Kitabı oku: «Makossa Love. Recueil (Tome 1 & 2): Tome 1: La recherche de Madame "Visa". Tome 2: La douloureuse lutte amoureuse. Roman», sayfa 4

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— Tu es magnifique ma fée, tu es une bombe atomique. Aucun homme ne peut te résister, la salua Johnny.

— Merci mon prince, comment vas-tu ? Tu m'as fait tellement de bien hier, je voulais me faire belle pour toi aujourd'hui. Comment vas-tu ? Tu as l'air détendu et heureux, lui rendit-elle le salut.

— Oui je suis heureux, comme je t'en ai un peu parlé hier, je pars pour Kribi vendredi pour trouver du travail.

Le barman arriva et demanda : — Vous désirez, Madame ? Nous avons tout ce que vous souhaitez Madame : café, chocolat, thé, jus frais, baguettes, croissants, beignets, saucisses, jambons, fromages, lait, omelette.

Johnny Walker et Amina commandèrent presque la même chose : une omelette à la sardine, Johnny prit en plus des beignets, des haricots et de la bouillie ainsi qu'un jus d'ananas, goyave et orange ; Amina prit une baguette avec un thé au citron et de l'eau.

— Es-tu sérieux en ce qui concerne ton départ pour Kribi ? Trouver un travail et tout ? Demanda Amina encore une fois. Je veux dire, je trouve ça courageux, mais es-tu sûr que cela va te faire du bien ? Johnny es-tu vraiment prêt à nettoyer des assiettes, à travailler 12 heures par jour ? À endurer des humiliations ? Beaucoup de gens riches, y compris mon mari, ont commencé en vendant des cacahuètes dans la rue. Il devait laver des pare-brises aux feux rouges pour avoir quelque chose à manger le soir, et aujourd'hui il a tout ce qu'il veut.

— Vois-tu ? Lui dit Johnny. Pourquoi doutes-tu alors de moi ? Toi-même, lorsque tu étais étudiante à Bordeaux, tu as dû faire des petits boulots dégradants, tu as eu des relations avec des hommes vieux et gros pour éviter d'être expulsée de ton logement. Est-ce que ce fut facile pour toi ? Non, mais tu l'as fait, pour atteindre ton but, qui était à l'époque de finir tes études et d'avoir une belle vie. Tu n'as pas abandonné ton rêve. Ton mari a nettoyé des voitures, mais le plus important, c’était ce qui se passait dans sa tête. Ça le conduisait à son but, c'est pour cela qu'il faisait son travail avec un sourire sur le visage. C'est la même chose pour moi aujourd'hui. Tu sais quoi ? Quand je m'imagine, comment je vais nettoyer des assiettes et sentir les délicieuses odeurs des cuisines 12 heures durant, et peut-être même plus, comment je vais ramasser des ordures sur les plages et m'effondrer, épuisé, dans mon lit le soir, je me vois encore plus prêt d'atteindre mon but que lorsque je me trouve ici en costume. Mais tu viendras me rendre visite, j'ai trop besoin de ta présence, tes conseils, ton regard, ta voix, ton corps. Sur ces mots, il caressa sa peau sous sa jupe.

Il continua ainsi : — Je sais que je pourrais avoir ce que je veux de toi. Disons, presque tout. Je sais, par exemple, que tu n'abandonneras jamais ta famille, ton mari pour moi et c'est quelque chose que je chéris en toi. On peut te faire confiance à 100% et compter sur toi. Je sais, que si je te demandais de me donner 1 000 000 € et que tu en avais la possibilité, tu le ferais. J'en suis certain. Mais ce que je cherche et ce que je veux atteindre, tu ne peux pas me le donner, mon amour. Mais malgré tout je t'aime tant, j'ai besoin de cet amour pour ma motivation, pour tenir les heures difficiles qui m'attendent. Tu es ma source d'énergie, « tu es mon rayon de soleil », et il le pensait réellement,

Amina, tout comme Rita, voyait Johnny avec un regard plus respectueux qu'avant. Elle était simplement fascinée par cet homme, qui aussi bien en tant que star que plongeur, ne perdait rien de son charisme ni de sa personnalité ou de son assurance. Il savait exactement ce qu'il voulait et où ça allait le mener. Ça le rendait encore plus sexy. Cette force, cette conviction était contagieuse et il trouvait toujours les bons mots pour vous rallier à sa cause. Elle sentait que le chemin de cet homme le mènerait loin. Elle en était sûre et le souhaitait pour lui. Elle aiderait Johnny comme elle pourrait, non pas parce que c'était un bon amant, mais parce que c'était un homme exceptionnel.

