Kitabı oku: «Un diplomate luxembourgeois hors pair», sayfa 3

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6 Entretien avec la petite-nièce d’Anne-Marie Le Gallais-de Gargan, Madame Dominique Charpentier, au château de Preisch, 18 juin 2018.

7 Emile Bian (1873-1918), directeur de l’usine d’Eich/Dommeldange et de l’institut Emile Metz.

8 Rozel Reverchon-Le Gallais affirme dans ses mémoires avoir eu à ce moment onze ans.

9 Félix Bian (1870-1926), notaire et député.

10 Panhard a arrêté son activité en 1967, la marque de voiture étant reprise par Citroën.

11 Citations du discours prononcé le 17 juillet 1979 au Parlement européen à Strasbourg par la doyenne d’âge Madame Louise Weiss. Source: Parlement européen (sous la dir.) : Strasbourg: Parlement européen, 1979. 23 p. ; p. 15-23.

12 Goetzinger, Germaine : La Grande Guerre au Luxembourg. Le journal de Michel Welter (3 août 1914 – 3 mars 1916) ; éd. annotée et commentée par Germaine Goetzinger ; Centre national de littérature, 2015 ; p. 463

13 Philippe Berthelot (1866-1934), diplomate français ; secrétaire général du Quai d’Orsay à partir de 1920.

14 Dr. Michel Welter (1859-1924), homme politique luxembourgeois et dirigeant du Parti socialiste. Membre de la Chambre des députés ; Directeur général en charge de l’Agriculture, du Commerce et de l’Industrie.

15 Viallet, Pierre : La Foire. Editions de La Table Ronde, France Loisirs, Folio, Paris 1973.

16 Luxemburger Wort du 6 mars 1934, notice nécrologique et, quelques jours plus tard, descriptif de l’enterrement ; Tageblatt du 8 mars 1934.

17 Robert Brasseur (1870-1934), homme politique (député de 1899 à 1925), juriste et journaliste ; marié en 1914 avec Jeanne de Saint-Hubert (sœur d’Aline Mayrisch-de Saint-Hubert) qui était divorcée depuis 1900 de son premier mari, Xavier Brasseur, le cousin germain de Robert Brasseur.

TROIS SŒURS AUX DESTINS SINGULIERS

L’aînée des sœurs d’Hugues avait quatre ans de moins que lui. Aimée Maria Edmée, aussi appelée Amy Le Gallais, née le 9 juillet 1898 et baptisée le 16 juillet, avait comme parrain l’oncle paternel Walter Le Gallais et comme marraine la grand-mère maternelle. L’état civil a noté les noms en ordre différent : Léontine Marie-Amy. D’après la légende familiale, et alors qu’elle attendait un enfant du peintre Pierre Thévenin, né en 1905 et plus jeune qu’elle, Aimée ne serait pas descendue du train qui devait la conduire dans le village du sud de la France où elle devait se marier. L’artiste était issu d’une famille de musiciens et devenu premier prix de violoncelle en 1923. Il a étudié parallèlement la peinture et suivi l’école des Beaux-Arts de Lyon. À partir de 1932, et pendant 4 ans, il a voyagé comme musicien professionnel sur des paquebots de croisière et parcouru ainsi le monde. Il s’est rendu également au Maroc sur les traces de Delacroix et de Matisse. De retour à Lyon en 1936, il a vécu une importante période de création et réalisé de vastes compositions murales pour le compte d’amateurs. Il a exercé dans le même temps une intense activité de portraitiste, peignant amis et intimes, notables lyonnais et portraits d’enfants. Le père du neveu d’Hugues est mort le 12 octobre 1950 d’un accident survenu alors qu’il travaillait dans son atelier de St-Just. Aimée était devenue institutrice et enseignait l’anglais, habitait à Watermans Cottage Ewhurst dans le Sussex, à 40 kilomètres de Londres. Elle a élevé seule son fils unique, David, né le 5 septembre 1934. Elle a quelque peu défrayé la chronique familiale avec cet enfant qui a, lui aussi, perpétué le nom de Le Gallais. La sœur d’Hugues avait fait croire à son fils qu’elle avait été mariée avec un Le Gallais, ne lui révélant la situation que beaucoup plus tard.18 Régulièrement, Hugues Le Gallais a versé de l’argent à sa sœur, avec qui il a gardé un lien fraternel.19

