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Kitabı oku: «Mémoires inédits de Mademoiselle George, publiés d'après le manuscrit original», sayfa 12

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Joséphine aimait beaucoup les fleurs. Mlle Raucourt en était très amateur. Elles faisaient des échanges. Vous devez vous rappeler, cher Valmore, que Mlle Raucourt avait fait faire à La Chapelle une serre, qui renfermait les plantes les plus rares. A un voyage que fit Joséphine, elle s'arrêta à La Chapelle; elle vint visiter la serre et emporta des plantes. Ce petit détail est pour bien établir l'intimité de Joséphine avec Mlle Raucourt, et la familiarité qui faisait qu'elle l'appelait Fanny.

Voici le livre dont je vous ai parlé, mon cher Valmore, et qui parle de l'amour de Joséphine pour les fleurs et pour le jasmin surtout, qui lui rappelait son beau pays.

En parlant de La Fontaine, quelqu'un dit: «Il a le génie de la simplicité.»

Non: La Fontaine avait la simplicité du génie.

De l'écriture de Mlle George: «mettre ce mot sur le compte de M. Taylérant» (Talleyrand).

Jules Janin

La spirituelle indifférence de Janin. Son enthousiasme factice. Il aimait à détruire ce qu'il avait fait. La contradiction de lui-même l'amusait.

Sur l'art du comédien

Des leçons de déclamation! Ceci m'a toujours paru dérisoire!

Comment un maître peut-il penser changer la nature d'un élève? On peut guider, mais donnera-t-on de l'âme à qui n'en a pas, et du cœur? Non! Donnera-t-on de la noblesse? Non. Vous donnerez de la raideur, vous apprendrez à marcher peut-être? Mais donnera-t-on la démarche du désordre? Non! De la passion? Apprendra à faire des gestes, par exemple, quelle dérision! De la physionomie? Mais les gestes, les physionomies, tout cela dérive de ce que vous éprouvez, des sentiments qui se passent en vous. Comment apprendre cela? Est-ce que, dans le monde, on apprend les gestes? Vous commencez une conversation, le sujet vous intéresse, vous vous animez à mesure, vous gesticulez juste, votre physionomie reflète ce que vous éprouvez. A côté, vous avez une personne qui ne s'impressionne de rien, qui écoute froidement. Dites-lui donc d'avoir de la physionomie: elle sera grotesque, voilà tout. Non, la leçon est ridicule! Des conseils, des exemples à l'appui de ce que vous indiquez et pour développer une nature. On peut apprendre à dire, mais à jouer, non! Donnez une leçon de théâtre, alors. Et voulez-vous en donner de sérieuses? Il faut vous y consacrer; y donner tous vos soins, toute votre patience; ne pas donner des répliques d'un vers, d'une phrase: dites des scènes entières. Vous jugerez l'intelligence de l'élève, vous verrez comment il écoute, vous jugerez l'impression de sa physionomie, comment il entrera dans l'action de son personnage; mais si l'action est guidée par l'intérêt, si vous comptez les minutes de votre pendule, vous faites un métier. Quant à l'art, il n'existe pas.—On devrait vraiment accorder un prix à celui qui présenterait un élève artiste. On me dira que mon idée est bouffonne. Je ne le pense point. On récompense le talent partout, dans tous les arts; pourquoi donc l'art dramatique n'occuperait-il pas sa place? En le perfectionnant, pourquoi ne recevrait-il pas un prix, comme le parfumeur qui aura perfectionné un savon? C'est que le théâtre n'est plus un art sérieux; c'est que l'on admet très facilement des femmes qui ne veulent qu'un piédestal. C'est que l'on permet à des directeurs, même subventionnés, de recevoir souvent, sans appointements ou avec des appointements si faibles, de jolies femmes qui sont bien forcées de s'occuper d'autre chose! Adieu donc tout avenir artistique, adieu l'art. Le plaisir, les parures avant tout. Pauvres artistes! Pauvre théâtre! A quoi bon étudier, au fait, pour que l'on dise que vous avez du talent? Bah! vous savez bien que l'on vous en trouvera quand même. La critique existe-t-elle pour vous, mesdemoiselles? Vous avez toutes beaucoup de talent. Jamais on n'a vu tant de grâces, tant de distinction. Vous lisez votre feuilleton; vous êtes convaincues, excepté celui qui l'a écrit, homme d'esprit et de goût qui sait bien, lui, qu'il vous trompe, mais qui ne tient pas à vous affliger; et puis, ceci a si peu d'importance!

