Kitabı oku: «Choisie par le ma_le Alpha Coffret», sayfa 5

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Glissant son autre main entre ses cuisses, il se lécha les lèvres. Il dézippa la fermeture éclair de son short et le lui baissa pour permettre à ses doigts d’accéder plus facilement à sa moiteur accueillante. Puis ses doigts trouvèrent son clitoris, faisant monter encore un peu plus son excitation. Il tira encore un peu plus sur son short et poussa ses doigts sur l’entrée de son vagin. Elle cria en s’agrippant à ses épaules.

— Ils peuvent te lécher toute la journée, ils peuvent même te baiser s’ils font attention. Mais il faudra qu’ils se retiennent et qu’ils ne finissent pas en toi, ordonna-t-il.

— Oh, dit-elle dans un souffle, les seins lourds alors qu’il les titillait avec ses doigts.

— Dis oui, ordonna-t-il, ses doigts revenant tourner autour de son clito. Personne d’autre ne jouira ici, Aurélia, c’est bien compris ?

— Oui, acquiesça-t-elle, impatiente.

— Seulement moi, continua-t-il.

— Oui, dit-elle.

— Dis-le ! grogna-t-il.

— Seulement toi ! dit-elle en se collant contre lui.

— J’ai très envie de te baiser, lui dit-il.

S’éloignant de lui, Aurélia sourit et se débarrassa de son t-shirt et de son short. Lucas commença à se dévêtir lui aussi, les yeux brillants d’impatience.

— T’as envie de me baiser, hein ? dit Aurélia en passant sa main sur ses hanches nues ornées de roses aux couleurs vives.

Lucas grogna, déboutonna son pantalon et le baissa à ses pieds.

— Et bien, il va falloir m’attraper d’abord ! ajouta-t-elle d’un ton taquin. Elle se retourna et se transforma. Elle libéra sa louve et en l’espace de quelques battements de cœur, elle s’élança sur le chemin.

Elle ne fut pas étonnée de sentir Lucas courir à sa droite seulement quelques secondes plus tard. Elle était rapide et puissante pour sa taille, mais Lucas était beaucoup plus fort et plus rapide qu’elle. Leur course était seulement un jeu, destiné à les exciter encore un peu plus.

Quand elle l’entendit lancer un grognement d’avertissement, elle ne fit qu’accélérer davantage. Coupant la piste de randonnée, elle se dirigea vers un endroit qu’elle avait découvert quelques jours auparavant. Un petit cours d’eau coulait sur le terrain de leur résidence et il y avait une petite clairière qui jouxtait ses rives et qu’Aurélia avait trouvée très jolie.

Les muscles brûlants, elle ralentit un peu pour profiter pleinement des sensations de la course. Lucas sembla voir qu’elle se dirigeait quelque part et la suivit. Sa louve était aux anges, courant dans cette nature luxuriante baignée de soleil.

Quand elle atteignit la clairière, elle ralentit au petit trot. Lucas lui rentra dedans intentionnellement et tous deux roulèrent dans l’herbe grasse près du cours d’eau. Avec un jappement joyeux, Aurélia reprit sa forme humaine.

Elle observa Lucas se retransformer et s’approcher d’elle, ses cheveux blonds barrés de gris donnaient à ses yeux l’éclat de l’acier fondu. Il était si grand et si musclé que quand il la prit dans ses bras pour l’allonger par terre, elle n’eut pas peur, même l’ombre d’une seconde, qu’il ne la lâche. Lucas la protégeait, la tenait, prenait soin d’elle.

— On dirait bien que je t’ai attrapée ma petite, murmura-t-il en l’allongeant dans l’herbe. S’appuyant sur le coude, il posa un baiser sur ses lèvres. Aurélia soupira, plus heureuse qu’aucune femelle ne devrait raisonnablement l’être.