Le 28 mars 1901 naissait la deuxième sœur d’Hugues: Alice Barbara Le Gallais. Lors de son baptême, le 2 avril, elle reçut les noms de Caecilia Alicia Brigitta. Elle avait comme parrain l’autre oncle paternel, Marc Le Gallais, et la tante maternelle, Alice Collart-Metz. Cette sœur d’Hugues, qui était la plus sensible des quatre enfants, souffrait apparemment le plus de la relation conflictuelle avec la deuxième épouse de son père. Un jour, elle aurait avoué à son père qu’elle voulait empoisonner sa belle-mère. La jeune femme, qui souffrait de dépressions, avait connu un épisode de paralysie du langage et a été traitée par des chocs électriques avant d’être envoyée en Suisse et éloignée de sa belle-mère, ce qui a contribué à améliorer son état. Alice Le Gallais est décédée noyée à Alger, le 7 février 1928,20 des suites d’une tentative de suicide résultant d’un amour malheureux. Elle avait suivi un docteur français, marié et qui vivait en Algérie.21 L’annonce par la famille dans le journal « Indépendance luxembourgeoise » parle d’un accident et invoque qu’« il a plu à Dieu Tout-Puissant d’appeler à une meilleure vie » la défunte « pieusement décédée », alors que le journal, dans une annonce des funérailles, précise quelques jours plus tard qu’un accident de voiture a été à l’origine du décès de la jeune femme. Elle fut enterrée à Kanzem, en Rhénanie-Palatinat, sa tante Daisy Burney-Le Gallais la rejoignant 22 ans plus tard dans la tombe familiale. Ce suicide allait constituer une motivation de plus pour ceux qui restaient de chercher le large. Les deux sœurs survivantes devaient partir sous peu pour l’étranger, le Royaume-Uni et l’Allemagne. Hugues devait poursuivre d’autant plus facilement sa carrière internationale pour ne pas être confronté à cette tragédie stigmatisante à l’époque.

Rozelle Le Gallais, née le 16 mai 1903 à Luxembourg-ville, donc jour pour jour sept ans après son frère, est baptisée Maria Edmunda Simona Rozella le 26 mai. L’acte de naissance énumère les prénoms suivants : Cunégonde Marie Edmonde Rozelle Simone. Le parrain était Anatole de Mathelin, le frère de la grand-mère maternelle.22 La marraine, sa tante paternelle, empêchée pour cause de déplacement plus ou moins prolongé à Paris, se faisait remplacer par la grand-mère paternelle qui habitait la maison familiale entourée de vignobles à Kanzem.

Cette sœur d’Hugues utilisa toujours le nom de Rozel, d’après une petite localité portuaire de Jersey, et fut encore appelée « Pignose » ou « Monkey » par certains proches. En 1920, elle est allée étudier l’anglais à Londres où elle découvrit le tennis alors qu’à Luxembourg ce sport n’en était qu’à ses débuts. Son père, pour faire des économies et pour assurer l’éloignement d’avec leur belle-mère, avait laissé sa fille aînée et sa fille cadette, âgée de 17 ans, partir. Rozel s’est inscrite au « Botanic Garden Club » dans la capitale britannique où son entraîneur Worthington était pionnier de ce sport assez exclusif. Joueuse talentueuse, elle a pris des leçons jusqu’à quatre fois par semaine et participait également régulièrement sur l’île britannique à des tournois. En 1924, Rozel est revenue à Luxembourg où elle s’est préparée pour les Jeux Olympiques de Paris auxquels elle s’était inscrite de sa propre initiative. Rozel Le Gallais n’avait guère de chance dans la mesure où, en simple et double mixte avec Camille Wolff,23 elle a dû déclarer forfait. Après sa carrière au tennis, le plus jeune des enfants Le Gallais s’est lancé dans la course automobile.

Alors qu’Hugues était en Asie, sa sœur cadette s’est mariée à Londres,24 le 6 juin 1932, avec Edmond Reverchon,25 de dix ans son aîné, propriétaire de vignobles et négociant de vins à Filzen près de Konz et Kanzem, le fief des Le Gallais. Fils d’Alice von Boch et d’Adrian Reverchon, banquier à Trêves, le beau-frère d’Hugues était un descendant du couple à l’origine de la manufacture Villeroy et Boch, Eugen von Boch et Sophie Octavie Villeroy. La famille Reverchon est alliée des von Papen, le Chancelier du Reich en 1932, Franz von Papen, ayant épousé une cousine Boch-Galhau. Le beau-frère d’Hugues était par ailleurs allié à des Sayn-Wittgenstein et à Luxembourg à des Pescatore, des Schorlemer et des Barbanson. Répétant en quelque sorte l’histoire familiale, l’époux avait été marié en premières noces à Maria Brügmann de laquelle il avait deux enfants, Heinz et Günther, âgés de moins de dix ans. Le mariage civil de Rozel avec un divorcé ne semble pas avoir été contesté autant que celui vingt ans plus tôt de son père. De cette union est né en 1934, la même année que ses cousins germains Norbert et David, un seul fils, Eddie Reverchon.

