Kitabı oku: «La Quête Des Héros», sayfa 13

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CHAPITRE DIX-HUIT

Thor ouvrit lentement les yeux. D'abord, il eut la tête qui tournait et essaya de comprendre où il se trouvait. Il était allongé sur de la paille et, pendant un moment, il se demanda s'il était de retour à la caserne. Il se redressa sur un coude, sur le qui-vive, et chercha les autres.

Il était quelque part ailleurs. Il avait l'air de se trouver dans une salle en pierre très décorée. On aurait dit qu'il était dans un château. Un château royal.

Avant qu'il puisse comprendre tout ça, une grande porte en chêne s'ouvrit et Reece entra fièrement. Au loin, Thor entendait le bruit assourdi d'une foule.

“Finalement, il est vivant”, annonça Reece avec un sourire. Il se précipita en avant, saisit la main de Thor et le fit se lever.

Thor mit une main à la tête en essayant de calmer le terrible mal au crâne qui l'avait assailli parce qu'il s'était levé trop vite.

“Viens, allons-y, tout le monde t'attend”, exhorta-t-il Thor en le tirant par le bras.

“Un instant, s'il te plaît”, dit Thor en essayant de reprendre ses repères. “Où suis-je ? Qu'est-ce qui s'est passé ?”

“Nous sommes de retour à la Cour du Roi et tu es sur le point d'être nommé héros du jour !” dit joyeusement Reece en se dirigeant vers la porte.

“Héros ? Que veux-tu dire ? Et … comment suis-je arrivé ici ?” demanda-t-il en essayant de se souvenir.

“Cette bête t'a assommé. Tu es resté inconscient assez longtemps. Nous avons dû te faire retraverser le pont du Canyon. Plutôt dramatique. Pas vraiment la façon dont je m'attendais à ce que tu repasses de l'autre côté !” dit-il avec un rire.

Ils marchèrent dans les couloirs du château et, sur leur chemin, Thor vit toutes sortes de gens, des femmes, des hommes, des écuyers, des gardes et des chevaliers, qui le regardaient fixement comme s'ils avaient attendu qu'il se réveille. Il vit aussi une nouvelle chose dans leurs yeux, une chose qui ressemblait à du respect. C'était la première fois qu'il le voyait. Jusqu'à maintenant, la plupart des gens l'avaient regardé avec une sorte de dédain. Maintenant, ils le regardaient comme s'il était l'un d'eux.

“Que s'est-il exactement passé ?” Thor se creusa la cervelle en essayant de se souvenir.

“Tu ne te souviens de rien ?” demanda Reece.

Thor essaya de réfléchir.

“Je me souviens que je courais dans le bois. Que je me suis battu avec cette bête. Et ensuite …” Il eut un trou de mémoire.

“Tu as sauvé la vie à Elden”, dit Reece. “Tu t'es courageusement précipité dans le bois, tout seul. Je ne sais pas pourquoi tu as gaspillé ton énergie à sauver la vie de ce cuistre, mais tu l'as fait. Le Roi est très, très satisfait de toi. Pas parce qu'il se soucie d'Elden mais parce qu'il apprécie énormément la bravoure. Il adore les célébrations. C'est important pour lui de célébrer des histoires comme celle-là, pour inspirer les autres. De plus, ça donne une bonne image au Roi et à la Légion. Il veut célébrer ça. Tu es ici parce qu'il va te récompenser.”

“Me récompenser ?” demanda Thor, sidéré. “Mais je n'ai rien fait !”

“Tu as sauvé la vie à Elden .”

“Je n'ai fait que réagir. J'ai seulement fait ce qui m'est venu naturellement.”

“Et c'est exactement pour ça que le Roi veut te récompenser.”

Thor se sentit gêné. Il ne pensait pas que ses actions méritent une récompense. Après tout, si Erec n'avait pas été là, Thor serait mort, maintenant. Thor y réfléchit et, une fois de plus, son cœur se remplit de gratitude pour Erec. Il espérait qu'il pourrait le lui rendre un jour.

“Et notre mission de patrouille ?” demanda Thor. “Nous ne l'avons pas terminée.”

Reece lui posa une main rassurante sur l'épaule.