La critique pour le véritable talent, à la bonne heure! mais, pour ces petites drôlesses, des éloges sans restrictions. Cela n'ira pas plus loin que cela ne doit aller. On me lira. Aujourd'hui, les jolies femmes… Lundi, les artistes.

Oh! la spéculation, tu franchiras donc toutes les classes de la société!

Argent, toujours… L'argent tuera tout.

LONDRES

Deuxième voyage avec la troupe de Londres. Directeur, Pelissier.

Obtenu du duc de Devonshire la permission de deux représentations tragiques sur le grand théâtre de l'Opéra. Chose qu'on n'avait jamais obtenue. Sémiramis, Mérope. Le duc si charmant pour les artistes.

Me recevant à sa campagne que je voulais visiter, lui absent. Tous les gens sur pied pour nous recevoir. Déjeuner splendide. Me donnant les clefs de ses loges pour tous les spectacles.

Invitée à une soirée charmante chez lui, où je récitai des vers devant les plus grands personnages du royaume. Le duc vint lui-même m'attacher au bras un bracelet, qui n'avait de valeur que par la manière dont il était offert. Dans ce temps, le Pactole ne coulait pas si grandement pour les artistes, ou nous mentions moins.

PLAN DES MÉMOIRES

Mon enfance. Beaucoup de détails qui sont écrits. Mon père, directeur du théâtre. Acteurs de Paris en représentation, tels que Molé, Monvel. Mlle Raucourt chargée de faire une élève tragique, priant mon père de me laisser venir à Paris pour les études tragiques pour le Théâtre-Français; le gouvernement faisait 1,200 francs de pension.

Mes visites avant mes débuts sous l'égide de Mlle Raucourt, visites chez les ministres, la famille de Napoléon, etc.

Mes débuts. La Comédie-Française. Visites chez la Dumesnil, Clairon.

Mes impressions sur Talma, Monvel; Mmes Contat, Mars, Devienne, les dernières soirées de Larive.

Le Consulat. Talleyrand. Lucien. La mère du Premier Consul. Sa sœur Bacciochi. Joséphine. La reine Hortense. Le prince Eugène.

Mes relations avec le Premier Consul. L'empire. Beaucoup de détails très délicats sur cette liaison.

Mon départ pour la Russie: le séjour à Vienne. Société: princesse Bagration, Mme de Staël, le prince de Ligne, Cobentzel. Passage par Wilna.

Mon arrivée à Saint-Pétersbourg. Mon début. La reine mère, l'empereur Alexandre, son frère Constantin, le vieux comte Strogonoff, la jeune impératrice, et tant d'autres personnages.

Cinq ans de séjour et mon départ après la triste guerre.

Mon voyage à Stockholm, la reine, le vieux roi, prince Bernadotte. Mes représentations. Encore Mme de Staël.

Départ pour la France. Traverser les armées pour arriver à Hambourg. Le général Vandamme.

Le télégraphe annonçant mon arrivée à Dresde.

Vingt-quatre heures à Brunswick. Le roi de Westphalie. Lui remettant des notes de la part de Bernadotte.

Mon arrivée à Dresde. Le soir même, vu l'empereur qui avait fait venir la Comédie-Française, et qui donna l'ordre d'appeler Talma, Saint-Prix pour la tragédie.

Ma rentrée au Théâtre-Français. Réintégrée dans tous mes droits.

Le général Lauriston.

Départ de l'empereur pour l'île d'Elbe.

Le retour des Bourbons. Le duc de Berry me faisant venir aux Tuileries pour une dénonciation. Le duc est spirituel, m'appelant: belle bonapartiste!

–Oui, prince, c'est mon drapeau. Il le sera toujours!

Entrevue avec Louis XVIII, à cause du Théâtre-Français.

Deux voyages à Londres. Un, seule; l'autre, avec Talma. Soirée chez l'ambassadeur de France: Osmond. Le roi George présent.