Davantage que son mari, Rozel n’aurait pas eu assez de distance par rapport à l’idéologie nazie et était considérée comme « persona non grata » auprès d’une partie de sa famille à Luxembourg. Hugues paraît ne plus avoir souhaité poursuivre ces liens, ne se rendait plus en Allemagne et faisait tout pour se défaire de sa part dans le Weingut de Kanzem qui, pourtant, lui venait de la famille de sa mère. Après le décès d’Hugues, sa sœur et son mari sont venus à Venise et ont été parmi les premiers à s’inscrire dans le « guest book », en 1965, exprimant leur reconnaissance à la veuve d’Hugues, qui s’était montrée, comme toujours, très accueillante. Une certaine réconciliation semble s’être opérée au-delà de la disparition d’Hugues. Rozel a été touchée d’une fibre artistique, comme elle allait, dix ans après la disparition de son frère, exposer ses tableaux dans la villa ayant appartenu à sa belle-mère et devenue galerie Marie-Thérèse avant d’être connue sous le nom de Villa Vauban. Rozel Reverchon-Le Gallais est décédée le 27 juin 1988 à Konz.

La vie des sœurs d’Hugues, aussi variée et intéressante qu’elle ait été, n’était guère conforme à une vie rangée de grand bourgeois à laquelle il aspirait. Pas moyen de continuer à donner l’image d’une famille idéale reflétant une joie de vivre et une aisance matérielle certaine. Les demeures de la famille au Grand-Duché, mais aussi en Allemagne en ont témoigné.

18 Entretien avec Jens Reverchon, petit-fils de Rozel Reverchon-Le Gallais, 6 décembre 2018.

19 ANLux ; AE-AW ; lettre de HLG, 27 juin 1952.

20 Annonce mortuaire dans « Indépendance luxembourgeoise » du 10 février 1928 et annonce des funérailles, le 16 février, dans le même quotidien.

21 Entretien avec Jens Reverchon, 6 décembre 2018.

22 Anatole de Mathelin (1855-1923), fils de Léopold de Mathelin et Marie de Steenhault, époux de Fanny Cornesse (1855-1923).

23 Camille Wolff (1894-1977) a représenté le Luxembourg lors des Jeux olympiques d’été de 1924 à Paris.

24 À Luxembourg (Villa Vauban) : 1932 mariage Edmond Reverchon (*1893) ‒ Rozelle Le Gallais (*1903), mais également à Londres: Registrar 28 Marloes Road à Kensington. Entretien avec Jens Reverchon, décembre 2018, qui affirme que le mariage a eu lieu à Londres en raison du fait que Rozel épousait un homme divorcé.

25 Edmond Reverchon (1893-1967), fils d’Alice von Boch (1860-1944) et d’Adrian Reverchon (1861-1923), avait en tout trois fils, les deux aînés de son union avec Maria Brügmann : 1.1. Heinz Reverchon (1921-1999), soldat dans la Wehrmacht ∞ I. Gretel von Suttner; II. Karin Davidson; 1.2. Günther Reverchon (1922-1944, tombé au front) ; du deuxième lit : 2.1. Eddie Reverchon (1934), marié à Margaretha dite Nicole Nicolas.

DEMEURES DE LA FAMILLE NORBERT LE GALLAIS

Le père d’Hugues était né au château de Septfontaines, une des plus belles demeures du Luxembourg. Il vivait, dans les années 1880, au 7 de la rue Marie-Thérèse, l’actuelle rue Notre-Dame. Il y était le voisin de la famille Maurice et Bertha Gernsbacher-Durlacher, dont le fils Hugo, le futur « père de la science-fiction moderne », est né le 16 août 1883 au numéro 9 de cette rue. Après la fusion des différentes entités qui sont devenues l’Arbed, il se contentait de recevoir des dividendes et vivait de revenus divers. Au début de son premier mariage, il disposait d’une propriété en tant que directeur de l’usine de Dommeldange, avant d’emménager dans l’ancien hôtel Pescatore situé sur le coin du boulevard Royal et de l’avenue Amélie. C’est là qu’est décédée la mère d’Hugues. Aujourd’hui s’y trouve la Banque de Luxembourg.26 Enfin, Norbert Le Gallais résida avec sa seconde épouse dans la demeure de la famille de Gargan, la Villa Vauban, dans l’avenue de l’Arsenal qui a depuis été rebaptisée en avenue Emile Reuter. Les Le Gallais avaient aussi une maison de villégiature de l’autre côté de la frontière.

