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Kitabı oku: «Correspondance de Voltaire avec le roi de Prusse», sayfa 7

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DE M. DE VOLTAIRE

À Paris, ce 15 octobre 1749.

Sire, si je viens faire un effort, dans l'état affreux où je suis, pour écrire à M. d'Argens, je ferai bien un autre pour me mettre aux pieds de Votre Majesté.

J'ai perdu un ami de vingt-cinq années, un grand homme qui n'avait de défaut que d'être une femme4, et que tout Paris regrette et honore. On ne lui a pas peut-être rendu justice pendant sa vie, et vous n'avez peut-être pas jugé d'elle comme vous auriez fait, si elle avait eu l'honneur d'être connue de Votre Majesté. Mais une femme qui a été capable de traduire Newton et Virgile, et qui avait toutes les vertus d'un honnête homme, aura sans doute part à vos regrets.

L'état où je suis depuis un mois ne me laisse guère d'espérance de vous revoir jamais; mais je vous dirai hardiment que si vous connaissiez mieux mon cœur, vous pourriez avoir aussi la bonté de regretter un homme qui certainement dans Votre Majesté n'avait aimé que votre personne.

Vous êtes roi, et par conséquent vous êtes accoutumé à vous défier des hommes. Vous avez pensé, par ma dernière lettre, ou que je cherchais une défaite pour ne pas venir à votre cour, ou que je cherchais un prétexte pour vous demander une légère faveur. Encore une fois, vous ne me connaissez pas. Je vous ai dit la vérité, et la vérité la plus connue à Lunéville. Le roi de Pologne Stanislas est sensiblement affligé, et je vous conjure, sire, de sa part et en son nom, de permettre une nouvelle édition de l'Anti-Machiavel, où l'on adoucira ce que vous avez dit de Charles XII et de lui; il vous en sera très obligé. C'est le meilleur prince qui soit au monde; c'est le plus passionné de vos admirateurs, et j'ose croire que Votre Majesté aura cette condescendance pour sa sensibilité qui est extrême…

BILLET DE CONGÉ DE VOLTAIRE
 
Non, malgré vos vertus, non, malgré vos appas,
Mon âme n'est point satisfaite;
Non, vous n'êtes qu'une coquette
Qui subjuguez les cœurs et ne vous donnez pas.
 

Réponse, écrite au bas, de la main du roi.

 
Mon âme sent le prix de vos divins appas,
Mais ne présumez point qu'elle soit satisfaite;
Traître, vous me quittez pour suivre une coquette,
Moi, je ne vous quitterai pas.
 

DE M. DE VOLTAIRE

Octobre 1757.

Sire, ne vous effrayez pas d'une longue lettre, qui est la seule chose qui puisse vous effrayer.

J'ai été reçu chez Votre Majesté avec des bontés sans nombre; je vous ai appartenu, mon cœur vous appartiendra toujours. Ma vieillesse m'a laissé toute ma vivacité pour ce qui vous regarde, en la diminuant pour tout le reste. J'ignore encore, dans ma retraite paisible, si Votre Majesté a été à la rencontre du corps d'armée de M. de Soubise, et si elle s'est signalée par de nouveaux succès. Je suis peu au fait de la situation présente des affaires; je vois seulement qu'avec la valeur de Charles XII, et avec un esprit bien supérieur au sien, vous vous trouvez avoir plus d'ennemis à combattre qu'il n'en eut quand il revint de Stralsund; mais il y a une chose bien sûre, c'est que vous aurez plus de réputation que lui dans la postérité, parce que vous avez remporté autant de victoires sur des ennemis plus aguerris que les siens et que vous avez fait à vos sujets tous les biens qu'il n'a pas faits, en ranimant les arts, en fondant des colonies, en embellissant les villes. Je mets à part d'autres talents aussi supérieurs que rares, qui auraient suffi à vous immortaliser. Vos plus grands ennemis ne peuvent vous ôter aucun de ces mérites; votre gloire est donc absolument hors d'atteinte. Peut-être cette gloire est-elle actuellement augmentée par quelque victoire; mais nul malheur ne vous l'ôtera. Ne perdez jamais de vue cette idée, je vous en conjure.

Il s'agit à présent de votre bonheur; je ne parlerai pas aujourd'hui des Treize-Cantons. Je m'étais livré au plaisir de dire à Votre Majesté combien elle est aimée dans le pays que j'habite; mais je sais qu'en France elle a beaucoup de partisans: je sais très positivement qu'il y a bien des gens qui désirent le maintien de la balance que vos victoires avaient établie. Je me borne à vous dire des vérités simples, sans oser me mêler en aucune façon de politique; cela ne m'appartient pas. Permettez-moi seulement de penser que, si la fortune vous était entièrement contraire, vous trouveriez une ressource dans la France, garante de tant de traités; que vos lumières et votre esprit vous ménageraient cette ressource; qu'il vous resterait toujours assez d'États pour tenir un rang très considérable dans l'Europe; que le grand-électeur, votre bisaïeul, n'en a pas été moins respecté pour avoir cédé quelques-unes de ses conquêtes. Permettez-moi, encore une fois, de penser ainsi en vous soumettant mes pensées. Les Caton et les Othon, dont Votre Majesté trouve la mort belle, n'avaient guère autre chose à faire qu'à servir ou qu'à mourir; encore Othon n'était-il pas sûr qu'on l'eût laissé vivre: il prévint, par une mort volontaire, celle qu'on lui eût fait souffrir. Nos mœurs et votre situation sont bien loin d'exiger un tel parti; en un mot, votre vie est très nécessaire: vous sentez combien elle est chère à une nombreuse famille, et à tous ceux qui ont l'honneur de vous approcher. Vous savez que les affaires de l'Europe ne sont jamais longtemps dans la même assiette, et que c'est un devoir pour un homme tel que vous de se réserver aux événements. J'ose vous dire bien plus: croyez-moi, si votre courage vous portait à cette extrémité héroïque, elle ne serait pas approuvée; vos partisans la condamneraient, et vos ennemis en triompheraient. Songez encore aux outrages que la nation fanatique des bigots ferait à votre mémoire. Voilà tout le prix que votre nom recueillerait d'une mort volontaire: et, en vérité, il ne faudrait pas donner à ces lâches ennemis du genre humain le plaisir d'insulter à votre nom si respectable.

Ne vous offensez pas de la liberté avec laquelle vous parle un vieillard qui vous a toujours révéré et aimé, et qui croit, d'après une longue expérience, qu'on peut tirer de très grands avantages du malheur. Mais heureusement nous sommes très loin de vous voir réduit à des extrémités si funestes, et j'attends tout de votre courage et de votre esprit, hors le parti malheureux que ce même courage peut me faire craindre. Ce sera une consolation pour moi, en quittant la vie, de laisser sur la terre un roi philosophie.

DE M. DE VOLTAIRE

Octobre 1757.

Sire, votre Epître d'Erfurth est pleine de morceaux admirables et touchants. Il y aura toujours de très belles choses dans ce que vous écrirez. Souffrez que je vous dise ce que j'ai écrit à Son Altesse Royale votre digne sœur, que cette épître fera verser des larmes, si vous n'y parlez pas des vôtres. Mais il ne s'agit pas ici de discuter avec Votre Majesté ce qui peut perfectionner ce monument d'une grande âme et d'un grand génie; il s'agit de vous, et de l'intérêt de toute la saine partie du genre humain, que la philosophie attache à votre gloire et à votre conservation.

Vous voulez mourir, je ne vous parle pas ici de l'horreur douloureuse que ce dessein m'inspire. Je vous conjure de soupçonner au moins que du haut rang où vous êtes, vous ne pouvez guère voir quelle est l'opinion des hommes, quel est l'esprit du temps. Comme roi on ne vous le dit pas, comme philosophe et comme grand homme vous ne voyez que les exemples des grands hommes de l'antiquité, vous aimez la gloire, vous la mettez aujourd'hui à mourir d'une manière que les autres hommes choisissent rarement, et qu'aucun des souverains de l'Europe n'a jamais imaginée depuis la chute de l'empire romain. Mais, hélas! sire, en aimant tant la gloire, comment pouvez-vous vous obstiner à un projet qui vous la fera perdre? je vous ai déjà représenté la douleur de vos amis, le triomphe de vos ennemis, et les insultes d'un certain genre d'hommes qui mettra lâchement son devoir à flétrir une action généreuse.

J'ajoute, car voici le temps de tout dire, que personne ne vous regardera comme le martyr de la liberté; il faut se rendre justice: vous savez dans combien de cours on s'opiniâtre à regarder votre entrée en Saxe comme une infraction du droit des gens. Que dira-t-on dans ces cours? que vous avez vengé sur vous-même cette invasion; que vous n'avez pu résister au chagrin de ne pas donner la foi. On vous accusera d'un désespoir prématuré quand on saura que vous avez pris cette résolution funeste dans Erfurth, quand vous étiez maître de la Silésie et de la Saxe. On commentera votre Epître d'Erfurth, on en fera une critique injurieuse; on sera injuste, mais votre nom en souffrira.

Tout ce que je représente à Votre Majesté est la vérité même. Celui que j'ai appelé le Salomon du Nord s'en dit davantage dans le fond de son cœur.

Il sent qu'en effet, s'il prend ce funeste parti, il y cherche un honneur dont pourtant il ne jouira pas. Il sent qu'il ne veut pas être humilié par des ennemis personnels; il entre donc dans ce triste parti de l'amour-propre, du désespoir. Écoutez contre ces sentiments votre raison supérieure: elle vous dit que vous n'êtes point humilié, et que vous ne pouvez l'être; elle vous dit qu'étant homme comme un autre, il vous restera (quelque chose qui arrive) tout ce qui peut rendre les autres hommes heureux: biens, dignités, amis. Un homme qui n'est que roi peut se croire très infortuné quand il perd des États; mais un philosophe peut se passer d'États. Encore, sans que je me mêle en aucune façon de politique, je ne peux croire qu'il ne vous en restera pas assez pour être toujours un souverain considérable. Si vous aimiez mieux mépriser toute grandeur, comme ont fait Charles-Quint, la reine Christine, le roi Casimir, et tant d'autres, vous soutiendriez ce personnage mieux qu'eux tous; et ce serait pour vous une grandeur nouvelle. Enfin, tous les partis peuvent convenir, hors le parti odieux et déplorable que vous voulez prendre. Serait-ce la peine d'être philosophe si vous ne saviez pas vivre en homme privé? ou si en demeurant souverain vous ne saviez pas supporter l'adversité?

Je n'ai d'intérêt dans tout ce que je dis que le bien public et le vôtre. Je suis dans ma soixante et cinquième année, je suis un infirme, je n'ai qu'un moment à vivre, j'ai été bien malheureux, vous le savez; mais je mourrais heureux si je vous laissais sur la terre mettant en pratique ce que vous avez si souvent écrit.

DE M. DE VOLTAIRE

Le 13 novembre 1757.

Sire, votre Epître à d'Argens m'avait fait trembler; celle dont Votre Majesté m'honore me rassure. Vous sembliez dire un triste adieu dans toutes les formes, et vouloir précipiter la fin de votre vie. Non seulement ce parti désespérait un cœur comme le mien, qui ne vous a jamais été assez développé, et qui a toujours été attaché à votre personne, quoi qu'il ait pu arriver; mais ma douleur s'aigrissait des injustices qu'une grande partie des hommes ferait à votre mémoire.

Je me rends à vos trois derniers vers, aussi admirables par le sens que par les circonstances où ils sont faits:

 
«Pour moi menacé du naufrage,
Je dois, en affrontant l'orage,
Penser, vivre et mourir en roi.»
 

Ces sentiments sont dignes de votre âme, et je ne veux entendre autre chose par ces vers, sinon que vous vous défendrez jusqu'à la dernière extrémité avec votre courage ordinaire. C'est une des preuves de ce courage supérieur aux événements de faire de beaux vers dans une crise où tout autre pourrait à peine faire un peu de prose. Jugez si ce nouveau témoignage de la supériorité de votre âme doit faire souhaiter que vous viviez. Je n'ai pas le courage, moi, d'écrire en vers à Votre Majesté dans la situation où je vous vois; mais permettez que je vous dise tout ce que je pense.

Premièrement, soyez très sûr que vous avez plus de gloire que jamais. Tous les militaires écrivent de tous côtés qu'après vous être conduit à la bataille du 18 comme le prince de Condé à Sénef, vous avez agi dans tout le reste en Turenne. Grotius disait: «Je puis souffrir les injures, la misère et l'ignominie ensemble.» Vous êtes couvert de gloire dans vos revers; il vous reste de grands États: l'hiver vient; les choses peuvent changer. Votre Majesté sait que plus d'un homme considérable pensent qu'il faut une balance, et que la politique contraire est une politique détestable: ce sont leurs propres paroles.

J'oserai ajouter que Charles XII, qui avait votre courage avec infiniment moins de lumières, et moins de compassion pour ses peuples, fit la paix avec le czar sans s'avilir. Il ne m'appartient pas d'en dire davantage, et votre raison supérieure vous en dit cent fois plus.

Je dois me borner à représenter à Votre Majesté combien sa vie est nécessaire à sa famille, aux États qui lui demeureront, aux philosophes qu'elle peut éclairer et soutenir, et qui auraient, croyez-moi, beaucoup de peine à justifier devant le public une mort volontaire, contre laquelle tous les préjugés s'élèveraient. Je dois ajouter que quelque personnage que vous fassiez, il sera toujours grand.

