Kitabı oku: «Le petit Cheval bossu», sayfa 2
“Que tu n’aies pas de la chance
De rev’nir!” Gabriel dit:
“Qui sait ce qui brûle ici!
Si les brigands l’importunent, –
Adieu, mon frère, sans rancune!”
C’est un rien pour notre Idiot.
Il s’assied vite sur le dos
De son p’tit Ch’val, frappe ses côtes,
Le tiraille, de ses forces sottes,
Braille… Le Ch’val se cabre, et puis,
Disparaît vite dans la nuit.
“Que la force de Dieu nous cache!” –
Crie son frère parce qu’il est lâche,
Après, il se signe et dit:
“ Quel démon est, donc, sous lui?”
Le feu est plus clair par suite
De ce que le Ch’val court vite.
Le voilà devant le feu.
Le champ est tout lumineux:
La lumière perce la brume,
Mais elle ne chauffe, ni ne fume.
Etonné par la merveille,
Ivan dit: “Quoi de pareil?!
Cinq chapeaux de la lumière,
Mais elle ne chauffe, ne fume guère;
Quel beau feu original!”
Il entend dire son p’tit Ch’val:
“L’oiseau-de-Feu, je l’assume,
A perdu ici sa plume.
Mais, je prie, pour ton bonheur,
Ne la prends pas, mon seigneur.
Puisque cette plume amène
Bien beaucoup de grandes peines.” –
“Parle donc, ce n’est pas ça!” –
Pense Ivan, n’ècoutant pas,
Prend la plume, sans être lâche,
Et, dans des loques, il la cache,
Ensuite, il prend ces lambeaux
Et les met dans son chapeau.
Puis, Ivan vient chez ses frères
Et leur dit de cette affaire:
“Quand, là-bas, j’ai galopé,
Je n’ai vu qu’une souche brûlée;
Je me suis cassé la tête
Pour qu’elle n’ait pas la défaite;
Une heure, j’ai soufflé le feu –
Mais il s’est éteint, parbleu!”
Toute la nuit, ils rient, les frères,
Aux éclats, sans dormir guère;
Lui se couche sous le chariot,
Dort et ronfle, notre Idiot.
S’att’lant à l’heure matinale,
Ils vont à la capitale,
Au marché central qui est
Vis-à-vis des Grands Palais.
Il y avait un rite en ville:
C’est qu’à des sujets dociles,
Seul, le maire peut ordonner
Au marché de commercer.
A la messe, les cloches sonnent;
Et le maire de ville se donne
Au marché, rich’ment paré;
La garde le suit, bien armée.
Un héraut barbu y passe,
A côté, il a sa place;
Il sonne à sa trompette d’or
Et crie aux marchands très fort:
“Ouvrez vite les boutiques,
Commercez à tous pratiques!
Et que tous les surveillants
Soient assis près, en veillant
Pour qu’il n’y ait pas de tapage,
De cohue, de rixe en rage,
Pour qu’aucun salaud vilain
Ne trompe de bonnes gens de rien!”
Donc, on ouvre les boutiques,
On appelle tous les pratiques:
“Chers messieurs, venez ici,
Bienvenus, on vous en prie!
Nous avons des marchandises
Convenables à votre guise!”
Les ach’teurs viennent, regardant,
Achetant tout aux marchands;
Ceux-ci comptent, en première ligne,
L’argent, aux surveillants, clignent.
La garde de ville, à propos,
Arrive au rang des chevaux;
Elle y voit une bousculade.
Pas d’entrée, de promenade,
De sortie; le peuple rit,
On fourmille, on bat, on crie.
Notre maire de ville s’étonne
De cette grande joie et ordonne
A sa garde de libérer
Le passage pour y entrer.
“Ohé, vous, nu-pieds, les diables!
Arrière! On n’est pas aimable!” –
Crient nos braves moustachus,
Battent par des fouets ces pieds-nus.
Alors les gens bougent sur place,
Se découvrent, après, s’effacent.
On voit le rang des chevaux;
Là, il y a deux ch’vaux moreaux
Superbes, et leurs belles crinières
D’or ondulent jusqu’à la terre,
Frisées en ronds, leurs queues d’or
Tombent comme un ruisseau encore…
Malgré sa fougue, notre maire
Frotte sa nuque et pense, – que faire?
Il dit: “Que le monde de Dieu
A beaucoup de merveilleux!”
