée lorsqu’on se réfugie toutes les deux sous la tente. Les deux guerriers qui nous accompagnent se postent près de l’entrée, armes dégainées, prêts à tirer. Les bruits à l’extérieur ne ressemblent à rien de ce que j’ai entendu lors de mon arrivée. Le calme retombe. Je sais que quelque chose cloche, même sans le voir. J’entends la peur, la panique, la mort derrière les fines parois.
La doctoresse ferme le rabat et m’enlace brièvement, entre nanas, ça fait du bien. « Dites-moi que tout va bien se passer, même si c’est un mensonge. »
Elle recule et sourit. « Tout va bien se passer. Ce n’est pas un mensonge. Sinon le Conseiller Roark ne vous aurait pas envoyée ici. » Elle me lâche et m’indique la plateforme de téléportation. « Mais je préfère jouer la prudence.
— Comment ça ? »
Elle l’indique du doigt. « Montez. Je vais activer les codes de téléportation au cas où.
—Au cas où ? » Je vois très bien où elle veut en venir mais je refuse de l’admettre. Je ne veux pas partir sans Roark.
« Votre mari m’a demandé de vous protéger, je m’y emploie. » Elle est docteur, elle garde son sang-froid malgré la tension mais je vois bien qu’elle a l’air préoccupée, elle agit vite. « C’est le seul moyen de s’enfuir si les Drovers nous encerclent.
— Pour m’envoyer où ?
— Il lui faut quelques minutes pour se mettre en marche, il faut ensuite entrer les nouvelles coordonnées. Il est toujours programmé avec celles de la Terre. » Elle m’adresse un signe de la main, sans quitter des yeux les commandes du terminal de transport. J’ai l’impression d’être dans un épisode de Star Trek, « Téléporte-moi, Scotty. »
Je me lève et époussète le sable sur ma peau. J’en suis couverte, les grains fins me collent aux bras et à la poitrine et brillent tels des paillettes sur le tissu doux de ma robe. Y’en a partout dans la cabine de téléportation.
« Allez. Vite. » La doctoresse marmonne, je frotte le sable sur mes cuisses. Le bruit du métal qui s’entrechoque, les épées, résonnent à l’entrée de la tente. La doctoresse pousse un juron dans sa langue maternelle et je bondis, je pousse un hurlement en voyant l’un de nos gardes tomber à la renverse à l’entrée de la tente, un poignard planté dans l’œil gauche.
« Allez ! Maintenant ! » Le garde restant aboie un ordre tout en reculant dans l’entrée. Il se bat apparemment contre trois hommes. Ces Drovers sont plus petits que moi, mais rapides et malveillants. Ils portent une longue robe marron qui les couvre des pieds à la tête et des écharpes qui me font penser aux nomades vivants dans les déserts qu’on voit dans National Geographic. Leurs courtes épées fendent l’air à une telle vitesse que j’ai du mal à suivre l’échauffourée des yeux.
« Non ! Je hurle. Roark ? Où est Roark ? »
La doctoresse secoue la tête, elle crie tout en tapotant sur le panneau de commandes. « Il est mort. Je suis désolée. S’ils sont arrivés jusqu’à nous, c’est qu’il est mort. Je dois vous faire partir d’ici.
— Mort ? Non ! »
Non. Il n’est pas mort.
Non. Non. Non.
La doctoresse me crie quelque chose mais je ne l’entends pas. Le plancher vibre sous mes pieds. Une vive lumière bleue provenant de lignes que je n’avais jamais vues m’éblouit. Ça fait mal aux yeux, ça forme un étrange quadrillage. J’essaie de bouger mais je suis retenue prisonnière par l’énergie qui monte, s’empare de moi, m’entoure, j’arrive plus à respirer. Le garde que je viens tout juste de rencontrer tombe à genoux, un Drover lui tranche la gorge, un autre le poignarde. J’essaie de m’enfuir, de hurler mais je n’arrive à rien. Je ne peux que regarder, totalement impuissante.
Le troisième Drover s’élance vers la doctoresse et la poignarde dans le dos. Elle hurle, elle tombe à genoux, bouche ouverte, je n’entends plus rien, hormis le ronronnement de la cabine. Un Drover poignarde sans relâche un garde au niveau de la poitrine, je suis pétrifiée. Avec une horreur qui va crescendo, je regarde l’autre assaillant se ruer vers moi.
Il se faufile entre les rais de lumière bleue, ses mains calleuses et noueuses essaient de s’emparer de moi.
Il empoigne ma robe, m’attire vers lui impitoyablement, j’avance inexorablement. Je bondis et le poignarde. La lame dorée touche son bras. Son sang gicle sur ma robe mais il ne me lâche pas pour autant. Terrifiée, je m’écarte de lui de toutes mes forces. L’ourlet de ma robe se défait, ma robe se déchire en deux. Le Drover tombe à la renverse en hurlant lorsque le tissu lui reste entre les mains, la couture dans le dos se déchire avec un bruit assourdissant, j’en claque des dents.
Je suis nue, à l’exception de mes sandales et des chaînes qui pendent à mes seins, je hurle contre lui, enragée qu’il ait tuée la doctoresse, il l’a poignardée dans le dos. De sang-froid. Ils m’ont arraché mon époux. Tel est mon destin sur cette stupide planète. L’homme que je commençais à aimer, qui s’est uni à moi, est mort ?
Le ronronnement environnant se mue en un grondement sourd, j’ai l’impression que mon crâne va exploser. Je ne peux même pas hurler, tout devient noir.