Leurs bouches se retrouvèrent à nouveau et ne se lâchèrent plus. En quelques secondes, ils étaient tous les deux à bout de souffle, le baiser faisant fondre leurs pensées et leurs corps se pressant l’un contre l’autre. Aurélia se tortillait contre le corps musculeux de Lucas, désireuse de sentir sa peau contre la sienne. Où qu’elle le touche, il était chaud comme la braise et ça la rendait folle.

Lucas posa une main sur son sein et lui titilla le téton du pouce. Elle se mordit la lèvre et commença à frotter ses hanches contre les siennes.

— Tu aimes ça ? demanda-t-il, la voix éraillée de désir. Alors qu’elle ne répondait pas, il lui pinça le téton.

Aurélia poussa un petit cri et repoussa ses épaules de ses mains. Lucas lui lâcha le sein et l’agrippa par la taille pour l’empêcher de se débattre.

— Lucas ! cria Aurélia, ses protestations se transformant peu à peu en soupirs de désir.

— Allez, sois une gentille fille, laisse-toi faire, ordonna-t-il, les lèvres retroussées par un sourire de défis.

— Va te faire voir, rugit-elle. Sa louve était tiraillée entre l’envie de se battre et le puissant désir que son regard dominateur, la sensation que sa peau chaude et ses muscles durs pressés contre son corps faisaient naître en elle.

A ce moment-ci, l’envie de combattre prit le dessus. À la seconde où il relâcha sa prise, elle le repoussa et roula sur le ventre, hors de sa portée. Lucas grogna et avant qu’elle ne puisse faire un mouvement de plus, il était derrière elle. Il l’attrapa par les hanches et la remit brutalement sur les genoux. Il la redressa en lui tirant sur les épaules. Son avant-bras glissa sur sa poitrine et il la plaqua contre lui alors qu’il s’agenouillait derrière elle.

Aurélia se débattit, consciente de la main qui descendait vers le bas pour lui empaumer un sein. Son traître de corps s’enflamma instantanément et elle se sentit mouiller abondamment. Lucas fit basculer son épaisse chevelure vers l’avant pour lui dégager le cou. Il se pencha en avant et griffa sa nuque avec sa barbe. Elle frissonna, des sensations blanches et chaudes lui zébraient la peau comme des éclairs. Il la taquinait de baisers légers sur la nuque, les épaules, le cou.

— Lucas ! haleta-t-elle en se débattant toujours alors qu’il la tenait fermement.

— Ne bouge pas, murmura-t-il, les lèvres collées à son oreille.

Elle gémit et se sentit fondre contre lui, sans défense devant la chaleur de son souffle alors qu’il titillait son oreille de sa langue et lui léchait le lobe. Aurélia tressaillit. Elle bondit tout de même quand il lui mordit la nuque, fort. Ses mains s’agrippèrent sur son avant-bras qui la maintenait fermement. N’était-elle pas supposée le combattre ?

Quand elle essaya de se dégager de l’emprise de son bras, il grogna dans son oreille et la relâcha légèrement pendant une seconde. Puis, d’une main, il s’agrippa fermement à sa hanche, enfouit l’autre profondément dans sa chevelure et la força à se pencher en avant. Sa queue bandée collée contre ses fesses et ses genoux enserrant ses cuisses et les maintenant collées l’une contre l’autre.

Elle haletait, se tortillant alors qu’il lui écrasait le visage dans l’herbe. Il était brutal, oui, mais Aurélia se rendit également compte que ses gestes étaient précis et qu’il faisait très attention à ne pas la blesser. Elle pouvait sentir le contrôle qu’il avait sur sa force, elle le sentait dans la tension de son corps et la raideur de ses mouvements.

Sa louve n’avait pas les mêmes réserves et était totalement et sans pudeur aucune, excitée par son compagnon. Aurélia ne pouvait pas le lui reprocher ; que Lucas prenne le contrôle de la sorte semblait plus naturel et plus normal que tout ce dont elle pouvait se rappeler.

Il se pencha sur elle et murmura dans son oreille,

— Dis-moi oui.

Même maintenant, alors que son loup le poussait à la dominer et qu’il était à deux doigts de perdre le contrôle… il restait tout de même son Lucas et il avait besoin de savoir qu’elle le désirait également.