Et la garde fait des courbettes,
Ecoutant cette parole nette.
Cependant, le maire de ville
Ordonne aux sujets dociles
Que personne n’achète, ne vende
Ces chevaux sans sa commande;
Il va se rendre au palais
Pour parler au roi du fait.
En laissant la garde sur place,
Pour faire son rapport, il passe.
Là, il se met à crier:
“De grâce, mon roi-père, pitié!”
Puis, comme s’il donne corps et âme,
Il tombe par terre et s’exclame:
“Ne fais pas m’exécuter,
Ordonne-moi de te parler!”
Le roi daigne lui dire: “Raconte
Aisément, comme un bon conte.” –
“Comme je peux, je parlerai:
Je suis maire de ville, tu sais;
Juste, fidèle, honnête, j’exerce
Ce poste…” – “On sait ton commerce!” –
“J’ai pris notre détach’ment
Pour voir des chevaux au rang
Du marché. – J’ai vu la masse
Des badauds qui s’y entassent!
Que faire?.. J’ai dit de chasser
Pour ne pas nous empêcher.
Ça est fait, notre roi-père!
Qu’est-ce que je devais y faire?
Je vais au rang des chevaux;
Là, il y a deux ch’vaux moreaux
Superbes, et leurs belles crinières
D’or ondulent jusqu’à la terre,
Frisées en ronds, leurs queues d’or
Tombent comme un ruisseau encore…
Leurs sabots de diamants brillent,
Et de grandes perles y scintillent”.
Le roi ne peut pas rester.
“Il faudrait les regarder. –
Dit-il. – C’est mieux, si je veille
Au palais sur cette merveille.
Ma voiture, plus vite, holà!”
Déjà aux portes, la voilà.
Le roi fait vite sa toilette,
Se fait beau, comme à une fête.
Les archers du détach’ment
Suivent le roi, il vient au rang
Des chevaux. Le peuple y tombe,
Crie: “Hourra!” avec une pompe.
Le roi le salue, vite donc,
Saute de la voiture d’un bond…
Il regarde les ch’vaux sans cesse,
Tourne autour et les caresse,
Les appelle par des mots doux,
A leurs dos, il donne des coups,
Flatte leurs cous, sans craindre guère,
Et caresse leurs belles crinières.
Les ayant tant admirés,
Il se tourne pour demander
Alors aux personnes présentes:
“Qui a ces bêtes excellentes?
Qui est leur maître?” Et Ivan,
Comme un grand seigneur, mettant
Les mains aux hanches, comme s’il danse,
Fier, devant ses frères, s’avance
Et dit: “Ces ch’vaux sont les miens,
Je suis leur maître aussi, tiens!”
“Bien, alors, je les achète.
Tu les vends?” – “J’échange,” – “Chose faite!
Que veux-tu en échangeant?” –
“Deux fois cinq chapeaux d’argent!” –
“Ça fait dix que tu désires.”
Le roi fait peser sans dire
D’autres mots, et grâce à lui,
On ajoute cinq roubles aussi;
Le roi est si magnanime!
On mène ces chevaux sublimes
Aux étables du palais
Par dix vieux mais forts valets
Aux ceintures multicolores,
Aux cuirs de Cordoue encore.
En route, comme pour plaisanter,
Les chevaux les font tomber,
Pour v’nir chez Ivan; leurs brides
Sont rompues toutes, solides.
Notre roi doit revenir
Au rang du marché pour dire:
“Ivan, ces ch’vaux ne se laissent
A personne, sans ta caresse.
Rien à faire, il te faudra
Servir au palais, au roi.
Tu s’ras en or, si tu tâtes,
Paré, comme un coq en pâte,
Je te donne mon écurie
Pour que tu surveilles, je suis
Roi, garant de ma parole.
Toi, d’accord?” – “Voilà, ça colle!
Rien à faire, il me faudra
Servir au palais, au roi.
Je s’rai en or, si je tâte,
Paré, comme un coq en pâte!
Le roi me donne l’écurie
Pour que je surveille; ainsi,
Suis-je, d’un petit village,
Ecuyer de roi, tu gages!
Voilà une belle affaire! Soit,
Je vais te servir, mon roi.
Mais il ne faut pas me battre,
Faire, si j’dors, le diable à quatre!
Si pas comme ça, je fil’rai!”