Pour un congé dépassé d'un mois, le duc de Duras en profite pour m'exclure du Théâtre-Français. J'en suis ravie; mes sentiments de bonapartiste me valurent ce bienfait.

Je fus voyager en province. A mon retour, le comité du Théâtre-Français vint me demander de rentrer. J'en avais peu le désir. Me retrouver au milieu des tracasseries, Duchesnois menaçant de quitter, tout cela me décida à demander une audience à Louis XVIII pour obtenir ma liberté et passer à l'Odéon. Le ministre de la maison du roi, le général Lauriston, me fit obtenir une représentation à l'Opéra. Talma, Lafont ne pouvant y paraître, l'on donne l'ordre. Je jouai Britannicus.

Le deuxième acte du Mariage de Figaro joué par Firmin, Gonthier, Jemmy, Vertpré, Bourgoin et moi. Nous sommes très mauvaises.

Bénéfice de trente-deux mille francs.

Je recommençai mes voyages en province avec une petite troupe.

A l'Odéon, une cabale; je suis restée.

Il y a à parler de l'Odéon. Direction de M. Harel. Sous Charles X. Là, une troupe composée de Lockroy, Ligier, Bernard, Duparcy, Vizentini.

Mmes Moreau, Noblet, Delatre.

Le romantisme. Première Christine, de Frédéric Soulié; la Maréchale d'Ancre, de Vigny; Christine, de Dumas.

Tragédie: Norma, Fête de Néron. Révolution 1830.

Porte-Saint-Martin.

Victor Hugo.

Alexandre Dumas.

Bien des choses à dire. En voilà assez pour savoir si cela convient, oui ou non!

Combien il est regrettable que ce beau programme n'ait pas été exécuté jusqu'au bout! Comme ces notes de George sur les débuts du romantisme eussent été intéressantes! Qu'il eût été curieux d'avoir ses souvenirs et ses appréciations sur Victor Hugo, Alfred de Vigny, Alexandre Dumas; sur Marie Dorval et Frédérick Lemaître! Mais là s'arrête malheureusement ce qu'elle nous a laissé!

(Note de l'éditeur.)

TROISIÈME PARTIE
CORRESPONDANCE DE MLLE GEORGE
AUTOGRAPHES DIVERS

Lettre de Mlle Raucourt au sujet des débuts de Mlle George
La Chapelle Saint-Mesmin, ce 4…

(Le coin de la lettre est déchiré.)

Je suis très reconnaissante, mon jeune ami, de la lettre aimable que vous m'écrivez et des détails qu'elle contient. Bien certainement, une des premières choses que je ferai, en arrivant à Paris, sera de profiter de l'accès que vous m'avez ménagé auprès de vos honorables protecteurs. Incapable de rechercher la faveur pour moi, je la solliciterai avec chaleur pour celle dont je veux fixer le sort. Elle est dans ce moment un peu indisposée, ce qui me contrarie fort, parce que cela retarde son travail. Je n'ai reçu que par vous des nouvelles de Paris; mais je compte toujours y être dans huit ou dix jours au plus tard. Mme George et sa fille partiront avant moi. Il y a quelque marauderie sous jeu pour Mlle Duchesnois. Il n'est pas naturel qu'elle ait cessé ses débuts pour ne pas les reprendre. La perfide Florance, qui a fait si ingénieusement tomber Mlle George ici, travaille sourdement à la faire tomber réellement à Paris; j'ai lieu de le croire, du moins, d'après ce que vous me mandez.

Allons, courage. Des dispositions, des moyens physiques, des amis puissants, et nous l'emporterons. Je dis nous, car vous m'avez montré un si véritable intérêt que je me plais à croire que nous ferons cause commune.

Tout le monde de la petite chapelle est fort sensible à votre souvenir, et vous dit mille choses aimables. Mes amis de Paris partent aujourd'hui. Nous avons souvent parlé de vous et de la joyeuse soirée.

Cette pauvre Mme Suzy est dangereusement malade.

Adieu, mon jeune ami. Je vous embrasse de tout mon cœur.

Raucourt.

A monsieur Lafond, artiste du Théâtre Français de la République, rue Villedo, à Paris.

