Kitabı oku: «La parole empêchée», sayfa 6

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035 [COH :] je (me suis) fiancée,
036 avec un jeune homme qui était dentiste,
037 et qui travaillait en savoie,
038 sous son vrai nom ?
039 mais qui :: n’a pas pu n’a pas pu rester là-bas,
040 et :: qui a finalement a été (---) il était il est revenu sur lyon,
041
042 il n’a pas voulu la rejoindre,
043 il a malheureusement été arrêté ;
044 déporté,
045
046
047 mais je ne voudrais pas en dire plus.

5. En guise de conclusion provisoire

En tant que conclusion provisoire, on arrive à une distinction de deux types fondamentaux de silences dans la parole :

1 les pauses internes (intra-discursives/intra-conversationnelles), à classifier selon des critères linguistiques et paralinguistiques, dont :le type général (prosodiqueprosodie) de la pausepause de réflexion et planification (qui, parfois, va de pair avec la pause de respiration) ;le type spécifique (discursif et pragmatique) ayant la fonction de marqueur de structuration du discours ;

2 les pauses externes, que l’on peut classifier comme sémantiques, puisqu’elles sont en rapport avec le contenu de la parole, et sont à interpréter en relation avec des faits relatés, comme le montrent spécifiquement les récits des rescapés, mais qui peuvent aussi signaler les limites de la forme linguistique (et de son interprétation), dont la désintégration structurelle est annoncée.

Force est de constater que le comportement verbal des locuteurs est étroitement lié à l’encadrement situationnel et textuel de leurs énoncés. Les extraits de conversations analysés appartiennent surtout au type communicatif des énoncés dits semi-spontanés, dans la mesure où le sujet des entretiens est induit par un interlocuteur placé dans le rôle d’interviewer et que leur cadre est peu variable, bien que le degré de planification dans ce genre de discours soit minime ou zéro. C’est dans cette typologie communicative que se situent les récits biographiques des rescapés de la ShoahShoah. Il est évident que, dans leurs récits, surgissent à plusieurs reprises des événements traumatiquestraumatiques.

On en vient à une conclusion en partie paradoxale sur la double nature des phénomènes considérés. D’un côté, le silence intercalé dans la parole en tant que pausepause, peut en effet être vu comme un mécanisme qui s’inscrit dans la logique structurelle de l’organisation de la parole et qui, même dans le cadre de ces propos bien particuliers, est interprétable (jusqu’à un certain degré) sur un plan fonctionnel. D’un autre côté, il garde sa valeur communicative primordiale – toutefois hautement douée de sens – de rupture extra-structurelle et ultimement non-interprétable du flux de la parole devant l’indicibleindicible, « l’ineffableineffable, l’inénarrable »1 de la ShoahShoah.

Les manifestations de l’empêchement du dire

Thierry Gallèpe (Université Bordeaux Montaigne, EA 4593 CLARE)

Afin de proposer une description raisonnée des manifestations de l’empêchement du dire dans la littérature et les arts, il convient de poser une définition suffisante pour ce faire. Il suffira sans doute de préciser que le domaine des investigations sera celui du discours, autrement dit de la parole (en opposition à la langue), et que les analyses ici présentées seront fondées sur un corpus écrit.

1. Définitions

Au nombre des traits définitoires de l’empêchement du dire, il faut constater tout d’abord une volonté de profération d’un dire. Cela présuppose évidemment la présence dans l’intérieur de l’interactant de « Pressions pour le dire »1 formant un « Faisceau Causal » à l’origine de ce projet du dire, projet préverbal. Bien entendu, il faut un empêchement repérable, un obstacle à la profération résultant normalement, quand tout va bien, de l’action des « Pressions pour le dire » dans l’intérieur de l’interactant. Cet empêchement est à l’origine de l’impossibilitéimpossibilité de (continuer de) parler matérialisée d’une façon ou d’une autre dans le discours considéré. Ce trait est fondamental car il permet notamment de faire la différence entre le dire empêché et le refus ou l’absenceabsence de parole.

Un second trait définitoire est que le fait « parole empêchée » est un fait interprétatif, résultat donc d’une interprétation de l’interprétant « en face » et se situant dans l’espace interprétatif, relevant donc du « sens à droite »2. Or une telle interprétation repose sur des marquages manifestés que l’interprétant perçoit, intériorise et qui fondent la fabrication de son interprétation.

