Kitabı oku: «Un Trône pour des Sœurs », sayfa 6
Kate pensa aux façons dont elle avait dû se servir de ses propres pouvoirs pour voler. “Que s'est-il passé ?”
Émeline haussa les épaules. “J'ai entendu quelques-unes de leurs pensées. Ils envisageaient de se débarrasser de moi. Ils pensaient que j'avais le cœur trop tendre.”
Kate devinait que cela avait dû être très dur. Elle allait témoigner de la sympathie à sa nouvelle amie quand elle entendit un bruit de pas. Voilà ce qu'elle détestait dans son talent : il était trop peu fiable. Pourquoi ne pouvait-il pas l'avertir de tous les problèmes potentiels ?
Elle se tourna juste à temps pour voir un grand matelot de barge qui se tenait au-dessus d'elles. Sa poitrine grosse comme une barrique tirait sur sa chemise tachée de bière et il serrait les poings.
“Une sorcière ! J'ai laissé monter une sorcière sur ma barge ? Et maintenant, vous êtes deux ? Non, c'est hors de question ! Descendez de ma barge.”
“Une minute”, dit Kate.
“J'ai dit, descendez de ma barge”, répliqua-t-il sèchement. Il arracha facilement la perche à Émeline et la brandit comme un des soldats des rives aurait pu le faire avec une pique. “On dit que les sorcières ne savent pas nager. On va voir !”
Il frappa d'abord Émeline, qu'il jeta à l'eau, où elle tomba en poussant un petit cri de surprise. Kate se leva, se préparant à affronter l'homme, souhaitant alors avoir une épée avec laquelle le tuer.
Cela dit, elle n'en avait pas et, quand la perche s'abattit vers elle en formant un arc, il n'y eut nulle part sur la barge pour éviter le coup. Quand elle fut frappée à l'abdomen, elle sentit l'air quitter ses poumons sous l'impact et, l'espace d'un instant, Kate sentit qu'elle s'envolait.
L'eau de la rivière envoya une gifle froide à son corps tout entier. Kate coula et, l'espace d'un instant, elle se dit que le matelot de la barge avait peut-être eu raison de dire qu'elle ne savait pas nager. Alors, elle donna des coups de pied et remonta à la surface comme un bouchon en liège et en haletant.
Elle n'y resta pas longtemps. Il y avait un autre bateau qui arrivait droit sur elle. Kate réussit à s'en écarter à temps mais le mouvement la renvoya sous l'eau. Elle se mit à regarder la coque des bateaux qui passaient en essayant de trouver un espace dégagé où émerger.
L'eau était froide malgré la chaleur du jour, assez froide pour que Kate ait instinctivement envie de haleter, mais elle résista à cette envie. Elle nagea vers la surface et réussit à émerger entre deux bateaux qui avançaient propulsés par de longues rames.
“A l'aide !” cria Kate, mais les hommes qui étaient sur les embarcations rirent.
“Tu vas devoir nager, gamine”, répondit l'un d'eux. “On n'a pas de place pour les gens comme toi, ici.”
A ce moment-là, Kate aurait voulu pouvoir tous les tuer mais elle arrivait tout juste à garder la tête au-dessus de l'eau. Elle regarda autour d'elle en essayant de trouver Émeline mais n'en vit aucune trace. Avait-elle été emportée par les courants de la rivière ou … non, il ne fallait pas qu'elle pense comme ça.
Émeline ? dit Kate par télépathie, ou du moins essaya de dire. Ses pouvoirs étaient au mieux erratiques et se noyer au milieu d'une rivière se signifiait pas être au mieux. Elle pensa apercevoir une tête qui montait et descendait quelque part entre deux autres bateaux et essaya de nager dans cette direction.
Cependant, les courants ne le lui permirent pas. Depuis le bateau, les tourbillons lui avaient semblé être inoffensifs mais, maintenant qu'elle était dans l'eau, elle constatait qu'ils étaient plus violents, qu'ils lui tiraient sur les membres et menaçaient de la faire couler à tout moment. Elle ne pouvait pas nager dans la direction où elle avait vu Émeline. Elle arrivait tout juste à nager de côté, en travers du courant, en direction de la rive, pendant que la rivière l'emportait vers l'aval.
Elle essaya de s'accrocher au pont quand la rivière la fit repasser en dessous mais les briques étaient trop lisses à cause de la mousse et de la vase qui s'étaient déposées dessus. Elle continua à nager vers l'autre côté en espérant que, si elle pouvait rejoindre une des rives, elle pourrait courir le long de la rivière, retrouver Émeline et peut-être lui jeter une corde ou quelque chose d'autre, l'aider d'une façon ou d'une autre.
Si ce côté du pont était une chose, il était encore plus bondé. Il y avait des rames et des perches et des quilles qui fendaient l'eau et Kate était obligée d'éviter un obstacle tout le temps pendant qu'elle nageait. Finalement, finalement, elle se retrouva dans une eau plus calme et ses muscles endoloris réussirent à la rapprocher de l'autre rive. Kate sentit ses mains agripper une jetée et elle réussit à se hisser sur la rive.
Pendant une minute ou plus, elle resta allongée sur le bois de la jetée, inspirant de l'air. Elle avait mal au bras à force de lutter contre le courant. Ses vêtements étaient trempés et crasseux après leur immersion dans l'eau froide de la rivière. A ce moment-là, elle se dit qu'elle allait peut-être se recroqueviller sur place et y mourir.
Au lieu de cela, Kate se redressa, s'assit et se força à scruter la rivière, cherchant des traces d’Émeline.
Tu es là ? dit-elle par télépathie en espérant que l'autre fille lui réponde mais ses pouvoirs n'étaient jamais aussi faciles à utiliser que ça. Kate venait d'apprendre qu'elle pouvait communiquer avec quelqu'un autre que sa sœur; elle avait encore peu de chances de pouvoir se connecter à Émeline. Ce que Kate pouvait espérer de mieux, c'était apercevoir l'autre fille qui flottait dans la rivière, portée par les courants.
Pourtant, Émeline était tombée à l'eau en premier. Elle avait peut-être déjà été emportée plus loin vers l'aval. Kate essaya de courir le long de la rive pour la rechercher mais elle n'avait pas la force de le faire et, de toute façon, c'était sans espoir. Elle ne voyait aucune trace de l'autre fille. Dans le meilleur des cas, elle avait été emportée vers la rive à des kilomètres de distance. Dans le pire des cas, elle s'était noyée quelque part sous l'eau.
A cette pensée, Kate eut la peur au ventre mais, en vérité, elle ne pouvait rien faire.
Elle s'arrêta et regarda autour d'elle. Elle ne savait pas dans quelle partie d'Ashton elle se trouvait maintenant. Elle avait essayé de s'enfuir mais la rivière l'avait ramenée assez loin vers la ville. Elle était seule une fois de plus, mouillée, fatiguée, frigorifiée et seule.
Kate s'agenouilla et pleura.
Sophia, dit-elle par télépathie. Où es-tu ?
Elle attendit trop longtemps dans le silence jusqu'à ce qu'elle finisse par comprendre que sa sœur ne pouvait pas l'entendre.
CHAPITRE NEUF
Sophia repartit dans le palais en essayant d'avoir plus d'assurance qu'elle n'en ressentait. D'après ce qu'elle avait vu des filles nobles des environs jusqu'à présent, elles n'acceptaient jamais le moindre moment d'incertitude.
Elle se sentit un peu plus rassurée quand elle vit les foules commencer à se former et elle se déplaça dans le château avec un groupe d'autres personnes. Elle s'aperçut que certaines d'entre elles la regardaient de temps à autre et, l'espace d'un instant ou deux, elle craignit qu'elles ne comprennent qu'elle n'avait pas sa place ici. Quand une des femmes plus âgées avança vers elle, Sophia fut sûre qu'elle allait la démasquer et la renvoyer à l'orphelinat. Seul son talent la rassurait un peu.
Qui est-ce ? Ce doit être une nouvelle. Je suis sûre que tout le monde a remarqué une fille aussi belle. J'étais un peu comme ça, à cet âge. Je suis sûre qu'il y aura des rumeurs.
“Bienvenue”, dit la femme plus âgée en lui tendant la main. “Je suis Lady Olive Casterston.”
“Sophia … de Meinhalt”, dit Sophia en prenant la main de la femme et en se souvenant juste à temps de la voix qu'elle s'était choisie et de son nom imaginaire. “Je suis très heureuse de vous rencontrer.”
Oh, elle vient des États Marchands. Rien d'étonnant à ce que je n'aie pas entendu parler d'elle. Je suppose que cela explique aussi pourquoi elle m'a pris la main sans me faire la révérence.
Sophia approfondit ses talents en parlant avec Lady Olive Casterston, lisant ce qu'elle pouvait dans ses pensées. La dame n'avait pas l'air de la soupçonner de quoi que ce soit. Elle avait plutôt l'air de vouloir être amicale. Elles bavardèrent de tout et de rien et Sophia profita de ce moment pour examiner la pièce où elles se trouvaient.
“Pardonnez-moi si mes habitudes ne sont pas celles auxquelles vous êtes accoutumée”, dit Sophia. “Je trouve que les choses sont … très différentes, ici.”
“Pas trop différentes, j'espère”, dit Lady Olive. “Mais bon, je suppose qu'avec la guerre … oh, ma pauvre. Avez-vous été impliquée dans tout ça ? Venez, suivez-moi. Je vais vous présenter aux gens. Sir Jeffrey, voici Sophia de Meinhalt, il faut absolument que vous fassiez sa connaissance.”
Aussi facilement que cela, Sophia rencontra une telle quantité de gens en si peu de temps qu’elle ne put pas retenir qui était qui. Lady Olive resta avec elle pendant les premières présentations et la décrivit comme une jeune fille qui fuyait les guerres du continent. Donc, Sophia ne fut jamais obligée de mentir directement et elle put se contenter de laisser les gens continuer à penser ce qu'ils pensaient déjà.
Elle savait ce qu'ils pensaient, bien sûr, et ce n'était que grâce à ses pouvoirs qu'elle réussissait à faire la conversation aux personnes innombrables qu'il fallait qu'elle rencontre. Elles lui permettaient d'avoir un aperçu de ce à quoi ces gens s'attendaient et de saisir des fragments d'informations qui leur faisaient croire qu'elle avait au moins entendu parler des affaires politiques d'Ashton.
Elle laissa le flux des gens qu'il fallait tout simplement qu'elle rencontre l'emmener vers la salle de bal et, une fois arrivée en ce lieu, Sophia dut se retenir de pousser un cri de surprise face à la splendeur du spectacle qui s'offrait à ses yeux.
“Est-ce que tout va bien, ma chère ?” lui demanda un officier à la retraite, espérant visiblement saisir sa chance d'être galant. Visiblement, Sophia avait très mal dissimulé son choc.
Cela dit, comment aurait-elle pu le faire ? Chaque mur de la salle de bal était couvert de miroirs et les miroirs étaient encadrés de dorures. Le plancher était un chef-d’œuvre de marqueterie qui formait une carte du monde connu qui contenait même certaines des terres qui avaient été découvertes au-delà de l'océan. Au plafond, il y avait des chandeliers qui semblaient tenir mille bougies à eux tous. Sur le côté, un petit espace était occupé par un trio de musiciens à tenue dorée. Il n'y avait aucune place pour suspendre des peintures aux murs mais les architectes avaient compensé cette absence en peignant au-dessus une fresque de style moderne qui donnait l'impression que la salle de bal donnait sur un grand paysage pastoral.
“Mademoiselle ?”
“Oui, je vais bien”, lui assura Sophia. “C'est juste que je n'avais jamais cru que je participerais à une … autre soirée comme celle-là.” Bien sûr, Sophia de Meinhalt avait forcément déjà participé à ce genre d'événement. “Cela dit, merci d'avoir demandé.”
Personne ne dansait encore. Les gens présents mangeaient des œufs de caille et des pommes pochées dans du vin, buvaient des vins fins dans des coupes ou allaient les remplir à ce qui semblait être une petite fontaine dans un coin et qui faisait couler à flots un cru rouge foncé.
Cependant, la plupart d'entre eux semblaient chercher à obtenir la meilleure place comme les gens qui, au marché, recherchent les meilleurs prix ou comme des armées qui essaient d'atteindre la position la plus élevée. C'était peut-être tout cela à la fois car, dans cette pièce, il semblait certainement y avoir un peu de chaque. Les fragments de pensée que Sophia interceptait indiquaient que les gens n'étaient pas seulement venus pour danser.
Je n'ai quand même pas un rang inférieur au sien ?
Comment le Comte de Charlke a-t-il pu se permettre la nouvelle maison dont il parle ?
Est-ce que ma fille va trouver un mari ce soir ? Elle a presque vingt ans !
Sophia avait imaginé que les choses qui se passeraient en ce lieu seraient majestueuses et gracieuses mais les pensées qui papillonnaient autour d'elle indiquaient tout ce qui se passait en sous-main. On aurait dit que tous les gestes et tous les mots faisaient partie d'un jeu supérieur de position et d'avancement. Tous les gens qui étaient ici semblaient être venus parce qu'ils voulaient quelque chose, même si ce n'était que pour afficher le pouvoir et la position qu'ils possédaient déjà.
Cependant, il y avait de la grâce en ce lieu. Dans leur costume, certaines des filles présentes étaient aussi élégantes que des cygnes et tous les autres semblaient avoir fait de leur mieux en matière de tenue et de masque. C'était le genre d'événement qui, ailleurs, aurait pu rendre tout le monde anonyme mais qui, ici, servait plutôt aux gens à afficher leur raffinement et le fait qu'ils pouvaient s'offrir les choses les plus belles qui soient.
Ou les voler, dans le cas de Sophia.
Elle traversa la pièce d'un pas délicat, écoutant aussi bien les commérages que les nobles échangeaient entre eux que la couche inférieure qui dissimulait ce qu'ils se contentaient de penser. Elle entendit des rumeurs sur les sommes que les hommes et les femmes avaient perdues aux cartes ou en pariant sur des chevaux, et aussi la préoccupation plus grave de ceux qui soupçonnaient que, cette fois-ci, ils n'arriveraient peut-être pas à payer leurs dettes. Elle entendit des histoires de relations amoureuses et d'infidélités et son talent lui permit de distinguer celles qui étaient vraies de celles que l'on diffusait délibérément pour semer la zizanie.
Si elle avait été une personne différente, Sophia aurait peut-être pu essayer d'amasser une fortune en récoltant ces secrets. Cela dit, ce n'était pas ce qu'elle voulait. Elle voulait être heureuse, pas haïe. Elle voulait faire partie de ce monde, pas devenir un prédateur qui se nourrissait à sa frontière. Elle voulait être plus que le seul don qu'elle avait.
Cela signifiait qu'il fallait qu'elle trouve un moyen plus permanent de s'intégrer à cette cour. Cela signifiait qu'il fallait qu'elle y trouve un mari. Sophia déglutit en y pensant. C'était une entreprise hasardeuse et, si on la présentait comme ça, elle avait l'air incroyablement intéressée. Pourtant, était-ce vraiment pire que ce que faisaient les nobles qui se tenaient autour d'elle en essayant de conclure de bons mariages les uns avec les autres ou pour leur descendance ?
Quoi qu'il arrive, c'était assurément mieux que d'être liée par contrat synallagmatique.
Et, d'une certaine façon, Sophia avait un avantage sur tous les autres gens présents : elle pouvait au moins voir quel genre de personne les hommes qui l'entouraient étaient vraiment. Elle pouvait les inspecter à fond et voir que l'homme qui se tenait bien droit à sa gauche avait un côté cruel ou s'apercevoir qu'un jeune homme pensait à la courtisane à laquelle il allait à nouveau rendre visite ce soir.
Sophia regarda autour d'elle, sentit les regards qui se posaient sur elle, sentit les espoirs de certains des hommes qui regardaient vers elle. Certains de ces hommes lui semblaient être des prédateurs, comme des loups qui encerclaient un cerf. Certains voulaient clairement se servir d'elle puis la répudier.
Il y avait un jeune homme qui portait un masque de soleil et un costume en tissu doré qui ne faisait que mettre en valeur la beauté de ses traits. Il se tenait au centre d'un groupe de parasites et, avant même de s'introduire dans leurs pensées, Sophia comprit que c'était Rupert, le fils aîné de la douairière et l'héritier du trône.
Il suffit à Sophia de jeter un simple coup d’œil à ses pensées pour se détourner. Pour lui, elle n'était que de la viande. Pire encore, sous sa façade de plaisantin, il y avait un soupçon de violence. Sophia avait entendu dire que le Prince Rupert était un bon soldat qui aimait s'entraîner avec les autres officiers nobles. Cependant, ce n'était pas le seul aspect de sa personnalité et ce que Sophia en avait vu lui avait donné la certitude qu'elle ne voulait pas l'approcher.
Elle commença à se concentrer sur la recherche du noble que Cora avait recommandé : Phillipe van Anter. Cela dit, même avec un talent comme le sien, il n'était pas facile de retrouver une personne spécifique dans une foule masquée. Elle regarda un grand jeune homme aux cheveux aussi roux que les siens. Non, ce n'était pas lui. Ce n'était pas non plus un homme en costume d'arlequin, ni celui qui pensait que son uniforme de militaire le mettait parfaitement en valeur.
Elle se tourna et se figea sur place quand elle vit un jeune homme qui se tenait au bord de la foule. Il était richement vêtu. Son costume semblait évoquer l'eau courante et le temps changeant du royaume insulaire. Il portait une tunique gris argenté sur une chemise et des collants bleus, avec des bottes décorées de bijoux discrets qui, d'une façon ou d'une autre, réussissaient à être plus élégantes que tape-à-l’œil.
