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Kitabı oku: «Correspondance inédite de Hector Berlioz, 1819-1868», sayfa 8

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XXIV
A MAURICE SCHLESINGER

Paris, 7 janvier 1838.

Mon cher Maurice,

Il me faut absolument du repos et un abri contre les albums. Voici bientôt quinze jours que je cherche inutilement trois heures pour rêver à loisir à l'ouverture de mon opéra63; ne pouvoir les obtenir est un supplice dont vous n'avez pas d'idée et qui m'est absolument insupportable. Je vous préviens donc que, dussé-je vivre de pain et d'eau, jusqu'au moment où ma partition sera finie, je ne veux plus entendre parler de critique d'aucune espèce. Meyerbeer, Liszt, Chopin et Kalkbrenner n'ont pas besoin de mes éloges. Vos albums, je le sais, contiennent d'ailleurs plusieurs morceaux charmants dont vous ne parlez pas, et dont vous ne me citez pas même les auteurs. Mais je suis poussé à bout; je veux pendant quelque temps, assez de loisir et de liberté pour finir mon ouvrage; je veux être artiste enfin; je redeviendrai galérien après. Jusque-là qu'on ne me parle plus de critique d'aucune espèce; je suis obsédé, abîmé, exterminé. Gardez-vous donc de venir me relancer dans ma tanière, ce serait d'une révoltante inhumanité. Je n'ai jamais compté parmi les apologistes du suicide; mais j'ai là une paire de pistolets chargés, et, dans l'état d'exaspération où vous pourriez me mettre, je serais capable de vous brûler la cervelle.

Votre tout dévoué ami.

XXV
A LISZT

Paris, le 6 août 1839.

Je voudrais bien, mon cher ami, pouvoir te dire absolument tout ce qui se passe dans notre monde musical, ou du moins tout ce que je sais, des transactions qui s'y opèrent, des marchés qu'on y fait, des souterrains, des mines qu'on y creuse, des platitudes qui s'y commettent; mais je doute fort que mon récit eût quelques chances de t'intéresser; il ne t'offrirait rien de nouveau; l'étude des mœurs italiennes t'a blasé sur toutes ces gentillesses, et ce qu'on fait à Paris ressemble horriblement à ce que tu as vu pratiquer à Milan.

Tu n'aurais pas d'ailleurs le cœur d'en rire; tu n'es pas de ces gens qui trouvent des sujets de plaisanterie dans les outrages dont la Muse que nous servons a tant à souffrir, toi qui voudrais à tout prix, au contraire, cacher les souillures de sa robe virginale et les tristes lésions de son voile divin.

Ne parlons donc pas des énormités qui t'irriteraient autant que moi et contre lesquelles nous ne pouvons pas même protester librement… Je vais tâcher seulement de te donner une idée superficielle de ce qui se passe dans nos concerts, dans nos théâtres lyriques, parmi nos virtuoses, nos chanteurs, nos compositeurs; et cela, sans passion, sans blâme ni éloge, en un mot, avec le calme plat d'un adepte de cette fameuse école philosophique que nous avons fondée à Rome en l'an de grâce 1830, et qui avait pour titre: École de l'indifférence absolue en matière universelle.

Cette forme a l'avantage de me dispenser des théories, des développements, et me permet de laisser tomber le fait lourdement, brutalement, sans m'inquiéter des suites. Je commence, sans ordre chronologique, par ce qu'il y a de plus récent.

Avant-hier, pendant que je fumais, selon mon habitude, un cigare sur le boulevard des Italiens, quelqu'un me prit vivement le bras: c'était Batta arrivant de Londres.

– Que fait-on à Londres? lui dis-je.