Je prends du fond de ma retraite plus d'intérêt à votre sort, que je n'en prenais dans Potsdam et dans Sans-Souci. Cette retraite serait heureuse, et ma vieillesse infirme serait consolée, si je pouvais être assuré de votre vie, que le retour de vos bontés me rend encore plus chère.

J'apprends que monseigneur le prince de Prusse est très malade; c'est un nouveau surcroît d'affliction, et une nouvelle raison de vous conserver. C'est très peu de chose, j'en conviens, d'exister un moment au milieu des chagrins, entre deux éternités qui nous engloutissent; mais c'est à la grandeur de votre courage à porter le fardeau de la vie, et c'est être véritablement roi que de soutenir l'adversité en grand homme.

DU ROI

À Breslau, le 16 janvier 1758.

J'ai reçu vos lettres du 22 de novembre et du 2 de janvier en même temps5. J'ai à peine le temps de faire de la prose, bien moins des vers pour répondre aux vôtres. Je vous remercie de la part que vous prenez aux heureux hasards qui m'ont secondé à la fin d'une campagne où tout semblait perdu. Vivez heureux et tranquille à Genève; il n'y a que cela dans le monde; et faites des vœux pour que la fièvre chaude héroïque de l'Europe se guérisse bientôt, pour que le triumvirat se détruise, et que les tyrans de cet univers ne puissent pas donner au monde les chaînes qu'ils lui préparent. Fédéric.

Je ne suis malade ni de corps ni d'esprit mais je me repose dans ma chambre. Voilà ce qui a donné lieu aux bruits que mes ennemis ont semés. Mais je peux leur dire comme Démosthène aux Athéniens: Eh bien! si Philippe était mort, que serait-ce? ô Athéniens! vous vous feriez bientôt un autre Philippe.

Ô Autrichiens! votre ambition, votre désir de tout dominer, vous feraient bientôt d'autres ennemis; et les libertés germaniques et celles de l'Europe ne manqueront jamais de défenseurs.

DU ROI

Du 6 octobre 1758.

Il vous a été facile de juger de ma douleur par la perte que j'ai faite. Il y a des malheurs réparables par la constance et par un peu de courage; mais il y en a d'autres contre lesquels toute la fermeté dont on veut s'armer, et tous les discours des philosophes ne sont que des secours vains et inutiles; ce sont de ceux-ci dont ma malheureuse étoile m'accable dans les moments les plus embarrassants et les plus remplis de ma vie.

Je n'ai pas été malade comme on vous l'a dit; mes maux ne consistent que dans des coliques hémorroïdales et quelquefois néphrétiques. Si cela eût dépendu de moi, je me serais volontiers dévoué à la mort, que ces sortes d'accidents amènent tôt ou tard, pour sauver et pour prolonger les jours de celle qui ne voit plus la lumière6. N'en perdez jamais la mémoire, et rassemblez, je vous prie, toutes vos forces pour élever un monument à son honneur. Vous n'avez qu'à lui rendre justice; et sans vous écarter de la vérité, vous trouverez la matière la plus ample et la plus belle.

Je vous souhaite plus de repos et de bonheur que je n'en ai. Fédéric.

DE M. DE VOLTAIRE

SUR LA MORT DE SON ALTESSE ROYALE MADAME LA MARGRAVE DE BAREITH
Décembre 1758.
 
Ombre illustre, ombre chère, âme héroïque et pure,
Toi que mes tristes yeux ne cessent de pleurer,
Quand la fatale loi de toute la nature
Te conduit dans la sépulture,
Faut-il te plaindre ou t'admirer?
 
 
Les vertus, les talents ont été ton partage
Tu vécus, tu mourus en sage;
Et voyant à pas lents avancer le trépas,
Tu montras le même courage
Qui fait voler ton frère au milieu des combats.
 
 
Femme sans préjugés, sans vice et sans mollesse,
Tu bannis loin de toi la Superstition,
Fille de l'Imposture et de l'Ambition,
Qui tyrannise la Faiblesse.
 
 
Les Langueurs, les Tourments, ministres de la Mort,
T'avaient déclaré la guerre;
Tu les bravas sans effort,
Tu plaignis ceux de la terre.
 
 
Hélas! si tes conseils avaient pu l'emporter
Sur le faux intérêt d'une aveugle vengeance,
Que de torrents de sang on eût vu s'arrêter!
Quel bonheur t'aurait dû la France!
Ton cher frère aujourd'hui, dans un noble repos,
Recueillerait son âme à soi-même rendue;
Le philosophe, le héros
Ne serait affligé que de t'avoir perdue.
 