Le problème pour l’analyste est le repérage de telles situations, ce qui implique de sa part une perception des marquages à l’origine de l’interprétation « empêchement de la parole ».

Considérons rapidement une situation de la « vraie vie »3 afin de voir les éléments pertinents permettant de conclure qu’il y a bien eu empêchement de la parole :


Ce fragment de photo prise par l’auteur de cet article ne laisse pas de plonger les interprétants dans la perplexité. Il est très difficile de construire une interprétation vraiment satisfaisante de ce qui est néanmoins reconnu comme un énoncé, même si le sentiment dominant est celui d’une incomplétudeincomplétude du signe linguistique « so » pouvant faire induire que la parole a été empêchée. En effet, dans le code graphique français, « so » ne peut à lui tout seul représenter graphiquement un signe du français. Notons que l’interprétation « français » est, elle, bien validée par l’élément du cotexte externe amont4, « nous », composante de la présentation extrinsèque de ce signe « so ».

Toutefois, pour fabriquer une interprétation véritablement satisfaisante, et donc pertinente5, il faut disposer d’autres éléments co- et contextuels ; une seconde photographiephotographie permettra de les trouver:


Dans cette deuxième présentation de l’énoncé en question, l’interprétant pourra puiser certains faits qui pourront lui permettre de fabriquer son interprétation.

Certains faits relèvent de la présentation intrinsèque de l’énoncé :

– le texte lui-même est configuré typographiquement comme tracé à la main avec un aérosol, à la manière des énoncés « clandestins » dans l’espace public ;

– la teneur du texte confirme en elle-même cette hypothèse d’interprétation.

Certains autres faits relèvent de la présentation extrinsèque de l’énoncé :

– son cotexte interne inhérent : l’énoncé a été proféré sur un mur d’un bâtiment, et peut donc être interprété comme un slogan, un tag ;

– son cotexte interne afférent corrobore cette interprétation : l’énoncé a été proféré non par des « institutionnels » professionnels de la communication publique murale (publicitaire, politiques ou non), mais par des individus faisant de la communication politique relevant de la propagande destinée aux lecteurs occasionnels pouvant percevoir cette inscription en passant devant au hasard des besoins liés à son activité économique et marchande ;

– son cotexte externe interprétable comme cotexte amont ou concomitant : un autre énoncé complet à droite révélant la signification politique et l’impact militant de l’énonciation. Cet énoncé peut être identifié comme cotexte externe amont dans la mesure où il est possible de considérer que l’énoncé à droite de l’énoncé en question est complet et a donc été proféré avant celui qui est perçu comme incompletincomplet ; cependant une interprétation comme cotexte externe concomitant n’est pas exclue, impliquant alors que l’on aurait plusieurs locuteurs en action simultanée, certains ayant le temps de terminer leur énonciation tandis que les autres/l’autre n’y parvien(nen)t pas.

Les éléments contextuels semblent venir à l’appui d’une telle interprétation : ce n’est pas un hasard si le mur où est inscrit l’énoncé est celui du bâtiment d’un centre de contrôle et réparation automobile situé l’entrée d’une zone commerciale, et plus précisément à l’entrée de la zone, l’énoncé figurant sur le mur longeant la voie d’accès au dit centre commercial, ce qui garantit une bonne visibilité à toutes les personnes se rendant dans la zone ; ainsi peut-on fabriquer une interprétation cohérente dans la mesure où l’on pose que l’efficacité « publicitaire » a été obtenue par le choix de l’inscription à tel emplacement bien fréquenté, ce qui implique une visibilité optimale et donc un impact communicationnel maximum.

Afin de permettre une vue synthétique de tous les facteurs concourant à la présentation des discours, il n’est pas inutile de présenter sous forme de tableau6 toutes les instances concernées :


Tous ces éléments co- et contextuels permettent in fine de fabriquer l’interprétation « parole empêchée », fondée sur le scénario suivant : un groupe d’activistes politiques militants inscrit des slogans politiques sur un bâtiment privé (ce qui constitue un délitdélit) et est surpris au milieu de cette action par des intervenants extérieurs (propriétaire du bâtiment, ou forces de l’ordre), ce qui les contraint à prendre la fuite et à laisser un énoncé non complété. Le texte lui-même tronqué peut être facilement reconstitué au cours du travail de fabrication de l’interprétation sur la base des contraintes codiques du français ; « nous sommes » étant un énoncé probable du français, il va de soi que l’interprétation « empêchement de la parole » est tout à fait satisfaisante à la lecture de l’énoncé « nous so » dans les co- et contexte considérés.