“Mon ami, tu as sauvé la vie d'un garçon. D'un membre de la Légion. C'est plus important que notre patrouille.” Reece rit. “Comme première patrouille tranquille, c'est pas mal !” ajouta-t-il.

Au bout d'un autre couloir, deux gardes leur ouvrirent une porte. Thor cligna des yeux et se retrouva dans les appartements royaux. Il devait y avoir cent chevaliers dans la salle, avec son haut plafond de cathédrale, ses vitraux et les armes et armures qui trônaient partout sur les murs comme des trophées. La Salle d'Armes. C'était le lieu où se retrouvaient tous les plus grands guerriers, tous les hommes de l'Argent. Le cœur de Thor battit plus vite quand il observa les murs, tous les armements célèbres, les armures des chevaliers héroïques et légendaires. Thor avait entendu parler de cet endroit toute sa vie. Il avait rêvé de le voir lui-même un jour. Normalement, aucun écuyer n'avait le droit d'y entrer, seulement les chevaliers de l'Argent.

Ce qui était encore plus surprenant, c'était que, quand il entra, de vrais chevaliers se retournèrent et le regardèrent, lui, de tous les côtés. Et leur visage exprimait l'admiration. Thor n'avait jamais vu autant de chevaliers dans une seule pièce et ne s'était jamais senti aussi accepté. C'était comme entrer dans un rêve, surtout qu'il y avait seulement quelques moments, il avait été profondément endormi.

Reece avait dû remarquer l'expression sidérée de Thor.

“Les meilleurs membres de l'Argent se sont rassemblés ici pour t'honorer.”

Thor se sentit plein de fierté et d'incrédulité. “M'honorer ? Mais je n'ai rien fait.”

“Faux”, dit une voix.

Thor se retourna et sentit une lourde main se poser sur son épaule. C'était Erec, qui lui souriait.

“Tu as montré bravoure, honneur et courage, au-delà de ce à quoi on s'attendait de ta part. Tu as presque donné ta vie pour sauver un de tes compagnons. C'est ça que nous recherchons dans la Légion et c'est ça que nous recherchons dans l'Argent.”

“Vous m'avez sauvé la vie”, dit Thor à Erec. “Si vous n'aviez pas été là, cette bête m'aurait tué. Je ne sais comment vous remercier.”

Erec sourit.

“Tu l'as déjà fait”, répondit-il. “Tu ne te souviens pas de la joute ? Je crois que nous sommes quittes.”

Thor parcourut l'allée qui menait au trône du Roi MacGil, à l'autre bout de la salle, Reece d'un côté de lui et Erec de l'autre. Il sentit des centaines de regards se poser sur lui et tout ça avait l'air d'être un rêve.

Debout autour du Roi se tenaient ses dizaines de conseillers, avec son fils aîné, Kendrick. Quand Thor s'approcha, son cœur se remplit de fierté. Il avait peine à croire que le Roi lui accordait une autre audience, et que tant d'hommes importants étaient venus y assister.

Ils atteignirent le trône du Roi. MacGil se leva et le silence se fit dans la salle. L'expression solennelle de MacGil fit place à un grand sourire. Il avança de trois pas et, à la grande surprise de Thor, le prit dans ses bras.

Un grand applaudissement résonna dans la salle.

Le Roi se recula, tint Thor fermement par les épaules et sourit.

“Tu as bien servi la Légion”, dit-il.

Un domestique tendit une coupe au Roi et le Roi la leva. D'une voix forte, il cria :

“AU COURAGE !”

“AU COURAGE !” répondirent les centaines d'hommes présents dans la salle. Un murmure excité s'ensuivit, puis la salle redevint silencieuse.

“Pour honorer tes exploits aujourd'hui”, hurla le Roi, “je t'offre un grand cadeau.”

Le Roi fit un geste et un page s'avança. Il portait un long gantelet noir sur lequel était perché un magnifique faucon. L'oiseau se retourna et regarda fixement Thor comme s'il le connaissait.

Thor en eut le souffle coupé. C'était exactement le faucon de son rêve, avec son corps en argent et l'unique rayure noire qui lui descendait sur le front.

“Le faucon est le symbole de notre royaume et de notre famille royale,” tonitrua MacGil. “C'est un oiseau de proie, de fierté et d'honneur, mais c'est aussi un oiseau compétent, rusé. Il est loyal et féroce, et il s'élève au-dessus de tous les autres animaux. C'est aussi une créature sacrée. On dit que celui qui possède un faucon est aussi possédé par lui. Il te guidera partout où tu iras. Il te quittera mais reviendra toujours. Et maintenant, il est à toi.”