– Absolument rien; on y méprise la musique et la poésie, et le drame, et tout; excepté le Théâtre-Italien, où la présence de la reine attire la foule, tous les autres clubs harmoniques sont abandonnés. Je m'estime heureux de n'en être pas pour mes frais de séjour et de voyage, et d'avoir été applaudi dans deux ou trois concerts; c'est tout ce que j'ai obtenu de l'hospitalité britannique. Mais je suis arrivé trop tard; il en est de même d'Artot, qui, malgré son succès à la Société Philharmonique, malgré l'incontestable beauté de son talent, s'est beaucoup ennuyé.

– Et Doehler?

– Doehler s'ennuie aussi.

– Et Thalberg?

– Thalberg cultive les provinces.

– Et Bénédict?

– Encouragé par la vogue de sa première partition, il écrit un nouvel opéra anglais.

– Et madame Gras-Dorus?

– Madame Gras est devenue fashionable en quelques jours; elle a balancé la vogue des Italiens, elle chantait et partout son nom ne figurait plus sur l'affiche qu'accompagné de l'épithète de cantatrice sans égale, imprimée en très gros caractères. On dit qu'elle a été chutée ici (à Paris) à sa rentrée dans Guillaume Tell?

– C'est vrai.

– Comment donc? Pourquoi?

– Voulez-vous boire un grog?

– Non, je pars; venez ce soir chez Hallé, nous boirons et nous ferons de la musique.

– Bon!

M. Hallé est un jeune pianiste allemand, qui a de longs cheveux, qui est grand et maigre, qui joue magnifiquement du piano, qui devine la musique plutôt qu'il ne la lit, c'est-à-dire qu'il tend à te ressembler. J'ai trouvé chez lui son compatriote M. Heller. Un talent sérieux, une intelligence musicale des plus vastes, une conception rapide, une grande habileté d'exécution, telles sont les qualités de compositeur et de pianiste que lui assurent tous ceux qui le connaissent bien, et je suis de ceux-là.

Hallé et Batta nous ont fait entendre une sonate en si bémol de Félix Mendelssohn. On a généralement admiré la facture savante et le style ferme de ce morceau: «C'est d'un grand maître», disait Heller. Nous avons fait chorus en buvant de la bière; puis est venue la sonate en la majeur de Beethoven, dont le premier morceau a arraché à l'auditoire des exclamations, des jurements, des cris d'enthousiasme; le menuet et le finale n'ont fait que redoubler notre exaltation toute musicale, bien que les bouteilles de vin de Champagne fussent déjà en circulation.

Et quelqu'un a fait observer à ce sujet que la bonne bière était bonne, mais que le vin de Champagne valait mieux.

O vagabond infatigable! quand reviendras-tu donc pour nous rendre ces nuits musicales que tu présidais si dignement? Entre nous, il y avait trop de monde à tes réunions; on parlait trop, on n'écoutait pas assez, on philosophait. Tu faisais une dépense affreuse d'inspiration qui eût donné le vertige à quelques-uns sans tous les autres.

Te rappelles-tu notre soirée chez Legouvé, et la sonate en ut dièse mineur, et la lampe éteinte, et les cinq auditeurs couchés sur le tapis dans cette obscurité, et notre magnétisation, et les larmes de Legouvé et les miennes, et le respectueux silence de Schœlcher, et l'étonnement de M. Goubeaux? Mon Dieu! mon Dieu! que tu fus sublime ce soir-là! Allons, j'oublie que j'appartiens à l'école des indifférents.

J'y reviens.

L'Exposition des produits de l'industrie nous a valu cette année des volumes de critique musicale; on s'est beaucoup disputé, on a crié pour et contre les pianos, pour et contre les orgues; j'ai vu les moments où l'on intenterait un procès pour un jeu de flûtes; on a failli se battre pour une vis de pression.

Je ne concevais pas trop tout ce remue-ménage; car, enfin, il nous arrive tous les jours, à nous autres artistes, d'essuyer des critiques pour le moins aussi injustes et aussi ridicules qu'aucune de celles que les fabricants d'instruments peuvent avoir à subir, et nous laissons aboyer sans mot dire. Nous ne manquons pourtant pas d'amour-propre, notre sensibilité n'est pas éteinte, tant s'en faut, et nous pourrions nous en défendre et nous ne le faisons pas.