A monsieur Lemercier de l'Académie Française

B… que j'ai vu, mon cher monsieur Lemercier, et qui doit vous avoir rendu compte et de nos intentions et de sa dernière visite à Picard, vous doit avoir mis au fait de tout ce qui s'est passé.

Je suis convaincue que votre opinion sera la mienne, et que vous ne verrez pas de bonne foi chez votre collègue, à la conduite duquel je ne comprends pas grand'chose.

Pourquoi vouloir m'engager pour trois ans? Pourquoi ne vouloir pas m'attacher à l'Odéon comme sociétaire? Pourquoi ne pas recevoir ma sœur? Enfin pourquoi ne pas se hâter d'en finir afin de rompre la glace avec le premier théâtre, à l'égard duquel je suis en pourparler.

J'apprends avec bien de le peine que Victor ne fait plus partie du deuxième théâtre. On se prive d'un jeune homme qu'on ne remplacera plus, et qui promettait pour l'avenir.

Cela me rend craintive, et me fait redouter une dissolution prochaine.

Je n'en suis pas moins sensible, mon cher monsieur Lemercier, à l'intérêt dont vous m'avez donné des preuves en cette circonstance.

Je sais que des officieux sans titres, sans mission, sans aucune approbation de ma part, se sont follement interposés entre Picard et moi. J'ai laissé sans réponse les lettres qui me furent écrites; je n'ai répondu qu'à vous seul, parce que j'ai dû distinguer en vous l'homme estimable et l'ami essentiel. Cependant, les journaux ont parlé, et ce ne peut être que M. Picard qui a dicté, et qui aura sans doute pensé que je brûlais de me fixer sous sa puissance, en quoi il a eu le plus grand tort, car, sans vous, j'aurais attendu les démarches.

Voilà donc, mon cher monsieur Lemercier, les choses dans le même état qu'auparavant; et je présume qu'elles y resteront longtemps, si M. Picard attend de nouvelles démarches de ma part.

Heureusement, je n'ai besoin ni de l'un ni de l'autre théâtre; si l'un ou l'autre ont besoin de moi (ce que je ne prétends pas), je désire ne pas être dans la situation de ne pouvoir accepter. Mais vous comprenez bien que je dois poursuivre les projets, que je vous ai confiés.

Recevez, cher monsieur Lemercier, avec l'expression de ma reconnaissance, les vœux que je forme pour tout ce qui pourra vous être agréable, et croyez au prix que j'attache à une amitié, que je m'efforcerai de mériter dans toutes les occasions de ma vie.

George Weymer.

Caen, le 6 janvier 1820.

MINISTERE

de la

MAISON DU ROI. Paris, le 14 septembre 1821.

Je m'empresse de vous prévenir, monsieur, que le roi, par ordonnance de ce jour, a bien voulu autoriser la demoiselle George Weymer à jouer sur le second Théâtre-Français. Vous voudrez donc, en conséquence, lui donner connaissance de cette décision, ainsi qu'aux comédiens sociétaires de ce théâtre, pour que les conditions de l'engagement contracté entre eux et la demoiselle George puissent être mises à exécution.

J'ai l'honneur d'être très parfaitement, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur.

Le ministre secrétaire d'État
du département de la maison du roi,
Signé: Mis de Lauriston.

Monsieur Gentil, directeur du second théâtre.

Mon cher ami, je suis désolée de ne vous avoir pas vu ce matin. Ce que vous êtes venu me proposer peut se faire, mais le chiffre est un peu trop économique. Si vous pouvez venir demain matin, je vous attendrai. Il n'y a pas de temps à perdre, si l'on veut jouer dimanche. Si vous étiez libre ce soir, je ne sortirai pas. Voyez ce qui vous convient le mieux de ce soir ou demain matin.

George.

Mes amitiés à madame, je vous prie.

Monsieur Porcher, 10, rue de Lancry.

Ma chère mademoiselle Tilly, je devais venir moi-même vous remercier de toutes vos gracieuses bontés. Mais, depuis trois jours, j'ai été un peu indisposée. Lundi, je me propose de vous voir. S'il n'était pas indiscret de vous demander une petite loge pour moi le soir, vous m'obligeriez. Pourtant, je ne voudrais pas gêner vos dispositions, je sais ce que coûte une première représentation.

