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Kitabı oku: «Les français au pôle Nord», sayfa 29

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1er mai 1888. – Ecueil. – Au pôle Nord. – L'unique manifestation de la vie organique est un cadavre de baleine. – Vaines recherches. – Où déposer le procès-verbal de découverte? – Quelle preuve donner, plus tard! – La «nuit» au Pôle. – Immobilité des êtres et des choses. – A propos de la rotation terrestre. – Le jour et la nuit de six mois. – La voie du retour.

La dérive de trois minutes, observée par le capitaine, est en somme d'une importance relative. La boussole va lui permettre de corriger l'écart avec le Pôle, et de rectifier la route.

Il suffira, du reste, de trois heures, pour parcourir la distance très minime séparant le bateau du point où passe l'axe terrestre, si toutefois la mer et les glaces demeurent en l'état.

Mais si les difficultés semblent s'aplanir au moment où l'intrépide marin va toucher au but poursuivi avec tant de vaillance, il n'en sera pas de même au retour, quand il faudra retrouver l'ancienne trace et le campement où sont restés, avec le matériel, les quatorze compagnons malades et à bout de vivres. Surtout si la banquise qui vient de se mettre en mouvement est l'objet de ruptures partielles, et si certaines parties plus ou moins considérables ont dérivé plus ou moins vite, après séparation de la masse totale.

Mais, qui parle de retraite!

N'y a-t-il pas là, tout près, à portée de la main, ce point mystérieux à la recherche duquel tant et de si belles existences furent sacrifiées, vainement, hélas!

Dans quelques heures, l'axe du monde que ni Anglais, ni Russes, ni Allemands, ni Danois, ni Suédois, ni Américains n'ont pu atteindre, ne sera-t-il pas surmonté des couleurs françaises, en signe de prise de possession, et pour affirmer cette conquête pacifique opérée avec des moyens si infimes par des Français, rien que des Français!

A cette pensée, les marins sentent se décupler leur énergie, et tout vibrants d'enthousiasme en songeant que la patrie en sera plus grande et plus glorieuse, reprennent leur nage.

Le temps est clair, la mer calme, le soleil splendide. Le thermomètre est à −12°.

C'est le 1er mai 1888.

Cependant le capitaine, en dépit de son calme habituel, demeure soucieux, presque sombre, à mesure que le mouvement rythmique des rames le rapproche du point dont la direction lui est indiquée par les instruments de navigation.

Et pourtant le bateau se comporte admirablement, aussi bien que la meilleure des chaloupes. Les glaces flottantes se font de plus en plus rares et laissent à peu près libre tout l'espace visible. Enfin, les flots sont unis comme un miroir, au point que l'embarcation semble glisser sur un étang.

Les matelots, voyant la préoccupation inquiète de leur chef, gardent le silence et n'ont plus de ces bonnes plaisanteries parfois un peu grasses, qui rompaient la monotonie du voyage.

Seul, leur halètement de geindre pétrissant le pain marque, d'un bruit de hoquet, l'effort qui produit la propulsion de l'esquif par les rames.

Les chiens tapis en rond, vautrés dans une béate paresse, dorment au soleil de −12°; une vraie température de printemps qui, pour un peu, les ferait souffler et tirer la langue, tant leur organisme boréal est habitué aux froids terribles de la région.

Une heure s'écoule, puis deux.

L'instant solennel approche. Le capitaine se lève debout, monte parfois sur son banc, et regarde avidement l'horizon.

Puis il se rassied en fronçant le sourcil.

Mais cet horizon est si borné, grâce à la faible élévation du bateau, que l'officier espère encore apercevoir ce mystérieux quelque chose qui semble lui tenir si fort à cœur.

Un quart d'heure se passe.

Le capitaine se lève encore et pousse un soupir de soulagement à l'aspect d'une masse brune qui émerge, au loin, des eaux glauques.

– Enfin! murmure-t-il à voix basse.

«La destinée est donc pour moi, et peut-être restera-t-il quelque chose de mon œuvre!

«Et vous, matelots, souquez ferme!»

La vitesse de l'embarcation augmente encore s'il est possible, et le capitaine gouverne droit à ce qui lui semble être un écueil.

