Kitabı oku: «La finance au service de l'Afrique», sayfa 2
La BEI, en tant que banque de développement de l’Union européenne, réorganise ses activités en dehors de l’UE afin d’améliorer la manière dont elle met en oeuvre ses initiatives de financement du développement. En septembre 2021, le Conseil d’administration de la BEI a approuvé la proposition relative à la création d’une branche de la BEI consacrée au financement du développement[11]. L’objectif est de renforcer l’engagement de la Banque en matière de développement à l’extérieur de l’Union européenne afin de favoriser l’impact et l’efficacité. Par l’intermédiaire de cette nouvelle branche, la BEI continuera de soutenir les entreprises du secteur privé en Afrique et d’appuyer une reprise intelligente, verte et inclusive, en ciblant plus particulièrement les entreprises et les groupes mal desservis.
Debora Revoltella Directrice, Département Analyses économiques Banque européenne d’investissement
[1] OCDE, 2020. L’OCDE estime que la crise du coronavirus a provoqué un déficit de revenus de 700 milliards d’USD en 2020.
[2] Le déficit budgétaire moyen de l’Afrique subsaharienne est passé de 4,1 % du produit intérieur brut (PIB) en 2019 à 6,9 % en 2020, alors que le ratio de dette rapportée au PIB a augmenté de 6 points de pourcentage en 2020 (Fonds monétaire international, Perspectives de l’économie mondiale).
[3] Les financements extérieurs privés pour les pays en développement ont chuté de 700 milliards d’USD en 2020, sachant que selon les estimations, les envois de fonds des travailleurs émigrés ont baissé de 20 %, les investissements étrangers directs de 35 % et les entrées nettes au titre des investissements de portefeuille de 80 %. OCDE, 2020.
[4] Sur les 42 pays qui se situent dans le quartile inférieur en ce qui concerne la taille du secteur bancaire par rapport au PIB, 28 sont en Afrique (données de la Banque mondiale).
[5] Le déficit de financement des PME a été estimé à 17 % du revenu national en 2017, sur la base des données présentées dans Société financière internationale, 2017.
[6] D’après les données du MIX Market, disponibles à l’adresse : https://datacatalog.worldbank.org/dataset/mix-market.
[7] Au cours des cinq dernières années, l’Afrique a représenté de 3 à 4 % des levées de fonds dans les marchés émergents, soit environ 10 % de l’ensemble des ressources de capital-investissement levées dans le monde (données extraites de la Global Private Capital Association, décrite au chapitre 3 du présent rapport).
[8] Elles peuvent agir dans le cadre d’une stratégie climatique spécifique ou dans le cadre de leur approche globale en matière d’environnement, de société et de gouvernance.
[9] Rapport annuel 2020 sur l’activité de la BEI en Afrique, dans les Caraïbes et le Pacifique ainsi que dans les pays et territoires d’outremer.
[10] Depuis le lancement du cours en 2019, plus de 500 participants se sont inscrits, représentant 33 pays développés et en développement sur cinq continents, de la République dominicaine à la Somalie. Les participants aux cours ont acquis des connaissances plus approfondies des produits et services financiers conçus pour répondre aux besoins des entreprises du secteur privé et des PME, ainsi que des méthodes de gestion des risques employées généralement dans le cadre de prêts aux PME.
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Le secteur bancaire en Afrique : au service d’une reprise durable et inclusive[1,2]
Introduction et contexte
Les économies africaines – sortie de crise, mais perspectives incertaines
La pandémie de COVID-19 a eu des conséquences humaines et économiques importantes en Afrique, bien que le nombre de cas signalés soit relativement faible pour le continent. En juillet 2021, l’Afrique avait déclaré moins de cas et de décès par rapport à la population que toute autre région du monde, à l’exception du Pacifique Ouest[3]. Néanmoins, certains pays (notamment la Tunisie et l’Afrique du Sud) ont été gravement touchés, sept pays africains enregistrant des taux de mortalité supérieurs à la moyenne mondiale[4]. De surcroît, l’ampleur de la crise sanitaire pourrait être sous-estimée, car les taux de dépistage sont extrêmement faibles dans la plupart des pays africains. Pour contenir la pandémie, presque tous les pays africains ont mis en oeuvre des mesures, qui ont considérablement réduit l’activité économique. La crise a également touché les marchés financiers internationaux et les marchés des matières premières, ainsi que les partenaires commerciaux de l’Afrique, non sans répercussions sur les économies du continent. Le tourisme, important pour de nombreuses économies africaines (en particulier, mais pas uniquement, les petits États insulaires), s’est presque totalement arrêté en 2020, alors que les prix du pétrole, du gaz et d’autres matières premières se sont effondrés en début d’année. Dans l’ensemble, le produit intérieur brut (PIB) s’est contracté de 2,3 % en moyenne dans toute l’Afrique en 2020 (Fonds monétaire international (FMI), 2021a), contraction qui a touché la grande majorité des pays (figure 1). Les pays fortement dépendants du tourisme ou des exportations de produits de base ont connu les ralentissements les plus marqués, ainsi que les États déjà aux prises avec de graves problèmes macroéconomiques avant la crise (ralentissements de la croissance ou crises de la dette naissantes). En outre, à l’instar de nombreux marchés émergents ou en développement, les économies africaines présentaient des fragilités aux niveaux micro et macroéconomiques qui ont exacerbé les effets de la crise, même si, en pourcentage, la contraction de leur croissance a été plus faible que celle des économies avancées.
Figure 1 : La contraction – croissance du PIB en Afrique et évolution des projections de croissance, 2020, %
Source : FMI. Base de données des Perspectives de l’économie mondiale, versions d’octobre 2019 et d’avril 2021[5].
Figure 2 : La reprise – croissance prévue du PIB en Afrique, 2021, %
Bien que la contraction moyenne de la croissance en Afrique ait été plus faible que dans les régions développées, les entreprises et les ménages africains sont très exposés aux risques financiers, qui menacent surtout les groupes déjà vulnérables. Les petites entreprises et les entreprises informelles, ainsi que les travailleurs indépendants, qui constituent l’épine dorsale des économies africaines n’ont souvent que des ressources limitées pour résister aux ralentissements économiques. Beaucoup peuvent éprouver des difficultés à reprendre leurs activités même lorsque les conditions s’améliorent. La plupart des ménages à faible revenu n’ont pas d’économies pour amortir le choc causé par la perte de leurs moyens de subsistance. De plus, peu de travailleurs peuvent compter sur des assurances ou d’autres formes de protection sociale, qui ne couvrent généralement pas les travailleurs du secteur informel et n’offrent d’ailleurs que des prestations limitées dans de nombreux pays africains, même aux travailleurs du secteur formel. Les populations pauvres et vulnérables des différents pays sont particulièrement exposées : les travailleurs migrants, les réfugiés et les autres groupes marginalisés sont les plus susceptibles d’être durement touchés. Le PIB par habitant ne devrait pas retrouver son niveau de 2019 avant 2024 (avec des risques orientés à la baisse), et la crise a annihilé une diminution attendue du nombre de personnes vivant dans la pauvreté (FMI, 2021a). En conséquence, en 2021, le nombre de personnes vivant dans l’extrême pauvreté pourrait avoir augmenté de 30 millions en Afrique subsaharienne et de 9 millions dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA), par rapport aux projections d’avant la crise (Banque mondiale, 2021a)[6]. Les difficultés économiques rencontrées par les ménages et l’imposition de mesures de confinement ont exacerbé les tensions existantes et réduit la confiance dans les institutions publiques, déclenchant dans plusieurs cas des troubles sociaux et une déstabilisation. Pangea-Risk, par exemple, rapporte que de nombreux gouvernements africains sont critiqués par les citoyens pour un manque de préparation perçu, des scandales de corruption, et pour avoir imposé trop tard de nouveaux confinements, affaiblissant ainsi la confiance dans l’État (Pangea-Risk, 2021). Sur les 39 pays en situation de fragilité et de conflit recensés par la Banque mondiale dans sa liste harmonisée, 20 se trouvent en Afrique[7].
Les mesures budgétaires adoptées face à la crise dans les États africains ont été plus modestes que dans les économies avancées, mais le poids accru de la dette a limité la capacité de l’Afrique à soutenir la reprise. Les plans de relance budgétaire des pays africains mis en place à la mi-2020 représentaient environ 1 à 2 % de leur PIB. Ils étaient complétés par des mesures de relance monétaire estimées à 2 % du PIB[8]. Ces chiffres sont proches de la moyenne calculée par le FMI pour les pays en développement à faible revenu dans le monde (environ 2 % du PIB de 2020 sur une période d’un an à compter du début de la crise). Les marchés émergents, quant à eux, ont déployé un ensemble de mesures équivalant à environ 4 % de leur PIB au cours de la même période, tandis que les mesures prises par les économies avancées représentaient au total environ 16 % de leur PIB (FMI, 2021b). Cela dénote la capacité plus faible des États africains à utiliser des mesures de relance budgétaire pour appuyer leurs économies pendant les crises, même par rapport aux marchés émergents. Même sans vaste plan de relance budgétaire, le déficit budgétaire moyen de l’ensemble de l’Afrique est passé de 5 % du PIB en 2019 à plus de 8 % en 2020, car les États africains tentaient de faire face aux effets sanitaires et économiques de la crise tout en subissant des contractions souvent spectaculaires de leurs recettes[9]. Faute de marge de manoeuvre budgétaire, le déficit a entraîné une augmentation des emprunts, que les États africains sont moins à même d’absorber, par rapport aux économies avancées. Avant la pandémie, la dette publique moyenne était censée diminuer progressivement à travers toute l’Afrique, mais elle a de nouveau augmenté de 2 points de pourcentage au cours de l’année 2020, pour atteindre 61 % du PIB. La hausse a été encore plus forte en Afrique subsaharienne, dépassant 6 points de pourcentage en moyenne. Du fait de l’alourdissement de la charge de la dette, les pays doivent supporter des coûts plus élevés pour le service de la dette et certains ont perdu tout accès aux marchés internationaux, les rendant dépendants des ressources nationales relativement limitées et des financements concessionnels[10]. La note de seize pays africains a été dégradée par au moins une agence de notation depuis le début de la pandémie, et un pays (la Zambie) a été classé en défaut[11]. D’autres défauts de paiement ont pu être évités, en partie grâce aux initiatives d’allégement de la dette prises par la communauté internationale, mais celles-ci sont limitées et tous les pays n’auront pas recours à un allégement de la dette pour préserver l’accès au marché[12]. Même les pays qui conservent un accès au marché risquent d’avoir à supporter des coûts de financement plus élevés. Dans l’ensemble, les États africains ne disposent que de capacités limitées pour stimuler l’économie pendant la reprise ou pour appuyer les investissements indispensables à un avenir résilient, durable et inclusif.
La reprise devrait être progressive, et l’incertitude quant aux perspectives économiques reste très élevée. Le FMI s’attend à une reprise de la croissance moyenne en Afrique, qui devrait atteindre 4,5 % en 2021 et 4,0 % en 2022, toutes les économies, à l’exception des Comores, étant en expansion en 2021 (FMI, 2021a). Toutefois, des variations importantes des taux de croissance sont prévues (entre 0,2 % en République du Congo et 7,6 % au Kenya en 2021 ; voir la figure 2). Des estimations plus récentes laissent entrevoir des perspectives de croissance encore moins favorables. Par exemple, dans sa mise à jour économique de juin 2021, la Banque mondiale a ajusté à la baisse, de 0,2 point de pourcentage[13], la projection de croissance pour l’Afrique subsaharienne. Les taux de croissance relativement modérés prévus à moyen terme sont inférieurs aux projections d’avant la crise, tant en moyenne que pour la majorité des pays[14]. Cette morosité est à l’image des perspectives de croissance dans la plupart des grandes économies du continent[15]. Bien que la remontée des cours des produits de base ait amélioré les perspectives à moyen terme des pays qui dépendent des exportations de pétrole, de gaz et de produits miniers, le déploiement des vaccins a été très lent par rapport aux pays développés[16], augmentant le risque de nouvelles perturbations des économies nationales et assombrissant les perspectives pour le tourisme. Sans une intensification considérable des efforts de la communauté internationale et des gouvernements africains, il est peu probable que le déploiement des vaccins s’accélère sensiblement. En juin 2021, l’Afrique représentait moins de 1 % des doses de vaccin administrées dans le monde, et l’Organisation mondiale de la santé prévoyait que 47 des 54 pays d’Afrique ne parviendraient pas à atteindre l’objectif de vaccination de 10 % de leur population en septembre 2021. Or, cet objectif lui-même est extrêmement modeste par rapport aux pays développés et ne permettrait de protéger, en théorie, que les plus vulnérables et les travailleurs du secteur de la santé. Les perspectives de reprise économique sont bridées par la lenteur de la vaccination et par la capacité limitée de recourir à des mesures de relance budgétaire.