A vous de tout cœur.

George W.

Mes remerciements et mes amitiés à M. Tilly.

Ma chère mademoiselle Tilly,

Vous devez, vous et M. Tilly, penser que je suis peu polie, n'ayant pas encore été vous remercier tous deux de votre extrême obligeance; mais quand vous saurez que depuis vendredi je suis malade, vous ne m'accuserez plus. Maintenant je viens vous prier de ne prendre aucun engagement pour la Tour de Nesle, si l'on venait réclamer votre complaisance. J'aurai à causer avec vous à ce sujet. S'il vous est possible, ne donnez pas votre parole avant que je n'aie le plaisir de vous voir, ce qui sera sous peu de jours.

Agréez, vous et M. Tilly, l'assurance de mes sentiments les plus dévoués.

George.

Le 30 avril 1906, M. Noël Charavay a vendu une lettre autographe de George à Harel (le Havre, 20 septembre 1839, une page et demie in-4o).

Dans cette curieuse lettre, elle lui rend compte des résultats de sa tournée. Elle termine ainsi:

«Adieu, ami de ma vie. Je t'aime bien de tout mon cœur, de toute mon âme. A toi jusqu'à mon dernier soupir!

A Théophile Gautier
Dimanche (avril 1845).

Monsieur,

Vous m'avez toujours montré un intérêt que je n'avais jamais osé solliciter. Permettez-moi de vous dire que cela m'a donné un peu d'orgueil, puis de la confiance, et je vous en témoigne aujourd'hui en vous demandant tout votre appui pour les Pharaons et pour Nephtys41.

Le succès commence à être grand; vous le rendrez immense en le publiant et en le protégeant. Quant à moi, je serai bien heureuse et bien reconnaissante de la bienveillance avec laquelle vous accueillerez mes efforts.

Agréez, monsieur, l'expression de tous mes sentiments distingués.

George.
(Collection de M. le vicomte de Spoelberch de Lovenjoul.)

Mon cher ami.

Mlle Mélingue joue aujourd'hui Mérope. Voulez-vous, si vous rendez compte de cette représentation, rappeler dans deux mots le succès qu'a obtenu tant de fois Mlle George dans ce rôle? Rien n'empêchera que la justice rendue à Mlle Mélingue ne se concilie avec le souvenir utile que vous voudrez bien donner à Mlle George. Elle voyage en ce moment, et peut-être pour longtemps. Un bravo de reconnaissance à l'occasion de la représentation de Mérope n'aura rien que de très naturel et sera très favorable au but industriel des pérégrinations de Mlle George.

Deux mots seulement, je vous répète. Multa paucis.

Vous savez toute ma vieille amitié.

Harel.

26 juillet 1845.

Monsieur Janin, 20, rue de Vaugirard.

A Théophile Gautier
28 août.

Monsieur,

Vous êtes toujours rempli pour moi d'une bonté bien aimable et bien utile.

Votre feuilleton de lundi dernier, qu'on m'a fait lire hier, est une nouvelle et très obligeante preuve de l'intérêt que vous me témoignez depuis longtemps, et auquel je suis bien sensible.

Agréez, monsieur, je vous prie, l'expression de la vive reconnaissance et des sentiments dévoués de votre très humble servante.

George.

(Collection de M. le vicomte de Spoelberch de Lovenjoul.)
A Théophile Gautier, rue Navarin, no 2
23.

Monsieur,

Je serais bien charmée que vous veuilliez donner quelques heures de votre temps à la représentation de ce soir.

Permettez-moi de compter sur votre présence, et agréez, je vous prie, l'assurance de mes sentiments distingués.

George W.
(Collection de feu le vicomte de Spoelberch de Lovenjoul.)
Lettre d'un amateur à Jules Janin sur les représentations de Mlle George en province

Monsieur,

Celle qui fut autrefois l'une des gloires de la scène française, la plus belle et l'une des plus brillantes femmes de ce siècle, Mlle George enfin, en est venue au point, après une carrière si longue, si bien remplie, et déjà beaucoup trop prolongée, de traîner sa pénible existence jusque dans les plus tristes bourgades, et de monter sur des tréteaux, où les plus obscurs acteurs de Paris rougiraient de paraître.

Nous étions à Saumur il y a quelque temps. Elle était aussi dans cette ville en représentations, escortée de pauvres diables qu'elle avait réunis autour d'elle. On donnait Mérope et l'affiche annonçait que, s'il n'y avait pas plus de monde que la dernière fois, on rendrait l'argent. Ceci piqua notre curiosité, nous allâmes au théâtre; et nous comptâmes dans la salle une quarantaine de personnes. On joua. Mlle George trouvait apparemment la recette suffisante.

Nous fûmes alors témoins du plus lamentable spectacle qui se soit déroulé devant nous. L'actrice parut, presque belle encore; mais dans une salle une fois moins grande que celle du Palais-Royal, où l'illusion est impossible, les rides, les cheveux blancs, la taille monstrueuse, le râlement, la démarche vacillante, la voix brisée, les hoquets de la pauvre artiste frappèrent tellement de stupeur les spectateurs qu'un sentiment unanime de pitié et de dégoût s'empara d'eux au point de leur faire fuir ce qu'ils avaient sous les yeux et que la pièce s'acheva dans la solitude.—A chacune des représentations données en cette ville, la chose se renouvelle à peu près.

De cette ville, l'infortunée comédienne s'en alla à Chinon et à Azay, villes de quatre mille et deux mille âmes, où elle joua devant des paysans qui gardaient leur chapeau devant elle!

Nous bornons ici ce tableau.

Ne serait-il pas possible, monsieur, d'arracher de cette position sans exemple cette nouvelle Hécube de l'art dramatique, qu'une ruine complète oblige à cette vie errante, soit en obtenant pour elle des secours de quelque façon que ce puisse être, soit en organisant une représentation de retraite dans la salle de l'Opéra, et dans laquelle tous les artistes de Paris les plus célèbres se feraient un bonheur de paraître et dont le produit servirait à lui assurer une rente viagère d'au moins 2,000 francs, si la recette était de 20.000 francs, les prix étant doublés?

En soumettant cette proposition à l'un de ses camarades, et il y en a tant qui sont animés du zèle le plus ardent, de l'âme la plus charitable, nul doute que l'on ne vînt promptement à bout de cette combinaison. Mlle George donnerait bien vite son adhésion, et le scandale auquel nous avons assisté, et qui se prolonge et se prolongera encore trop longtemps, ne se renouvellerait plus partout où elle va.

Vous pardonnerez, monsieur, la liberté que nous avons prise en nous adressant à vous pour cet objet; mais nous avons pensé que vous, qui êtes à la tête de la littérature dramatique, il vous serait plus facile qu'à un autre de réaliser ce projet.

Que si Mlle George n'était pas dans la misère et jouait encore la tragédie pour son plaisir, il vous resterait encore une tâche à remplir, en lui écrivant dans le but de dessiller ses yeux et de lui faire comprendre qu'elle se fait le plus grand tort, en immolant le nom qu'elle avait rendu si célèbre.

Mais, hélas! cette supposition n'est pas vraisemblable; et nous croyons que la nécessité seule oblige une femme plus que sexagénaire à monter sur les plus vils tréteaux de la France.

Réalisez notre projet, Monsieur, et vous aurez fait une belle œuvre.

Agréez l'assurance de la considération la plus distinguée de votre très humble serviteur.

Signé: A. Moreau.

Le 20 mai 1847.

L'Association dramatique, M. Henri, de l'Opéra-Comique, ou toute autre personne qui s'occupe de ces choses pourraient se mettre à la tête de cette combinaison.

Monsieur,

M. Harel m'a dit tout l'obligeant empressement que vous avez mis à m'accorder une de vos pièces et plusieurs de vos artistes pour la représentation que je donnerai samedi à l'Odéon.

Je vous prie de recevoir l'expression de ma vive reconnaissance. C'est un service réel que vous me rendez, ce qui a d'autant plus de prix à mes yeux que je n'ai pas d'autre titre que l'amitié, que vous conservez à M. Harel, qui vous a depuis longtemps voué toute la sienne.

Agréez, je vous prie, monsieur, tout mon dévouement:

George.

27 mai.