Tout en maintenant la barre droite, il écrit à la hâte quelques lignes sur une feuille blanche, l'enroule et l'introduit dans un flacon de verre qu'il bouche et cachètte hermétiquement avec du brai.

A mesure qu'on avance, son impatience grandit. Ses yeux brillent, ses gestes deviennent fébriles.

Son regard ne quitte plus le point noir qui grossit à chaque coup de rame et dont il vient de calculer la distance exacte.

Encore un quart d'heure de nage précipitée, puis quelques minutes…

– Stop!..

Le canot glisse sur son erre et s'arrête.

Les quatre hommes interrogent du regard leur chef dont le mâle visage reflète une vive et passagère émotion.

– Matelots, mes braves camarades, leur dit-il d'une voix légèrement altérée, si mes calculs sont exacts, si une de ces erreurs minimes qui échappent en dépit de tout aux moyens humains ne s'est glissée dans mes opérations, tous les empêchements sont vaincus et vous venez d'accomplir un fait géographique jusqu'alors sans précédents.

«Au point précis où flotte en ce moment notre bateau se confondent tous les méridiens… il n'y a plus ni latitude ni longitude… Nous sommes au point mort autour duquel tourne la terre…

«Nous sommes au pôle Nord!

«Offrons à la patrie absente la part de gloire qui vous attend, et consacrons notre découverte par un triple cri de: Vive la France!

– Vive la France! crient à pleine voix les quatre matelots en levant leurs avirons, pendant que le capitaine agite par trois fois le pavillon tricolore hissé au bout d'une gaffe.

– Je supposais qu'il devait y avoir ici, ou tout au moins dans le voisinage, une terre, un continent, une île où nous pussions aborder…

«Il paraît que non. Car, sauf cet écueil que vous voyez à trois encâblures, nous n'apercevons rien.

«Ce roc ainsi placé, d'une façon providentielle, à une distance insignifiante du Pôle va du moins recevoir ce document qui attestera tout à la fois notre passage, notre priorité, notre prise de possession.

«Nul désormais ne pourra révoquer en doute notre découverte, devant cette preuve écrite, signée de moi, et scellée dans ce récif.

«En avant, matelots!.. c'est notre dernier effort avant de songer au retour définitif.»

Il est trop juste de dire que les matelots semblent modérément enthousiasmés. Cette découverte d'une chose qu'on ne voit pas, cette course après une chose – il n'y a pas d'autre mot – qu'on trouve et qui demeure intangible, cette absence de mise en scène, tout cela suscite en eux un sentiment voisin de la désillusion.

Mais leur chef semble si heureux, qu'ils participent comme toujours de bon cœur et de confiance à sa joie.

Du reste, en thèse générale, le matelot n'est pas là pour se gaudir ou s'attrister, pour approuver ou improuver. C'est un élément de force et de travail, une machine humaine qui fonctionne par ordre, la plupart du temps sans comprendre, et parce que la discipline le veut ainsi.

Il est vrai qu'une année de vie commune, de souffrances intrépidement supportées, d'espoirs longuement caressés, de privations mutuellement endurées, ont depuis longtemps solidarisé tous les hommes composant l'équipage d'élite de la défunte Gallia.

De cette solidarité est née une sorte de camaraderie, qui, sans jamais faire tort à la discipline ou abaisser la dignité du commandement, a rendu les rapports plus intimes, plus cordiaux, plus affectueux.

Chacun reste à sa place, mais on s'aime davantage, on s'estime plus, on s'apprécie mieux.

Donc, les quatre marins sont heureux du bonheur de leur chef.

… L'écueil grandit à vue d'œil. Il est de forme allongée, sans apparente dépression, assez lisse, sans protubérances, et de couleur brune. Il mesure à peine vingt-cinq mètres de long.

Peu importe, d'ailleurs. Quelque dure que soit la substance qui le compose, elle n'en sera pas moins entamée de façon à recevoir le document préparé par le capitaine.

A cent mètres environ, le Basque Elimberri ne peut retenir, avec un geste de surprise, un cri de stupeur.

– Eh!.. vivadioux!.. le diable m'emporte…

– Qu'y a-t-il, Michel? demande le capitaine.

– … Et que la drisse du pavillon allemand me serve de cravate…

– Mais quoi?..

– Capitaine, nous sommes volés…

«L'écueil n'est pas un écueil… c'est…

– Achève!