— Oui, baise-moi Lucas.

Sa main se raidit dans ses cheveux pendant un moment puis il la relâcha. Ses mains glissèrent sur l’arrière de ses cuisses, parcoururent ses fesses, avant de retourner sur ses hanches.

— Je te désire tellement, dit-il guidant de la main sa queue vers sa chatte impatiente.

Aurélia leva les bras au-dessus de sa tête et se poussa contre lui, impatiente. Lucas la titilla pendant un moment en faisant glisser son gland sur sa chatte de bas en haut avant de s’introduire en elle. Immédiatement, une sensation de chaleur intense commença à grandir dans son ventre, un signe que ce ne serait pas long à ce rythme.

Quand il lui inclina les hanches pour mieux s’enfoncer en elle et qu’il toucha son point sensible, Aurélia faillit partir sur le coup.

— Oh oui, dit-elle dans un souffle. C’est ça, juste là, chéri.

Lucas grogna et lui claqua les fesses avant de lui attraper les hanches et de commencer à la labourer.

— Putain, tu es si serrée, jura-t-il en s’enfonçant en elle. Il accéléra le mouvement, la pilonnant plus fort.

Aurélia se laissa aller dans le plaisir que lui procuraient ses mouvements de va- et-vient, fermant les yeux et perdant totalement pied. La pression de ses mains sur ses hanches, la façon qu’il avait de bouger ses hanches pour appuyer sa queue pile sur son point le plus sensible quand il la pénétrait… plus rien d’autre n’avait d’importance. Elle pouvait sentir la pression monter dans son corps, menaçant de déborder à tout moment et de l’emporter avec elle dans l’extase.

Lucas rugit, ses poussées devenant de plus en plus brutales à mesure qu’il se perdait en elle.

— Je vais jouir, l’avertit-il d’une voix rocailleuse.

— Finis-moi d’abord, supplia-t-elle, désespérée.

Lucas s’enfonça alors si brutalement en elle, pompa avec tellement de force qu’elle en eut le souffle coupé. Un battement de cœur plus tard, la pression qu’elle ressentait dans son ventre gonfla encore plus et éclata, elle jouit en une explosion de chaleur sur sa queue. Sa vision se brouilla, son cœur sembla s’arrêter, mais Lucas continua à bouger en elle.

Après plusieurs mouvements saccadés et des jurons inintelligibles, il éjacula. La chaleur l’envahit alors qu’il déversait sa semence au plus profond d’elle.

— Putain, Aurélia, cria-t-il, ralentissant enfin.

Il ne rompit pas leur connexion et s’allongea sur elle en posant son torse contre son dos. Aurélia ne pouvait pas ouvrir les yeux et encore moins bouger. Elle se contentait de respirer pour essayer de calmer les battements de son cœur.

Après ce qui sembla être une éternité, Lucas se redressa et se retira. Aurélia émit une faible protestation qui le fit sourire.

— Viens près de moi, petite, dit-il en s’allongeant sur le côté dans l’herbe et en l’attirant près de lui de façon à lui faire face.

Il posa légèrement ses lèvres sur les siennes et dégagea les cheveux qui lui tombaient sur le visage.

— Ummmpf, fut tout ce qu’elle réussit à dire.

Lucas sourit, ses yeux se délectant de son visage empourpré et de son expression satisfaite. Se penchant vers elle, il l’embrassa plus profondément.

— Content d’avoir pu te donner quelque chose dont tu te rappelleras pendant mon absence, dit-il d’un ton léger.

— Ton absence ? demanda Aurélia en fronçant les sourcils.

Lucas lui prit le visage dans les mains et hocha la tête.

— Je dois aller à Atlanta pour quelques jours, expliqua-t-il.

— Tu vas aller chercher la nouvelle ? demanda-t-elle, un peu blessée. Il n’avait pas besoin de la ramener dans la seconde, si ?