Cet exemple réel tiré de la « vie vraie » permet d’appréhender la dimension du travail interprétatif reposant sur le facteur essentiel de la présentation du dire dans toutes ses composantes, texte, cotexte et contexte. Il est donc désormais possible de se tourner vers le corpus ayant servi de base aux analyses présentées ici.

2. Distinctions

Avant d’aborder la description des cas de parole empêchée, il est nécessaire de délimiter cet empêchement de profération, notamment par rapport à d’autres phénomènes spécifiques et voisins, mais non assimilables à ceux traités dans cet article.

2.1. Absence de parole

Soit l’extrait suivant d’une fiction narrative allemande :

»Was sagt denn das BKA zu den Splittern, die da angelegt waren? Was für’n Zeug war das?«

»Wissen se noch nich. Nächste Woche, frühestens.«

»Und was ist mit dem Empfänger-Sender-System?«

»Stück Seife inner Badewanne.«

»?«

»Na, Stecknadel-Haufen und so weiter. Jokisch hatte plötzlich eine Idee. […]« 1

L’une des répliques du dialogue est ainsi présentée typographiquement : « ? ». Le signe de ponctuation « ? » utilisé est ainsi en lieu et place d’un énoncé proféré, marquant ainsi une absenceabsence de parole proférée, non exclusive de manifestations communicationnelles procédant de la communication non verbale, et pouvant tenir lieu d’intervention dans une structure dialogale. L’interprétation permet de reconstruire ainsi non un empêchement de dire ayant bloqué une volonté de profération, mais un manquemanque de volonté de dire, une absence deabsence de projet préverbal, le locuteur n’ayant rien à dire en réponse à l’intervention précédente.

2.2. Refus de parole

‘I must ask you? Harry, whether there is anything you’d like to tell me,’ he said gently. ‘Anything at all.’

Harry didn’t know what to say. He thought of Malfoy shouting, ‘You’ll be next, Mudbloods!’ and of the Polyjuice Potion, simmering away in Moaning Myrtle’s bathroom. Then he thought of the disembodied voice he had heard twice and remembered what Ron had said ‘Hearing voices no one else can hear isn’t a good sign, even in the wizarding world.’ He thought, too, about what everyone was saying about him, and his growing dread that he was somehow connected with Salazard Slytherin…

‘No,’ said Harry, ‘there isn’t, Professor.’ 1

Ici il est impossible de ranger la réponse du héros Harry Potter à la question du Professeur Dumbledore « I must ask you whether there is anything you’d like to tell me » dans la catégorie de la parole empêchée, tant il est vrai qu’il y a parole proférée. Mais si l’on considère la structure de l’échange, la réponse apportée par Harry à la demande de son professeur est en fait un refus de réponse. Et les faits permettant d’aboutir à cette interprétation sont trouvés dans les propos tenus par le narrateur de la fiction, intercalés topographiquement entre l’intervention initiale et l’intervention réactive, et donnant une vue du débat interne au locuteur avant qu’il ne donne sa réponse.

2.3. Perception empêchée

»Fahren Sie einfach mit mir. Ich muß um die Ecke, in die Mulackstraße. Wir fahren bis Rosa-Luxemburg-Platz, da muß man nur einmal in Stadtmitte umstei –«.

Den Rest verschluckten kreischende Bremsen, gellende Ansagen und allgemeines Gewühl […]. 1

Nous avons affaire dans cet exemple à un énoncé fragmentairefragmentaire : « […] da muß man nur einmal in Stadtmitte umstei – » et l’on pourrait donc croire que la suite de la profération a été empêchée ; en effet, les contraintes codiques de l’allemand permettent de comprendre que le lexème complet attendu à cet endroit est « umsteigen ». Cependant, la lecture du discours narratorial subséquent à cette profération permet de fabriquer l’interprétation non d’une parole empêchée, mais d’une perception de parole empêchée. En effet la parole a bien lieu, le lexème est bien proféré, mais c’est la perception auditive de cet énoncé qui est empêchée par le bruit fait par une rame de métro survenant à cet instant de la profération, et le bruit ambiant dans la station de métro. Ici l’auteur se livre donc à un jeu narratif et énonciatif dans la mesure où le narrateur ne présente aux yeux du narrataire que la partie du discours qu’il est censé avoir perçu, plaçant ainsi le lecteur iconiquement dans la position de l’allocutaire auquel s’adressait le locuteur fictionnel de l’interaction narrée.