Le fauconnier s'avança, plaça un lourd gantelet en cotte de mailles sur la main et le poignet de Thor, puis plaça l'oiseau dessus. Thor se sentit ravi de l'avoir sur le bras. Il avait peine à bouger. Il était choqué par son poids; il lui fallait faire un effort rien que pour rester immobile pendant que l'oiseau bougeait sur son poignet. Il sentit ses serres s'enfoncer dans le gantelet, qui, heureusement, le protégea, ce qui fait qu'il ne sentit que la pression des serres. L'oiseau se retourna, le regarda dans les yeux et poussa un cri strident. Thor sentit qu'il le regardait dans les yeux et eut l'impression de jouir d'un lien surnaturel avec l'animal. Il savait simplement qu'il l'accompagnerait toute sa vie.

“Et comment vas-tu l'appeler ?” demanda le Roi en rompant le lourd silence qui régnait dans la salle.

Thor se creusa la cervelle, qui était trop figée pour même fonctionner.

Il essaya de réfléchir vite. Il se remémora tous les noms de tous les guerriers célèbres du royaume. Il se retourna, observa les murs et vit une série de plaques avec tous les noms de batailles et tous les endroits du royaume. Ses yeux s'arrêtèrent sur un endroit particulier. C'était un endroit de l'Anneau où il n'était jamais allé, mais qu'il avait toujours entendu décrire comme étant un lieu surnaturel et puissant. Cela lui semblait être un bon nom.

“Je vais l'appeler Estopheles”, cria Thor.

“Estopheles !” répéta la foule d'une voix satisfaite.

Le faucon poussa un cri strident comme pour répondre.

Soudain, Estopheles battit des ailes et s'envola haut, jusqu'au point culminant du plafond de la cathédrale, puis sortit par une fenêtre ouverte. Thor la regarda s'en aller.

“Ne t'en fais pas”, dit le fauconnier, “elle reviendra toujours te trouver.”

Thor se retourna et regarda le Roi. Jamais on ne lui avait donné de cadeau de toute sa vie, et encore moins un cadeau de cette splendeur. Il savait à peine quoi dire, comment remercier le roi. Il était bouleversé.

“Mon seigneur”, dit-il en baissant la tête. “Je ne sais comment vous remercier.”

“Tu l'as déjà fait”, dit MacGil.

La foule applaudit et la tension qui régnait dans la salle s'apaisa. Une conversation animée s'installa parmi les hommes, et tellement de chevaliers s'approchèrent de Thor qu'il ne savait plus de quel côté se tourner.

“Voici Algod, de la Province Orientale”, dit Reece en présentant Thor à un chevalier.

“Et voici Kamera, des Marais Bas …. Et voici Basikold, des Forts du Nord ….”

Bientôt, tous les noms se mélangèrent. Thor était submergé. Il avait peine à croire que tous ces chevaliers voulaient le rencontrer. Il ne s'était jamais senti aussi accepté ou honoré de toute sa vie et il avait l'impression qu'un jour comme celui-là ne se reproduirait jamais. C'était la première fois de sa vie qu'il ressentait de l'amour-propre.

Et il ne pouvait s'arrêter de penser à Estopheles.

Alors que Thor se retournait dans tous les sens, saluait des gens en découvrant un flux continu de noms, des noms qu'il avait peine à retenir, un messager arriva à la hâte en se glissant entre les chevaliers. Il portait un petit parchemin qu'il poussa dans la main de Thor.

Thor l'ouvrit et lit la belle écriture délicate :

Retrouvez-moi dans la cour de derrière. Derrière la porte.

Thor sentit un parfum délicat se dégager du parchemin rose et il resta perplexe en essayant de comprendre de qui il venait. Il ne portait aucune signature.

Reece se pencha, le lut par dessus son épaule et rit.

“On dirait que tu plais à ma sœur”, dit-il en souriant. “Si j'étais toi, j'irais la voir. Elle déteste qu'on la fasse attendre.”

Thor se sentit rougir.