La crise liée à la pandémie de COVID-19 a entraîné une diminution des investissements privés en Afrique, mettant en péril la croissance durable et inclusive. Pour les pays en développement, une reprise durable et inclusive nécessiterait des investissements supplémentaires de 1 000 milliards d’USD par an, en plus des 2 500 milliards d’USD correspondant au déficit annuel de financement des objectifs de développement durable (ODD) qui existait avant la crise[17]. L’Afrique subsaharienne dans son ensemble devrait augmenter ses dépenses d’environ 6 % du PIB (100 milliards d’USD) pour financer la reprise, tandis que la région MENA devrait les accroître de 9 % du PIB. Hormis la crise due à la pandémie, l’Afrique doit de toute urgence faire face à la transition climatique et s’adapter à la révolution numérique, comme on le verra plus en détail dans les chapitres suivants. Par exemple, selon les estimations du FMI, 2020, 30 à 50 milliards d’USD de financement supplémentaire sont nécessaires chaque année pour l’adaptation aux changements climatiques dans la seule Afrique subsaharienne. Or, la crise du coronavirus devrait faire reculer de 700 milliards d’USD les financements privés externes destinés aux pays en développement, soit une baisse dépassant de 60 % celle enregistrée après la crise financière de 2008-2009[18].
Les secteurs financiers africains peuvent jouer un rôle plus important et plus efficace dans le financement des investissements privés afin d’appuyer une reprise solide et un avenir résilient. L’activité bancaire reste faible dans les pays d’Afrique par rapport à la taille de leurs économies, même en comparaison des économies similaires dans d’autres régions en développement. Sur les 42 pays qui se situent dans le quartile inférieur pour ce qui est des actifs des banques de dépôt exprimés en pourcentage du PIB, 28 se trouvent en Afrique[19]. Outre la taille réduite du secteur bancaire, l’accès au financement des entreprises du secteur privé est restreint par d’autres problèmes, comme la domination de l’État dans certains secteurs et l’effet d’éviction. L’effet d’éviction est susceptible de s’intensifier suite à la crise et, dans plusieurs pays, les banques ont fortement augmenté leur exposition à la dette publique. Le crédit au secteur privé représente en moyenne 42 % du PIB en Afrique subsaharienne et 44 % en Afrique du Nord, contre 123 % pour les pays à revenu intermédiaire. C’est dire si les entreprises du secteur privé sont très mal desservies. Les effets de la crise liée à la pandémie de COVID-19 pourraient exacerber ce déficit de financement, qui touche particulièrement les petites et moyennes entreprises (PME) et les groupes mal desservis (comme on le verra plus en détail plus loin dans ce chapitre). En outre, la crise a démontré les risques d’une forte dépendance à l’égard des investissements étrangers. Les flux de portefeuille, en particulier, se sont fortement inversés en 2020, comme c’était aussi le cas en 2008[20]. L’amélioration des services d’intermédiation entre l’épargne intérieure et le secteur privé offerts par les institutions financières pourrait réduire la volatilité à laquelle ces institutions et leurs clients du secteur privé sont confrontés. Il serait dès lors plus facile pour les institutions de proposer des financements en monnaie locale – cruciaux pour les groupes mal desservis comme les PME – sans s’exposer au risque de change. Dans l’ensemble, il est évident que les secteurs financiers africains doivent jouer un rôle plus important pour orienter l’apport de fonds vers les investissements.
Incidence de la crise sur les secteurs bancaires
Dans une enquête récente, les banques d’Afrique subsaharienne ont indiqué qu’elles avaient été durement touchées par la crise liée à la pandémie de COVID-19, au point que leur capacité à desservir les entreprises privées lors de la reprise s’en trouve compromise. Avec le concours du partenariat Making Finance Work for Africa (MFW4A), la Banque européenne d’investissement (BEI) a mené une enquête auprès de 78 banques d’Afrique subsaharienne au début 2021 (l’Enquête 2021 de la BEI sur le secteur bancaire en Afrique)[21,22]. Les banques participantes représentent environ 30 % des actifs du continent. Même s’il est peu probable que les données soient pleinement représentatives, elles fournissent néanmoins des indications précieuses sur la situation des secteurs financiers africains telle que les banques la perçoivent[23]. L’analyse fait ressortir les effets de la crise sur les banques d’Afrique subsaharienne (figure 3), la manière dont celles-ci ont réagi (figure 4), ainsi que leur perception des risques qui pèsent sur les secteurs bancaires africains et des opportunités qui s’offrent à eux. Ce chapitre porte sur la façon dont le secteur bancaire s’organise pour appuyer le secteur privé, en particulier les PME, pendant la reprise consécutive à la crise du coronavirus. Les chapitres suivants se serviront également des résultats de l’enquête pour examiner la manière dont les banques réagissent à la révolution numérique (chapitre 4), qui a été accélérée par la pandémie, et comment le secteur financier s’adapte aux défis que posent les changements climatiques et saisit les possibilités offertes par le financement de l’action pour le climat, notamment par le développement du marché des obligations vertes (chapitre 5).