Il siffle à ses deux coursiers,
Agite sa moufle, marche en ville,
Etonnant des gens tranquilles,
Parce qu’à la chanson du sot,
Ils dansent à la russe, ses ch’vaux;
Son petit Ch’val bossu même
Joue des tours, suivant ce thème
Musical. En attendant,
Les deux frères prennent tout l’argent
Du roi; pour qu’ils s’en assurent,
Ils le cachent dans leurs ceintures,
Puis, ils boivent de la vodka,
Chez eux, ils dirigent leurs pas.
Cet argent, ils le divisent,
Marient deux filles à leur guise
Et vivent, en se souvenant
De leur frère cadet Ivan.
Maintenant, donc, on les quitte,
Pour que, du conte, on profite
Afin de faire rire des gens
Chrétiens de c’ que notre Ivan
Fait lors de son bon service
Qui, d’abord, à lui, propice,
Fait de lui un grand sorcier;
De ce qu’il perd sa plume, mais
Prend l’Oiseau de Feu et mène
Chez le roi la belle Fille-Reine;
De ce qu’il est le chercheur
De sa bague, l’ambassadeur
Au ciel (en cité solaire,
Il supplie la Lune-Mère
Pour la bête baleine); en gros,
De ce qu’il sauve trente bateaux;
De ce que, dans les chaudières,
Il devient très beau, prospère, –
Donc, il faut parler de ça,
Comment il va être roi.
La deuxième partie
“Conter, c’est vite fait,
Agir, c’est bien plus long”
Commençons notre récit
Sur les belles espiègleries
D’Ivan, dont l’histoire est faite,
Comme du Ch’val gris-brun, prophète.
A la mer, des chèvres allaient;
De bois, des monts se couvraient;
Un cheval brisa sa bride,
Monta au soleil, timide;
Une forêt est sous son pied,
Un grand nuage est à côté;
Ce nuage va là et s’éclaire,
Au ciel, il fait du tonnerre.
C’est une ritournelle: attends,
Le conte est tout près, vraiment.
A la mer très orageuse,
Là, sur l’île Tapageuse,
Il y a une bière neuve au bois,
Une jeune fille est couchée là;
Au-d’ssus le rossignol chante;
Une bête noire y court, méchante,
C’est une ritournelle, – eh bien,
C’est le tour du conte qui vient.
Vous voyez, donc, chers laïques,
Ortodoxes chrétiens pudiques,
Comment notre bon Ivan
S’ingère au palais brav’ment;
Son service est aux étables,
Il n’est pas très regrettable
Pour lui de penser aux siens, –
Au palais, il se sent bien.
Ce n’est pas du tout l’affaire
Pour lui de penser aux frères:
Il a dix boîtes de chapeaux,
D’habits, de bottes, – tous sont beaux,
Il mange et dort tant, le brave,
Qu’il ait une vie sans entraves.
Après cinq semaines passées,
Un valet doit remarquer…
Il faut dire qu’aux étables,
Jadis, ce valet capable,
Fils d’un noble, avait été
Supérieur, si vous savez.
C’est clair qu’il est furieux contre
Notre Ivan, qu’il jure qu’il montre
La porte au nouveau-venu,
Même s’il en était perdu.
Mais, cachant sa grande malice,
Il fait mine d’être propice,
Complèt’ment myope et sourd-muet
A toute éventualité.
“Attends, je te chass’rai,” – pense
Ce coquin, – “Sale type, sans chance!”
Donc, après cinq s’maines passées,
Ce valet doit remarquer
Qu’Ivan ne veut pas s’y prendre,
Qu’il ne se presse pas d’apprendre
Le dressage à ses chevaux;
Mais ils sont toujours très beaux,
Comme s’il les lave, s’il leur tresse
Les crinières, s’il leur caresse
Le poil, il est lisse au dos,
Les franges se serrent de bandeaux;
Il y a du blé frais aux stalles
(Comme si c’est sa place natale),
Dans de grands cuveaux, de l’eau
Est versée fraîche, comme il faut.
“Qu’est-ce qu’on a ici à dire? –
Se dit-il et en soupire, –
Attendez, peut-être, vient,
Chez nous, un nouveau lutin?