“Pour aller dans la cour de derrière, passe par ces portes. Dépêche-toi. Comme tout le monde le sait, elle change très vite d'avis.” Reece sourit en le regardant. “Et j'adorerais t'avoir dans ma famille.”

CHAPITRE DIX-NEUF

Thor essaya de suivre les indications de Reece en se frayant un chemin dans le château bondé, mais ce n'était pas facile. Ce château avait trop de méandres, trop de portes de derrière cachées et trop de longs couloirs qui semblaient ne mener qu'à d'autres couloirs.

Il se récita mentalement les indications de Reece en descendant une autre petite série de marches, tourna dans un autre couloir, et s'arrêta finalement devant une petite porte cintrée avec une poignée rouge, celle dont Reece lui avait parlé, et qu'il ouvrit.

Thor se précipita au dehors et fut frappé par la forte lumière de ce jour d'été; ça faisait du bien d'être dehors, à l'extérieur de ce château mal aéré, de respirer l'air frais, de sentir le soleil sur son visage. Il plissa les yeux, les ajustant à la lumière éclatante, et regarda aux environs. Devant lui s'étalaient les jardins royaux, qui s'étendaient jusqu'à perte de vue. Les haies étaient parfaitement taillées en différentes formes et formaient des rangées bien délimitées avec des pistes qui serpentaient au milieu. Il y avait des fontaines, des arbres inhabituels, des vergers pleins des fruits du début de l'été et des parterres de fleurs de toutes les tailles, formes et couleurs. La vue lui coupa le souffle. On aurait dit qu'il était entré dans un tableau.

Thor chercha partout un signe de Gwendolyn, le cœur battant la chamade. Cette cour de derrière était vide, et Thor supposa qu'elle était probablement réservée à la famille royale, séparée des espaces publics par les hauts murs de pierre du jardin, et pourtant, même en cherchant partout, il ne la trouvait pas.

Il se demanda si son message était un faux. C'était probablement ça. Elle était probablement en train de se moquer de lui, le péquenaud, de s'amuser à ses dépens. Après tout, comment une personne de son rang pouvait-elle vraiment s'intéresser à lui ?

Thor baissa les yeux et relut son message, puis le referma, honteux. On s'était moqué de lui. Quel idiot il avait été de se faire de faux espoirs. Ça lui faisait extrêmement mal.

Thor se retourna et se prépara à retourner au château, la tête basse. Juste au moment où il allait ouvrir la porte, une voix se fit entendre.

“Et où allez-vous donc ?” dit la voix joyeuse. On aurait dit le chant d'un oiseau.

Thor se demanda s'il était en train de rêver. Il se retourna, la chercha et elle était là, assise à l'ombre en dessous d'un mur du château. Elle lui sourit, habillée de ses plus beaux vêtements royaux, une robe de couches de satin blanc avec des ornements roses. Elle avait l'air encore plus belle que dans ses souvenirs.

C'était elle. Gwendolyn. La fille dont Thor rêvait depuis qu'ils s'étaient rencontrés, avec ses yeux bleus en amande et de longs cheveux blond vénitien, avec le sourire qui mettait le feu à son cœur. Elle portait un grand chapeau blanc et rose qui la protégeait du soleil, et en dessous, ses yeux étincelaient. Un instant, il eut envie de se retourner pour s'assurer qu'il n'y ait personne d'autre derrière lui.

“Euh …” commença Thor. “Je … euh … ne sais pas. Je … euh … je retournais à l'intérieur.”

Une fois de plus, il constatait que sa présence le troublait, qu'il avait du mal à rassembler ses pensées et à les formuler.

Elle rit, et c'était le plus beau son qu'il ait jamais entendu.

“Et pourquoi faire ça ?” demanda-t-elle, taquine. “Vous venez d'arriver.”

Thor était troublé. Il n'arrivait pas à parler.

“Je … euh … ne vous trouvais pas”, dit-il, gêné.

Elle rit à nouveau.

“Eh bien, je suis là. N'allez-vous pas me prendre le bras ?”

Elle tendait une seule main; Thor se précipita vers elle, tendit la main et prit la sienne. Il fut électrisé par le contact de sa peau, si lisse et douce. Sa main fragile rentrait parfaitement à l'intérieur de la sienne. Elle leva les yeux vers lui et laissa sa main dans la sienne pendant un moment, avant de se lever lentement. Il aimait la sensation que lui donnait le contact du bout de ses doigts contre sa paume et espérait qu'elle ne les retirerait jamais.