Figure 3 : Effets de la crise du coronavirus sur les activités, tels que les banques d’Afrique sub-saharienne les perçoivent (% de répondants)
Source : Enquête 2021 de la BEI sur le secteur bancaire en Afrique.
Figure 4 : Ajustements effectués par les banques d’Afrique subsaharienne en réponse à la crise du coronavirus au cours de l’année 2020 (% de répondants)
Les banques ont adapté leurs opérations pendant la période de crise : parmi les mécanismes mis en place à cet effet, les plus souvent cités sont le recours accru aux restructurations et aux moratoires, et les mesures prises afin d’augmenter l’utilisation des canaux numériques. Près des deux tiers des banques ont durci leurs normes de crédit, mais plus de 80 % ont eu davantage recours aux restructurations ou aux moratoires sur les prêts (figure 4). À l’inverse, peu de banques ont été contraintes d’ajuster leurs effectifs, tandis qu’un peu moins d’un tiers ont revu leurs tarifs. Environ la moitié des banques ayant répondu ont utilisé des garanties, émanant principalement de la banque centrale, de l’État ou d’une institution financière internationale (figure 6). La quasi-totalité (89 %) des banques interrogées ont déclaré que la pandémie avait accéléré la transformation numérique de leurs processus internes ; la même proportion estime que les clients qui se sont tournés vers les canaux numériques continueront de s’en servir après la fin de la pandémie (données disponibles sur demande).
Figure 5 : Comment les critères d’octroi de crédit ont changé / vont changer (% de banques interrogées)
Source : Enquête 2021 de la BEI sur le secteur bancaire en Afrique.
Figure 6 : Source des garanties de crédit (% de répondants utilisant un système de garantie)
La détérioration de la qualité des actifs est la préoccupation la plus pressante dans l’immédiat pour les banques et peut compromettre leur capacité à desservir les entreprises du secteur privé lors de la reprise. Dès lors que celle-ci s’annonce progressive et que l’incertitude reste élevée, la qualité des actifs risque de continuer à se détériorer au cours des prochains mois. En outre, diverses mesures (détaillées dans la section suivante) étaient en place dans de nombreux pays jusqu’en fin 2020, voire au-delà. Il est donc probable que les données de 2020 (les plus récentes disponibles pour la plupart des institutions) ne reflètent pas pleinement la gravité des problèmes de qualité des actifs. Avec la levée de ces mesures, la qualité des actifs risque de se détériorer davantage, même si l’on observe une reprise de la croissance économique. L’incidence des problèmes de qualité des actifs sur les portefeuilles de prêts bancaires conduira probablement les banques à se montrer plus frileuses, car elles devront constituer des provisions pour les prêts non productifs (PNP) et reconstituer leurs volants de fonds propres pour compenser d’éventuelles annulations de créances.
L’accès au financement et son coût n’ont pas posé de problèmes majeurs aux banques pendant la crise, mais celles-ci devront avoir accès à des financements appropriés pour soutenir la reprise. Le coût du financement international a augmenté de manière significative au cours du premier semestre de 2020. La grande majorité des banques africaines ont pu résister aux pressions sur les liquidités parce qu’elles sont entrées dans la crise étant relativement bien capitalisées et qu’elles ont bénéficié de mesures de soutien (voir la section suivante). À l’avenir, le risque est néanmoins grand de voir l’effet d’éviction par le secteur public compromettre la contribution des banques à la reprise en poussant encore à la hausse les coûts de financement. Une analyse antérieure a montré que l’éviction a augmenté au cours de la période 2014-2018 et a atteint des niveaux élevés dans un certain nombre de pays, en particulier au Ghana, au Niger, en Tanzanie et en Zambie (BEI, 2018). L’accumulation de la dette en Afrique entre 2008 et 2017, dans le sillage de la crise financière mondiale, a fait croître la part de la dette publique dans les bilans des banques, grimper les taux d’intérêt sur les titres souverains dans de nombreux pays africains et tomber en faillite certaines banques. Compte tenu de l’augmentation rapide de l’endettement à travers l’Afrique en 2020, il existe un risque évident que ce schéma se répète, ce qui entraverait la reprise.