DOMAINE VITICOLE DE KANZEM

Le domaine de Kanzem provient de la famille Metz et est passé dans le giron de la famille Le Gallais au milieu du XIXe siècle. Les bâtiments du vignoble Le Gallais sont situés à Kanzem sur la Sarre, les vignobles dans les districts voisins de Wiltingen et de Wawern. Depuis le début du Moyen Age, Kanzem et Wiltingen étaient une seigneurie luxembourgeoise en tant qu’exclave dans le « Kurstaat » de Trèves. Aujourd’hui, le domaine est beaucoup plus petit qu’avant. De moins bons vignobles ont été vendus, et seules les vignes Riesling sont cultivées. Depuis 1954, l’administration du domaine est entre les mains d’Egon Müller, dans la cave duquel, non loin de là, à Scharzhof, les vins sont produits. Norbert Le Gallais a établi la réputation dont bénéficie le domaine aujourd’hui. Même à l’époque, ses vins étaient très appréciés.

Rozel Le Gallais décrit des étés joyeux à Kanzem, les jeunes Le Gallais y étant entourés de nombreux cousins, avec lesquels ils s’amusaient, souvent au détriment des adultes et de leurs hôtes. La maison n’avait pas moins de seize chambres à coucher, plus des mansardes, permettant à leur tante Daisy Burney-Le Gallais d’Angleterre et à leur tante Missy Schaefer-Le Gallais de Paris de venir avec leurs familles. De nombreux invités de Luxembourg, de France et d’Angleterre défilaient à Kanzem, les enfants pouvant y fréquenter très tôt certaines personnalités notamment militaires prussiennes, comme celles des troupes de garnison de Trêves.

Durant la Première Guerre mondiale, le vignoble a été placé sous séquestre, hébergeant même des prisonniers russes, de sorte qu’à Pâques 1919 le retour de la famille a donné lieu à un constat de désolation certain. Il fallait d’abord réparer les dommages considérables avant de reprendre la vie insouciante qu’y avaient connue les jeunes Le Gallais. Après la Seconde Guerre mondiale, la maison de Kanzem appartenait à 2/8 à Hugues Le Gallais et à ses sœurs et respectivement 3/8 à ses deux cousines Yvonne Rochon née Schaeffer, qui était de nationalité française, et Violet Douglas Brown née Burney, qui était de nationalité britannique. Le domaine connaissait des difficultés en relation avec l’avenir de la propriété vinicole, endommagée par la guerre. Hugues Le Gallais s’est occupé de la réparation de la destruction occasionnée dans ce qui est un domaine et non pas un château. Il semble néanmoins ne plus avoir souhaité poursuivre ce lien avec une propriété située dans un pays contre lequel il s’est opposé avec toutes ses forces, même si ce fut de l’autre côté de l’Atlantique. Cette vente occasionnait donc une certaine rentrée de deniers pour le chef de mission à Washington.

CHÂTEAU DE SEPTFONTAINES

La propriété où était né le père d’Hugues n’était plus à vendre, la famille s’en étant défaite avant la Première Guerre mondiale. Les grands-parents paternels d’Hugues, Edmond Le Gallais et Léonie Metz, avaient habité dans le superbe château des Boch dans le Rollingergrund. La fabuleuse résidence seigneuriale dite de Septfontaines, une des gloires du quartier de Rollingergrund, est indissolublement liée à la faïencerie toute proche. Le château, comme on l’appelle maintenant, fut construit entre 1780 et 1785 sur la base d’une maison érigée en 1684 par un militaire de l’armée espagnole par les trois frères Boch, Pierre-Joseph, Jean-François et Dominique, après qu’ils eussent bâti la faïencerie et les maisons des premiers ouvriers. Ils étaient les fils de François Boch, fondeur à Hayange, en Lorraine, chez les maîtres de forge de la famille des de Wendel.

Le lieu d’exception est entouré d’un vaste parc et, à l’époque, il donnait sur la forêt du Rollingergrund. Il a été vendu en 1913 aux époux Maurice Pescatore-Barbanson.27

Le château de Septfontaines est devenu depuis lors un espace de réception exceptionnel.