— Non, non, dit Lucas en secouant la tête. Je dirige une petite entreprise, tu sais, Luna Corps. Tu en as peut-être entendu parler ?

Aurélia ne put s’empêcher de rire. Absolument tout le monde connaissait Luna Corps. Ils développaient les meilleurs logiciels du pays. Ils employaient des milliers de personnes et leurs produits étaient vendus dans le monde entier.

— Oui, je crois que je me souviens, dit-elle.

— Et bien, je dois faire mon travail de PDG. Comme je te l’ai dit, Walker est parti chercher la nouvelle. Ben est enfermé ici à développer le nouveau programme. Mais de toute façon, les réunions ne sont pas son point fort. Les membres du conseil d’administration n’apprécient pas autant ses sarcasmes que moi, ajouta-t-il en soupirant.

— Tu pars pour combien de temps ? demanda-t-elle. Elle se mordit la lèvre, en espérant ne pas paraître trop collante.

Lucas lui sourit tendrement pour la rassurer.

— Trois jours, je pense. Je vais essayer de convaincre le comité de faire plus de vidéo conférences, mais ils sont plutôt vieux jeu, plutôt étonnant pour des investisseurs dans le domaine des hautes technologies, non ? Je vais essayer d’arranger les choses pour en faire le plus possible depuis la résidence. Je te le promets.

Il leva les yeux vers la cime des arbres.

— J’ai l’impression que le soir va bientôt tomber. Je dois décoller avec l’hélicoptère dans moins d’une demi-heure si je veux être à Atlanta avant le coucher du soleil.

Après lui avoir donné un dernier baiser, il se leva et lui offrit sa main pour qu’elle en fasse autant. Elle fut agréablement surprise quand il ne la lâcha pas après l’avoir aidée à se relever, au contraire, il entrecroisa ses doigts dans les siens lorsqu’ils firent le chemin inverse pour rentrer au chalet.

— As-tu besoin de quoi que ce soit avant que je parte ? lui demanda-t-il alors qu’ils marchaient vers la maison, nus de la tête aux pieds.

— Je peux honnêtement dire que je ne manque de rien. Je suis même outrageusement gâtée, admit Aurélia en lui serrant la main.

— Redis-moi encore une fois que tu es d’accord avec cette idée, le harem, je veux dire, lui demanda-t-il en la regardant.

— Je suis d’accord. Je crois que nous savons déjà à quel point nous allons bien ensemble et ça, personne ne pourra nous l’enlever. J’aime assez l’idée de voir cette maison remplie de loups-garous et un peu de compagnie féminine ne serait pas du luxe. Tant que je reste la numéro un dans ton cœur, je suis ouverte à tout, lui dit-elle.

Lucas hocha la tête, visiblement satisfait. Ils firent le reste du chemin en silence, en admirant la beauté de la forêt et de la journée.

Quand ils arrivèrent au chalet, les parties communes étaient désertes. Sur le moment, Aurélia fut plus que soulagée de ne pas tomber sur Ben, car Lucas et elle avaient perdus tous leurs vêtements après s’être transformés dans les bois. Lucas monta directement vers ses appartements et la raccompagna devant sa porte comme un parfait gentleman.

— On se revoit bientôt. Dans seulement trois jours, d’accord ? lui rappela-t-il.

— Tout va bien se passer, j’ai trois ans de mauvaise télé-réalité à rattraper, de nouveaux langages de programmation à découvrir et je crois même que je vais faire un peu de pâtisserie, lui dit-elle en souriant.

Avec un rire et un baiser, Lucas la laissa devant sa porte et se dirigea vers sa suite avant de disparaître à l’intérieur. Aurélia sentit un pincement de tristesse quand elle entendit l’hélicoptère décoller peu de temps après, mais elle se réconforta en pensant à ce qu’elle avait prévu pour s’occuper pendant ces quelques jours. Elle aurait à peine le temps de se faire des cupcakes et encore moins de s’attirer des problèmes… n’est-ce pas ?