Elle retira sa main, puis plaça son bras dans le sien, bras dessus bras dessous. Elle commença à marcher en les menant dans la série de pistes sinueuses. Ils marchèrent sur un petit sentier pavé, et bientôt ils furent à l'intérieur d'un dédale de haies, protégés des regards extérieurs.

Thor était nerveux. Un roturier comme lui risquait d'avoir des ennuis, à marcher comme ça avec la fille du Roi. Il sentit une légère sueur lui couler sur le front, et ne savait pas si c'était à cause de la chaleur ou de son contact.

Il ne savait pas quoi dire.

“Vous avez causé une vive agitation ici, n'est-ce pas ?” dit-elle avec un sourire. Il lui fut reconnaissant d'avoir brisé ce silence gênant.

Thor haussa les épaules. “Je suis désolé. Je ne voulais pas.”

Elle rit. “Et pourquoi ne pas le vouloir ? N'est-ce pas une bonne chose que de causer de l'agitation ?”

Thor était coincé. Il ne savait comment répondre. C'était comme s'il disait toujours ce qu'il ne fallait pas.

“De toute façon, là-bas, on étouffe et on s'ennuie”, dit-elle. “C'est bien d'avoir un nouveau venu. Mon père semble beaucoup vous apprécier. Et mon frère aussi.”

“Euh … merci”, répondit Thor.

Il aurait pu se gifler, et avait l'impression de mourir intérieurement. Il savait qu'il fallait qu'il dise autre chose, et il le voulait. Il ne savait tout simplement pas quoi dire.

“Est-ce que …” commença-t-il, se creusant la cervelle pour trouver la bonne chose à dire, “… vous aimez cet endroit ?”

Elle se pencha en arrière et rit.

“Est-ce que j'aime cet endroit ?” demanda-t-elle. “J'espère bien. J'habite ici !”

Elle rit à nouveau et Thor se sentit rougir. Il sentait qu'il faisait vraiment n'importe quoi, mais il n'avait pas été élevé au contact des filles, n'avait jamais eu de petite copine dans son village, et ne savait tout simplement pas quoi lui dire. Que pouvait-il lui demander ? D'où venez-vous ? Il savait déjà d'où elle venait. Il commença à se demander pourquoi elle s'embêtait à le fréquenter; voulait-elle seulement s'amuser ?

“Pourquoi m'appréciez-vous ?” demanda-t-il.

Elle le regarda et fit un drôle de son.

“Vous êtes un garçon présomptueux”, dit-elle en gloussant. “Qui a dit que je vous appréciais ?” demanda-t-elle avec un immense sourire. Il était clair que tout ce qu'il disait l'amusait.

Thor eut maintenant l'impression d'avoir encore aggravé son cas.

“Je suis désolé. Je ne voulais pas dire ça. Je me demandais, c'est tout. Je veux dire … euh …je sais que vous ne m'appréciez pas.”

Elle rit encore plus fort.

“Vous êtes amusant, je dois bien l'avouer. J'imagine que vous n'avez jamais eu de petite amie, n'est-ce pas ?”

Thor baissa les yeux et secoua la tête, humilié.

“Pas de sœurs non plus, j'imagine ?” insista-t-elle.

Thor secoua la tête.

“J'ai trois frères”, lâcha-t-il. Finalement, il avait au moins réussi à dire quelque chose de normal.

“Ah bon ?” demanda-t-elle. “Et où sont ils ? Au village ?”

Thor secoua la tête. “Non, ils sont ici, à la Légion, avec moi.”

“Eh bien, ça doit être réconfortant.”

Thor secoua la tête.

“Non. Ils ne m'aiment pas. Ils voudraient que je ne sois pas ici.”

Pour la première fois, elle arrêta de sourire.

“Et pourquoi ne vous aimeraient-ils pas ?” demanda-t-elle, choquée. “Vos propres frères ?”

Thor haussa les épaules. “J'aimerais bien le savoir.”

Ils marchèrent un peu plus longtemps en silence. Il eut soudain peur d'être en train de lui gâcher sa bonne humeur.

“Mais ne vous en faites pas, ce n'est pas un problème. Ils ont toujours été comme ça. En fait, j'ai rencontré de bons amis ici. Des amis meilleurs que ceux que j'ai jamais eus.”

“Mon frère ? Reece ?” demanda-t-elle.

Thor hocha la tête.

“Reece est un bon garçon”, dit-elle. “D'une certaine façon, c'est mon préféré. J'ai quatre frères, vous savez. Trois sont de vrais frères et un ne l'est pas. L'aîné est le fils de mon papa et d'une autre femme. Mon demi-frère. C'est Kendrick, vous le connaissez ?”

Thor hocha la tête. “Je lui dois beaucoup. C'est grâce à lui que j'ai ma place dans la Légion. C'est un homme bien.”

“C'est vrai. C'est un des meilleurs du royaume. Je l'aime autant qu'un vrai frère. Et puis il y a Reece, que j'aime tout autant. Les deux autres … eh bien …. vous savez comment sont les familles. Tout le monde ne s'entend pas. Parfois, je me demande comment il se peut que nous venions tous des mêmes parents.”

A présent, Thor était curieux. Il voulait en savoir plus sur eux, sur sa relation avec eux, sur la raison pour laquelle ils n'étaient pas proches. Il voulait le lui demander, mais ne voulait pas être indiscret. Et elle n'avait pas non plus l'air de vouloir en dire plus. Elle semblait être une personne joyeuse, une personne qui aimait ne penser qu'aux choses joyeuses.

Quand ils arrivèrent au bout de la piste sinueuse, la cour s'ouvrit sur un nouveau jardin, où l'herbe était parfaitement taillée en diverses formes. C'était un très grand plateau de jeu qui couvrait au moins quinze mètres dans toutes les directions, avec d'immenses pièces en bois, plus grandes que Thor, placées tout au long.

Gwen poussa un cri de joie.

“Voulez-vous jouer ?” demanda-t-elle.

“Qu'est-ce que c'est ?” demanda-t-il.

Elle se retourna, les yeux écarquillés de surprise.

“Vous n'avez jamais joué aux Racks ?” demanda-t-elle.

Thor secoua la tête, gêné, se sentant plus péquenaud que jamais.

“C'est le meilleur jeu qui soit !” s'exclama-t-elle.

Elle tendit les deux mains et prit la sienne pour l'entraîner sur le terrain. Elle bondissait de joie; il ne ne put s'empêcher de sourire lui-même. Plus que quoi que ce soit, plus que le terrain, plus que ce bel endroit, c'était la sensation de ses mains sur les siennes qui l'électrisait. La sensation d'être désiré. Elle voulait qu'il aille avec elle. Elle voulait passer du temps avec lui. Pourquoi s'intéresserait-on à lui ? Surtout quelqu'un comme elle ? Il eut encore l'impression que tout ça était un rêve.

“Tenez-vous là-bas”, dit-elle. “Derrière cette pièce. Vous devrez la bouger et vous n'aurez que dix secondes pour le faire.”

“Qu'est-ce que vous voulez dire, la bouger ?” demanda Thor.

“Choisissez une direction, vite !” cria-t-elle.

Thor saisit l'énorme bloc de bois, surpris par son poids. Il le porta sur plusieurs pas et le posa sur un autre carré.

Sans hésiter, Gwen poussa sa propre pièce par dessus. Elle atterrit sur la pièce de Thor et la renversa par terre.

Elle poussa un cri de joie.

“Vous avez mal choisi !” dit-elle. “Vous vous êtes mis sur mon chemin ! Vous avez perdu !”

Thor regarda les deux pièces par terre, perplexe. Il ne comprenait pas du tout ce jeu.

Gwen rit, lui prit le bras et continua à lui faire suivre le sentier.

“N'ayez pas peur, je vous apprendrai”, dit-elle.

Son cœur bondit de joie quand il entendit ses paroles. Elle lui apprendrait. Elle voulait le revoir. Passer du temps avec lui. Était-il en train d'imaginer tout ça ?

“Alors, dites-moi, que pensez-vous de cet endroit ?” demanda-t-elle en l'emmenant dans une autre série de labyrinthes. Celui-là était décoré de fleurs de deux mètres quarante de haut, pleines de couleurs, avec d'étranges insectes qui planaient au-dessus de leur sommet.

“C'est le plus bel endroit que j'aie jamais vu”, répondit Thor sans mentir.

“Et pourquoi voulez-vous être membre de la Légion ?”

“C'est mon rêve de toujours”, répondit-il.

“Mais pourquoi ?” demanda-t-elle. “Parce que vous voulez servir mon père ?”

Thor y réfléchit. Il ne s'était jamais vraiment demandé pourquoi : il l'avait toujours voulu, c'était tout.

“Oui”, répondit-il, “je le veux. Et je veux aussi servir l'Anneau.”

“Et la vie, alors ?” demanda-t-elle. “Ne voulez-vous pas avoir une famille ? Des terres ? Une femme ?”

Elle s'arrêta et le regarda; ça le déconcerta. Il était épuisé. Il n'avait jamais envisagé ces choses et ne savait comment répondre. Les yeux de Gwen étincelaient alors qu'elle le regardait.

“Euh … je … je ne sais pas. Je n'y ai jamais vraiment réfléchi.”

“Et qu'en dirait votre mère ?” demanda-t-elle malicieusement.

Thor arrêta de sourire.

“Je n'ai pas de mère”, dit-il en souriant encore moins.

“Qu'est-ce qui lui est arrivé ?” demanda-t-elle.

Thor était sur le point de lui répondre, de tout lui dire. Ce serait la première fois de sa vie qu'il en parlerait à quelqu'un. Et ce qu'il y avait de fou, c'est qu'il le voulait. Il voulait, désespérément, s'ouvrir à elle, à cette étrangère, et lui révéler tous ses sentiments les plus profonds.

Cependant, quand il ouvrit la bouche pour parler, une voix criarde vint soudain de nulle part.

“Gwendolyn !” hurla la voix.

Ils se retournèrent tous les deux et virent sa mère, la Reine qui, portant ses plus beaux vêtements et accompagnée de ses servantes, se dirigeait tout droit vers sa fille. Elle était livide.

La Reine se dirigea directement vers Gwen, la saisit brutalement par le bras et l'emmena violemment.

“Tu rentres à l'instant même. Qu'est-ce que je t'ai dit ? Je ne veux plus jamais que tu lui reparles. Tu me comprends ?”

Gwen rougit, puis son visage afficha colère et fierté.

“Lâchez-moi !” hurla-t-elle à sa mère, mais en vain, car sa mère continuait à l'entraîner et ses servantes l'encerclaient elles aussi.

“J'ai dit, lâchez-moi !” hurla Gwen. Elle jeta à Thor un regard désespéré, triste, un regard de supplication.

Thor comprenait ce qu'elle ressentait car il le ressentait aussi. Il voulait l'appeler et sentait son cœur se briser en la voyant entraînée de la sorte. C'était comme s'il était train de regarder quelqu'un emporter sa vie future droit devant ses yeux.

Il resta là longtemps après qu'elle eût disparu de sa vue, le regard fixe, figé sur place, à bout de souffle. Il ne voulait pas partir, ne voulait pas oublier tout ça.

Surtout, il ne voulait pas imaginer qu'il ne la reverrait jamais.

*

Alors que Thor revenait lentement au château, encore sous le choc de sa rencontre avec Gwen, il était à peine conscient de ce qui l'entourait. Son esprit se consumait en pensées d'elle; il ne pouvait s'arrêter de voir son visage. Elle était magnifique. C'était la personne la plus belle, aimable, douce, gentille, aimante et drôle qu'il ait jamais rencontrée. Il fallait qu'il la revoie. En fait, l'absence de sa présence lui faisait mal. Il ne comprenait pas ce qu'il ressentait pour elle, et ça l'effrayait. Il la connaissait à peine, et pourtant, il savait déjà qu'il ne pouvait pas vivre sans elle.

Pourtant, en même temps, il repensa à la Reine qui l'emmenait violemment et se sentit découragé en pensant aux forces puissantes qui les séparaient. C'étaient des forces qui, pour une raison quelconque, ne voulaient pas qu'ils soient ensemble.

Alors qu'il essayait de comprendre, soudain, il sentit une main raide se poser sur sa poitrine et l'arrêter brutalement sur place.

Il leva les yeux et vit un garçon, peut-être son aîné d'un ou deux ans, grand, mince et portant les vêtements les plus chers qu'il ait jamais vus. Vêtu de soieries vertes, écarlates et violet royal, avec un chapeau à plume recherché, ce garçon le regardait en grimaçant. Il avait l'air délicat, gâté, comme s'il avait été élevé dans le plus grand luxe, avec des mains douces et des sourcils très arqués qui contemplaient Thor avec dédain.

“On m'appelle Alton”, commença le garçon. “Je suis le fils de Lord Alton, premier cousin du Roi. Nous sommes seigneurs du royaume depuis sept siècles. Ce qui me donne droit au titre de Duc. Toi, par contre, tu es roturier”, dit-il en crachant presque le mot. “La cour royale est faite pour la royauté. Et pour les hommes de rang. Pas pour ceux de ton espèce.”

Thor resta sur place, sans savoir qui était ce garçon ni ce qu'il avait fait pour le contrarier.

“Que voulez-vous de moi ?” demanda Thor.

Alton ricana.

“Bien sûr, tu n'en sais rien. Tu ne sais probablement rien, n'est-ce pas ? Comment oses-tu t'introduire ici et prétendre être un des nôtres !” cracha-t-il.

“Je ne prétends rien”, dit Thor.

“De toute façon, je me moque de savoir comment tu es arrivé ici. Je veux seulement t'avertir, avant que tu te fasses d'autres idées, que Gwendolyn est à moi.”

Thor le fixa, choqué. A lui ? Il ne savait pas quoi dire.

“Notre mariage a été organisé dès ma naissance”, continua Alton. “Nous sommes du même âge, et du même rang. Tout est déjà prévu. N'ose pas t'imaginer, même pas un instant, qu'il en sera autrement.”

Thor eut l'impression qu'on venait de lui couper le souffle; il n'avait même pas la force de répondre.

Alton se rapprocha d'un pas et baissa les yeux.

“Tu vois”, dit-il à voix basse, “je laisse Gwen flirter comme elle veut. Elle le fait beaucoup. De temps à autre, elle prend pitié pour un roturier, ou peut-être un serviteur. Elle leur permet d'être sa distraction, son amusement. Tu aurais pu conclure que c'était quelque chose de plus, mais pour Gwen, ce n'est rien d'autre. Tu n'es qu'une autre connaissance, un autre amusement. Elle les collectionne, comme les poupées. Ça ne signifie rien pour elle. Elle s'excite sur le dernier roturier en date, et après un jour ou deux, elle s'ennuie. Elle te laissera vite tomber. Tu n'es vraiment rien pour elle, et, à la fin de l'année, nous serons mariés, elle et moi. Pour toujours.”

Alton ouvrit grand les yeux, montrant la férocité de sa détermination.

Thor sentit son cœur se briser en entendant ses paroles. Étaient-elles vraies ? N'était-il vraiment rien pour Gwen ? Il était perplexe, à présent; il ne savait que croire. Elle avait semblé si sincère. Cependant, peut-être Thor avait-il seulement tiré des conclusions hâtives ?

“Vous mentez”, répondit finalement Thor.

Alton sourit d'un air sarcastique, puis leva un unique doigt manucuré et en tapota la poitrine de Thor.

“Si je te revois en sa compagnie, je ferai usage de mon autorité pour appeler la garde royale. Ils te mettront en prison !”

“Pour quelles raisons  ?!” demanda Thor.

“Je n'ai besoin d'aucune raison. J'ai un rang élevé, ici. J'inventerai une raison et c'est moi qu'ils croiront. Quand j'aurai fini de te faire ta réputation, la moitié du royaume te prendra pour un criminel.”

Alton sourit, content de lui; Thor se sentit mal à l'aise.

“Vous n'avez pas d'honneur”, dit Thor, ne comprenant pas qu'on puisse se comporter avec une telle indécence, qui qu'on soit.

Alton rit en produisant un son aigu.

“Je n'en ai jamais eu”, dit-il. “L'honneur, c'est pour les idiots. J'ai ce que je veux. Tu peux le garder, ton honneur. Et moi, j'aurai Gwendolyn.”

Yaş sınırı:
16+
Litres'teki yayın tarihi:
09 eylül 2019
Hacim:
334 s. 7 illüstrasyon
ISBN:
9781632912954
İndirme biçimi:
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