 
Sur ta cendre adorée il jetterait des fleurs
Du haut de son char de victoire;
Et les mains de la Paix et les mains de la Gloire
Se joindraient pour sécher ses pleurs.
 
 
Sa voix célébrerait ton amitié fidèle,
Les échos de Berlin répondraient à ses chants:
Ah! j'impose silence à mes tristes accents,
Il n'appartient qu'à lui de te rendre immortelle.
 

Voilà, sire ce que ma douleur me dicta quelque temps après le premier saisissement dont je fus accablé à la mort de ma protectrice. J'envoie ces vers à Votre Majesté, puisqu'elle l'ordonne. Je suis vieux; elle s'en apercevra bien. Mais le cœur qui sera toujours à vous et à l'adorable sœur que vous pleurez, ne vieillira jamais. Je n'ai pu m'empêcher de me souvenir, dans ces faibles vers, des efforts que cette digne princesse avait faits pour rendre la paix à l'Europe. Toutes ses lettres (vous le savez sans doute) avaient passé par moi. Le ministre, qui pensait absolument comme elle, et qui ne put lui répondre que par une lettre qu'on lui dicta, en est mort de chagrin. Je vois avec douleur, dans ma vieillesse accablée d'infirmités, tout ce qui se passe; et je me console parce que j'espère que vous serez aussi heureux que vous méritez de l'être. Le médecin Tronchin dit que votre colique hémorroïdale n'est point dangereuse; mais il craint que tant de travaux n'altèrent votre sang. Cet homme est sûrement le plus grand médecin de l'Europe, le seul qui connaisse la nature. Il m'avait assuré qu'il y avait du remède pour l'état de votre auguste sœur, six mois avant sa mort. Je fis ce que je pus pour engager Son Altesse Royale à se mettre entre les mains de Tronchin; elle se confia à des ignorants entêtés; et Tronchin m'annonça sa mort deux mois avant le moment fatal. Je n'ai jamais senti un désespoir plus vif. Elle est morte victime de sa confiance en ceux qui l'ont traitée. Conservez-vous, sire, car vous êtes nécessaire aux hommes.

DU ROI

À Breslau, le 21 mars 1759.

Vous ne vous êtes pas trompé tout à fait: je suis sur le point de me mettre en marche. Quoique ce ne soit pas pour des sièges, toutefois c'est pour résister à mes persécuteurs.

J'ai été ravi de voir les changements et les additions que vous avez faits à votre ode. Rien ne me fait plus de plaisir que ce qui regarde cette matière-là. Les nouvelles strophes sont très belles, et je souhaiterais fort que le tout fût déjà imprimé. Vous pourrez y ajouter une lettre selon votre bon plaisir: et quoique je sois très indifférent sur ce qu'on peut dire de moi en France et ailleurs, on ne me fâchera pas en vous attribuant mon Histoire de Brandebourg. C'est la trouver très bien écrite, et c'est plutôt me louer que me blâmer.

Dans les grandes agitations où je vais entrer, je n'aurai pas le temps de savoir si on fait des libelles contre moi en Europe, et si on me déchire. Ce que je saurai toujours, et dont je serai témoin, c'est que mes ennemis font bien des efforts pour m'accabler. Je ne sais pas si cela en vaut la peine. Je vous souhaite la tranquillité et le repos dont je ne jouirai pas, tant que l'acharnement de l'Europe me persécutera. Adieu. Fédéric.

DE M. DE VOLTAIRE Aux Délices, le 27 mars 1759.

…Votre Majesté me traite comme le monde entier; elle s'en moque quand elle dit que le président se meurt. Le président vient d'avoir à Bâle un procès avec une fille qui voulait être payée d'un enfant qu'il lui a fait. Plût à Dieu que je pusse avoir un tel procès! j'en suis un peu loin; j'ai été très malade, et je suis très vieux: j'avoue que je suis très riche, très indépendant, très heureux; mais vous manquez à mon bonheur, et je mourrai bientôt sans vous avoir vu; vous ne vous en souciez guère, et je tâche de ne m'en point soucier. J'aime vos vers, votre prose, votre esprit, votre philosophie hardie et ferme. Je n'ai pu vivre sans vous, ni avec vous. Je ne parle point au roi, au héros, c'est l'affaire des souverains; je parle à celui qui m'a enchanté, que j'ai aimé, et contre qui je suis toujours fâché…

4.La marquise du Châtelet.
5.On n'a point trouvé ces lettres et plusieurs autres qui manquent également.
6.La margrave de Bareith.
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27 eylül 2017
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