2

Ce jeudi matin, Aurélia se leva en même temps que le soleil. Elle rampa hors de son lit si confortable et se traîna jusqu’à l’immense baie vitrée qui montait jusqu’au plafond de sa chambre personnelle. Elle donnait sur un mur de pins majestueux et Aurélia admira, emplie d’une grande satisfaction, les premiers rayons du soleil avancer leurs doigts vers la maison.

Elle s’étira et fit courir ses mains sur ses côtes et ses hanches nues. Elle avait encore mal partout, une douleur bien agréable qui lui rappelait qu’elle s’était lancée dans de nombreuses courses et randonnées tout autour de la propriété ces deux derniers jours. Depuis que Lucas était parti, la maison semblait comme abandonnée et elle avait seulement eu envie de faire du sport et de se cuisiner de bons petits plats. Elle avait parlé à son frère encore une fois et rit aux jeux de mots stupides qu’il continuait toujours de faire.

Ajoutez à ça de longues siestes et de bons bains chauds et Aurélia n’avait pas vu le temps passer. Si elle était honnête avec elle-même, Lucas n’avait même pas eu le temps de lui manquer avant ce moment précis. Alors qu’elle parcourait sa chambre magnifique et regardait le lit de princesse qui l’ornait, elle se dit que c’était vraiment un luxe bien agréable… et pourtant, elle se réveillait encore seule dans ce grand lit.

Pour ce qui était de ressentir de la solitude seulement maintenant, après plusieurs années de cavale à ne voir ses connaissances du milieu des hackers qu’en de très rares occasions et absolument jamais sa famille proche, elle en était venue à la conclusion que c’était parce qu’elle avait été bien trop occupée à surveiller ses arrières pour avoir le temps de s’apitoyer sur son sort. Elle avait dû se débarrasser du sentiment de solitude en même temps que de son abonnement au câble, ses jus d’herbes et ses coupes de cheveux stylées. Elle n’en avait simplement plus eu le temps, ni l’opportunité.

Aurélia secoua la tête et se détourna de la fenêtre pour se rendre à son bureau. Après avoir vérifié quelques-unes de ses adresses mail anonymes et ses comptes en banque intraçables, elle décida qu’il était temps de transformer cette grande maison vide et triste en un véritable paradis.

Elle avait cette immense maison pour elle toute seule et elle pouvait y faire ce qu’elle voulait. Et ce qu’elle voulait le plus à ce moment précis, c’était faire des cupcakes à la vanille et les déguster affalée sur les gros canapés du salon en regardant un épisode de Real Housewives of Atlanta. Et pour se mettre encore plus à l’aise, elle décida de ne pas porter de pantalons de la journée.

En gloussant toute seule, Aurélia enfila un shorty blanc, un long débardeur noir et attacha sa crinière flamboyante en un chignon ébouriffé sur le sommet de son crâne. Prête à exécuter son plan, elle se saisit de son nouvel iPhone et descendit vers le rez-de-chaussée.

En vérifiant encore une fois ses messages, pour voir si Lucas n’avait pas essayé de la contacter, elle entra dans la cuisine. Elle essaya de se retenir de faire la moue quand elle vit qu’elle n’avait pas reçu de nouveau message depuis le matin du jour précédent. Elle ne lui en avait pas envoyé non plus, donc il n’y avait rien d’étonnant à cela.

Posant son téléphone, elle regarda la cuisine. Elle était conçue en granit et inox, entièrement sur mesure. Elle était grande et ouverte, un grand bar en cuivre en clôturait deux côtés et offrait un espace parfait pour les déjeuners sur le pouce. Des enceintes sans fil étaient intégrées au bar et Aurélia synchronisa son téléphone dessus pour y diffuser sa musique préférée. Katy Perry était parfaite pour son humeur du jour, coquine et douce à la fois.

Ayant déjà pris ses marques dans la grande cuisine les deux jours précédents, Aurélia cuisina ses cupcakes en deux temps trois mouvements. Elle avait mis au point sa recette et l’avait perfectionnée de longues années auparavant, pendant la période où elle avait été obsédée par la pâtisserie, au début de la vingtaine et elle pouvait désormais les cuisiner les yeux fermés. Elle fredonnait en cuisinant, l’esprit zen et détendu. Avec le glaçage terminé, attendant sagement son tour dans un bol et les cupcakes se faisant dorer au four, elle tourna ses pensées vers la télévision.

Devrait-elle commencer avec quelque chose de simple mais de divertissant, comme RuPaul’s Drag Race ? Ou plutôt un programme avec plus de substance, comme Mad Men par exemple ? Elle n’avait vu que la première saison de la série, mais savait que la suite avait été saluée par la critique et qu’elle passerait un bon moment. Elle dansait tout en travaillant, au rythme de sa musique et perdue dans ses pensées. Qui n’aimait pas danser en sous-vêtements, hein ?

Elle n’en finissait pas de tergiverser et en sortant les cupcakes du four, elle se décida finalement pour Dr. Who, c’était un bon compromis. Un peu kitsch, mais avec une bonne histoire. Un docteur mignon, des aventures palpitantes, des extra-terrestres étranges… ouais, c’était parfait.

Vérifiant son téléphone une fois de plus, elle réprima un grand soupir. Quand elle eut fini d’étaler le glaçage sur les cupcakes, elle en posa deux sur un plateau et se servit un grand verre de lait. Satisfaite, elle éteignit la musique et souleva son plateau. Après avoir fait le tour du comptoir, elle se dirigea en ligne droite vers le salon.

… et faillit renverser son verre de lait et ses cupcakes. Une grande forme noire était étalée sur l’un des canapés. Elle s’arrêta net, pétrifiée sur place. La masse de cheveux noir onyx, la silhouette dégingandée et les Converses rouges jetées au bas du canapé indiquaient clairement qu’il s’agissait de Ben, qui était lui aussi resté au chalet. Lucas lui avait pourtant dit que Ben serait là pour elle, si elle avait besoin de quoi que ce soit, mais comme elle ne l’avait pas croisé jusque-là, elle l’avait en quelque sorte… oublié.

Et elle se tenait là, en culotte à danser comme une folle pendant qu’elle cuisinait des cupcakes à seulement quelques mètres d’un loup qu’elle connaissait à peine. Un loup très attirant en plus. Elle était tellement embarrassée, qu’elle aurait voulu se transformer en louve et fuir à toutes pattes dans les bois.

Ben était allongé, la tête dans la direction opposée et semblait absorbé par l’écran de son ordinateur. Il avait des écouteurs sur les oreilles, qui l’avaient empêché de l’entendre approcher. Se mordant la lèvre, Aurélia pivota et commença à rebrousser chemin vers les escaliers.

— Salut ! dit-il, la faisant sursauter.

Prise la main dans le sac.

Aurélia se retourna vers lui avec un sourire gêné. Il roula sur le canapé pour lui faire face.

— Saluuuuut… répondit-elle, consciente que son visage se colorait de rouge vif.

— T’es venue pour te détendre un peu ? lui demanda-t-il en agitant la main vers la mer de canapé, fauteuils et poufs en tout genre qui décoraient le salon. Aurélia remarqua immédiatement ses mains. Des doigts longs et fins avec les veines saillantes. Elle ne pouvait pas résister aux avant-bras sexy, du genre de ceux qu’on pouvait retrouver sur les hommes fins tels que Ben.

— Je, euh, je ne veux pas te déranger. Tu as l’air occupé, dit-elle, les mots se bousculant dans sa bouche. Elle arracha son regard de ses mains, pour tomber sur ses pommettes sculptées et ses yeux couleur océan, cachés derrière des lunettes tendance cerclées de noir.

Elle était clairement en train de le reluquer. Merde, apparemment, elle pouvait rougir encore un peu plus !

— Tu ne me déranges pas, dit-il en arquant un sourcil devant son regard scrutateur. Il regarda sa tenue sommaire, mais heureusement ne fit aucun commentaire.