Lettre de Mlle George à Théophile Gautier au sujet de sa représentation de retraite en 1849

Mon cher monsieur Théophile,

Vous êtes introuvable; il faut donc prendre le parti de vous écrire, et vous prier de me rendre l'immense service de me consacrer votre feuilleton de lundi.

Ma représentation de retraite passe dimanche 27 courant. Iphigénie en Aulide; le Moineau de Lesbie; Mme Viardot, Levassor dans un vaudeville, danses, etc. Voulez-vous que ma salle soit comble? Vous le pouvez, si vous le voulez bien. Le public ira où vous lui direz d'aller. Dernière représentation de Mlle Rachel avant son congé, qui malheureusement durera trois grands mois. Réunion pour une fois seulement de ces deux phénomènes. Ma retraite qui n'est pas sans agrément. Mme Viardot! Seulement, dites de moi tout le bien que vous ne pensez pas peut-être. Faites-moi rougir par vos éloges! Mais amenez-moi un public énorme. Quant à Rachel, dites tout le bien qu'elle mérite, et que vous en pensez. Donnez rendez-vous à toute l'élite de la société dans cette salle élégante. Si vous trouvez place pour parler de quelques-unes de mes créations, vous me ferez plaisir.

Vous voyez, monsieur, si je compte sur la sympathie que vous m'avez si souvent témoignée pour oser vous ennuyer si longuement de mon long griffonnage.

Permettez-moi d'espérer que lundi votre feuilleton ne me fera pas faute. Vous comprenez de quelle importance est pour moi cette représentation.

Recevez l'assurance de mes sentiments distingués et de ma profonde reconnaissance.

George W.

Vendredi.

Monsieur Théophile Gautier, rue Rougemont. Très pressé.

Lettre de Mlle George à Jules Janin sur sa représentation de retraite en 1849, et sur Mlle Rachel

Je suis malade aujourd'hui; demain, je serai chez vous, à vos pieds, sous vos pieds.

A présent, je vais vous dire combien la grande tragédienne a été atrocement insolente; elle n'a pas voulu reparaître avec moi! Elle n'a pas voulu jouer le Moineau et pourtant elle avait envoyé chez moi son claqueur auquel nous avons donnée les billets du service, quatre loges et des stalles qu'elle m'a demandées et que je me suis empressée de lui remettre, etc. Et le vieux garçon de salle trouve à redire. Je vais vous en conter. Voilà le moment d'écrire sur le bénéfice; ce serait assez drôle. Ah! mademoiselle Rachel, vous avez été bien aimable! Encore quelques jours et je devenais maigre comme elle! C'était là sa prétention.

Mes respects à Mme Janin.

G.
2 avril 1856.

Mon cher monsieur Théophile,

Comme je ne sais pas précisément l'heure à laquelle je puis vous rencontrer (et je ne suis pas très matinale), je viens vous demander de vouloir bien m'indiquer le plus prochainement possible votre jour et votre heure. C'est un service que j'ai à vous demander, et comme vous vous êtes toujours empressé de m'être utile et bienveillant, je compte cette fois encore sur votre intérêt pour me recevoir ces jours-ci. J'attends, mon cher monsieur Gautier, votre réponse prompte et bonne comme toujours.

Recevez, mon cher monsieur, avec l'assurance de mes sentiments distingués, ceux de ma vive reconnaissance.

George W.

Mes compliments empressés à Madame, je vous prie.

(Collection de M. le vicomte de Spoelberch de Lovenjoul.)

Mademoiselle George, 44, rue Basse du Rempart.

Évreux, lundi 6.

Cher bon chéri, je te donne de mes nouvelles. Je sais que cela te fait plaisir. Je crois, ami adoré, que nos petites affaires iront bien. Je joue ce soir Mérope, demain Sémiramis, et sans doute mercredi à Louviers, qui n'est qu'à six lieues d'ici; jeudi peut-être ici: cela dépendra des recettes. On dit que Bernay, Elbeuf sont meilleurs. Nous suivons bien ton itinéraire. Ton indisposition n'aura pas de suites, ami. A la maison, tu ne dois pas manquer des soins qui te conviennent. Un peu de patience et tout ira bien. Je te quitte, mon homme adoré; on vient répéter Sémiramis. Au revoir bientôt, mon chéri que j'aime de toute la force de mon âme. A toi toujours, à toi pour ma vie. A demain.