D'autre part, quand, par extraordinaire, un critique se montre bienveillant, nous le remercions bien dans l'occasion; mais nous ne courons pas chez lui pour cela, et trop souvent même nous poussons l'impolitesse jusqu'à oublier de lui envoyer une carte. Loin de là, les exposants loués ont été d'une reconnaissance exemplaire; visites, lettres et présents, ils n'ont rien négligé pour l'exprimer. Ceux, au contraire, dont on a peu ou mal parlé ne concevaient pas qu'il leur fût défendu de courir sus au critique et de le tuer au coin d'une borne comme un chien enragé. Chacun peut dire ce qu'il pense et même ce qu'il ne pense pas sur les plus grands artistes, sur les œuvres les plus magnifiques comme sur les médiocrités les mieux reconnues sans qu'on y fasse attention; mais ne pas sentir le prix d'une nouvelle cheville de contre-basse, ou louer le chevalet d'un alto, ce sont là des événements dont le retentissement est immense et prodigieusement prolongé…

…On vient de trouver le moyen de gagner de l'argent en ne bâtissant pas de salle pour les Italiens. La troupe chantante de notre grand Opéra va se trouver en lutte directe avec les chanteurs ultramontains; on veut réunir les deux troupes dans la salle de la rue Le Peletier. La mêlée sera rude: Lablache contre Levasseur, Rubini contre Duprez, Tamburini contre Dérivis, la Grisi contre mademoiselle Nathan, et tous contre la grosse caisse. Nous serons là pour faire le relevé des morts et des mourants. Le directeur aura aussi l'administration du théâtre de Londres, et il fera peut-être beaucoup d'argent, et ce sera une fameuse affaire, et ça m'est égal; je suis de la secte des indifférents.

C'est aux marchands à calculer combien la denrée musicale, exploitée de la sorte, peut leur rapporter bon an mal an. Ce sont eux qui doivent s'inquiéter de la durée de leurs instruments chantants; quant à moi, si je n'étais pas indifférent, je dirais absolument comme toi: «J'aime mieux la musique que tout ça.»

Duponchel conservera la haute direction des costumes; ainsi ne t'inquiète pas, l'art et les artistes seront dans de beaux draps

…Beaucoup de gens disent que l'orchestre (de l'Opéra) se fatigue, ou se néglige, ou se dégoûte de sa tâche. L'autre jour, j'entendais des habitués se plaindre de ce que les instruments n'étaient pas d'accord; ils prétendaient que le côté droit de la masse instrumentale tendait à s'élever sans cesse d'un quart de ton au-dessus du côté gauche; prétention exorbitante à en croire ces messieurs. «Vous souffrez en silence, me dit l'un deux. – Moi, je n'ai pas dit que je souffrais; d'abord parce que je n'ai rien dit du tout, et ensuite…»

On joue quelquefois Don Juan quand on ne sait plus où donner de la tête. Si Mozart revenait au monde, il dirait peut-être, comme ce président dont parle Molière, qu'il ne veut pas qu'on le joue. Spontini, au contraire, a voulu être joué, et il l'a été. On ne veut pas entendre parler, à l'Opéra, de reprendre ses anciens chefs-d'œuvre. Ambroise Thomas, Morel et moi, nous disions l'autre jour que nous donnerions bien cinq cents francs pour une bonne représentation de la Vestale. Comme nous savons cette partition par cœur, nous l'avons chantée jusqu'à minuit; tu manquais pour l'accompagner.