— Je crois en toi, trésor, je crois tellement en toi et je sais que tu y arriveras. Je ne dis pas ça pour te flatter. Ce n'est pas seulement un vœu, mais vraiment un espoir. Je le dis, parce que je le ressens. Je peux te dire, peu importe quel est le plan que tu as en tête, je peux déjà te dire que tu as réussi. Tu as déjà atteint ton objectif. Je le vois, et même si je dois te perdre et que tu me manqueras, je suis fermement décidée à t'aider et à être une étape dans la réussite de ton succès. Accepte mon aide. Cela me fera du bien. Ce sera l’unique chose que je pourrai conserver de toi. Je connais ta fierté, mais s'il te plait accepte mon aide. Je suis là pour toi, peu importe quand tu as besoin de moi, ou ce dont tu as besoin. S'il ne s'agit que d'argent, ne t'en fais pas. Tu m'as fait tellement de bien. Tu m'as redonné ma féminité. Tu m'as rendu mon corps, tu m'as rendu la vie après ma maternité. Grâce à toi, j'aime désormais chaque infime partie de mon corps. Grâce à toi, j'admire désormais mes cheveux gris, et lorsque les rayons du soleil se reflètent dessus, je leur trouve une certaine beauté. J'ai redécouvert la beauté de ma poitrine, je la trouve à nouveau sexy, grâce à toi, et à la façon dont tu l'as caressée, avec passion, douceur, mais aussi force. En voyant que mon ventre te plaisait, tu lui as rendu une nouvelle sensibilité. J'avais offert mon corps à mon mari et à mes enfants. Oui, tu m'as rendu mon corps. Tu m'as rendu ma féminité. Tu m'as dépucelée une seconde fois. Tu es mon superman, you are my hero !

Ils ne se parlèrent pas pendant un long moment. Ils ressentaient tous les deux qu'une nouvelle ère débutait. Quelque chose arrivait à sa fin, quelque chose qu'on ne pouvait, ni ne voulait stopper. Quelque chose qu'on ne devait pas essayer de sauver.

Le petit déjeuner était délicieux et ils profitaient simplement du temps passé ensemble et du fait qu'ils s'aimaient, pas seulement à cause du sexe ou de l'argent. Ils ne seraient jamais un couple ordinaire, cependant ils savaient aussi qu'ils seraient désormais liés à jamais. Un amour pour l'éternité, peu importe ce qu'il adviendrait dans le futur.

En chemin vers Bonaberi, où Johnny vivait, Amina demanda d'une voix sourde et triste : — Nous reverrons-nous avant ton départ ?

Johnny ne répondit pas. Il était simplement assis là, les yeux fermés, la tête se balançant de gauche à droite, de haut en bas sur l’appuie-tête du côté passager, comme s'il était en train de chanter une chanson qu'on n'entendait pas.

Arrivés à l'endroit où ils se séparaient toujours, un angle de la rue avant le cybercafé de Wadjo, Johnny descendit de la voiture, en fit le tour et se mit à la fenêtre d'Amina en lui faisant signe de la descendre. Et il regarda Amina dans les yeux pour la première fois depuis qu'ils avaient parlé au restaurant. Il remarqua qu'elle pleurait en silence.

Les larmes coulaient le long de son visage sur sa belle chemise violet-orange qui était maintenant toute humide. Depuis combien de temps pleurait-elle ? Se demanda-t-il. Le cœur de Johnny aussi était trempé, peut-être encore plus que sa chemise. Elle ne le voyait simplement pas. Il dit simplement : — Amina, laisse-moi y aller.

Il fit demi-tour, avança de quelques mètres et la voiture s'en alla doucement. Il regarda par-dessus son épaule, Amina le remarqua et ralentit légèrement, mais laissa la voiture continuer à avancer doucement, très doucement, Johnny fit volte-face et courut vers elle.

Il fit à nouveau signe à Amina de baisser sa vitre. Cette fois-ci elle ne le fit pas et laissa la voiture continuer à rouler, lentement, lentement, mais toujours plus loin de Johnny. Johnny resta là, comme une machine, presque dix minutes, et cette fois, les larmes envahissaient son cœur et l'emplissaient entièrement. Il se sentait trempé, et désormais sa chemise l'était également. Il savait que les dernières séparations difficiles avaient eu lieu juste après le décès de son père. Il n'y avait pas de retour en arrière possible. « Adieu Amina », dessina-t-il avec ces doigts dans l'air.

Il avait mis beaucoup de temps pour se remettre de la mort de son père. Cette fois, il ne permettrait pas que cela dure si longtemps. Il ne devait pas et ne ressasserait pas cette séparation. Il voulait intentionnellement conserver cette peine, il voulait faire son deuil et pour toujours la regretter. Ainsi il serait heureux et ferait comme s'il allait bien. Ce n'est que comme ça qu'il pourrait continuer à penser à cette femme, ne jamais l'oublier et continuer à l'aimer éternellement.

— Johnny, que se passe-t-il ? Tu passes comme ça sans dire bonjour ? Lui demanda Wadjo, le propriétaire du cybercafé. Johnny se retourna : — Oh, excuse-moi Wadjo, comment vas-tu ? Tout va bien, mes pensées étaient juste déjà auprès de Nicole, que je dois rencontrer dans quelques minutes. Je m'en réjouis tellement, essaya-t-il de mentir.

Wadjo le regarda d'un air interrogateur : — Vraiment, vers Nicole ? Depuis combien de temps nous connaissons-nous Johnny Waka ? Depuis Bafoussam. Ça fait plus de 20 ans. Que se passe-t-il ? Pourquoi es-tu si pâle ? Il s'approcha de Johnny, lui prit la main gauche et l'attira près de lui, lui donna une accolade et lui dit : — Johnny, va de l'avant. Tu es resté ici trop longtemps. Bonaberi était mon but, pas le tien. Je suis arrivé et j'en suis heureux. Toi non. Poursuis ton rêve. Va-t'en d'ici, si tu veux atteindre ton but. Mets-toi en route. Je ne veux plus te voir ici. Tu n'es plus le bienvenu. Ce quartier ne te veut plus. Cette ville en a marre de toi. Ce pays est trop petit pour toi. Johnny Walker c'est fini. Nicole, c’est fini aujourd'hui également. Si tu reviens, ma porte sera fermée. Mais d'autres portes te sont ouvertes et t'attendent. Johnny le Grand. Johnny le Tueur. Au revoir, Mendo Tchoug ke joug. Que Dieu soit avec toi. Va sans crainte.

Johnny libéra sa main de celle de Wadjo, le prit dans ses bras et l'étreignit très fort : — Merci frère. Je te contacterai, et il se dépêcha de rentrer à la maison.

Il alla directement dans sa chambre sans appeler Rita, ce qu'il faisait toujours habituellement. Il s'assit sur le lit, la tête entre les mains. À ce moment, Rita entra dans la pièce, resta dans l'encadrement de la porte et l'observa longuement, peut-être 10, 20 ou 30 minutes ? Johnny ne remua pas d'un millimètre. Rita lui demanda simplement : — Vas-tu quand même attendre que le repas soit prêt ? Tu as déjà fait tes adieux aux enfants ce matin, je m’en suis rendu compte, sans qu'ils le sachent. Elle sortit, laissa la porte entrouverte de telle façon qu'elle pouvait apercevoir ce que Johnny faisait depuis la cuisine.

Elle avait acheté un poulet tout frais et voulait préparer le plat préféré de Johnny, un DG. C'est un ragoût de bananes plantains, de poulet, légumes et différentes épices. Un plat délicieux. Elle était tellement concentrée pour découper son poulet qu'elle ne remarqua même pas que Johnny se tenait derrière elle. — Oh, tu m'as fait peur, dit-elle. C'est à ce moment qu'elle aperçut le sac de voyage au sol et Johnny dans son plus beau costume. Il était plus beau qu’il ne l’a été ces dernières années.

— Viens là, femme entêtée, dit Johnny, souriant, en essayant de détendre l'atmosphère. Elle laissa tout tomber, alla vers lui et il la prit dans ses bras. Ils restèrent longtemps ainsi, jusqu'à ce que Johnny ne dise : — Embrasse les enfants et fais bien attention à toi. Je t'appelle lorsque je suis arrivé.

Elle pleura et voulut lui rappeler qu'il ne devait partir que vendredi. Mais elle savait que cela ne servait à rien et que Johnny devait partir de toute façon. — Johnny le Grand, n'oublie pas. Tu vas réussir tout ça et nous t'attendons, nous pensons à toi. Toute la famille. Je ne dirais rien à Maman. Je dirais à tout le monde que tu vas bien. Nous sommes avec toi. Crois en toi, Dieu et ton père te protègent, va, va sans crainte, elle essaya de lui sourire tout en pleurant.

— Merci Rita, ne pleure pas. Je suis Johnny, je vais gagner et je ne vous oublierai jamais. Tchao.

— Bye, premier plongeur en costume de Boss, dit Rita pleurant et riant à la fois.

Johnny, qui était déjà sur la véranda, regarda Rita par-dessus son épaule et rit. — Oui, un plongeur en costume de Boss, ne dit-on pas toujours que tous les chemins mènent à Rome ? Alors je suis déjà à Rome ! Il ricana étrangement tandis qu'il sortait, comme s'il savait qu'il ne reviendrait plus jamais dans cette maison.

Tandis qu'il passait devant la boutique de téléphone pour prendre un taxi de l'autre côté de la route, il entendit Wadjo l'appeler : —Johnny, Johnny le Grand, attend, et il le vit rentrer dans son magasin.

Johnny marcha donc en direction du magasin, et alors qu'il voulait rentrer, Wadjo était déjà sur le pas de la porte.

— Que t'ai-je donc dit ? Demanda-t-il. Stop. Tu ne rentres plus ici. Tu n'es plus le bienvenu, jusqu'à ce que tu reviennes ici comme le Grand, non que dis-je, le Grand Gagnant, avec une énorme jeep garée devant la porte. Je veux pouvoir me vanter moi aussi de connaître des gens riches.

Il lui mit dans la main une grande enveloppe et dit : — Ouvre-la uniquement quand tu seras dans le taxi.

Johnny mit l'enveloppe dans son sac et dit : — Sais-tu Wadjo, la vie est une entreprise gagnant-gagnant. Cherche simplement ton côté gagnant et la vie apportera le sien, fais ensuite des affaires avec lui.

Heureux, Wadjo sourit : — Johnny Win-Win, c'est ça le nouveau Johnny.

Le voyage de Johnny jusqu'à Kribi et sa connaissance d'un groupe d'Allemands

La gare routière, d'où partaient les bus pour Kribi était très animée à cette heure de la journée. De cet arrêt partaient également des bus pour Yaoundé, et des centaines de bus de diverses compagnies empruntaient aussi cette ligne.

Sur les panneaux d'affichage étaient inscrits les prochains départs pour Kribi, ils étaient prévus à 13 h 30, 14 h et 14 h 30. Si l'on en croyait ce qui était inscrit sur les tableaux, ils devaient donc tous être déjà partis. Mais il était déjà plus de 15 h et tous ces bus étaient toujours là. Les compagnies de bus donnaient souvent des horaires précis pour attirer les clients. Cependant, personne ne respectait ces horaires. Le bus ne part que lorsqu'il est plein. Aucun des bus n'était rempli, on attendrait que toutes les places soient prises ou presque avant de partir. C'est ainsi qu'on peut arriver à la gare à 8 h et n'en repartir qu'à 14 h. J'ai eu de la chance, pensa Johnny. Les porteurs de bagages et les intermédiaires se battaient pour attirer les clients. Chaque client apporté valait une commission pour l'intermédiaire.

Johnny préféra monter dans un bus moderne qui se trouvait là, bien que celui-ci soit encore plus vide que les autres. Ce bus était plus cher que les autres, c'est pourquoi il était moins rempli. À un moment ou un autre, les responsables finiraient par ajuster le prix au niveau des autres pour avoir plus de clients. Les compagnies le savaient bien, mais en attendant ils avaient toujours gagné quelques clients qui, comme Johnny, étaient prêts à payer parfois le double pour avoir un peu plus de confort : on se serait cru à la bourse.

Johnny était assis depuis une heure dans le bus et attendait que le conducteur démarre. Aux alentours de 17 h, le conducteur commença à s'activer, il était temps de partir.

Il y eu des coups de klaxons, des cris. Ils devaient arriver à Kribi avant la nuit. On aurait dit que le conducteur ne savait pas que n'importe où au Cameroun, il faisait nuit à 18 h. Les passagers essayèrent encore d'acheter quelques provisions par la fenêtre.

Johnny rigola. Typiquement Camerounais. Ils savent que le bus va finir par partir, mais restent des heures assis à attendre. Et ce n'est que lorsque le moteur tourne et que le bus commence à avancer doucement, qu'ils se disent qu'ils vont avoir besoin d’eau, de jus, et de quelque chose d’autre à manger le long du trajet. Le conducteur est habitué à cette situation, et pour mettre un coup de pression, il laisse le bus avancer doucement, accélère un coup et ralentit à nouveau jusqu'à ce que tous les passagers aient acheté ce dont ils avaient besoin.

Il est impératif d'être très patient au Cameroun, pensa-t-il. Par chance, la patience était une de ses qualités. Le bus sortit de la ville de Douala par l'est, en direction de Yaoundé/Edea/Kribi. À cette heure de la journée, les rues grouillaient de voitures, de taxis, et d'une quantité incroyable de taxis-motos qui transportaient parfois jusqu'à quatre personnes. Ils arrivèrent finalement à sortir de la ville et roulèrent en direction de Kribi sur une route ordinaire. La pression redescendit finalement.

Le bus diffusait une musique agréable et on se sentait simplement bien dedans. Les passagers semblaient sympathiques, et une discussion vive sur le football s'engagea derrière Johnny. Une discussion sur Eto'o, Roger Milla et l'équipe nationale « les Lions Indomptables ».

— Eto'o est le meilleur attaquant au monde. Vous ne voyez pas ce qu'il fait avec l'équipe de Barcelone ? Dit le premier.

— Ça nous est bien égal qu'il soit le meilleur attaquant en Europe, pour nous au Cameroun, le meilleur attaquant est et restera Roger Milla, notre Roger, dit une femme d'une quarantaine d'années qui discutait football depuis le début du trajet avec un groupe d'hommes.

— Ah, tu n'es qu'une femme qui ne comprend rien au football. Est-ce que Roger Milla a déjà joué dans une grande équipe ? Est-ce qu'il a gagné autant d’argent que Eto'o ?

La femme ne se laissa pas impressionner : — Que j'y connaisse quelque chose ou pas n'a pas d'importance. Ce qui compte, c'est ce qu'il a fait pour notre pays. J'ai été plusieurs fois en Europe, et lorsque je dis que je viens du Cameroun, tout le monde me parle de Roger. Tout le monde le connaît, qu'en est-il de Eto'o ? Qui le connaît ?

— Haha, typique d'une femme, rétorqua l'homme à nouveau, vous ne jugez que par l'apparence. Un autre homme intervint : — Laisse tomber, tu essayes toujours de nous convaincre avec l’argument « typiquement féminin ». Mais ici, il ne s'agit pas d'homme ou de femme. Dis-nous simplement, pourquoi, selon toi, Eto'o est meilleur que Milla ? Qui en a fait le plus pour notre équipe et pour notre pays, lequel s'est sacrifié le plus ? Et de qui, un Camerounais devrait être le plus fier ? C'est bien là la question, et nous voulons entendre tes arguments et pas seulement femme par ici, femme par là.

Tout le bus ria. On l'avait bien eu. Le premier homme était perplexe et chercha un peu de soutien, il regarda ses collègues un par un, ceux-là même qui auparavant, avait acquiescé lors de ces allégations. Malheureusement il ne reçut aucun soutien et tous ses amis regardaient fixement la route.

Ils étaient maintenant à Edéa, une communauté urbaine qui se trouve entre Douala et Yaoundé. Là également se trouve une très grosse usine d'aluminium ainsi qu'un barrage hydroélectrique qui fournit la majorité de l'électricité du Cameroun.

Le conducteur tourna à droite au croisement, en direction de Kribi, sur une très belle route parfaitement entretenue. Le paysage était totalement différent ici, très peu de maisons, beaucoup de verdure, comme une autoroute à travers une nature intacte.

L'homme reprit. Il ne voulait visiblement pas s'avouer aussi facilement vaincu. — Oui, Milla, Milla, il faut pourtant bien remettre les choses dans le temps et dans leur contexte. Eto'o gagne aujourd'hui cent fois plus que Milla, il est de ce fait, un Noir qui fait partie des meilleurs. Ça nous rend fier, et il marque but sur but sur but. Tellement de buts, comme personne avant lui.

La femme rigola. — Il gagne cent fois plus que notre Roger à son époque. C'est bien là le fond du problème. Roger a fait tellement pour le Cameroun avec si peu d'argent. Il s'agit aussi du comportement. Eto'o est arrogant et se comporte mal. Son comportement affecte toute l'ambiance de l'équipe nationale. C'est un arriviste qui est passé de la rue à millionnaire et qui pense donc qu'il peut tout se permettre.

La femme reçut le soutien du conducteur : — Vous allez trop loin, je pense. Comparer Eto'o à Roger Milla est un crime de lèse-majesté. Il n'y a rien à comparer. On devrait plus le comparer à Rigo, Rigobert Song est bien plus patriotique qu'Eto'o. Il se bat plus pour son pays qu'Eto'o.

La femme reçut de nouveaux soutiens de différentes personnes dans le bus. — Ça nous est bien égal ce que gagne Eto'o. Est-ce que je récupère ne serait-ce qu'un centime de cet argent ? Demanda un vieil homme. Une autre femme se mêla aussi à la conversation : —Il a même dit qu'il ne marierait jamais une Camerounaise, car elles sont mauvaises... Eh, Mouf, il ferait mieux de disparaître avec sa grosse tête. Même avec tout son argent, aucune Camerounaise ne voudra de lui.

Tout le bus éclata de rire.

— Oui, il n'est bon que chez les Blancs. Il est complexé par les Blancs. Il ne cause que des problèmes dans l'équipe nationale du Cameroun. Il s'est bien adapté chez les Blancs, mais ici il veut faire comme s'il était plus important que les autres ? Sa tête, là, elle m'énerve beaucoup. De toute façon, il n'arrive à marquer que grâce à Ronaldinho...

C’était devenu rapidement clair que Milla était le favori des Camerounais dans ce bus.

Le trajet s'est très bien passé jusque-là. Johnny était assis à côté de la fenêtre, juste derrière le chauffeur. À côté de lui, se trouvait un groupe de vacanciers allemands, qui avaient suivi discrètement la discussion tout le temps et qui admiraient le beau paysage. Celui qui se trouvait à ses côtés, tendait régulièrement le bras par la fenêtre pour prendre des photos. Ils passaient justement sur un pont qui surplombait un long fleuve. Une très belle vue. Johnny lui tapota l'épaule et lui fit signe de prendre une photo à cet endroit-là. L'homme essaya, mais comme il était parfois difficile de réagir rapidement avec un appareil photo, Johnny lui proposa de prendre sa place près de la fenêtre s'il le souhaitait. L'allemand était ravi et accepta la proposition. Il pouvait ainsi prendre de belles photos du paysage plus librement.

— Merci beaucoup, c'est gentil, dit-il.

— De rien, you're welcome, répondit Johnny.

Ils échangèrent leurs places, et Johnny conseilla à la femme qui se trouvait à côté de l'Allemand, de se décaler également aux côtés de son compagnon. Il se décala donc de deux places vers la droite afin que les deux amis ne se séparent pas. La femme le remercia également et déclara : — Stefan, c'est vraiment gentil de la part de cet homme. Ça ne pourrait pas se passer ainsi en Allemagne. Les gens ici ne sont pas égoïstes, ils font beaucoup pour les autres afin que ceux-ci se sentent bien, tout simplement. Cette mentalité me plait.

Johnny sourit et lui demanda si elle lui parlait. Il ne comprenait pas un seul mot d'allemand. Celui qui était désormais assis à la fenêtre, et qui s'appelait Stefan, lui répondit dans un français plutôt bon. —Non, elle vous a remercié et se réjouit de la mentalité ici, je m'appelle Stefan.

— Je..., humm, appelle-moi simplement Johnny. Mes amis m'appellent Johnny Win-Win.

Ils rirent tous en entendant ce surnom. « Win-Win ? Demanda la femme allemande à côté de Stefan.

— Oui, Win-Win. N'utilisez-vous pas de surnom en Allemagne ?

La femme répondit dans un français plus qu'approximatif : — Si, nous en utilisons. Cela existe en Allemagne, mais il s'agit souvent de diminutifs ou de dérivés de vrais noms. Par exemple, Klinsi, cela vient du célèbre footballeur Klinsmann.

— Oui, Klinsmann je le connais, il faisait partie de l'équipe nationale dans les années 90. Autrefois, pendant mon adolescence, je devais avoir 17 ans, j'étais très sportif. Nous avons toujours soutenu l'équipe d'Allemagne. Rudi Völler, Matthäus, mais mon préféré, c’était Riedle, c'est bien ça ? Il s'appelait Karl Riedle ou quelque chose comme ça. C'est à ce moment que le deuxième Allemand, qui jusqu'à présent n'avait pas levé les yeux de son livre, parla pour la première fois : — Karl-Heinz Riedle, c'est de lui que vous parlez ?

— Ah oui, Karl Heinz Riedle, c'est lui que j'aimais bien.

— Je pense, dit Stefan, que ce serait plus courtois si je te présentais tout le monde. Comme je te l'ai déjà dit, je m'appelle Stefan, je suis ingénieur agronome, elle, la femme avec qui Johnny avait discuté, s'appelle Anna, elle est ophtalmologue, il montra l'homme qui connaissait le prénom de Riedle, Günther est aussi ophtalmologue, elle, la deuxième femme dormait, c'est Carla, une stagiaire, et le dernier s'appelle Mauritz, c'est le plus jeune d'entre nous, il est ici en stage. Nous travaillons à Bamenda pour un organisme de développement. Anna, Günther et moi-même sommes souvent ici depuis deux ans. Nous venons environ deux fois par an et restons à peu près trois mois. Cette fois-ci nous sommes restés six mois d'affilée et nous voulions profiter de nos deux dernières semaines pour prendre des vacances. Ensuite nous repartons en Allemagne. Mais Mauritz et Carla restent encore quatre mois je crois, oui, c’est ça, quatre mois. Nous sommes tellement impatients d'aller à Kribi, la mer, le sable blanc, les plages vides, les noix de coco, les ananas, les melons, peut-être même quelques petits singes, du pur bonheur.

Johnny, grand gentleman, les salua tous, à l'exception de Carla qui dormait : — Bonjour Stefan, bonjour Anna, bonjour Günther, bonjour Mauritz, moi, c’est Johnny.

Anna ajouta : — Johnny Win-Win, c'est bien ça, n’est-ce pas ? Johnny sourit simplement. Anna lui demanda : — Pourquoi Win-Win ? Fais-tu uniquement du business ? Johnny lui répondit : — En quelque sorte oui. La vie est un business gagnant-gagnant ou perdant-perdant. Comme je suis un homme positif qui aime gagner, mes amis m'ont surnommé Win-Win.

— Que fais-tu dans la vie ? Et que vas-tu faire à Kribi ? En vacances aussi ? Demanda Stefan. Johnny eut d’abord un sourire charmeur et ne répondit pas directement, mais, stratégiquement, il leur demanda en retour : — Vous avez trois réponses possibles, et j'offrirai un prestigieux repas à trois avec champagne en guise de dîner à celui qui sera le plus proche de la vérité.

— Humm, un homme galant, dit Anna. Mais tu dois quand même nous aider. « Un peu chaud » signifie être dans la bonne direction, tu nous diras « très chaud » si on s'approche de la bonne réponse et « très froid », si on va dans le sens contraire. Je commence : tu as un diplôme universitaire ou tu as fait des études.

— Très chaud ! Dit Johnny.

— Tu es en vacances à Kribi, dit Günther.

— Tu gèles, répondit Johnny.

— Alors tu vas à Kribi pour raison professionnelle, dit encore Anna.

— Chaud ! Répondit Johnny.

— Nous avons déjà épuisé nos trois essais, pensa Stefan, mais je voudrais ajouter que je ne pense pas que tu te rendes à Kribi seulement que pour des raisons professionnelles, tu t'appelles Win-Win, donc tu y vas aussi pour faire des affaires.

Johnny dit de façon très détendue : — Ok, vous êtes tous proches de la réponse, c’est pourquoi je vous invite tous, y compris Carla. Entendant les rires de ses quatre compatriotes, elle venait juste de se réveiller. Elle demanda de quoi il s'agissait et pourquoi on avait prononcé son nom.

Johnny la regarda par inadvertance droit dans les yeux, et cela fut si intense que Carla rougit. Tout le monde pouvait le remarquer.

—Es-tu toujours aussi belle lorsque tu te réveilles ? On pourrait dire que l'Allemagne a envoyé ses plus belles femmes au Cameroun et deux d'entre elles se trouvent en ce moment avec moi dans ce bus. Et oui, Johnny se trouvait à nouveau dans son élément. — Je m'appelle Johnny, mais Anna ne veut pas que je laisse Win-Win de côté. Donc simplement Johnny Win-Win.

— Je m'appelle Carla, Carla Schröder, ravie de te rencontrer.

— Schr... Sh... che... Scsöder… ? Johnny essaya de prononcer son nom. Non, ce n'est pas pour moi. Aïe, la langue allemande est comme une langue de guerre, une langue commando, très dure. En 3ᵉ ou seconde, j'avais eu à apprendre l’allemand comme deuxième langue étrangère. Yao lernt Deutsch, gut Morgen, gut Abend, gute Nacht, wer bist du, mein Name ist Johnny... (Yao apprend l'allemand, bonjour, bonsoir, bonne nuit, qui es-tu, mon nom est Johnny...) C'est tout ce dont je me rappelle, sinon plus rien.

Carla sourit un peu gênée, en effet toute l'attention de Johnny était portée sur elle, et les autres se sentaient peut-être un peu exclus. C'est pourquoi elle ne commenta plus les explications de Johnny et se contenta d'un sourire, elle essaya également de se libérer de l'emprise de Johnny en posant une question en allemand à Anna.

Johnny ne se laissa pas impressionner : — As-tu des secrets pour moi ?

— Pourquoi ? Demanda Anna. Tu as bien des secrets pour nous. Tu ne nous as pas encore dit ce que tu fais dans la vie, ni ce que tu vas faire à Kribi.

— Ha, moi ça m'est bien égal, mais je me réjouis beaucoup du dîner gratuit qu’il nous offre. Et quand pouvons-nous le déguster ? Demanda Stefan.

— Toi alors Stefan, toujours le même ! Tu t'en fiches de tout, sauf quand il s'agit de nourriture, répondit Anna un peu énervée.

— Pourquoi veux-tu savoir ce qu'il fait dans la vie et ce qu'il a planifié faire à Kribi ? Toujours autant curieuse. Johnny, ça, c’est typique pour les Allemands. Les secrets sont un supplice pour les Allemands. Ils ne peuvent pas supporter ce qu'ils ne peuvent pas contrôler, ou là où, du moins, ils ont l’impression de pouvoir contrôler quelque chose.

— Mais, je ne veux pas du tout le contrôler. Par ailleurs, lui sait déjà qui nous sommes et ce que nous faisons ici. Je ne considère pas que ce soit un problème de m'intéresser à la culture des gens d'ici, rétorqua Anna.

— Mais bien sûr, tu t'intéresses à la culture, tout du moins tu t'intéresses à lui ! Mais de toute façon peu importe, je me réjouis à l'idée de ce dîner, dit Stefan qui recommença à faire de belles photos pour se détacher de la conversation.

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