– Une baleine franche, immobile et morte sans doute!..»

Rien de plus réel, et chacun peut vérifier bientôt l'assertion du marin.

L'avant de l'embarcation qui file plus lentement, vient heurter une masse dure comme de la glace et presque aussi sonore.

Plus de doute! c'est bien une baleine. Voici ses yeux entr'ouverts et gelés dans l'orbite, sa gueule avec les fanons en forme de peigne, dont les dents colossales sont soudées par une croûte de glace. L'échine immense qui émerge comme la quille d'un bateau retourné résonne sous un coup d'aviron lancé par un matelot, comme si l'homme frappait un madrier de bois tendre.

D'où vient ce monstre immobile sur la mer intérieure circonscrite par les glaces polaires. Par quelle brèche a-t-il pénétré jusqu'à ces eaux d'où les animaux aquatiques, petits ou grands, semblent bannis! Après quelle agonie, ce géant captif a-t-il succombé au milieu des flots stériles et déserts!

Machinalement, le baleinier saisit un croc et, sans penser davantage, en porte un coup violent, dans le flanc du cétacé, un peu au-dessus de la ligne de flottaison.

Contre son attente, le fer pénètre profondément dans la masse dont la périphérie est gelée à une profondeur moins considérable qu'on ne l'avait supposé tout d'abord.

Etonné, le baleinier retire vivement son croc dont le fer recourbé a fait dans le tégument brun une large brèche.

Par cette ouverture surgit aussitôt, avec un sifflement aigu, un jet de gaz fétide qui enveloppe l'embarcation et suffoque les hommes écœurés.

– Nage à culer! crie le capitaine, qui depuis la rencontre de la lugubre épave n'a pas dit un mot.

Les matelots, en hommes désireux de se soustraire à ces infectes et peut-être mortelles émanations, exécutent la manœuvre et se trouvent en un clin d'œil à distance convenable.

Les gaz sortent toujours avec ce bruit caractéristique de vapeur fusant sans des soupapes. La baleine, morte sans doute pendant l'été, saisie en pleine décomposition par les premiers froids qui ont emprisonné ces gaz putrides, eût ainsi flotté probablement jusqu'au prochain dégel sans le coup de croc du Basque.

Peu à peu elle oscille et commence à tanguer comme un navire que l'eau gagne. Bientôt dégonflée, devenue trop lourde pour flotter, elle s'enfonce peu à peu et disparaît dans un grand remous de vagues et d'écume.

Et rien ne subsiste désormais de la vie organique sur cette mer morte, circonscrite par des falaises de glaces, et où la présence des cinq Français semble un défi jeté à la réalité, comme à l'impossible!

Les matelots immobiles attendent, l'aviron bordé, les ordres de leur capitaine.

Celui-ci ne peut se résoudre encore à ordonner la retraite.

Un coup de sonde lui donne le fond par quarante brasses.

Il commande de nager. Un nouveau coup accuse une profondeur de cent brasses. Cinq cents mètres plus loin, il en trouve vingt-cinq. Plus loin encore, l'instrument n'atteint plus le fond à deux cents brasses!

Le bateau va, vient, vire, louvoye, explore la région pour trouver dans le voisinage un point fixe où le capitaine puisse déposer le document qui donnera seul à sa découverte toute garantie d'authenticité.

Et rien!.. rien que ce double fond de glace dont la sonde lui accuse toujours la présence! Rien que ces vallées sous-marines avec leurs escarpements, leurs dépressions, leurs bas-fonds criblés d'ouvertures communiquant avec l'océan polaire. Rien que la vieille banquise paléocrystique oscillant de-ci de-là, aux environs du Pôle, accrochée peut-être à quelques pics rocheux, ou sondée d'un bord à une terre que l'expédition française ne peut apercevoir.

Si le pôle Nord est manifestement découvert par le capitaine d'Ambrieux, cet exploit unique dans les fastes des voyages n'en restera pas moins sujet à contestation, faute d'un point fixe! Parce qu'il manquera là quelques milliers de tonnes de solide, les intéressés pourront révoquer en doute l'affirmation du vaillant officier, faute d'un lieu où reste le procès-verbal de découverte!..

Il est bien évident que son journal de bord, contenant la mention exacte des latitudes et des longitudes fera foi, ainsi que la carte de l'itinéraire mise à jour avec un soin scrupuleux.