Signé: George.

Embrasse bien ma sœur pour moi.

(Lettre à Harel.)

Sur une enveloppe de lettre, on lit ces mots écrits par George:

Dernière lettre de mon (mot illisible, peut-être: vieil) aimé

Un mot, ma chérie: mon cœur bat toujours pour toi.

Nous voilà donc, hélas! séparés pour quelque temps. Ton image sera toujours devant moi.

Bebelle me prodigue ses soins.

Notre cher Tom est près de toi; il te sert au mieux dans ton exploitation. Ta sœur me donnera toujours de tes bonnes nouvelles; toi-même, tu te rappelleras à ma tendresse éternelle: tes lettres me feront beaucoup de bien.

Embrasse bien mon fils pour moi.

A vous, à vous tous, à jamais.

Signé: Harel.

Paris, 1er juin 1846.

Madame George, 1re actrice tragique des théâtres de Paris, aux Andelys.

(Recommandée.)

La lettre contenait le quatrain suivant:

 
De mon visage, en ce portrait,
Avec justesse a-t-on saisi l'ensemble?
Moi, je n'en puis juger; mais enfin, s'il te plaît,
Vite, dis-moi qu'il me ressemble.
 
Harel
UNE LETTRE DE M. VICTORIEN SARDOU
Marly-le-Roi, dimanche.

Cher ami,

J'ai vu Mlle George à l'Odéon, en 1842 ou 43, dans Rodogune et Lucrèce Borgia. Rodogune ne m'a laissé que le souvenir d'une figure vraiment royale. La tragédie m'ennuyait. Mais Lucrèce Borgia fut un enchantement pour mon romantisme naissant! Mlle George frisait alors la soixantaine. Elle était obèse jusqu'au ridicule. Après avoir rampé aux pieds de Gennaro, elle ne se relevait qu'avec son aide. Je me rappelle ses mains d'enfant attachées à des bras gros comme des cuisses, et, sur ses épaules massives, le cou et la tête d'une Junon trop mûre, cruellement empâtés par la graisse! Et, néanmoins, elle était si tragique par habitude, la démarche, le geste, le débit un peu emphatique et la belle sonorité de la voix, que cette soirée-là est toujours présente à ma mémoire. Je vois encore Lucrèce masquée, tout en blanc,—ce qui n'était pas pour l'amincir, arpenter la scène avec Monrose fils, qui jouait Gubetta.—Je la vois s'effondrer sous les invectives des amis de Gennaro. Les décors étaient odieux; le premier entre autres: un vieux rideau de fond usé, pelé, raclé, sans trace visible de dessin ni de couleur, et qui représentait le même soir les brouillards de la Tamise dans l'Anglais ou le fou raisonnable, et, dans Lucrèce, le grand canal à Venise. Les costumes étaient ridicules, la mise en scène enfantine. Les moines du dernier acte, avec leurs barbes postiches, mal attachées, faisaient la joie du parterre. George triomphait de tout cela, tant elle était pour le public l'incarnation même de l'héroïne de Victor Hugo, absolument fausse d'ailleurs!

Vers 1860, un soir, aux Folies-Dramatiques, j'allais m'installer dans une baignoire, en compagnie de Déjazet, quand, derrière nous, la porte de communication de la scène à la salle s'ouvrit devant une grosse dame qui, d'une voix éraillée, s'écria: «Tiens, Deujazet!» (Sic.)

C'était Mlle George.

Tandis que les deux grandes actrices échangeaient quelques propos plaisants, je regardais avec stupeur la duchesse de Ferrare. Elle avait tiré de son manchon une tabatière et y puisait à pleines mains d'énormes prises de tabac, dont elle se bourrait le nez avec rage…

Souvenir de Napoléon!

Je ne l'ai vue de près que cette fois-là.

Mille amitiés.

V. Sardou.

Monsieur Chéramy, 11 bis, rue Arsène-Houssaye, Paris.

41.Voir le feuilleton de Th. Gautier dans la Presse du 14 avril 1845.
Yaş sınırı:
12+
Litres'teki yayın tarihi:
30 haziran 2018
Hacim:
311 s. 3 illüstrasyon
Telif hakkı:
Public Domain