Je ferai ici une ronde,
Si non, je pourrai au monde
Faire courir un p’tit bruit faux
(Pourvu qu’on épuise l’Idiot);
Je peux au Grand Conseil dire:
Le palefrenier est pire
Qu’un devin, qu’un étranger,
Qu’un gredin et qu’un sorcier;
De l’ami-diable, il profite;
Les temples, il ne les visite
Jamais; il porte une croix
Catholique et ne jeûne pas.”
Le soir, ce valet capable,
Ancien supérieur d’étables,
Se cache aux stalles en secret,
Dans l’avoine et le millet.
Le moment du minuit sonne.
Du mal au coeur, il frissonne:
Plus mort que vif, du trac fou,
Il regarde par un trou, –
Le lutin? Non? Quelle attente…
Sourdement, les portes chantent,
Les chevaux trépignent, voilà,
Le palefrenier est là.
Il ferme au verrou la porte,
Ote le chapeau qu’il porte,
Puis, sur la f’nêtre, il le met,
Du chapeau, il tire après
Le trésor de roi (qu’il cache
Si bien que personne ne sache) –
La plume de l’Oiseau de Feu.
Quelle lumière! Le valet peut
A peine se taire, – il tressaille,
Fait tomber les grains, la paille.
Le lutin ne le voit pas,
Il met la plume à l’endroit
Réservé aux grains; il lave
Les chevaux, les peigne, le brave,
Fait des tresses d’une belle façon
Et chante de divers chansons.
Le valet se pelotonne,
Car, dans la peur, il redonne,
Regarde par l’oeil mi-fermé:
Qui vient pour polissonner?
Sans barbe, ni cornes, un bon torse –
Un gaillard de première force!
En exprès, ce beau fripon,
S’est-il si paré, démon?
Les ch’veux lisses et la chemise
En beaux pass’ments est de mise,
Les bottes comme du maroquin, –
C’est Ivan, de point en point!
Une merveille? L’espion regarde
Le lutin, et en prend garde…
“Voilà ce qui c’est! – enfin,
Grommelle notre vieux malin. –
Demain, le roi va apprendre
Ce que tu ne veux pas rendre.
Attendons le point du jour,
Tu t’en souviendras toujours!”
Ivan ne sait pas qu’on fasse
Le danger qui le menace,
Fait des tresses d’une belle façon
Et chante de divers chansons.
Il verse en cuves, – d’eau douceâtre,
Avec soin, pas quatre à quatre,
Et remplit les stalles de blé,
D’avoine et de bon millet.
Il bâille, prend la plume, la cache
En loques, pour que nul ne sache, –
Sous l’oreille, met son chapeau
Et se couche derrière ses ch’vaux.
Sitôt que le jour commence,
Le valet profite de chance,
Il écoute d’abord, peureux:
Ivan ronfle comme un preux.
Doucement, le valet tente
De ramper vers lui; le pante
Glisse dans le chapeau ses doigts,
Tire la plume, – court à grands pas.
Dès que le roi se réveille,
Le valet vient, car il veille.
Il frappe à terre par son front
Et commence sa chanson:
“Mon roi, je m’avoue coupable,
Et si tu peux être aimable
De ne pas m’exécuter,
Ordonne-moi de te parler”. –
“Parle, sans que tu détailles
Faux, – lui dit le roi et bâille. –
Mais si tu vas me tromper,
Je dirai de te fouetter.”
Lui recueille ses forces en face
Du roi, puis il dit: “De grâce!
Je te jure sur ma croix,
Je dénonce au vrai. Voilà:
Notre Ivan, autant qu’on sache,
De toi, mon roi-père, ne cache
Ni argent, ni or, – mais mieux –
La plume de l’Oiseau-de-feu…” –
“La plume?.. Je vais le maudire!
Et il a osé, le pire…
Attends, le riche scélérat!
Le temps vient, on te fouett’ra!..” –
“Encore, cet Ivan se vante! –
Reprend le valet et chante,
S’inclinant: – Ce serait beau,
S’il n’ait que la plume d’Oiseau:
Il trouv’ra l’Oiseau magique
Pour ta chambre monarchique,
Si tu lui ordonnes. Il peut
Le faire vite, si tu le veux”.
Après cette parole faite,
Le valet, tout en courbettes,
S’approche du lit pour donner
La plume, en restant courbé.
Le roi la regarde, admire,
Caresse sa barbe, – et de rire!
De la plume, il mord la fin
Et la cache dans son écrin.
Il crie (d’une grande impatience)
Et prouve son désir immense
D’un mov’ment de son poing gros: