Kitabı oku: «De Feu Et De Flammes», sayfa 2

Elizabeth Johns
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Chapitre Deux

Lady Margaux Winslow avait voulu entrer dans un couvent, mais ses parents avaient insisté qu’elle se retire plutôt dans leur nouvel orphelinat pour une courte période de bail. Elle était tombée amoureuse de l’Écosse quelques années auparavant, quand elle s’était rendue au domaine de Lord Vernon, au Nord de Glasgow, alors qu’ils se courtisaient. Malgré sa situation regrettable, elle aimait toujours l’Écosse.

Après que Lord Vernon avait eu épousé le vrai amour de sa vie plutôt qu’elle, sa famille avait tenté de la distraire au moyen de voyages à Londres, et en Europe continentale une fois Napoléon vaincu. Elle avait réalisé qu’elle était satisfaite toute seule. Elle avait toujours été la plus indépendante de ses sœurs, et avait décidé que les somptueux mariages pouvaient être laissés dans leurs mains expertes. Elle préférait certainement la vie de vieille fille au mariage de convenance. Elle se sentait satisfaite avec les orphelins, bien qu’elle n’eût que très peu à faire grâce au personnel compétent que sa famille avait nommé.

« À quoi réfléchissez-vous, ma chère 1? » Margaux entendit sa mère demander.

« À très peu, Maman, » remarqua-t-elle, tandis qu’elles étaient assises, reprisant des chaussettes pour certains des enfants. Ses parents étaient restés avec elle, espérant la faire changer d’avis.

« Nous avons un invité à dîner ce soir. Quelqu’un d’intéressé par le don aux orphelins. »

« Très bien2, » dit-elle distraitement. Il était normal pour ses parents de recevoir des invités.

« Vous devriez porter la robe en satin émeraude. Cela vous donnerait un peu des couleurs, non ? »

« Si vous voulez, Maman. » Ce qu’elle portait importait peu à Margaux ces temps-ci.

« Allons-y. » Lady Ashbury se leva et indiqua à sa fille de faire de même. « Je vous verrai ce soir au dîner. »

Lady Margaux s’habilla automatiquement. Elle remarqua que sa domestique arrangeait ses cheveux d’une façon digne d’un bal. Elle devait admettre qu’elle traversait une petite mauvaise passe. Elle était certaine qu’une fois qu’elle aurait établi une routine à l’orphelinat, elle s’en sortirait. Elle n’avait jamais été du genre à bouder, mais elle avait besoin de trouver quelque chose d’utile à faire afin de s’occuper. Non, se corrigea-t-elle. Afin de commencer une nouvelle vie.

Elle se rendit à l’étage inférieur, déterminée à être joyeuse. Si elle pouvait convaincre ses parents qu’elle était heureuse ici, ils croiraient qu’elle était satisfaite.

« Ah, là voilà, Lord Craig, » dit Lord Ashbury quand il la vit.

« Dr Craig ? » dit Margaux, stupéfaite, croisant le regard du beau docteur qui avait été épris de Lady Béatrice.

« Désormais, il est Lord Craig, » corrigea son père.

Que faisait-il donc ici ?

« ‘Docteur’ me convient très bien, » ajouta Lord Craig en s’inclinant. « Comment allez-vous, Lady Margaux ? »

Elle fit la révérence. « Je vais bien, merci. Je présume que je dois donc vous présenter mes condoléances ? »

« Merci. Cela était très inattendu. Mon frère avait trois fils, » dit-il d’un air sombre.

« J’imagine que cela était donc bien inattendu, » compatit Lady Ashbury.

« Avec un peu d’espoir mon frère avait un bon intendant. J’ai rencontré l’ancien intendant il y a plus de dix ans, » remarqua Lord Ashbury. « J’imagine qu’il a été remplacé depuis. »

« Il est toujours là, et a au moins quatre-vingts ans. » Gavin secoua la tête.

« Gère-t-il tout de manière satisfaisante ? » Lord Ashbury semblait dubitatif.

« Je ne sais pas du tout si cela est le cas. Je n’y connais rien, à part concernant la réparation des cottages des métayers, » dit Gavin honnêtement avec un rire. « J’étais passionné par la médecine dès un très jeune âge. Je ne connais que très peu sur la gestion de domaines. »

« Mon Dieu3, » compatit Lady Ashbury. « Peut-être pouvons-nous vous aider. »

« Je ne suis pas sûr que quiconque puisse m’aider. » Gavin secoua la tête avec désarroi.

Lady Ashbuy prit son bras et commença à le mener vers la salle à manger. « Parlons-en plus amplement à table. La bonne nourriture améliore tout, non ? »

Lord Ashbury escorta sa vieille tante, Lady Ida, qui vivait aussi à Breconrae, et Lady Margaux les suivit en silence, se demandant comment la présence de Lord Craig dans la propriété voisine affecterait ses plans de vivre une vie paisible ici. Il était agréablement différent des hommes à Londres qu’elle avait fui.


Gavin n’avait pas su que Lady Margaux serait là quand il avait accepté l’invitation de lord Ashbury. Elle était plus sublime que dans ses souvenirs, avec ses cheveux d’ébène, sa peau de porcelaine et ses yeux clairs. Pourtant, curieusement, elle semblait différente, plus sombre que la jeune fille spontanée qu’elle avait été quelques années auparavant, quand il l’avait rencontrée au Prieuré d’Alberfoyle. Cela semblait être une autre vie. Il ne pouvait prétendre avoir été rien de plus qu’une simple connaissance de Lady Margaux ou de ses sœurs lorsqu’elles avaient visité Alberfoyle. Il avait été complètement submergé par la présence des triplettes toutes ensemble.

Bien qu’il ait été élevé comme le fils d’un lord écossais, il était plus mal à l’aise en la présence d’aristocratie maintenant qu’il détenait un titre. Les attentes seraient différentes. Il savait qu’il se montrait injuste envers les dames Ashbury. Elles n’avaient été que très gentilles envers lui. Cependant, il ne pouvait s’empêcher de se sentir incompétent face à leur beauté et sophistication. Inconsciemment, il baissa les yeux ses simples manteau et culotte noirs. Il lui faudrait se rendre chez un tailleur. Non pas qu’il souhaitait être un dandy, mais il savait qu’un homme de sa position devait se présentait de manière respectable d’une manière différente de celle d’un médecin campagne, qui s’habillait plus de manière pratique qu’élégante. Il ne sentait pas à sa place ici.

« À quand cela remonte-t-il, Monsieur le Baron ? »

Il leva les yeux et vit les sublimes yeux bleu-vert de Lady Margaux l’observant d’un air interrogateur. Lord Vernon avait eu un choix à faire entre elle et Lady Béatrice. Elle l’examinait impatiemment. Il aurait dû prêter plus d’attention à la conversation. Il avait été perdu dans ses pensées.

« Je vous demande pardon. À quand remonte quoi ? » demanda-t-il.

« À quand remonte l’accident », répondit-elle, les yeux tristes.

« Trois mois », répliqua-t-il, rencontrant son regard.

« Cela ne fait pas longtemps », dit doucement Lady Margaux.

« Non », convint-t-il sombrement.

« J’imagine que mon neveu Easton et sa femme ont été déçus de vous perdre. Ils espéraient vivement que vous les joindriez à leur école de médecine », dit Lady Ashbury.

« Et moi donc. Je n’ai pas encore déterminé comment j’allais pouvoir continuer à pratiquer la médecine désormais. »

« Peut-être pourriez-vous venir en aide aux jeunes filles ici de temps en temps », suggéra Lord Ashbury.

« Oui. Cela me plairait. Une fois que j’aurai tout organisé. Pour le moment, j’ai été débordé par mon nouveau rôle de père », répondit Gavin.

« Je ne savais pas que votre frère avait d’autres enfants vivants », dit Lady Ashbury, confuse.

« Non. Ce sont mes enfants », dit-il, légèrement amusé.

« Oh ? »

« J’ai pris trois enfants d’Alberfoyle sous ma tutelle. Ce sont les enfants d’un gentleman. M’étant énormément attaché à eux, j’ai décidé que je les adopterais. Le garçon faisait son apprentissage avec moi et est maintenant à l’école à Glasgow », expliqua Gavin.

« Seamus ? » demanda Margaux, reconnaissant l’enfant dont il était question.

« Je pensais qu’ils étaient devenus les pupilles de Loring ? » dit Lord Ashbury, réfléchissant à voix haute.

« Il les a aidés financièrement, mais ils ont décidé de rester à Alberfoyle. J’ai soutenu Seamus tout le long de ses études de médecin », expliqua Gavin.

« Et le reste du temps, vous étiez ici », remarqua Margaux.

Il acquiesça. “Je les voyais régulièrement quand j’étais à Aberfoyle. Je leur ai demandé de venir lorsque j’ai découvert que je déménagerai ici. J’espère ne pas avoir commis une erreur », dit-il tristement.

« Une erreur ? » demanda Margaux.

« Je n’ai pas la moindre idée de comment être père. Je pense qu’ils se sentent seuls. Seamus est à l’école. Les filles sont seules avec une nourrice. J’ai mis une petite annonce, à la recherche d’une gouvernante, mais nous n’avons eu que quelques candidates pour le moment. » Il observait un bout du mur au-dessus de sa tête, perdu dans ses pensées.

« Peut-être cela plairait-il aux filles de venir ici nous rendre une visite ? Ce n’est pas à plus de trois kilomètres de chez vous », suggéra Lord Ashbury.

« Oui4. C’est une merveilleuse idée », rajouta Lady Ashbury. « Cela les divertira, et cela nous donnera l’opportunité de rencontrer d’autres jeunes filles. »

« Je serai heureuse de les recevoir pour une visite, » sourit Margaux.

Gavin soupira de soulagement.

« Je vous en suis très reconnaissant. Je pense que cela leur plairait énormément. » Il leur sourit. « Elles sont un peu perdues dans ce grand château vide. Tout comme moi. »

« Tout est encore très nouveau et différent. Tout s’arrangera avec le temps », Margaux le rassura.

« Assez parlé de moi. Qu’en est-il de votre école ? » demanda Gavin au Lord Ashbury.

« Nous l’avons ouverte peu après l’ouverture de celle de Vernon. Nous ne prenons que des jeunes filles traversant une mauvaise période ou des jeunes filles ayant été exploitées », dit Lord Ashbury avec fierté.

« Qui n’ont pas forcément pour souhait d’entrer dans un couvent. » Lady Ashbury toussa et échangea un regard avec sa fille.

Gavin était perplexe, mais ne posa pas de question.

Il n’y avait pas de réponse polie possible à cela, il changea donc de sujet.

« Où passez-vous donc la majorité de votre temps, alors, si ce n’est pas à Breconrae ? »

« J’étais souvent ici avant mon mariage. Mes parents préféraient vivre ici. Après mon mariage, nous avons passé de nombreuses années en France avant la guerre. S’installer ici ne semble que peu intéresser mon fils, nous avons donc décidé de convertir le douaire en un foyer pour les moins privilégiés. Tante Ida y vivait avec ma mère jusqu’à son décès », répondit Lord Ashbury.

Ils se tournèrent tous pour regarder Tante Ida, qui mâchait sa nourriture mais regardait dans le vide.

« Nous divisons notre temps entre nos autres résidences », expliqua Lady Ashbury. « D’ordinaire nous sommes à Londres à cette époque. » Elle jeta un autre regard perçant dans la direction de Margaux.

« Vous n’avez pas besoin de rester ici pour moi. » Margaux sourit malicieusement à sa mère.

Lady Ashbury se leva, interrompant brutalement la conversation, signalant qu’elle se rendait dans le petit salon avec Margaux.

« Lord Craig, cela vous dérangerait-il si nous sautons le porto et nous joignons aux dames ? » demanda Lord Ashbury, sentant peut être qu’il aurait besoin d’intervenir entre sa femme et sa fille.

« Pas du tout. Moi-même, je n’apprécie pas vraiment le porto », admit Gavin.


Margaux sourit intérieurement en rentrant dans le petit salon. Son père n’avait pas complètement soutenu sa décision de vivre seule, mais il ne l’avait pas interdit non plus. Ils s’installèrent confortablement, attendant que leur thé soit servi.

« Combien de temps comptez-vous séjourner ? » demanda Lord Craig.

« Cela dépend de Margaux, » répondit sa mère.

Lord Craig avait un air curieux et jeta un coup d’œil vers elle avec ses yeux d’un bleu perçant. Une boucle de ses cheveux sombres était tombée sur son front, et elle dût se tourner pour ne pas la remettre en place.

« Je ne compte pas partir. » Elle regarde ses parents, légèrement défiante. « Je ne sais pas comment vous le dire autrement, je ne retournerai pas à Londres. »

Sa mère resta silencieuse. Elle semblait retenir sa colère.

« Très chère, je comprends ce que vous ressentez, mais peut être qu’après un peu de temps loin de Londres vous reviendrez sur votre position », dit doucement son père.

Margaux secoua la tête. Son père soupira. Lord Craig remua dans son siège. Il souhaitait probablement être n’importe où sauf ici à ce moment.

Margaux avait enduré d’être paradée devant des prétendants pendant des années, et n’avait jamais été intéressée par l’un d’entre eux ou ressenti la moindre connexion. Elle était souvent au centre des potins avec ses sœurs. Trois vraies triplettes françaises à l’apparence exotique tendaient à avoir cet effet. Au début, les gens avaient eu pitié d’elle. La société avait présumé qu’elle pleurait sa relation avec Lord Vernon. Puis, la société étant capricieuse, il avait été décidé qu’elle avait des idées trop particulières et que sa langue était trop aiguisée. Certains avaient même pris l’habitude de surnommer les triplettes Feu, Vent et Glace. Margaux était, bien sûr, le dragon souffleur de feu.

Elle avait été terriblement triste à Londres, ne rentrant jamais dans les cases, seulement acceptée à cause de son nom et sa beauté. Elle avait décidé d’abandonner sa recherche du grand amour. Il valait mieux être seule que ridiculisée.

« S’il vous plaît, Maman5. Acceptez mon choix. Retournez à Londres pour être avec Jolie », implora-t-elle.

Lady Beaujolais était une des triplettes à qui plaisait réellement la vie du ton, la haute société londonienne.

Sa mère secoua la tête et refusa de la regarder. Elle se leva brutalement.

« Pouvez-vous m’excuser ? », demanda Margaux. « J’ai besoin d’un peu d’air frais, il semblerait. »

« Puis-je me joindre à vous ? » demanda Gavin, la surprenant, puis jeta un regard à son père qui acquiesça. Ils sortirent sur la terrasse, où le soleil commençait tout juste à se coucher.

« Je suis désolée, Lord Craig. Vous n’avez probablement pas envie de devoir entendre parler de ma situation. » Margaux s’assit sur l’un des bancs en pierre de la terrasse, surplombant le Firth au-delà de la vallée.

« Il n’y a pas de quoi vous excuser », la rassura-t-il. « J’ai passé la soirée à déverser mes problèmes sur vous. » Il appuya son coude contra la balustrade de la terrasse. Il était très masculin, se tenant là, détendu ; si différent des nombreux hommes prudes qui avaient courtisé Margaux à Londres. Elle était conscience de sa masculinité, et était désarçonnée par la sensation du regard qu’il posait sur elle.

« Pas du tout. » Elle leva le regard et lui sourit.

« Qu’est-ce qui vous dérange alors ? S’est-il passé quelque chose à Londres ? »

Il semblait inquiet, la regardant directement dans les yeux. Soudainement, tous ses problèmes semblaient ridicules. Elle réfléchit précautionneusement à ses prochains mots en tournant et virant, arrachant les pétales de la fleur qu’elle avait cueilli dans le rhododendron.

« Rien de particulier ne s’est passé. Mais j’en ai assez du marché du mariage. Je veux me faire un chez-moi ici, mais mes parents ne souhaitent pas que je devienne une vieille fille, Lord Craig. »

« Je suis sûr qu’ils veulent seulement le meilleur pour vous, demoiselle », dit-il d’un ton rassurant.

« Je suis en paix avec ma décision, mais ils ne le sont pas. » Elle arracha un autre pétale.

« Je suis sûre qu’avec le temps… »

« Ils ne partiront pas tant que je n’accepte pas de rentrer avec eux. » La tige n’avait plus de pétales, elle la jeta donc par-dessus la balustrade et retourna s’asseoir.

« Ne vous laisseront-ils peut-être pas pour un peu de temps ? » suggéra-t-il.

Elle sourit. « Je les ai menacés d’entrer dans un couvent, donc ils m’ont amenée ici, pensant que je changerais d’avis. Mais j’adore l’Écosse. »

Il eut un petit rire. « Un couvent ? »

Elle acquiesça. Personne ne la prenait sérieusement. « Pourquoi pas ? » demanda-t-elle, sur la défensive.

« J’imagine qu’ils pensent qu’un jour, vous aimeriez peut-être vous marier. »

« Travailler avec les filles ici me donne une raison d’être louable », souligna-t-elle, dans un ton qu’elle espérait être raisonnable.

« Peut-être voudrez-vous même avoir des enfants », continua-t-il.

« Avez-vous déjà été à Londres, Lord Craig ? Pendant la Saison des bals ? » Elle leva les yeux vers lui, désirant lui faire comprendre.

« Je n’ai jamais fait partie de ce monde », répondit-il.

« Vous êtes chanceux. Je me suis jurée que je ne me marierai que par amour, et que je ne me conterais pas d’un arrangement vide de sens. L’amour, celui que mes parents ont, est unique. Je veux un partenariat avec un respect mutuel. C’est une triste réalité d’être élevée avec de telles attentes. »

« Bien que vous et moi n’ayons pas eu de bonnes expériences en amour, cela ne veut pas dire que tout sera mauvais », raisonna-t-il avec douceur. Cela semblait lui être destiné à lui autant qu’à elle.

« Lord Craig, je suis satisfaite seule. Je ne comprends pas pourquoi personne ne peut accepter ma décision. Ma valeur n’est pas basée sur si je suis mariée. » Elle leva le menton avec défi.

« Bien sûr que non, demoiselle. »

« Pardonnez-moi. Je réalise que je suis chanceuse d’avoir un choix sur ce sujet. Je parle comme une enfant capricieuse. » Elle soupira. « Je ne devrai pas décharger mes problèmes sur vous. Merci de m’avoir écoutée. » Elle fit la révérence et retourna à l’intérieur de la maison.

1 En français dans le texte.

2 En français dans le texte.

3 En français dans le texte.

4 En français dans le texte.

5 En français dans le texte.

Chapitre Trois

Au petit-déjeuner, le lendemain, Gavin réfléchit au fait qu’il n’avait pas compté confesser sa situation à ses hôtes. Mais il s’était tenu là, à leur table élégante, discutant de la condition du domaine de son frère, et de sa décision de prendre sous sa tutelle les enfants Douglas et de les emmener vivre avec lui. Il avait été choqué du tour qu’avait pris la conversation, et de la décision de Lady Margaux de s’isoler au domaine écossais de Lord Ashbury. Son aide avec les petites serait définitivement la bienvenue, mais elle semblait être faite pour la haute société chic. Serait-elle vraiment heureuse, vieille fille, vivant dans un domaine éloigné de tout en Écosse ? Il secoua la tête. Il ne savait que peu de choses sur les dames et leurs goûts. Peut-être avait-elle subi une autre déception après Lord Vernon. Elle semblait vouloir honnêtement se retirer de Londres. Lui-même, la haute société l’attirait peu. Il avait une merveilleuse relation avec Lord et Lady Easton, mais il n’avait pas besoin de se mêler à la haute société pour cela. Il savait qu’ils n’étaient pas un exemple typique de ceux qui faisaient partie du beau monde.

Son frère Iain avait maintenu une présence à Londres. Les réformes sociales le passionnaient, tout comme créer des lois permettant de meilleures conditions pour la classe ouvrière pauvre. Gavin voulait continuer le travail d’Iain, mais il n’avait aucune idée de comment atteindre ce but. Si Lady Margaux restait en Écosse, peut-être cela ne la dérangerait-elle pas de le guider sur les subtilités de la société londonienne.

Il ne serait pas contre être ami avec Lady Margaux. Elle était intelligente et n’avait pas peur d’exprimer le fond de sa pensée. Elle avait certainement été franche avec lui la nuit précédente, au lieu de battre des cils comme tant de femmes avaient tendance à faire. À quoi pensait-il ? Ils ne pouvaient pas être amis, n’est-ce pas ? Il se devait de penser différemment désormais. En tant que docteur, il lui avait été permis un accès inhabituel aux maisons des gens, de brefs aperçus de ce qu’il se passait en privé. Désormais, toutes les règles avaient changé, et pas de manière positive.

Il se leva et se rendit vers le bureau, résolu à s’attaquer aujourd’hui aux comptes du domaine. Il ne pouvait plus le remettre à plus tard. Il avait probablement besoin d’envoyer le vieux Wallace à la retraite et d’engager un nouveau gestionnaire du domaine, mais d’abord il avait besoin de comprendre la condition et la magnitude de ce dont il était maintenant responsable. Lord Ashbury lui avait proposé son aide. Il accepterait l’offre d’Ashbury une fois qu’il se serait familiarisé avec sa propriété et la situation dans laquelle ils se trouvaient.

L’odeur du bureau et de vieux livres envahit ses sens avec nostalgie. Il se tint un moment immobile, se souvenant tendrement de l’enfance qu’il avait passé ici ; et, plus tard, des conversations captivantes qu’il avait eu avec son père et son frère. Il ignora son chagrin et s’avança vers le bureau : un bureau qui croulait sous un énorme tas de courrier jamais ouvert. Il secoua la tête. Son frère n’avait jamais été organisé, et apparemment les responsabilités de l’intendant ne comportait pas l’ouverture du courrier. Il s’assit face au bureau en chêne massif, ne se sentant vraiment pas à sa place. Il se souvint de son frère et son père, assis ici face à lui. Comme sa vie avait changé, presque en un battement de cil.

« Papa Craig ! »

Gavin entendit son nom résonner à travers la maison, suivi par le bruit de petits pieds dégringolant les escaliers et traversant le couloir, avant qu’une petite fée fasse irruption dans la pièce.

« Bonjour, Maili », dit Gavin, levant les yeux tendrement vers la petite fille.

Elle grimpa sur ses genoux pour le câliner et l’embrassa sur la joue. Les deux petites semblaient avoir un besoin constant d’être rassurées.

« Maili ! » entendirent-ils Catriona appeler, et elle descendit ensuite les escaliers en courant, cherchant sa sœur. Lorsque Catriona atteignit la porte, elle s’arrêta net à la vue de Maili, assise innocemment dans les bras de Gavin.

« Catriona. Je ne pense pas que vous devriez courir à travers la maison, criant sur votre sœur », réprimanda-t-il doucement.

« Mais… mais.. » Son menton et sa lèvre du bas commencèrent à trembler, et elle éclata en sanglots.

Oh, par tous les cieux. Il n’avait pas la moindre idée de comment s’occuper d’une jeune fille en pleurs. Il tenta de la réprimander gentiment.

« Qu’il y a-t-il, Catriona ? » demanda-t-il.

« M-M-Maili a coupé les cheveux de ma poupée ! » Elle brandit le jouet, qui avait le crâne couvert de bouts de mèches de cheveux, comme preuve.

« Est-ce vrai, Maili ? »

Il baissa les yeux vers Maili, dont le visage répondit pour elle immédiatement.

« Je pensais qu’elle serait jolie avec les cheveux courts », répliqua-t-elle naïvement.

« Ce n’est pas ta poupée, ce n’était pas à toi de décider ! » Catriona pleura à chaudes larmes. « Ma mère me l’a donnée, et maintenant elle est détruite ! » Elle s’enfuit, en pleurs.

Gavin ne pouvait pas la blâmer. Cela ne l’aurait pas dérangé de s’enfuir lui-même à cet instant. Il devait vite trouver une gouvernante.

« Maili, va dans ta chambre jusqu’à ce que je décide quoi faire. Tu devras offrir tes excuses à ta sœur. »

Tête baissée, la petite fille glissa de ses genoux. Elle le regarda avec des yeux bordés d’énormes larmes puis lui tourna théâtralement le dos pour suivre l’ordre qu’il lui avait donné. Il lâcha un lourd soupir et prit sa tête entre ses mains. Tous les parents se sentaient-ils aussi incompétents ?

Il décida qu’une visite à Braconrae serait une diversion bienvenue. Si les filles pouvaient trouver quelque chose d’utile à faire là-bas et peut-être même se faire quelques amis, cela serait une bénédiction.

Il y eut un coup à la porte, et son vieil intendant apparut devant lui.

« Bonjour, Wallace. »

« Bonjour, Lord Craig. Je n’ai pas pu m’empêcher d’entendre ce qu’il s’est passé. »

« Oui, Wallace. Nous avons besoin de mettre plus de petites annonces cherchant une gouvernante. Même à Londres, si nécessaire. »

« Très bien. Mais ce dont vous avez besoin, Monsieur le Baron, c’est d’une épouse », Wallace répondit sans ménagement.

« Je vous demande pardon ? » Avait-il bien compris ?

« Vous devez vous ajuster à votre nouvelle vie. Vous marier. Avoir des enfants. Trouver quelqu’un pour vous aider. Je venais tout juste de prendre ma retraite quand, pas une semaine après, pauvre Lord Iain a eu son accident », dit Wallace tristement.

« Vous aviez pris votre retraite ? Pourquoi ne me l’avez-vous pas dit ? » Gavin leva les bras au ciel.

« Je ne le pouvais. Mais je suis trop vieux pour être ici. Bouger me fait mal. Cela me prend des heures de sortir de mon lit le matin, votre seigneurie. »

« Je vois. Et Iain avait-il trouvé quelqu’un pour vous remplacer ? »

« Je ne crois pas. Je ne pense pas qu’il ait beaucoup cherché, cependant. »

Gavin murmura un juron et passa ses doigts dans ses cheveux.

« Ah, et bien, nous n’avons pas le choix, je suppose. Si vous pouviez avoir l’amabilité de tout passer en revue avec moi, je ferai de mon mieux pour vous trouver un remplacement. J’écrirai à mon ami, Lord Easton. Il héberge des soldats blessés jusqu’à qu’ils soient guéris et prêts à travailler. »

Wallace secoua la tête. « Je vous assisterai jusqu’à ce que vous trouviez quelqu’un, mais il y a certaines choses que je ne peux plus faire. »

« Je comprends. Je suis reconnaissant pour tout ce qui est vous possible de faire. »

« Je remettrai une annonce cherchant une gouvernante. Pour le moment, je vous suggère de faire le tour des métayers et de faire connaissance. Ils informeront votre seigneurie de ce qui doit être fait », suggéra Wallace.

Gavin acquiesça. Cela semblait raisonnable.

« Votre frère avait une très grande exploitation de whiskey et avait commencé à faire des récoltes pour l’entretenir. Le saviez-vous ? » demanda Wallace sceptiquement.

« Oui, je le savais. Je suppose que je ne comprenais pas tout. Il a mentionné se battre pour la légalisation d’une distillation sur une plus grande échelle », dit Gavin, sentant qu’il allait bientôt être à nouveau choqué.

« Oui. Il ne distribuait le produit qu’à quelques privilégiés, et pas publiquement, bien ce que cela ait été un de ses rêves. Il supervisait toute la fabrication de whisky lui-même », dit l’intendant avec une lueur de fierté dans son regard.

« Je ne souhaite pas m’impliquer dans quelque chose d’illégal », protesta Gavin.

« Je ne dirais pas exactement que c’est illégal. Certaines personnes seront très déçues si vous cessez l’exploitation de whisky, et un nombre important de vos travailleurs seraient sans emploi si vous souhaitiez en effet l’arrêter », dit Wallace. Sa voix était défiante. « Bien que certains seraient ravis de voir l’exploitation échouer. »

Gavin leva un sourcil, mais l’intendant refusa de donner plus de détails. « J’étudierai la question plus tard. Continuez. »

« Il y a ensuite le problème du bal du solstice. »

« Oui, cela a été une tradition dans ma famille depuis aussi longtemps que nous avons tenu la baronnie. »

« Et c’est la maîtresse de maison qui l’organise », lui rappela Wallace.

« Et je n’ai pas de maîtresse de maison », dit Gavin, grimaçant lorsque les mots quittèrent sa bouche.

« En effet. » Le vieil homme acquiesça comme si son élève avait enfin maîtriser ses leçons.

« Ce n’est que dans quelques semaines. Il y a-t-il quoique ce soit que nous puissions faire ? »

« Très peu. Peut-être demander l’aide d’une autre dame cette année », suggéra Wallace.

Gavin semblait stupéfait.

« L’épouse du pasteur ne serait-elle pas une bonne personne à qui demander ? »

Wallace railla : « Ah. Pas pour moi, mais je ne suis pas friand des feux de l’enfer et de soufre. Drôles de gens, le pasteur et sa femme, mais vous devez faire ce qui vous paraît le mieux. » Le vieil homme haussa les épaules.

« J’ai besoin d’une gouvernante pour mes nouveaux enfants, d’un nouvel intendant pour gérer le domaine, je dois aller saluer les métayers, j’ai besoin d’apprendre comment cultiver et faire du whisky, et j’ai un bal à organiser avant le solstice. Quelque chose d’autre ? » demanda Gavin avec dégoût.

« Une épouse et un héritier ne feraient pas de mal », lui rappela Wallace.

« Bien sûr », dit Gavin, ne tentant pas le moindre du monde de cacher son sarcasme.

Il y eut un coup à la porte. Gavin leva les yeux et vit le visage familier de la gouvernante de maison, qui avait été au château depuis son enfance.

« Entrez, Madame Ennis. »

« Monsieur le Baron. » Elle fit une petite révérence.

Gavin tripota sa cravate. Tout ceci était si inconfortable.

« J’ai besoin de passer en revue les menus et certains achats pour la maison avec vous, Monsieur » déclara-t-elle.

« Les menus ? » demanda-t-il, incrédule.

« Oui, votre seigneurie. Il n’y a pas de maîtresse de maison pour réaliser ces tâches… » Sa phrase resta en suspens.

Pas elle, aussi.

« Je suis certain que vous êtes tout à fait à la hauteur de la tâche, Madame Ennis. Vous en savez certainement plus que moi. »

« Non, Monsieur le Baron. Je ne pourrais me permettre. » Elle l’observait comme s’il l’avait insultée.

« Vous le pourriez. S’il vous plaît. Pour moi », implora-t-il. Si on lui donnait une tâche de plus, il en perdrait probablement la tête.

Elle avait l’air terrifié, mais dût voir quelque chose dans son expression qui la fit acquiescer et quitter discrètement la pièce.

« Wallace, combien d’autres responsabilités revenaient à votre maîtresse de maison ? » demanda-t-il, bien qu’il ne voulût pas vraiment savoir.

« Lady Craig supervisait toujours la maisonnée, les métayers, les enfants, le bal, les comptes… » Wallace comptait les tâches sur ses doigts rhumatismaux en parlant.

« Assez ! Assez ! » dit Gavin, se sentant submergé. « Ce sera tout pour aujourd’hui. Si cela ne vous dérangerez pas de vous occuper du courrier, j’ai rendez-vous avec quelqu’un. »

« Très bien, Monsieur le Baron », dit Wallace avec un lourd soupir.

Gavin fit savoir à la nourrice de préparer les filles pour partir dans deux heures.

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Yaş sınırı:
0+
Litres'teki yayın tarihi:
27 mart 2021
Hacim:
270 s. 1 illüstrasyon
ISBN:
9788835419563
Tercüman:
Telif hakkı:
Tektime S.r.l.s.
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