Le masque lui cachait la moitié du visage mais, malgré cela, Sophia voyait qu'il était beau. Il n'avait pas la dureté de quelques-uns des soldats présents dans la pièce mais il avait quand même l'air fort et athlétique.
Il ne faisait pas partie de ceux qui la lorgnaient avec avidité ou le faisaient avec les autres jeunes femmes présentes dans la pièce. En lui, Sophia ne sentit pas du tout la violence qu'elle avait repérée chez le Prince Rupert et ne reconnut aucun des problèmes qu'elle avait vus dans tant d'autres pensées. Chez Phillipe van Anter, il y avait quelque chose de calme, de presque paisible.
Toutefois, tel n'était pas l'état d'esprit de Sophia en ce moment-là. Rien qu'à voir Phillipe van Anter, elle sentait qu'elle respirait plus vite et, alors qu'il se déplaçait dans la pièce, elle ne pouvait détacher ses yeux de lui. Ce fut seulement quand un homme s'inclina bas devant lui qu'elle remarqua la seule chose dont elle ne s'était pas encore rendu compte.
C'était le Prince Sebastian, le fils cadet de la douairière, pas celui qui hériterait de sa fortune mais quand même beaucoup plus que ce qu'elle pourrait jamais espérer.
Sophia se mit à détourner les yeux mais se rendit compte qu'elle ne pouvait s'empêcher de l'observer tout le temps. A cette occasion, elle aperçut Lady D’Angelica et ses amies et, même si elle n'avait pas pu lire ses pensées, Sophia aurait vu la convoitise avec laquelle la femme noble regardait le prince.
Cependant, quand Sophia écouta les pensées d'Angelica, elle se figea.
Une boisson et il sera bientôt bien endormi.
Traversant la foule bavarde, Sophia se dirigea vers l'autre fille. Sophia la vit toucher une bourse qu'elle avait à la taille.
J'espère vraiment que l'apothicaire ne m'a pas dupée. Si ça ne marche pas assez vite, je ne pourrai jamais l’emmener au lit.
A présent, Sophia devinait son plan. Angelica comptait donner au Prince Sebastian une sorte de sédatif puis sortir de la salle à son bras. Elle allait conspirer pour le faire aller au lit avec elle sans consulter ses désirs.
Quand je serai enceinte, il sera obligé de m'épouser.
Quand Sophia intercepta cette pensée, elle n'hésita plus. Elle fallait qu'elle empêche cela. Elle se glissa juste derrière l'autre fille, utilisant son talent comme elle l'avait utilisé pour voler dans la rue, attendit qu'Angelica ne fasse pas attention puis tendit le bras pour dérober la bourse à la ceinture de la jeune femme avec autant de calme que si elle avait agité un éventail.
Sophia aurait pu jeter le sédatif mais, à ce moment-là, elle sentit que la femme noble méritait une punition plus sévère, ne serait-ce que pour la façon dont elle s'était comportée avec Cora. Sophia prit un verre de vin, y ajouta discrètement une partie de la poudre qui se trouvait dans la bourse et la dilua. Elle se rapprocha à nouveau d'Angelica, attendant qu'elle pose son verre l'espace d'un instant sur une des petites tables qui étaient disposées autour de la pièce.
Sophia eut au maximum quelques secondes pour le faire mais elle avait bien calculé son coup et n'eut aucun mal à échanger les verres. Elle s'éloigna en sirotant la boisson d'Angelica pendant que la jeune femme noble buvait le vin que Sophia avait trafiqué.
Il fallut un moment pour que le somnifère produise son effet. En fait, pendant une minute ou deux, Sophia ne fut pas du tout sûre d'avoir réussi. Soudain, elle vit Angelica tituber légèrement et, d'un geste de la main, empêcher une de ses amies de l'aider.
Que se passe-t-il ? Ai-je commis une erreur ?
Sophia la vit mettre la main à sa ceinture pour chercher sa bourse, qui n'y était maintenant plus. Alors, Angelica trébucha et, cette fois-ci, une de ses amies la rattrapa bel et bien. Elle eut l'air de vouloir se débattre ou discuter mais toute sa coterie d'amies lui fit précipitamment quitter la pièce, cherchant probablement un endroit où elle pourrait se reposer.
Sophia sourit intérieurement en se disant que l'autre fille n’avait obtenu que ce qu'elle méritait. Elle regarda Sebastian.
Maintenant, c'était à Sophia d'obtenir ce qu'elle méritait car, en vérité, dans toute la pièce, elle n'avait d'yeux que pour le jeune homme.