La cause de Spontini a été défendue dans une brochure par un de nos amis, Émile D…; quelques journaux se sont joints à lui. Cette cause allait être gagnée, quand Spontini a cru devoir publier une lettre, déjà imprimée, il y a deux ou trois ans à Berlin, sur la musique et les musiciens modernes64. Les adversaires de Spontini eussent payé mille écus pour la publication de cette lettre, il la leur a donnée pour rien. Ça n'empêche pas la Vestale d'être un chef-d'œuvre, mais cela fait que nous ne le reverrons jamais…

Tu as vu que la place de professeur de composition laissée vacante par la mort de Paër allait être donnée à M. Carafa. On assure que mon système sur l'indifférence commence à être apprécié au ministère. Les orangers du Jardin Musard portent déjà des fruits; Théophile de Ferrière a été assassiné par un inconnu la semaine dernière, en sortant de l'Opéra-Comique; il va beaucoup mieux. Heine s'écrit toujours par un e; il demeure rue des Martyrs. On m'a volé son charmant livre sur l'Italie. As-tu lu ses Bains de Lucques? On nous promet des nuits vénitiennes au Casino; il y a là un orchestre de cent quarante musiciens, toutes les fois que soixante d'entre eux ne sont pas employés à la même heure aux concerts des Champs-Élysées. Il y a un microscope au gaz; j'y ai vu des cirons qui paraissaient gros comme des melons. Je te donne toutes mes nouvelles comme elles me viennent.

F. Hiller m'a envoyé de Milan quelques morceaux de sa Romilda. On prétend que Rossini vend des poissons comme on n'en voit guère65; je parie qu'il s'ennuie dans sa villa autant que ses gros poissons dans leur vivier. Il dit toujours: «Qu'est-ce que ça me fait?» S'il n'aimait pas tant les énormes poissons, il aurait peut-être des dispositions pour l'indifférence absolue; mais j'en doute.

Un de nos ennemis a voulu dernièrement se précipiter de la colonne Vendôme; il a donné quarante francs au gardien pour le laisser monter, puis il a renoncé à son projet… Il faut espérer que, dans la nouvelle salle qu'on promet à l'Opéra-Comique, il y aura un foyer pour les musiciens; car actuellement, au théâtre de la Bourse, les malheureux sont obligés avant le lever de la toile de s'accorder coram populo d'où il suit que, pendant que les hautbois et les violons donnent le la, les trombones grognent leur si bémol; et véritablement, en pareil cas, il n'y a pas d'indifférence qui tienne, c'est terrible…

M. Wilhem a donné, le mois passé, deux séances publiques; ses cinq cents élèves chanteurs ont été fort applaudis; je n'ai pas trouvé leur exécution en voie de progrès. Tous ces jeunes hommes et ces enfants ont un sentiment rhythmique d'un vulgarisme désespérant. Ils martellent chaque temps de la mesure; ils convertissent tout, plus ou moins, en mouvement de marche. Certainement ce résultat est très-beau, si l'on compare l'ancienne ignorance des classes populaires à ce qu'elles savent aujourd'hui; mais savoir n'est pas tout en musique, il faut sentir aussi, et je crois que le peuple parisien aime trop le vaudeville et les tambours.

On répète depuis deux mois et demi l'opéra de Ruolz66; en conséquence les acteurs n'en savent pas une note; mais les costumes sont prêts et Duponchel veut le jouer vendredi prochain. Chopin ne revient pas; on le disait fort malade, il n'en est rien. Dumas a fait une pièce ravissante67; mais ceci n'est pas de mon domaine. J'ai fini, je ne sais plus rien.

Adieu; mon indifférence ne va pas jusqu'à prendre mon parti de ta longue absence. Reviens donc; il en est temps pour nous, et pour toi, je l'espère.

XXVI
A M. BULOZ

Paris, 22 novembre 1840.

Monsieur,

Dans le compte rendu par la Revue des Deux Mondes du festival que j'ai donné à l'Opéra, on a commis des erreurs de faits dont je crois pouvoir vous demander la rectification.