Mais son adversaire, si prodigue de cairns et de documents, se contentera-t-il de ces preuves que les sociétés savantes admettent généralement sans observation, surtout quand l'homme qui les présente offre toutes les garanties d'honorabilité.

Ne lui cherchera-t-il pas, au dernier moment, une de ces chicanes mesquines et absurdes trop connues sous le nom de: querelles d'Allemand!..

De son côté, le capitaine d'Ambrieux n'exagère-t-il pas ses scrupules, en voulant affirmer, avec preuves matérielles à l'appui, un fait qui probablement ne pourra pas être de si tôt contrôlé!

– Ma parole ne doit-elle pas suffire! se dit le brave officier, qui vient de faire en un moment ces réflexions longues à formuler.

Et elle suffira, n'en doutez pas, capitaine, car cette affirmation d'un homme tel que vous vaut toutes preuves écrites, et s'impose à tous, amis, ennemis ou simplement rivaux.

Après un repas qu'il eût voulu offrir plus substantiel à ses auxiliaires et qui se termina par une double ration – la petite fête du matelot – le capitaine s'orienta, puis commanda le retour.

Le soir venu, bien que chacun fût harassé, nul ne songeait à dormir, y compris les chiens dont la promiscuité devenait parfois bien gênante, quand on ne rencontrait pas quelque glaçon pour permettre aux pauvres bêtes de s'isoler un moment.

Le grappin mordit comme la veille dans le fond de glace et le bateau s'immobilisa.

Que cette expression: «le soir» n'implique pas, dans la pensée du lecteur, l'idée de ténèbres tombant lentement sur l'enfer de glaces pour ajouter encore à l'horreur de son silence. Il n'y a plus de nuit, car l'interminable journée polaire luit depuis longtemps sur ce point désolé de notre globe. Tellement désolé, tellement silencieux et morne, qu'il semble appartenir à un autre monde, à une planète en voie de décomposition.

Mais comme la vigueur humaine est limitée, comme les efforts des matelots pendant cette journée ont été considérables, le petit équipage s'installe pour prendre un repos mérité. Il fait grand jour, mais, d'après les conventions de notre chronologie, et l'habitude vicieuse d'ailleurs que nous avons de couper notre journée civile en deux fois douze heures, c'est la nuit.

Le dîner, plus que médiocre, une fois absorbé, on cause, et les marins qui ne peuvent, malgré tout, concevoir l'importance du voyage ainsi terminé en pleine mer, sur un point que rien ne détermine du moins à leurs yeux, restent mornes et déconcertés.

N'était la verve du Parisien, auquel Dumas donne la réplique, l'entretien tomberait bientôt au niveau du thermomètre qui marque en ce moment −12°.

– Enfin, conclut gravement le premier, nous voici en route pour les grands boulevards, après avoir vu un certain nombre de pays particulièrement quelconques, notamment celui des engelures, des bombes glacées, ou autres sorbets comestibles ou non.

– Et puis, reprend Dumas, nous sommes allés au pôle Nord qui est un endroit lointain, peu fréquenté des mathurins de tous pays, même des Marseillais…

«Té!.. mon bon… ça nous posera!

– L'embêtement sera que nous ne pourrons pas dire comment que la chose est faite, vu que le plus malin d'entre nous, sauf le capitaine, n'a été fichu de rien apercevoir…

– Mais, répond l'officier avec sa condescendance habituelle, la question n'a-t-elle pas été assez souvent agitée, pour que vous ne sachiez qu'il n'y a en effet rien à voir.

«Pas plus que vous je n'ai vu, dans l'acception banale du mot…

«J'ai simplement trouvé, puis atteint, avec votre concours, un point jusqu'alors inaccessible à tout autre…

«C'est là votre mérite et le mien.

«Il y aurait maintenant des expériences fort intéressantes à faire sur la pesanteur, la pression atmosphérique, les mouvements de l'aiguille aimantée, etc…

«Mais je manque de tout pour cela!

«D'autres viendront après nous et résoudront ces problèmes.

– Faites excuse, capitaine, observe respectueusement le Parisien, vous venez de parler de pesanteur; est-ce que les mêmes corps n'auraient pas le même poids sur toute la terre?

– Comme la terre est plus renflée à l'équateur et plus aplatie au Pôle, un corps quelconque, le tien par exemple, doit être plus lourd ici qu'à l'équateur.

– Faites excuse, je ne saisis pas bien…

– Grâce à l'aplatissement fort notable du Pôle, nous nous trouvons, par le fait, plus près du centre de la terre qui nous attire davantage.

«Or, cette attraction, c'est la pesanteur.

«Comme les corps s'attirent en raison inverse du carré des distances et en raison directe des masses, tu pèses d'autant plus que tu es plus près du centre d'attraction…

«Tout cela est bien sec, bien abstrait, enfermé dans une formule… mais il n'y a pas d'autre moyen de l'énoncer.

«Enfin, une autre cause tendrait encore à augmenter notre poids…

«Ici nous sommes immobiles, tandis qu'à l'équateur nous participerions à la vitesse de rotation très considérable de la terre.

«La force centrifuge combattant, bien que dans de faibles proportions, la force d'attraction, notre poids devrait se trouver diminué d'autant.

– Excusez toujours, capitaine.

«Mais, alors, sauf vot' respect, nous ne bougeons plus, ici, même en marchant, tandis que les gens de l'équateur se déplacent en restant couchés.

– Par rapport à la terre, oui.

«Tu sais que la terre accomplit sa rotation en vingt-quatre heures.

«En pirouettant ainsi sur elle-même, comme une toupie, elle communique à ses différentes latitudes une vitesse également différente, suivant la position qu'elles occupent pour rapport à l'axe de rotation.

«A l'équateur, la vitesse atteint à son maximum. Or, la terre ayant à l'équateur quarante millions de mètres de circonférence, un point quelconque parcourra cette distance vertigineuse de quarante millions de mètres, en vingt-quatre heures, c'est-à-dire avec une vitesse de quatre cent soixante-quatre mètres par seconde.

«Sous la latitude de Paris, c'est-à-dire par 48° 50′ 13″, le cercle étant sensiblement moins grand, la distance parcourue diminue d'autant. Elle n'est plus que de trois cent cinq mètres par seconde.

«Au Pôle même, elle devient nulle.

«Donc nous sommes immobiles par rapport aux habitants des zones comprises entre l'équateur et le pôle.

«Tu as saisi, n'est-ce pas?

– Tant qu'à peu près, capitaine, et je vous remercie bien.

– Tu n'as plus rien à me demander.

– Oh! si, capitaine, bien des choses qui m'intéresseraient d'autant plus qu'elles seraient exprimées par vous.

«Mais les camarades sont las!.. archi-las!.. Et je vois bien qu'ils commencent à dormir, malgré ce failli soleil qui ne nous a pas lâchés d'une minute, à mesure que nous nous sommes avancés jusqu'ici.

– Rien d'étonnant à cela.

«Tu sais pourtant qu'au Pôle même, le soleil se montre le jour de l'équinoxe du printemps, c'est-à-dire le 23 mars.

«Il apparaît alors – sans tenir, bien entendu, compte de la réfraction – coupé en deux par l'horizon.

«Il monte peu à peu en suivant des courbes allongées, et ne se couche plus de six mois.

«A l'équinoxe d'automne, c'est-à-dire le 22 septembre, son disque vient de nouveau affleurer à l'horizon, puis il disparaît pour six mois, laissant la région plongée dans les ténèbres affreuses de la nuit polaire.

«Mais, à ton tour, essaye de dormir.

«Le temps nous presse… Je voudrais être déjà là-bas…

– Soyez tranquille, capitaine.

«On va dormir ferme afin de souquer double.

«Pas vrai, les autres.»

Mais les autres, la fourrure rabattue sur le nez, font entendre un trio de ronflements dont l'intensité montre que leur sommeil est profond et en raison des fatigues endurées.

Le capitaine lui, semble de fer. Accoudé sur le petit appontement qui termine le bateau à l'arrière, il assiste au lent défilé des heures, rêvant à la patrie absente, aux camarades perdus sur la banquise, à sa victoire, aux formidables difficultés du retour…

Yaş sınırı:
12+
Litres'teki yayın tarihi:
30 haziran 2017
Hacim:
490 s. 1 illüstrasyon
Telif hakkı:
Public Domain

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