2.4. Ambiguïtés

La dernière distinction devant être ici faite concerne certains cas d’ambiguïtéambiguïté, débouchant sur une configuration ininterprétable : parole empêchée ou non ?

Die Frau klackt trotzig-beleidigt die Handtasche auf, zieht ein Mäppchen mit Flugtickets hervor und findet darin einen klein-gefalteten Briefumschlag. »Gormannstroß. Ei rischtisch, do schdeht’s jo. Haldschdell Rosenthaler Platz, und von do…«

Aus dem Tunnel schiebt sich eine Druckwelle, dann tauchen zwei Lichter auf. […] 1

BORGIA, avec un gestegeste comique d’impuissance.

– Hé non ! Malheureusement non !

FAUSTA. – Mais vous pouvez m’aider à me venger…

BORGIA. – Ce ne sera pas facile !

FAUSTA. – Évidemment ! Si le coupableculpabilité ne se dénonce pas !2

Dans ces deux exemples, l’interprétant/le lecteur constate la présence d’un marquage de ponctuation – les points de suspension –, qui laisse penser qu’il y a là peut-être une énonciation incomplèteincomplète. La configuration interne des énoncés est cependant légèrement différente ; en effet, dans le premier cas, la « phrase », conçue comme structure abstraite, pouvant être analysée comme groupe verbal ou comme structure prédicative, n’est pas complète puisque seul le premier syntagme, prépositionnel, est proféré « und von do… », tandis que, dans le second cas, l’ensemble présenté peut très bien être analysé comme « phrase » complétée. C’est la présence des points de suspension qui, face à une présentation intrinsèque du dire insuffisante, demande une interprétation supplémentaire. Ici l’ambiguïté entre parole interrompue du plein gré du locuteur ou parole empêchée par intervention externe persiste. Les cas que nous entendons traiter ici ne relèvent pas d’une telle ambiguïtéambiguïté ; ce sont eux qui vont maintenant faire l’objet d’une description raisonnée.

3. Descriptions

Sur quel corpus se fonde le modèle de description ici proposé ?

Les analyses sont fondées sur une diversité à plusieurs niveaux. Diversité linguistique puisque les corpus étudiés contiennent des textes et œuvres de littératures aussi bien en anglais qu’en allemand ou en français. Diversité générique ensuite, puisque les textes pris en considération relèvent aussi bien des genres de la fiction narrative que des textes de fiction dramatique ou de la bande dessinée. Diversité sémiologique enfin, puisque les systèmes de signes constituant les énoncés considérés se rapportent aussi bien à la graphie qu’à l’iconographie audio-visuelle.

La première grande distinction peut, s’inspirant des propositions de Blanche-Noëlle Grunig1, structurer le champ de la parole empêchée en séparant les « auto-empêchements » des « hétéro-empêchements ». Après avoir décrit de façon plus précise ces deux types de configuration de la parole empêchée, une troisième partie sera consacrée aux stratégies de contournementcontournement adoptées face à de telles occurrences communicationnelles.

3.1. Auto-empêchements

Dans cette catégorie sont regroupés deux types de manifestations bien différents. D’une part nous avons affaire à des empêchements pathologipathologiques, de l’autre, l’empêchement trouve ses racines à l’intérieur même de l’interactant, et peut être décrit comme la résultante de la présence dans le Faisceau Causal de Pressions contradictoirescontradiction.

3.1.1. Pathologies

Ces cas ne sont pas traités dans cet article car non présents dans le corpus de façon explicite. Il suffira donc de mentionner les deux pôles structurant ce domaine, d’une part les affections physiologiques, entraînant une détérioration des appareils cervical ou phonatoire, bloquant de fait toute parole, et d’autre part les affections psycho-pathologiques au premier rang desquelles il faut mentionner les aphasies. Qu’il soit ici permis de rappeler rapidement l’article de R. Jakobson1 articulant les descriptions des manifestations de l’aphasieaphasie autour de la différenciation des deux axes paradigmatique (troubletroubles de la similarité, du pôle métaphormétaphoreique) vs syntagmatique (agrammatisme, troubles de la contiguïté, du pôle métonymique). Mais l’étude de ces phénomènes ne coïncide pas vraiment avec le cadre de cet article, à l’inverse du second cas, présenté ci-dessous.

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