L'auteur de cet article veut me rendre coupable du crime de lèse-majesté à l'égard de Gluck et de Palestrina: «Pauvre Gluck! dit-il, vous ne vous doutiez pas, lorsqu'au son des trombones, vous évoquiez jadis les esprits de haine et de rage, qu'un jour viendrait où M. Berlioz vous ferait l'aumône de quelques ophicléides; et Palestrina qu'on a arraché à la chapelle Sixtine, où quelques soprani suffisaient à des mélodies fuguées, pour l'écraser lui, le maestro paisible, à l'inspiration suave et religieuse, sous la pompe des voix et des instruments.»

Or, l'acte d'Iphigénie a été exécuté absolument tel que l'auteur l'écrivit; on n'y a donc point entendu d'ophicléides. Quant à Palestrina, quelques soprani lui suffisaient si peu, que son madrigal Alla riva del Tebro, morceau profane du reste, et qui n'a jamais pu être entendu à la chapelle Sixtine, est à quatre parties (SOPRANI, CONTRALTI, TÉNORS et BASSES); il a fallu en outre une étrange préoccupation pour trouver écrasé sous la pompe instrumentale le chœur chanté d'après le texte du compositeur SANS ACCOMPAGNEMENT.

Voilà les erreurs qui devaient me blesser dans mon rôle d'interprète de maîtres que j'admire et les seules qu'il m'importe de relever.

Recevez, etc.

XXVII
A JOSEPH D'ORTIGUE

Leipzig, 28 février 1843.

Il y a longtemps que j'aurais dû t'écrire, mais un métier de galérien comme celui que je fais me paraît une excuse suffisante à ce retard. J'ai été malade et je le suis encore des fatigues incroyables que m'ont données les répétitions de Dresde et de Leipzig. Figure-toi que j'ai fait à Dresde, en douze jours, huit répétitions de trois heures et demie chacune, et deux concerts, et qu'il m'a fallu une fois aller de Leipzig à Dresde et revenir dans le même jour, c'est-à-dire faire soixante lieues en chemin de fer, préparer mes deux concerts et revenir assister à celui que Mendelssohn dirigeait ici. Mendelssohn a été charmant, excellent, attentif, en un mot, bon camarade tout à fait; nous avons échangé nos bâtons de chef d'orchestre en signe d'amitié.

C'est un grandissime maître: je le dis malgré ses compliments enthousiastes pour mes romances; car des symphonies, ni des ouvertures, ni du Requiem, il ne m'a jamais dit un mot68. Il a fait exécuter ici pour la première fois sa Nuit du sabbat sur un poëme de Gœthe et je t'assure que c'est une des plus admirables compositions orchestrales et chorales qu'on puisse entendre. Schumann, le taciturne Schumann, est tout électrisé par l'Offertoire de mon Requiem; il a ouvert la bouche, l'autre jour, au grand étonnement de ceux qui le connaissent, pour me dire, en me prenant la main: Cet offertorium surpasse tout!

Rien, en effet, n'a produit sur le public allemand une pareille impression. Les journaux de Leipzig ne cessent depuis quelques jours d'en parler et de demander une exécution du Requiem en entier; chose impossible, puisque je pars pour Berlin et puisque les moyens d'exécution manquent ici pour les grands morceaux de la prose.

A Dresde, nous avons dit deux fois l'Offertoire et le Sanctus, une fois la Fantastique, une fois Harold, les ouvertures du Roi Lear, de Benvenuto, le Cinq Mai (qui a prodigieusement émotionné le parterre saxon), la cavatine de Benvenuto, une des nouvelles mélodies instrumentées récemment, la romance pour le violon, deux morceaux de Roméo, l'apothéose (deux fois) avec les deux orchestres et les chœurs, comme nous avons fait à l'Opéra de Paris avant mon départ. Reissiger conduisait l'orchestre inférieur.

Ici, j'ai donné, à mon concert, le Roi Lear, la Fantastique, qui les a plus étonnés que touchés, etc.; le finale (le Sabbat) a été exécuté avec une précision et une fureur diabolique sans exemple. Puis on m'a demandé quelques morceaux pour un concert au bénéfice des pauvres et je leur ai donné de nouveau le Roi Lear, une mélodie avec orchestre, et l'éternel Offertoire. Ces trois morceaux ont décidément enlevé les Leipziquois. Oh! si j'avais à Paris une salle et un chœur dont je puisse disposer sans des frais ridicules, combien je ferais entendre de choses qui vous sont à peu près inconnues!

Quant aux autres villes où j'ai donné des concerts, ce sont les ouvertures du Roi Lear, des Francs Juges et la scène aux champs de la Symphonie fantastique, qui ont produit le plus constamment de l'effet; l'Adagio (scène aux champs) a frappé le public incomparablement plus que tout le reste. A Mannheim, ce sont les deux morceaux d'Harold, la marche des Pèlerins et la Sérénade qui ont eu les honneurs; quant au final, nous n'avons pas essayé de le donner, l'orchestre n'était pas de force; mais il a été enlevé à Dresde, sans toutefois que cette exécution approche de celle de Paris; il n'y avait pas assez de violons et les trombones sont de trop honnêtes gens pour cette orgie de brigands.

Je vais tâcher de faire quelque grande exécution à Berlin. Après quoi, je m'en retournerai en concertant encore sur la route à Weimar et à Francfort, si faire se peut.

Dis-moi donc un peu où en est la gravure de mon traité d'instrumentation; si tu n'en sais rien, fais-moi le plaisir de l'aller demander chez Schonenberger, boulevard Poissonnière; c'est te demander en même temps de m'écrire. Tu adresseras ta lettre poste restante à Berlin. Fais-moi l'amitié aussi d'aller à l'Opéra, un de ces soirs, dire à Desmarets69 mille et une choses de ma part et lui montrer cette lettre. Tu peux bien dire à Dieppo aussi que je n'ai pas encore trouvé son pareil, et que les trombones qui essaient l'Oraison funèbre me font bien mal à la poitrine, sans compter les oreilles. Et notre jeune armée de violoncelles, et notre brillante bande de violons, tout cela je le cherche encore en Allemagne; mais, par exemple, en fait de trompettes, il y en a partout, et de fameuses, qui montent sans peur et sans reproches, et qui ont un son d'enfer; les trompettes à cylindre sont très-répandues et excellentes.

Je reçois à l'instant une lettre de Meyerbeer m'annonçant qu'une fête ordonnée par le roi retarde de quelques jours mes répétitions; il m'engage à aller en conséquence à Brunswick, où je suis attendu et où le Roi Lear m'a déjà conquis de chauds partisans. Les frères Muller écrivent aussi qu'ils se mettent en quarante-quatre pour m'aider.

Je vais donc y aller.

Adieu; voilà toutes mes nouvelles. Mille choses à tous ceux de mes amis que tu vois quelquefois, entre autres à Perrot; embrasse tes gamins pour moi et salue de ma part madame d'Ortigue. Elle est fidèle, comme à l'ordinaire, aux concerts du Conservatoire?

63.L'opéra de Benvenuto Cellini.
64.Cette brochure, adressée par Spontini aux membres de la Chambre des députés, fut discutée en séance publique. M. Monnier de la Sizeranne en soutint les conclusions, qui furent rejetées après un discours de M. Taschereau.
65.Rossini habitait alors Bologne.
66.La Vendetta, opéra en trois actes, qui n'eut qu'un petit nombre de représentations.
67.Mademoiselle de Belle-Isle.
68.On remarquera que, malgré l'hostilité avouée de Mendelssohn, Berlioz a toujours rendu justice à cet admirable musicien et qu'aucun mauvais procédé n'a pu le faire changer d'avis à cet égard.
69.Violoncelliste à l'Opéra.
Yaş sınırı:
12+
Litres'teki yayın tarihi:
25 haziran 2017
Hacim:
358 s. 14 illüstrasyon
Telif hakkı:
Public Domain
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