MAISON DU DIRECTEUR À DOMMELDANGE

À Dommeldange, la maison où est né Hugues, située près de la gare, ressemblait plutôt à un pavillon résidentiel avec, au-dessus de la porte, un balcon et disposant, de part et d’autre de l’entrée principale, de plusieurs fenêtres prêtant à la demeure un aspect grandiose voire noble. La bâtisse a été initialement habitée par la famille Collart et avait été louée à la famille du célèbre botaniste Tinant. Acquise en 1873 par Metz et Cie, elle est devenue la maison du directeur de l’Usine Arbed Dommeldange. La famille Norbert Le Gallais-Metz y habitait de 1895 à une date non définie du début du XXe siècle, succédant à son beau-père Gustave Metz et précédant Emile Bian qui y habitait jusqu’à la fin de la Première Guerre mondiale, tous les deux directeurs avec résidence à Dommeldange. La maison a été rasée en 1955.

HÔTEL PESCATORE ET VILLA VAUBAN

La famille Norbert Le Gallais-Metz habitait l’ancien hôtel Pescatore situé sur le coin du boulevard Royal et de l’avenue Amélie. D’après le récit de sa fille Rozel, cette demeure aurait continué d’être celle de la famille après le décès de la mère en 1909 et même le remariage du père en 1912, et ceci jusqu’à ce que leur père s’en aille, seul et sans mot dire, rejoindre sa seconde épouse à la Villa Vauban, abandonnant en quelque sorte ses enfants. La villa disposait d’une véranda avec des palmiers et d’autres plantes exotiques. La famille avait à sa disposition sept personnes, deux serviteurs, une cuisinière et son aide de cuisine, deux femmes de chambre ainsi qu’une aide, plus deux chauffeurs. Le personnel était l’allié et même, si l’on en croit Rozel, le meilleur ami des enfants, surtout depuis le remariage de leur père. Venait s’ajouter une éducatrice des enfants qui changeait souvent, la situation étant devenue de plus en plus compliquée chez les Le Gallais. La villa est devenue pour quelque temps la demeure de l’ambassadeur de Belgique pour être, plus tard, détruite et faire place à l’actuelle Banque de Luxembourg.

En 1912, Norbert Le Gallais, époux de Anne-Marie de Gargan, a été indiqué comme propriétaire de la Villa Vauban provenant de l’escarcelle de sa seconde épouse. La demeure est située en plein milieu du parc municipal au 18, avenue de l’Arsenal, devenue depuis lors l’avenue Emile Reuter. Le site bénéficie de la proximité du centre animé de la ville haute, mais également de celle des quartiers résidentiels périphériques, fort prisés pour leur qualité de vie. Le beau-père de Norbert Le Gallais, le baron Charles Joseph de Gargan, issu d’une illustre famille sidérurgique de Lorraine, fuyant la guerre franco-prussienne de 1870-71, et son épouse Emilie Pescatore se sont établis à Luxembourg. Ils ont acquis en 1874 la propriété du gantier Mayer.

Anne-Marie de Gargan est allée vivre dès 1934 dans le sud de la France à la suite du décès de son mari. L’occupant nazi a confisqué la villa pour y installer le Ministère de l’agriculture et, dès juillet 1940, l’office des prix.28 Alors qu’il s’est occupé de la reconstruction et des dommages de guerre de Kanzem, tel ne semble pas avoir été le cas pour cette propriété de sa belle-mère. Après la guerre, la villa a été habitée d’ailleurs durant trois ans, de l’été 1945 jusqu’en février 1948, par le couple Pierre et Henriette Werner-Pescatore. L’épouse du futur homme politique et ministre d’Etat était une cousine éloignée d’Anne-Marie de Gargan. Cette dernière y est morte le 16 janvier 1946. Les héritiers des familles Le Gallais-de Gargan procédèrent, en 1948 et en 1949, à la vente aux enchères respectivement du mobilier et de l’immobilier. La Villa Vauban a été rachetée pour 5 millions de francs par la Ville de Luxembourg29 pour en faire le Musée Pescatore.

Que de belles et prestigieuses villas et demeures pour abriter une jeunesse qui s’avérait, malgré tout ce luxe, peu heureuse. Hugues Le Gallais devait être content de pouvoir quitter le Grand-Duché pour poursuivre ses études à Bruxelles.

26 Cette villa est devenue par la suite la résidence de l’ambassadeur de Belgique pour être détruite et faire place à l’actuelle Banque de Luxembourg.

27 Maurice Pescatore (1870-1928), fils des époux Pescatore-Nothomb, époux de Gabrielle Barbanson, la sœur de Gaston.

28 Luxemburger Wort du 11 juillet 1940.

29 La Villa Vauban. Symbole de culture et d’identité historique. ons stad 93, p. 16-19.