— Oh, tu sais, je voulais juste regarder des bêtises à la TV, je vais aller en haut, dit-elle.

— Non, reste, insista-t-il. J’ai besoin de faire une pause de toute façon, je suis dessus depuis quasiment trois heures du matin.

— Ok, alors, dit-elle en se maudissant pour son manque de volonté. Elle choisit le canapé à côté du sien et s’y enfonça après avoir posé la collation qu’elle avait préparée sur la table.

— Des bêtises à la TV, donc ? demanda-t-il.

Aurélia lui fit un petit sourire, appréciant ses efforts pour détendre l’atmosphère.

— En fait, j’avais espéré trouver une chaîne qui propose un marathon de télé-réalité aujourd’hui, admit-elle en haussant les épaules.

Ben hocha la tête, ferma son ordinateur portable et se redressa. Aurélia remarqua qu’il portait un jean noir simple et un t-shirt ajusté du groupe « The Magnetic Fields ». Elle était fan en plus !

— …peux directement changer les chaînes avec mon téléphone, expliquait-il et agitant son smartphone devant le gigantesque écran de télé. Il s’alluma et Ben bascula sur Bravo.

— Oh, regarde, il y a Millionaire Matchmaker, dit-il en lui souriant.

— Tu connais cette émission ? demanda-t-elle en essayant de ne pas paraître trop surprise.

— Bien sûr, j’aime la mauvaise télé réalité comme tout le monde. Il haussa les épaules. Il faut bien que je m’occupe pendant que mon code compile.

— C’est vrai, répondit-elle. De manière générale, les mâles loups-garous étaient à 90% des poseurs bourrés de testostérone. Avec eux, tout n’était que démonstration de force, domination et maintien des autres à distance. Elle n’avait encore jamais rencontré un mâle qui admette avec autant de facilité ses petits défauts.

Le silence s’étira entre eux et Aurélia réalisa qu’elle devrait y mettre un peu du sien. Ben était gentil, mignon et ça ne lui ferait pas de mal d’avoir un allié supplémentaire dans cette maison, en plus de Lucas.

— Tu veux un cupcake ? proposa-t-elle en lui tendant le plat. Je viens juste de les faire.

Le visage de Ben s’illumina instantanément. Avec ses cheveux un peu trop longs et ses grands yeux bleus, sa joie simple le faisait paraître encore plus jeune que l’âge qu’elle savait qu’il avait. Sa louve sentait qu’il était tout juste trentenaire, mais à le voir comme ça, on aurait pu le croire tout juste sorti de l’adolescence. C’était attendrissant.

— Oh là là, oui, je les sens depuis une heure et ça me fait saliver, mais je ne voulais pas m’imposer.

— Attends, tu savais que j’étais là ? couina-t-elle.

— Et bien, oui. Tu n’étais pas vraiment discrète, tu dansais en préparant de la nourriture qui sentait délicieusement bon. J’aurais été un loup bien pourri si je n’avais rien remarqué, dit-il avec un sourire.

— Oh non, dit-elle en fronçant le nez, j’avais au moins espéré que tu ne m’aurais pas vue danser.

— Il n’y a pas beaucoup de femmes qui dansent en culotte par ici. C’est d’habitude un endroit parfait pour travailler sans être dérangé, mais ce n’est pas très animé. Je suis content que tu sois là, continua-t-il, le désir finissant par se lire dans ses yeux.

— C’est grand, vide et ça résonne un peu ici, hein ? dit-elle en saisissant un cupcake avant d’enlever la caissette en papier.

Ben hocha la tête, la bouche déjà pleine. Ils mangèrent en silence pendant quelques minutes, les yeux rivés sur la TV. Le silence entre eux était moins tendu désormais. Plus confortable.

— Et donc, tu travailles sur quoi ? demanda-t-elle, en dirigeant ses yeux sur son ordinateur portable.

— Hum… je démarre un nouveau projet de logiciel. C’est un genre de renseignement sur Internet, de l’intelligence web. Je sais pas, ça doit probablement te paraître barbant. Ben se gratta l’oreille, mal à l’aise.

— Quel genre de web intelligence ? Plutôt collecte à la source ou analyse de données ? demanda Aurélia, la curiosité piquée.

Ben cligna des yeux, surpris.

— Euh, les deux en fait, répondit-il en secouant la tête. Je veux développer un système tout en un. Quelque chose qui puisse générer des données de surveillance de masse, mais avec des fonctionnalités anonymisant complètement les sources. Et avec ça, on pourrait facilement empêcher la NSA de collecter toutes les informations des gens, si on leur offrait un moyen de faire leur boulot plus efficacement.

— Sans parler du profit que pourrait générer ce genre de programme respectueux de la vie privée des citoyens, ajouta Aurélia impressionnée.

— Ouais, dit-il en lui jetant un autre coup d’œil. C’est tout à fait ça. Lucas pense qu’il y a un gros coup à jouer.

— Je trouve moi aussi que c’est une très bonne idée. Comment récoltez-vous les données par contre ?

— De toutes les manières possibles et imaginables. Par des robots d’indexation principalement. Mais aussi grâce aux sites internet, réseaux sociaux, tout ce à quoi nous pouvons avoir accès. Nous faisons passer des milliards de résultats par jour à travers le système que j’ai mis en place et nous les analysons principalement pour détecter des anomalies. Le système note quand il y a des changements de comportements. Quand certains modèles apparaissent, le système crée une liste de présomptions. On règle les paramètres et ça travaille tout seul.

— En quoi est-il différent du système actuel alors ? le défia Aurélia. Elle aimait la lueur qui s’allumait dans ses yeux quand il parlait de son travail. Ça lui allait bien, décida-t-elle.

— Nous enlevons les marqueurs d’identification des données à mesure qu’elles entrent dans notre système. Nous sommes impartiaux, parce que les données sont impartiales, continua-t-il en s’allongeant et en posant la tête dans sa main. Les muscles épais de son avant-bras se contractèrent, la distrayant à nouveau.

— Euh… dit-elle en essayant de ne pas perdre le fil de ses pensées. Et tu en es où de ce projet exactement ?

— J’ai fini de mettre sur pied un modèle à petite échelle. C’est sur ça que je travaille depuis environ un mois. C’est presque terminé, j’ai juste besoin d’y faire passer une tonne de données pour vérifier les filtres et ajuster les paramètres. J’ai passé la nuit dessus, ajouta-t-il tout penaud.

— Je crois… je crois que c’est le projet pour lequel Lucas m’a recrutée, dit-elle, de l’excitation dans la voix.

— Attends, t’es informaticienne ? demanda-t-il interloqué.

— C’est un peu vexant cette surprise continuelle, dit-elle en le regardant sévèrement.

— Désolé, pardon, c’est juste que, tu sais…, il laissa sa phrase en suspens.

— Non, je ne sais pas non. C’est quoi ? demanda-t-elle en plissant les yeux.

— Regarde-toi. Les femelles dans ton genre ne passent généralement pas leur temps rivées derrière un écran d’ordinateur, dit-il.

— Les femelles comme moi, répéta-t-elle. Et qu’est-ce que c’est censé vouloir dire ça, Ben ?

Elle commença à se lever du canapé, décidée à quitter la pièce et celui qui s’y trouvait.

De la chaleur lui toucha le coude et la grande main de Ben se referma sur son poignet. Aurélia s’arrêta en frissonnant. Il s’était levé et la surplombait de toute sa hauteur. Le duvet de ses bras et de son cou se dressa, mais elle ne savait pas si c’était dû à la peur ou à l’excitation.

— Comme toi, c’est à dire belle, dit-il. C’est ce que j’ai essayé de dire sans y parvenir. Je ne sous-entendais rien d’autre, je le jure.

Aurélia avala sa salive savourant la chaleur qui irradiait de son corps et pénétrait sa peau nue. Sa bouche était sèche, son visage en feu et son souffle court. Pourtant, elle ne tenta pas de fuir le contact.

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